Mot «Non» [8400 fréquence]


01-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome I-Les Controverses.html
  A001000133 

 On verra par la que si je desavoüe mill'impietés qu'on impos'aux Catholiques, ce n'est pas pour m'eschapper de la meslëe, comme quelques uns ont dict, mais pour suyvre la sainte intention de l'Eglise: puysque je le metz en escrit a la veüe de chacun, et sous la censure des superieurs, asseuré que je suys quilz y trouveront beaucoup d'ignorance, mays non point, Dieu aydant, d'irreligion et contrarieté aux declarations de l'Eglise Romaine.

  A001000144 

 Il asseurera chacun que je ne dis rien a Tonon que je ne veuille bien qu'on sache, si besoin estoit, a Necy et a Rome; dequoy ont besoin d'estr'asseurés ceux qui ne me tiennent pas pour Catholique par ce que je dis: que nos œuvres ne sont pas meritoires sinon entant quelles sont taintes au sang de N. S.; que le cors de N. S. est substantiellement, reellement et veritablement sous les especes de pain et de vin au tres st S. de Sac. de l'Eucharistie, mays non pas charnellement; que les Saints ont un'excellence beaucoup plus grande et de plus eminent calibre que les mortelz mondains, mays quelle n'a point d'autre proportion avec l'excellence divine que de la creature au Createur, du finy a l'infini; et semblables verités: c'est adire, que je presche la doctrine Catholique.

  A001000146 

 Et pour vray je croyois que, comme vous n'asujettisses a personne vostre creance, si non a l'interpretation de l'Escriture Sainte qui vous semble la meilleure, vous voudries encores ouÿr celle que j'y apporterois, c'est adire, celle de l'Eglise Cat. Ro., laquelle vous n'aves jamais veüe cy devant que barbouïllëe et defigurëe par les ennemis; car si vous l'eussies veu en sa pureté jamais vous ne l'eussies abandonnëe.

  A001000164 

 : Eadem tamen quæ didicisti ita doce, ut cum dicas novè non dicas nova.

  A001000164 

 Tout ce que tant de doctes hommes ont escrit tend la et y revient, mays non pas a droit fil, car chacun se propose un chemin particulier a tenir: je tascheray de reduyre toutes les lignes de mon discours a ce point, comm'au centre, le plus justement que je pourray; et la premiere Partie servira quasi egalement pour toutes sortes d'heretiques, la seconde s'addressera plus a ceux a la reunion desquels nous avons plus de devoir.

  A001000171 

 Les Capharnaites [9] se scandalizent ilz pas a bon escient sur les paroles de Nostre Seigneur, au recit de S t Jan, qu'ilz appellent parolle dure et non recevable? Mays a quel propos? par ce que N. S. est si bon que de les vouloir nourrir de sa chair, par ce quil dict des parolles de vie æternelle; et contre cette douceur ilz se pugnent.

  A001000172 

 Le Filz de Dieu estoit venu pour paix et benediction, et non pas pour malheur aux hommes; sinon que quelque enragé osast rejetter sur Nostre Seig r sa sainte parole: V æ homini illi per quem scandalum veniet, et le voulut condamner par sa loy propre a estre jette en mer la pierr'au col.

  A001000172 

 N. S. estoit vray Sauveur, venu pour esclairer tout homme, et servir de lumiere pour la revelation des Gentilz et la gloire d'Israel; ce pendant Israël en prend l'occasion de son ignominie: voila pas grand malheur? Et quand il est dict quil est mis a la ruyne de plusieurs, il le faut entendre quand a l'evenement, non quand a l'intention de la divine Majesté; comme l'arbre de science du bien et du mal n'avoit rien dequoy apprendre a Adam le bien ni le mal, l'evenement pourtant luy donna ce nom la, par ce qu'Adam, y prenant du fruict, essaya le mal que luy apportoit sa desobeissance.

  A001000180 

 Non ja que le peché estant en nous proufite, ou ny estant plus puysse y operer quelque bien, car le peché est mauvais tout au long, mays nous pouvons y faire naistre des occasions de beaucoup de bien, lesquelles il ne produiroit jamais de soymesme: semblables aux abeilles lesquelles vindrent faire leur miel dans la puante caroigne du fier lion que Samson avoit egorgé.

  A001000196 

 Je garde la place de prouver la foy par miracles, apres les Regles de la Foy, qui sera comme une sixiesme regle, mays non ordinaire ains extraordinaire; laquelle les adversaires n'ont point, quoy quilz en eussent besoin a faute des autres quilz mesprisent.

  A001000198 

 Et quilz n'ont point l'efficace de la doctrine, au Catholicam; car non seulement ilz ne sont Catholiques, mays ne le peuvent estre, n'ayant autr'efficace que de gaster le cors de Nostre Seigneur, non de luy acquerir de nouveaux membres..

  A001000199 

 Est il pas plus honnorable de conceder a la puyssance de Jesuchrist le pouvoir faire le S t Sacrement, comme le croit l'Eglise, et a sa bonté le vouloir faire, que non pas le contraire? sans doute que c'est la plus grande gloire de N. S.; et par ce que nostre cerveau ne le peut comprendre, pour seconder nostre cerveau omnes quærunt quæ sua sunt, non quœ Jesu Christi..

  A001000199 

 Omnes quærunt quæ sua sunt, non quæ Jesu Christi.

  A001000203 

 Ecclesia mons est, hæresis vallis; descendunt enim hæretici ab ecclesia non errante ad errantem, a veritate ad umbram, etc..

  A001000205 

 v. 17: Omne vas quod fictum est contra te non dirigetur, et omnem linguam resistentem tibi in judicio judicabis; hæc est hæreditas servorum Domini et justitia eorum apud me, dicit Dominus..

  A001000207 

 Milevit., l. 2 contra Donatistas: Negare non potes scire te, in urbe Roma Petro primo cathedram principalem esse collatam, in qua sederit omnium Apostolorum caput Petrus, unde et Cæphas dictus est, in qua una cathedra unitas ab omnibus servaretur, ne cæteri Apostoli singulas quisque sibi defenderent, ut jam schismaticus et peccator esset qui contra singularem cathedram alteram collocaret.

  A001000217 

 : Hieroboam non arguitur quod regnum sciderit sed quod Ecclesiam, feceritque phana in excelsis, et sacerdotes de extremis populi qui non erant de filiis Levi: nota missionem.

  A001000243 

 Saint Pol: Quomodo prædicabunt, nisi mittantur? Comme prœcheront ilz, s'ilz ne sont envoyés? Et Hieremie: Les prophetes prophetisent a faux, je ne les ay pas envoÿé; [23] et ailleurs: Non mittebam prophetas et ipsi currebant: Je ne les envoyois point, et ilz couroyent.

  A001000257 

 v. 16, Amen, amen, dico vobis, non est servus major domino suo, neque apostolus major est eo qui misit illum.

  A001000258 

 Je laiss'a part que, comme je prouveray cy apres, l'Eglise est monarchique, et partant appartient au grand Pasteur d'envoyer, non aux peuples.

  A001000259 

 Par ce que le peuple ou le magistrat qui l'apella estoit ou Catholique ou non: s'il estoit Catholique, 1.

  A001000259 

 ou ce peuple et magistrat estoit de la vraye Eglise ou non: s'il estoit de la vraye Eglise, pourquoy est ce que Luther les en leva? l'eussent ilz bien apellé pour estre levés de leur bonne place et de l'Eglise? et silz n'en estoyent pas, comme pouvoyent ilz avoir le droit de mission et de vocation? hors la vraye Eglise il ny peut avoir aucune tell'authorité.

  A001000275 

 Et quoy? Nostre Seigneur est il divisé, ou en luy mesme ou en son cors qui est l'Eglise? Non, pour vray, mays, au contraire, il ni a qu' un Seigneur; lequel a basti son cors mistique avec une belle varieté de membres tres bien agencés, assemblés et serrés comtement, par toutes les joinctures de la sousministration mutuelle; de façon que de vouloir mettr'en l'Eglise ceste division de troupes ordinayres et extraordinaires, c'est la ruyner et perdre.

  A001000275 

 Jesus Christ est sauverain Pontife selon l'ordre de Melchisedec: s'est il ingeré et poussé de luy mesme a cest honneur? non, mays y a esté appellé.

  A001000275 

 que la vocation des pasteurs et magistratz ecclesiastiques doit estre faite visiblement ou perceptiblement, non par maniere d'enthousiasme et motion secrette: car voyla deux exemples quil propose; d'Aaron, qui fut oint et appellé visiblement, et puys de Nostre Seigneur et Maistre, qui, estant sauverain Pontife et Pasteur de tous les siecles, ne s'est point clarifié soy mesme, c'est a dire, ne s'est point attribué l'honneur de sa sainte prestrise, comme avoit dict saint Pol au paravant, mays a esté illustré par Celuy qui luy a dict: Tu es mon Filz, je t'ay engendré au jourdhuy, et, Tu es prestr'eternellement, selon l'ordre de Melchisedech.

  A001000276 

 Et de vray, si l'extraordinaire devoit abolir l'ordinaire, comment sçaurions nous quand, a qui, et comment, nous nous y devrions ranger? Non, non, l'ordinaire est immortelle pendant que l'Eglise sera ça bas au monde: Les pasteurs et docteurs quil a donnés une fois a l'Eglise doivent avoir perpetuelle succession, pour la consummation des Saintz, jusques a ce que nous nous rencontrions tous en l'unité de la foy, et de la connoissance du Filz de Dieu, en homme parfaict, a la mesure de l'aage entiere de Christ; affin que nous ne soyons plus enfans, flotans et demenés ça et la a tous vens de doctrine, par la piperie des hommes et par leur rusëe seduction.

  A001000288 

 Si donques il est question entre nous de l'authorité prophetique, elle nous demeurera, soit elle ordinaire ou extraordinaire, puysque nous en avons l'effect, non pas a vos ministres qui n'en ont jamais faict un brin de preuve: sinon quilz voulussent appeller propheties la vision de Zuingle, au livre inscrit, Subsidium de Eucharistia, et le livre intitulé, Querela Lutheri, ou la prædiction quil fit, l'an 25 de ce siecle, que sil præchoit encor deux ans il ne demeureroit ni Pape, ni prestres, ni moynes, ni clochers, ni Messe.

  A001000289 

 Mays non, que maintenant, enseignés de l'Eglise, ilz reconnoyssent que c'est une vocation de l'homme, et que les oreilles ont corné a leur viel Adam, et s'en remettent a celuy qui, comm'Heli, præside maintenant a l'Eglise..

  A001000289 

 Non, non, qu'ilz..... Samuel fut appellé troys fois de Dieu, et selon son humilité il pensoyt que ce fut une vocation d'homme, jusques a tant qu'enseigné par Heli il conneust que c'estoit la voix divine.

  A001000289 

 Vos premiers ministres donques, Messieurs, sont de ces prophetes que Dieu defendoit d'estr'ouÿs parler, [en] Hieremie: Ne veuilles ouyr les paroles des prophetes qui prophetisent et vous deçoivent; ilz parlent la vision de leur cœur, et non point par la bouche du Seigneur.

  A001000301 

 celuy de la triomphante remplira le ciel, non la terre seulement, et ne s'eslevera pas au tems des autres royaumes, comme porte l'interpretation de Daniel, mais apres la consommation du siecle; joint que d'estre taillé de la montaigne sans œuvre manuelle appartient a la generation temporelle de Nostre Seigneur, selon laquelle il a esté conceu au ventre de la Vierge, engendré de sa propre substance sans œuvre humayne, par la seule benediction du Saint Esprit.

  A001000304 

 J'entens parler de l'Eglise militante de laquelle l'Escriture nous a laissé tesmoignage, non de celle que proposent les hommes.

  A001000306 

 Que dira l'on aux propheties, qui nous repræsentent l'Eglise non seulement visible mays toute claire, illustre, manifeste, magnifique? Ilz la depeignent comm' une reyne parëe de drap d'or recamé, avec une belle varieté d'enrichissemens, comm' une montaigne, comm'un soleil, comm'une pleyne lune, comme l'arc en ciel, tesmoin fidele et certain de la faveur de Dieu vers les hommes qui sont tous la posterité de Noë, qui est ce que le Psalme porte en nostre version: Et thronus ejus sicut sol in conspectu meo, et sicut luna perfecta in æternum, et testis in cælo fidelis..

  A001000310 

 Que m'amuse je faire en cela? toute l'histoire sacrëe faict foy que l'ancienne Sinagogue estoit visible, et pourquoy non l'Eglise Catholique?.

  A001000312 

 Bonté de Dieu, et nous demanderons encores si l'Eglise est visible? Mays qu'est ce que l'Eglise? une assemblëe d'hommes qui ont la chair et les os; et nous dirons encores que ce n'est qu'un esprit ou fantosme, qui sembl'estre visible et ne l'est que par illusion? Non, non, qu'est ce qui vous troubl'en cecy, et d'ou vous peuvent venir ces pensers? Voyes ses mains, regardes ses ministres, officiers et gouverneurs; voyes ses pieds, regardes ses prædicateurs comm'ilz la portent en levant, couchant, mydi et septentrion: tous sont de chair et d'os.

  A001000316 

 Maintenant, si on dict que la loy Evangelique a esté donnée dans les cœurs interieurement, non sur les tables de pierre exterieurement, comme dict Hieremie, on doit respondre, qu'en l'interieur de l'Eglise et dans son cœur est tout le principal de sa gloire, qui ne laysse pas de rayonner jusques a l'exterieur qui la faict voir et reconnoistre; ainsy quand il est dict en l'Evangile, que l'heur'est venüe quand les vrays adorateurs adoreront le Pere en esprit et verité, nous sommes enseignés que l'interieur est le principal, et que l'exterieur est vain s'il ne tend et ne se va rendre dans l'interieur pour s'y spiritualizer..

  A001000320 

 Ainsy croit on un Baptesme pour la remission des pechés; on voit le Baptesme, mais non la remission des pechés.

  A001000320 

 Aussy voit on l'Eglise, mays non sa sainteté interieure, on voit ses yeux de colombe, mays on croit ce qui est caché au dedans, on voit sa robbe richement recamëe en belle diversité avec ses houppes d'or, mays la plus claire splendeur de sa gloire est au dedans, que nous croyons; il y a en ceste royale Espouse de quoy repaistre l'œïl interieur et exterieur, la foy et le sens, et c'est tout pour la plus grande gloire de son Espoux..

  A001000326 

 Ilz disent donques quil y a deux eglises, une visible et imparfaite, l'autr'invisible et parfaitte, et que la visible [50] peut errer et s'esvanouir au vent des erreurs et idolatries, l'invisible, non.

  A001000334 

 Non seulement, donques, un reprouvé peut estre de l'Eglise, mais encores pasteur en l'Eglise; l'Eglise donques ne peut estr'appellëe invisible pour estre composëe de seulz prædestinés..

  A001000334 

 Or quell'absurdité seroit ce, je vous prie, si les seulz esleuz estoyent de l'Eglise? il s'ensuyvroit ce qu'ont dict les Donatistes, que nous ne pourrions pas connoistre nos prælatz, et par consequent ne leur pourrions rendre l'obeissance: car, comme connoistrions nous si ceux qui se diroyent prælatz et pasteurs seroyent de l'Eglise? puysque nous ne pouvons connoistre qui est prædestiné et qui non d'entre les vivans, comm'il se dira ailleurs; et s'ilz ne sont de l'Eglise, comme y peuvent ilz tenir le lieu de chefz? ce seroit bien un monstre des plus estranges qui se peut voir que le chef de l'Eglise ne fut de l'Eglise.

  A001000335 

 Ne sont ce pas tout autant de suffisantes preuves que non seulement les esleuz mais encores les reprouvés sont en l'Eglise? Il faut donq fermer la porte de nostre propre jugement a toutes sortes d'opinions, et a ce propos encores, avec [54] ceste non jamais asses considerëe proposition: Il y en a beaucoup d'apellés, mais peu de choysis.

  A001000335 

 Saint Jan faict semblable l'Eglise a l'aire d'une grange, en laquelle est non seulement le grain pour le grenier, mays encores la paille pour estre bruslëe au feu eternel; ne sont ce pas les esleuz et les reprouvés? Nostre Seigneur l'apparie au filet jetté dans la mer, dans lequel on tire et les bons et les mauvais poissons; a la compaignie de dix vierges dont il y en a cinq folles et cinq sages; a trois valetz dont l'un est faineant et partant jetté es tenebres exterieures; et en fin a un festin de noces dans lequel sont entrés et bons et mauvais, et les mauvais n'ayans la robbe convenante sont jettés es tenebres exterieures.

  A001000338 

 L'Espouse a des cheveux et des ongles qui ne sont pas vivantes, quoy qu'elle soit vivante; le senat est sauverain, mais non pas chasque senateur; l'armëe est victorieuse, mays nompas chasque soldat; ell'emporte la bataglie, mays plusieurs soldatz y demeurent mors.

  A001000339 

 Toutes ces qualités donques sont justement attribuees a l'Eglise, a cause de tant de saintes ames qui y sont qui observent tres etroittement les saintz commandemens de Dieu, et sont parfaictes de la perfection qu'on peut avoir en ce pelerinage, non de celle que nous esperons en la bienheureuse Patrie..

  A001000345 

 C'est donq chose certayne, que non seulement les esleuz mays les reprouvés encores peuvent estre et sont de l'Eglise, et qui, pour la rendre invisible, ny met que les esleuz, faict comme le mauvais disciple qui, pour ne secourir point son maistre, s'excuse de n'avoir rien apris de son cors mais de son ame.

  A001000345 

 Que si on veut dire que les reprouvés n'ont point Dieu pour pere par ce quilz ne seront point heritiers, selon la parole de l'Apostre, S'il est filz il est hæritier, nous nierons la consequence; car non seulement les enfans sont en l'Eglise, mays encores les serviteurs, avec ceste difference, que les enfans y demeureront a jamais comm'heritiers, les serviteurs non, mays seront chassés quand bon semblera au Maistre.

  A001000353 

 Ne sçait on pas la parole de Nostre Seigneur mesme: Si je suys une foys eslevé de terre j'attireray a moy toutes choses? a il pas esté eslevé en la Croix? a il pas souffert? et comme donques auroyt il layssé aller l'Eglise quil avoit attirëe, a vau de route? comm'auroit il lasché ceste prise qui luy avoit costé si cher? Le prince du monde, le diable, avoit il esté chassé avec le saint baston de la Croix pour un tems de trois ou quatre cens ans pour revenir maistriser mill'ans? voules vous evacuer en ceste sorte la force de la Croix? estes vous arbitres de si bonne foy que de vouloir si iniquement partager Nostre Seigneur, et mettre desormays un'alternative entre sa divine bonté et la malice diabolique? Non, non, quand un fort et puyssant guerrier garde sa forteresse tout y est en paix, que si un plus fort survient et le surmonte, il luy leve les armes et le despoüille.

  A001000354 

 La consommation des saintz estoyt elle ja faicte il y a onze cens ou douze cens ans? l'edification du cors mistique de Nostre Seigneur, qui est l'Eglise, avoit elle esté parachevee? Ou cesses de vous apeller ædificateur, ou dites que non; et si elle n'avoit esté achevëe, comme de faict elle ne l'est pas mesme maintenant, pour quoy faites vous ce tort a la bonté de Dieu que de dire quil ayt osté et levé aux hommes ce quil leur avoit donné? C'est une des qualités de la bonté de Dieu que, comme dict saint Pol, ses dons et ses graces sont sans pænitence, c'est a dire, il ne donne pas pour oster.

  A001000358 

 « O voix impudente, » dict saint Augustin contre les Donatistes, « l'Eglise ne sera point par ce que tu ni es point? » Non, non, dict saint Bernard, « les torrens sont venus, les vens ont soufflé et l'ont combattue, elle n'est point tumbëe par ce qu'ell'estoit fondëe sur la pierre, et la pierre estoit Jesus Christ.

  A001000368 

 Responce: Helie n'estoit pas seul en Israel homme de bien, puysquil y en avoit 7000 hommes qui ne s'estoient pas abandonné a l'idolatrie, et ce qu'en dict le Prophete n'est que pour mieux exprimer la justice de sa plainte; et n'est pas vray qu'encor que tout Israel eut manqué l'Eglise pourtant eut esté abolie, car Israel n'estoit pas toute l'Eglise, ains en estoit desja separé par le schisme de Hieroboam, et le royaume de Juda en estoit la meilleure et la principale partie; c'est d'Israel non de [66] Juda, aussy, de quoy Azarie prædit quil seroit sans prestre et sacrifice..

  A001000371 

 Est il pas escrit quil faut que la discession et la separation vienne, et que le sacrifice cessera, et qu'a grand peyne le Filz de l'homme trouvera la foy en [67] terre a son second retour visible, quand il viendra juger? Responce: Tous ces passages s'entendent de l'affliction que fera l'Antichrist en l'Eglise les trois ans et demy quil y regnera puyssamment; non obstant cela, l'Eglise durant ces troys ans mesme ne manquera pas, ains sera nourrie et conservëe parmi les desers et solitudes ou elle se retirera, comme dict l'Escriture..

  A001000379 

 Qui se perd et s'esgare de cest mont? qui choque et se casse la teste en iceluy? qui ignore la cité mise sur le mont? mays non, ne vous esmerveilles pas quil soit inconneu a ceux cy qui haissent les freres, qui haissent l'Eglise, car, par ce, vont ilz en tenebres et ne sçavent ou ilz vont, ilz se sont separés du reste de l'univers, ilz sont aveugles de mal talent.

  A001000381 

 Et que diroit ce grand personnage de ceux qui non seulement nient qu'ell'aÿe esté generale et universelle, mays dient qu'elle n'estoit qu'en certaines personnes inconneües, sans vouloir determiner un seul petit vilage ou elle fut il y a quattre vingtz ans? n'est ce pas bien avilir les glorieux trophëes de Nostre Seigneur? Le Pere celeste, pour la grand'humiliation et aneantissement que Nostre Seigneur avoit subi en l'arbre de la Croix, avoit rendu son nom si glorieux que tout genou se devoit plier en sa reverence, mays ceux cy [71] ne prisent pas tant la Croix ni les actions du Crucifix, ostant de ce conte toutes les generations de mill'ans.

  A001000387 

 O combien d'Absalons se sont trouvés en nostr'aage, qui, pour seduyre et destruyre les peuples de l'obeissance de l'Eglise et des pasteurs, et solliciter les courages chrestiens a rebellion et revolte, ont crié par toutes les advenues d'Allemaigne et de France: il n'y a personne constitué de Dieu pour ouyr les doutes sur la foy et les resouvre; l'Eglise mesme, les magistratz ecclesiastiques, n'ont point de pouvoir de determiner ce quil faut tenir en la foy et ce que non; il faut chercher autres juges que les prælatz, l'Eglise peut errer en ses decretz et regles..

  A001000388 

 Mays quelle plus dommageable et temerayre persuasion pouvoyent ilz faire au Christianisme que cellela? Si donques l'Eglise peut errer, o Calvin, o Luther, a qui auray je recours en mes difficultés? a l'Escriture, disent ilz: mays que feray je, pauvr'homme? car c'est sur l'Escriture mesme ou j'ay difficulté; je ne suys pas en doute s'il faut adjouster foy a l'Escriture ou non, car qui ne sçait que c'est la parole de verité? ce qui me tient en peyne c'est l'intelligence de cest'Escriture, ce [73] sont les consequences d'icelle, lesquelles estans sans nombre, diverses et contraires sur un mesme sujet, ou qu'un chacun prend parti qui en l'une qui en l'autre, et que de toutes il ny en a qu'une salutaire, ah, qui me fera connoistre la bonne d'entre tant de mauvaises? qui me fera voir la vraye verité au travers de tant d'apparentes et masquëes vanités? Chacun se voudroit embarquer sur le navire du Saint Esprit, il ny en a qu'un, et celuy la seul prendra port, tout le reste court au naufrage; ah, quel danger de mesprendre: l'egale ventance et asseurance des patrons en deçoit la plus part, car tous se ventent d'en estre les maistres.

  A001000390 

 Ell'est bien tellement asseurëe et ferme que toutes les portes d'enfer, c'est a dire toutes les forces ennemies, ne sçauroient s'en rendre maistresses; et ne seroit ce pas place gaignëe pour l'ennemy si l'erreur y entrait, es choses qui sont pour l'honneur et le service du Maistre? Nostre Seigneur est le chef de l'Eglise; a on point d'honte d'oser dire que le cors d'un chef si saint soit adultere, prophane, corrompu? et qu'on ne die pas que ce soit de l'Eglise invisible, car s'il y a point: d'Eglise visible (comme je l'ay monstré cy dessus) [76] Nostre Seigneur en est le chef; oyes saint Pol: Et ipsum dedit caput supra omnem ecclesiam, non sur un'eglise de deux que vous imagines, mais sur tout'Eglise.

  A001000390 

 La verité donques consiste au sens, qui est comme la mouelle, et partant, si l'Eglis'estoit gardienne de la verité, le sens de l'Escriture luy auroit esté remis en garde, il le faudroit chercher chez elle, et non en la cervelle de Luther, ou Calvin, ou de quelque particulier; dont elle ne pourroit errer, ayant tousjours le sens des Escritures.

  A001000391 

 Que si c'eust esté impieté aux Apostres de contester avec leur Maystre, aussy le sera ce a qui contestera contre l'Eglise; car si le Pere a dict du Filz, Ipsum audite, le Filz a dict de l'Eglise, Si quis Ecclesiam non audiverit, sit tibi tanquam etnicus et publicanus..

  A001000397 

 Calvin se voudroit bien couvrir par une distinction, disant que l'Eglise peut errer en choses non necessaires au salut, non es autres, mays Beze confesse librement qu'ell'a tant erré [77] qu'elle n'est plus Eglise; et cela n'est ce pas errer en choses necessaires au salut? mesme quil avoüe qu'hors l'Eglise il ni a point de salvation.

  A001000400 

 Quoy quilz nient le mot ilz suyvent la chose et le cors de cest'hæresie, si hæresie se doit appeller, non atheisme; de quoy tant de doctes hommes les convainquent par leurs propres paroles que je ne m'y amuseray pas..

  A001000408 

 Quand au premier trait, voyes de Beze en son traitté Des marques de l'Eglise; quand au second, n'est il pas d'accord avec ceste tant celebre sentence de Luther, que de Beze tient pour tresglorieux reformateur: Vides quam dives sit homo Christianus sive baptizatus, qui etiam volens non potest perdere salutem suam, quantiscumque peccatis, nisi nolit credere?.

  A001000413 

 Les Messaliens mesprisoyent les ordres sacrés, les eglises et les autelz, comme dict saint Damascene, Hær. 80; Ignatius (apud Theodoretum, Dialogo 3, qui dicitur Impatibilis ): Eucharistias et oblationes non admittunt, quod non confiteantur Eucharistiam esse carnem Servatoris nostri Jesu Christi, quæ pro peccatis nostris passa est, quam Pater benignitate suscitavit; contre lesquelz a escrit saint Martial, [81] Epistola ad Burdegalenses.

  A001000415 

 Personne ne peut estre heritier en partie, et en partie non; acceptes l'heritage resolument: les charges ne sont pas si grandes qu'un peu d'humilité n'en face la rayson, dir'adieu a ses passions et opinions, et passer conte du different que vous aves [avec] l'Eglise; les honneurs sont infinis, d'estr' heritiers de Dieu, cohæritiers de Jesuchrist, en l'heureuse compaignie de tous les Bienheureux.

  A001000425 

 12: Omnis civitas vel domus divisa contra se non stabit. Jamais une province ne peut estre bien gouvernëe d'elle mesme, principalement si ell'est grande.

  A001000426 

 Mais non; ce n'est ni une province, ni une ville, ni une simple et perpetuelle assemblee, c'est un seul homme chef, constitué sur toute l'Eglise: Fidelis servus et prudens, quem constituit Dominus..

  A001000433 

 Ce qu'estant ainsy, je vous dis que ce serviteur general, ce dispensateur et gouverneur, ce maistre valet de la maison de Nostre Seigneur, c'est saint Pierre, lequel a rayson de cela peut bien dire: O Domine, quia ego servus; et non pas seulement servus, mais doublement, quia qui bene præsunt duplici honore digni sunt; et non seulement servus tuus, mais encores filius ancillæ tuæ.

  A001000433 

 Quand on a quelque serviteur de race, a celluyla on se fie davantage, et luy baille on volontier les clefz de la maison; donques non sans cause j'introduis saint Pierre, disant, O Domine, etc., car il est serviteur bon et fidelle auquel, comme a serviteur de race, le Maistre a baillé les clefz: Tibi dabo claves regni cælorum.

  A001000434 

 De plus, Nostre Seigneur demande que ce serviteur soit prudent et fidele, et saint Pierre a bien ces deux conditions: car, la prudence comme luy peut elle manquer, puysque ni la chair ni le sang ne le gouverne poinct, mais le Pere celeste? et la fidelité comme luy pourroit elle fallir, puysque Nostre Seigneur [dit]: Rogavi pro te ut non deficeret fides tua? lequel il faut croire que exauditus est pro sua reverentia, de quoy il donne bien bon tesmoignage quand il adjouste, Et tu conversus confirma fratres tuos, comme s'il vouloit dire: j'ay prié pour toy, et partant sois confirmateur des [88] autres, car pour les autres je n'ay pas prié sinon quilz eussent un refuge asseuré en toy..

  A001000445 

 Il est donq angulaire in fundamento fundatum, fondé sur le fondement; il sera fondement mais non pas premier, car il i aura ja un autre fondement, Ipso summo lapide angulari Christo.

  A001000458 

 Jesus Christ, est il divisé? Non, pour vray, car il est Dieu de paix non de dissention, comme saint Pol enseignoit par toutes les eglises.

  A001000466 

 Il ne s'agit pas icy que les uns les fassent, les autres non, car ce ne seroit pas contrarieté de religion, mays ce que vous et quelques Suisses observes, les autres le condamnent comme contraire a la pureté de religion.

  A001000481 

 Nostre Seigneur donques parle aux Apostres seulement, mais non pour les Apostres seulement; il parle des croyans en cors et en general, a sçavoir, de l'Eglise; il parle absolument, sans distinction de tems.

  A001000495 

 Satan peut faire telz miracles, ains en a faict sans doute; mais Dieu laissera un prompt remede a son Eglise, car a ces miracles la les serviteurs de Dieu, Helie, Enoch, comme tesmoignent [103] l'Apocalipse et les interpretes, opposeront des autres miracles de bien autre estoffe, car, non seulement ilz se serviront du feu pour chastier miraculeusement leurs ennemis, mais auront pouvoir de fermer le ciel a fin qu'il ne pleuve point, de changer et convertir les eaux en sang, et de frapper la terre du chastiment que bon leur semblera; trois jours et demy apres leur mort ilz ressusciteront et monteront au ciel, la terre tremblera a leur montee.

  A001000497 

 Ainsy « Quelques merveilles se sont faictes », dict saint Augustin, « chez les payens »: non pas pour preuve du paganisme, mays de l'innocence, de la virginité et fidelité, laquelle, ou qu'elle soit, est aymee et prisee de Dieu son autheur.

  A001000499 

 Puys, une hirondelle ne faict pas le printems; c'est la suite perpetuelle et ordinaire des miracles qui est Marque de la vraye Eglise, non accident: mais ce seroit se battre avec l'ombre et le vent, de refuter ce bruit, si lasche et si debile que personne n'ose dire de quel costé il est venu..

  A001000502 

 Non, non, l'Eglise ancienne estoit puissante en toute saison, en adversité et prosperité, en œuvres et en paroles, comme son Espoux, la vostre n'a que le babil, soit en prosperité ou adversité; au moins qu'elle monstre maintenant quelques vestiges de l'ancienne marque, autrement jamais elle ne sera receue comme vraye Eglise, ni fille de ceste ancienne Mere.

  A001000502 

 Si vous nous voules representer l'Eglise en la forme qu'elle avoit au tems [107] de saint Augustin, monstres la nous non seulement bien disante mais bien faisante en miracles et saintes operations, comme elle estoit alhors.

  A001000523 

 Au reste, je dis cecy pour vostre prouffit; non pour vous mettre des laqs, mais [pour] ce qui est honneste, et qui vous facilite le moyen de servir Dieu sans empeschemens.

  A001000523 

 Voicy la rayson: Qui est sans femme, il est soigneux des choses du Seigneur, comme il plaira a Dieu, mais qui est avec sa femme, il a soin des choses du monde, comme il agreera a sa femme, et est divisé; et la femme non mariee et la vierge pensent aux choses du Seigneur, pour estre saintes de cors et d'esprit, mais celle qui est mariee pense aux choses mondaines, comme elle [112] plaira a son mary.

  A001000524 

 En fin, la tres humble obeissance de Nostre Seigneur, qui est si particulierement notee es Evangiles, non seulement a son Pere, a laquelle il estoit obligé, mays a saint Joseph, a sa Mere, a Cesar auquel il paya le tribut, et a toutes creatures, en sa Passion, pour l'amour de nous: Humiliavit semetipsum, factus obediens usque ad mortem, mortem autem crucis.

  A001000524 

 Il veut que nous apprenions de luy l'humilité, et il s'humilioit, non seulement a qui il estoit inferieur entant qu'il portoit [113] la forme de serviteur, mais encores a ses inferieurs mesmes; il desire donques que, comme il s'est abaissé non jamais contre son devoir mais outre le devoir, ainsy nous obeissions volontairement a toutes creatures pour l'amour de luy: il veut que nous renoncions a nous mesmes par son exemple, mais il a renoncé si fermement a sa volonté qu'il s'est sousmis a la croix mesme, et a servi ses disciples et serviteurs, tesmoin celuy qui le trouvant estrange luy disoit: Non lavabis mihi pedes in æternum.

  A001000525 

 Saint Pol le monstre plus clairement: Hoc, ce dit il, ad utilitatem vestram dico: Je dis cecy pour vostre prouffit; non pour vous dresser des pieges et laqs, mais pour vous inciter a ce qui est honneste, et qui vous donne aysance et facilité de servir Dieu et l'honnorer sans empeschement.

  A001000526 

 Nostre Seigneur ne fut pas plus tost monté au ciel, qu'entre les Chrestiens chacun vendoit son bien et apportoit le prix aux pieds des Apostres; et saint Pierre, pratiquant la premiere regle, disoit: Aurum et argentum non est mihi.

  A001000529 

 Nostre Seigneur a faict coucher en ses Escritures ces advertissemens et conseilz de chasteté, pauvreté et obeissance, il les a prattiqués et faict prattiquer en son Eglise naissante; toute l'Escriture et [117] toute la vie de Nostre Seigneur n'estoit qu'une instruction pour l'Eglise, l'Eglise donques devoit en faire son prouffit, ce devoit donques estre un des exercices de l'Eglise que ceste chasteté, pauvreté et obeissance ou renoncement de soy mesme; item, l'Eglise a tousjours faict cest exercice en tous tems et en toutes saisons, c'est donques une de ses proprietés: mays a quel propos tant d'exhortations si elles n'eussent deu estre prattiquees? La vraye Eglise donques doit reluire en la perfection de la vie Chrestienne; non ja que chacun en l'Eglise soit obligé de la suivre, il suffit qu'elle se trouve en quelques membres et parties signalees, affin que rien ne soit escrit ni conseillé en vain, et que l'Eglise se serve de toutes les pieces de la Sainte Escriture..

  A001000537 

 Que si, au lieu de faire vostre prouffit de ces exemples et conforter vos cerveaux a la suavité d'un si saint parfum, vous tournes les yeux devers certains lieux ou la discipline monastique est du tout abolie, et n'y a plus rien d'entier que l'habit, vous me contraindres de dire que vous cherches les cloaques et voiries, non les jardins et vergers.

  A001000538 

 Au moins, ne m'en sçauries vous monstrer aucun essay ni bonne volonté parmi vous autres, ou jusques aux ministres chacun se marie, chacun trafique pour assembler des richesses, personne ne reconnoist autre superieur que celuy que la force luy faict advoüer; signe evident que ceste pretendue eglise n'est pas celle pour laquelle Nostre Seigneur a presché, et tracé le tableau de tant de beaux exemples: car, si chacun se marie, que deviendra l'advis de saint Pol, Bonum est homini mulierem non tangere? si chacun court a l'argent et aux possessions, a qui s'addressera la parole de Nostre Seigneur, Nolite thesaurizare vobis thesauros in terra, et l'autre, Vade, vende omnia, da pauperibus? si chacun veut gouverner a son tour, ou se trouvera la prattique de ceste si solemnelle sentence, Qui [120] vult venire post me abneget semetipsum? Si donq vostre eglise se met en comparaison avec la nostre, la nostre sera la vraye Espouse, qui prattique toutes les paroles de son Espoux, et ne laisse pas un talent de l'Escriture inutile; la vostre sera fause, qui n'escoute pas la voix de l'Espoux, ains la mesprise: car il n'est pas raisonnable que, pour tenir la vostre en credit, on rende vaine la moindre syllabe de l'Escriture, laquelle, ne s'addressant qu'a la vraye Eglise, seroit vaine et inutile si en la vraye Eglise on n'employoit toutes ses pieces..

  A001000546 

 On peut reformer les peuples et particuliers, mais non l'Eglise ni la Religion, car, si elle estoit Eglise et Religion elle estoit bien formee, la difformation s'appelle heresie et irreligion; la teinture du sang de Nostre Seigneur est trop vive et fine pour avoir besoin de nouvelles couleurs: vostre eglise donques, s'appellant reformee, quitte sa part a la formation que le Sauveur y avoit faitte.

  A001000567 

 L'heresie des Nicolaïtes est ancienne, mais non universelle, car elle n'a duré que bien peu, et comme une bourrasque qui semble vouloir deplacer la mer puys tout a coup se perd en elle mesme, et comme un champignon, qui naist en quelque mauvaise vapeur, en une nuict comparoist et en un jour se perd, ainsy toutes heresies, pour anciennes qu'elles ayent esté, se sont esvanouies, mais l'Eglise dure perpetuellement..

  A001000569 

 La consommation des saintz estoit elle ja faicte il y a onze cens ans? l'edification du cors mistique de Nostre Seigneur, qui est l'Eglise, avoit elle esté parachevee? Ou cesses de vous appeller edificateurs, ou dites que non; et si elle n'avoit esté achevee, pourquoy faites vous ce tort a la bonté de Dieu, que dire qu'il ayt osté et levé aux hommes ce qu'il leur avoit donné? Les dons et graces de Dieu sont sans penitence, c'est a dire, il ne les donne pas pour oster.

  A001000573 

 » « Non, non, » dict saint Bernard, « les torrens sont venus, les vens ont soufflé et l'ont combattue, elle n'est point tombee, parce qu'elle estoit fondee sur la pierre, et la pierre estoit Jesus Christ.

  A001000578 

 Ce sont donques certaines expressions et demonstrations vehementes, accoustumees es propheties, qui ne doivent [se] verifier sinon en general pour un grand desbordement, comme quand David disoit: Non est qui faciat bonum, et saint Pol: Omnes quærunt quæ sua sunt..

  A001000591 

 Qui se perd et s'esgare de ce mont? qui choque et se casse la teste en iceluy? qui ignore la cité mise sur le mont? mays non, ne vous esmerveilles pas qu'il soit inconneu a ceux cy qui haïssent les freres, qui haïssent l'Eglise, car, par ce, vont ilz en tenebres et ne sçavent ou ilz vont, ilz se sont separés du reste de l'univers, ilz sont aveugles de mal talent »: c'est saint Augustin qui a parlé..

  A001000600 

 » Prosper parle de nostre Eglise, non de la vostre, quand il dict:.

  A001000615 

 Vostre eglise non seulement n'est pas catholique, mais encores ne le peut estre, n'ayant la force ni vertu de produire des enfans, mais seulement de desrobber les poussins d'autruy, comme faict la perdrix; et neantmoins c'est bien l'une des proprietés de l'Eglise d'estre feconde, c'est pour cela entre autres qu'elle est appellee colombe; et si son Espoux quand il veut benir un homme rend sa femme feconde, sicut vitis abundans in lateribus domus suæ, et faict habiter la sterile en une famille, mere joyeuse en plusieurs enfans, ne devoit il pas avoir luy mesme une Espouse qui fust feconde? Mesme que selon la sainte Parole, ceste deserte devoit avoir plusieurs enfans, ceste nouvelle Hierusalem devoit estre tres peuplee et avoir une grande generation: Ambulabunt gentes in lumine tuo, dict le Prophete, et reges in splendore ortus tui.

  A001000622 

 Quelle merveille donques si vostre prédication est sterile? vous n'aves que l'escorce sans le suc, comme voules vous qu'elle germe? vous n'aves que le fourreau sans espee, la lettre sans l'intelligence, ce n'est pas merveille si vous ne pouves dompter l'idolatrie »: ainsy saint Pol, parlant de ceux qui se separent de l'Eglise, il proteste sed ultra non proficient.

  A001000641 

 O combien estoit il necessaire de ne s'abbandonner pas a ces espritz, et premier que de les suivre, esprouver s'ilz estoyent de Dieu ou non.

  A001000643 

 Il faut donques, outre ceste premiere et fondamentale Regle de la Parole de Dieu, un'autre seconde Regle par laquelle la premiere nous soit bien et deuement proposee, appliquee et declairee; et affin que nous ne soyons sujetz a l'esbranslement et a l'incertitude, il faut [144] que non seulement la premiere Regle, a sçavoir, la Parole de Dieu, mays encor la seconde, qui propose et applique ceste Parole, soit du tout infallible, autrement nous demeurons tousjours en bransle et en doute d'estre mal regles et appuyés en nostre foy et croyance; non ja par aucune defaute de la premiere Regle, mays par l'erreur et faute de la proposition et application d'icelle.

  A001000648 

 En fin, la Rayson naturelle peut encor estre ditte une Regle de bien croire, mays negativement, et non pas affirmativement; car qui diroit ainsy, telle proposition est article de foy donques ell'est selon la rayson naturelle, ceste consequence affirmative seroit mal tiree, puysque presque toute nostre foy est hors et par dessus nostre rayson; mays qui diroit, cela est un article de foy donques il ne doit pas estre contre la rayson naturelle, la consequence est bonne, car la rayson naturelle et la foy estans puysees de mesme source et sorties d'un mesm'autheur, elles ne peuvent estre contraires..

  A001000660 

 O combien donques estoit il necessaire de ne s'abandonner pas a ces espritz, et premier que de les suyvre, esprouver silz estoyent de [142] Dieu ou non.

  A001000661 

 Or, ceste Parole a esté revelee.. La foy Chrestienne est fondëe sur la Parolle [143] que Dieu luymesme a revelee; c'est cela qui la met au supreme rang et degré d'asseurance et certitude, comm'ayant a tesmoin cest'eternelle et infallibl'authorité et verité premiere, qui ne peut non plus decevoir et mentir qu'elle peut estre deceüe et trompee; la foy qui n'a son fondement et appuy sur la Parole de Dieu n'est pas une foy Chrestienne: donques la Parole de Dieu est la vraye Regle de bien croire aux Chrestiens, puisqu'estre Fondement et Regle n'est qu'une mesme chose en cest endroit.

  A001000683 

 Quand Dieu dict a Josué, Non recedat volumen legis bujus ab ore tuo, il monstre clairement quil vouloit quil l'eut tousjours en l'esprit, et que jamais il ny laissat entrer aucune persuasion contraire.

  A001000697 

 Nostre S r met en conte jusques au moindr'accent, au moindr'iota de l'Escriture, combien donques punira il ceux qui violeront leur integrité? Mes freres, dict S t Pol, je parle selon l'homme, mays personne ne mesprise le testament confirmé d'un homme, ni n'ordonne outre cela; et pour monstrer combien il importe de laisser l'Escritur'en sa naiveté, il met un exemple: Abrahæ dictæ sunt promissiones et semini ejus; non dicit, et seminibus, quasi in multis, sed quasi in uno, et semini tuo, qui est Christus: voyes vous, je vous prie, la variation du singulier au plurier combien ell'eust gasté le sens? Les Ephrateens disoyent sibollet, et n'oublioient pas une seule lettre, mays par ce quilz ne le prononçoyent pas asses grassement, les Galaadites les egorgeoyent sur le quai du Jordain.

  A001000705 

 Ceux du second rang sont l'Epistre aux Hebrieux, celle de saint Jaques, la seconde de saint Pierre, la second'et troisiesme de saint Jan, celle de saint Jude, l'Apocalipse, et certaines parties de saint Marc, de saint Luc et de l'Evangile et Epistre premiere de saint Jan: et ceuxci ne furent pas d'indubitabl'authorité en l'Eglise au commencement, mais, avec le tems, en fin furent reconneuz comme ouvrage sacré du Saint Esprit, et non pas tout a coup, mais a diverses fois.

  A001000716 

 Mais combien est il important a l'Eglise qu'elle puysse sçavoir en tems et lieu quell'escriture est sainte et quelle non; car, si elle recevoit un'escriture non sainte pour ste elle nous conduiroit a la superstition, et si elle refusoit l'honneur et la creance qui est deüe a la Parole de Dieu a un'escriture sainte, ce seroit impieté.

  A001000716 

 Nous [sommes] en ce faict de pareille condition; car Calvin, et les bibles mesme de Geneve, et [157] les Lutheriens, reçoivent plusieurs Livres pour saintz, sacrés et canoniques qui n'ont pas esté advoüez par tous les Anciens pour telz, et desquelz on a esté en doute: si l'on en a douté ci devant, quelle rayson peuvent ilz avoir pour les tenir asseurés et certains maintenant? sinon celle qu'avoit S t Augustin, Ego vero Evangelia non crederem nisi me Catholicæ Ecclesiæ commoveret authoritas; ou comm'il dict ailleurs: Novum et Vetus Testamentum in illo Librorum numero recipimus quem sanctæ Ecclesiæ Catholicæ tradit authoritas..

  A001000716 

 Si donques Nostre S r defend son Eglise contre les portes d'enfer, si jamais le S t Esprit luy assista pour luy de si pres qu'elle peut dire, Visum est Spiritui S to et nobis, il faut fermement croire quil l'inspire en ces occasions de si grande consequence; car ce seroit bien la laisser au besoin, sil la laissoit en ce cas, duquel depend non seulement un article ou deux de nostre foi, mays le gros de nostre religion.

  A001000723 

 Le Droit Canon « en profere son jugement »; 6. et la Glose, « qui dict qu'on les lit mais non point en general, comme si elle vouloit dire que generalement par tout ne soyent point approuvés.

  A001000724 

 Et quand a la premiere: estes vous d'avis de ne recevoir pas ces Livres par ce quilz ne se trouvent pas en Hebreu ou Caldee? receves donques Tobie, car saint Hierosme atteste quil l'a traduit de Caldee en Latin, en l'epistre que vous cités vous mesme, qui me fait croire que vous n'estes guere gens a la bonne foy; et Judith, pourquoy non? qui a aussi bien esté escrit en Caldee, comme dict le mesme saint Hierosme, au Prologue; et si saint Hierosme dict quil n'a peu trouver le 2.

  A001000726 

 Quand a ce que vous dittes que ces Livres que vous appelles apocriphes ne sont point receuz par les Hebreux, vous ne dittes rien de nouveau ni d'important; saint Augustin proteste bien haut: « Libros Machabeorum non Judæi sed Ecclesia Catholica pro canonicis habet: Non les Juifz, mais l'Eglise Catholique tient les Livres des Machabees pour canoniques.

  A001000727 

 C'est le propre de l'heresie et non de l'Eglise de proufiter ainsy de mal en pis; mays de ceci ailleurs..

  A001000730 

 Et la pauvre Glosse ne merite pas que vous la [164] glossies ainsy, puysqu'elle dict clairement que « ces Livres sont leuz, mais non peut estre generalement.

  A001000743 

 en ont autant creu des Machabëes; S t Augustin proteste que Libros Machabœorum non Judœi sed Ecclesia Catholica.

  A001000747 

 Voicy leur protestation en la Confession de foy presentee au Roy de France par les François pretendus reformés: apres qu'ilz ont mis en liste, en l'Article troisiesme, les Livres qu'ilz veulent recevoir, ilz escrivent ainsy en l'Article quatriesme: « Nous connoissons ces Livres estre canoniques et regle tres certaine de nostre foy, non tant par le commun accord et consentement de l'Eglise, que par le tesmoignage et persuasion interieure du Saint Esprit, qui les nous faict discerner [167] d'avec les autres livres ecclesiastiques.

  A001000748 

 « Nous connoissons, » disent ilz, « ces Livres estre canoniques, non tant par le commun accord de l'Eglise: » a les ouÿr parler, ne diries vous pas qu'au moins en quelque façon ilz se laissent guider a l'Eglise? Leur parler n'est pas franc: il semble qu'ilz ne refusent pas du tout credit au commun accord des Chrestiens, mais que seulement ilz ne le reçoivent pas a mesme degré que leur persuasion interieure, et neantmoins ilz n'en tiennent aucun conte; mais ilz vont ainsy retenus en leur langage pour ne paroistre pas du tout incivilz et desraysonnables.

  A001000750 

 Monstres moy clairement que ces inspirations et persuasions que vous pretendes sont du saint et non du faint esprit; qui ne sçait que l'esprit de tenebres comparoit bien souvent en habit de lumiere?.

  A001000756 

 De Beze met en doute l'histoire de l'adultere, en l'Evangile de saint Jan (saint Augustin advise que [172] pieça les ennemis du Christianisme l'avoyent rayé de leurs livres, mais non pas de tous, comme dict saint Hierosme).

  A001000756 

 Es misterieuses parolles de l'Eucharistie, ne veut on pas esbranler l'authorité de ces motz, Qui pro vobis funditur, par ce que le texte grec monstre clairement que ce qui estoit au calice n'estoit pas vin, mais le sang du Sauveur? comme qui diroit en françois, Ceci est la coupe du nouveau testament en mon sang, laquelle sera respandue pour vous; car en ceste façon de parler, ce qui est en la coupe doit estre le vray sang, non le vin, puysque le vin n'a pas esté respandu pour nous, mais le sang, et que la coupe ne peut estre versee qu'a rayson de ce qu'elle contient.

  A001000757 

 Au contraire, Messieurs, saint Augustin proteste: « Ego vero Evangelio non crederem, nisi me Catholicæ Ecclesiæ commoveret authoritas: Je ne croirois pas a l'Evangile si l'authorité de l'Eglise Catholique ne m'esmouvoit; » et ailleurs: « Novum et Vetus Testamentum in illo Librorum numero recipimus quem sanctæ Ecclesiæ Catholicæ tradit authoritas: Nous recevons le Viel et Nouveau Testament au nombre de Livres que l'authorité de la saint'Eglise Catholique propose.

  A001000757 

 L'Eglise ne sçauroit rendre un livre canonique sil ne l'est, mais elle peut bien le faire reconnoistre pour tel, non pas changeant la substance du livre, mays changeant la persuasion des Chrestiens, la rendant tout'asseuree de ce dont ell'estoit douteuse.

  A001000757 

 Pour vray, nous serions tres mal asseurés si nous appuyions nostre foy sur ces particulieres inspirations interieures, que nous ne sçavons si elles sont ou furent jamais que par le tesmoignage de certains particuliers; [174] et supposé qu'elles soyent ou ayent esté, nous ne sçavons si elles sont du vray ou faux esprit; et supposé qu'elles soyent du vray esprit, nous ne sçavons si ceux qui les recitent les recitent fidellement ou non, puys qu'ilz n'ont aucune marque d'infallibilité.

  A001000757 

 » Le Saint Esprit peut inspirer que bon luy semble, mays quand a l'establissement de la foy publique et generale des fideles, il ne nous addresse qu'a l'Eglise; c'est a elle de proposer quelles sont les vrayes Escritures, et quelles non: non qu'elle puysse donner verité ou certitude a l'Escriture, mays elle peut bien nous faire certains et asseurés de la certitude d'icelle.

  A001000764 

 L'Eglise avoit generalement receu, il y a plus de mill'ans, la version latine que l'Eglise Catholique produit, saint Hierosme, tant sçavant homme, en estoit l'autheur ou le correcteur; quand voicy en nostr'aage s'eslever un espais brouillart [176] de l'esprit de tournoyement, lequel a tellement esblouy ces regrateurs de vielles opinions qui ont couru cy devant, que chacun a voulu tourner, qui d'un costé qui d'autre, et chacun au biais de son jugement, ceste sainte sacrëe Escriture de Dieu: en quoy, qui ne voit la prophanation de ce vase sacré de la sainte lettre, dans laquelle se conservoit le precieux basme de la doctrine Evangelique? Car, n'eust ce pas esté prophaner l'Arche de l'alliance, si quelqu'un eust voulu maintenir qu'un chacun la pouvoit prendre, la porter chez soy et la demonter toute et depecer, puys luy bailler telle forme quil eust voulu, pourveu quil y eust quelque apparence d'Arche? et qu'est ce autre chose soustenir que l'on peut prendre les Escritures, les tourner et accommoder chacun selon sa suffisance? Et neanmoins, des lors qu'on asseure que l'edition ordinaire de l'Eglise est si difforme quil la faut rebastir tout a neuf, et qu'un homme particulier y met la main et commence ce train, la porte est ouverte a la temerité: car si Luther l'ose faire, et pourquoy non Erasme? et si Erasme, pourquoy non Calvin ou Melancthon? pourquoy non Henricus [177] Mercerus, Sebastien Castalio, Beze, et le reste du monde? pourveu qu'on sache quelques vers de Pindare, et quatre ou cinq motz d'Hebreu, au pres de quelques bons Tresors de l'une et l'autre langue.

  A001000771 

 Que sil en va ainsy des versions latines, combien est grand le mespris et prophanation qui s'est faict es versions françoises, alemandes, polonnoises et autres langues: et neanmoins voicy un des plus pregnans artifices que l'ennemi du Christianisme et d'unité ait employé en nostr'aage pour attirer les peuples a ses cordelles; il connoissoit la curiosité des hommes, et combien chacun prise son jugement propre, et partant il a induict tous les sectaires a traduire les Saintes Escritures, chacun en la langue de la province ou il se cantonne, et a maintenir ceste non jamais ouÿe opinion, que chacun estoit capable d'entendre les Escritures, que tous les devoyent lire, et que les offices publiques se devoyent celebrer et chanter en la langue vulgaire de chaque province..

  A001000773 

 Mays disons candidement; ne sçavons nous pas que les Apostres parloyent toutes langues? et que veut dire quilz n'escrivirent leurs Evangiles et Epistres qu'en Hebrieu, comme saint Hierosme atteste de l'Evangile de saint Matthieu, en Latin, comme quelques uns pensent de celuy de saint Marc, et en Grec, comm'on tient des autres Evangiles; qui furent les trois langues choysies, des la Croix mesme de Nostre Seigneur, pour la prædication du Crucifix? Ne porterent ilz pas l'Evangile par tout le monde, et au monde ny avoit il point d'autre langage que ces trois la? si avoit a la verité, et neanmoins ilz ne jugerent pas estre expedient de diversifier en tant de langues leurs escritz: qui mesprisera donques la coustume de nostre Eglise, qui a pour son garand l'imitation des Apostres?.. Dequoy nous avons une notable trace et piste en l'Evangile: car le jour que Nostre Seigneur entra en Hierusalem, les troupes alloyent criant, Osanna filio David; benedictus qui venit in nomine Domini; osanna in excelsis; et ceste parole, Osanna, a estëe laissëe en son entier parmi les textes grecz de saint Marc et saint Jan, signe [180] que c'estoit la mesme parole du peuple: or est il que Osanna, ou bien Osianna (et l'un vaut l'autre, disent les doctes en la langue), est une parole hebraique, non siriacque, prise, avec le reste de ceste louange la qui fut donnëe a Nostre Seigneur, du Psalme 117.

  A001000780 

 Ce desvit prend en partie ses raysons de ce que j'ay ja dict; car, sil n'est pas expedient de traduire ainsy a tous propos de province en province le [182] texte sacré de l'Escriture, la plus grande partie, et quasi tout ce qui est es offices, estant pris de la Sainte Escriture, il n'est pas convenable de le mettre nomplus en françois: sinon quil y a d'autant plus de danger de reciter es services publiqs la Saint'Escriture en vulgaire, que non seulement les vieux mays les jeunes enfans, non seulement les sages mais les folz, non seulement les hommes mais les femmes, et, en somme, qui sçait et qui ne sçait lire, pourroyent tous y prendre occasion d'errer, chacun a son goust.

  A001000781 

 Ce tresexcellent theologien Robert Belarmin raconte, pour l'avoir appris de lieu tres asseuré, qu'une bonne femme, ayant ouy en Angleterre un ministre lire le chap. 25 de l'Ecclesiastique (quoy quilz ne le tiennent si non pour ancien, non pour canonique), parce quil est, la, discouru de la mauvaistie des femmes, elle se leva, disant: « Et quoy? c'est la parole de Dieu? mays du diable.

  A001000781 

 Pour y apprendre la doctrine? mays certes, la doctrine ne s'en peut tirer si quelqu'un n'a ouvert l'escorce de la lettre, dans laquelle est contenue l'intelligence; ce que je deduyray tantost en son lieu: la predication sert a ce point, non la recitation du service; en laquelle la Parole de Dieu est non seulement recitëe, mays exposëe par le pasteur.

  A001000781 

 » Il recite encores, le prenant de Theodoret, un bon et juste mot de saint Basile le Grand: l'escuyer de cuysine de l'Empereur voulut faire l'entendu a produire certains passages de l'Escriture; Tuum est de pulmento cogitare, non dogmata divina decoquere; comme sil eust dict: mesles vous de gouster vos sauces, non pas de gourmander la divine Parole.

  A001000790 

 aux Corinthiens, Mulieres in ecclesia taceant semble s'entendre aussy bien des cantiques que du reste: nos religieuses sunt in oratorio, non in ecclesia.

  A001000796 

 L'eunuche tresorier general d'Ethiopie estoyt bien fidele, puysqu'il estoit venu adorer au Temple de Hierusalem; il lisoyt Isaïe, il entendoit bien les paroles, puys quil demandoit de quel Prophete s'entendoit ce quil avoit leu; neantmoins il n'en avoit pas l'intelligence ni l'esprit, comme luy mesme confessoit: Et quomodo possum si non aliquis ostenderit mihi? Non seulement il n'entend pas, mays confesse de ne le pouvoir sil n'est enseigné; et nous verrons une lavandiere se vanter d'entendre aussy bien l'Escriture que saint Bernard.

  A001000796 

 Mays dites la verité; penses vous que la chose aille ainsy? les trouves vous si aysëes? les entendes vous bien? si vous le penses, j'admire vostre creance, qui est non seulement sur l'experience, mays contre ce que vous voyes et sentes.

  A001000796 

 Mays ou est ceste Parole de Dieu? en l'Escriture; et l'Escriture est ce quelque chose de secret? non pas, ce dit on, aux fideles: a quoy faire donq ces interpreteurs, ces prædicans? si vous estes fideles, vous y entendres autant qu'eux; renvoyes les aux infideles, et gardes seulement quelques diacres pour vous donner le morceau de pain et verser le vin de vostre souper; si vous pouves vous repaistre vous mesmes au champ de l'Escriture, qu'aves vous a faire de pasteurs? quelque jeun'innocent et pur enfant qui sçaura lire en fera bien la rayson.

  A001000806 

 Il veut donques que les louanges qui se faysoyent en Corinthe se fissent en Grec, car, puys quilz se faysoyent non ja comme services ordinaires, mays comme cantiques extraordinaires de ceux qui avoyent ce don, pour consoler le peuple, il estoyt raysonnable quilz se fissent en langue intelligible, ou que on les eust interpreté sur le champ; ce quil semble monstrer quand plus bas il dict: Si ergo conveniat universa ecclesia in unum, et omnes linguis loquantur, intrent autem idiotæ aut infideles, nonne dicent quod insanitis? et plus bas: [191] Sive lingua quis loquitur, secundum duos aut ut multum tres, et per partes, et unus interpretetur; si autem non fuerit interpres, taceat in ecclesia, sibi autem loquatur et Deo.

  A001000807 

 Populus hic labiis me honorat, cor autem eorum: cela s'entend de ceux qui chantent et prient, en quel langage que ce soit, et parlent de Dieu par maniere d'acquit, sans reverence et devotion; non de ceux qui parlent un langage a eux inconneu mays conneu a l'Eglise, et neanmoins ont le cœur ravi en Dieu..

  A001000810 

 Croyes qu'encores selon l'esprit il est veritable ce que disoit le Sage: Melior est pauper ambulans in simplicitate sua quam dives in pravis itineribus; et ailleurs: Simplicitas justorum diriget eos; et: Qui ambulat simpliciter ambulat confidenter. Ou je ne voudrois pas dire quil ne faille prendre peyne d'entendre, mays seulement qu'on ne se doit pas penser de trouver de soymesme son salut ni son pasturage, sans la conduicte de qui Dieu a constitué pour cest effect, selon le mesme Sage: Ne innitaris prudentiæ tuæ; et, Ne sis sapiens apud temetipsum: ce que ne font pas ceux qui pensent en leur seule suffisance connoistre toute sorte de misteres, sans observer l'ordre que Dieu a establi, qui en a faict entre nous les uns docteurs et pasteurs, non tous, et un chacun pour soymesme.

  A001000810 

 Quis mediocriter sanus non intelligat Scripturarum expositionem ab iis esse petendam qui earum sunt doctores? dict saint Augustin.

  A001000812 

 Audito, scilicet, quod Dominus ait, Confiteor tibi, Pater, in hoc ipso quod sonuit Confiteor, pectora vestra tutudistis: tundere autem pectus quid est, nisi arguere quod latet in pectore, et evidenti pulsu occultum castigare peccatum? quare hoc fecistis, nisi quia audistis, Confiteor tibi, Pater? Confiteor audistis, quis est qui confitetur non attendistis; nunc ergo advertite.

  A001000812 

 Saint Augustin: Admonenda fuit charitas vestra confessionem non esse semper vocem peccatoris; quia mox ut hoc Mot sonuit [in ore] lectoris, secutus est etiam sonus tunsionis pectoris vestri.

  A001000814 

 Voyci ce qu'en raconte le saint et fervent docteur de l'Eglise, saint Bonaventure: Solitus erat vir sanctus horas canonicas non minus timorate persolvere quam devote; nam licet oculorum, stomachi splenis et hepatis ægritudine laboraret, nolebat muro vel parieti inhærere dum psalleret, sed horas semper erectus et sine caputio, non gyrovagis oculis nec cum aliqua syncopa persolvebat; si quando esset in itinere constitutus figebat tunc temporis gressum, hujusmodi consuetudinem reverentem et sacram propter pluviarum inundantiam non omittens; dicebat enim: si quiete comedit corpus cibum suum, futurum cum ipso vermium escam, cum quanta pace et tranquillitate accipere debet anima cibum vitæ?.

  A001000825 

 Voicy les paroles du saint Concile de Trente, parlant de la verité et discipline Chrestienne Evangelique: Perspiciens (sancta Sinodus) hanc veritatem et disciplinant contineri in Libris scriptis et sine scripto Traditionibus, quæ ab ipsius Christi ore ab Apostolis acceptæ, aut ab ipsis Apostolis, Spiritu Sancto dictante, quasi per manus traditæ, ad nos usque pervenerunt; orthodoxorum Patrum exempla secuta, omnes Libros tam Veteris quam Novi Testamenti, cum utriusque unus Deus sit auctor, nec non Traditiones ipsas, tum ad fidem tum ad mores pertinentes, tanquam vel oretenus a Christo vel a Spiritu Sancto dictatas, et continua successione in Ecclesia Catholica servatas, pari pietatis affectu ac reverentia suscipit et veneratur. Voyla, a la verité, un decret digne d'une assemblëe qui puysse dire, [196] Visum est Spiritui Sancto et nobis; car il ny a presque mot qui ne porte coup sur les adversaires et ne leur leve tous armes du poingt..

  A001000826 

 Redempti estis de vana vestra conversatione paternæ traditionis? Tout cecy n'est point a propos; puysque le Concile proteste clairement que les Traditions quil reçoit ne sont ni traditions ni doctrines des hommes, ains, quæ ab ipsius Christi ore ab Apostolis acceptæ, vel ab ipsis Apostolis, Spiritu Sancto dictante, quasi per manus traditæ, ad nos usque pervenerunt: ce sont donques Parole de Dieu, doctrine du Saint Esprit, non des hommes.

  A001000827 

 Qui nie la tres excellente utilité de l'Escriture, sinon les huguenotz qui en levent des plus belles pieces comme vaynes? Elles sont tres utiles, certes; ce n'est pas une petite faveur que Dieu nous a faict de les nous conserver parmi tant de persecutions: mays l'utilité de l'Escriture ne rend pas les saintes Traditions inutiles, nom plus que l'usage d'un œïl, d'une jambe, d'une oreille, d'une main, ne rend pas l'autre inutile; [197] dont le Concile dict: Omnes Libros tam Veteris quam Novi Testamenti, nec non Traditiones ipsas, pari pietatis affectu ac reverentia suscipit et veneratur.

  A001000828 

 De mesme: Multa quidem et alia signa fecit Jesus quæ non sunt scripta in libro hoc; hæc autem scripta sunt ut credatis quod Jesus est Filius [Dei], et ut credentes vitam habeatis in nomine ejus: donques il ny a rien autre a croire que cela; belle consequence! Nous sçavons bien que Quæcumque scripta sunt ad nostram doctrinam scripta sunt; mays cela empechera il que les Apostres præchent? Hæc scripta sunt ut credatis quod Jesus est Filius Dei; mays cela ne suffit pas, car, quomodo credent sine prædicante? Les Escritures sont donnees pour nostre salut, mays nompas les Escritures seules, les Traditions y ont encor place: les oyseaux ont l'aisle droite pour voler; donques l'aysle gauche ny sert de rien? ains l'une ne va pas sans l'autre.

  A001000829 

 Quand ilz produysent ces paroles, Non addetis ad Mot quod ego præcipio vobis, nec auferetis ab eo; Sed licet nos aut angelus de cælo evangelizet vobis præterquam quod evangelizavimus vobis, anathema sit, ilz ne disent rien contre le Concile, qui dict expressement que la doctrine Evangelique ne consiste pas seulement es Escritures, mays encores es Traditions.

  A001000830 

 Nous appelions donques Tradition Apostolique la doctrine, soit de la foy soit des mœurs, que Nostre Seigneur a enseignëe de sa propre bouche ou par la bouche des Apostres; laquelle n'estant point escritte es Livres canoniques, a esté ci devant conservëe jusqu'a nous comme passant de main en main, par continuelle succession de l'Eglise: en un mot, c'est la Parole de Dieu vivant, imprimëe non sur le papier mais dans le cœur de l'Eglise seulement.

  A001000837 

 N'est ce pas la Saint'Escriture de saint Pol qui dict, Itaque, fratres, tenete traditiones quas accepistis, sive per sermonem sive per epistolam? Hinc patet quod non omnia per epistolam tradiderunt Apostoli, sed multa etiam sine literis; eadem vero fide digna sunt tam ista quam illa, dict saint Chrysostome, en son commentaire sur ce lieu.

  A001000838 

 Formam habe sanorum verborum, quæ a me audisti: bonum depositum custodi, disoit saint Pol a son Timothee; n'estoit ce pas luy recommander la Parole Apostolique non escritte? et cela s'appelle Tradition.

  A001000839 

 Et quand a la fin il leur dict, Cætera cum venero disponam, il nous laysse a penser quil leur avoyt enseigné plusieurs choses bien remarquables, et neanmoins nous n'en avons aucun escrit ailleurs: sera il donq perdu pour l'Eglise? non certes, mais est venu par Tradition, autrement l'Apostre ne l'eust pas envié a la posterité et l'eust escrit..

  A001000839 

 Si c'estoit en la seconde des Corinthiens, on pourroit dire que par ses commandemens il entend ceux de la premiere, quoy que le sens y seroit forcé (mays a qui ne veut marcher tout ombre sert), mays cecy est escrit en la premiere; il ne parle pas d'aucun Evangile, car il ne l'appelleroit pas præcepta mea: qu'estoit ce donques sinon une doctrine Apostolique non escritte? cela nous l'appelions Tradition.

  A001000840 

 Et Nostre Seigneur dict: Multa habeo vobis dicere quæ non potestis portare modo.

  A001000853 

 » Il y reçoit « les Peres, avec tout autant d'authorité quilz se trouveront de fondement es Escrittures; » il poursuit: « Quand au point de la doctrine, nous ne sçaurions appeller a aucun juge non reprochable qu'au Seigneur mesme, qui a declaré tout son conseil touchant nostre salut par les [Apostres] et [203] Prophetes.

  A001000854 

 Amen, amen, disons nous; mais nous ne demandons pas comment on doit interpreter l'Escriture, mays qui sera le juge: car, apres avoir conferé les passages aux passages et le tout au Simbole de la foy, nous trouvons que par ce passage, Tu es Petrus, et super hanc petram ædificabo Ecclesiam meam, et portæ inferi non prævalebunt; et tibi dabo claves regni cælorum, saint Pierre a esté chef ministerial et supreme œconome en l'Eglise de Dieu; vous dites, de vostre costé, que ce passage, Reges gentium dominantur eorum, vos autem non sic, ou cest autre (car ilz sont tous si foibles que je ne sçay pas lequel vous peut estre fondemental), Nemo potest aliud fundamentum ponere, etc., conferé avec les autres passages et a l'analogie de la foy, vous faict detester un chef ministerial: nous suyvons tous deux un mesme chemin en la recherche de la verité de ceste question, a sçavoir, sil y a en l'Eglise un vicaire general de Nostre Seigneur, et neantmoins je suys arrivé en l'affirmative, et vous, vous estes logés en la negative; qui jugera plus de nostre different?.. Certes, qui s'addressera a Theodore de Beze, il dira que vous aves mieux discouru que moy, mays ou se fondera il en ce jugement, sinon sur ce quil luy semble ainsy, selon le præjugé quil en a faict il y a si long tems? et [204] quil dise ce quil voudra, car qui l'a establi juge entre vous et moy?...

  A001000856 

 Saint Hilaire dict tresbien: De intelligentia hæresis est, non de Scriptura, et sensus, non sermo, fit crimen; et saint Augustin: Non aliunde natæ sunt hæreses nisi dum Scripturæ bonæ intelliguntur non bene, et quod in eis non bene intelligitur etiam temere et audacter asseritur. C'est le vray jeu de Michol, de couvrir une statue faitte a poste dans le lict, des habitz de David; qui regarde cela pense avoir veu David, mays il s'abuse, David ny est pas: l'heresie couvre au lict de son cerveau la statue de sa propre opinion des habitz de la Sainte Escritture; qui voit ceste doctrine pense avoir veu la sainte Parole de Dieu, mays il se trompe, elle ny est point, les motz y sont mays non l'intelligence.

  A001000856 

 Scripturæ, dict saint Hierosme, non in legendo sed in intelligendo consistunt; sçavoir la loy n'est pas sçavoir les paroles, mays le sens..

  A001000875 

 Au Concile de Nicëe, les premiers qui souscrivent ce sont Hosius, evesque, Vitus et Modestus, prestres, envoÿés par le Saint Siege: et de vray, quelle occasion pouvoit faire que deux prestres souscrivissent devant les Patriarches, si ce n'eust esté quilz estoyent en lieutenance du supreme Patriarche? Que quand a saint Athanase, tant s'en faut quil y præsidast, quil ny fut pas assis ni ne souscrivit point, comme n'estant que diacre pour l'heure; et le grand Constantin non seulement ny præsida pas, ains s'assit au bas des Evesques, et ny voulut point estre comme pasteur mays comme brebis.

  A001000877 

 Il peut bien y avoir des laicz au Concile s'il est expedient, mays non pas pour y tenir lieu de juges.

  A001000884 

 C'est la mesm'Eglise, aussy chere au celest'Espoux qu'elle fut alhors, en plus de necessité qu'elle n'estoit alhors; quelle rayson y a il quil ne luy fist la mesme assistence quil luy fit alhors en pareille occasion? Consideres, je vous prie, l'importance de ces motz Evangeliques, Si quis Ecclesiam non audierit, sit tibi tanquam etnicus et publicanus; [216] et quand peut on jamais ouyr plus distinctement l'Eglise que par la voix d'un Concile general, ou les chefz de l'Eglise se trouvent tous ensemble pour dire et deduyre les difficultés? le cors ne parle pas par ses jambes ni par ses mains, mays seulement par son chef; ainsy, comme peut l'Eglise mieux prononcer sa sentence que par ses chefz? Mays Nostre Seigneur s'explique: Iterum dico vobis, quia si duo ex vobis consenserint super terram de omni re quamcumque petierint, fiet illis a Patre meo qui in cælis est; ubi enim sunt duo vel tres congregati in nomine meo, ibi sum in medio eorum.

  A001000885 

 Puys, si l'assemblëe legitime des pasteurs et chefz de l'Eglise pouvoit estre une fois saisie d'erreur, comme se verifierait la sentence du Maistre, Portæ inferi non prævalebunt adversus eam? comme pourrait l'erreur et la force infernale s'emparer de l'Eglise a meilleures enseignes que d'avoir asservi les docteurs, pasteurs et cappitaines avec leur general? Et ceste parole, Ecce ego vobiscum sum usque ad consummationem seculi, que deviendroit elle? Et l'Eglise comme sera elle colomne et pilier de verité, si ses bases et fondementz soustiennent l'erreur et fauseté? les docteurs et pasteurs sont les visibles fondementz de l'Eglise, sur l'administration desquelz le reste s'appuÿe..

  A001000887 

 Mays j'ay ja monstré cy devant que de intelligentia hæresis est, non de Scriptura; sensus, non sermo, fit crimen.

  A001000887 

 Qui ne sçait combien de passages l'Arrien produict? que luy peut on opposer sinon qu'il les entend mal? mays il a pleyne liberté de croire que c'est vous qui interpretes mal, non luy, que vous vous trompes, non luy, que son rapport a l'analogie de la foy est mieux cousu que le vostre, pendant quil ni a que les particuliers qui s'opposent a ses nouveautés.

  A001000893 

 .. comme traitte il le grand Concile de Nicee? par ce que le Concile defend estre receuz au ministere clerical ceux qui se sont taillés eux mesmes, et defend quand et quand aux Ecclesiastiques de tenir en leurs maysons [219] autres femmes que leurs meres et leurs seurs, hic prorsus, dict Luther, non intelligo Spiritum Sanctum in hoc Concilio. Et pourquoy? An debebit episcopus aut concionator illum intolerabilem ardorem et æstum amoris illiciti sustinere, et neque conjugio neque castratione se ab his periculis liberare? An vero nihil aliud est negotii Spiritui Sancto in Conciliis, quam ut impossibilibus, periculosis, non necessariis legibus suos ministros obstringat et oneret? Il n'excepte point de Concile, ains tient asseurement qu'un curé seul peut autant qu'un Concile: voyla l'opinion de ce grand reformateur..

  A001000896 

 Que veut dire que vous ne tenes conte de la realité du Cors de Nostre Seigneur au Saint Sacrement, que vous appelles superstition le tres saint Sacrifice qui se faict par les prestres, du mesme precieux Cors du Sauveur, et que vous ne voules point mettre difference entre l'Evesque et le prestre? puysqu'en ce grand Concile tout y est si expressement non ja defini mays presupposé comme chose toute notoire en l'Eglise.

  A001000897 

 .. sans authorité du supreme chef de l'Eglise, qui estoit Nostre Seigneur, lhors present d'une præsence visible, et lequel ilz estoyent obligés de reconnoistre: a la verité, quand le grand Sacrificateur est præsent visiblement, le vicayre ne se peut appeller chef, quand le gouverneur d'une forteresse est præsent, c'est a luy de donner le mot, non a son lieutenant.

  A001000897 

 Et neanmoins, Nostre Seigneur fit cest honneur a la sacrificature d'Aaron, que non obstant toute la mauvaise intention de ceux qui la possedoyent, le grand Prestre prophetisa et prononça une sentence tres certayne, Quia expedit ut unus moriatur homo pro populo, ut non tota gens pereat; ce quil ne dict pas de luy mesme et a cas, mays prophetiquement, dict l'Evangeliste, par ce quil estoit Pontife de ceste annëe la. Ainsy voulut Nostre Seigneur conduire ceste Sinagogue et l'authorité sacerdotale avec un remarquable honneur a la sepulture, pour luy faire succeder l'Eglise Catholique et le sacerdoce Evangelique; et la, ou la Sinagogue prit fin, qui fut en la resolution de faire mourir Nostre Seigneur, l'Eglise fut fondëe par ceste mort mesme: Opus consummavi quod dedisti mihi ut faciam, dict Nostre Seigneur aprës la cene, et en la cene Nostre Seigneur avoit institué le nouveau testament, si que le viel, avec ses ceremonies et son sacer [224] doce, perdit ses forces et ses privileges, quoy que la confirmation du nouveau ne se fit que par la mort du testateur, comme parle saint Pol.

  A001000897 

 Mays tout cecy s'entend des vrays Conciles, ou generaux, ou provinciaux advoüés par les generaux ou par le Siege Apostolique: tel que ne fut pas celuy des 400 prophetes assemblés par Achab; car il ne fut ni general, car ceux de Juda n'y furent point apellés, ni bien congregé, car il n'y eut point d'authorité sacerdotale, et ces prophetes n'estoyent pas legitimes et pour telz reconneuz par le roy de Juda, Josaphat, quand il dict: Non est hic propheta Domini, ut interrogemus per eum? comme sil eust voulu dire que les autres n'estoyent pas prophetes du Seigneur.

  A001000912 

 Il ny a point de meilleur expedient au monde: ja que Calvin et Beze confessent que l'Eglise demeura pure les six premieres centeynes d'annees, [226] que nous regardions si vostre eglise est en mesme foy et doctrine que cellela; et qui nous pourra mieux tesmoigner la foy que l'Eglise suyvoit en ces anciens tems, que ceux qui vivoyent alhors avec elle et en sa table? qui pourra mieux desduire les deportemens de ceste celest'Espouse, en la fleur de son aage, que ceux qui ont eu cest honneur d'avoir les principaux offices chez Elle? Et de ce costé, les Peres meritent qu'on leur ajouste foy non pour l'exquise doctrine dont ilz estoyent pourveuz, mays pour la realité de leurs consciences, et la fidelité avec laquelle ilz ont marché en besoigne..

  A001000913 

 Nous ne sommes pas en doute si les Peres anciens doivent estre tenuz pour autheurs de nostre foy, nous sçavons mieux que tous vos ministres que non; ni ne sommes pas en dispute s'il faut recevoir pour certain ce qu'un ou deux Peres auront eu en opinion.

  A001000913 

 Oyes ce que dict Hieremie: Hæc dicit Dominus: state super vias, et videte et interrogate de semitis antiquis quæ sit via bona, et ambulate in ea, et invenietis refrigerium animabus vestris; et le Sage: Non te prætereat narratio seniorum, ipsi enim didicerunt a patribus suis.

  A001000921 

 Mays quel nom luy donne il? nom plein de majesté, non vulgaire ni trivial, mays qui ressent sa superiorité et authorité, semblable a celuy d'Abraham mesme: car, si Abraham fut ainsy appelé par ce quil devoit estre pere de plusieurs peuples, saint Pierre a receu ce nom par ce que sur luy, comme sur une pierre ferme, devoit estre fondëe la multitude des Chrestiens; et c'est a ceste ressemblance que saint Bernard appelle la dignité de saint Pierre, « Patriarchat d'Abraham.

  A001000923 

 Licet enim Petra esset, non tamen Petra erat ut Christus; ut Petrus, Petra erat.

  A001000923 

 Nam Christus vere est immobilis Petra, Petrus vero propter Petram; axiomata namque sua Christus largitur aliis, largitur autem ea non evacuatus, sed nihilo minus habens: Petra est et Petram fecit, quæ sua sunt largitur servis suis; argumentum hoc est opulenti, habere videlicet et aliis dare. Ainsy parle saint Basile.

  A001000924 

 Or, je vous prie, quelle apparence y a il que Nostre Seigneur eust faict ceste grande præface, Beatus es Simon Bar Jona, quia caro et sanguis non revelavit tibi, sed Pater meus qui in cælis est; et ego dico tibi, pour ne dire autre sinon, quia tu es Petrus, puys, changeant tout a coup de propos, il allast parler d'autre chose? Et puys, quand il dict, et sur ceste pierre j'edifieray mon Eglise, ne voyes vous pas quil parle notoirement de la pierre delaquelle il avoit parlé præcedemment? et de quell'autre pierre avoit il parlé que de Simon, au quel il avoit dict, Tu es Pierre? Mays voicy tout l'equivoque qui peut faire scrupule a vos imaginations; c'est que peut estre penses vous que comme Pierre est maintenant un nom propre d'homme, il le fut aussy alhors, et que Petrus ne soit pas la mesme chose que petra, et que, partant, nous passions la signification de Pierre a la pierre, par equivocque du masculin au feminin.

  A001000924 

 Qu'est ce qu'il [Notre-Seigneur] dict? Trois choses; mays il les faut considerer l'une apres l'autre: Tu es Petrus, et super hanc petram ædificabo Ecclesiam meam, et portæ inferi non prævalebunt adversus eam;.. Et tibi dabo claves regni cælorum; quodcumque, etc... que il estoit pierre ou rocher, et sur ce rocher ou ceste pierre il edifieroit son Eglise.

  A001000925 

 Vous me dires: ouy, mais le Latin dict, Tu es Petrus, et non Tu es Petra; or, ce relatif hanc, qui est feminin, ne se sçauroit rapporter a Petrus, qui est masculin.

  A001000937 

 Saint Pierre est fondement non fondateur de toute l'Eglise, fondement, mays fondé sur un autre fondement qui est Nostre Seigneur, fondement de la seule Eglise Evangelique, fondement sujet a succession, fondement de la [237] militante non de la triomphante, fondement par participation, fondement ministerial, non absolu, enfin administrateur et non seigneur, et nullement fondement de nostre foy, esperance et charité, ni de la valeur des Sacremens.

  A001000939 

 Ainsy furent ilz fondemens de l'Eglise avec luy egalement, quand a la conversion des ames et par doctrine, mays quand a l'authorité et gouvernement ilz le furent inegalement, puysque saint Pierre estoit le chef ordinaire non seulement du reste de toute l'Eglise mays des Apostres encores; car Nostre Seigneur avoit edifié sur luy toute son Eglise, de laquelle ilz estoyent non seulement parties, mays les principales et nobles parties.

  A001000946 

 Mays si cecy n'est violer l'Escriture, jamays homme ne la viola; car n'estoit ce pas a saint Pierre a qui il parloit? et comme pouvoit il mieux exprimer son intention que de dire, Et ego dico tibi; Dabo tibi? et puysque immediatement il venoit de parler de l'Eglise, ayant dict, portæ inferi non prævalebunt adversus eam, qui l'eust gardé de dire, et dabo illi claves regni, sil les eust voulu donner a toute l'Eglise immediatement? or il ne dict pas illi, mays, dabo tibi.

  A001000946 

 Que sil est permis d'aller ainsy devinant sur des paroles si claires, il ny aura rien en l'Escriture qui ne se puysse plier a tous sens: quoy que je ne nie pas que saint Pierre en cest endroit ne parlast en son nom et de toute l'Eglise, quand il fit ceste noble confession; non ja comme commis par l'Eglise ou par les disciples (car nous n'avons pas un brin de marque de ceste commission en l'Escriture, et la revelation sur laquelle il fonde sa confession avoit esté faite a luy seul, sinon que tout le college des Apostres eut nom Simon Barjona), mays comme bouche, prince et chef des autres, selon saint Chrysostome et saint Cyrille, et « pour la primauté de son apostolat, » comme dict saint Augustin.

  A001000946 

 Si que toute l'Eglise parla en la personne de saint Pierre comme en la personne de son chef, et saint Pierre ne parla pas en la personne de l'Eglise; car le cors ne parle qu'en son chef, et le chef parle en luymesme, non en son cors.

  A001000951 

 I a il rien de plus coignant que ces deux Escrittures? Car, Beatus es, Simon Barjona, quia caro et sanguis non revelavit tibi, sed Pater meus qui in cælis est, ne vaut il pas bien pour le moins, Vocabo servum meum Eliakim filium Helciæ? et, Ego dico tibi quia tu es Petrus, et super hanc petram ædificabo Ecclesiam meam, et portæ inferi, etc., ne vaut il pas tout autant, Induam illum tunica tua, et cingulo tuo confortabo eum, et potestatem tuam dabo in manu ejus, et erit quasi pater habitantibus Hierusalem et domui Juda? et qu'est ce autre chose estre le fondement ou pierre fondamentale d'une famille, que d'y estre comme pere, y avoir la surintendence, y estre gouverneur? Que si l'un a eu ceste asseurance, Dabo clavem David super humerum ejus, l'autre n'en a pas eu moins, qui a ceste promesse, Et tibi dabo claves regni cælorum; que si quand l'un aura ouvert, personne ne fermera, quand il aura fermé personne n'ouvrira, aussi, quand l'autre aura deslié personne ne liera, quand il aura lié personne ne desliera.

  A001000951 

 Voila la deposition de l'un, voici maintenant l'institution de l'autre: Ecce in die illa vocabo servum meum Eliakim, filium Helciæ, et induam illum [243] tunica tua, et cingulo tuo confortabo eum, et potestatem tuam [dabo] in manu ejus, et erit quasi pater habitantibus Hierusalem et domui Juda; et dabo clavem domus David super humerum ejus, et aperiet et non erit qui claudat, et claudet et non erit qui aperiat.

  A001000955 

 Auquel des autres fut il jamais dict: Ego rogavi pro te, Petre, ut non deficiat fides tua; et tu aliquando conversus confirma fratres? certes, ce sont deux privileges de grande consequence que ceux ci.

  A001000955 

 Mays les paroles suivantes rendent tout cecy tres evident; car quelque Protestant pourroit dire quil a prié pour saint Pierre en particulier pour quelque autre respect que l'on peut imaginer (car l'imagination fournit tousjours asses d'appuy a l'opiniastreté), non par ce quil fut chef des autres, et que la foy des autres fut maintenue en leur pasteur: au contraire, Messieurs, c'est affin que, aliquando conversus confirmet fratres suos; il prie pour saint Pierre comme pour le confirmateur et l'appuy des autres, et cecy qu'est ce, que le declairer chef des autres? On ne sçauroit, a la verité, donner commandement a saint Pierre de confirmer les Apostres, qu'on ne le chargeast d'avoir soin d'eux; car, comme pourroit mettre ce commandement en faict, sans prendre garde a la foiblesse ou fermeté des autres pour les affermir et rasseurer? N'est ce pas le redire encor une fois fondement de l'Eglise? sil appuÿe, rasseure, affermit ou confirme les pierres mesme fondamentales, comme n'affermira il tout le reste? sil a charge de soutenir les colomnes de l'Eglise, comme ne soustiendra il tout le reste du bastiment? sil a charge de repaistre les pasteurs, ne sera il pas sauverain pasteur luy mesme? Le jardinier qui voit les ardeurs du soleil continuelles sur une jeune plante, pour la præserver de l'assechement qui la menace, ne porte de l'eau sur chasque branche, mais ayant bien trempé la racine croit que tout le reste est en asseurance, par ce [247] que la racine va dispersant l'humeur a tout le reste de la plante: ainsy Nostre Seigneur ayant planté ceste saint'assemblëe de Disciples, pria pour le chef et la racine, affin que l'eau de la foy ne manquast point a celuy qui devoit en assaisonner tout le reste, et que par l'entremise du chef, la foi fust tousjours conservëe en l'Eglise; il prie donques pour saint Pierre en particulier, mays au prouffit et utilité generale de toute l'Eglise..

  A001000964 

 Or, que repaistre les brebis soit avoir la charge d'icelles, il appert clairement; car qu'est ce qu'avoir la charge de paistre les brebis que d'en estre pasteur et berger? et les bergers ont pleyne charge des brebis, non seulement ilz les conduysent aux pasturages, mays les rameynent, les establent, les conduisent, les gouvernent, les tiennent en crainte, chastient et defendent.

  A001000965 

 C'est que par trois fois Nostre Seigneur luy recharge de faire office de pasteur, luy disant, p nt, Pasce agnos meos, 2 nt, oviculas, 3 nt oves; non seulement affin de rendre ceste [253] institution plus solemnelle, mays pour monstrer quil luy donnoit en charge non seulement les peuples, mays les pasteurs et Apostres mesme, qui, comme brebis, nourrissent les agneaux et brebiettes, et leur sont meres..

  A001000965 

 Cui non planum est non designasse aliquas, sed assignasse omnes? nihil excipitur ubi distinguitur nihil: et forte præsentes cæteri condiscipuli erant cum, committens uni, unitatem omnibus commendaret in uno grege et uno pastore, secundum illud: Una est columba mea, formosa mea, perfecta mea; ubi unitas, ibi perfectio.

  A001000969 

 Ni ce quil semble quil ne conneust pas que les Gentilz deussent appartenir a la bergerie de Nostre Seigneur, qui luy estoit commise; car ce quil dict au bon Cornelius, In veritate comperi quia non est personarum acceptor Deus, sed in omni gente qui timet eum et operatur justitiam acceptus est illi, n'est pas autre chose que ce quil avoit dict long tems au paravant, Omnis quicumque invocaverit nomen Domini salvus erit, et la prædiction quil avoit expliquëe, In semine tuo benedicentur omnes familiæ terræ; mays il n'estoit pas asseuré du tems auquel il failloit commencer la reduction des Gentilz, suyvant la sainte parole du Maistre, Eritis mihi testes in Hierusalem, et in omni Judæa, et Samaria, et usque ad ultimum terræ, et celle de saint Pol, Vobis quidem oportebat primum loqui Mot Dei, sed quoniam repellitis, ecce convertimur ad Gentes: [255] mesme que Nostre Seigneur avoit desja ouvert le sens des Apostres a l'intelligence de l'Escriture, quand il leur dict que oportebat prædicari in nomine ejus pænitentiam et remissionem peccatorum in omnes gentes, incipientibus a Hierosolima..

  A001000981 

 Or, que repaistre les brebis soit en avoir la charge, il appert de ce que les bergers non seulement conduisent le troupeau aux pasturages, mays le ramenent, gouvernent, defendent, chastient et establent; et de faict, en l'Escriture, regir et paistre le peuple se prend pour une mesme chose, comme il est aysé a voir en Ezechiel, au second des Rois, et es Psalmes en plusieurs endroitz.

  A001000982 

 Cui non planum est non designasse aliquas, sed assignasse omnes? nihil excipitur ubi distinguitur nihil: et forte præsentes cœteri condiscipuli erant cum, committens uni, unitatem omnibus commendaret in uno grege et uno pastore, secundum illud: Una est columba mea, formosa mea, perfecta mea; ubi unitas, ibi perfectio.

  A001000982 

 Mays nostre S t Bernard ne me permet pas que j'oublie que N. S r fit trois repetitions ou recharges a S t Pierre; luy disant, p nt, Pasce agnos meos, 2 nt, oviculas, 3 nt, oves; non seulement affin de rendre ceste [253] institution plus solemnelle, mays encores pour monstrer qu'il luy donnoit en charge non seulement les peuples, qui sont comme agneaux et brebiettes, mays encores les pasteurs et Apostres, qui, comme brebis, nourrissent les agneaux et brebiettes, et leur sont meres..

  A001000986 

 Ni ce quil semble que S t Pierre ne conneust pas que les Gentilz deussent appartenir a la bergerie de N. S r; car ce qu'il dict au bon capitaine Cornelius, In veritate comperi quia non est personarum acceptor Deus, sed in omni gente qui timet eum et operatur justitiam acceptus est illi, n'est pas autre chose que ce qu'il avoit dict long tems au paravant, Omnis quicumque invocaverit nomen Domini salvus erit, et la prediction qu'il avoit expliquee, In semine tuo benedicentur omnes familæ terræ.

  A001000998 

 Nunquid non habemus potestatem sororem mulierem circumducendi, sicut cæteri Apostoli, et fratres Domini, et Cephas? Qu'est ceci a dire, Dicite discipulis ejus, et Petro? Pierre estoit il pas Apostre? Ou il estoit moins ou plus que les autres, ou il estoit esgal: jamais homme, sil n'est du tout desesperé, ne dira quil fut moins; sil est egal, et va a pair des autres, pourquoy le met on a part? sil ny a rien en luy de particulier, pourquoy ne dict on aussi bien, Dicite discipulis ejus, et Andreæ, ou Joanni? Certes, il faut que ce soit quelque particuliere qualité qui soit en luy plus qu'es autres, et quil ne fut pas simple Apostre; de maniere qu'ayant dict, Dicite discipulis, ou, Sicut cæteri discipuli, on peut encor demeurer en doute de saint Pierre, comme plus qu'Apostre et disciple..

  A001001000 

 Pourquoy dict on que saint Pierre fut le plus viel, puysque c'est une pure fantasie, qui n'a point de fondement en l'Escriture et est contraire aux Anciens? que ne dict on plus tost quil estoit celuy sur lequel Nostre Seigneur fondoit son Eglise, auquel il avoyt baillé les clefz du royaume des cieux, qui estoit le confirmateur des freres? car tout cecy est de l'Escriture: ce qu'on veut soustenir est soustenu, sil a fondement en l'Escriture ou non, il n'importe.

  A001001006 

 Nunquid non habemus potestatem sororem mulierem circumducendi, sicut cœteri Apostoli, et fratres Domini, et Cephas? Qu'est ceci a dire, je vous prie, Dites aux disciples, et a Pierre, Pierre et les Apostres respondirent? comment? Pierre n'estoit il pas Apostre? Ou il estoit moins, ou esgal, ou plus que les autres; jamais homme ne dira, sil n'est du tout desesperé, quil fut moins; sil est egal, et va a pair des autres, pourquoy le met on a part? sil ny a rien en luy de particulier, pourquoy ne dict on aussi bien, Dicite discipulis ejus, et Jacobo, ou Joanni?.

  A001001071 

 Que quand a celuy de Constantinople et de Hierusalem, qui lira ces Conciles verra la difference en laquelle on les tient d'avec ces trois autres, fondés par saint Pierre; non que le Concile de Nicëe parle du siege de Constantinople, car Constantinople n'estoit encores rien en ce tems la, n'ayant esté eslevëe que par le grand Constantin, qui la dedia et nomma l'an 25 de son Empire, mays le Concile de Nicëe traitte du siege de Hierusalem, et celuy de Calcedoine, de celuy de Constantinople.

  A001001100 

 Et partant le Concile de Nicee et celuy de [269] Calcedoyne ont faict une grande difference entre ces trois sieges et les autres, et quand a celuy de Constantinople et Hierusalem, qui lira ces Conciles verra bien qu'il n'y a point de comparaison; non que le Concile de Nicee parle du Siege de Constantinople, car Constantinople n'estoit encores rien en ce tems la, n'ayant esté eslevee que par le grand Constantin, qui la dedia et nomma l'an 25 de son Empire, mays le Concile de Nicee traitte du siege de Hierusalem, et le Concile de Calcedoine, de celuy de Constantinople.

  A001001125 

 Et toutes les raysons pour lesquelles N. S. mit un chef en ce cors, demandent quil y soit non seulement pour un tems, mais en tout le progres et succession de l'Eglise.

  A001001132 

 Et d'un costé, personne ne doute que saint Pierre n'ait continué en sa charge toute sa vie; car ceste parole de Nostre Seigneur, Pasce oves meas, luy fut non seulement une institution en ceste supreme [277] charge pastorale, mais un commandement absolu, qui n'avoit point d'autre limitation que par le terme de sa vie, non plus que cest autre, Prædicate Evangelium omni creaturæ, a quoy les Apostres vacquerent jusques a la mort.

  A001001132 

 Pendant donques que saint Pierre vesquit ceste vie mortelle, il n'eut point de successeur, et ne deposa point sa charge, ni n'en fut point deposé; car il ne le pouvoit estre sinon par l'heresie, qui n'eut jamais acces chez les Apostres beaucoup moins chez leur chef, sinon que le Maistre de la bergerie l'en eust levé, ce que non..

  A001001133 

 Quelqu'un [278] pourroit dire quil succeda au chef de l'Eglise quand a l'evesché de Rome, mays non quand a la monarchie du monde; mays celuy la devroit monstrer que saint Pierre eut deux sieges, dont l'un fut pour Rome, l'autre pour l'univers, ce qui n'est point.

  A001001143 

 Et d'un costé, c'est chose certaine que S t Pierre a continué en sa charge toute sa vie; car ceste parole de N. S r, Repais mes brebis, luy fut non seulement une institution en ceste supreme [277] charge pastorale, mais un commandement absolu, qui n'avoit point d'autre limitation que par le terme de sa vie, non plus que cestuy la, Prædicate Evangelium omni creaturæ, a quoy les Apostres vacquerent jusques a la mort.

  A001001143 

 Pendant donques que S t Pierre vesquit ceste vie mortelle, il n'eut point de successeur, et ne ceda ou quitta point sa charge, ni n'en fut point deposé; car il ne le pouvoit estre que par l'heresie, laquelle n'eut jamais acces chez les Apostres beaucoup moins chez leur chef, sinon que le Maistre de la bergerie l'en eust levé, ce que non..

  A001001144 

 Quelqu'un dira quil succeda au chef de l'Eglise quand a l'evesché de Rome, mays non pas quand a la primauté et charge generale; mays celuy la devroit monstrer que S t Pierre eut deux sieges, l'un pour Rome, l'autre pour l'univers, ce qui n'est point.

  A001001158 

 Optatus Milevitanus: Negare non potes scire te, in urbe Roma Petro primo Cathedram episcopalem esse collatam, in qua sederit omnium Apostolorum caput Petrus; et peu apres: Sedit prior Petrus, cui succedit Linus, Lino successit Clemens..

  A001001176 

 Optatus Milevitanus: Negare non potes scire te, in urbe Roma Petro primo Cathedram episcopalem esse collatam, in qua sederit omnium Apostolorum caput Petrus; et peu apres: Sedit prior Petrus, cui succedit Linus, Lino, Clemens..

  A001001187 

 Il ny a point de question ou les ministres s'exercent si fort pour combattre l'antiquité qu'en cellecy, car ilz taschent, a force de conjectures, præsomptions, dilemmes, explications et par tous moyens, de monstrer que saint Pierre ne fut onques a Rome; sauf Calvin, qui voyant que c'estoit dementir toute l'antiquité, et que cela n'estoit pas requis pour son opinion, se contente de dire qu'au moins saint Pierre ne fut pas long tems Evesque a Rome: Propter scriptorum consensum, non pugno quin illic mortuus fuerit, sed Episcopum fuisse, præsertim longo tempore, persuaderi nequeo.

  A001001190 

 assumpserunt, cum sub Apostolis hic fuerit contemporaneus Petro et Paulo, nam et illi contemporanei Apostolorum fuerunt; sive igitur adhuc ipsis superstitibus a Petro accepit impositionem manuum episcopatus, et eo recusato remoratus est, sive post Apostolorum successionem a Cleto Episcopo hic constituitur, non ita clare scimus.

  A001001199 

 Vray est que Calvin, voyant qu'il importoit peu pour son opinion, et que c'estoit dementir toute l'antiquité a descouvert, se contente de dire qu'au moins S t Pierre ne fut pas longuement Evesque a Rome: Propter, ce dict il, scriptorum consensum non pugno quin illic mortuus fuerit, sed Episcopum fuisse, præsertim longo tempore, persuaderi nequeo.

  A001001202 

 Or, avant que mourir, il empoigna par la main son disciple S t Clement, et le constitua son successeur; a quoy S t Clement ne voulut pas entendre ni en faire exercice qu'apres la mort de Linus et Cletus, qui avoyent estés coadjuteurs de S t Pierre en l'administration de l'Eglise Romaine; partant, qui veut sçavoir pourquoy quelques autheurs anciens mettent en rang S t Clement apres S t Pierre, et quelques autres, S t Linus, je luy feray respondre par S t Epiphane: Nemo miretur quod ante Clementem Linus et Cletus episcopatum assumpserunt, cum sub Apostolis hic fuerit contemporaneus Petro et Paulo, nam et illi contemporanei Apostolorum fuerunt; sive igitur adhuc ipsis superstitibus a Petro accepit impositionem manuum episcopatus, et eo recusato remoratus est, sive post Apostolorum successionem a Cleto Episcopo hic constituitur, non ita clare scimus. Parce donques que S t Clement avoit esté choisi par [291] S t Pierre, et que neanmoins il ne voulut pas accepter la charge avant la mort de Linus et Cletus, les uns, en consideration de l'election faite par S t Pierre, le mettent le premier en rang, les autres, eu esgard au refus quil en fit et a l'exercice quil en laissa a Linus et Cletus, le mettent le 4 e.

  A001001270 

 On objecte que saint Gregoire ne vouloit estre appellé Evesque universel: mays Evesque universel se peut entendre, ou d'un qui soit tellement Evesque de l'univers que les autres Evesques ne soyent que vicaires et substitués, ce qui n'est point, car les Evesques sont vrayement princes spirituelz, chefz et Evesques, non lieutenantz du Pape mais de Nostre Seigneur, dont il les apelle freres; ou on peut entendre d'un qui est surintendant sur tous, et auquel les autres, qui sont surintendans en particulier, sont inferieurs voirement mays non pas vicaires ni substitués, et c'est ainsy que les Anciens l'ont appellé Evesque universel..

  A001001322 

 On objecte que S t Gregoire ne vouloit estre appellé Evesque universel: mays Evesque universel se peut entendre, ou d'un qui soit tellement Evesque de l'univers que les autres Evesques ne soyent que vicaires et substitués, ce qui n'est point, car les Evesques sont vrayement princes spirituelz, chefz et pasteurs, non lieutenans du Pape mais de Nostre Seig r, dont le Pape les apelle freres; ou on peut entendre d'un qui est surintendant sur tous, et auquel les autres, qui sont surintendans particuliers, sont inferieurs, mays non vicaires ni substitués; et c'est ainsy que les Anciens ont appellé le Pape Evesque universel, et S t Gregoire le nie en l'autre façon..

  A001001336 

 Et n'est pas raysonnable que les brebis..... De mesme, si le pasteur supreme ministerial peut conduire ses brebis es pasturages veneneux, on voit clairement que le parc est pour estre bien tost perdu; car, si le supreme pasteur ministerial conduit a mal, qui le redressera? sil s'egare, qui le ramenera? a la verité, il faut que nous ayons a le suivre simplement, non a le guider, autrement les brebis seroyent pasteurs.

  A001001340 

 Au Deuteronome: Facies quodcumque dixerint qui præsunt loco quem elegerit Dominus, et docuerint te juxta legem ejus; sequerisque sententiam eorum, nec declinabis ad dextram nec ad sinistram: qui autem superbierit, nolens obedire sacerdotis imperio, judicis sententia moriatur. Que dira on icy? Il falloit subir le jugement du sauverain Pontife; qu'on estoit obligé de suivre le jugement qui estoit jouxte la loy, non l'autre? ouy, mays en cela il failloit suivre la sentence du præstre, autrement si on ne l'eust pas suivie, ains examinee, c'eust esté pour neant qu'on fut allé a luy, et la difficulté et ambiguité n'eust jamais esté resolue parmi les opiniastres; dont il est dict simplement, q ui autem superbierit, nolens obedire sacerdotis imperio, judicis sententia moriatur; et en Malachie: Labia sacerdotis custodiunt scientiam, et legem requirent ex ore ejus; dont il s'ensuit que chacun ne pouvoit pas se resouvre es poins de la religion, ni produire la loy a sa fantasie, mais selon la proposition du Pontife.

  A001001342 

 C'est a ce propos que saint Hierosme dict au Pape Damase: Qui tecum non colligit, spargit; hoc est, qui Christi non est, Antichristi est; et saint Bernard dict quil faut rapporter les scandales qui se font, « principalement en la foy, » au Siege de Rome: Dignum namque arbitror ibi potissimum resarciri damna fidei, ubi non possit fides sentire defectum: cui enim alteri sedi dictum est aliquando, Ego pro te rogavi, ut non deficiat fides tua? Saint Cyprien: Navigare audent ad Cathedram Petri, atque ad Ecclesiam principalem; nec cogitare eos esse Romanos, ad quos perfidia habere non possit accessum. Ne voyes vous pas quil parle des Romains a cause de la Chaire de saint Pierre, et dict que l'erreur n'y peut rien?.

  A001001343 

 Quid etiam actione firmastis, nisi scientes quod per omnes provincias de Apostolico fonte petentibus responsa semper emanent? Præsertim quoties fidei ratio ventilatur, arbitror omnes fratres et coepiscopos nostros non nisi ad Petrum, id est, sui nominis et honoris authorem, referre debere, velut nunc retulit vestra dilectio, quod per totum mundum possit omnibus ecclesiis in commune prodesse. Voyes vous l'honneur et le credit auquel estoit le Siege Apostolique vers les Anciens les plus doctes et saints, voire mesme vers les Conciles entiers? on y alloit comme au vray Ephod et Rational de la nouvelle Loy: ainsy y alla saint Hierosme, du tems de Damasus, auquel, apres avoir dict que l'Orient rompoit et mettoit en pieces la roubbe, entiere et tissue par dessus, de Nostre Seigneur, et que les renardeaux gastoyent la vigne du Maistre, Ut inter lacus contritos, dict il, qui aquam non habent, difficile ubi fons signatus et hortus ille conclusus sit possit intelligi, ideo mihi Cathedram Petri et fidem Apostolico ore laudatam censui consulendam, etc..

  A001001345 

 Mays je ne puys laisser en arriere ce que ce grand archiministre escrivit l'an 1519, en certaines autres [310] Resolutions d'autres propositions; car, en la 13 me, non seulement il reconnoit l'authorité du Saint Siege Romain, mays la prouve par 6 raysons quil tient pour demonstrations: je le mettray en sommaire.

  A001001352 

 Ainsy disons nous quil faut avoir recours a luy non comme a un docte homme, car en cela il est ordinairement devancé par plusieurs [312] autres, mays comme au chef et Pasteur general de l'Eglise, et, comme tel, honnorer, suivre et embrasser fermement sa doctrine, car alhors il porte en sa poitrine le Urim et Thummim, la doctrine et verité..

  A001001353 

 Et comment est ce que le Saint Esprit conduict l'Eglise, sinon par le ministere et office de prædicateurs et pasteurs? mays si les pasteurs ont des pasteurs encores, ilz les doivent suivre; ainsy tous doivent suivre celuy qui est le supreme pasteur, par le ministere duquel nostre Dieu veut conduire, non les aigneaux seulement et brebiettes, mays les brebis et meres des aigneaux, c'est a dire, non les peuples seulement, mays les autres pasteurs encores, celuy qui succede a saint Pierre qui eut ceste charge, Pasce oves meas.

  A001001353 

 Les theologiens ont dict tout en un mot, quil peut errer in quæstionibus facti, non juris, quil peut errer extra Cathedram, hors la chaire de saint Pierre, c'est a dire, comme homme particulier, par escritz et mauvais exemples, mays non pas quand il est in Cathedra, c'est a dire, quand il veut faire une instruction et decret pour enseigner toute l'Eglise, quand il veut confirmer les freres comme supreme pasteur, et les veut conduyre es pasturages de la foy: car alhors ce n'est pas tant l'homme qui determine, resoult et definit, que c'est le benit Saint Esprit par l'homme, lequel, selon la promesse faicte par Nostre Seigneur a ses Apostres, enseigne toute verité a l'Eglise, ou, comme dict le Grec et semble que l'Eglise l'entende en une collecte de Pentecoste, conduict et meyne son Eglise en toute verité: Cum autem venerit ille Spiritus veritatis, docebit vos omnem veritatem, ou, deducet vos in omnem veritatem.

  A001001356 

 Et quand il dict: Nostrum est non judicari ab ipso, sed ipsum judicare..

  A001001356 

 Imprimis, Sanctissima Sedes, crepa et non frangere ob novam istam salutationem, in qua nomen meum primo et in supremo loco pono. Et apres avoir recité la bulle contre laquelle il escrivoit, il commence par ces ciniques et vilaines paroles: Ego autem dico, ad Papæ et bullæ hujus minas, istud: qui præ minis moritur, ad ejus sepulturam compulsari debet crepitibus ventris.

  A001001356 

 Mays remplir l'air et la terre d'injures, invectives, outrages, calomnier le Pape, et non seulement en sa personne, ce qui ne se doit jamais faire, mays en sa dignité, attaquer le Siege que toute l'antiquité a honnoré, le vouloir juger contre le conseil de toute l'Eglise, apeller la dignité mesme antichristianisme, qui sera celuy qui le pourra trouver bon? Le grand Concile de Calcedoine trouva si estrange que Dioscorus, Patriarche, excommuniast le Pape Leon; et qui pourra souffrir l'insolence de [315] Luther, qui fit une bulle ou il excommunie et le Pape, et les Evesques, et toute l'Eglise? Toute l'Eglise luy donne des tiltres honnorables, luy parle avec reverence: que dirons nous de ce beau commencement de livre que Luther addressa au Saint Siege? Martinus Lutherus, Sanctissimæ Sedi Apostolicæ et toti ejus parlamento, meam gratiam et salutem.

  A001001357 

 De Beze, qui dict que des long tems il ny a eu aucun Pape qui se soit soucié de la religion ni qui ayt esté theologien, veut il pas tromper quelqu'un? car il sçait bien qu'Adrien, Marcel et ces cinq derniers ont estés tres grans theologiens: a quoy faire, mentir? Mays disons quil y ait du vice et de l'ignorance: Cathedra tibi, vous dict saint Augustin, quid fecit Ecclesiæ Romanæ, in qua Petrus sedit et in qua hodie Anastasius sedet? quare appellas cathedram pestilentiæ Cathedram Apostolicam? Si propter homines, quos putas legem loqui et non facere, numquid Dominus Noster Jesus Christus propter Pharisæos, de quibus ait, Dicunt et non faciunt, cathedræ in qua sedebant ullam fecit injuriam? nonne illam cathedram Moisi commendavit, et illos servato cathedræ honore redarguit? ait enim: Super cathedram, etc. Hæc si cogitaretis, non propter homines quos infamatis blasphemaretis Cathedram Apostolicam cui non communicatis; sed quid est aliud quam nescire [quid] dicere, et tamen non posse nisi maledicere? [317].

  A001001370 

 Car, ou le miracle est une juste persuasion et confirmation, ou non: si non, donques Nostre Seigneur ne confirmoit pas justement sa doctrine; si c'est une juste persuasion, donques en quel tems quilz se facent ilz nous obligent a les prendre pour une tres ferme rayson, aussy le sont ilz.

  A001001371 

 Et affin de couper chemin a toutes fantasies, je confesse quil y a des faux miracles et des vrais miracles, et qu'entre les vrays miracles il y en a qui font argument evident que la puyssance de Dieu y est, les autres, non, sinon par leurs circonstances.

  A001001371 

 La guerison de la plaÿe mortelle sera un miracle populaire, non philosophique; car ce que le peuple croit estre impossible, il le tient pour miracle quand il le voit, mays il tient plusieurs choses impossibles en nature qui ne le sont, telles sont plusieurs guerisons.

  A001001372 

 Car, ramener la privation en son habitude, le non estre a l'estre, et donner les operations vitales aux hommes, sont choses impossibles a toutes les puyssances humaynes, ce sont des coups du sauverain [320] Maistre; lequel quand puys apres il luy plaict faire des cures par sa toute puyssance, ou des mutations es choses, ne laysse pas de les faire reconnoistre pour miraculeuses, quoy que la nature secrette en peut faire tout autant, parce qu'ayant faict ce qui surpasse nature, il nous a ja rendus asseurés de sa qualité et de la valeur de la [merveille]: ainsy que quand un homme a faict un chef d'ceuvre, quoy quil face puys apres plusieurs ouvrages communs, on ne laisse pas de le tenir pour maistre..

  A001001372 

 Je disoys qu'entre les vrays miracles il y en a qui font une certaine science et rayson que le bras de Dieu y opere, les autres non, sans la consideration et secours des circonstances.

  A001001380 

 Ou a esté faict le miracle? en præsence de tout un peuple, Grec et non passionné pour le Saint Siege..

  A001001381 

 Une femme aussy qui avoit petri le pain qu'on devoit consacrer, venant a la sainte Communion, comm'elle vit saint Gregoire, tenant non plus le pain mais le tressaint Sacrement, venir a elle pour la communier, et dire, Corpus Domini Nostri Jesu Christi custodiat animam, etc., elle se prit a rire; saint Gregoire l'interroge pourquoy elle rioyt, elle respond que c'estoit parce qu'elle avoit petri le pain duquel saint Gregoire avoit dict que c'estoit le Cors de Nostre Seigneur; saint Gregoire impetra par prieres que la sainte Eucharistie apparut au dehors ce qu'elle estoit au dedans, dont ceste pauvre femme fut reduite a la foy, et tout le peuple confirmé: c'est une histoire racontëe par le bon Paulus Diaconus..

  A001001384 

 Nous prechons que c'est non seulement Sacrement, mais Sacrifice: et saint Augustin, parlant d'un lieu inhabitable par la violence des espritz malins, qui estoit a Hesperius, au territoire Fussalense, Perrexit unus, dict [il], ex presbiteris, obtulit ibi Sacrificium Corporis Christi, orans quantum potuit ut cessaret illa vexatio, Deoque protinus miserante cessavit.

  A001001387 

 Nous produisons le signe de la Croix contre le diable: et saint Gregoire Nazianzene tesmoigne que Julien l'Apostat, en un sacrifice faict aux idoles, voyant le diable, s'y signa de ce signe; le diable s'en fuit, le sorcier et magicien dict a l'apostat que le diable s'en fuyoit non par crainte mais par abomination; [325] Abominationi, dict il, illis fuimus, non terrori.

  A001001389 

 Nous faysons conte du saint Chresme dont on oint les baptisés pour la sainte Confirmation: et saint Optatus Milevitain raconte que la phiole ou ampoulle du saint Chresme estant jettëe par les Donatistes sur des pierres, non defuit manus angelica quæ ampullam spiritali subvectione deduceret; projecta casum sentire non potuit..

  A001001391 

 Nous avons des images en nos eglises: mays qui ne sçait les grans miracles qui furent faitz au crucifiement d'une image de Nostre Seigneur, que les Juifz firent en Syrie en la ville de Berite? non seulement le sang en sortit, mays ce sang guerit quicomque en fut touché, de toutes sortes de maladies; c'est le grand saint Athanase qui le raconte..

  A001001393 

 Et plus bas il dict: Neque aliter Martirum operibus inviderent, nisi fidem in iis fuisse eam quam isti non habent judicarent, fidem illam Majorum traditione firmatam, quam dæmones ipsi negare non possunt, sed Arriani negant: non accipio a diabolo testimonium sed confessionem. Quelles circonstances ne rendent ces miracles irreprochables? une partie sont restitutions des operations vitales, qui ne se peut faire par autre puyssance que la divine; le tems auquel ilz se sont faitz estoit tout voysin a celuy de Nostre Seigneur, l'Eglise toute pure et sainte; il ni avoit point d'Antichrist au monde, comme dient les ministres; [327] les personnes par la priere desquelles ilz se faysoyent, tres saintes; la foy qui en estoit confirmëe estoit generale et tres Catholique; les autheurs qui les recitent, tres asseurés..

  A001001393 

 Les Arriens nioyent [le miracle sur] l'aveugle qui fut gueri par l'atouchement du bord du drap qui couvroit les reliques de saint Gervais et Protais, et disoyent quil n'avoyt pas esté gueri; saint Ambroise respond: Negant cæcum illuminatum, sed ille non negat se sanatum.

  A001001393 

 Sed quæro, dict il peu apres, quid non credant? utrum a Martiribus possint aliqui visitari? hoc est Christo non credere, ipse enim dixit: Et majora horum facietis.

  A001001395 

 Dites, pour Dieu, ce quilz racontent est il pas tres possible a Dieu? et sil est possible, comme oserons nous nier quil n'ait esté faict, puysque [328] tant de grans personnages en tesmoignent? On m'a dict plus d'une fois, est ce article de foy de croire ces contes? Ce n'est voirement pas article de foy, mays article de sagesse et discretion; car c'est une bestise trop notoire et une tres sotte arrogance de donner des dementies a ces anciens et graves personnages, sans autre fondement que parce que ce quilz disent n'est pas sortable a nos conceptions: sera il donq dict que nostre petite cervelle bornera la verité et mensonge, et fera loy a l'estre et au non estre? [329].

  A001001419 

 Quand Calvin et Bucer nient que nous ayons aucune liberté en nostre volonté, non seulement pour les actions surnaturelles, mays encores pour les naturelles et es commerces purement humains, n'attaque il pas la rayson naturelle et toute la philosophie, comme luy mesme confesse, et tout d'un train l'experience, et de vous, si vous parles franchement, et de tout le reste des hommes?.

  A001001422 

 Et quand on dict que nous pechons « incités, poussés, necessités, par la volonté, ordonance, decret et predestination de Dieu, » n'est ce pas blasphemer contre toute rayson et contre la majesté de la supreme bonté? Ah, voyla la belle theologie de Zuingle, Calvin et Beze: At enim dices, dict Beze, dices, non potuerunt resistere Dei voluntati, id est, decreto: fateor; sed sicut non potuerunt, ita etiam noluerunt.

  A001001422 

 Verum non poterant aliter velle: fateor quoad eventum et energiam, sed voluntas tamen Adami coacta non fuit. Bonté de Dieu, je vous appelle a garant: vous m'aves poussé a mal faire, vous l'aves ainsy decreté, ordonné, voulu, je ne pouvois faire autrement, je ne pouvois vouloir autrement, qu'y a il de ma faute? O Dieu de mon cœur, chastiés mon vouloir sil peut ne vouloir pas le mal et quil le veüille, mays sil luy est impossible de ne le vouloir pas, et vous luy soÿes cause de ceste impossibilité, qu'y peut il avoir de sa faute? Si cecy n'est contre rayson, je confesse quil ny a point de rayson au monde..

  A001001425 

 Si chacun peut errer en l'intelligence de l'Escriture, pourquoy non vous et vostre ministre? J'admire que vous n'alles tousjours tremblantz et branslantz; j'admire comme vous pouves vivre avec autant d'asseurance en la doctrine que vous suives, comme si vous ne pouvies [tous] errer, et que neanmoins vous tenes pour asseuré que chacun a erré et peut errer..

  A001001433 

 Si on demande comm'il se peut faire que le mesme cors de Nostre Seigneur soit en deux lieux, je diray que cela est aysé a Dieu, suyvant le dire de l'Ange, Non est impossibile apud Deum omne Mot, et le confirmeray par la rayson de la foy, Credo in Deum Patrem omnipotentem; mays si vous glosses, et l'Escriture et l'article de foy mesme, comme confirmeres vous vostre glosse? a ce conte la il ny aura point de premier principe sinon vostre cervelle.

  A001001434 

 L' omnipotentem me confirme, la creation m'y recrëe; car, qui ex nihilo fecit omnia, quare ex pane non faciet Corpus Christi? Le nom de Jesus m'y conforte, car sa misericorde et magnifique volonté y est exprimëe; ce quil est Filz consubstantiel au Pere monstre son pouvoir illimité.

  A001001436 

 Que la chair ne prouffite de rien? non pas la vostre ou la mienne qui ne sont que charoignes, ni nos sentimens charnelz; nom pas une chair simple, morte, sans esprit ni vie: mays celle du Sauveur, qui est tousjours garnie de l'Esprit vivifiant et de son Verbe, je dis qu'elle proufite a tous ceux qui la reçoivent dignement pour la vie æternelle.

  A001001437 

 Quand a vous, que produires vous de semblable? [339] je vous monstre un est, monstres moy le non est que vous pretendes, ou le significat; je vous ay monstré le corpus, monstres moy le signe effectueux.

  A001001437 

 Quoy pour cela? sil estoit besoin quil vint pour se trouver present au Saint Sacrement, vostre analogie auroit de l'apparence; mays non encores de la realité, car alhors quil viendra juger, personne ne dict quil soit en terre, le feu precedera..

  A001001437 

 Vous produises pour vostre creance: Parole quæ ego loquor spiritus et vita sunt, et y joignes, Quotiescumque manducabitis panem hunc; vous y adjoustes, Hoc facite in meam commemorationem; vous y apportes, Mortem Domini annunciabitis donec veniat; Me autem semper non habebitis; mays consideres un peu quel rapport ont ces paroles les unes aux autres.

  A001001438 

 Voyla vostre analogie; a sçavoir mon, qui a mieux travaillé, ou vous ou moy? Si on vous laisse interpreter la descente de Nostre Seigneur aux enfers, du [340] sepulcre, ou de l'apprehension de l'enfer et peyne des damnés, la sainteté de l'Eglise, d'une Eglise invisible et inconneüe, son universalité, d'une Eglise secrette et cachëe, la communion des Saintz, d'une seule bienveuillance generale, la remission des pechés, d'une seule non imputation, quand vous aures ainsy proportionné le Simbole a vostre jugement, il sera quand et quand bien proportionné au reste de vostre doctrine; mays qui ne voit l'absurdité? le Simbole, qui est l'instruction des plus simples, seroit la plus obscure doctrine du monde, et devant estre regle a la foy, il auroit besoin d'estre reglé par une autre regle; In circuitu impii ambulant.

  A001001445 

 Par exemple, ny a il pas plus de misericorde d'exhiber la realité de son Cors pour nostre viande, que de n'en donner que la figure, commemoration et manducation fiduciaire? n'est ce pas plus de justifier l'homme embellissant son ame par la grace, que sans l'embellir le justifier par une simple connivence ou non imputation? n'est ce pas une plus grande faveur de rendre l'homme et ses œuvres aggreables et bonnes, que de tenir seulement l'homme pour bon sans quil le soit en realité? n'est ce pas plus d'avoir layssé sept Sacremens pour la justification et sanctification du pecheur, que de n'en avoir laissé que deux, dont l'un ne serve de rien et l'autre de peu? n'est ce pas plus d'avoir laissé la puyssance d'absouvre en l'Eglise, que de n'en avoir point laissé? n'est ce pas plus d'avoir laissé une Eglise visible, universelle, signalëe, remarquable et perpetuelle, que de l'avoir layssé petite, secrette, dissipëe, sujette a corruption? n'est ce pas plus priser les travaux de Nostre Seigneur, de dire qu'une seule goutte de son sang suffisoit a racheter le monde, que de dire que s'il n'eut enduré les peynes des damnés il ni avoit rien de faict? la misericorde de Dieu n'est elle pas plus magnifiëe, de donner a ses Saintz la connoissance de ce qui se faict cy bas, le credit de prier pour nous, se rendre exorable a leurs intercessions, les avoir rendu glorieux des leur mort, que de les faire attendre et tenir « en suspens », comme parle Calvin, jusqu'au jugement, les rendre sourds a nos prieres et se rendre inexorable aux leurs? Cecy se verra plus clair en nos essais..

  A001001458 

 Car, par supposition, faysons que jamais il ny eust Eglise, ni Concile, ni Pasteurs, ni Docteurs, des les Apostres, et que l'Escriture Sainte ne contient que les Livres quil plaict a Calvin, Beze et Martyr d'avouer, quil ny a point de Regle infallible pour la bien entendre, mays qu'elle est a la merci des conceptions de quicomque voudra maintenir quil interprete l'Escriture par l'Escriture et par l'analogie de la foy, comme on veut entendre Aristote par l'Aristote et par l'analogie de la philosophie; confessons seulement que ceste Escriture est divine, et je maintiens devant tous juges equitables que, si non tous, au moins ceux d'entre vous qui avoyent quelque connoissance et suffisance sont inexcusables, et ne sçauroyent garentir leur religion de legereté et temerité.

  A001001460 

 C'est ce que je pretens icy, mays briefvement; et [348] proteste que je produyray tresfidelement tout ce que je cuyderay estre de plus apparent de leur costé, puys par l'Escriture mesme les convaincray, affin que vous voyes que quoyque et eux et nous manions et nous armons de l'Escriture, nous en avons neanmoins la realité et droit usage, eux n'en ayant qu'une vayne apparence par maniere d'illusion; ainsy que non seulement Moise et Aaron, mays encores les magiciens animerent leurs verges et les convertirent en colœuvres, mays la verge d'Aaron devora les verges des autres.

  A001001476 

 Et pour monstrer que le Baptesme est de Nostre Seigneur, non de celuy qui l'administre, il ne dict pas, Nunquid in prædicatione Pauli baptizati estis? mais plustost, Nunquid in nomine Pauli baptizati estis? monstrant que quoyque la prædication præcede, si n'est elle pas de l'essence du Baptesme, pour attribuer au prædicateur et catechiste le Baptesme comm'il est attribué a celuy le nom duquel y est invoqué.

  A001001476 

 Qui doute que saint Pol n'ait catechisé et instruict de la foy plusieurs Corinthiens qui ont estés baptisés? que si l'instruction et prædication estoit la forme du Baptesme, saint Pol n'avoit pas rayson de dire, Gratias ago Deo quod [352] neminem baptizavi nisi Crispum et Caium, etc.; car donner forme a une chose, n'est ce pas la faire? Bien plus, que saint Pol met a part le baptizer du precher: Non me misit Christus baptizare sed evangelizare.

  A001001478 

 Au Concile Laodicien, ou il est parlé de l'ordre de la Messe, il ne se dict rien de la prædication, comme estant chose de decence mais non de l'essence de ce mistere.

  A001001478 

 Quomodo, dict le grand saint Ambroise, potest qui panis est Corpus esse Christi? consecratione; et plus bas: Non erat Corpus Christi ante consecrationem, sed post consecrationem dico tibi quod jam est Corpus Christi; et voyes le bien au long, mays je me reserve sur ce sujet quand nous traitterons de la sainte Messe..

  A001001478 

 Y a il rien si clair en l'Escriture: Docete omnes gentes, baptizantes eos in nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti; ceste forme, au nom du Pere, etc., est elle pas invocatoire? certes, le mesme saint Pierre qui dict aux Juifz, Pœnitentiam agite, et baptizetur unusquisque vestrum in nomine Jesu Christi, in remissionem peccatorum vestrorum, dict peu apres au boiteux devant la belle porte, In nomine Jesu Christi Nazareni, surge et ambula: qui ne voit que ceste derniere parole est invocatoire? et pourquoy non la premiere, qui est de mesme substance? Ainsy saint Pol ne dict pas, Calix prædicationis de quo prædicamus, nonne communicatio Sanguinis Christi est? mays au contraire, Calix benedictionis cui benedicimus; on le consacroit donques et benissoit-on: ainsy au Concile de Laodicëe, c. 25, Non oportet Diaconum calicem benedicere.

  A001001479 

 Mays je veux finir par ceste signalëe sentence de saint Augustin: Potuit Paulus significando prædicare Dominum Jesum Christum, aliter per linguam suam, aliter per epistolam, aliter per Sacramentum Corporis et Sanguinis ejus: nec linguam quippe ejus, nec membranas, nec atramentum, nec significantes sonos lingua editos, nec signa litterarum conscripta pelliculis, Corpus Christi et Sanguinem dicimus; sed illud tantum quod ex fructibus terræ acceptum, et prece mistica consecratum, rite sumimus. Que si saint Augustin dict, Unde tanta vis aquæ ut corpus tangat et cor abluat, nisi faciente verbo? non quia dicitur, sed quia creditur, nous ne disons rien au contraire: car, a la verité, les paroles de benediction et sanctification avec lesquelles on forme et parfaict les Sacremens, n'ont poinct de vertu sinon estant proferëes sous la generale intention et creance de l'Eglise; car si quelqu'un les disoit sans cette intention, elles seroient dites voirement, mais pour neant, par ce que, non quia dicitur, sed quia creditur.

  A001001485 

 Item, le Concile ne dict pas quil soit necessaire de vouloir faire ce que l'Eglise Romayne faict, mays seulement en general ce que l'Eglise faict, sans particulariser quelle est la vraye Eglise: ains, qui, pensant que l'eglise pretendue de Geneve fust la vraye Eglise, limiteroit son intention a l'intention de l'eglise de Geneve, se tromperoit si jamais homme se trompa en la connoissance [357] de la vraÿe Eglise, mays son intention suffiroit en cest endroit, puysque encores qu'elle se terminast a l'intention d'une eglise fausaire, si est ce qu'elle ne s'y termineroit que sous la forme et conception de la vraye Eglise, et l'erreur ne seroit que materiel, non formel, comme disent nos docteurs.

  A001001486 

 On ne peut raysonnablement douter que pour faire la Cene de Nostre Seigneur, ou le Baptesme, il ne faille faire ce que Nostre Seigneur a commandé pour cest effect, et non seulement quil le faille faire, mays quil le faille faire en vertu de ce commandement et institution: car on peut bien faire ces actions en vertu d'autre que du commandement de Nostre Seigneur, comme fairoit un [358] homme qui, dormant, songeroit et baptiseroit, ou bien estant ivre; pour vray les paroles y seroyent et l'element, mays elles n'auroyent point de force, ne procedans pas du commandement de qui les peut rendre vigoureuses et efficaces; ainsy que tout ce qu'un juge dict et escrit ne sont pas sentences judiciaires, mays seulement ce quil dict en qualité [de juge].

  A001001486 

 Or, comme pourroit on mettre difference entre les actions sacramentelles estant faites en vertu du commandement qui les rend pregnantes, et ces mesmes actions faites a autre fin? Certes, la difference n'y peut estre que par l'intention avec laquelle on les emploÿe; il faut donq que non seulement les paroles soyent proferëes, mays proferëes avec intention de faire le commandement de Nostre Seigneur, en la Cene, Hoc facite, au Baptesme, Baptizantes eos in nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti..

  A001001488 

 Et c'est a ce propos que saint Augustin: Unde tanta vis aquæ, ut corpus tangat et cor abluat, nisi faciente verbo? non quia dicitur, sed quia creditur; c'est a dire, les paroles de soy, estant proferees sans aucune intention ou creance, n'ont point de vertu, mays estans dites en vertu et creance, et selon l'intention generale [360] de l'Eglise, elles font cest effect salutaire.

  A001001488 

 Pareillement, Nostre Seigneur ne dict pas qu'on die ces paroles, Ego te baptizo, simplement, mays commanda que toute l'action du Baptesme se fist in nomine Patris; si que il ne suffit pas qu'on die, in nomine Patris, mays faut que le lavement ou aspersion mesme se face in nomine Patris, et que ceste authorité anime et ravigore non seulement la parole, mays toute l'action du Sacrement, laquelle de soy n'auroit point de surnaturelle vertu.

  A001001502 

 N'avons nous pas rayson, tous tant que nous sommes de domestiques et enfans de l'Eglise, de nous porter pour appellans, et nous plaindre de la partialité des juges, laissans a part, pour ceste heure, l'incompetence d'iceux? Donques nous appelions des juges non instruitz a eux mesmes instruitz, et des jugemens faictz partie non ouye, a des jugemens partie ouye, supplians tous ceux qui voudront juger sur ce different, de considerer nos allegations et probations d'autant plus attentivement, qu'il y gist, non de la condamnation de la partie accusee, qui ne peut estre condamnee par ses inferieurs, mays du damnement ou sauvement de ceux mesmes qui en jugeront..

  A001001508 

 Que si on veut sçavoir pourquoy ce lieu est plustost appellé simplement Purgatoire que les autres moyens de purgation cy dessus apportés, on respondra que c'est parce qu'en ce lieu la on n'y faict autre que la purgation des taches qui sont demeurees au partir de ce monde, et qu'au Baptesme, penitence, tribulations et autres, non seulement l'ame s'espure de ses imperfections, mays s'enrichit encores de plusieurs graces et perfections; qui a faict laisser le nom de Purgatoire a ce lieu de l'autre siecle, lequel, a proprement parler, n'est pour autre que pour la purification des ames.

  A001001530 

 En Zacharie, 9: Tu autem, in sanguine testamenti tui, eduxisti vinctos tuos de lacu in quo non est aqua. Le lac duquel sont tirés ces prisonniers n'est que le Purgatoire, duquel Nostre Seigneur les [368] delivra en sa descente aux enfers; ne se pouvant entendre du Limbo, ou estoient les Peres avant la resurrection de Nostre Seigneur, dans le sein d'Abraham, par ce que la il y avoit de l'eau de consolation, comme l'on peut voir en saint Luc, 16; dont saint Augustin, en l'epistre 99, ad Evodium, dict que Nostre Seigneur visita ceux qui estoient aux tourmens des enfers, c'est a dire, au Purgatoire, et quil les en delivra: dont il s'ensuit quil y a un lieu ou les fideles sont tenus prisonniers, et duquel ilz peuvent estre delivrés..

  A001001539 

 Le feu par lequel l'architecte se sauve, ipse autem salvus erit, sic tamen quasi per ignem, ne se peut entendre d'autre que du feu de Purgatoire; car, quand lApostre dict qu'il se sauvera, il exclud le feu de l'enfer auquel personne ne se peut sauver, et quand il dict qu'il se sauvera par le feu, et qu'il parle de celuy seulement qui a suredifié le bois, la canne, le chaume, il monstre ne parler du feu qui precedera le jour du jugement, puysque par iceluy passeront, non seulement ceux qui auront suredifié de ces matieres legeres, mays encores ceux qui auront suredifié l'or, l'argent, etc..

  A001001541 

 des Corinthiens, 5, Eum qui non noverat peccatum, pro nobis peccatum fecit; la ou qui ne voit que peccatum pour la premiere fois se prend proprement, pour l'iniquité, et la seconde fois, figurement, pour celuy qui porte la peyne du peché?.

  A001001550 

 Cest argument est si bien faict, que pour y respondre nos adversaires nient l'authorité du Livre des [373] Machabees, et le tiennent pour apocriphe: mays a la verité ce n'est qu'a faute d'autre response; car ce Livre icy a esté tenu pour authentique et sacré par le Concile de Carthage 3, au canon 47, et par Innocent 1, en l'epistre ad Exuperium, et par saint Augustin, l. 18 de la Cité de Dieu, chap. 36, duquel voicy les paroles: Libros Machabæorum non Judæi sed Ecclesia pro canonicis habet, et le mesme saint Augustin, au l. 2 De doctrina Christiana, chap. 8, et Gelase, au decret des Livres canoniques qu'il fit en un Concile de 70 Evesques, et plusieurs autres Peres qu'il seroit long a citer.

  A001001551 

 On sçait bien tout ce qu'on apporte pour le pretexte de ceste negative, qui ne faict pour la pluspart que monstrer la difficulté qu'il y a es Escritures, non aucune fauseté en icelles; seulement il me semble necessaire de respondre a une ou deux objections qu'ilz font..

  A001001552 

 La premiere, c'est qu'ilz disent la priere avoir esté faicte pour monstrer la bonne affection qu'ilz avoyent a l'endroit des defuncts, non pas qu'ilz pensassent les defuncts en avoir besoin; mays l'Escriture y contredict par ces paroles, ut a peccatis solvantur..

  A001001553 

 des Corinthiens, 15: Quid mihi prodest si mortui non resurgunt? comedamus et bibamus, cras enim moriemur; or il ne s'ensuivroit aucunement qu'il fallust s'abandonner ainsy, encores qu'il n'y eust point de resurrection, car l'ame qui demeureroit en estre souffriroit la peyne deùe aux pechés, et recevroit le guerdon des vertus; saint Pol donques, en cest endroit la, met en conte la resurrection des morts pour l'immortalité de l'ame, par ce que, de ce tems la, qui croyoit l'un croyoit l'autre..

  A001001557 

 Ni ne faudroit pas dire que le baptesme duquel parle saint Pol soit seulement un baptesme de tristesses et de larmes, non de jeusnes, prieres et autres actions, car avec ceste intelligence sa conclusion seroit tres mauvaise: il veut conclure que si les morts ne resuscitent point, et si l'ame est mortelle, qu'en vain s'afflige l'on pour les morts; mais, je vous prie, n'auroit on pas plus d'occasion de s'affliger par tristesse pour la mort des amis s'ilz ne resuscitent point, perdant toute esperance de jamais les revoir, que s'ilz resuscitent? Il entend donques des afflictions volontaires que l'on faisoit pour impetrer le repos des defuncts, lesquelles sans doute on prattiqueroit en vain si les ames estoyent mortelles, ou que les morts ne resuscitassent point; en quoy il se faut souvenir de ce qui a esté dict cy dessus, que l'article de la resurrection des morts et celuy de l'immortalité de l'ame estoyent conjoincts tellement ensemble en la creance des Juifz, que qui advouoit l'un, advouoit l'autre, et que qui nioit l'un, nioit l'autre.

  A001001557 

 Voicy donques le sens de ceste Escriture: si les morts ne resuscitent point, a quoy faire prend on peyne et affliction, priant et jeusnant pour les morts? et certes, ceste sentence de saint Pol ressemble a celle des Machabees cottee cy dessus: Superfluum est et vanum orare pro mortuis, si mortui non resurgunt. Qu'on me tourne et transfigure ce texte en tant d'interpretations que l'on voudra, qu'il n'y en aura pas une qui joigne bien a la sainte Lettre que celle cy.

  A001001557 

 chap., l'alleguant comme louable et bonne: Quid facient, dict il, qui baptizantur pro mortuis, si mortui non resurgunt ut quid et baptizantur pro illis? Ce lieu bien entendu monstre tres clairement la coustume de la primitive Eglise de jeusner, prier, veiller pour les ames des trespassés; car, premierement, es Escritures, [376] estre baptizé se prend fort souvent pour les afflictions et penitences, comme en saint Luc, 12.

  A001001564 

 Cela va bien, mays nostre rayson ne perd rien de sa fermeté pour cela: car, ou saint Mathieu a bien exprimé l'intention de Nostre Seigneur, ou non; on n'oseroit dire que non, et s'il l'a bien exprimee, il s'ensuit tousjours qu'il y a des pechés qui peuvent estre remis en l'autre siecle, puysque Nostre Seigneur a dict qu'il y en a un qui ne peut estre remis en l'autre siecle.

  A001001564 

 Certes, quand Nostre Seigneur eut dict a Pilate, Regnum meum non est de hoc mundo, en saint Jan, 18, Pilate fit ceste conclusion: Ergo Rex es tu? laquelle fut trouvee bonne par Nostre Seigneur, qui y consentit; ainsy quand il dict qu'il y a un peché qui ne peut estre pardonné en l'autre siecle, il s'ensuit tres bien, donques il y en a d'autres qui peuvent estre remis.

  A001001564 

 Ilz voudront dire que ces paroles, neque in hoc sæculo neque in alio, ne veulent dire autre chose sinon, in æternum, ou, numquam, comme l'a dict saint Marc, au chap. 3, non habet remissionem in æternum.

  A001001564 

 Mays de grace, dites moy, si saint Pierre eust dict en saint Jan, 13, Non lavabis mihi pedes in hoc sœculo neque in alio, n'eust il pas parlé gaussement, puysque en l'autre monde ilz ne peuvent estre lavés? aussi dict il, in æternum.

  A001001565 

 En saint Mathieu, 5, et en saint Luc, 12: Esto consentiens adversario tuo cito, dum es cum eo in via; ne forte tradat te adversarius judici, judex tortori, et mittaris in carcerem: amen, dico tibi, non exies inde donec reddas novissimum quadrantem.

  A001001565 

 Le quatrain duquel il est dict, non exies inde donec reddas novissimum quadrantem, sont les petitz pechés et d'infirmité, comme le quatrain est la moindre monnoye qu'on peut devoir.

  A001001565 

 Quand il est dict, donec solvas ultimum quadrantem, n'est il pas presupposé qu'on le puisse payer, et qu'on puisse tellement diminuer la debte qu'il n'en reste plus que le dernier liard? que si comme quand il est dict au Psalme, Sede a dextris mets donec ponant inimicos tuos, etc., il s'ensuit tres bien, ergo aliquando ponet inimicos scabellum pedum, ainsy, disant non exies inde donec reddas, il monstre que aliquando reddet vel reddere potest.

  A001001565 

 Qui ne voit qu'en saint Luc 12, la comparaison est tiree non d'un homicide, ou de quelque criminel qui ne peut avoir esperance de son salut, mais d'un debiteur qui est mis en prison jusques a payement, lequel estant faict, incontinent il est mis dehors? Voicy donques l'intention de Nostre Seigneur: que, pendant que nous sommes en ce monde, nous taschions par la penitence et ses fruictz de payer, selon la puissance que nous en avons par le sang du Redempteur, la peyne a laquelle nos pechés nous ont obligés; puysque, si nous attendons la mort, nous n'en aurons pas si bon conte au Purgatoire, ou nous serons traittés a la rigueur..

  A001001573 

 6, et Ezechias, en Isaïe 38, Quia non infernus confitebitur tibi; ou se doit encores rapporter ce que chante David ailleurs, Peccatori autem dixit Deus: quare tu enarras justifias meas et assumis testamentum meum per os tuum? car si Dieu ne veut recevoir louange du pecheur obstiné, comment est ce qu'il permettroit a ces miserables damnés d'entreprendre ce saint office? Saint Augustin faict grand [383] conte de ce lieu pour ce propos, l. 12 du Genese, au chap. 33.

  A001001577 

 Nostre Seigneur nous baille la regle en son Evangile comme on se doit comporter en semblables occasions: Si peccaverit in te frater tuus, etc., die Ecclesiæ; si quis Ecclesiam non audiverit, sit tibi tanquam ethnicus et publicanus. Oyons donques ce que dict l'Eglise en cest endroit: en Afrique, au Concile de Carthage 3, c. 29, et au 4., c. 79; en Espaigne, au Concile Bracarense, c. 34 et 39; en France, au Concile de Chalon, comme il est rapporté De Consec., dist.

  A001001578 

 Ecclesia est firmamentum et columna veritatis, et portæ inferi non prævalebunt adversus eam.

  A001001578 

 Il dict qu'elle a erré et failly; ah, qui croiroit cela? Quis es tu qui judicas Ecclesiam Dei? Si quis Ecclesiam non audiverit, sit tibi tanquam ethnicus et publicanus.

  A001001584 

 Mays cecy ne faict rien a nostre propos, car il est vray que saint Augustin dict qu'on peut douter du feu et de la qualité d'iceluy, mays non pas du Purgatoire: or, soit que la purgation se face ou par feu ou autrement, soit que le feu aye mesmes qualités que celuy d'enfer ou non, si est ce quil ne laysse pas d'y avoir une purgation et un Purgatoire; il ne met pas donques en doute le Purgatoire, mais la qualité d'iceluy; ce que ne nieront jamais ceux qui verront comm'il en parle au c. 16 et 24 du mesme Livre de la Cité, et au livre De cura pro mortuis agenda, et en mille autres lieux.

  A001001590 

 12, de laquelle Nostre Seigneur dict que les hommes reddent rationem in die judicii; il en faut rendre conte; l'autre merite le conseil, c'est a dire merite qu'on delibere s'il sera condamné ou non (car Nostre Seigneur s'accommode a la façon de parler des hommes); le 3 me seul est celluyla qui sans doute infalliblement sera damné: donques le p r et le 2 d sont pechés qui ne rendent [388] pas l'homme coulpable de la mort æternelle, mais d'une correction temporelle; et partant si l'homme meurt avec iceux, par accident ou autrement, il faut quil subisse le jugement d'une peyne temporelle, moyennant laquelle son ame estant purgëe il ira au Ciel avec les Heureux.

  A001001590 

 c.: Qui irascitur fratri suo, reus erit judicio; qui dixerit fratri suo racha, reus erit consilio; qui dixerit fatue, reus erit gehennæ ignis. Qu'est ce, je vous prie, d'estre coulpable de gehenne du feu, sinon estre coulpable de l'enfer? or ceste peyne n'est deüe qu'a ceux qui appellent fatue: ceux qui montent en cholere et ceux qui expriment leur cholere par parole non injurieuse et diffamatoire, ne sont pas en mesme rang; ains l'un merite le jugement, c'est a dire, que sa colere soit mise en jugement, comme la parolle oyseuse, Mat.


02-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome II-Defense de l'estendart de la Sainte Croix.html
  A002000125 

 L'ennemy de la Croix avec lequel j'entreprens de combattre dit ainsy son advis sur ce sujet (et les autres de son parti ne disent pas mieux): «... nous croyons de cœur et confessons de bouche que Dieu seul doit estre servi et honoré... De faict, combien que nous puissions honorer les uns les autres civilement, suivant ce qui est commandé aux [7] inferieurs d'honorer leurs superieurs, si est-ce que quand il est question d'honneur religieux ou conscientieux, ce sont choses non accordantes de donner tout honneur à un seul Dieu et à son Fils, et en departir une portion à aucun homme, ou à la croix materielle, ou à creature qui soit.

  A002000126 

 Mais je remarque au contraire: que c'est trop retrancher de l'honneur deu a Dieu, d'en lever le civil et politique; car si la rayson avancee par les Bienheureux est raysonnable, pour vray, non seulement tout honneur religieux, mays aussi tout honneur politique doit estre rendu a Dieu seul.

  A002000127 

 Cependant saint Paul n'est pas de cest advis: Soyes sujetz, dit-il, par la necessité, non seulement pour l'ire, mais aussi pour la conscience.

  A002000132 

 2. Autant inepte seroit celuy qui voudrait porter a Dieu un honneur subalterne, car il n'y a non plus de proportion entre cest honneur la et Dieu, qu'entre la creature et l'honneur souverain; et comme l'honneur souverain ne peut avoir pour objet qu'une excellence souveraine, aussi l'honneur subalterne ne peut avoir pour objet que l'excellence subalterne.

  A002000141 

 Or je dis de plus, que non seulement on peut donner honneur et gloire a Dieu seul et tout ensemble a quelque creature, comme a la Croix, mays que pour bien rendre a Dieu l'honneur qui luy est deu il est force d'honnorer religieusement quelques creatures, et particulirement la Croix; c'est a dire que pour bien honnorer Dieu, non seulement l'on peut, mais l'on doit honnorer la Croix: et c'est l'autre fondement de ma Defense, lequel se prouvera par beaucoup de raysons particulieres, mais en voyci la source et l'origine..

  A002000142 

 Partant, l'honneur deu a Dieu doit estre tel, que non seulement il en soit honnoré premierement et principalement, mais aussi consequemment toutes les appartenances d'iceluy.

  A002000144 

 Or Dieu, quoy qu'extremement jaloux, non seulement permet, mais commande que nous aymions les creatures, avec ceste seule condition que ce soit pour l'amour de luy.

  A002000153 

 Ce que j'ay fait, et ay observé le meilleur ordre que j'ay peu a respondre a tout cela piece a piece, pour faire que ceste Defense fust non seulement une response a ce traitté-la, mays encor un discours bien rangé pour le sujet de l'honneur et vertu de la Croix.

  A002000171 

 C'est cela qui l'eschauffa a faire ce beau traitté, voyant que non seulement les paroles et les escritz, mays aussi ces grans exemples de pieté dissipoyent les nuages et brouillas que ceux de son parti avoyent opposés a la blanche clairté de la Croix pour en empescher la vraye veuë, et a cuydé pouvoir encor troubler l'air et offusquer les yeux des simples gens par son traitté.

  A002000172 

 Or je me nomme au contraire, non pour l'obliger a aucun respect (car a l'adventure que le rang [27] auquel je suis en ceste Eglise Cathedrale le mettra en humeur de me traitter plus mal), mais affin que s'il est encor a Geneve, d'ou son traitté est sorti, il sçache ou il trouvera son respondant s'il a quelque chose a demesler avec luy touchant ce different; l'asseurant qu'il ne me trouvera jamais que très bien affectionné a son service par tout ou il ne sera pas mal affectionné au Crucifix et a la Croix.

  A002000173 

 Au reste c'est a vous, Messieurs mes Confreres, que j'addresse mon advertissement, non que je ne souhaitte qu'il soit leu de plusieurs autres, mais, parce que vous vous estes dediés par une particuliere devotion a l'honneur du tres saint Crucifix et de sa Croix, vous estes aussi obligés de sçavoir plus particulierement rendre conte et rayson de cest honneur.

  A002000173 

 Et affin que les armes vous fussent plus a commodité, je vous en ay appresté autant qu'il m'a esté [28] possible en ces quattre livres: lesquelles, si elles ne sont ni dorees ni riches d'aucune belle graveure, je vous prieray de l'attribuer plustost a ma pauvreté que non pas a chicheté.

  A002000175 

 Combattons, Messieurs, tous ensemble sous la tres [29] sainte enseigne de la Croix, non seulement crucifians la vanité des raysons heretiques par l'opposition de la sainte et saine doctrine, mais crucifians encor en nous le viel Adam avec toutes ses concupiscences: affin que renduz conformes a l'image du Filz de Dieu, lhors que cest Estendart de la Croix sera planté sur les murailles de la Hierusalem celeste, en signe que toutes les richesses et magnificences d'icelle seront exposees au butinement de ceux qui auront bien combattu, nous puissions avoir part a ces riches despouïlles que le Crucifix promet pour recompense a la violence de ses soldatz, qui est le bien de l'heureuse immortalité.

  A002000186 

 Or est-il certain que deux pieces de bois, de pierre, ou de quelqu'autre matiere, traversantes l'une a l'autre font une croix, mays elles ne font pas pour cela la Croix de Jesus Christ, de laquelle seule, et non d'aucune autre, les Chrestiens font estat..

  A002000186 

 Or, je parle icy de la croix en ceste derniere façon, et non pour toutes sortes d'instrumens de supplice, mays pour celuy-la particulier sur lequel Nostre Seigneur endura.

  A002000188 

 Jesus Christ est sauverain Pontife selon l'ordre de Melchisedec: s'est il ingeré et poussé de luy mesme a cest honneur? non, mays y a esté appellé.

  A002000188 

 que la vocation des pasteurs et magistratz ecclesiastiques doit estre faite visiblement ou perceptiblement, non par maniere d'enthousiasme et motion secrette: car voyla deux exemples quil propose; d'Aaron, qui fut oint et appellé visiblement, et puys de Nostre Seigneur et Maistre, qui, estant sauverain Pontife et Pasteur de tous les siecles, ne s'est point clarifié soy mesme, c'est a dire, ne s'est point attribué l'honneur de sa sainte prestrise, comme avoit dict saint Pol au paravant, mays a esté illustré par Celuy qui luy a dict: Tu es mon Filz, je t'ay engendré au jourdhuy, et, Tu es prestr'eternellement, selon l'ordre de Melchisedech. Je vous prie, penses a ce trait.

  A002000189 

 Et de vray, si l'extraordinaire devoit abolir l'ordinaire, comment sçaurions nous quand, a qui, et comment, nous nous y devrions ranger? Non, non, l'ordinaire est immortelle pendant que l'Eglise sera ça bas au monde: Les pasteurs et docteurs quil a donnés une fois a l'Eglise doivent avoir perpetuelle succession, pour la consummation des Saintz, jusques a ce que nous nous rencontrions tous en l'unité de la foy, et de la connoissance du Filz de Dieu, en homme parfaict, a la mesure de l'aage entiere de Christ; affin que nous ne soyons plus enfans, flotans et demenés ça et la a tous vens de doctrine, par la piperie des hommes et par leur rusëe seduction.

  A002000201 

 Si donques il est question entre nous de l'authorité prophetique, elle nous demeurera, soit elle ordinaire ou extraordinaire, puysque nous en avons l'effect, non pas a vos ministres qui n'en ont jamais faict un brin de preuve: sinon quilz voulussent appeller propheties la vision de Zuingle, au livre inscrit, Subsidium de Eucharistia, et le livre intitulé, Querela Lutheri, ou la prædiction quil fit, l'an 25 de ce siecle, que sil præchoit encor deux ans il ne demeureroit ni Pape, ni prestres, ni moynes, ni clochers, ni Messe.

  A002000202 

 Mays non, que maintenant, enseignés de l'Eglise, ilz reconnoyssent que c'est une vocation de l'homme, et que les oreilles ont corné a leur viel Adam, et s'en remettent a celuy qui, comm'Heli, præside maintenant a l'Eglise..

  A002000202 

 Non, non, qu'ilz..... Samuel fut appellé troys fois de Dieu, et selon son humilité il pensoyt que ce fut une vocation d'homme, jusques a tant qu'enseigné par Heli il conneust que c'estoit la voix divine.

  A002000202 

 Vos premiers ministres donques, Messieurs, sont de ces prophetes que Dieu defendoit d'estr'ouys parler, [en] Hieremie: Ne veuïlles ouyr les paroles des prophetes qui prophetisent et vous deçoivent; ilz parlent la vision de leur cœur, et non point par la bouche du Seigneur.

  A002000216 

 celuy de la triomphante remplira le ciel, non la terre seulement, et ne s'eslevera pas au tems des autres royaumes, comme porte l'interpretation de Daniel, mais apres la consommation du siecle; joint que d'estre taillé de la montaigne sans œuvre manuelle appartient a la generation temporelle de Nostre Seigneur, selon laquelle il a esté conceu au ventre de la Vierge, engendré de sa propre substance sans œuvre humayne, par la seule benediction du Saint Esprit.

  A002000219 

 J'entens parler de l'Eglise militante de laquelle l'Escriture nous a laissé tesmoignage, non de celle que proposent les hommes.

  A002000221 

 Que dira l'on aux propheties, qui nous repræsentent l'Eglise non seulement visible mays toute claire, illustre, manifeste, magnifique? Ilz la depeignent comm' une reyne parëe de drap d'or recamé, avec une belle varieté d'enrichissemens, comm' une montaigne, comm'un soleil, comm'une pleyne lune, comme l'arc en ciel, tesmoin fidele et certain de la faveur de Dieu vers les hommes qui sont tous la posterité de Noë, qui est ce que le Psalme porte en nostre version: Et thronus ejus sicut sol in conspectu meo, et sicut luna perfecta in æternum, et testis in cælo fidelis..

  A002000225 

 Que m'amuse je faire en cela? toute l'histoire sacrëe faict foy que l'ancienne Sinagogue estoit visible, et pourquoy non l'Eglise Catholique?.

  A002000227 

 Bonté de Dieu, et nous demanderons encores si l'Eglise est visible? Mays qu'est ce que l'Eglise? une assemblëe d'hommes qui ont la chair et les os; et nous dirons encores que ce n'est qu'un esprit ou fantosme, qui sembl'estre visible et ne l'est que par illusion? Non, non, qu'est ce qui vous troubl'en cecy, et d'ou vous peuvent venir ces pensers? Voyes ses mains, regardes ses ministres, officiers et gouverneurs; voyes ses pieds, regardes ses prædicateurs comm'ilz la portent en levant, couchant, mydi et septentrion: tous sont de chair et d'os.

  A002000231 

 Maintenant, si on dict que la loy Evangelique a esté donnée dans les cœurs interieurement, non sur les tables de pierre exterieurement, comme dict Hieremie, on doit respondre, qu'en l'interieur de l'Eglise et dans son cœur est tout le principal de sa gloire, qui ne laysse pas de rayonner jusques a l'exterieur qui la faict voir et reconnoistre; ainsy quand il est dict en l'Evangile, que l'heur'est venue quand les vrays adorateurs adoreront le Pere en esprit et verité, nous sommes enseignés que l'interieur est le principal, et que l'exterieur est vain s'il ne tend et ne se va rendre dans l'interieur pour s'y spiritualizer..

  A002000232 

 De mesme, quand saint Pierre appelle l'Eglise mayson spirituelle, c'est par ce que tout ce qui part de [48] « et qu'és choses supernaturelles Dieu y besongne par vertu miraculeuse non attachee à signe ni à figure.

  A002000232 

 Pourquoy ne diray-je de mesme que c'est Nostre Seigneur qui est la vertu, non inherente a la Croix, mays bien assistante? laquelle est plus grande ou moindre, non pas selon elle mesme, car estant vertu de Dieu et Dieu mesme elle est invariable, tous-jours une et esgale, mays elle n'est pas tous-jours esgale en l'exercice et selon les effectz; car en quelques endroitz, en certains lieux et occasions, il fait des merveilles et plus grandes et plus frequentes que non pas aux autres.

  A002000245 

 Mays quand il n'y auroit autre que ce qu'elle est la vraye enseigne, le vray ordre et vrayes armoiries de nostre Roy, seroit-ce pas asses pour la rendre venerable? Les coquilles, toysons et jarretiers sont en honneur quand il plait aux princes les prendre pour enseigne de leur ordre: combien sera plus respectable la Croix du Roy des roys, qu'il a prise pour son enseigne? Dequoy voicy la preuve tiree de l'Escriture, que le traitteur a laissee par non sçavance.

  A002000253 

 Mays, laquelle sera vraye, sinon celle que non seulement saint Athanase a proferee, ains est enseignee par Jesus Christ et les Prophetes, et creüe par toute l'ancienneté? [59].

  A002000254 

 Pour vray tous les Prophetes ont predit qu'a la venue de Nostre Seigneur, par sa Croix et passion, les idoles seroyent abolies: Et non memorabuntur ultra, il n'en sera plus memoire, dit Zacharie.

  A002000257 

 « Car de dire, » ce sont ses paroles, « que la Croix a esté conservee et enterree au lieu où elle avoit esté erigee, qui estoit comme on devine le lieu où estoit enterré Adam, cela n'a vray-semblance aucune; car, si on croit les Anciens, Adam a esté enterré en Hebron et non pres de Jerusalem.

  A002000267 

 Mais a qui revient l'honneur de ceste conservation tant miraculeuse de la Croix, sinon a Jesus Christ crucifié? « Elle a pris et beu ceste vertu incorruptible du sang de la chair, laquelle ayant souffert la mort n'a point veu la corruption: Istam incorruptibilem virtutem de illius profecto carnis sanguine bibit, quæ passa mortem non vidit corruptionem.

  A002000286 

 Je confesse tout cela, mays je dis aussi que cest article est representable, non pas certes parfaitement (car, qui representeroit jamais la valeur et le prix de ce sang divin, et la grandeur des travaux inteneurs du Sauveur?) mays il est representable comme les hommes et les maysons, dont on ne represente que les visages et façades exterieures.

  A002000295 

 Quæ quidem Crux in materia insensata vim vivam tenens, ita ex illo tempore innumeris pene quotidie hominum votis lignum suum commodat, ut detrimentum non sentiat, et quasi intacta permaneat, quotidie dividuam sumentibus [84] et semper totam venerantibus.

  A002000295 

 Sed istam imputribilem virtutem et indetribilem soliditatem de illius profecto carnis sanguine bibit, quæ passa mortem non vidit corruptionem.

  A002000331 

 Ce qu'il fit la portant autour du sanctuaire, et alhors une flamme de feu resplendissant et non bruslant suivit Thomas allant de lieu en lieu, si que toute la place, en laquelle s'arrestant il monstroit la venerable Croix au peuple, sembloit brusler, et cecy fut fait non une fois ou deux, mays plusieurs; chose laquelle presagea le salut d'Apamee qui s'ensuivit despuys.

  A002000418 

 C'est icy une forte preuve de l'honneur et vertu de la vraye Croix, car, comme parle le traitteur, « il est aisé a recueillir que, si le bois de la Croix n'a point eu de vertu ni de saincteté, ce qui n'en est que le signe ou image n'en a non plus »: au contraire donques, si le signe et image de la Croix a beaucoup de sainteté et de vertu, la Croix mesme en aura bien davantage.

  A002000463 

 Constantin, mettant la Croix en son Labare, croyoit que ce luy seroit un estendart salutaire, comme dit Eusebe; y mettant le nom abregé de Christ, monstroit que la Croix estoit la vraye enseigne de Jesus Christ, et non le siege de l'idolatrie, comme le traitteur l'a descrit; y mettant la riche couronne de pierres pretieuses, il declairoit que tout honneur et gloire appartient au Crucifix, et que la couronne imperiale devoit s'appuyer sur la Croix.

  A002000471 

 » Car au contraire, saint Athanase dit expressement que tous les fidelles adoroyent la Croix, mais non pas le bois.

  A002000475 

 J'ay donq prouvé, non seulement que ce traitteur est ignorant d'avoir dit que Constantin estoit le premier qui avoit dressé des croix en matiere subsistante, mays encor, que l'erection des croix a esté prattiquee entre les plus anciens Chrestiens, car nous n'avons pas de gueres plus anciens autheurs que Justin et Tertullien.

  A002000482 

 Apres quelque [110] tems il desloge de la, et prend mayson ailleurs, la ou portant tous ses meubles, il oublia de prendre l'image, non sans une secrette disposition de la Providence divine.

  A002000483 

 Dedans la Liturgie de saint Chrysostome, selon la version d'Erasme, le prestre est commandé, se retournant vers l'image de Jesus Christ, de faire la reverence; ce que, non sans cause, les plus judicieux rapportent a l'image du Crucifix; car, quelle representation de Jesus Christ peut-on mettre plus a propos dedans l'eglise, et mesme vers l'autel, que celle du Crucifix? Qui verra de bon œil le carme que Lactance a fait de la Passion de Nostre Seigneur, connoistra qu'il a esté desseigné sur le rencontre que l'on fait de l'image du Crucifix qui est ordinairement au milieu de l'eglise, en laquelle il fait parler Nostre Seigneur, par un style poetique, a ceux qui entrent dedans l'eglise.

  A002000483 

 « Par ce, » dit-il, « que chacun ne connoist pas les lettres ni ne s'addonne a la lecture, nos Peres ont advisé ensemble que ces choses, c'est a dire les misteres de nostre foy, nous fussent representés comme certains trophees es images pour soulager et ayder nostre memoire; car bien souvent, ne tenans pas par negligence la Passion de Jesus Christ en nostre pensee, voyans l'image de la crucifixion de Nostre Seigneur nous revenons a souvenance de la Passion du Sauveur, et nous prosternans nous adorons, non la matiere, mays Celuy qui est representé par l'image.

  A002000483 

 » C'est le dire de ce grand personnage, lequel un peu apres poursuit en ceste sorte: « Or ceci est une tradition non escritte, ne plus ne moins que celle de l'adoration vers le levant, a sçavoir, d'adorer la Croix, et plusieurs autres choses semblables a celles qui ont esté dittes.

  A002000485 

 On mettoit bien anciennement des colombes sur la Croix et autour d'icelle, pourquoy n'y peut-on bien mettre une image de la Vierge ou de quelque autre Saint? J'en ay veu la ou, au dos de la croix, il y avoit des aigneaux pour représenter Nostre Seigneur qui a esté mis sur la Croix comme un innocent aignelet, ainsy qu'il est dit en Esaye; d'autres ou il y avoit d'autres images, non seulement de la Vierge, mays encor de saint Jean, saint Pierre et autres.

  A002000486 

 Certes, on trouve presque par tout en l'Evangile ou il est parlé de Nostre Dame, qu'elle estoit avec son Filz et auprès d'iceluy, et sur tout en sa Passion; ce ne seroit donq pas hors de rayson de la peindre encores aupres de luy en la Croix, non ja comme crucifiee pour nous, mays comme [114] celle de laquelle on peut dire, beaucoup plus proprement que de nul autre: Christo confixa est Cruci: Elle est clouee a Jesus Christ en la Croix.

  A002000493 

 Mais pour vray, l'apparition faitte a Constantin le Grand a esté, non sans cause, la plus celebree et fameuse parmi les Chrestiens, d'autant que par icelle Dieu toucha le cœur de ce grand Empereur pour luy faire embrasser le parti Chrestien, et fut comme un saint signe de la cessation du deluge du sang des Martyrs, duquel jusques a ceste heure-la toute la terre regorgeoit; et qu'au demeurant, ceste croix monstree a Constantin fut le patron d'un monde de croix, qui du despuys ont esté dressees par les empereurs et princes chrestiens.

  A002000494 

 Or l'apparition de la Croix fut une œuvre de Dieu et non de Constantin.

  A002000495 

 » Ce sont, certes, presque les propres motz, non seulement de Sozomene, mays encores d'Eusebe son autheur, tant ilz sont d'accord en ce point.

  A002000497 

 Tiercement, non seulement Dieu fit paroistre la Croix au ciel a Constantin comme un tesmoignage de son ayde et faveur, mays encor comme un patron et modele pour faire faire plusieurs croix materielles en terre.

  A002000498 

 « Ces saintz jours, » dit-il, « de la sainte Pentecoste, environ l'heure de tierce, une tres grande croix formee de lumiere apparut au ciel sur la tres sainte montaigne de Golgotha, estendue jusques au saint mont d'Olivet, veuë non par une ou deux personnes, mais monstree tres clairement a tout le peuple de la cité; et non, comme peut estre quelqu'un penseroit, courant hastivement selon la fantasie, mais tout ouvertement reconneuë par plusieurs heures sur terre, avec des splendeurs brillantes surpassans les rayons du soleil, [120] car si elle eust esté surpassee par iceux, certes elle eust esté offusquee et cachee.

  A002000513 

 Mais cependant ils n'attribuoient rien à la seule Croix ou au seul signe d'icelle, car Constantin faisoit recognoissance de la victoire à lui advenue, non à la [126] Croix, ains à Christ; car aussi il fit escrire sur les croix, par lui erigees, ces trois mots: Jesus Christ surmonte; tant s'en faut qu'il ait fait des prieres à la Croix: et Helene adora le Roy et non le bois; car c'eust esté un erreur Payen et vanité meschante, dit sainct Ambroise.

  A002000521 

 Il avoit dit qu'en tous lieux et toutes choses on pouvoit apposer la Croix comme une marque honnorable; maintenant, pour se desdire honnestement, il partage toutes les choses en deux, en politiques et non politiques, et puys limite la generale proposition que la Croix doit seulement estre apposee es choses politiques: « S'il est question, » dit-il, « que nous conversions parmi les Juifs ou Mahumetistes, nous pouvons porter nos enseignes et armes croisees pour monstrer ouvertement aux infideles que nous sommes Chrestiens, et que nos adversaires sont infideles et mescreans; ainsi peut-on graver la Croix en la monnoye, pour monstrer qu'elle est battue au coin d'un Prince Chrestien; ainsi la Croix peut estre mise és portes des villes, chasteaux et maisons pour monstrer haut et clair que les habitans de tels lieux font profession de Chrestienté.

  A002000532 

 C'est une playsante fantasie que celle du traitteur quand il trouve bon que l'on employe la Croix es choses politiques, mays non pas es sacrees.

  A002000532 

 » Mays cela, n'est-ce pas un usage religieux? La confession et protestation de la foy n'est-ce pas une action purement Chrestienne? Et de fait, qui prendroit la croix politiquement, elle ne representeroit que mal heur et malediction; si donques l'usage de la Croix n'est que religieux, pour estre bon ou peut-il estre mieux employé qu'es choses sacrees? Si la Croix est bien seante devant les villes et maysons pour monstrer que les habitans de telz lieux font profession de Chrestienté, ne sera-elle pas mieux a propos es eglises et temples pour monstrer que ceux qui s'y assemblent font profession de Chrestienté, que ce sont lieux chrestiens et non mosquees turquesques?.

  A002000563 

 Et non seulement on ne la fuit pas, mays est desiree et aymee, chacun en fait conte, elle reluit par tout et est eparse es murailles des maysons, aux sommetz, es livres, es cités, es rues, es lieux habités et inhabités.

  A002000570 

 Les Ariens avoyent composé des himnes et chansons pour leur secte, et les faisoyent chanter alternativement en leurs processions, sur tout aux solemnités, Dimanche et Samedi; saint Chrysostome douta que, par ce moyen, quelques uns de son peuple ne fussent attirés (plusieurs se laissent aller a ces delicatesses exterieures sans sonder le merite et le fonds de l'affaire, tesmoins les pseaumes de Marot), et partant il dressa son peuple a semblable [137] maniere de chanter, et dans peu de tems les Catholiques surpasserent en ceci les heretiques, non seulement en nombre, mais en appareil; car les images et enseignes de la Croix, faites d'argent, precedoyent avec des flambeaux allumés, et l'eunuque de l'Imperatrice avoit charge de fournir aux despens et faire dresser des psalmes et himnes: c'est Sozomene qui fait ce recit ici.

  A002000571 

 Qu'advint-il? La contagion environne de toutes pars la cité, mais arrivant justement jusques au lieu ou la procession avoit esté, comme si elle eust veu la les bornes et limites de son pouvoir, non seulement elle n'osa pas entrer dedans, mais encor ce qui estoit des-ja d'infection fut par ce moyen repoussé: saint Gregoire de Tours, qui vivoit il y a pres de mill'ans, en est mon autheur.

  A002000572 

 Or non seulement les Anciens portoyent les croix aux eglises et processions, mais consacroyent les eglises avec icelles et les mettoyent sur les autelz.

  A002000573 

 Mais remarquons que saint Chrysostome dit separement que la Croix « reluit en la Table sacree », et tantost apres « qu'elle reluit de rechef en la Cene mistique avec le Cors de Jesus Christ; » car il semble par la qu'il veuille dire que la Croix estoit non seulement [141] a l'Autel ou Table sacree (suivant ce qu'il est commandé aux prestres, en sa Liturgie, de faire la reverence se retournans vers l'image de Jesus Christ, et que saint Paulin recite d'avoir mis l'image de la Croix pres l'autel, comme j'ay dit cy devant), mais encor que l'image et figure de la Croix estoit empreinte en la tres sacree viande de l'Eucharistie.

  A002000574 

 Mays ayant monstré le contraire quant a l'image de la Croix, je puis dire: Hé je vous prie, qui est-ce qui pensera que ces saintz Peres, Chrysostome, Augustin, Paulin, eussent mis en usage une chose qu'ilz eussent conneu estre inutile et pernicieuse? Mays le mieux est qu'ilz tesmoignent non seulement de leur fait, ains aussi de la prattique du Christianisme de leur aage; ainsy Justinien l'Empereur fit ceste loy: « Que l'Evesque, consacrant une eglise ou monastere, consacre [143] le lieu a Dieu par oraison, fichant en iceluy le signe de nostre salut (nous entendons la vrayement adorable et honnorable Croix); ainsy qu'il commence l'edifice mettant un si bon et propre fondement.

  A002000575 

 Mais que peut tout cela contre les images de la Croix et du Crucifix qui representent au vray la Passion de Nostre Seigneur, ainsy qu'elle est descritte en l'Evangile? Si un evesque trouvoit dans quelque eglise de sa charge l'image d'un Crucifix qui representast Nostre Seigneur non cloué mais attaché avec des cordes sur la croix, comme l'on voit par la faute des peintres, en plusieurs images, le bon et le mauvais larron penduz en ceste sorte, feroit-il pas son devoir de dechirer et rompre telle image? et faudroit-il dire pourtant qu'il rejettast l'usage des images propres et bien faittes?.

  A002000576 

 Je dis secondement, que la defense du Concile Elibertin, selon la portee de la rayson laquelle y est alleguee, ne s'estend pas aux images mobiles, mays a celles seulement qui sont peintes en et sur les murailles, et ne serait a l'adventure pas mal que telle defense fust observee parce que telles images sont sujettes a se gaster, desfaire et effacer, non sans quelque mespris de leur saint et sacré usage, qui est la rayson du Concile disant: « Ne quod colitur aut adoratur in parietibus depingatur: Affin que ce qui est honnoré ou adoré ne soit peint es murailles.

  A002000581 

 » Saint Jean Damascene, long tems avant eux, en avoit dit tout de mesme: « C'est, » dit-il, « une tradition non escritte, aussi bien que l'adoration vers le levant, a sçavoir, d'adorer la Croix... » ce sont ses paroles.

  A002000582 

 Qui ne voit maintenant que le tabernacle de la Croix duquel parle Eusebe, n'estoit autre chose que l'eglise ou chapelle portative de laquelle Sozomene tesmoigne? Il y avoit donq, au camp de Constantin, [150] une eglise de Sainte Croix, et non seulement la Croix estoit en l'eglise, mais l'eglise mesme estoit dediee a Dieu sous le nom et vocable de la Croix: grande preuve de l'honneur qu'on portoit a la Croix..

  A002000583 

 » C'estoit parce qu'ilz vouloyent que la Croix fust en lieu honnorable, et non a terre ou elle pouvoit estre foulee aux piedz, tant ilz portoyent de respect a ce saint portrait: ainsy Justinien l'appelle tres sainte Croix et venerable.

  A002000631 

 Mays a quoy, je vous prie, visoit la bravade que les payens faisoyent aux Chrestiens, recitee par Minutius Felix au huitiesme Livre joint a ceux d'Arnobe: « Voicy des supplices pour vous, et des tormens et des croix, non plus pour adorer mays pour souffrir »? n'estoit-ce pas une presupposition de l'honneur que les Chrestiens faisoyent a la Croix qui leur faisoit avancer ces parolles: Ecce vobis supplicia, tormenta, et jam non adorandæ sed subeundæ cruces? En voyla bien asses pour convaincre le traitteur, qui a bien osé dire que du tems de la pure et primitive Eglise on n'a dressé ni veneré la Croix, ou bien, qui revient tout en un, qu'il ne luy faut porter aucun honneur religieux; car, a quel autre honneur se peut rapporter ce que j'ay produit jusques icy? [153].

  A002000637 

 Le traitteur, non content d'avoir dit en general qu'il ne faut venerer la Croix ni la dresser a aucun usage religieux, se jette a faire des reproches a l'Eglise sur certaines particulieres actions d'honneur qui se font a la Croix, lesquelles, selon son souverain advis, ne sont autres qu'idolatries et forceneries.

  A002000638 

 item, Crucem tuam adoramus Domine, c'est à dire, Seigneur nous adorons ta Croix; qui sont propos blasphematoires, car c'est Jesus Christ à qui telle priere doit estre faite et dressee, c'est Jesus Christ qui est le Fils lequel doit estre baisé et non pas le bois de sa Croix... mais d'autant que l'Eglise Romaine s'addresse à la croix materielle, il appert que c'est idolatrie insupportable.

  A002000657 

 Voicy un exemple signalé: Josué desire que le soleil et la lune s'arrestent et parent au milieu de leur carriere; a quoy, je vous prie, s'addresse-il pour en avoir l'effect? Quant a l'intention, pour vray, il fait sa requeste a Dieu: Tunc locuutus est Josue Domino, in die qua tradidit Amorrhæum in conspectu filiorum Israël: Alhors Josué parla au Seigneur, en la journee que Dieu livra l'Amorrheen a la veuë des enfans d'Israël. Voyla son intention qui va droit a Dieu, mais quant a ses paroles elles n'arrivent que jusques au soleil et a la lune: Dixitque coram eis: Sol, contra Gabaon ne movearis, et luna contra vallem Aialon: Et dit devant iceux: O soleil, n'avance point contre Gabaon, et toy, o lune, contre la vallee d'Aïalon. Voyla les paroles qui sont dressees au soleil et a la lune, et voicy [158] l'effect qui ne part que de la main de Dieu: Stetit itaque sol in medio cæli, et non festinavit occumbere spatio unius diei; non fuit postea et antea tam longa dies, obediente Deo voci hominis: Donques le soleil s'arresta au milieu du ciel et ne se coucha point par l'espace d'un jour; onques auparavant ni apres, jour ne fut si grand, Dieu obeissant ou secondant a la voix de l'homme.

  A002000665 

 Le traitteur et de Beze trouvent mauvais que nous disions, Crucem tuam adoramus Domine: Seigneur nous adorons ta Croix; car c'est le Filz qui doit estre baysé et non pas la Croix, disent-ilz.

  A002000668 

 Et a ce propos, quand j'ay veu Illyricus ou Simon Goulart, au Catalogue des tesmoins de leur verité pretendue, apres avoir cité saint Chrysostome attribuant a la Croix plusieurs beaux tiltres, adjouster par forme de commentaire: Encomia Crucis Chrysostomus suo more canit, signo quod signatæ rei convenit tribuens; ista vero postea pontificii non sine blasphemia et idolatria ad signum ipsum retulerunt; [166] c'est a dire: « Chrysostome, a sa façon, chante les louanges de la Croix attribuant au signe ce qui convient a la chose signifiee, mais par apres les papaux ont rapporté ces choses au signe mesme, non sans blaspheme et idolatrie; » quand j'ay veu cela, dis-je, j'ay admiré la vehemence de ceste passion qui ne permet aux novateurs de prendre en bonne part de l'Eglise Catholique les mesmes motz et les mesmes parolles qu'ilz prennent bien en bonne part de la bouche de saint Chrysostome.

  A002000671 

 » Mays non seulement saint Chrysostome escrit qu'on honnoroit beaucoup le Vendredi pour la Croix, ains dit ouvertement qu'au Vendredi Saint on adoroit la Croix.

  A002000672 

 Que si on luy addresse quelques prieres, c'est pour exprimer un desir bien affectionné, et non pour estre ouÿ ou entendu d'icelle; c'est de Nostre Seigneur duquel on attend la grace: si l'on en fait feste c'est pour remercier Dieu de la Passion de [170] son Filz et de son sang respandu, dequoy la lance ayant esté l'instrument elle en est aussi le memorial, et en esmeut en nous la vive apprehension qui nous fait faire feste; quoy que nos calendriers ordinaires ne font aucune mention de ceste solemnité, qui n'est aucunement commandee en l'Eglise Romaine..

  A002000672 

 Saint Ambroise confesse que « clavus ejus in honore est, que le clou de Nostre Seigneur est en honneur; » pourquoy non la lance? aussi saint Athanase l'appelle sacree.

  A002000679 

 Non seulement autour de la croix qui apparut a Constantin estoyent escrittes ces parolles, Surmonte par ceci, mais Nostre Seigneur luy commanda qu'il fist faire une pareille croix pour s'en servir comme d'une defense en bataille, dont il fit dresser son Labare, richement esmaillé, en ceste forme-la, duquel il se servoit comme d'un rempart contre tout l'effort de ses ennemis, et sur ce patron fit faire plusieurs autres croix qu'il faisoit tousjours porter en teste de son armee.

  A002000690 

 Il dit donq que le recit de Sozomene « estant confessé, « ne conclud pas qu'on doive adorer la croix materielle; car quand ils l'auroient adoree ou auroient fait chose non faisable, c'est chose resoluë qu'ils ne doivent [176] estre imitez.

  A002000690 

 Ilz auroyent fait, ce dites-vous, chose non faisable; vous parles a credit et ne le sçauries prouver.

  A002000690 

 Si vous dites que non, convainques donq Sozomene et plusieurs autres autheurs de fauseté, et quelz tesmoins aves-vous pour leur opposer? que s'ilz l'ont adoree, confesses que nous ne faisons que ce qui se faisoit en la plus pure Eglise.

  A002000690 

 » Mais que ne parles-vous franchement, o traitteur? ou ilz l'ont adoree ou non.

  A002000691 

 » Voyla pas une ignorance lourde? Le formel et premier fondement pour lequel la Croix est honnorable c'est la representation de Jesus Christ crucifié, que toutes les croix font autant l'une que l'autre; mays outre cela il y a des autres particulieres et secondes raysons qui rendent une croix plus honnorable et desirable que l'autre: si non seulement elle represente Nostre Seigneur, mays a esté touchee par iceluy ou par ses Saintz, ou a esté employee a quelque [177] œuvre miraculeuse, certes elle en sera d'autant plus honnorable, mays quand ni l'un ni l'autre ne se rencontreroit, l'image de la Croix ne laisseroit pourtant d'estre sainte a cause de sa representation.

  A002000693 

 Mais quant aux exorcismes « du tant sainct et renommé docteur Picard et autres Sorbonistes » ou du « moine de sainct Benoist mené à Rome par le cardinal Gondy » qui ne peurent sortir leur effect, ainsy que dit le traitteur, ce n'est pas grand' merveille; l'oraison de saint Paul ne valut rien moins pour n'avoir obtenu le bannissement de cest esprit charnel; l'oraison obtient les miracles, mais non pas tousjours ni infalliblement, et ne faut pour cela mespriser sa vertu.

  A002000699 

 C'est une estrange grace, personne ne se confond, personne ne se donne honte pensant que ç'a esté l'enseigne d'une mort maudite; au contraire, chacun s'en tient pour mieux paré que par les couronnes, joyaux et carquans, et non seulement elle n'est point fuie, mais elle est desiree et aymee, et chacun est soigneux d'icelle et par tout elle resplendit.

  A002000702 

 Ell'a certes esté honnoree, non d'un honneur civil, car elle n'a point [188] d'excellence civile qui le merite, ni d'un honneur religieux absolu et supreme, car elle n'a point d'excellence absolue et supreme, mays d'un honneur religieux subalterne, moyen et relatif, comme son excellence est vrayement religieuse, mays dependante, et puisee du rapport, appartenance et proportion qu'elle a au Crucifix.

  A002000703 

 Si ne veux-je pas laisser a dire quel est l'autheur de ce huitiesme Livre que le traitteur a cité, qui est certes [189] digne de respect, car c'est Minutius Felix, advocat romain, lequel en cest endroit imite, voire mesme presque es paroles, Tertullien et Justin le Martyr, ne se contentant pas d'avoir respondu que les Chrestiens n'adoroyent ni ne desiroyent les croix a la façon qu'entendoyent les payens, mays par apres fait deux choses: l'une, c'est qu'il rejette l'accusation des Gentilz sur eux mesmes, monstrant que leurs estendars n'estoyent autre que des croix dorees et enrichies, [et que] leurs trophees de victoire non seulement estoyent des simples croix mays representoyent en certaine façon un homme crucifié: Signa ipsa et cantabra et vexilla castrorum, quid aliud quam auratæ cruces sunt et ornatæ? trophæa vestra victricia non tantum simplicis crucis faciem verum et affixi hominis imitantur; l'autre chose qu'il fait c'est de monstrer que le signe de la Croix est recommandable selon la nature mesme, alleguant que les voyles des navires et les jougz estoyent faitz en forme de croix, et qui plus est, que l'homme levant les mains au ciel pour prier Dieu representoit la mesme croix; puys conclud en ceste sorte: Ita signo crucis aut ratio naturalis innititur, aut vestra religio formatur. Tant s'en faut donques que Minutius rejette la Croix ou son honneur, sinon comme nous avons dit, qu'au contraire il l'establit plustost; mais le traitteur, qui n'a autre souci que de faire valoir ses conceptions a quel prix que ce soit, n'a pris qu'un petit morceau du dire de cest autheur qui luy a semblé propre a son intention.

  A002000709 

 Je dis, avec Nicephore Constantinopolitain, qu'il est [193] commandé d'honnorer la Croix « la ou il est commandé d'honnorer Jesus Christ; d'autant que l'image est inseparable de son patron, n'estant l'image et le patron qu'une chose, non par nature mais par habitude et rapport, et que l'image a communication avec son patron, de nom, d'honneur et d'adoration, non pas a la verité egalement mais respectivement.

  A002000709 

 » La verge de Moyse, d'Aaron, l'Arche de l'alliance et mille telles choses, ne furent-elles pas tenues pour saintes et sacrees et par consequent pour honnorables? ce n'estoyent toutefois que figures de la Croix; pourquoy donq ne nous sera honnorable l'image de la Croix? Disons ainsy: n'est-ce pas avoir en honneur une chose, de la tenir pour remede salutaire et miraculeux en nos maux? mais quel plus grand honneur peut-on faire aux choses que de les avoir en telle estime et recourir a elles pour telz effectz? or, les premiers et plus affectionnés Chrestiens avoyent ceste honnorable croyance de l'ombre de saint Pierre, neanmoins leur foy est loüee et ratifiee par le succes et par l'Escriture mesme, et cependant l'ombre n'est autre qu'une obscurité confuse et tres imparfaitte image et marque du cors, causee non d'aucune reelle application, mais d'une pure privation de lumiere.

  A002000714 

 Apres que l'on a offert et dedié l'encens a Dieu, on le jette vers le peuple, non pour le luy offrir, mays pour luy faire part de la chose sanctifiee; on en jette vers les autelz, mays c'est a Dieu, comme a celuy qui est adoré sur l'autel; on en jette vers les reliques et memoires des Martyrs, mays c'est a Dieu, en action de graces de la victoire qu'ilz ont obtenue par sa bonté; on en jette es temples et lieux de prieres pour exprimer le désir que l'on a que l'oraison des fideles monte a Dieu comme l'encens: en quoy un grand personnage de nostre aage a parlé un peu bien rudement, disant que l'encens est offert aux creatures; ce sont inadvertances qui arrivent quelquefois aux plus grans, ut sciant gentes quoniam homines sunt.

  A002000724 

 Or un grand miracle avoit esté fait a ceste statue: elle estoit colloquee sur une haute colomne de pierre sur laquelle croissoit une herbe inconneuë, laquelle, venant a joindre aux franges de la robbe de l'image, guerissoit de toutes maladies; en quoy la robbe de Nostre Seigneur est d'autant plus comparable a sa Croix, car si la robbe fit miracle estant touchee, aussi fit bien sa Croix; si non seulement sa robbe, mais encor l'image de sa robbe a fait miracles, je viens aussi de prouver que les images de la Croix ont eu ceste grace excellente d'estre bien souvent instrumentz miraculeux de sa divine Majesté.

  A002000735 

 Mais non seulement elle employe ces actions qui d'elles mesmes sont utiles et bonnes, ains met en besoigne des actions indifferentes et lesquelles d'ailleurs seroyent du tout inutiles: [211] comme ce bon homme de l'Evangile, qui envoya en sa vigne ceux qu'il trouva oyseux et desquelz aucun ne s'estoit voulu servir jusques a l'heure.

  A002000735 

 Un habile homme rend utiles et met en œuvre tous ses gens, non seulement ceux qui sont de nature active et vigoureuse, mais encor les plus molz.

  A002000737 

 Or je dis ainsy: que le signe de la Croix de soy-mesme n'a aucune force, ni vertu, ni qualité qui merite aucun honneur, et partant je confesse « que Dieu n'opere point par seules figures ou characteres, » comme dit le traitteur, et qu' « és choses naturelles la vertu procede [213] de l'essence et qualité d'icelles, és supernaturelles Dieu y besongne par vertu miraculeuse non attachee à signe ou figure; » mays je sçai aussi que Dieu, employant sa vertu miraculeuse, se sert bien souvent des signes, ceremonies, figures et caracteres, sans pourtant attacher son pouvoir a ces choses la. Moyse touchant la pierre avec sa verge, Helisee frappant sur l'eau avec le manteau d'Helie, les malades s'appliquans l'ombre de saint Pierre, les mouchoirs de saint Paul ou la robbe de Nostre Seigneur, les Apostres oignans d'huile plusieurs malades (choses qui n'estoyent aucunement commandees), que faisoyent-ilz autre que des pures ceremonies, lesquelles n'avoyent aucune naturelle vigueur et neanmoins estoyent employees pour des effectz admirables? Faudroit-il dire pour cela que la vertu de Dieu fut clouee et attachee a ces ceremonies? Au contraire, la vertu de Dieu, qui employe tant de sortes de signes et ceremonies, monstre par la qu'elle n'est attachee a aucun signe ni ceremonie..

  A002000738 

 Les payens et autres infideles ont quelquefois usé de ce signe, mais par emprunt, non comme d'une ceremonie de leur religion ains de la nostre; et d'effect le traitteur confesse que le signe de la Croix est une marque de Chrestienté.

  A002000754 

 » Or sus, ce tant libre et universel usage de ce saint signe, peut-il estre reduit a la seule profession de foy? En tout œuvre, se levant le matin, se couchant le soir, la nuict en l'obscurité, et es lieux non habités, a quel propos feroit-on ceste [224] profession de foy ou personne ne la voit? Mais il y a plus: ces Peres qui recommandent tant l'usage de ce signe n'apportent jamais pour rayson la seule profession de foy, ains encor la defense et protection que nous en pouvons recevoir comme d'une cuirasse et corcelet a l'espreuve, ainsy que saint Ephrem l'appelle..

  A002000770 

 Et pourtant, non seulement nous rejettons les ceremonies Judaiques anciennes, mais aussi toutes autres avancees outre et sans la Parole de Dieu en l'Eglise Chrestienne.

  A002000773 

 Mays si leur exemple a quelque pouvoir sur vous, que ne laves-vous les piedz avant la cene, comme Nostre Seigneur en a non seulement monstré l'exemple mais invité a iceluy? que n'oignes-vous vos malades d'huile, comme faisoyent les Apostres? que ne laisses-vous toutes vos possessions et commodités a leur exemple? que ne faites-vous la cene a la cene, c'est a dire au souper, et non au matin et des-jeuner? [230].

  A002000774 

 Les ceremonies sont-elles contraires a l'esprit et verité, pour bannir l'un par l'establissement de l'autre? Qui chargea Abraham, Aaron, Moyse, David, saint Paul, saint Pierre et mille autres, de prier les mains levees et les genoux en terre? et cela les empeschoit-il de prier en esprit et verité, ou d'estre vrays adorateurs? C'est une ignorance effrontee de tirer les Escritures a des sens tant ineptes; c'est une impieté formee, non pas une pieté reformee.

  A002000776 

 Or peut estre vouloit-il alleguer ce qui est dit en ce chap. III aux Colossiens, et qui joindroit bien mieux a son propos: Si vous estes resuscités avec Jesus Christ, cherches les choses qui sont en haut, la ou Jesus Christ est seant a la dextre du Pere; savoures les choses qui sont la sus, non celles qui sont sur la terre. Car, s'ensuivroit-il point de ces paroles qu'il ne faut tenir aucun conte de la Croix, de la Creche, du Sepulchre, et autres reliques de Nostre Seigneur qui sont ici bas en terre? A la verité cela seroit bien employé contre ceux qui arresteroyent leurs intentions et termineroyent leurs desirs aux choses qui sont icy bas; Cherches, leur diroit-on, ce qui est en haut: Sursum corda; mais nous ne tenons point arrestees nos affections ni a la Croix ni aux autres reliques, nous les portons au royaume des cieux, employans a la recherche d'iceluy toutes les choses qui nous peuvent ayder a relever nos cœurs vers Celuy auquel elles se rapportent: il faut monter au ciel, c'est la nostre visee et dernier sejour, les choses saintes d'icy bas nous servent d'eschellons pour y atteindre.

  A002000788 

 Ni ne faut pas trouver estrange que ces bons soldatz fissent le signe de la Croix pour boire, car c'estoit anciennement la coustume de benir non seulement la table et le repas, mais encor chaque viande a part, [243] et le boire encor.

  A002000788 

 Tesmoin saint Gregoire de Tours, en la gracieuse histoire qu'il escrit d'un prestre heretique qui voulant prévenir, non seulement a benir mais encor a manger, un bon prestre Catholique Romain (car le mot y est) qui estoit en mesme table, et l'ayant en effect prevenu au premier, second et troisiesme plat qu'on apporta sur table, au quatriesme en fin, l'ayant signé (l'humeur de son heresie ne portoit pas de rejetter le signe de la Croix comme fait celle des reformeurs), mettant le premier morceau en bouche il le trouva si chaud qu'il en creva, faisant un grand bruit, qui bailla occasion au nostre de dire, Periit memoria hujus cum sonitu, et a celuy qui les avoit chez soy, tous deux, de se faire Catholique sur le champ.

  A002000795 

 Es Liturgies de saint Jaques et de saint Chrysostome il est fort souvent commandé au prestre de faire le signe de la Croix; en celle de saint Basile, non seulement le prestre fait le signe de la Croix sur les offrandes, mais en fait encor trois sur le peuple, en forme de nos benedictions episcopales.

  A002000801 

 Le traitteur reconnoist ceste rayson comme partie de saint Augustin et de Lactance, et tout aussi tost y joint ceste censure: « Quoi que ce soit, ç'a esté une façon introduite par imitation et exemple Judaique, et non par commandement: or, jamais on ne se doit fonder sur le seul exemple des hommes, ains sur les reigles [250] generales tirees du commandement de Dieu.

  A002000802 

 I. Que ce traitteur voulant censurer les Anciens de ce qu'ilz approuvent une ceremonie non escritte, il ne met en avant aucune authorité escritte pour prouver sa censure: n'ayant point de commandement escrit de faire le signe de la Croix, il ne le veut pas faire; n'ayant aucune prohibition escritte de le faire, je ne cesseray aucunement de le faire..

  A002000803 

 Et quoy? ne seroit-ce pas honnestement et par ordre d'estre assis, debout, ou du tout prosterné en terre? Pourquoy n'est-ce pas honnestement fait de se signer au front? Quel commandement avoyent Isaac et Jacob de benir leurs enfans? saint Jean de porter des habitz si grossiers, habiter es desertz et non en la mayson de son pere, ne boire ni vin ni cervoise, ne manger que locustes et miel sauvage, et porter ceste ceinture de peau? quant a sa ceinture il imitoit son Helie, mays sans commandement; et cependant ce sont choses que les Evangelistes ont estimees remarquables, aussi les ont-ilz remarquees.

  A002000804 

 Car si nous taschons de rejetter les coustumes non escrittes comme n'estans guere importantes, [254] nous condamnerons aussi imprudemment les choses necessaires a salut qui sont en l'Evangile; ains plustost nous ravallerons la predication mesme de la foy, a une parole nuë et vaine.

  A002000814 

 Mays quelle consequence en peut-on tirer contre nous? Faisons que ceste traduction fust la meilleure, n'y aurons-nous pas tousjours cest advantage, que le signe de la Croix, estant le plus excellent des purs et simples signes, et le grand signe du Filz de l'homme, il peut et doit estre entendu, plus proprement [259] qu'autre quelconque, sous le nom et mot absolu de marque ou signe? Car ainsy, quoy qu'il y peut avoir plusieurs signes du Filz de l'homme, quand toutefois il est parlé absolument du signe du Filz de l'homme, les Anciens l'ont entendu du signe de la Croix; et saint Hierosme, en l'epistre a Fabiole, prenant le signe d'Ezechiel, non pour la lettre Thau simplement, mays pour signe et marque en general, ne laisse pas pourtant de l'appliquer a la Croix: « Alhors, » dit-il, « selon la parole d'Ezechiel, le signe estoit fiché sur le front des gemissans; maintenant, portans la Croix nous disons, Seigneur, la lumiere de ta face est signee sur nous.

  A002000818 

 C'est philosopher a l'honneur de Dieu, non pas a plaisir..

  A002000822 

 Mais quelle plus grande similitude y peut-il avoir, sinon que le Thau fust une croix? Certes, nous ne disons pas que le Thau soit une croix, ains qu'il la ressemble; or, similia non sunt eadem.

  A002000826 

 La ou je dis que [comme] Thau veut dire un signe et une lettre particuliere, ressemblante a la Croix, si la Prophetie s'entend d'un signe absolument, il faudra tousjours le rapporter a iceluy de la Croix, a cause de l'excellence d'iceluy, comme j'ay dit ci devant; et de plus, ce signe estant exprimé par un mot qui a en teste et en sa premiere lettre la figure de la Croix, et non seulement [266] cela, mais signifie encor un certain seul caractere qui a semblance de croix, nous sommes tousjours plus contrains, par la consideration de tant de circonstances, a prendre ce signe de la Prophetie pour celuy de la Croix.

  A002000828 

 » Ici je consens volontiers, et dis que ceste vision, estant spirituelle, elle a d'autant plus de rapport a l'esprit [267] de l'Evangile que non pas au cors de la Loy ancienne, en sorte que la chose n'ayant point esté reellement faitte sur la vielle et materielle Hierusalem, elle a deu estre reellement verifiee en la Hierusalem nouvelle et Chrestienne..

  A002000841 

 Les novateurs dient que non, et qu'estre signé de la marque de la beste n'est autre sinon estre serviteur de l'Antechrist, recevant et approuvant ses abominations.

  A002000842 

 Qui ne voit ici separee l'obeissance d'avec la marque? et qui ne suivra plustost ces Anciens non passionnés, que ces novateurs tout transportés du desir d'establir leurs fantasies par quelque pretexte des Escritures? 5.

  A002000843 

 » Coustume, laquelle, comme elle est du tout mesprisee par les huguenotz, aussi estoit-elle superstitieusement observee par les Isins, heretiques Indois, qui non contens de faire simplement le signe de la Croix au baptesme de leurs enfans, le leur impriment sur le front avec un fer chaud.

  A002000852 

 Julien, apprentif en ce mestier, demeure tout esbahi » de voir les diables vaincus par la Croix; le maistre sorcier le tance, et, contournant le fait a son advantage, luy dit: Ne penses pas, je vous prie, qu'ilz ayent eu peur; « ilz ont prins en abomination ce signe, non pas qu'ilz en ayent esté espouvantés.

  A002000852 

 Le pire l'emporte, il dit ceci et le persuada: Abominationi illis fuimus, non timori.

  A002000855 

 » 3. Que si ces effectz sont faitz « par la force de Jesus Christ, ç'a esté moyennant l'invocation du Nom d'icelui et non par un signe; que si ç'a esté par mauvais moyen, un charme aura esté chassé par un contre-charme... Dieu donnant efficace d'erreur à Satan pour decevoir les hommes; lequel Satan, se voyant deschassé de son fort par Jesus Christ, a basti un autre fort contre le mesme Jesus Christ, en employant à tel effect la simplicité des Chrestiens... et en fuyant devant la Croix il a fait comme ceux qui reculent pour plus avancer.

  A002000856 

 J'oppose que, puysqu'il s'est peu faire que les merveilles faittes a la Croix ayent esté faittes par la force de Dieu, pour engraver la pensee de la mort et passion de nostre Sauveur au cœur des hommes, comme le traitteur confesse, il a eu tort et s'est monstré trop passionné d'aller rechercher une autre cause de ces miracles, car celle ci est plus a l'honneur de Dieu et au salut des hommes que non pas de dire que le diable en a esté l'autheur, comme le mesme traitteur dit par apres.

  A002000857 

 Et quant au fait de Julien l'Apostat, lequel le traitteur dit ne devoir estre suivi, ains plustost rejetté, je remonstre que c'est un trait de mauvaise foy au traitteur de gauchir ainsy a la rayson vive; car, qui produit onques ce fait comme de Julien l'Apostat? On l'avance pour monstrer que le signe de la Croix a tant de vertu contre les malins, que non seulement ilz le craignent en bonnes mains, mais encor es mains de qui que ce soit, dequoy le cas advenu a Julien fait une claire preuve.

  A002000857 

 Le devin, au recit de ces anciens Peres, pour ne confesser pas la honteuse fuite de ses maistres estre procedee de peur, dit a Julien qu'ilz avoyent eu la [291] Croix en abomination, non a crainte.

  A002000858 

 Non, traitteur, vos finesses sont cousues a fil blanc, le diable en tient la maistrise sur vous.

  A002000859 

 Les merveilles advenues par le Serpent d'airain furent divines, quoy que le peuple en print occasion d'idolatrer: il faudroit donq corriger l'abus et retenir l'usage, comme on fait non seulement des choses bonnes et saines, telles que la Croix, mais des nuisibles et venimeuses, 11.

  A002000866 

 Certes, Prochorus, autheur non vulgaire, recite que saint Jean Evangeliste guerit un malade febricitant, faisant le signe de la Croix et invocant le nom de Jesus; et que le mesme Saint signa du signe de la Croix un boiteux des deux jambes, luy commandant de se lever, et tout soudain il se leva.

  A002000868 

 Le traitteur dit que non, et ne sçait pourquoy nous disons qu'ouy et le prouvons par experience; est-ce pas ineptie de repliquer que c'est Dieu qui fait ces miracles, puysqu'on ne demande pas qui les fait, mais comment et [299] par quelz instrumens et moyens? C'est Dieu qui la guerit, et pouvoit la guerir sans la renvoyer a l'autre femme qui la signa; il ne veut pas, mais la renvoye a ces moyens desquelz il se veut servir.

  A002000868 

 Quant a la response, il la fait a son accoustumee, sans jugement ni candeur, a sçavoir, que ceste dame « s'estoit adressee auparavant au seul Dieu », auquel elle rapporta sa guerison, et non a aucun signe.

  A002000869 

 Si que les Anciens faisoyent grande profession de prier Dieu levans les bras haut en forme de croix, comme il appert de mille tesmoignages, mays sur tout de celuy que j'ay produit de l'ancien Origene, cy dessus: par ou, non seulement ilz faisoyent comme un perpetuel signe de Croix, mays mortifioyent encores la chair, imitans Moyse qui surmonta Amalech lhors qu'il prioit Dieu en ceste sorte, figurant et presageant la Croix de Nostre Seigneur qui est la source de toutes les faveurs que peuvent recevoir nos prieres.

  A002000891 

 Si donq je dis que l'honneur est une protestation ou reconnoissance, je l'entends, non de celle qui se fait par les apparences exterieures, autrement les Anges et espritz ne sçauroyent honnorer, mays de celle qui se passe en la volonté qui se resoult d'estimer une personne selon son merite, car ceste resolution est la vraye et essentielle forme de l'honneur..

  A002000892 

 Or, si le bien honneste ou la vertu se considere simplement comme bien, il sera aussi simplement et seulement en objet a l'amour; mays si on le considere comme excellent, eminent et superieur, c'est lhors qu'il s'attirera l'honneur comme son propre tribut, lequel a son naturel mouvement au bien honneste sous la consideration particuliere de quelque excellence et eminence: de quelque excellence, dis-je, car, soit que le [306] bien honneste ayt quelque excellence sur celuy qui honnore ou non, il suffit qu'il ayt quelque excellence pour estre un vray sujet de l'honneur.

  A002000893 

 Non que la vertu ne merite une autre recompense inherente, utile et delectable, mais parce que l'honneur purement et simplement n'a point d'autre objet que la vertu et le vertueux; si qu'estant poussé ailleurs, comme sur les choses inanimees, il n'y fait aucun sejour, mais y passe seulement entant qu'elles appartiennent en quelque sorte a quelque sujet vertueux, ou a la vertu mesme ou en fin il se rend comme dans son propre et naturel domicile.

  A002000893 

 Que si on honnore quelque chose insensible ou non vertueuse, ce ne sera pas pour y arrester et colloquer simplement et absolument l'honneur, mais pour le passer et rapporter a quelque vertu et vertueux.

  A002000898 

 L'adoration est une speciale maniere et sorte d'honneur: car l'excellente bonté pour laquelle on honnore un autre peut estre de deux façons; ou elle est eminente, superieure et advantageuse sur celuy qui honnore, ou non.

  A002000898 

 Si, au contraire, l'excellence de la bonté pour laquelle on honnore se trouve superieure et advantageuse sur l'honnorant, lhors il y va, non d'un simple honneur, mays de l'honneur d'adoration; et partant, comme l'honneur n'est que la profession ou reconnoissance de l'excellence de la [309] bonté de quelqu'un, aussi l'adoration est la reconnoissance de l'excellence de la bonté eminente et superieure a l'endroit de celuy qui honnore.

  A002000900 

 Mays en laquelle de ces actions consiste la vraye et propre substance de l'adoration? Ce n'est pas en la premiere, car les diables et ceux desquelz parle saint Paul, qui, connoissans Dieu, ne l'ont pas glorifié comme Dieu, ains secoüans le joug ont dit, nous ne servirons point, ilz l'ont conneu, mays non pas reconneu.

  A002000901 

 » Je dis que non, et le prouve indubitablement, pourveu que j'aye protesté que je parle de la vraye essence de l'adoration:.

  A002000905 

 Et de fait, qui diroit jamais que les actions exterieures des hypocrites, voire les genuflexions de ceux qui baffoüoyent nostre Sauveur au jour de sa Passion, luy mettans la couronne d'espines en teste et le roseau en main, plians les genoux devant luy, fussent des vrayes adorations et non pas plustost des vrays vituperes et affrons? L'Escriture appelle bien cela adorer et saluer, mais elle declaire tout sur le champ qu'elle l'entend, non selon la realité et substance, mais selon l'exterieure apparence et feinte, disant qu'ilz se mocquoyent de luy.

  A002000905 

 Qui oseroit appeller ces malheureux vrays adorateurs, et non pas plustost vrays mocqueurs? Les choses portent aucunes fois le nom de ce dont elles ont les apparences, sans pour cela laisser d'estre indignes de le porter; comme quand les enfans de ce monde sont appellés prudens, et leur ruse ou finesse, [311] sagesse, quoy que ce ne soit que folie devant Dieu et en realité; ainsy appelle les impertinences du traitteur, raysons, quoy qu'elles soyent indignes de ce nom..

  A002000906 

 Pour faire que flechir le genouïl soit idolatrie, il y faut deux parties: l'une, que ce soit a un idole, car qui flechiroit le genouïl au nom de Jesus, comme il est raysonnable que chacun face, ou devant prince, seroit-il idolatre? l'autre, que non seulement le genouïl flechisse a l'idole, mays que ce soit volontairement; il faut que le cœur plie a mesme que le cors, car l'idolatrie, comme tout autre peché, prend a l'ame et a l'intention, que si l'exterieur a quelque mal il sort de la comme de sa source.

  A002000913 

 Dieu donques, comme Dieu, ne peut adorer, mais il peut bien honnorer, puysque le simple honneur n'a pour objet que la simple excellence, et non pas une excellence superieure, comme l'adoration.

  A002000913 

 Mais s'ilz n'adorent Dieu, pourront-ilz pas adorer autre que Dieu? Je dis que non, a proprement parler.

  A002000921 

 Neanmoins, encor que le mot d'adoration signifie non seulement la reverence deuë a Dieu, mais encor celle qu'on doit aux creatures, si est-ce qu'il panche un peu plus et est plus sortable a signifier la reverence deuë a Dieu; c'est pourquoy les Anciens ont par fois dit sans difficulté qu'on pouvoit adorer les creatures, et par fois ilz ont fait scrupule de l'advouer, principalement lhors qu'ilz ont eu affaire avec les chicaneurs et heretiques.

  A002000922 

 Saint Ambroise: « Heleine, » dit-il, « trouva la Croix du Seigneur; elle adora le Roy, non le bois parce certes que cela est erreur payen, mais elle adora Celuy qui pendit au bois.

  A002000925 

 que le mot d'adorer s'applique non seulement a l'hommage deu a Dieu, mais aussi a l'honneur deu aux creatures; l'Escriture citee et les passages des Peres en font foy.

  A002000926 

 Ainsy, au devis qui se passa entre Nostre Seigneur et la Samaritaine, le mot d'adorer, qui y est mis tout court sans autre addition, signifie non seulement l'adoration deuë a Dieu seul, mais la plus excellente de toutes celles qui se font a Dieu, qui est le sacrifice, comme prouvent plusieurs grans personnages, par raysons inevitables..

  A002000928 

 Quand on dit, donques, qu'on [321] ne met pas sa fiance en la Croix, c'est pour monstrer qu'on ne l'adore pas en qualité de Dieu, et non pour dire qu'on ne l'adore pas en aucune façon; mays le traitteur traitte la Croix, nostre cause et la sienne, selon son humeur.

  A002000934 

 On peut adorer autre que Dieu, mays non pas servir autre que Dieu du service appellé, selon les Grecz, latrie.

  A002000934 

 Puysque la propre et vraye essence de l'adoration reside en la volonté et non en l'exterieure demonstration, la grandeur et petitesse des adorations, et leurs propres differences, se doit estimer selon l'action de la volonté purement et simplement, et non selon l'action de l'entendement, ni selon les reverences exterieures.

  A002000944 

 Ou elle l'aura en soy, mays non pas de soy, comme ont plusieurs hommes et les Anges, qui ont reellement en eux les bontés et vertus pour lesquelles on les honnore, mays ilz ne les ont pas d'eux mesmes, ains par la grace de Dieu; et partant, l'honneur qui leur est deu est a la verité absolu, mays non pas supreme ni independant, ains subalterne et dependant, car, comme ilz tiennent leur excellence de Dieu, aussi l'honneur qu'on leur fait a rayson d'icelle doit estre rapporté a Dieu: de ceste sorte d'adoration n'est capable que la creature intelligente et vertueuse, car autre que celle-la ne peut avoir la vertu en soy, qui est l'excellence pour laquelle on honnore.

  A002000945 

 L'honneur, donques, souverain et supreme est deu a Dieu, non seulement pour la perfection infinie qui est en luy, mais encor pour la maniere avec laquelle il l'a, car il l'a de soy mesme et par soy mesme.

  A002000951 

 La difference de leur adoration ne se prend pas du sujet auquel elles appartiennent, mais de la façon en laquelle elles luy appartiennent; elles appartiennent a un mesme sujet, mais non pas en mesme façon ains diversement, c'est ce qui en diversifie et rend differentes les venerations..

  A002000956 

 Ces honneurs relatifz et imparfaitz procedent des honneurs absolus et parfaitz, et non seulement en procedent, mais s'y rapportent et reduisent; ce n'est pas merveille s'ilz empruntent le nom du lieu de leur naissance et de leur finale retraitte.

  A002000956 

 L'homme en peinture est homme, un homme mort est homme, mais non pas simplement homme, ains homme par proportion, representation et relation: de mesme, l'honneur deu a l'image et au cors de cest homme, s'il est simplement homme, sera humain, non absolument, mays par proportion et relation; s'il est homme saint, l'honneur sera de dulie, mays respective et relative; si c'est l'image de Jesus Christ, l'honneur sera de latrie, mays respective.

  A002000956 

 Si on me demande quel amour me fait caresser le laquais de mon frere, voire son chien, je ne sçaurois nier que ce ne soit l'amour fraternel, et que ces affections et beneficences ne soyent fraternelles; non que j'estime le laquais ni le chien, mon frere, mays parce qu'ilz appartiennent a mon frere; aussi, la propension ou inclination que j'ay a leur bien, n'est pas simplement fraternelle et de mesme estoffe que celle que j'ay a l'endroit de mon frere, mais elle y a son rapport et relation, dont elle peut estre ditte fraternelle relative.

  A002000957 

 J'ay dit, l'adoration de latrie simplement, d'autant que si on parle d'une latrie imparfaitte et relative, avec semblables moderations et extenuations, on la doit attribuer a la Croix et autres appartenances de Jesus Christ, autrement non, en façon que ce soit.

  A002000957 

 Le docte Bellarmin le prouve suffisamment, quand il ne produiroit autre que le Concile septiesme general, qui determine clairement qu'il faut honnorer les images mais non pas de latrie, car ce qui se dit a ce propos des images appartient a toutes autres appartenances exterieures de Dieu; et certes, puysque l'honneur de latrie est le souverain, il n'est deu qu'a la souveraine excellence.

  A002000957 

 Pour vray, le mot equivoque se prend tousjours en sa principale signification quand il est mis seul et sans limitation, et non jamais pour les significations accidentaires et moins principales.

  A002000957 

 Si on dit, homme, cela s'entend d'un homme vray et naturel, non d'un homme mort ou peint; si on dit latrie, c'est la vraye latrie et non la latrie imparfaitte et relative.

  A002000964 

 La reverence que saint Jean portoit aux soliers de Nostre Seigneur, s'estimant indigne de les porter, estoit une sainte affection de latrie, mais de latrie relative, par laquelle il adoroit son Maistre, non en sa propre personne, mais en ceste basse et abjecte appartenance.

  A002000964 

 Or, l'honneur subalterne, quoy que absolu et propre, se rapporte a Dieu comme a son principe premier et fin [337] derniere, et non comme a son objet; mais l'honneur relatif se rapporte a Dieu comme a son objet et sujet, dont il est nommé honneur de latrie.

  A002000972 

 On considere aussi la Croix, non ja comme elle est a ceste heure, separee de son Crucifix, en guise de relique, mays comme elle fut au tems de la Passion, lhors que le Sauveur estoit cloué en icelle, que ce pretieux arbre estoit chargé de son fruit, que ce therebinthe ou myrrhe distilloit de tous costés en gouttes du sang salutaire; et en ceste consideration nostre ame honnore la vraye Croix du mesme honneur qu'elle honnore le Crucifix, non tant (a parler proprement) relativement, comme plustost consequemment et par participation ou redondance.

  A002001057 

 Autres fois on honnore l'ambassadeur en guise du roy, de l'honneur propre au roy, et lhors, a proprement parler, c'est le roy qui est honnoré en son ambassadeur, et non pas l'ambassadeur mesme, parce que proprement l'ambassadeur n'est pas le roy, il tient seulement lieu pour le roy, et le represente par la fiction et supposition que les hommes en font.

  A002001057 

 Car, qui ne voit en ceste celebrité le triomphe deferé non a l'image, mays a Nostre Dame representee par l'image? et de plus, ceste image representer la Vierge, non d'une simple representation selon sa portee naturelle, mays d'une representation instituee [347] par la fiction et estimation arbitraire des hommes? Ainsy voit-on ordinairement les effigies et images deshonnorees pour les malfaiteurs qu'on ne peut attrapper: on pend et brusle leurs representations en leur place, comme si c'estoit eux, et lhors le deshonneur ne se fait pas a l'image proprement, mays au malfaiteur au lieu duquel elle est supposee; aussi ne dit-on pas, on a pendu l'image de tel ou tel malfaiteur, mays plustost, on a pendu tel et tel en effigie, d'autant que telles executions ne se font sur les images sinon entant qu'en icelles on tient, par la fiction du droit, les malfaiteurs estre chastiés, desfaitz et punis..

  A002001057 

 Il y en a d'autres non moins a propos; comme celuy qui est recité par Nicetas Choniates, au Livre cinquiesme des gestes de l'empereur Manuel Comnenus, de l'image de Nostre Dame assise sur un char triomphal d'argent doré, et menee parmi la ville de Constantinople, en reconnoissance de la victoire obtenue sur les Pannoniens par l'Empereur, a la faveur de l'intercession de la glorieuse Vierge.

  A002001057 

 On ne sçauroit dire que telz honneurs soyent proprement portés aux statues, ains aux princes representés par les statues, non d'une representation naturelle, mays d'une representation arbitraire, feinte, et imaginee par l'institution des hommes.

  A002001058 

 Et c'est ainsy, pour revenir au point, que l'image de la Croix, outre la naturelle qualité qu'elle a de representer Jesus Christ crucifié, qui la rend honnorable d'un honneur de latrie imparfaitte, outre cela, dis-je, elle peut estre destinee et mise en œuvre par le choix et fiction des hommes a tenir le lieu et la place du Crucifix, ou plustost de la vraye Croix entant que jointe au Crucifix: et consideree en ceste sorte, l'honneur et reverence qu'on luy fait ne vise proprement qu'au Crucifix, ou a la Croix jointe au Sauveur, et non a l'image de la Croix, qui n'a autre usage, en ce cas, que de prester son exterieure presence pour recevoir les actions exterieures deuës au Crucifix, au lieu et place d'iceluy qu'elle represente et signifie, et cela sert a l'exterieure protestation de l'adoration que nous faisons au Crucifix..

  A002001074 

 Que s'il est ainsy, comme je n'en doute point, ceste prohibition de ne faire aucune similitude se doit entendre non absolument et simplement, mais selon la fin et intention du commandement, comme s'il estoit dit: Tu n'auras point d'autres dieux que moy; tu ne te feras aucune idole, ni aucune similitude, a sçavoir, pour l'avoir en qualité de Dieu, ni les adoreras point ni serviras en ceste qualité-la; en maniere que tout ce qui est porté en ce commandement soit entierement rapporté a ce seul point, de n'avoir autre Dieu que le vray Dieu, de ne donner a chose quelconque l'honneur deu a sa divine Majesté, et en somme de n'estre point idolatre.

  A002001075 

 Car, si ce n'est qu'un seul commandement qui defende de ne faire semblance quelconque et de ne les adorer, il faut que l'une ou l'autre des deux parties qu'il contient soit la principale et fondamentale, et que l'autre se rapporte a elle, comme a son but et projet: que si l'une ne se rapportoit a l'autre et n'en dependoit, ce seroyent deux commandemens et non un seul.

  A002001078 

 Ceste interpretation joint tres bien a toutes les autres pieces non seulement du premier commandement, mays de toute la premiere Table, lesquelles ne visent qu'a l'establissement du vray honneur de Dieu; car elle leve toute occasion a l'idolatrie et a toute superstition qui peut offenser la jalousie de Dieu, sans neanmoins lever le droit usage des images, ni imposer a Dieu une jalousie desreglee et excessive, selon ce que j'ay dit en l'Avant-Propos..

  A002001079 

 Et comme ceste interpretation ne rejette aucunement le vray usage des images, en quoy les Juifz et Turcz errent, aussi rejette-elle et abolit tout usage des images, statues et similitudes qui est contraire a l'honneur de Dieu, non seulement es temples et eglises, ce qui ne suffit pas, comme pensent follement plusieurs novateurs, ni seulement des similitudes faittes pour representer la Divinité, qui ne suffit pas nomplus, comme estiment plusieurs autres, mais absolument [358] tout usage idolatrique: qui est le vray et unique projet de ce premier commandement..

  A002001081 

 Bref, le dire de Tertullien est tout vray: « Non videntur similitudinum prohibitarum legi refragari non in eo similitudinis statu deprehensa ob quem similitudo prohibetur: Ces choses-la ne semblent contrarier a la loy des similitudes prohibees, lesquelles ne se retrouvent en l'estat et condition de similitude pour lequel la similitude est defendue.

  A002001082 

 Si que, non seulement le vray usage des sacrees et saintes images n'est aucunement defendu, mais est commandé et comprins par tout ou il est commandé d'adorer Dieu et d'honnorer ses Saintz, puysque c'est une legitime façon d'honnorer une personne, d'avoir fait son image et portrait pour le priser selon la mesure et proportion de la valeur du principal sujet.

  A002001086 

 Et pourtant nous avons dit, ce furent leurs paroles, que s'ilz veulent nous dire ainsy, ou a nostre posterité, alhors nous leur dirons: voyes la similitude de l'autel de l'Eternel, que nos peres avoyent fait, non point pour l'holocauste ni pour le sacrifice, ains a ce qu'il soit tesmoin entre vous et nous.

  A002001111 

 Que ferons-nous donq avec eux? cesserons-nous de nous employer a leur salut, puysqu'ilz n'en veulent pas seulement voir la marque? Mais comme pourrions-nous desesperer du salut d'aucun, emmi la consideration de la vertu et honneur de la Croix? arbre seul de toute nostre esperance, duquel l'honneur plus reconneu et certain gist en la vertu qu'il a de guerir non seulement les playes incurables et mortelles, mais aussi de guerir la mort mesme, et la rendre plus pretieuse et saine sous son ombre que la vie ne fut onques ailleurs..

  A002001120 

 Et comme l'Eglise, nomplus que l'Apostre, n'a jamais estimé de sçavoir ni prescher autre que Jesus Christ, et iceluy crucifié, aussi n'a-elle jamais honnoré sinon Jesus Christ, et iceluy crucifié; non Jesus Christ sans croix, mays [371] Jesus Christ avec sa Croix et en Croix.

  A002001139 

 il nous veut prendre par un autre biais: « Quand il est question d'honneur religieux ou conscientieux, ce sont choses non accordantes de donner tout honneur a un seul Dieu et a son Filz, et en departir une portion a aucun homme, ou a la Croix materielle, ou a creature qui soit.

  A002001143 

 Par ou lon void que le mot d'adorer s'employe pour toute sorte de reverence qui se fait a Dieu, aux Anges, aux hommes saintz, aux hommes non saintz, et aux creatures inanimees; mais ce seul lieu de Paralipom.

  A002001144 

 Danielis, in hæc verba, Et statuam quam fecisti non adoramus: Cultores Dei imagines adorare non debent. Et lib. contra Vigilantium: Quis Martires adoravit? quis hominem putavit Deum? Voyes vous comm'il prend le mot d'adorer pour un honneur par lequel on estime la chose adoree estre Dieu?.

  A002001144 

 Rufinum: Veni Bethleem, et præsepe Domini et incunabula adoravi. Et epist. 53, ad Riparium: Non Seraphim et omne nomen quod nominatur et in præsenti seculo et in futuro colimus et adoramus.

  A002001144 

 de Civit. c. 1, et epist. 59, ad Deogratias; et neanmoins a qui considerera de pres la maniere de parler de l'Escriture et des Anciens, il verra que le mot d'adorer panche un peu plus a la signification de lhonneur deu a Dieu seul, que non pas aux autres.

  A002001145 

 : Invenit Helena Crucem Domini; Regem adoravit, non lignum utique, quia hic gentilis est error, sed adoravit illum qui pependit in ligno.

  A002001145 

 Et toutefois bien tost apres: Sapienter Helena egit quæ crucem in capite regum levavit et locavit, ut Crux Christi in regibus adoretur; non insolentia ista sed pietas est, cum defertur sacræ redemptioni.

  A002001146 

 Arianos: Creatura creaturam non adorat. Et le mesme, lib. de Virginitate: Si homo justus ædes tuas intraverit, cum timore et tremore occurrens illi adorabis humi ad pedes illius, non enim eum sed Deum adorabis qui illum mittit..

  A002001149 

 Ainsy S t Cyrille dict: Nos non adorare Sanctos ut deos, sed honorare ut primarios viros, l. 6 cont.

  A002001160 

 il se peut faire qu'une chose appartenante a un ami nous fera simplement resouvenir de celuy a qui ell'appartient, et partant sera cause par ce souvenir qu'elle reveille en nous, que nous honnorerons celuy a qui ell'appartient; et lhors, si l'on dit que nous honnorons ceste chose la, ce sera parler fort improprement, car toute nostre intention s'addresse a l'amy, et non a la chose qui luy appartient, laquelle, ayant remis l'amy dedans nostre memoyre, luy quitte la place en sortant elle mesme, de façon que bien souvent nous ne pensons plus a elle, tant s'en faut que nous l'honnorions.

  A002001161 

 Il se peut faire qu'une chose appartenante a un autre, non seulement nous fera resouvenir de l'amy, mais le nous representera si vivement que nostre imagination le tiendra comme præsent et esmouvra nostr'affection a [378] luy comm'estant la præsent d'une reelle præsence.

  A002001174 

 Que si neanmoins quelqu'un veut opiniastrement debattre que la seconde defense proposee en ce premier chef des commandemens, Tu ne te feras aucune statue, et ce qui suit, soit un commandement a part et separé, qui face non une seconde partie du premier commandement, mais un second commandement de la premiere Table, pour ne m'entretenir hors de mon dessein a le convaincre par rayson, je diray seulement qu'au moins ne sçauroit on nier que la defense de ne faire aucune similitude ou statue ne soit un mesme commandement avec ce qui s'ensuit: Tu ne les adoreras ni serviras, et n'aÿe rapport a ce premier point: Tu n'auras aucuns dieux estrangers devant moy.

  A002001177 

 C'est une opinion nouvelle, vaine et hæretique, suivie par un grand tas de schismatiques et chicaneurs, mais ell'est plus notoirement contraire a l'Escriture que la precedente, et non moins a l'Eglise de Dieu et a la nature.

  A002001178 

 Or, tout ce qui est signe n'est pas image, quoy que ce qui est image soit signe: ainsin la colombe et les feux descendans estoyent signes, non image du Saint Esprit; ainsi quand les Anges parloyent en forme d'homme, ceste forme la estoit signe, non image de l'Ange.

  A002001178 

 Que si on parle des images et figures mistiques, comme d'un aigneau pour représenter Nostre Seigneur, de colombes pour representer les Apostres, ce ne sont non plus images des choses qu'elles représentent mistiquement que les motz sont images des choses quilz signifient, et les lettres des motz quelles denotent; car elles ne représentent pas ces choses la aux sens, comme font les images, mais des objetz tout differents par lesquels, avec beaucoup de discours, on se représente les choses mistiquement signifiees.

  A002001194 

 Des que nostre Seigneur Jesus Christ, pour nous rachepter de l'eternelle damnation, souffrit la tres-amere mort de la Croix, on ne doit douter que ce tresgrand benefice de nostre redemption, vivement representé par la Croix, trophee et banniere du Sauveur, instrument de nostre redemption, lict de justice et autel du souverain sacrifice, n'oblige aussi à la veneration d'icelle; non pour raison du bois, ou de la matiere, mais à cause de ce qu'elle signifie.

  A002001203 

 S t Ambroise, au livre du Trespas de Theodose, dit: « Non pas le bois, mais le Roy du Ciel est adoré au bois.

  A002001237 

 Car de cognoistre Dieu par l'esprit seulement [ne suffit pas], sinon que par mesme moyen l'on cognoisse le Fils de Dieu estre venu pour nostre redemption in carne; et sic inseparabiliter debemus agnoscere, et divinitatem et humanitatem, ut habeamus vitam æternam: vieille heresie tiree de Triphonis antro; contra quem le Pere sainct Augustin ayant disputé, combattu, et gagné la caverne de Dieu, ita posteritati scripsit, in suo tract. De fide et symbolo: Solet quosdam offendere, vel ipsos gentiles vel hæreticos, quod credamus assumptum terrenum Christi corpus in cælum; ut dicant terrenum aliquid in cælo esse non posse: nostras enim Scripturas non noverant, nec sciant quomodo dictum sit: Seminatur corpus animale, surget corpus spiritale..

  A002001237 

 Donques Beelzebuth, prince des diables, parlant et escrivant par luy, se couvrant de l'authorité de S. Paul, in hæc verba prorupit: Testatur enim se post Christi resurrectionem amplius ipsum non agnoscere secundum carnem; admonens his verbis quicquid in Christo carnale fuit oblivioni tradendum et missum faciendum, ut in eo secundum spiritum quærendo et possidendo omnem operam locemus.

  A002001237 

 Nunc igitur causari præclarum esse aliquod habere monumentum, tum Christi, tum sanctorum ejus, quid aliud est quam inane tegumentum, fucandæ stultæ nostræ cupiditatis causa, quærere, quæ nullum in ratione fundamentum habet? Calvin par ces [413] meschantes parolles dit, que les Chrestiens ne se doivent souvenir et faire aucun compte de la chair et de toute l'humanité de Jesus Christ; contre infinis textes du nouveau Testament: Jean 6, Amen, dico vobis, nisi manducaveritis carnem filii hominis et biberitis ejus sanguinem non habebitis vitam in vobis, et quæ sequuntur.

  A002001238 

 Sur ce que le mesme Calvin prend à garent et pour tuteur de son impieté sainct Ambroise, c'est une fausseté; car ce grand Archevesque et Evesque de Milan (en son troisiesme tome), De obitu Theodosii, se conformant avec toute l'antiquité pour l'adoration de la Croix, dit: Invenit Helena titulum; Regem adoravit, non lignum utique, quia hic gentilis est error et vanitas impiorum, sed adoravit illum qui pependit in ligno, scriptus in titulo, etc..

  A002001241 

 Car raisonnablement les bons et vrays Catholiques adorent Jesus Christ pendu en la Croix, non pas le bois, or, ou autre matiere comme matiere et chose inanimee: car nous sommes tous d'accord que, in quantum est res insensibilis, puta lignum sculptum aut pictum, tunc nulla reverentia debetur ei, neque aliquis honor est exhibendus: mais considerants la Croix, in quantum est quædam res Christi, tunc adoranda est nobis adoratione Hyperduliæ.

  A002001241 

 Quand aux autres choses qui sont esté instruments de sa mort et Passion, comme les cloux, couronne, lance et autres, nous ne les adorons aucunement de l'adoration de Latrie comme la Croix, pource que ces choses ne representent point l'image de Jesus-Christ comme la Croix, quæ est signum filii hominis quod apparebit in cælo; et partant l'Ange dict aux femmes: Jesum quæritis crucifixum; non, lanceatum aut spinea corona coronatum, et hujusmodi.

  A002001286 

 Corinth. 14, l'eau vive que Nostre Seigneur promettoit à la Samaritaine; non seulement les miettes [417] de pain que la Chananee demandoit à Nostre Seigneur, mais les cinq pains d'orge et les deux poissons avec lesquels il rassassia la tourbe famelique.

  A002001286 

 Vous y trouverez, amy lecteur, non seulement les douze fruicts susdicts, mais les cinq pierres avec lesquelles David renversa ce grand geant Goliat, les cinq paroles que voulut parler l'Apostre, 1.

  A002001372 

 Non, je n'obliray point un Evesque si rare;.

  A002001403 

 Meum propositum est antiquos legere, probare singula, retinere quæ bona sunt et a fide Ecclesiæ non recedere..

  A002001416 

 Subtraxit miti non pia colla jugo..

  A002001472 

 Qui n'en fait point de cas? non mesme de ce Bois,.


03-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome III-Introduction a la vie devote.html
  A003000348 

 Mais il faut sans doute que ce soit un cœur paternel; et c'est pourquoy les Apostres et hommes apostoliques appellent leurs disciples non seulement leurs enfans, mais encor plus tendrement leurs petitz enfans..

  A003000349 

 Au demeurant, mon cher Lecteur, il est vray que j'escris de la vie devote sans estre devot, mais non pas certes sans desir de le devenir, et c'est encor cette affection qui me donne courage a t'en instruire; car, comme disoit un grand homme de lettres, la bonne [10] façon d'apprendre c'est d'estudier, la meilleure c'est d'escouter, et la tresbonne c'est d'enseigner.

  A003000350 

 » Or, il m'est advis, mon Lecteur mon ami, qu'estant Evesque, Dieu veut que je peigne sur les cœurs des personnes non seulement les vertus communes, mais encores sa treschere et bien aymee devotion; et moy je l'entreprens volontier, tant pour obeir et faire mon devoir, que pour l'esperance que j'ay qu'en la gravant dans l'esprit des autres, le mien a l'adventure en deviendra saintement amoureux.

  A003000360 

 La vraye et vivante devotion, o Philothee, presuppose l'amour de Dieu, ains elle n'est autre chose qu'un vray amour de Dieu; mais non pas toutefois un amour tel quel: car, entant que l'amour divin embellit nostre ame, il s'appelle grace, nous rendant aggreables a sa divine Majesté; entant qu'il nous donne la force de bien faire, il s'appelle charité; mais quand il est [14] parvenu jusques au degré de perfection auquel il ne nous fait pas seulement bien faire, ains nous fait operer soigneusement, frequemment et promptement, alhors il s'appelle devotion.

  A003000361 

 Car tout ainsy qu'un homme qui est nouvellement gueri de quelque maladie chemine autant qu'il luy est nécessaire, mais lentement et pesamment, de mesme le pecheur estant gueri de son iniquité, il chemine autant què Dieu luy commande, pesamment neanmoins et lentement jusques a tant qu'il ayt atteint a la devotion; car alhors, comme un homme bien sain, non seulement il chemine, mais il court et saute en la voÿe des commandemens de Dieu, et, de plus, il passe et court dans les sentiers des conseilz et inspirations celestes.

  A003000361 

 En fin, la charité et la devotion ne sont non plus differentes l'une de l'autre que la flamme l'est du feu, d'autant que la charité estant un feu spirituel, quand elle est fort enflammee elle s'appelle devotion: si que la devotion n'adjouste rien au feu de la charité, sinon la flamme qui rend la charité prompte, active et diligente, non seulement a l'observation des commandemens de Dieu, mais a l'exercice des conseilz et inspirations celestes..

  A003000361 

 Et d'autant que la devotion gist en certain degré d'excellente charité, non seulement elle nous rend promptz et actifz et diligens a l'observation de tous les commandemens de Dieu; mais outre cela, elle nous provoque a faire promptement et affectionnement le plus de bonnes œuvres que nous pouvons, encores qu'elles ne soyent aucunement commandees, ains [15] seulement conseillees ou inspirees.

  A003000365 

 Mais comme Josué et Caleb protestoyent que non seulement la terre promise estoit bonne et belle, ains aussi que la possession en seroit douce et aggreable, de mesme le Saint Esprit, par la bouche de tous les Saintz, et Nostre Seigneur par la sienne mesme nous asseure que la vie devote est une vie douce, heureuse et amiable..

  A003000374 

 Je vous prie, Philothee, seroit il a propos que l'Evesque voulust estre solitaire comme les Chartreux? Et si les mariés ne vouloient rien amasser non plus que les Capucins, si l'artisan estoit tout le jour a l'eglise comme le religieux, et le religieux tous-jours exposé a toutes sortes de rencontres pour le service du prochain, comme l'Evesque, cette devotion ne seroit elle pas ridicule, desreglee et insupportable? Cette faute neanmoins arrive bien souvent, et le monde qui ne discerne pas, ou ne veut pas discerner, entre la devotion et l'indiscretion de ceux qui pensent estre devotz, murmure et blasme la devotion, laquelle ne peut mais de ces desordres..

  A003000374 

 La devotion doit estre differemment exercee par le gentilhomme, par l'artisan, par le valet, par le prince, par la vefve, par la fille, par la mariee; et non seulement [19] cela, mais il faut accommoder la prattique de la devotion aux forces, aux affaires et aux devoirs de chaque particulier.

  A003000375 

 Non, Philothee, la devotion ne gaste rien quand elle est vraye, ains elle perfectionne tout, et lhors qu'elle se rend contraire a la legitime vacation de quelqu'un, elle est sans doute fausse.

  A003000375 

 « L'abeille, » dit Aristote, « tire son miel des fleures sans les intéresser, » les laissant entieres et fraisches comme elle les a treuvees; mais la vraye devotion fait encor mieux, car non seulement elle ne gaste nulle sorte de vocation ni d'affaires, ains au contraire elle les orne et embellit.Toutes sortes de pierreries jettees dedans le miel en deviennent plus esclatantes, chacune selon sa couleur, et chacun devient plus aggreable en sa vocation la conjoignant a la devotion: le soin de la famille en est rendu paisible, l'amour du mari et de la femme plus sincere, le service du prince plus fidelle, et toutes sortes d'occupations plus suaves et amiables..

  A003000407 

 Ainsy Magdeleine en sa conversion perdit tellement le [32] goust des pechés et des playsirs qu'elle y avoit prins, que jamais plus elle n'y pensa; et David protestoit de non seulement haïr le peché, mais aussi toutes les voyes et sentiers d'iceluy: en ce point consiste le rajeunissement de l'ame, que ce mesme Prophete compare au renouvellement de l'aigle..

  A003000407 

 Ainsy, quand le penitent ne hait le peché que par une legere, quoy que vraye contrition, il se resoult voyrement bien de ne plus pecher, mais quand il le hait d'une contrition puissante et vigoureuse, non seulement il deteste le peché, ains encor toutes les affections, dependances et acheminemens du peché.

  A003000407 

 Une haine ou rancune foible et debile nous fait avoir a contrecœur celuy que nous haïssons et nous fait fuir sa compaignie; mais si c'est une haine mortelle et violente, non seulement nous fuyons et abhorrons celuy a qui nous la portons, ains nous avons a degoust et ne pouvons souffrir la conversation de ses alliés, parens et amis, non pas mesme son image, ni chose qui luy appartienne.

  A003000424 

 Mays helas, mon Createur, au lieu de m'unir a vous par amour et service, je me suis rendue toute rebelle par mes desreglees affections, me separant et esloignant de vous pour me joindre au peché, n'honnorant non plus vostre bonté que si vous n'eussies pas esté mon Createur..

  A003000449 

 Et vous, o mon Dieu, mon Sauveur, vous seres doresnavant le seul objet de mes pensees; non, jamais je n'appliqueray mon esprit a des cogitations qui vous soient desaggreables: ma memoire se remplira tous les jours de ma vie, de la grandeur de vostre debonnaireté, si doucement exercee en mon endroit; vous seres les delices de mon cœur et la suavité de mes affections.

  A003000495 

 O Seigneur, non, jamais plus, moyennant vostre grace, non, jamais plus je ne m'abandonneray au peché.

  A003000513 

 Quand sera-ce? sera-ce en hiver ou en esté? en la ville ou au village? de jour ou de nuit? sera-ce a l'impourveu ou avec advertissement? sera-ce de maladie ou d'accident? aures-vous le loysir de vous confesser, ou non? seres-vous assistee de vostre confesseur et pere spirituel? Helas, de tout cela nous n'en sçavons rien du tout; [43] seulement cela est asseuré que nous mourrons, et tous-jours plus tost que nous ne pensons..

  A003000516 

 Consideres les empressemens qu'on aura pour lever ce cors-la et le cacher en terre, et que, cela fait, le monde ne pensera plus gueres en vous, ni n'en sera plus memoire, non plus que vous n'avés gueres pensé aux autres: Dieu luy face paix, dira-on, et puis, c'est tout.

  A003000517 

 Helas, ou ira la vostre? quelle voye tiendra-elle? non autre que celle qu'elle aura commencee en ce monde.

  A003000588 

 O puisqu'il vous a pieu, mon bon et souverain Seigneur, redresser mes pas en vos voÿes, non, jamais [51] plus je ne retourneray en arriere.

  A003000607 

 O Jesus, mon Sauveur, j'accepte vostre amour eternel, et advouë l'acquisition que vous aves faite pour moy d'une place et logis en cette bienheureuse Hierusalem, non tant pour aucune autre chose, comme pour vous aymer et benir a jamais..

  A003000624 

 O monde, o troupe abominable, non, jamais vous ne me verrés sous vostre drapeau: j'ay quitté pour jamais vos forceneries et vanités.

  A003000630 

 Simon le lepreux disoit que Magdeleine estoit pecheresse; mays Nostre Seigneur dit que non, et ne parle plus sinon des parfums qu'elle respandit et de la grandeur de sa charité.

  A003000649 

 Est-il bien possible qu'une ame bien nee veuille non seulement desplaire a son Dieu, mais affectionner de luy desplaire? [63].

  A003000651 

 Mais si nous leur permettons d'arrester dans nos cœurs, et non seulement cela, mais que nous nous affectionnions a les y retenir et multiplier, bien tost nous verrons nostre miel perdu, [64] et la ruche de nostre conscience empestee et desfaitte.

  A003000656 

 Ainsy les anciens Nazariens s'abstenoyent non seulement de tout ce qui pouvoit enivrer, mais aussi des raisins et du verjus; non point que le raisin et le verjus enivre, mais parce qu'il y avoit danger en [65] mangeant du verjus d'exciter le desir de manger des raisins, et en mangeant des raisins, de provoquer l'appetit a boire du moust et du vin.

  A003000661 

 Par exemple, sainte Paule, selon le recit de saint Hierosme, avoit une grande inclination aux tristesses et regretz, si qu'en la mort de ses enfans et de son mari elle courut tous-jours fortune de mourir de desplaysir: cela estoit une imperfection et non point un peché, puisque c'estoit contre son gré et sa volonté.

  A003000681 

 Le second moyen de se mettre en cette sacree presence, c'est de penser que non seulement Dieu est au lieu ou vous estes, mais qu'il est tres particulierement en vostre cœur et au fond de vostre esprit, lequel il vivifie et anime de sa divine presence, estant la comme le cœur de vostre cœur et l'esprit de vostre esprit; car, comme l'ame estant respandue par tout le cors se treuve presente en toutes les parties d'iceluy, et reside neanmoins au cœur d'une speciale residence, de mesme Dieu estant tres present a toutes choses, assiste toutefois d'une speciale façon a nostre esprit: et pour cela David appelloit Dieu, Dieu de son cœur, et saint Paul disoit que nous vivons, nous nous mouvons et sommes en Dieu.

  A003000683 

 Mais si le tressaint Sacrement de l'autel estoit present, alhors cette presence seroit reelle et non purement imaginaire; car les especes et apparences du pain seroient comme une tapisserie, derriere laquelle Nostre Seigneur reellement present nous voit et considere, quoy que nous ne le voyons pas en sa propre forme..

  A003000709 

 C'est le grand fruit de la meditation, sans lequel elle est bien souvent, non seulement inutile, mais nuisible, parce que les vertus meditees et non prattiquees enflent quelquefois l'esprit et le courage, nous estant bien advis que nous sommes telz que nous avons resolu et delibvré d'estre, ce qui est sans doute veritable si les resolutions sont vives et solides; mais elles ne sont pas telles, ains vaines et dangereuses, si [83] elles ne sont prattiquees.

  A003000712 

 Ce que je dis non seulement pour les autres affections, mays aussi pour l'action de graces, l'offrande et la priere qui se peuvent faire parmi les considerations; car il ne les faut non plus retenir que les autres affections, bien que, par apres, pour la conclusion de la meditation, il faille les repeter et reprendre.

  A003000718 

 Que s'il plaist a la divine Majesté de nous parler et s'entretenir avec nous par ses saintes inspirations et consolations interieures, ce nous sera sans doute un grand honneur et un playsir tres delicieux; mais s'il ne luy plaist pas de nous faire cette grace, nous laissans la sans nous parler, non plus que s'il ne nous voyoit pas et que nous ne fussions pas en sa presence, nous ne devons pourtant pas sortir, ains, au contraire, nous devons demeurer la, devant cette souveraine Bonté, avec un maintien devotieux et paisible; et lhors infalliblement il aggreera nostre patience, et remarquera nostre assiduité et perseverance, si qu'une autre fois, quand nous reviendrons devant luy, il nous favorisera et s'entretiendra avec nous par ses consolations, nous faysant voir l'amenité de la sainte orayson.

  A003000725 

 Par exemple, si je prevoy de devoir traitter de quelque affaire avec une personne passionnee et prompte a la cholere, non seulement je me resouldray de ne point me relascher a l'offenser, mais je prepareray des paroles de douceur pour la prevenir, ou l'assistance de quelque personne qui la puisse contenir.

  A003000737 

 Cet exercice ici ne doit jamais estre oublié, non plus que celuy du matin; car par celuy du matin vous ouvres les fenestres de vostre ame au Soleil de justice, et par celuy du soir, vous les fermes aux tenebres de l'enfer..

  A003000774 

 Et puis (affin que je le die une fois pour toutes), il y a tous-jours plus de bien et de consolation aux offices publiez de l'Eglise, que non pas aux actions particulieres, Dieu ayant ainsy ordonné que la communion soit preferee a toute sorte de particularité..

  A003000774 

 Outre cela, Philothee, les festes et Dimanches il faut assister a l'office des Heures et des Vespres, tant que vostre commodité le permettra; car ces jours-la sont dediés a Dieu, et faut bien faire plus d'actions a son honneur et gloire en iceux que non pas es autres jours.

  A003000801 

 Or, a tout cecy sert merveilleusement de bien prattiquer l'exercice du matin et les retraittes spirituelles que j'ay marquees cy dessus; car par ce moyen, nous nous preparons a faire le bien, d'une preparation non seulement generale, mais aussi particuliere..

  A003000810 

 Je n'espargneray donq point de dire: je me suis relaschee a dire des paroles de courroux contre une personne, ayant prins de luy en mauvaise part quelque chose qu'il m'a dit, non point pour la qualité des paroles, mais parce que celuy la m'estoit desaggreable.

  A003000816 

 La response de sainte Catherine de Sienne fut gracieuse, quand luy estant opposé, a rayson de sa [117] frequente Communion, que saint Augustin ne loüoit ni ne vituperoit de communier tous les jours: Et bien, dit-elle, « puisque saint Augustin ne le vitupere pas, je vous prie que vous ne le vituperies pas non plus, » et je me contenteray..

  A003000816 

 » Ce sont les propres paroles de saint Augustin, avec lequel je ne vitupere ni loüe absolument que l'on communie tous les jours, mais laisse cela a la discretion du pere spirituel de celuy qui se voudra resouldre sur ce point; car la disposition requise pour une si frequente Communion devant estre fort exquise, il n'est pas bon de le conseiller generalement; et parce que cette disposition la, quoy qu'exquise, se peut treuver en plusieurs bonnes ames, il n'est pas bon non plus d'en divertir et dissuader generalement un chacun, ains cela se doit traitter par la consideration de l'estat interieur d'un chacun en particulier.

  A003000817 

 Puisque, comme je presuppose, vous n'aves nulle sorte d'affection du peché mortel, ni aucune affection au peché veniel, vous estes en la vraye disposition que saint Augustin requiert, et encores plus excellente, parce que non seulement vous n'aves pas l'affection de pecher, mais vous n'aves pas mesme l'affection du peché; si que, quand vostre pere spirituel le treuveroit bon, vous pourries utilement communier encores plus souvent que tous les Dimanches..

  A003000818 

 Plusieurs legitimes empeschemens peuvent neanmoins vous arriver, non point de vostre costé mais de la part de ceux avec lesquelz vous vives, qui donneroyent occasion au sage conducteur de vous dire que vous ne communies pas si souvent.

  A003000820 

 C'est chose indecente, bien que non pas grand peché, de solliciter le payement du devoir nuptial le jour que l'on s'est communié, mais ce n'est pas chose malseante, ains plustost meritoire de le payer.

  A003000828 

 Non, le Sauveur ne peut estre consideré en une action ni plus amoureuse ni plus tendre que celle ci, en laquelle il s'aneantit, par maniere de dire, et se reduit en viande affin de penetrer nos ames et s'unir intimement au cœur et au cors de ses fidelles..

  A003000837 

 Entre les exercices des vertus, nous devons preferer celuy qui est plus conforme a nostre devoir, et non pas celuy qui est plus conforme a nostre goust.

  A003000838 

 Choisissés donq, Philothee, les meilleures vertus et non pas les plus estimees, les [125] plus excellentes et non pas les plus apparentes, les meilleures et non pas les plus braves.

  A003000838 

 Entre les vertus qui ne regardent pas nostre devoir particulier, il faut preferer les plus excellentes et non pas les plus apparentes.

  A003000839 

 Il est utile qu'un chacun choisisse un exercice particulier de quelque vertu, non point pour abandonner les autres, mais pour tenir plus justement son esprit rangé et occupé.

  A003000852 

 J'atteste Jesus auquel elle a servi et auquel je desire servir, que je ne mens ni d'un costé ni d'autre, ains produis naifvement ce qui est d'elle, comme Chrestien d'une Chrestienne; c'est a dire, j'en escris l'histoire, non pas un panegyrique, et que ses vices sont les vertus des autres.

  A003000852 

 Ma Philothee, il faut avoir bonne opinion de ceux esquelz nous voyons la prattique des vertus, quoy qu'avec imperfection, puisque les Saintz mesmes les ont souvent prattiquees en cette sorte; mays quant a nous, il nous faut avoir soin de nous y exercer, non seulement fidellement, mais prudemment, et a cet effect observer estroittement l'advis du Sage, de ne point nous appuyer sur nostre propre prudence, ains sur celle de ceux que Dieu nous a donnés pour conducteurs..

  A003000852 

 Saint Hierosme ayant raconté que sainte Paule, sa chere fille, estoit non seulement excessive, mais opiniastre en l'exercice des mortifications corporelles, jusques a ne vouloir point ceder a l'advis contraire que saint Epiphane son Evesque luy avoit donné pour ce regard, et qu'outre cela, elle se laissoit tellement emporter au regret de la mort des siens, que tous-jours elle en estoit en danger de mourir, en fin il conclud en cette sorte: « On dira qu'en lieu d'escrire des louanges pour cette Sainte, j'en escris des blasmes et vituperes.

  A003000853 

 Mais pour tout cela, il ne faut pas pretendre a telles graces, puisqu'elles ne sont nullement necessaires pour bien servir et aymer Dieu, qui doit estre nostre unique pretention; aussi, bien souvent ne sont-ce pas des graces qui puissent estre acquises par le travail et industrie, puisque ce sont plustost des passions que des actions, lesquelles nous pouvons recevoir, mais non pas faire en nous.

  A003000860 

 Il y en a d'autres qui veulent bien avoir quelque incommodité du mal, ce leur semble, mays non pas l'avoir toute: ilz ne s'impatientent pas, disent-ilz, d'estre malades, mais de ce qu'ilz n'ont pas de l'argent pour se faire panser, ou bien de ce que ceux qui sont autour d'eux en sont importunés.

  A003000860 

 Or je dis, Philothee, qu'il faut avoir patience, non seulement d'estre malade, mais de l'estre de la maladie que Dieu veut, au lieu ou il veut, et entre les personnes qu'il veut, et avec les incommodités qu'il veut; et ainsy des autres tribulations..

  A003000860 

 Soyes patiente, non seulement pour le gros et principal des afflictions qui vous surviendront, mais encores pour les accessoires et accidens qui en dependront.

  A003000864 

 Or, cela est vrayment une patience, mais une patience fause qui, en effect, n'est autre chose qu'une tres delicate et tres fine ambition et vanité: Ilz ont de la gloire, dit l'Apostre, mais non pas envers Dieu.

  A003000864 

 Plusieurs estans malades, affligés, et offensés de quelqu'un s'empeschent bien de se plaindre et monstrer de la delicatesse, car cela, a leur advis (et il est vray), tesmoigneroit evidemment une grande defaillance de force et de generosité; mais ilz desirent extremement, et par plusieurs artifices recherchent que chacun les plaigne, qu'on ait grande compassion d'eux, et qu'on les estime non seulement affligés, mais patiens et [136] courageux.

  A003000872 

 Nous appelions vaine la gloire qu'on se donne ou pour ce qui n'est pas en nous, ou pour ce qui est en nous mais non pas a nous, ou pour ce qui est en nous et a nous, mais qui ne merite pas qu'on s'en glorifie.

  A003000883 

 L'homme vrayement humble aymeroit mieux qu'un autre dist de luy qu'il est miserable, qu'il n'est rien, qu'il ne vaut rien, que non pas de le dire luy mesme: au moins, s'il sçait qu'on le die, il ne contredit point, mais acquiesce de bon cœur; car croyant fermement cela, il est bien ayse qu'on suive son opinion..

  A003000884 

 Demande a Dieu un signe au ciel d'en haut ou au profond de la mer en bas, dit le Prophete au malheureux Achaz, et il respondit: [148] Non, je ne le demanderay point, et ne tenteray point le Seigneur.

  A003000884 

 Tout cela n'est qu'artifice et une sorte d'humilité non seulement fause, mais maligne, par laquelle on veut tacitement et subtilement blasmer les choses de Dieu, ou au fin moins, couvrir d'un pretexte d'humilité l'amour propre de son opinion, de son humeur et de sa paresse.

  A003000885 

 Car ainsy l'humilité couvre et cache toutes nos vertus et perfections humaines, et ne les fait jamais paroistre que [149] pour la charité, qui estant une vertu non point humaine mais celeste, non point morale mais divine, elle est le vray soleil des vertus, sur lesquelles elle doit tous-jours dominer: si que les humilités qui prejudicient a la charité sont indubitablement fauses..

  A003000885 

 Penser sçavoir ce qu'on ne sçait pas, c'est une sottise expresse; vouloir faire le sçavant de ce qu'on connoist bien que l'on ne sçait pas, c'est une vanité insupportable: pour moy, je ne voudrois pas mesme faire le sçavant de ce que je sçaurois, comme au contraire je n'en voudrois non plus faire l'ignorant.

  A003000885 

 Quand la charité le requiert, il faut communiquer rondement et doucement avec le prochain, non seulement ce qui luy est necessaire pour son instruction, mais aussi ce qui luy est utile pour sa consolation; car l'humilité qui cache et couvre les vertus pour les conserver, les fait neanmoins paroistre quand la charité le commande, pour les accroistre, aggrandir et perfectionner.

  A003000886 

 Que si quelques grans serviteurs de Dieu ont fait semblant d'estre folz pour se rendre plus abjectz devant le monde, il les faut admirer et non pas imiter; car ilz ont eu des motifz pour passer a cet exces qui leur ont esté si particuliers et extraordinaires, que personne n'en doit tirer aucune consequence pour soy.

  A003000890 

 Or, le haut point de cette humilité gist a non seulement reconnoistre volontairement nostre abjection, mais l'aymer et s'y complaire, et non point par manquement de courage et generosité, mais pour exalter tant plus la divine Majesté, et estimer beaucoup plus le prochain en comparayson de nous mesmes.

  A003000893 

 Si j'ay quelque mal abject au visage, j'en procureray la guerison, mais non pas que l'on oublie l'abjection laquelle j'en ay receuë.

  A003000899 

 Elle consent bien neanmoins a l'advertissement du Sage, qui nous admoneste d' avoir soin de nostre renommee, parce que la bonne renommee est une estime, non d'aucune excellence, mais seulement d'une simple et commune preud'hommie et integrité de vie, laquelle l'humilité n'empesche pas que nous ne reconnoissions en nous mesmes, ni par consequent que nous en desirions la reputation.

  A003000899 

 Il est vray que l'humilité mespriseroit la renommee si la charité n'en avoit besoin; mais parce qu'elle est l'un des fondemens de la societé humaine, et que sans elle nous sommes non seulement inutiles mais dommageables au public, a cause du scandale qu'il en reçoit, la charité requiert et l'humilité aggree que nous la desirions et conservions pretieusement.

  A003000900 

 Outre cela, comme les feuilles des arbres, qui d'elles mesmes ne sont pas beaucoup prisables, servent neanmoins de beaucoup, non seulement pour les embellir, mais aussi pour conserver les fruitz tandis qu'ilz sont encor tendres; ainsy la bonne renommee, qui de soy mesme n'est pas une chose fort desirable, ne laisse pas d'estre tres utile, non seulement pour l'ornement de nostre vie, mais aussi pour la conservation de nos vertus, et principalement des vertus encor tendres et foibles: l'obligation de maintenir nostre reputation et d'estre telz que l'on nous estime, force un courage genereux, d'une puissante et douce violence.

  A003000902 

 Ainsy, bien que la renommee soit coupee, ou mesme tout a fait rasee par la langue des mesdisans, qui est, dit David, comme un rasoir affilé, il ne se faut point inquieter, car bien tost elle renaistra non seulement aussi belle qu'elle estoit, ains encores plus solide.

  A003000902 

 Il faut estre jaloux, mays non pas idolatres de nostre renommee; et comme il ne faut offenser l'œil des bons, aussi ne faut-il pas vouloir contenter celuy des malins.

  A003000908 

 Le baume (qui, comme j'ay dit cy dessus, prend tous-jours le dessous parmi toutes les liqueurs) represente l'humilité, et l'huyle d'olive, qui prend tous-jours le dessus, represente la douceur et debonnaireté, laquelle surmonte toutes choses et excelle entre les vertus comme estant la fleur de la charité laquelle, selon saint Bernard, est en sa perfection quand non seulement elle est patiente, mais quand outre cela elle est douce et debonnaire.

  A003000912 

 Mais comment la repousseray je, me dires vous? Il faut, ma Philothee, qu'au premier ressentiment que vous en aures, vous ramassies promptement vos forces, non point brusquement ni impetueusement, mais doucement et neanmoins serieusement; car, comme on void es audiences de plusieurs senatz et parlemens, que les huissiers crians: Paix la, font plus de bruit que ceux qu'ilz veulent faire taire, aussi il arrive maintesfois que voulans avec impetuosité reprimer nostre cholere, nous excitons plus de trouble en nostre cœur qu'elle n'avoit pas fait, et le cœur estant ainsy troublé ne peut plus estre maistre de soy mesme..

  A003000913 

 Mais tous-jours je vous advertis que l'orayson qui se fait contre la cholere presente et pressante doit estre prattiquee doucement, tranquillement, et non point violemment; ce qu'il faut observer en tous les remedes qu'on use contre ce mal.

  A003000919 

 Il faut donq avoir un desplaysir de nos fautes qui soit paisible, rassis et ferme; car comme un juge chastie bien mieux les meschans faysant ses sentences [166] par rayson et en esprit de tranquillité, que non pas quand il les fait par impetuosité et passion, d'autant que jugeant avec passion, il ne chastie pas les fautes selon qu'elles sont, mais selon qu'il est luy mesme; ainsy nous nous chastions bien mieux nous mesmes par des repentances tranquilles et constantes, que non pas par des repentances aigres, empressees et choleres, d'autant que ces repentances faittes avec impetuosité ne se font pas selon la gravité de nos fautes, mais selon nos inclinations.

  A003000920 

 Croyes moy, Philothee, comme les remonstrances d'un pere faittes doucement et cordialement, ont bien plus de pouvoir sur un enfant pour le corriger que non pas les choleres et courroux; ainsy, quand nostre cœur aura fait quelque faute, si nous le reprenons avec des remonstrances douces et tranquilles, ayans plus de compassion de luy que de passion contre luy, l'encourageans a l'amendement, la repentance qu'il en concevra entrera bien plus avant et le penetrera mieux que ne feroit pas une repentance despiteuse, ireuse et tempestueuse..

  A003000927 

 Les Anges ont soin pour nostre salut et le procurent avec diligence, mais ilz n'en ont point pour cela de sollicitude, souci, ni d'empressement; car le soin et la diligence appartiennent a leur charité, mais aussi la sollicitude, le souci et l'empressement seroyent totalement contraires a leur felicité, puisque le soin et la diligence peuvent estre accompagnés de la tranquillité et paix d'esprit, mais non pas la sollicitude ni le souci, et beaucoup moins l'empressement.

  A003000928 

 Les bourdons font bien plus de bruit et sont bien plus empressés que les abeilles, mais ilz ne font sinon la cire et non point de miel: ainsy ceux qui s'empressent d'un souci cuisant et d'une sollicitude bruyante, ne font jamais ni beaucoup ni bien.

  A003000929 

 Je veux dire, ma Philothee, que quand vous seres parmi les affaires et occupations communes, qui ne requierent pas une attention si forte et si pressante, vous regardies plus Dieu que les affaires; et quand les affaires sont de si grande importance qu'ilz requierent toute vostre attention pour estre bien faitz, de tems en tems vous regarderés a Dieu, comme font ceux qui navigent en mer lesquelz, pour aller a la terre qu'ilz desirent, regardent plus en haut au ciel que non pas en bas ou ilz voguent.

  A003000933 

 Taschons donques, Philothee, de bien prattiquer ces trois vertus, un chacun selon sa vocation; car encor qu'elles ne nous mettent pas en l'estat de perfection, elles nous donneront neanmoins la [172] perfection mesme; aussi nous sommes tous obligés a la prattique de ces trois vertus, quoy que non pas tous a les prattiquer de mesme façon..

  A003000947 

 Et comme l'on void beaucoup de riches desrober, non point par indigence, mais par avarice, aussi voit-on beaucoup de gens mariés se desborder par la seule intemperance et lubricité, nonobstant le legitime objet auquel ilz se devroyent et pourroyent arrester, leur concupiscence estant comme un feu volage qui va brusletant ça et la sans s'attacher nulle part.

  A003000948 

 Certes, sainte Catherine de Sienne vit entre les damnés plusieurs ames grandement tourmentees pour avoir violé la sainteté du mariage: [180] ce qui estoit arrivé, disoit-elle, non pas pour la grandeur du peché, car les meurtres et les blasphemes sont plus enormes, mais « d'autant que ceux qui le commettent n'en font point de conscience », et par consequent continuent longuement en iceluy..

  A003000949 

 Non, Philothee, Nul ne verra Dieu sans la chasteté, nul n'habitera en son saint tabernacle qui ne soit net de cœur; et, comme dit le Sauveur mesme, Les chiens et impudiques en seront bannis, et Bienheureux sont les netz de cœur, car ilz verront Dieu..

  A003000955 

 Les abeilles non seulement ne veulent pas toucher les charognes, mais fuient et haïssent extremement toutes sortes de puanteurs qui en proviennent.

  A003000956 

 Il y a d'autres privautés et passions, non seulement indiscretes mais vicieuses, non seulement folastres mais deshonnestes, non seulement sensuelles mais charnelles; et par celles-ci la chasteté est pour le moins fort blessee et interessee.

  A003000956 

 Or Cassianus ne croit pas, ni moy non plus, que saint Basile eust esgard a tel desreglement quand il s'accuse de n'estre pas vierge, car je pense qu'il ne disoit cela que pour les mauvaises et voluptueuses pensees, lesquelles, bien qu'elles n'eussent pas souillé son cors, avoient neanmoins contaminé le cœur, de la chasteté duquel les ames genereuses sont extremement jalouses..

  A003000963 

 Non, ne mettes pas cet esprit celeste dedans les biens terrestres; faites qu'il leur soit tous-jours superieur, sur eux, non pas en eux..

  A003000964 

 Il y a difference entre avoir du poison et estre empoisonné: les apothicaires ont presque tous des poisons pour s'en servir en diverses occurences, mais ilz ne sont pas pour cela empoisonnés, parce qu'ilz n'ont pas le poison dedans le cors, mais dedans leurs boutiques; ainsy pouves-vous avoir des richesses sans estre empoisonnee par icelles: ce sera si vous les aves en vostre mayson ou en vostre bourse, et non pas en vostre cœur.

  A003000965 

 On s'excuse sur la charge des enfans qui presse, sur la sagesse qui requiert qu'on s'establisse en moyens: jamais on n'en a trop, il se treuve tous-jours certaines necessités d'en avoir davantage; et mesme les plus avares, non seulement ne confessent pas de l'estre, mays ilz ne [185] pensent pas en leur conscience de l'estre; non, car l'avarice est une fievre prodigieuse, qui se rend d'autant plus insensible qu'elle est plus violente et ardente.

  A003000967 

 Attendés, chere Philothee, de desirer le bien du prochain quand il commencera a desirer de s'en desfaire; car lhors son desir rendra le vostre non seulement juste, mais charitable [186]: ouy, car je veux bien que vous ayes soin d'accroistre vos moyens et facultés, pourveu que ce soit non seulement justement, mais doucement et charitablement..

  A003000975 

 Il est vray que Dieu vous le rendra, non seulement en l'autre monde, mais en cestui ci, car il n'y a rien qui face tant prosperer temporellement que l'aumosne; mais en attendant que Dieu vous le rende vous seres tous-jours appauvrie de cela.

  A003000981 

 Quand nos moyens nous tiennent au cœur, si la tempeste, si le larron, si le chicaneur nous en arrache quelque partie, quelles plaintes, quelz troubles, quelles impatiences en avons-nous! mais quand nos biens ne tiennent qu'au soin que Dieu veut que nous en ayons et non pas a nostre cœur, si on nous les arrache, nous n'en perdrons pourtant pas le sens ni la tranquillité.

  A003000994 

 Et ne suffit pas qu'il soit mutuel, mais il faut que les parties qui s'entr'ayment sçachent leur reciproque affection, car si elles l'ignorent elles auront de l'amour, mais non pas de l'amitié.

  A003000994 

 on peut aymer sans estre aymé, et lhors il y a de l'amour, mais non pas de l'amitié, d'autant que l'amitié est un amour mutuel, et s'il n'est pas mutuel ce n'est pas amitié.

  A003000996 

 La communication des voluptés charnelles est une mutuelle propension et amorce brutale, laquelle ne peut non plus porter le nom d'amitié entre les hommes que celles des asnes et chevaux pour semblables effectz; et s'il n'y avoit nulle autre communication au mariage, il n'y auroit non plus nulle amitié; mais, parce qu'outre celle-la il y a en iceluy la communication de la vie, de l'industrie, des biens, des affections et d'une indissoluble [195] fidelité, c'est pourquoy l'amitié du mariage est une vraÿe amitié et sainte..

  A003001005 

 J'en veux bien prendre, me dira quelqu'un, mais non pas fort avant.

  A003001005 

 O qu'il dit bien, ce grand Evesque: Que penses-vous faire? Donner de l'amour, non pas? Mais personne n'en donne volontairement qui n'en prenne necessairement; qui prend est pris en ce jeu.

  A003001007 

 Bref, ces amourettes bannissent non seulement l'amour celeste, mais encor la crainte de Dieu, enervent l'esprit, affoiblissent la reputation: c'est, en un mot, le joüet des cours, mais la peste des cœurs..

  A003001026 

 Les chevres, selon Alcmeon, haleynent par les oreilles et non par les naseaux: il est vray qu'Aristote le nie or ne sçay-je ce que c'en est, mais je sçay bien pourtant [209] que nostre cœur haleyne par l'oreille, et que comme il aspire et exhale ses pensees par la langue, il respire aussi par l'oreille, par laquelle il reçoit les pensees des autres.

  A003001031 

 Non feront, Philothee, si vous aves conceu autant de detestation de vostre mal comme il merite, car si cela est, vous ne seres plus agitee d'aucun mouvement que de celuy d'un extreme horreur de cet infame amour et de tout ce qui en depend, et demeureres quitte de toute autre affection envers l'objet abandonné, que de celle d'une tres pure charité pour Dieu.

  A003001032 

 Ah, ce me dires vous, mais ne sera ce point une ingratitude, de rompre si impiteusement une amitié? O que bienheureuse est l'ingratitude qui nous rend aggreables a Dieu! Non, de par Dieu, Philothee, ce ne sera pas ingratitude, ains un grand benefice que vous feres a l'amant, car en rompant vos liens vous rompres les siens, puisqu'ilz vous estoyent communs, et bien [212] que pour l'heure il ne s'apperçoive pas de son bonheur, il le reconnoistra bien tost apres et avec vous chantera pour action de grace: O Seigneur, vous aves rompu mes liens, je vous sacrifieray l'hostie de loüange et invoqueray vostre saint Nom..

  A003001036 

 Et quelle rayson y a-il de recevoir pesle mesle les tares et imperfections de l'ami avec son amitié? Il le faut certes aymer nonobstant son imperfection, mais il ne faut ni aymer ni recevoir son imperfection; car l'amitié requiert la communication du bien et non pas du mal.

  A003001036 

 Il faut [214]sans doute supporter doucement l'ami en ses imperfections, mais non pas le porter en icelles, et beaucoup moins les transporter en nous..

  A003001036 

 Or, cela ne se doit aucunement faire, car chacun a bien asses de ses mauvaises inclinations sans se surcharger de celles des autres; et non seulement l'amitié ne requiert pas cela, mais au contraire, elle nous oblige a nous entr'ayder pour nous affranchir reciproquement de toutes sortes d'imperfections.

  A003001038 

 La societé faitte pour le prouffit temporel entre les marchans n'a que l'image de la vraye amitié; car elle se fait non pour l'amour des personnes mais pour l'amour du gain..

  A003001044 

 C'est pourquoy, chere Philothee, j'ay voulu avant toutes choses graver et inscrire sur vostre cœur ce mot saint et sacré: VIVE JESUS, asseuré que je suis qu'apres cela, vostre vie, laquelle vient de vostre cœur comme un amandier de son noyau, produira toutes ses actions qui sont ses fruitz, escrites et gravees du mesme mot de salut, et que comme ce doux Jesus vivra dedans vostre cœur, il vivra aussi en tous vos deportemens, et paroistra en vos yeux, en vostre bouche, en vos mains, voyre mesme en vos cheveux; et pourrés saintement dire, a l'imitation de saint Paul: Je vis, mais non plus moy, ains Jesus Christ vit en moy.

  A003001044 

 Mais ce cœur mesme par lequel nous voulons commencer, requiert qu'on l'instruise comme il doit former son train et maintien exterieur, affin que non seulement on y voye la sainte devotion, mais aussi une grande sagesse et discretion.

  A003001062 

 Pour vous res-jouir en Nostre Seigneur, il faut que le sujet de vostre joye soit non seulement loysible mays honneste: ce que je dis, parce qu'il y a des choses loysibles qui pourtant ne sont pas honnestes; et affin que vostre modestie paroisse, gardes-vous des insolences lesquelles sans doute sont tous-jours reprehensibles: faire tomber l'un, noircir l'autre, piquer le tiers, faire du mal a un fol, ce sont des risees et joyes sottes et insolentes..

  A003001063 

 Mais tous-jours, outre la solitude mentale a laquelle vous vous pouves retirer emmi les plus grandes conversations, ainsy que j'ay dit ci dessus, vous deves aymer la solitude locale et reelle, non pas pour aller es desertz, [224] comme sainte Marie Egyptienne, saint Paul, saint Anthoine, Arsenius et les autres Peres solitaires, mais pour estre quelque peu en vostre chambre, en vostre jardin et ailleurs, ou plus a souhait vous puissies retirer vostre esprit en vostre cœur, et recreer vostre ame par des bonnes cogitations et saintes pensees, ou par un peu de bonne lecture, a l'exemple de ce grand Evesque Nazianzene qui, parlant de soy mesme, «Je me pourmenois,» dit-il, «moy mesme avec moy mesme sur le soleil couchant, et passois le tems sur le rivage de la mer; car j'ay accoustumé d'user de cette recreation pour me relascher et secouer un peu des ennuis ordinaires;» et la dessus il discourt de la bonne pensee qu'il fit, que je vous ay recitee ailleurs.

  A003001068 

 Mais quant aux vrayes vefves, qui le sont non seulement de cors mais aussi de cœur, nul ornement ne leur est convenable, sinon l'humilité, la modestie et la devotion; car si elles veulent donner de l'amour aux hommes elles ne sont pas vrayes vefves, et si elles n'en veulent pas donner, pourquoy en portent-elles les outilz? Qui ne veut recevoir les hostes, il faut qu'il oste l'enseigne de son logis.

  A003001068 

 On ne treuve pas non plus mauvais que les vefves a marier se parent aucunement, pourveu qu'elles ne facent point paroistre de folastrerie, d'autant qu'ayans des-ja esté meres de famille, et passé par les regretz du vefvage, on tient leur esprit pour meur et attrempé.

  A003001074 

 Mais parlés tous-jours de Dieu comme de Dieu, c'est a dire reveremment et devotement, non point faisant la suffisante ni la prescheuse, mais avec l'esprit de douceur, de charité et d'humilité, distillant autant que vous sçaves (comme il est dit de l'Espouse au Cantique des Cantiques) le miel delicieux de la devotion et des choses divines, goutte a goutte, tantost dedans l'oreille de l'un, tantost dedans l'oreille de l'autre, priant Dieu au secret de vostre ame qu'il luy plaise de faire passer cette sainte rosee jusques dans le cœur de ceux qui vous escoutent.

  A003001074 

 Sur tout il faut faire cet office angelique doucement et souëfvement, non point par maniere de correction, mais par maniere d'inspiration, car c'est merveille combien la suavité et amiable proposition de quelque bonne chose est une puissante amorce pour attirer les cœurs..

  A003001080 

 Et ceux qui pensent estre galans hommes a dire de telles parolles en conversation ne sçavent pas pourquoy les conversations sont faittes; car elles doivent estre comme essaims d'abeilles assemblees pour faire le miel de quelque doux et vertueux entretien, et non pas comme un tas de guespes qui se joignent pour succer quelque pourriture.

  A003001086 

 Non, dit le saint Apostre, ne juges pas avant le tems, jusques a ce que le Seigneur vienne, qui revelera le secret des tenebres et manifestera les conseilz des cœurs.

  A003001087 

 Aucuns jugent temerairement non point par aigreur mais par orgueil, leur estant advis qu'a mesure qu'ilz depriment l'honneur d'autruy, ilz relevent le leur propre: espritz arrogans et presomptueux, qui s'admirent eux mesmes et se colloquent si haut en leur propre estime qu'ilz voyent tout le reste comme chose petite et basse: Je ne suis pas comme le reste des hommes, disoit ce sot Pharisien..

  A003001089 

 Certes, ce peché de jugement temeraire est une jaunisse spirituelle, qui fait paroistre toutes choses mauvaises aux yeux de ceux qui en sont atteins; mais qui en veut guerir il faut qu'il mette les remedes non aux yeux, non a l'entendement, mais aux affections qui sont les pieds de l'ame: si vos affections sont douces, vostre jugement sera doux; si elles sont charitables, vostre jugement le sera de mesme..

  A003001091 

 Mais ne peut-on donq jamais juger le prochain? Non certes, jamais; c'est Dieu, Philothee, qui juge les criminelz en justice.

  A003001092 

 Ce n'est donq pas mal fait de douter du prochain, non, car il n'est pas defendu de douter, ains de juger; mais il n'est pourtant pas permis ni de douter ni de soupçonner sinon rie a rie, tout autant que les raysons et argumens nous contraignent de douter; autrement les doutes et soupçons sont temeraires.

  A003001104 

 Non, chere Philothee, il ne faut pas, pensant fuir le vice de la mesdisance, favoriser, flatter ou nourrir les autres, ains faut dire rondement et franchement mal du mal et blasmer les choses blasmables: ce que faisant, nous glorifions Dieu, moyennant que ce soit avec les conditions suivantes..

  A003001106 

 Il est vray que des pecheurs infames, publiques et manifestes on en peut parler librement, pourveu que ce soit avec esprit de charité et de compassion, et non point avec arrogance et presomption, ni pour se plaire au mal d'autruy; car pour ce dernier c'est le fait d'un cœur vil et abject.

  A003001142 

 Pour joüer et danser loysiblement, il faut que ce soit par recreation et non par affection; pour peu de tems et non jusques a se lasser ou estourdir, et que ce soit [252] rarement; car, qui en fait ordinaire, il convertira la recreation en occupation.

  A003001163 

 Non, je ne voudrois pas mesmement que l'on desirast d'avoir meilleur esprit ni meilleur jugement, car ces desirs sont frivoles et tiennent la place de celuy que chacun doit avoir de cultiver le sien tel qu'il est; ni que l'on desire les moyens de servir Dieu que l'on n'a pas, mais que l'on employe fidellement ceux qu'on a. Or, cela s'entend des desirs qui amusent le cœur; car quant aux simples souhaitz, ilz ne font nulle nuysance, pourveu qu'ilz ne soyent pas frequens..

  A003001174 

 Si on colle deux pieces de sapin ensemble, pourveu que la colle soit fine, l'union en sera si forte qu'on fendroit beaucoup plus tost les pieces es autres endroitz, qu'en l'endroit de leur conjonction; mais Dieu conjoint le mari a la femme en son propre sang, c'est pourquoy cette union est si forte que plustost l'ame se doit separer du cors de l'un et de l'autre, que non pas le mari de la femme.

  A003001177 

 C'est donq une sotte ventance d'amitié que de la vouloir exalter par la jalousie, car la jalousie est voirement marque de la grandeur et grosseur de l'amitié, mais non pas de la bonté, pureté et perfection d'icelle; puisque la perfection de l'amitié presuppose l'asseurance de la vertu de la chose qu'on ayme, et la jalousie en presuppose l'incertitude..

  A003001177 

 Et vous, o femmes, aymes tendrement, cordialement, mays d'un amour respectueux et plein de reverence, les maris que Dieu vous a donnés; car vrayement Dieu pour cela les a creés [267] d'un sexe plus vigoureux et predominant, et a voulu que la femme fust une dependance de l'homme, un os de ses os, une chair de sa chair, et qu'elle fust produite d'une coste d'iceluy, tiree de dessous ses bras, pour monstrer qu'elle doit estre sous la main et conduite du mari; et toute l'Escriture Sainte vous recommande estroittement cette subjection, laquelle neanmoins la mesme Escriture vous rend douce, non seulement voulant que vous vous y accommodiés avec amour, mais ordonnant a vos maris qu'ilz l'exercent avec grande dilection, tendreté et suavité: Maris, dit saint Pierre, portes vous discretement avec vos femmes, comme avec un vaisseau plus fragile, leur portant honneur. Mais tandis que je vous exhorte d'aggrandir de plus en plus ce reciproque amour que vous vous deves, prenes garde qu'il ne se convertisse point en aucune sorte de jalousie; car il arrive souvent que comme le ver s'engendre de la pomme la plus delicate et la plus meure, aussi la jalousie naist en l'amour le plus ardent et pressant des mariés, duquel neanmoins il gaste et corrompt la substance, car petit a petit il engendre les noises, dissensions et divorces.

  A003001179 

 Mais si a vostre louange quelqu'un adjouste le mespris de vostre mari, il vous offence infiniment, car la chose est claire que non seulement il vous veut perdre, mais vous tient des-ja pour demi perdue, puisque la moitié du marché est faite avec le second marchand quand on est desgousté du premier.

  A003001193 

 Manger, non point pour conserver la vie mais pour conserver la mutuelle conversation et condescendance que nous nous devons les uns aux autres, c'est chose grandement juste et honneste: et de mesme, la reciproque et legitime satisfaction des parties au saint Mariage est appellee par saint Paul devoir; mais devoir si grand, qu'il ne veut pas que l'une des parties [274] s'en puisse exempter sans le libre et volontaire consentement de l'autre, non pas mesme pour les exercices de la devotion, qui m'a fait dire le mot que j'ay mis au chapitre de la sainte Communion pour ce regard; combien moins donq peut-on s'en exempter pour des capricieuses pretentions de vertu ou pour les choleres et desdains..

  A003001194 

 Comme ceux qui mangent pour le devoir de la mutuelle conversation doivent manger librement et non comme par force, et de plus s'essayer de tesmoigner de l'appetit, aussi le devoir nuptial doit estre tous-jours rendu fidellement, franchement, et tout de mesme comme si c'estoit avec esperance de la production des enfans, encor que pour quelque occasion on n'eust pas telle esperance..

  A003001195 

 Manger non point pour les deux premieres raysons, mais simplement pour contenter l'appetit, c'est chose supportable mais non pas pourtant louable; car le simple playsir de l'appetit sensuel ne peut estre un objet suffisant pour rendre une action louable, il suffit bien si elle est supportable..

  A003001196 

 Manger non point par simple appetit, mais par exces et desreglement, c'est chose plus ou moins vituperable, selon que l'exces est grand ou petit..

  A003001206 

 Que non seulement la vefve soit vefve de cors, mais aussi de cœur, c'est a dire qu'elle soit resolue d'une resolution inviolable de se conserver en l'estat d'une chaste viduité; car les vefves qui ne le sont qu'en attendant l'occasion de se remarier ne sont separees des hommes que selon la volupté du cors, mais elles sont des-ja conjointes avec eux selon la volonté du cœur.

  A003001208 

 Outre cela, il faut que ce renoncement de secondes noces se face purement et simplement pour, avec plus de pureté, contourner toutes ses affections en Dieu, et joindre de toutes pars son cœur avec celuy de sa divine Majesté; car si le desir de laisser les enfans riches ou quelqu'autre sorte de pretention mondaine arreste la vefve en viduité, elle en aura peut estre la loüange, mais non pas certes devant Dieu, puisque devant Dieu rien ne peut avoir une veritable louange que ce qui est fait pour Dieu..

  A003001214 

 L'orayson soit le continuel exercice de la vefve; car ne devant plus avoir d'amour que pour Dieu, elle ne doit non plus presque avoir des parolles que pour Dieu.

  A003001216 

 Bref, la vraye vefve est en l'Eglise une petite violette de mars, qui respand une suavité nompareille par l'odeur de sa devotion, et se tient presque tous-jours cachee sous les larges feuilles de son abjection, et par sa couleur moins esclatante tesmoigne la mortification; elle vient es lieux frais et non cultivés, ne voulant estre pressee de la conversation des mondains, pour mieux conserver la fraischeur de son cœur contre toutes les chaleurs que le desir des biens, des honneurs ou mesme des amours luy pourrait apporter.

  A003001234 

 Il est vray, nous sommes encor de petitz mouchons en la devotion, nous ne sçaurions monter selon nostre dessein, qui n'est rien moindre que d'atteindre a la cime de la perfection chrestienne; mais si commençons-nous a prendre forme [293] par nos desirs et resolutions, les aisles nous commencent a sortir, il faut donq esperer qu'un jour nous serons abeilles spirituelles et que nous volerons; et tandis, vivons du miel de tant d'enseignemens que les anciens devotz nous ont laissés, et prions Dieu qu'il nous donne des plumes comme de colombe, affin que non seulement nous puissions voler au tems de la vie presente, mais aussi nous reposer en l'eternité de la future..

  A003001240 

 Que donq les ennemis de nostre salut nous presentent tant qu'ilz voudront d'amorces et d'appastz, qu'ilz demeurent tous-jours a la porte de nostre cœur pour entrer, qu'ilz nous facent tant de propositions qu'ilz voudront; mais tandis que nous aurons resolution de ne point nous plaire en tout cela, [295] il n'est pas possible que nous offensions Dieu, non plus que le prince espoux de la princesse que j'ay representee ne luy peut sçavoir mauvais gré du message qui luy est envoyé, si elle n'y a prins aucune sorte de playsir.

  A003001248 

 O Dieu, quelle detresse a une ame qui ayme Dieu, de ne sçavoir seulement pas s'il est en elle ou non, et si l'amour divin, pour lequel elle combat, est du tout esteint en elle ou non! Mais c'est la fine fleur de la perfection de l'amour celeste que de faire souffrir et combattre l'amant pour l'amour, sans sçavoir s'il a l'amour pour lequel et par lequel il combat..

  A003001252 

 Quelques tentations donques qui vous arrivent et quelque delectation qui s'ensuive, tandis que vostre volonté refusera son consentement, non seulement a la tentation mais encor a la delectation, ne vous troublés nullement, car Dieu n'en est point offensé..

  A003001258 

 C'est tous-jours chose blasmable a la jeune [301] princesse de laquelle nous avons parlé, si non seulement elle escoute la proposition sale et deshonneste qui luy est faitte, mais encores apres l'avoir ouïe elle prend playsir en icelle, entretenant son cœur avec contentement sur cet objet; car bien qu'elle ne veuille pas consentir a l'execution reelle de ce qui luy est proposé, elle consent neanmoins a l'application spirituelle de son cœur par le contentement qu'elle y prend, et c'est tous-jours chose deshonneste d'appliquer ou le cœur ou le cors a chose deshonneste; ains la deshonnesteté consiste tellement a l'application du cœur, que sans icelle l'application du cors ne peut estre peché.

  A003001259 

 Par exemple, si le galant qui luy veut donner de l'amour sonnoit exquisement bien du luth et qu'elle print playsir, non pas a la recherche qui est faitte de son amour, mais a l'harmonie et douceur du son du luth, il n'y auroit point de peché, bien qu'elle ne devrait pas continuer longuement en ce playsir, de peur de faire passage d'iceluy a la delectation de la recherche.

  A003001268 

 Que si, apres tout cela, la tentation s'opiniastre a nous travailler et persecuter, nous n'avons rien a faire sinon a nous opiniastrer de nostre costé en la protestation de ne vouloir point consentir; car, comme les filles ne peuvent estre mariees pendant qu'elles disent que non, ainsy l'ame quoy que troublee, ne peut jamais estre offensee pendant qu'elle dit que non..

  A003001279 

 Mesprises donques ces menues attaques et ne daignes pas seulement penser a ce qu'elles veulent dire, mais laisses les bourdonner autour de vos oreilles tant qu'elles voudront, et courir ça et la autour de vous, comme l'on fait des mouches; et quand elles viendront vous piquer et que vous les verres aucunement s'arrester en vostre cœur, ne faites autre chose que de tout simplement les oster, non point combattant contre elles ni leur respondant, mais faisant des actions contraires, quelles qu'elles soyent, et specialement de l'amour de Dieu.

  A003001297 

 Quand vous sentires arriver l'inquietude, recommandes-vous a Dieu et resoulves-vous de ne rien faire du tout de ce que vostre desir requiert de vous que l'inquietude ne soit totalement passee, sinon que ce fust chose qui ne se peust differer; et alhors il faut, avec un doux et tranquille effort, retenir le courant de vostre desir, l'attrempant et moderant tant qu'il vous sera possible, et sur cela, faire la chose non selon vostre desir, mais selon la rayson..

  A003001315 

 Qui nous separera de l'amour et charité de Dieu? Non, jamais rien ne nous separera de cet amour: ni la tribulation, ni l'angoisse, ni la mort, ni la vie, ni la douleur presente, ni la crainte des accidens futurs, ni les artifices des malins espritz, ni la hauteur des consolations, ni la profondité des afflictions, ni la tendreté, ni la secheresse ne nous doit jamais separer de cette sainte charité qui est fondee en Jesus Christ..

  A003001317 

 Non, chere Philothee, la devotion et cela ne sont pas une mesme chose; car il y a beaucoup d'ames qui ont de ces tendretés et consolations, qui neanmoins ne laissent pas d'estre fort vicieuses, et par consequent n'ont aucun vray amour de Dieu et, beaucoup moins, aucune vraye devotion.

  A003001318 

 Mais quand ce vient a l'essay, on treuve que comme les pluyes passageres d'un esté bien chaud, qui tombans en grosses gouttes sur la terre ne la penetrent point et ne servent qu'a la production des champignons, ainsy ces larmes et tendretés tombans sur un cœur vicieux et ne le penetrans point, luy sont tout a fait inutiles: car pour tout cela, les pauvres gens ne quitteroyent pas un seul liard du bien mal acquis qu'ilz possedent, ne renonceroyent pas une [319] seule de leurs perverses affections, et ne voudroyent pas avoir pris la moindre incommodité du monde pour le service du Sauveur sur lequel ilz ont pleuré; en sorte que les bons mouvemens qu'ilz ont eus, ne sont que des certains champignons spirituelz, qui non seulement ne sont pas la vraye devotion, mais bien souvent sont des grandes ruses de l'ennemi, qui, amusant les ames a ces menues consolations, les fait demeurer contentes et satisfaittes en cela, a ce qu'elles ne cherchent plus la vraye et solide devotion, qui consiste en une volonté constante, resolue, prompte et active d'executer ce que l'on sçait estre aggreable a Dieu..

  A003001322 

 Il faut, outre tout cela, renoncer de tems en tems a telles douceurs, tendretés et consolations, separans nostre cœur d'icelles et protestans qu'encor que nous les acceptions humblement et les aymions, parce que Dieu nous les envoye et qu'elles nous provoquent a son amour, ce ne sont neanmoins pas elles que nous cherchons, mais Dieu et son saint amour: non la consolation, mais le Consolateur; non la douceur, mais le doux Sauveur; non la tendreté, mais [324] Celuy qui est la suavité du ciel et de la terre; et en cette affection nous nous devons disposer a demeurer fermes au saint amour de Dieu, quoy que de nostre vie nous ne deussions jamais avoir aucune consolation, et de vouloir dire egalement sur le mont de Calvaire, comme sur celuy de Thabor: O Seigneur, il m'est bon d'estre avec vous, ou que vous soyes en croix, ou que vous soyes en gloire.

  A003001322 

 Mais apres cela, parlant generalement et pour l'ordinaire, recevons humblement ces graces et faveurs et les estimons extremement grandes, non tant parce qu'elles le sont en elles mesmes, comme parce que c'est la main de Dieu qui nous les met au cœur; comme feroit une mere qui pour amadouer son enfant, luy mettroit elle mesme les grains de dragee en bouche, l'un apres l'autre, car si l'enfant avoit de l'esprit, il priseroit plus la douceur de la mignardise et caresse que sa mere luy fait, que la douceur de la dragee mesme.

  A003001322 

 il nous faut beaucoup humilier devant Dieu; gardons-nous bien de dire pour ces douceurs: o que je suis bon! Non, Philothee, ce sont des biens qui ne nous rendent pas meilleurs, car, comme j'ay dit, la devotion ne consiste pas en cela; mais disons: o que Dieu est bon a ceux qui esperent en luy, a l'ame qui le recherche! Qui a le sucre en bouche ne peut pas dire que sa bouche soit douce, mais ouy bien que le sucre est doux: ainsy, encor que cette douceur spirituelle est fort bonne, et Dieu qui nous la donne est tresbon, il ne s'ensuit pas que celuy qui la reçoit soit bon.

  A003001335 

 Humilies-vous grandement devant Dieu en la connoissance de vostre neant et misere: Helas, qu'est-ce que de moy quand je suis a moy mesme? non autre chose, o Seigneur, sinon une terre seche, laquelle crevassee de toutes pars, tesmoigne la soif qu'elle a de la pluye du ciel, et ce pendant le vent la dissipe et reduit en poussiere..

  A003001338 

 Disons donq a Dieu en ce tems la: O Pere, s'il est possible, transportes de moy ce calice, mais [328] adjoustons de grand courage: toutefois, non ma volonté, mais la vostre soit faitte, et arrestons-nous a cela avec le plus de repos que nous pourrons; car Dieu nous voyant en cette sainte indifference nous consolera de plusieurs graces et faveurs, comme quand il vit Abraham resolu de se priver de son enfant Isaac, il se contenta de le voir indifferent en cette pure resignation, le consolant d'une vision tres aggreable et par des tres douces benedictions.

  A003001341 

 La bienheureuse Angele de Foligny dit que «l'orayson la plus aggreable a Dieu est celle qui se fait par force et contrainte,» c'est a dire celle a laquelle nous nous rangeons, non point pour aucun goust que nous y ayons, ni par inclination, mais purement pour plaire a Dieu, a quoy nostre volonté nous porte comme a contrecœur, forçant et violentant les secheresses et repugnances qui s'opposent a cela.

  A003001348 

 Que nous ne devons jamais perdre courage entre les ennuis interieurs, ni dire comme le bon Geoffroy, « Jamais je ne seray joyeux, » car emmi la nuit nous devons attendre la lumiere; et reciproquement, au plus beau tems spirituel que nous puissions avoir, il ne faut pas dire, je ne seray jamais ennuyé: non, car, comme dit le Sage, es jours heureux, il se faut resouvenir du malheur.

  A003001365 

 Si les paroles raysonnables donnees aux hommes nous obligent estroittement, combien plus celles que nous avons donnees a Dieu: Ha, Seigneur, disoit David, c'est a vous a qui mon cœur l'a dit; mon cœur a projette cette bonne parole; non, jamais je ne l'oublieray..

  A003001395 

 Le cœur bien ordonné dit plus souvent en soy mesme: que diront les Anges si je pense a telle chose? que non pas: que diront les hommes?.

  A003001435 

 Consideres la noblesse et excellence de vostre ame, qui a un entendement lequel connoist non seulement tout ce monde visible, mais connoist encor qu'il y a des Anges et un Paradis; connoist qu'il y a un Dieu tres souverain, tres bon et ineffable; connoist qu'il y a une eternité, et de plus connoist ce qui est propre pour bien vivre en ce monde visible, pour s'associer aux Anges en [353] Paradis et pour jouir de Dieu eternellement.

  A003001437 

 Helas, nostre cœur courant aux creatures, il y va avec des empressemens, pensant de pouvoir y accoiser ses desirs; mais si tost qu'il les a rencontrees, il void que c'est a refaire et que rien ne le peut contenter, Dieu ne voulant que nostre cœur treuve aucun lieu sur lequel il puisse reposer, non plus que la colombe sortie de l'arche de Noé, affin qu'il retourne a son Dieu duquel il est sorti.

  A003001447 

 Consideres l'exemple des Saintz de toutes sortes: qu'est-ce qu'ilz n'ont pas fait pour aymer Dieu et estre ses devotz? Voyes ces Martyrs invincibles en leurs resolutions, quelz tourmens n'ont-ilz pas souffert pour les maintenir? Mais sur tout, ces belles et florissantes dames, plus blanches que les lys en pureté, plus vermeilles que la rose en charité, les unes a douze, les autres a treize, quinze, vingt et vingt cinq ans, ont souffert mille sortes de martyres, plustost que de renoncer a leur resolution, non seulement en ce qui estoit de la profession de la foy, mais en ce qui estoit de la protestation de la devotion: les unes mourans plustost que de quitter la virginité, les autres plustost que de cesser de servir les affligés, et consoler les tourmentés, et ensevelir les trespassés.

  A003001459 

 O Dieu, quelles resolutions sont-ce cy, que Dieu a pensees, meditees, projettees des son eternité! Combien [359] nous doivent-elles estre cheres et pretieuses, que devrions-nous souffrir plustost que d'en quitter un seul brin! Non pas certes si tout le monde devoit perir, car aussi tout le monde ensemble ne vaut pas une ame, et une ame ne vaut rien sans nos resolutions..

  A003001463 

 Non, ni la vanité, ni les delices, ni les richesses, ni les tribulations ne m'arracheront jamais mon dessein.

  A003001469 

 Ce jour que vous aures fait ce renouvellement et les autres suivans, vous deves fort souvent redire de cœur et de bouche ces ardentes paroles de saint Paul, de saint Augustin, de sainte Catherine de Gennes et autres: Non, je ne suis plus mienne, ou que je vive ou que je meure, je suis a mon Sauveur; je n'ay plus de moy ni de mien: mon moy, c'est Jesus, mon mien, c'est d'estre sienne; o monde, vous estes tous-jours vous mesme, et moy j'ay tous-jours esté moy mesme, mais doresnavant je ne seray plus moy mesme.

  A003001469 

 Non, nous ne serons plus nous mesmes, car nous aurons le cœur changé, et le monde qui nous a tant trompés sera trompé en nous, car ne s'appercevant pas de nostre changement que petit a petit, il pensera que nous soyons tous-jours des Esaü, et nous nous treuverons des Jacob..

  A003001474 

 Combien y a-il de lois civiles aux Digestes et au Code, lesquelles doivent estre observees; mais cela s'entend selon les occurrences, et non pas qu'il les faille toutes prattiquer tous les jours.

  A003001479 

 Refaites tous les premiers jours du mois la protestation qui est en la premiere Partie, apres la meditation, et a tous momens protestés de la vouloir observer, disant avec David: Non, jamais eternellement je n'oublieray vos justifications, o mon Dieu, car en icelles vous m'aves vivifiee. Et quand vous sentirés quelque detraquement en vostre ame, prenes vostre protestation en main, et prosternee en esprit d'humilité proferes-la de tout vostre cœur, et vous treuverés un grand allegement..

  A003001506 

 Mais il faut sans doute que ce soit un cœur paternel: et c'est pourquoy les Apostres et hommes apostoliques appellent leurs disciples non seulement leurs enfans, mais encor plus tendrement leurs petits enfans.

  A003001507 

 Au demeurant, mon cher Lecteur, il est vray que j'escris de la vie devote, sans estre devot, mais non pas certes sans desir de le devenir: et c'est cette seule affection qui me pousse à t'en instruire.

  A003001508 

 Or il m'est advis, mon Lecteur mon amy, qu'estant Evesque, Dieu veut, que je peigne sur les cœurs des personnes non seulement les vertus communes, mais encore sa tres-chere et bien aymée devotion: et moy je l'entreprens volontiers, tant pour obéir et faire mon devoir, que pour l'esperance que j'ay que la gravant dans l'esprit des autres, le mien à l'adventure en deviendra saintement amoureux: et si jamais sa divine Majesté me voit vivement espris de ce sainct amour, elle me la donnera en mariage eternel.

  A003001537 

 La vraye et vivante devotion, ô Philothée, presuppose l'amour de Dieu, ains elle n'est autre chose qu'un amour de Dieu, mais non pas un amour tel quel: l'amour divin entant qu'il embelit nostre ame il s'apelle grace, nous rendant agreables à sa divine Majesté: entant qu'il nous donne la force d'operer, il s'apelle charité.

  A003001538 

 Car alors comme un homme bien sain, non seulement il chemine, mais il court et saute en la voye des commandemens de Dieu, et de plus par les sentiers des conseils et inspirations celestes.

  A003001538 

 Et d'autant que la devotion gist en certain degré d'excellente charité, non seulement elle nous rend prompts, actifs et diligents à l'observation de tous les commandemens de Dieu, mais outre cela elle nous provoque à faire promptement et affectionnement le plus de bonnes œuvres que nous pouvons, encor qu'elles ne soyent nullement commandees, ains seulement conseillees ou inspirees.

  A003001542 

 Mais comme Josue et Caleb protestoient que la terre promise estoit, [15*] non seulement bonne et belle, mais aussi que la possession en seroit douce et agreable: de mesme le Saint Esprit par la bouche de tous les Saints, et nostre Seigneur par la sienne mesme nous asseure que la vie devote est une vie douce, heureuse, et amyable..

  A003001549 

 Je vous prie, Philothee, seroit il à propos que l'Evesque voulut estre solitaire comme le Chartreux; et si les mariez ne vouloient rien amasser non plus que les Capucins, si l'artisan estoit tout le jour à l'Eglise comme les religieux, et si le religieux estoit tousjours au tracas des affaires comme un advocat, cette devotion ne seroit elle pas ridicule, desreglée et insuportable? Cette faute neantmoins arrive bien souvent: et le monde qui ne [17*] discerne pas, ou ne veut pas discerner entre la devotion et indiscretion de ceux qui pensent estre devots, murmure et blasme la devotion, laquelle neantmoins ne peut mays de ces desordres..

  A003001549 

 La devotion doibt estre differemment exercee par le Gentil-homme, par l'artisan, par le valet, par le Prince, par la vefve, par la fille, par la mariee: et non seulement cela, mais il faut accommoder la praticque de la devotion aux forces, aux affaires et devoirs de chasques particuliers.

  A003001550 

 Mais la vraye devotion fait encore mieux: car non seulement elle ne gaste nulle sorte de vocation ny d'affaires, ains au contraire elle les orne et embellit.

  A003001550 

 Non, Philothee, la devotion ne gaste rien quand elle est vraye, ains elle perfectionne tout: et lors qu'elle se rend contraire à la legitime vocation de quelqu'un, elle est sans doubte fausse.

  A003001579 

 Ainsi Magdaleine en sa conversion perdit tellement le goust des pechez, et des plaisirs qu'elle y avoit prins, que jamais plus elle n'y pensa: et David protestoit de non seulement haïr le peché, mais aussi toutes les voyes et sentiers d'iceluy: en ce poinct consiste le rajeunissement de l'ame, que ce mesme Prophete compare au renouvellement de l'aigle..

  A003001579 

 Mais si c'est une haine mortelle, et violente, non seulement nous fuyons, et aborrons celuy à qui nous la portons, ains nous avons à degoust, et ne pouvons souffrir la conversation de ses alliez, parens et amis, non pas mesme son image ny chose qui luy apartient: ainsi quand le penitent ne hayt le péché que par une legere quoy que vraye contrition, il se resoult voirement bien de ne plus pecher: mais quand il le hayt d'une contrition puissante, et vigoureuse, non seulement il deteste le peché, ains encor toutes les affections, dependances, et acheminemens [25*] du peché.

  A003001596 

 Mais helas, mon Createur, en lieu de m'unir à vous par amour, et service, je me suis rendue toute rebelle par mes desreglees affections, me separant, et eslognant de vous, pour me joindre au peché et à l'iniquité, n'honorant non plus vostre bonté que si vous n'eussiez pas esté mon Createur..

  A003001622 

 Et vous, ô mon Dieu, mon Seigneur, vous serez d'oresnavant le seul objet de mes pensees: non, jamais je n'appliqueray mon esprit à des cogitations qui vous soient desagreables: ma memoire se remplira tous les jours de ma vie de la grandeur de vostre debonnaireté, si doucement exercée en mon endroit: vous serez les delices de mon cœur, et la suavité de mes affections..

  A003001668 

 O Seigneur, non jamais plus, moyennant vostre grace, non jamais plus je ne m'abandonneray au peché.

  A003001686 

 Quand sera ce? sera ce en hyver ou en esté? en la ville ou au village? de jour ou de nuict? Sera ce [33*] à l'impourveu ou avec advertissement? Sera ce de maladie ou d'accident? Aurez vous le loisir de vous confesser ou non? Serez vous assistée de vostre Confesseur et pere spirituel, ou non? Helas de tout cela nous n'en sçavons rien du tout: seulement cela est asseuré que nous mourrons et tousjours plus tost que nous ne pensons..

  A003001689 

 Considerez les empressemens qu'on aura pour lever ledit corps, et le cacher en terre, et que cela fait, le monde ne pensera plus guere en vous, ny n'en fera plus memoire, non plus que vous n'avez guere pensé aux autres.

  A003001690 

 Helas où ira la vostre? quelle voye tiendra elle? non autre que celle qu'elle aura commancée en ce monde..

  A003001759 

 O puis qu'il vous a pieu, mon bon, et souverain Seigneur, redresser mes pas en vos voyes, non jamais plus je ne retourneray en derriere: allons, ô ma chere ame, allons en ce repos infini: cheminons à cette benite terre qui nous est promise: que faisons nous en cet Egypte?.

  A003001781 

 O Jesus, mon Sauveur, j'accepte vostre amour eternel, et advoüe l'acquisition que vous avez faite pour moy d'une place, et logis en cette bien heureuse Hierusalem, non tant pour aucune autre chose, comme pour vous aimer, et benir à jamais..

  A003001800 

 O monde, ô troupe abominable, non jamais vous ne me verrez soubs vostre drapeau.

  A003001812 

 Le second moyen de se mettre en cette sacrée presence, c'est de penser, que non seulement Dieu est au lieu où vous estes, mais qu'il est tres particulierement en vostre cœur, et au fond de vostre esprit, lequel il vivifie, et anime de sa divine presence, estant là comme le cœur de vostre cœur, et l'esprit de vostre esprit: car comme l'ame est respandue par tout le corps, se trouvant presente [44*] en toutes les parties d'iceluy, et reside neantmoins au cœur d'une specialle residence: de mesme Dieu estant tres present à toutes choses, assiste toutefois d'une specialle façon à nostre esprit: et pour cela David appelloit Dieu, Dieu de son cœur, et sainct Paul disoit que nous vivons, nous nous mouvons, et sommes en Dieu.

  A003001814 

 Mais si le tressaint Sacrement de l'autel estoit present, allors cette presence seroit reelle, et non purement imaginaire: car les especes et aparences du pain seroient comme une tapisserie dessous laquelle nostre Seigneur estant reellement present, il nous voit, et considere, quoy que nous ne le voyons pas en sa propre forme.

  A003001842 

 C'est le grand fruit de la meditation sans lequel elle est bien souvent, non seulement inutile mais nuisible, parce que les vertus meditées, et non pratiquées enflent bien souvent l'esprit, et le courage: nous estant bien advis que nous sommes tels que nous avons resolu, et deliberé d'estre: ce qui est sans doute veritable, quand les resolutions sont vives, et solides, mais elles ne sont pas telles, si elles ne sont pratiquees, ains sont vaines, et dangereuses.

  A003001844 

 Ce que je dis non seulement pour les autres affections, mais aussi pour l'action de graces, l'offrande et la priere, qui se peuvent faire parmy les considerations: et ne les faut non plus retenir que les autres affections; bien que par apres pour la conclusion de la meditation il faille les repeter, et reprendre.

  A003001849 

 Mais s'il ne luy plait pas de nous faire cette grace, nous laissant là sans nous parler, non plus que s'il ne nous voyoit pas, et que nous ne fussions pas en sa presence: nous ne devons pourtant pas sortir, ains au contraire nous devons demeurer là devant cette souveraine bonté, avec un maintien devotieux, et paisible, et lors infalliblement il agreera nostre patience, et remarquera nostre assiduité, et perseverence: si que une autre fois quand nous reviendrons devant luy, il nous favorisera, et s'entretiendra avec nous par ses consolations, nous faisant voir l'amenité de la sainte Oraison.

  A003001853 

 Simon le lepreux disoit que Magdeleine estoit pecheresse; mais nostre Seigneur dit que non, et ne parle plus, sinon des parfuns qu'elle respandist, et de la grandeur de sa charité.

  A003001879 

 Mais tandis vivons du miel de tant d'enseignemens que les anciens devots nous ont laissez, et prions Dieu qu'il nous donne des plumes comme de colombe, afin que non seulement nous puissions voiler au temps de la vie presente, mais aussi nous reposer en l'eternité de la future.

  A003001885 

 Que si le peché veniel luy deplait, la volonté, et l'affection que l'on a au peché veniel n'est autre chose qu'une resolution de vouloir deplaire à sa divine [63*] Majesté; est il bien possible qu'une ame bien née vueille non seulement deplaire à son Dieu, mais affectionner de luy deplaire?.

  A003001887 

 Mais si nous leur permettons d'arrester dans nos cœurs, et non seulement cela, mais que nous affectionnons à les y retenir et multiplier, bien tost nous verrons nostre miel perdu, et la ruche de nostre conscience empestee, et defaite.

  A003001892 

 Ainsi les anciens Nazariens s'abstenoient non seulement de tout ce qui pouvoit enyvrer, mais aussi des raisins, et du verjus: non point que les raisins ny le verjus enyvre, mais parce qu'il y avoit danger en mangeant du verjus d'exciter le desir de manger des raisins, et en mangeant des raisins de provoquer l'appetit à boire du moust, et du vin.

  A003001896 

 Par exemple, saincte Paule selon le recit de sainct Hierosme avoit une grande inclination aux tristesses et regrets: si que en la mort de ses enfans et de son mary elle courut tousjours fortune de mourir de desplaisir: cela c'estoit une imperfection, et non point un peché, puis que c'estoit contre son gré et sa volonté.

  A003001917 

 Par exemple, si je prevoy de devoir traitter de quelque affaire avec une personne passionnée et prompte à la colere, non seulement je me resoudray de ne point me relascher à l'offencer, mais je prepareray des parolles de douceur pour le prevenir, ou l'assistance de quelque personne qui le puisse contenir.

  A003001925 

 Cest exercice icy ne doit jamais estre oublié, non plus que celuy du matin: car par celuy du matin vous ouvrez les fenestres de vostre ame au Soleil de justice, et par celuy du soir vous les fermez aux tenebres de l'enfer..

  A003001948 

 Et puis (afin que je le die une fois pour toutes) il y a tousjours plus de bien et de consolation aux offices publiques de l'Eglise, que non pas aux actions particulieres: Dieu ayant ainsi ordonné que la communion soit preferée à toute sorte de particularité..

  A003001948 

 Outre cela, Philothee, les festes et Dimanches il faut assister à l'office des Heures et des Vespres, tant que vostre commodité le permettra; car ces jours là sont dediez à Dieu, et faut bien faire plus d'actions à son honneur et gloire en iceux, que non pas aux autres jours.

  A003001968 

 Je n'espargneray donc point de dire: je me suis relachée de dire des parolles de courroux, contre une personne ayant prins de luy en mauvaise part quelque parolle qu'il m'a dit, non point pour la qualité des parolles, mais parce que celuy là m'estoit desagreable: et s'il est encore besoing de particulariser les parolles pour vous bien declarer, je pense qu'il seroit bon de les dire.

  A003001974 

 Et parce que cette disposition là quoy que exquise se peut treuver en plusieurs bonnes ames; il n'est pas bon non plus d'en divertir et dissuader generallement un chacun, ains cela se doit traitter par la consideration de l'estat interieur d'un chacun en particulier.

  A003001975 

 Vous estes en la vraye disposition que S. Augustin requiert, et encore plus excellente: parce que non seulement vous n'avez pas l'affection de pecher, mais vous n'avez pas mesme l'affection du peché: si que quand vostre Pere spirituel le treuveroit bon, vous pourriez utilement encore communier plus souvent que tous les Dimanches..

  A003001976 

 Plusieurs legitimes empeschemens peuvent neantmoins vous [86*] arriver: non point de vostre costé, mais de la part de ceux avec lesquels vous vivez, qui donneroient occasion au sage Pere spirituel de vous dire que vous ne communiez pas si souvent.

  A003001978 

 C'est chose indecente, bien que non pas grand peché, de soliciter le payement du devoir nuptial, le jour que l'on s'est communié; mais ce n'est pas chose mal seante, ains plustost [87*] meritoire de le payer.

  A003001986 

 Non, le Sauveur ne peut estre consideré en une action, ny plus amoureuse, ny plus tendre que celle-cy: en laquelle il s'aneantit, par maniere de dire, et se reduit en viande, afin de penetrer et s'unir intimement au cœur et au corps de ses fidelles.

  A003001993 

 Car encores que hors la Religion elles ne puissent pas nous mettre en l'estat de perfection, elles nous donneront neantmoins la perfection mesme: et nous sommes tous obligez à la pratique d'icelles, quoy que non pas tous à les pratiquer de mesme façon..

  A003001993 

 Je ne diray rien de ces trois vertus, entant qu'elles sont vouées solemnellement, parce que cela ne regarde que les Religieux: ny mesme entant qu'elles sont voüées simplement: d'autant qu'encor que le vœu donne tousjours beaucoup de graces et de merite à toutes les vertus, si est-ce qu'il n'importe pas qu'elles soient voüées ou non voüées, pourveu qu'elles soient observées.

  A003002009 

 Pour le second, retranchés, tant qu'il vous sera possible les delectations inutiles et superflues, quoy que loisibles et non defendues: pour le troisiesme n'attachés point vostre affection aux plaisirs et voluptés, qui vous sont commandées et ordonnées.

  A003002010 

 Or manger pour conserver la vie c'est chose bonne, saincte, et commandée; manger, non point pour conserver la vie, mais pour conserver la juste conversation que nous devons à nostre famille, c'est chose honneste et juste: manger par simple plaisir sans excez, c'est chose tolerable, non pas toutefois louable; mais manger avec exces, selon que l'exces est grand ou petit, c'est chose ou plus ou moins vituperable; et l'exces du manger et du boire ne consiste pas seulement en la quantité, et à trop manger, mais aussi en la façon et maniere de manger.

  A003002015 

 Les abeilles non seulement ne veulent pas toucher les charongnes, mais fuyent et hayssent extremement toutes sortes de puanteurs qui en proviennent.

  A003002022 

 Non, ne mettez pas cet esprit celeste dedans les biens terrestres: faites qu'il leur soit tousjours superieur, sur eux, et non pas en eux.

  A003002023 

 Ce sera, Philothee, si vous les avez en vostre maison, en vostre coffre, en vostre bourse, et non pas en vostre cœur.

  A003002024 

 Jamais on n'en a trop: il se treuve tousjours certaines necessitez d'en avoir d'avantage: et mesme les plus avares, non seulement ne confessent pas de l'estre, mais ils ne pensent pas en leur conscience de l'estre..

  A003002027 

 Attendez, ma chere Philothee, de desirer le bien du prochain, quand il commencera à desirer de s'en defaire: car alors son desir rendra le vostre non seulement juste, mais charitable.

  A003002027 

 Ouy, car je veux bien que vous ayez soin d'accroistre vos moyens et facultez, pourveu que ce soit non seulement justement, mais doucement et charitablement..

  A003002037 

 Il est vray que Dieu vous le rendra, non pas seulement en l'autre monde, [103*] mais en cellui-cy: car il n'y a rien qui fasse tant prosperer temporellement que l'aumosne: mais en attendant que Dieu vous le rende vous serez tousjours appauvrie de cela.

  A003002043 

 Quand nos moyens nous tiennent au cœur, si la tempeste, si le larron, si le chiquaneur nous [105*] en arrache quelque partie, quelles plaintes, quels troubles, quelles impatiences en avons nous? Mais quand nos biens ne tiennent qu'au soin que Dieu veut que nous en ayons, et non pas à nostre cœur, si on nous les arrache, nous n'en perdons pourtant pas le sens, ny la tranquillité.

  A003002058 

 Mais quant aux vrayes vefves, qui le sont, non seulement de corps, mais aussi de cœur, nul ornement ne leur est convenable, sinon l'humilité, la modestie et la devotion: car si elles veulent donner de l'amour aux [108*] hommes, elles ne sont pas vrayes vefves; et si elles n'en veulent pas donner, pourquoy en portent elles les outils? Qui ne veut recevoir les hostes, il faut qu'il oste l'enseigne de son logis.

  A003002058 

 On ne treuve pas non plus mauvais que les vefves à marier se parent aucunement, pourveu qu'elles ne fassent point paroistre de folastrerie; d'autant qu'ayant desja esté meres de famille, et passé par les regrets du vefvage, on tient leur esprit pour meur et attrempé.

  A003002074 

 Outre la solitude mentale, vous devés aimer la solitude locale et reelle, non pas pour vous retirer dans les deserts, comme saincte Marie Egiptienne, sainct Paul premier hermite, et les autres Peres solitaires; mais pour vous retirer dedans vostre chambre ou en quelque autre lieu, auquel separée de tous les hommes, vous puissiés traitter cœur à cœur de vostre ame avec son Dieu, pour dire avec David: J'ay veillé et ay esté semblable au pelican de la solitude: J'ay esté fait comme le chat-huan ou le hyboux, dans les mazures et comme le passereau solitaire au toict.

  A003002078 

 La parolle deshonneste tombant dans un cœur foible, s'estend et se dilatte comme une goutte d'huile tombant sur le drap; et quelquefois elle saisit tellement le cœur, qu'elle le remplit de mille pensées et tentations lubriques: et ceux qui pensent estre galants hommes à dire de telles parolles en conversation, ne sçavent pas pourquoy les conversations sont faictes; car elles doivent estre comme esseins d'abeilles, assemblées pour faire le miel de quelque doux et vertueux entretien, et non pas comme un tas de guespes qui se joignent pour succer quelque pourriture.

  A003002083 

 Si je dis à un inferieur, vous estes un sot, ou une beste, il interpretera ces mots à cholere, non pas à correction; si que il n'en fera nullement son proffit: mais si je luy remonstre sa faute avec des paroles roides et fermes, sans tesmoignage de courroux, il s'en rendra plus aysement..

  A003002091 

 Il est vray que des pecheurs infames, publiques, et manifestes on en peut parler librement, pourveu que ce soit avec esprit de charité et de compassion, et non point avec arrogance et presumption, ny pour se plaire au mal d'autruy: car pour ce dernier c'est le fait d'un cœur vil et abjet.

  A003002134 

 La communication des voluptés charnelles est une mutuelle propension et amorce brutalle, laquelle ne peut non plus porter le nom d'amitié entre les hommes, que celles des asnes et chevaux pour semblables effets: et s'il n'y avoit nulle autre communication au Mariage, il n'y auroit non plus nulle amitié.

  A003002135 

 La societé faite pour le proffit temporel entre les marchands n'a que l'image de la vraye amitié: car ces associations se font, non pour l'amour des personnes, mais pour l'amour du gain..

  A003002153 

 Non je ne voudrois pas mesmement que l'on desirast d'avoir meilleur esprit, ny meilleur jugement: car ces desirs sont frivoles, et tiennent la place de celuy que chacun doit avoir de cultiver le sien tel qu'il est: ny que l'on desire les moyens de servir Dieu que l'on n'a pas, mais que l'on employe fidellement ceux qu'on a. Or cela s'entend des desirs qui amusent le cœur; car quant aux simples souhaits ils ne font nulle nuysance, pourveu qu'ils ne soyent pas frequens..

  A003002172 

 Quand vous sentirés arriver l'inquietude, recommandez vous à Dieu, et resolvez vous de ne rien faire du tout de ce que vostre desir requiert de vous, que l'inquietude ne soit totallement passée: sinon que ce fut chose qui ne se peut differer; et alors il faut avec un doux et tranquille effort, retenir le courant de vostre desir, et l'attremper ou moderer tant qu'il vous sera possible, et faire la chose, non selon vostre desir, mais selon la raison..

  A003002195 

 Et vous, ma Philothee, parlés souvent de Dieu és devis familiers que vous ferés avec vos amis et voisins: mais tousjours parlés en comme de Dieu, c'est à dire reveremment et devotement: non point faisant la suffisante ny la prescheuse, mais avec esprit de douceur, de charité et d'humilité, distillant (comme il est dit de l'Espouse au Cantique des Cantiques) le miel delicieux de ce que vous sçaurez de la devotion et des choses divines, goutte à goutte, tantost dedans l'aureille de l'un, tantost dedans l'aureille de l'autre: priant Dieu au secret de vostre ame, qu'il luy plaise de faire passer ceste saincte rosée jusques dedans le cœur de ceux qui vous escoutent..

  A003002196 

 Mais, comme j'ay dit, il faut faire cet office Angelique doucement et souëfvement, non point par maniere de correction, mais par maniere d'inspiration: car c'est merveille combien la suavité et amiable proposition de quelque bonne chose est une puissante amorce pour attirer les cœurs..

  A003002219 

 Or à tout cecy sert merveilleusement de bien prattiquer l'exercice du matin, et les retraites spirituelles, que j'ay marquées cy dessus: car par ce moyen nous nous preparons à faire le bien d'une preparation non seulement generalle, mais aussi particuliere..

  A003002225 

 Que doncques les ennemis de nostre salut nous presentent tant qu'ils voudront d'amorces et d'apasts: qu'ils demeurent tousjours à la porte de nostre cœur pour entrer: qu'ils nous facent tant de propositions qu'ils voudront; mais tandis que nous aurons resolution de ne point nous plaire en tout cela, il n'est pas possible que nous offensions Dieu, non plus que le Prince espoux de la Princesse que j'ay representé, ne luy peut sçavoir mauvais gré du message qui luy est envoyé, si elle n'y a prins aucune sorte de plaisir.

  A003002233 

 Voyez vous, Philothee, comme ce feu estoit couvert de la cendre, et que la tentation et delectation estoit mesme entrée dedans le cœur, et avoit environné la volonté, laquelle seule asistée de son Sauveur resistoit par des amertumes, des desplaisirs et detestations du mal qui luy estoit suggeré, refusant perpetuellement son consentement au peché qui l'environnoit? O Dieu quelle detresse à une ame qui ayme Dieu de ne sçavoir seulement pas si il est en elle ou non, et si l'amour divin pour lequel elle combat est du tout esteint en elle, ou non.

  A003002238 

 Quelles tentations donques qui vous arrivent et quelle delectation qui s'en ensuive, tandis que vostre volonté refusera son consentement, non seulement à la tentation, mais encor à la delectation, ne vous troublés nullement, Philothee, car Dieu n'en est point offencé.

  A003002243 

 C'est tousjours chose blasmable à la jeune Princesse de laquelle nous avons parlé, si non seulement elle escoute la proposition salle et deshonneste qui luy est faicte, mais encore apres l'avoir ouïe elle prend plaisir en icelle, entretenant son cœur avec contentement sur cet object: car bien qu'elle ne vueille pas consentir à l'execution reelle de ce qui luy est proposé, elle consent neantmoins à l'application spirituelle de son cœur, par [149*] le contentement qu'elle y prend: et c'est tousjours chose deshonneste d'appliquer ou le cœur, ou le corps à chose deshonneste; ains la deshonnesteté consiste tellement à l'application du cœur, que sans icelle l'application du corps ne peut estre peché..

  A003002245 

 Par exemple, si le galand qui luy veut donner de l'amour sonnoit exquisiment bien du luth, et qu'elle print plaisir, non pas à la recherche qui est faite de son amour, mais à l'harmonie et douceur du son du luth, il n'y auroit point de peché, bien qu'elle ne devroit pas continuer longuement en ce plaisir, de peur de faire passage d'iceluy à la delectation de la recherche.

  A003002255 

 Que si apres tout cela la tentation s'opiniastre à nous travailler et persecuter, nous n'avons rien à faire, sinon à nous opiniastrer de nostre costé en la protestation de ne vouloir point consentir: car comme les filles ne peuvent estre mariées pendant qu'elles disent que non; ainsi l'ame, quoy que troublée ne peut jamais estre offencée pendant qu'elle dit que non..

  A003002261 

 Mesprisez doncques ces menues attaques, et ne daignez pas seulement penser à ce qu'elles veulent dire, mais laissez les bourdonner autour de vos aureilles, tant qu'elles voudront, et courir ça et là autour de vous, comme l'on fait des mousches; et quand elles viendront vous picquer, et que vous les verrez aucunement s'arrester en vostre cœur, ne faites autre chose que de tout simplement les oster, non point combattant contre elles, ny leur respondant, mais faisant des actions contraires quelles qu'elles soyent, et speciallement de l'amour de Dieu.

  A003002272 

 Entre toutes les vertus, je vous recommande les deux bien-aimées de nostre Seigneur et lesquelles seules il a ordonné que nous aprinssions de luy, l'humilité et la douceur de cœur: mais prenés garde que ce soit de cœur: car c'est un des grands artifices de l'ennemy de faire que plusieurs s'amusent à dire des paroles et faire des gestes exterieures de ces deux vertus, lesquels n'examinant pas leurs affections interieures pensent estre humbles et doux, et ne le sont neantmoins nullement en effet: ce que l'on reconnoit, parce que nonobstant leur ceremonieuse douceur et humilité, à la moindre parolle qu'on leur dit de travers, ou la moindre petite injure qu'ils reçoivent, ils s'eslevent avec une arrogance non-pareille..

  A003002279 

 Il faut donques avoir un deplaisir de nos fautes qui soit paisible, rassis et ferme; car tout [156*] ainsi qu'un Juge chastie bien mieux les meschans faisant ses sentences par raison, et en esprit de tranquillité, que non pas quand il les fait par impetuosité et passion: d'autant que jugeant avec passion, il ne chastie pas les fautes selon qu'elles sont, mais selon qu'il est luy mesme; ainsi nous nous chastions bien mieux nous mesmes par des repentences tranquilles et constantes, que non pas par des repentences aigres, empressées et choleres, d'autant que ces repentances faites avec impetuosité ne se font pas selon la gravité de nos fautes, mais selon nos inclinations.

  A003002279 

 Par exemple, celluy qui affectionne la chasteté se despitera avec une amertume non-pareille de la moindre faute qu'il commettra contre icelle, et ne se fera que rire d'une grosse medisance qu'il aura commise.

  A003002280 

 Et croyés moy, Philothee, tout ainsi que les remonstrances d'un pere, faites doucement, et cordiallement ont bien plus de pouvoir sur un enfant pour le corriger que non pas les choleres et courroux; ainsi quand nostre cœur aura fait quelque faute, si nous le reprenons avec des remonstrances douces et tranquilles, ayans plus de compassion de luy que de passion contre luy, l'encourageant à l'amandement, la repentence qu'il en concevra entrera bien plus avant, et elle penetrera mieux que ne feroit pas une repentence despiteuse, ireuse et tempestueuse..

  A003002289 

 Il y en a d'autres qui veulent bien avoir quelque incommodité du mal ce leur semble, mais non pas toutes: ils ne s'impatientent pas, disent ils, d'estre malades, mais de ce qu'ils n'ont pas de l'argent pour se faire penser, ou bien de ce que ceux qui sont autour d'eux en sont importunez.

  A003002289 

 Or je dis, Philothee, qu'il faut avoir patience, non seulement d'estre malade, mais de l'estre de la maladie que Dieu veut, au lieu où il veut, et entre les personnes qu'il veut, et avec les incommoditez qu'il veut, et ainsi des autres tribulations..

  A003002289 

 Soyez patiente, Philothee, non seulement pour le gros et principal des afflictions qui vous surviendront, mais encore pour les accessoires et accidens qui en dependront.

  A003002299 

 Les Anges ont soin de nostre salut, et le procurent avec diligence, mais ils n'en ont pour cela point de solicitude, de soucy ny d'empressement: car le soin et diligence appartient à leur charité: mais la solicitude, le soucy et l'empressement seroit totalement contraire à leur felicité, puis que le soin et la diligence peuvent estre accompagnez de tranquillité et paix [161*] d'esprit, mais non pas la sollicitude ny le soucy, et beaucoup moins l'empressement..

  A003002301 

 Nous faisons tousjours assez tost quand nous faisons bien: les bourdons font bien plus de bruit, et sont bien plus empressez que les abeilles, mais ils ne font sinon la cire et non point le miel: ainsi ceux qui s'empressent d'un soucy cuisant et d'une sollicitude bruyante ne font jamais ny beaucoup ny bien..

  A003002304 

 Je veux dire, ma Philothee, que quand vous serés parmi les affaires et occupations communes, qui ne requierent pas une attention si forte et si presente, vous regardiez plus Dieu que les affaires: et quand les affaires sont de si grande importance qu'elles requierent toute vostre attention pour les bien faire, de temps en temps, vous regarderez à Dieu, comme font ceux qui navigent en mer, lesquels pour aller à la terre qu'ils desirent, regardent plus en haut au Ciel que non pas en bas, où ils voguent: ainsi Dieu travaillera avec vous, en vous, et pour vous, et vostre travail sera suivy de consolations.

  A003002316 

 Si les parolles raisonnables données aux hommes nous obligent estroittement, combien plus celles que nous avons données à Dieu? Ah Seigneur, disoit David, c'est à vous à qui mon cœur l'a dict: mon cœur a projetté ceste bonne parolle: non, jamais je ne l'oubliray..

  A003002355 

 Le cœur bien ordonné dit plus souvent en soy-mesme, Que diront les Anges si je pense à telle chose? que non pas, Que diront les hommes?.

  A003002396 

 Considerez la noblesse et excellence de vostre ame, qui a un entendement lequel cognoist non seulement tout ce monde visible, mais cognoist encor qu'il y a des Anges et un Paradis, cognoist qu'il y a un Dieu tres-souverain, tres-bon, et ineffable: cognoist qu'il y a [175*] une eternité; et de plus cognoist ce qui est propre pour bien vivre en ce monde visible, pour s'associer aux Anges en Paradis, et pour jouir de Dieu eternellement..

  A003002398 

 Helas nostre cœur courant aux creatures, y va avec des empressemens, pensant de pouvoir y accoiser ses desirs; mais si tost qu'il les a rencontrées il voit que c'est à refaire, et que rien ne le peut contenter, Dieu ne voulant que nostre cœur treuve aucun lieu, sur lequel il puisse reposer, non plus que la Colombe sortie de l'Arche de Noë, afin qu'il retourne à son Dieu, duquel il est sorty.

  A003002408 

 Considerez l'exemple des Saincts de toutes sortes; qu'est-ce qu'ils n'ont pas fait pour aymer Dieu et estre ses devots? Voyez ces Martyrs invincibles en leurs resolutions; quels tourmens n'ont ils pas soufferts pour la maintenir? mais sur tout ces belles et florissantes dames, plus blanches que le lys en pureté, plus vermeilles que la rose en charité; les unes à douze, les autres à treize, quinze, vingt, et vingt et cinq ans, ont souffert mille sortes de martyres, plustost que de renoncer à leur resolution, non seulement en ce qui estoit de la protestation de la foy, mais en ce qui estoit de la protestation de la devotion: les unes mourant plustost que de quitter la virginité, les autres plustost que de cesser de servir les affligez, et consoler les tourmentez, et ensevelir les trespassez.

  A003002420 

 O Dieu quelles resolutions sont cecy, que Dieu a pensées, meditées, projettées dés son eternité? combien nous doivent elles estre cheres et precieuses? que devrions nous souffrir plustost que d'en quitter un seul brin? non pas certes si tout le monde devoit perir: car aussi bien tout le monde ensemble ne vaut pas une ame, et une ame ne vaut rien sans nos resolutions..

  A003002424 

 Non ny la vanité, ny les delices, ny les richesses, ny les tribulations, ny les consolations ne m'arracheront jamais mon dessein..

  A003002434 

 Non je ne suis plus mienne: ou que je vive, ou que je meure, je suis à mon Sauveur; je n'ay plus de moy, ny de mien: mon moy c'est Jesus, mon mien c'est d'estre sienne.

  A003002434 

 Non nous ne serons plus nous mesme: car nous aurons le cœur changé: et le monde qui nous a tant trompez, sera trompé en nous: car ne s'appercevant pas de nostre changement que petit à petit, il pensera que nous soyons tousjours des Esaü, et nous nous treuverons des Jacob..

  A003002439 

 Combien y a il de loix civiles aux Digestes et au Code, lesquelles doivent estre observées, mais cela s'entend selon les occurrences, et non pas qu'il les faille toutes prattiquer tous les jours? Au demeurant David, Roy plein d'affaires tres-difficiles, prattiquoit bien plus d'exercices que je ne vous ay pas marqués.

  A003002444 

 Refaittes tous les premiers jours du mois la protestation qui est en la premiere Partie, apres la meditation: et à tous momens protestés de la vouloir observer, disant avec David: Non, jamais eternellement je n'oubliray vos justifications, ô mon Dieu, car en icelles vous m'avés vivifiée; et quand vous sentirez quelque detraquement en vostre ame, prenés vostre protestation en main, et prosternée en esprit d'humilité proferés la de tout vostre cœur, et vous treuverés un grand allegement..


04-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome IV-Vol.1-Traitte de l'amour de Dieu.html
  A004000101 

 Chapitre IV. Qu'en ce monde l'amour prend sa naissance mais non pas son excellence, de la connoissance de Dieu.

  A004000140 

 Je ne veux rien dire du Parenetique de ce fleuve d'eloquence qui flotte meshuy parmi toute la France par la multitude et varieté de ses sermons et beaux escritz; l'estroitte consanguinité spirituelle que mon ame a contractee avec la, sienne, lors que par l'imposition [6] de mes mains il receut le caractere sacré de l'ordre episcopal, pour le bonheur du diocese de Belley et l'honneur de l'Eglise, outre mille nœuds d'une sincere amitié qui nous lient ensemble, ne permettent pas que je puisse parler avec credit de ses ouvrages, entre lesquelz ce Parenetique de l'Amour divin fut une des premieres saillies de la non pareille affluence d'esprit que chacun admire en luy.

  A004000145 

 Je cite aucunefois l'Escriture Sainte en autres termes que ceux qui sont portés par l'edition ordinaire: o vray Dieu, mon cher Lecteur, ne me fay pas pour cela ce tort de croire que je veuille me departir de cette edition-la; ah non, car je sçai que le Saint Esprit l'a authorisee par le sacré Concile de Trente, et que partant nous nous y devons tous arrester; ains au contraire, je n'employe les autres versions que pour le service de celle ci, quand elles expliquent et confirment son vray sens.

  A004000146 

 J'ay souvent cité le sacré Psalmiste en vers, et ç'a esté pour recreer ton esprit et selon la facilité que j'en ay eu par la belle traduction de Philippe des Portes, abbé de Tiron, de laquelle neanmoins je me suis quelquefois departi: non certes cuydant de pouvoir faire mieux les vers que ce fameux poete, car je serois un grand impertinent si n'ayant jamais seulement pensé a cette sorte d'escrire, je pretendois d'y reuscir en un aage et en une condition de vie qui m'obligeroit de m'en retirer si jamais j'y avois esté engagé; mays en quelques endroitz ou il y pouvoit avoir plusieurs intelligences, je n'ay pas suivi ses vers parce que je ne voulois pas suivre son sens; comme au Psalme CXXXII, il a entendu un mot latin qui y est, des franges de la robbe, que j'ay estimé devoir estre pris pour le collet: c'est pourquoy j'ay fait la traduction a mon gré..

  A004000152 

 J'ay touché quantité de poins de theologie, mais sans esprit de contention, proposant simplement, non tant ce que j'ay jadis appris es disputes, comme ce que l'attention au service des ames et l'employte de vingt quattre annees en la sainte predication m'ont fait penser [13] estre plus convenable a la gloire de l'Evangile et de l'Eglise..

  A004000153 

 Au demeurant, quelques gens de marque de divers endroitz m'ont adverti que certains livretz ont esté publiés sous les seules premieres lettres du nom de leurs autheurs, qui se treuvent les mesmes avec celles du mien; qui a fait estimer a quelques uns que ce fussent besoignes sorties de ma main, non sans un peu de scandale de ceux qui cuydoyent que je me fusse detraqué de ma simplicité, pour enfler mon stile de paroles pompeuses, mon discours de conceptions mondaines, et mes conceptions d'une eloquence altiere et empanachee.

  A004000155 

 Il y a dix neuf ans que me treuvant a Thonon, petite ville situee sur le lac de Geneve, laquelle lhors se convertissoit petit a petit a la foy Catholique, le ministre adversaire de l'Eglise crioit par tout que l'article catholique de la reelle presence du Cors du Sauveur en l'Eucharistie destruysoit le Symbole et l'analogie de la foy (car il estoit bien ayse de dire ce mot d'Analogie non entendu par ses auditeurs, affin de paroistre fort sçavant); et sur cela, les autres predicateurs catholiques avec lesquelz j'estois la, me chargerent d'escrire quelque chose en refutation de cette vanité; et je fis ce qui me sembla convenable, dressant une briefve Meditation sur le Symbole des Apostres, pour confirmer la verité, et toutes les copies furent distribuees en ce diocese, ou je n'en treuve plus aucune..

  A004000156 

 Et parce que d'un costé il y avoit [15] des grans empeschemens a ce bonheur, selon les considerations que l'on appelle raysons d'Estat, et que d'ailleurs plusieurs, non encor bien instruitz de la verité, resistoyent a ce tant desirable restablissement, Son Altesse surmonta la premiere difficulté par la fermeté invincible de son zele a la sainte religion, et la seconde par une douceur et prudence extraordinaire; car elle fit assembler les principaux et plus opiniastres, et les harangua avec une eloquence si aimablement pressante, que presque tous, vaincuz par la douce violence de son amour paternel envers eux, rendirent les armes de leur opiniastreté a ses piedz, et leurs ames entre les mains de la sainte Eglise..

  A004000158 

 Or, en cette occasion on replanta par toutes les advenues et places publiques de ces quartiers-la, les victorieuses enseignes de la Croix; et parce que peu auparavant on en avoit planté une fort solemnellement a Annemasse, pres Geneve, un certain ministre fit un petit traitté contre l'honneur d'icelle, contenant une invective ardente et veneneuse, a laquelle pour cela il fut treuvé bon que l'on respondit: et Monseigneur Claude de Granier, mon predecesseur, duquel la memoire est en benediction, m'en imposa la charge selon le pouvoir qu'il avoit sur moy, qui le regardois non seulement comme mon Evesque, mais comme un saint serviteur de Dieu.

  A004000164 

 Mays sur tout Madame Marie de Luxembourg, sa vefve, fit de son costé tout ce que son courage et l'amour du defunct luy peut suggerer pour solemnizer ses funerailles; et parce que mon pere, mon ayeul, mon bisayeul avoyent esté nourris pages des tres illustres et tres excellens princes de Martigues, ses pere et predecesseurs, elle me regarda comme serviteur hereditaire de sa mayson, et me choisit pour faire la harangue funebre en cette si grande celebrité, ou se treuverent non seulement plusieurs cardinaux et prelatz, mays quantité de princes, princesses, mareschaux de France, chevalier de l'Ordre, et mesme la cour de Parlement en cors.

  A004000179 

 Affin qu'une musique soit belle, il ne faut pas seulement que les voix soyent nettes, claires et bien distinguees, mays qu'elles soyent alliees en telle sorte les unes aux autres, qu'il s'en fasse une juste consonance et harmonie, par le moyen de l'union qui est en la distinction et la distinction qui est en l'union des voix, que non sans cause on appelle un accord discordant, ou plustost une discorde accordante..

  A004000190 

 Il est vray qu'elle ne les peut pas manier ni ranger si absolument comme elle fait les mains, les pieds ou la langue, a rayson des facultés sensitives, et notamment de la fantasie, qui n'obeissent pas d'une obeissance prompte et infallible a la volonté, et desquelles puissances sensitives la memoire et l'entendement ont besoin pour operer: mays toutefois, la volonté les remue, les employe et applique selon qu'il luy plaist, bien que non pas si fermement et invariablement que la fantasie variante et volage ne les divertisse maintefois, les distraisant ailleurs; de sorte que comme l'Apostre s'escrie: Je fay non le bien que je veux, mays le mal que je hay, aussi nous sommes souvent contrains de nous plaindre dequoy nous pensons, non le bien que nous aymons, mais le mal que nous haïssons..

  A004000194 

 La volonté donques, Theotime, domine sur la memoire, l'entendement et la fantasie, non par force mais par authorité, en sorte qu'elle n'est pas tous-jours infalliblement obeie, non plus que le pere de famille ne l'est pas aussi tous-jours par ses enfans et serviteurs.

  A004000194 

 Ton ennemi peut exciter en toy le sentiment de la tentation, mais tu peux, si tu veux, ou donner ou refuser le consentement.» Si tu permetz a l'appetit de te porter au peché, alhors tu seras sous iceluy et il te maistrisera, parce que quicomque fait le peché, il est serf du peché; mais avant que tu faces le peché, tandis que le peché n'est pas encor en ton consentement, mays seulement en ton sentiment, c'est a dire qu'il est encor en ton appetit et non en ta volonté, ton appetit est sous toy, et tu le maistriseras.

  A004000209 

 Or, tous ces mouvemens estoient en la partie raysonnable, puisque les sens, ni par consequent l'appetit sensuel, ne sont pas capables d'estre appliqués a ces objetz, et partant, ces mouvemens estoient des affections de l'appetit intellectuel ou raysonnable, et non pas des passions de l'appetit sensuel..

  A004000218 

 Ismael ne fut point heritier avec Isaac, son frere plus jeune; Esaü fut destiné au service de son frere puisné; Joseph fut adoré, non seulement par ses freres, mays aussi par son pere, et voyre mesme par sa mere, en la personne de Benjamin, ainsy qu'il avoit preveu es songes de sa jeunesse.

  A004000218 

 L'amour divin est voyrement le puisné entre toutes les affections du cœur humain; car, comme dit l'Apostre, ce qui est animal est premier, et le spirituel apres; mais ce puisné herite toute l'authorité, et l'amour propre, comme un autre Esaü, est destiné a son service; et non seulement tous les autres mouvemens de l'ame, comme ses freres, l'adorent et luy sont sousmis, mais aussi l'entendement et la volonté, qui luy tiennent lieu de pere et de mere.

  A004000222 

 Les vertus sont en l'ame pour moderer ses mouvemens, et la charité, comme premiere de toutes les vertus, les regit et tempere toutes, non seulement [39] parce que «le premier en chaque espece des choses sert de regle et mesure a tout le reste,» mais aussi parce que Dieu, ayant creé l'homme a son image et semblance, veut que, comme en luy, tout y soit ordonné par l'amour et pour l'amour..

  A004000226 

 La volonté a une si grande convenance avec le bien, que tout aussi tost qu'elle l'apperçoit elle se tourne de son costé pour se complaire en iceluy, comme en son objet tres aggreable, auquel elle est si estroittement alliee que mesme l'on ne peut declarer sa nature que par le rapport qu'elle a avec iceluy, non plus qu'on ne sçauroit monstrer la nature du bien que par l'alliance qu'il a avec la volonté.

  A004000230 

 Plusieurs grans personnages ont creu que l'amour n'estoit autre chose que la mesme complaysance, en quoy ilz ont eu beaucoup d'apparence de rayson; car non seulement le mouvement d'amour prend son origine de la complaysance que le cœur ressent a la premiere rencontre du bien, et aboutit a une seconde complaysance qui revient au cœur par l'union a la chose aymee, mais, outre cela, il tient sa conservation de la complaysance, et ne peut vivre que par elle, qui est sa mere et sa nourrice, si que soudain que la complaisance cesse, l'amour cesse.

  A004000233 

 Et ces souhaitz, qui sont arrestés non point par l'impossibilité mais par l'incompatibilité qu'ilz ont avec des plus puissans desirs, s'appellent voirement souhaitz et desirs, mais souhaitz vains, suffoqués et inutiles.

  A004000237 

 Mais, je vous prie, quelle similitude y a-il entre la chaux et l'eau, ou bien entre l'eau et l'esponge? et neanmoins, la chaux et l'esponge prennent l'eau avec une avidité non pareille, et tesmoignent envers elle un amour insensible extraordinaire.

  A004000238 

 La teste, certes, ne ressemble pas au cors, ni la main au bras, mais neanmoins, ces choses ont une si grande correspondance et joignent si proprement l'une a l'autre, que par leur mutuelle conjonction elles s'entreperfectionnent excellemment: c'est pourquoy, si ces parties-la avoyent chacune une ame distincte, [49] elles s'entr'aymeroyent parfaittement, non point par ressemblance, car elles n'en ont point ensemble, mays pour la correspondance qu'elles ont a leur mutuelle perfection.

  A004000238 

 Les viellars ayment les enfans, [49] non point par simpathie, mais d'autant que l'extreme simplicité, foiblesse et tendreté des uns rehausse et fait mieux paroistre la prudence et asseurance des autres; et cette dissemblance est aggreable: au contraire, les petitz enfans ayment les viellars parce qu'ilz les voyent amusés et embesoignés d'eux, et que, par un sentiment secret, ilz connoissent qu'ilz ont besoin de leur conduite.

  A004000245 

 Le bayser de tout tems, comme par instinct naturel, a esté employé pour representer l'amour parfait, c'est a dire l'union des cœurs, et non sans cause.

  A004000246 

 Ainsy fut il employé universellement entre les premiers Chrestiens, comme le grand saint Paul tesmoigne quand il dit aux Romains et Corinthiens: Salues vous mutuellement les uns les autres par le saint bayser; et, comme plusieurs tesmoignent, Judas, en la prise de Nostre Seigneur, employa le bayser pour le faire connoistre, parce que ce divin Sauveur baysoit ordinairement ses disciples quand il les rencontroit, et non seulement ses disciples, mais aussi les petitz enfans qu'il prenoit amoureusement entre ses bras, comme il fit celuy par la comparayson duquel il invita si solemnellement ses disciples a la charité du prochain, que plusieurs estiment avoir esté saint Martial, comme l'Evesque Jansenius le rapporte..

  A004000253 

 Ce n'est pas, Theotime, qu'il n'y ait quelque sorte de passions en l'homme lesquelles, comme le guy vient sur les arbres par maniere d'excrement et de surcroissance, naissent aussi bien souvent parmi l'amour et autour de l'amour; mais neanmoins elles ne sont pas ni l'amour ni partie de l'amour, ains sont des excremens et superfluités d'iceluy, lesquelles non seulement ne sont pas prouffitables pour maintenir ou perfectionner l'amour, mais au contraire l'endommagent grandement, l'affoiblissent, et en fin finale, si on ne les retranche, le ruinent tout a fait; dequoy voyci la rayson..

  A004000253 

 Mais a quelle sorte d'union tend-il? N'aves-vous pas remarqué, Theotime, que l'Espouse sacree exprime son souhait d'estre unie avec son Espoux, par le bayser, et que le bayser represente l'union spirituelle qui se fait par la reciproque communication des ames? Certes, c'est l'homme qui ayme, mais il ayme par la volonté, et partant, la fin de son amour est de la nature de sa volonté: mais sa volonté est spirituelle, c'est pourquoy l'union que son amour pretend est aussi spirituelle; d'autant plus que le cœur, siege et source de l'amour, non seulement ne seroit pas perfectionné par l'union qu'il auroit aux choses corporelles, mays en seroit avili.

  A004000255 

 Ne voyons-nous pas que le feu, symbole de l'amour, forcé de sortir par la seule bouche du canon, fait un esclat prodigieux, qu'il feroit beaucoup moindre s'il avoit ouverture par deux ou par trois endroitz? Puis donq que l'amour est [56] un acte de nostre volonté, qui le veut avoir non seulement noble et genereux, mais fort, vigoureux et actif, il en faut retenir la vertu et la force dans les limites des operations spirituelles; car qui voudroit l'appliquer aux operations de la partie sensible ou sensitive de nostre ame, il affoibliroit d'autant les operations intellectuelles, esquelles, toutefois, consiste l'amour essentiel..

  A004000260 

 Vous voyés donques bien, Theotime que ces unions qui regardent les complaysances et passions animales, non seulement ne servent de rien a la production et conservation de l'amour, mais luy sont grandement nuisibles et l'affoiblissent extremement: aussi, quand l'inceste Ammon, qui pasmoit et perissoit d'amour pour Thamar, eut passé jusques aux unions sensuelles et brutales, il fut tellement privé de l'amour cordial, qu'onques plus il ne la peut voir, et la poussa indignement dehors, violant aussi cruellement le droit de l'amour comme il avoit violé impudemment celuy du sang..

  A004000261 

 Ainsy l'amour se peut bien treuver es unions des puissances sensuelles meslees avec les unions des puissances intellectuelles, mais non jamais si excellemment comme il fait lhors que les seulz espritz et courages, separés de toutes affections corporelles, jointz ensemble, font l'amour pur et spirituel; car l'odeur des affections ainsy meslees, est non seulement plus suave et meilleure, mays plus vive, plus active et plus solide.

  A004000261 

 Le basilique, le romarin, la marjoleine, l'hysope, le clou de girofle, la cannelle, la noix muscade, les citrons et le musc, mis ensemble et demeurans en cors, rendent voirement une odeur bien aggreable par le meslange de leur bonne senteur; mays non pas a beaucoup pres de ce que fait l'eau qui en est distillee, en laquelle les suavités de tous ces ingrediens, separees de leur cors, se meslent beaucoup plus excellemment, s'unissans en une tres parfaite odeur qui penetre bien plus l'odorat qu'elles ne feroient pas, si avec elle et son eau les cors des ingrediens se treuvoyent conjointz et unis.

  A004000267 

 Secondement, nous avons en nous l'appetit sensitif, par le moyen duquel nous sommes portés a la recherche et a la fuite de plusieurs choses, par la connoissance sensitive que nous en avons; tout ainsy comme les animaux, desquelz les uns appetent une chose et les autres une autre, selon la connoissance qu'ilz ont qu'elle leur est convenable ou non: et en cet appetit reside, ou d'iceluy provient l'amour que nous appelions sensuel ou brutal, qui, a proprement parler, ne doit neanmoins pas estre appellé amour, ains simplement appetit..

  A004000272 

 Or, ce n'est pas pourtant a dire qu'il y ait en l'homme deux ames, ou deux natures, comme pensoient les Manicheens: «Non,» dit saint Augustin, livre huitiesme de ses Confessions, chapitre dixiesme, «ains la volonté, allechee par divers attraitz, esmeüe par diverses raysons, semble estre divisee en soy mesme, tandis qu'elle est tiree de deux costés, jusques a ce que prenant parti selon sa liberté, elle suit ou l'un ou l'autre;» car alhors la plus puissante volonté surmonte, et gaignant le dessus, ne laisse a l'ame que le ressentiment du mal que le debat luy a fait, que nous appelions contrecœur..

  A004000273 

 Mais ce mesme Sauveur ayant fait cet exercice de la portion inferieure, et tesmoigné que, selon icelle et les considerations qu'elle faisoit, sa volonté inclinoit a la fuite des douleurs et des peynes, il monstra par apres qu'il avoit la portion superieure, par laquelle adherant inviolablement a la volonté eternelle et au decret que le Pere celeste avoit fait, il accepte volontairement la mort, et nonobstant la repugnance de la partie inferieure de la rayson, il dit: Ah non, mon Pere, que ma volonté ne soit pas faite, ains la vostre.

  A004000278 

 Nul n'entroit dans le Sanctuaire que le grand Prestre; en cette pointe de l'ame le discours n'a point d'acces, ains seulement le grand, universel et souverain sentiment, que la volonté divine doit estre souverainement aymee, appreuvee et embrassee, non seulement en particulier pour quelque chose, mais en general pour toutes choses, et non seulement en general pour toutes choses, mais en particulier pour chasque chose.

  A004000301 

 Mais, outre cette convenance de similitude, il y a une correspondance nompareille entre Dieu et l'homme pour leur reciproque perfection; non que Dieu puisse recevoir aucune perfection de l'homme, mais parce que, comme l'homme ne peut estre perfectionné que par la divine Bonté, aussi la divine Bonté ne peut bonnement si bien exercer sa perfection hors de soy qu'a l'endroit de nostre humanité: l'une a grand besoin et grande capacité de recevoir du bien, et l'autre a grande abondance et grande inclination pour en donner.

  A004000307 

 Et ce secours, d'un costé seroit naturel, comme convenable a la nature, et tendant a l'amour de Dieu entant [77] qu'il est Autheur et souverain Maistre de la nature; et d'autre part il seroit surnaturel, parce qu'il correspondroit, non a la nature simple de l'homme, mais a la nature ornee, enrichie et honnoree de la justice originelle, qui est une qualité surnaturelle procedante d'une tres speciale faveur de Dieu.

  A004000307 

 S'il se treuvoit des hommes qui fussent en l'integrité et droitture originelle en laquelle Adam se treuva lhors de sa creation, bien que d'ailleurs ilz n'eussent aucune autre assistence de Dieu que celle qu'il donne a chasque creature affin qu'elle puisse faire les actions qui luy sont convenables, non seulement ilz auroyent l'inclination d'aymer Dieu sur toutes choses, mays aussi ilz pourroyent naturellement executer cette si juste inclination: car, comme ce divin Autheur et Maistre de la nature coopere et preste sa main forte au feu pour monter en haut, aux eaux pour couler vers la mer, a la terre pour descendre en bas et y demeurer quand elle y est; ainsy, ayant luy mesme planté dans le cœur de l'homme une speciale inclination naturelle, non seulement d'aymer le bien en general, mays d'aymer en particulier et sur toutes choses sa divine bonté qui est meilleure et plus aymable que toutes choses, la suavité de sa providence souveraine requeroit qu'il contribuait aussi a ces bienheureux hommes que nous venons de dire, autant de secours qu'il seroit necessaire affin que cette inclination fust prattiquee et effectuee.

  A004000313 

 Helas, Theotime, quelz beaux tesmoignages, non seulement d'une grande connoissance de Dieu, mays aussi d'une forte inclination envers iceluy, ont esté laissés par ces grans philosophes, Socrate, Platon, Trismegiste, Aristote, Hippocrate, Seneque, Epictete! Socrate, le plus loüé d'entr'eux, connoissoit clairement l'unité de Dieu, et avoit tant d'inclination a l'aymer que, comme saint Augustin tesmoigne, plusieurs ont estimé qu'il n'enseigna jamais la philosophie morale pour autre occasion que pour espurer les espritz, affin qu'ilz peussent mieux contempler le souverain bien qui est la tres unique Divinité.

  A004000323 

 Tout de mesme que les cerfz ausquelz les grans princes font quelquefois mettre des colliers avec leurs armoiries, bien que par apres ilz les font lascher et mettre en liberté dans les forestz, ne laissent pas d'estre reconneus par quicomque les rencontre, non seulement pour avoir une fois esté pris par le prince duquel ilz portent les armes, mays aussi pour luy estre encor reservés: car ainsy conneut-on l'extreme viellesse d'un cerf qui fut rencontré, comme quelques historiens disent, trois cens ans apres la mort de Cesar, parce qu on luy treuva un collier ou estoit la devise de Cesar, et ces motz: Cesar m'a lasché.

  A004000324 

 C'est pourquoy le grand Prophete royal appelle cette inclination non seulement lumiere, parce qu'elle nous fait voir ou nous devons tendre, mais aussi joye et allegresse, parce qu'elle nous console en nostre egarement, nous donnant esperance que Celuy qui nous a empreinte et laissee cette belle marque de nostre origine, pretend encor et desire de nous y ramener et reduire, si nous sommes si heureux que de nous laisser reprendre a sa divine Bonté.

  A004000324 

 Certes, l'honnorable inclination que Dieu a mise en nos ames, fait connoistre a nos amis et a nos ennemis que non seulement nous avons esté a nostre Createur, mais encor que, si bien il nous a laissés et laschés a la merci de nostre franc arbitre, neanmoins nous luy appartenons, et il s'est reservé le droit de nous reprendre a soy pour nous sauver, selon que sa sainte et suave Providence le requerra.

  A004000333 

 Or nous devisons ainsy de Dieu, non tant selon ce qu'il est en luy mesme, comme selon ses œuvres, par l'entremise desquelles nous le contemplons; car sur nos diverses considerations nous le nommons differemment, [87] comme s'il avoit une grande multitude de differentes excellences et perfections.

  A004000334 

 Et pour cela, Dieu respondant par l'Ange au pere de Samson, qui luy demandoit son nom: [88] Pourquoy demandes-tu mon nom, dit-il, qui est admirable? comme s'il vouloit dire: Mon nom peut estre admiré, mais non pas prononcé par les creatures; il doit estre adoré, mais il ne peut estre compris que par moy, qui seul sçay proferer le propre nom par lequel au vray et naifvement j'exprime mon excellence.

  A004000336 

 Non, Theotime, nous ne pouvons jamais le comprendre, puisque, comme dit saint Jean, il est plus grand que nostre cœur.

  A004000340 

 Nous avons une grande diversité de facultés et habitudes, qui produisent aussi une grande varieté d'actions, et ces actions une multitude non pareille d'ouvrages.

  A004000348 

 Ainsy, Theotime, la nature, comme le peintre, multiplie et diversifie ses actes a mesure que ses besoignes sont differentes, et luy faut un grand tems pour faire des grans effectz; mais Dieu, comme l'imprimeur, a donné l'estre a toute la diversité des creatures qui ont esté, sont et seront, par un seul trait de sa toute puissante volonté, tirant de son idee, comme de dessus une planche bien taillee, cette admirable différence de personnes et d'autres choses qui s'entresuivent es saysons, es aages, es siecles, chacune en son ordre, selon qu'elles devoyent estre: cette souveraine unité de l'acte divin estant opposee a la confusion et au desordre, et non a la distinction ou varieté, qu'elle employe, au contraire, pour en composer la beauté, reduisant toutes les differences et diversités a la proportion, et la proportion a l'ordre, et l'ordre a l'unité du monde, qui comprend toutes choses creées tant visibles qu'invisibles; lesquelles toutes ensemble s'appellent univers, peut estre parce que toute leur diversité se reduit en unité, comme qui diroit unidivers, c'est a dire unique et divers, unique avec diversité et divers avec unité..

  A004000348 

 Imaginons, je vous prie, d'un costé un peintre qui fait l'image de la naissance du Sauveur (et j'escris ceci es jours dediés a ce saint mystere): il donnera sans doute mille et mille traitz de pinceau, et mettra non seulement des jours mais des semaines et des moys a façonner ce tableau, selon la varieté des personnages et autres choses qu'il y veut representer.

  A004000360 

 Mais d'autant que la disposition est inutile sans la creation ou levee des officiers, et que la creation est vaine sans la providence qui regarde a ce qui est requis pour la conservation des officiers creés ou erigés, et qu'en fin cette conservation qui se fait par le bon gouvernement n'est autre chose que la providence effectuee, partant, non seulement la disposition mais aussi la creation et le bon gouvernement de Salomon, furent appellés du nom de providence: aussi ne disons-nous pas qu'un homme ayt de la providence, sinon quand il gouverne bien..

  A004000364 

 Les adventures de l'ancien Joseph furent admirables en varieté et en passages d'une extremité a l'autre: ses freres qui l'avoyent vendu pour le perdre, furent tout estonnés de le voir devenu vice-roy, et apprehendoyent infiniment qu'il ne se ressentist du tort qu'ilz luy avoyent fait: Mais non, leur dit-il, ce n'est pas tant par vos menees que je suis envoyé ici, comme par la Providence divine; vous avés eu des mauvais desseins sur moy, mais Dieu les a reduitz a bien.

  A004000370 

 Et parce que Dieu vit qu'il pouvoit faire en plusieurs façons l'humanité de son Filz en le rendant vray homme, comme, par exemple, la creant de rien, non seulement quant a l'ame mays aussi quant au cors, ou bien formant le cors de quelque matiere precedente, comme il fit celuy d'Adam et d'Eve, ou bien par voye de generation ordinaire d'homme et de femme, ou bien en fin par generation extraordinaire d'une femme sans homme, il delibera que la chose se feroit en cette derniere façon; et entre toutes les femmes qu'il pouvoit choisir a cette intention, il esleut la tressainte Vierge Nostre Dame, par l'entremise de laquelle le Sauveur de nos ames seroit non seulement homme, mais enfant du genre humain..

  A004000374 

 Mais affïn que la douceur de sa misericorde fust ornee de la beauté de sa justice, il delibera de sauver l'homme par voÿe de redemption rigoureuse, laquelle ne se pouvant bien faire que par son Filz, il establit qu'iceluy rachetteroit les hommes, non seulement par une de ses actions amoureuses qui eust esté plus que tres suffisante a rachetter mille millions de mondes, mais encor par toutes les innumerables actions amoureuses et passions douloreuses qu'il feroit et souffriroit, jusques a la mort et la mort de la croix, a laquelle il le destina, voulant qu'ainsy il se rendist compaignon de nos miseres, pour nous rendre par apres compaignons de sa gloire.

  A004000385 

 Dieu, certes, monstre admirablement la richesse incomprehensible de son pouvoir, en cette si grande varieté de choses que nous voyons en la nature, mays il fait encor plus magnifiquement paroistre les thresors infinis de sa bonté, en la difference non pareille des biens que nous reconnoissons en la grace.

  A004000387 

 Dieu disposa aussi d'autres faveurs pour un petit nombre de rares creatures qu'il vouloit mettre hors du danger de la damnation, comme il est certain de saint Jean Baptiste, et tres probable de Hieremie et de quelques autres, que la divine Providence alla saisir dans le ventre de leur mere, et des Ihors les establit en la perpetuité de sa grace affin qu'ilz demeurassent fermes en son amour, bien que sujetz aux retardemens et pechés venielz, qui sont contraires a la perfection de l'amour et non a l'amour mesme.

  A004000387 

 Et ces ames, en comparayson des autres, sont comme des reynes, tous-jours couronnees de charité, qui tiennent le rang principal en l'amour du Sauveur, apres sa Mere, laquelle est la Reyne des reynes; Reyne, non seulement couronnee d'amour, mays de la perfection de l'amour, et, qui plus est, couronnee de son Filz propre qui est le souverain object de l'amour, puisque les enfans sont la couronne de leurs peres et meres..

  A004000387 

 Redemption admirable, chef d'œuvre du Redempteur et la premiere de toutes les redemptions, par laquelle le Filz, d'un coeur vrayement [106] filial, prevenant sa Mere es benedictions de douceur, il la preserve non seulement du peché, comme les Anges, mais aussi de tout peril de peché et de tous les divertissemens et retardemens de l'exercice du saint amour.

  A004000387 

 Si que cette Mere sacree, comme toute reservee a son Filz, fut par luy rachetee, non seulement de la damnation, mais aussi de tout peril de la damnation, luy asseurant la grace et la perfection de la grace; en sorte qu'elle marchast comme une belle aube qui, commençant a poindre, va continuellement croissant en clarté jusques au plein jour.

  A004000388 

 Il y a encor d'autres ames, lesquelles Dieu disposa de laisser pour un tems exposees, non au peril de perdre le salut, mais bien au peril de perdre son amour; ains il permit qu'elles le perdissent en effect, ne leur asseurant point l'amour pour toute leur vie, ains seulement pour la fin d'icelle et pour certain tems precedent.

  A004000388 

 Telz furent les Apostres, David, Magdeleine [107] et plusieurs autres, qui pour un tems demeurerent hors de l'amour de Dieu; mais en fin, estans une bonne fois convertis, furent confirmés en la grace jusques a la mort: de sorte que des Ihors, demeurans voirement sujetz a quelques imperfections, ilz furent toutefois exemptz de tout peché mortel, et par consequent du peril de perdre le divin amour; et furent comme des amies sacrees de l'Espoux celeste, parees voirement de la robbe nuptiale de son tressaint amour, mais non pas pourtant couronnees, parce que la couronne est un ornement de la teste, c'est a dire de la premiere partie de la personne; or, la premiere partie de la vie des ames de ce rang ayant esté sujette a l'amour des choses terrestres, elles ne peuvent porter la couronne de l'amour celeste, ains leur suffit d'en porter la robbe, qui les rend capables du lit nuptial de l'Espoux divin et d'estre eternellement, bienheureuses avec luy..

  A004000392 

 Mays apres cela, cette souveraine Bonté respandit une abondance de graces et benedictions sur toute la race des hommes et la nature des Anges, de laquelle tous ont esté arrousés comme d'une pluye qui tombe sur les bons et les mauvais; tous ont esté esclairés comme d'une [108] lumiere qui illumine tout homme venant en ce monde; tous ont receu leur part, comme d'une semence qui tombe non seulement sur la bonne terre, mays emmi les chemins, entre les espines et sur les pierres; affin que tous fussent inexcusables devant le Redempteur, s'ilz n'employent cette tres abondante redemption pour leur salut..

  A004000395 

 Mais il se faut bien garder de jamais rechercher pourquoy la supreme Sagesse a departi une grace a l'un plustost qu'a l'autre, ni pourquoy il fait abonder ses faveurs en un endroit plustost qu'en l'autre: non, Theotime, n'entrés jamais en cette curiosité; car ayans tous suffisamment, ains abondamment, ce qui est requis pour le salut, quelle rayson peut avoir homme du monde de se plaindre, s'il plait a Dieu de departir ses graces plus largement aux uns qu'aux autres? Si quelqu'un s'enqueroit pourquoy Dieu a fait les melons plus gros que les frayses, ou les lys plus grans que les violettes, pourquoy le romarin n'est pas une rose, ou pourquoy l'œillet n'est pas un soucy, pourquoy le paon [110] est plus beau qu'une chauvesouris, ou pourquoy la figue est douce et le citron aigrelet, on se moqueroit de ses demandes et on luy diroit: pauvre homme, puisque la beauté du monde requiert la varieté, il faut qu'il y ait des differentes et inegales perfections es choses, et que l'une ne soit pas l'autre; c'est pourquoy les unes sont petites, les autres grandes, les unes aigres, les autres douces, les unes plus, et les autres moins belles.

  A004000399 

 Hé, dit-il, je suis venu pour mettre le feu au monde, que pretens-je sinon qu'il arde? Mais pour declarer plus vivement l'ardeur de ce desir, il nous commande cet amour en termes admirables: Tu aymeras, dit-il, le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton ame, de toutes tes forces, c'est le premier et le plus grand commandement. Vray Dieu, Theotime, que le cœur divin est amoureux de nostre amour! Ne suffisoit-il pas qu'il eust publié une permission par laquelle il nous eust donné congé de l'aymer, comme Laban permit a Jacob d'aymer sa belle Rachel et de la gaigner par ses services? Mays non, il declare plus avant sa passion amoureuse envers nous, et nous commande de l'aymer de tout nostre pouvoir, affin que la consideration de sa Majesté et de nostre misere, qui font une tant infinie disparité et inegalité de luy a nous, ni autre pretexte quelconque, ne nous divertist de l'aymer.

  A004000400 

 Hé, voyci que je vous offre mon esprit et je vous monstreray ma parole. Et cette mesme Sapience poursuit en Ezechiel, disant: Que personne ne die, je suis emmi les pechés, et comment pourray-je revivre? ah non! car voyci que Dieu dit: Je suis vivant, et aussi vray que je vis, je ne veux point la mort de l'impie, mais qu'il se convertisse de sa voye et qu'il vive.

  A004000406 

 Il y a certains oyseaux, Theotime, qu'Aristote nomme apodes, parce qu'ayans les jambes extremement courtes et les pieds sans force, ilz ne s'en servent non plus que s'ilz n'en avoyent point: que si une fois ilz prennent terre, ilz y demeurent pris, sans que jamais d'eux mesmes ilz puissent reprendre le vol, d'autant que n'ayans nul usage des jambes ni des pieds, ilz n'ont pas non plus le moyen de se pousser et relancer en l'air; et partant, ilz demeurent la croupissans et y meurent, sinon que quelque vent propice a leur impuissance, jettant ses bouffees sur la face de la terre, les vienne saisir et enlever, comme il fait plusieurs autres choses; car alhors, si employans leurs aysles ilz correspondent a cet eslan et premier essor que le vent leur donne, [115] le mesme vent continue aussi son secours envers eux, les poussant de plus en plus au vol..

  A004000407 

 Mais nous autres humains, nous ressemblons plustost aux apodes: car s'il nous advient de quitter l'air du saint amour divin pour prendre terre et nous attacher aux creatures, ce que nous faysons toutes les fois que nous offençons Dieu, nous mourons voirement, mais non pas d'une mort si entiere qu'il ne nous reste un peu de mouvement, et, avec cela, des jambes et des pieds, c'est a dire quelques menues affections qui nous peuvent faire faire quelques essays d'amour; mays cela pourtant est si foible, qu'en verité nous ne pouvons plus de nous mesmes desprendre nos cœurs du peché, ni nous relancer au vol de la sacree dilection, laquelle, chetifz que nous sommes, nous avons perfidement et volontairement quittee..

  A004000409 

 Or, ce premier eslan ou esbranlement que Dieu donne en nos cœurs pour les inciter a leur bien, se fait voirement en nous, mais non pas par nous; car il arrive a l'improveu avant que nous y ayons ni pensé [116] ni peu penser, puisque nous n'avons aucune suffisance pour de nous mesmes, comme de nous mesmes, penser aucune chose qui regarde nostre salut; mais toute nostre suffisance est de Dieu, lequel ne nous a pas seulement aymés avant que nous fussions, mais encor affin que nous fussions, et que nous fussions saintz: en suite dequoy il nous previent es benedictions de sa douceur paternelle, et excite nos espritz pour les pousser a la sainte repentance et conversion.

  A004000409 

 Voyés, je vous prie, Theotime, le pauvre prince des Apostres tout engourdi dans son peché en la triste nuit de la Passion de son Maistre: il ne pensoit non plus a se repentir de son peché que si jamais il n'eust conneu son divin Sauveur; et comme un chetif apode atterré, il ne se fust onques relevé, si le coq, comme instrument de la divine Providence, n'eust frappé de son chant a ses oreilles, a mesme que le doux Redempteur, jettant un regard salutaire comme une sagette d'amour, transperça ce cœur de pierre qui rendit par apres tant d'eau, a guise de l'ancienne pierre lhors qu'elle fut frappee par Moyse au desert.

  A004000410 

 N'est-il pas donq vray, mon cher Theotime, que cette premiere esmotion et secousse que l'ame sent, quand Dieu, la prevenant d'amour, l'esveille et l'excite a quitter le peché et se retourner a luy, et non seulement cette secousse, ains tout le resveil se fait en nous et pour nous, mays non pas par nous? Nous sommes esveillés, mays nous ne nous sommes pas esveillés de nous mesmes; c'est l'inspiration qui nous a esveillés, [117] et pour nous esveiller, elle nous a esbranlés et secoués.

  A004000422 

 En ce sens saint Paul nous exhorte de ne point recevoir la grace de Dieu en vain: car, comme un malade qui ayant receu la medecine en sa main ne l'avaleroit pas dans son estomach, auroit voirement receu la medecine, mais sans la recevoir, c'est a dire il l'auroit receüe en une façon inutile et infructueuse, de mesme, nous recevons la grace de Dieu en vain, quand nous la recevons a la porte du cœur et non pas dans le consentement du cœur; car ainsy nous la recevons sans la recevoir, c'est a dire nous la recevons sans fruit, puisque ce n'est rien de sentir l'inspiration sans y consentir.

  A004000422 

 Et comme le malade auquel on auroit donné en main la medecine, s'il la recevoit seulement en partie et non pas toute, elle ne feroit aussi l'operation qu'en partie et non pas entierement, ainsy, quand Dieu nous envoye une inspiration grande et puissante pour embrasser son saint amour, si nous ne consentons pas selon toute son estendue, elle ne profitera pas aussi qu'a cette mesure la.

  A004000431 

 Il faut donner un rang particulier a ces ames privilegiees esquelles Dieu s'est pleu d'exercer non la seule affluence, mais l'inondation, et, s'il faut ainsy dire, non la seule liberalité et effusion, mais la prodigalité et profusion de son amour.

  A004000432 

 Le propre lien de la volonté humaine, c'est la volupté et le playsir: «On monstre des noix a un enfant,» dit saint Augustin, «et il est attiré en aymant; il est attiré par le lien, non du cors, mais du cœur.» Voyés donq comme le Pere eternel nous tire: en nous enseignant il nous delecte, non pas en nous imposant aucune necessité; il jette dedans nos cœurs des délectations et playsirs spirituelz, comme des sacrees amorces par lesquelles il nous attire suavement a recevoir et gouster la douceur de sa doctrine..

  A004000433 

 La grace est si gracieuse et saisit si gracieusement nos cœurs pour les attirer, qu'elle ne gaste rien en la liberté de nostre volonté; elle touche puissamment, mais pourtant si delicatement, les ressortz de nostre esprit, que nostre franc arbitre n'en reçoit aucun forcement; la grace a des forces, non pour forcer, ains pour allecher le cœur; elle a une sainte violence, non pour violer, mais pour rendre amoureuse nostre liberté; elle agit fortement, mais si suavement, que nostre volonté ne demeure point accablee sous une si puissante action; elle nous presse, mais elle n'oppresse pas nostre franchise: si que nous pouvons, emmi ses forces, consentir ou resister a ses mouvemens selon qu'il nous plaist..

  A004000441 

 Saint Pachome, Ihors encor tout jeune soldat et sans connoissance de Dieu, enroollé sous les enseignes de l'armee que Constance avoit dressee contre le tyran Maxence, vint avec la trouppe de laquelle il estoit, loger au pres d'une petite ville non guere esloignee de Thebes, ou, non seulement luy, mais toute l'armee se treuva en extreme disette de vivres: ce qu'ayant entendu les habitans de la petite ville, qui par bonne rencontre estoyent fidelles de Jesus Christ, et par consequent amis et secourables au prochain, ilz prouveurent soudain a la necessité des soldatz, mais avec tant de [130] soin, de courtoisie et d'amour, que Pachome en fut tout ravi d'admiration; et demandant quelle nation estoit celle-la, si bonteuse, amiable et gracieuse, on luy dit que c'estoyent des Chrestiens; et s'enquerant derechef quelle loy et maniere de vivre estoit la leur, il apprit qu'ilz croyoient en Jesus Christ, Filz unique de Dieu, et faisoyent bien a toutes sortes de personnes, avec ferme esperance d'en recevoir de Dieu mesme une ample recompence.

  A004000443 

 Mais quelz sont ses attraitz? Le premier, par lequel il nous previent et resveille, se fait par luy «en nous» et «sans nous;» tous les autres se font aussi par luy, et «en nous,» mais non pas «sans nous.» Tires-moy, dit l'Espouse sacree, c'est a dire, commences le premier, car je ne sçaurois m'esveiller de moy mesme, je ne sçaurois me mouvoir si vous ne m'esmouves; mays quand vous m'aures esmeüe, alhors, o le cher Espoux de mon ame, nous courrons nous deux: vous courres devant moy en me tirant tous-jours plus avant, et moy je vous suivray a la course, consentant a vos attraitz; mays que personne n'estime que vous m'allies tirant apres vous comme une esclave forcee ou comme une charrette inanimee; ah non, vous me tires a l'odeur de vos parfums.

  A004000443 

 Si je vous vay suivant, ce n'est pas que vous me traisnies, c'est que vous m'alleches; vos attraitz sont puissans, mays non pas violens, [132] puisque toute leur force consiste en leur douceur.

  A004000447 

 Et neanmoins, cette obscure clarté de la foy estant entree dans nostre esprit, non par force de discours ni par apparence d'argumens, ains par la seule suavité de sa presence, [133] elle se fait croire et obeir a l'entendement avec tant d'authorité, que la certitude qu'elle nous donne de la verité surmonte toutes les autres certitudes du monde, et assujettit tellement tout l'esprit et tous les discours d'iceluy, qu'ilz n'ont point de credit en comparayson..

  A004000447 

 Quand Dieu nous donne la foy, il entre en nostre ame et parle a nostre esprit, non point par maniere de discours, mais par maniere d'inspiration, proposant si aggreablement ce qu'il faut croyre, a l'entendement, que la volonté en reçoit une grande complaysance, et telle qu'elle incite l'entendement a consentir et acquiescer a la verité, sans doute ni defiance quelconque.

  A004000448 

 Mais ne faut il pas qu'en effect je sois infiniment aymable, puisque les sombres tenebres et les espais brouillars entre lesquelz je suis, non pas veüe mais seulement entreveüe, ne me peuvent empescher d'estre si aggreable, que l'esprit, me cherissant sur tout, fendant la presse de toutes autres connoissances, il me fait faire place et me reçoit comme sa reyne, dans le trosne le plus relevé qui soit en son palais, d'ou je donne la loy a toute science et assujettis tout discours et tout sentiment humain? Ouy vrayement, Theotime, tout ainsy que les chefz de l'armee d'Israël se despouillans de leurs vestemens, les mirent ensemble et en firent comme un trosne royal sur lequel ilz assirent Jehu, crians: Jehu est roy, de mesme, a l'arrivee de la foy, l'esprit se despouille de tous discours et argumens, et les sousmettant a la foy, il la fait asseoir sur iceux, la reconnoissant comme reyne, et crie avec une grande joye: Vive la foy! Les discours et argumens pieux, les miracles et autres avantages de la religion chrestienne, la rendent certes extremement croyable et connoissable; mays la seule foy la rend creüe et reconneüe, faysant aymer la beauté de sa verité [134] et croire la verité de sa beauté, par la suavité qu'elle respand en la volonté et la certitude qu'elle donne a l'entendement.

  A004000449 

 Vous aves ouy dire, Theotime, qu'es Conciles generaux il se fait des grandes disputes et recherches de la verité, par discours, raysons et argumens de theologie; mays la chose estant debattue, les Peres, c'est a dire les Evesques, et specialement le Pape qui est le chef des Evesques, concluent, resoulvent et determinent, et la determination estant prononcee chacun s'y arreste et y acquiesce pleinement, non point en consideration des raysons alleguees en la dispute et recherche precedente, mays en vertu de l'authorité du Saint Esprit qui, presidant invisiblement es Conciles, a jugé, determiné et conclu par la bouche de ses serviteurs qu'il a establis Pasteurs du Christianisme.

  A004000453 

 La foy nous fait connoistre par une infallible certitude que Dieu est, qu'il est infini en bonté, qu'il se peut communiquer a nous, et que non seulement il peut, ains il le veut: si que, par une ineffable douceur, il nous a preparés tous les moyens requis pour parvenir au bonheur de la gloire immortelle.

  A004000481 

 Nous nous aymons ensemblement avec Dieu par cet amour, mays non pas nous preferant ou esgalant a luy en cet amour; l'amour de nous mesmes est meslé avec celuy de Dieu, mays celuy de Dieu surnage; nostre amour propre y entre voirement, mais comme simple motif, et non comme fin principale; nostre interest y tient quelque lieu, mays Dieu y tient le rang principal.

  A004000482 

 Et c'est ainsy que nous aymons et convoitons Dieu par l'esperance: non affîn qu'il soit nostre bien, mais parce qu'il l'est; non affin qu'il soit nostre, mais parce que nous sommes siens; non comme s'il estoit pour nous, mais d'autant que nous sommes pour luy..

  A004000482 

 Mais il y a des biens dont nous jouissons d'une jouissance de dependance, participation et sujettion, comme nous faysons de la bienveuillance de nos pasteurs, princes, pere, mere, ou de leur presence et faveur: car l'amour que nous leur portons est aussi, certes, amour de convoitise, quand nous les aymons entant qu'ilz sont nos princes, nos pasteurs, nos peres, nos meres, puisque ce n'est pas la qualité de pasteur, ni de prince, ni de pere, ni de mere, qui nous les fait aymer, ains parce qu'ilz sont telz en nostre endroit et a nostre regard; mays cette convoitise est un amour de respect, de reverence, d'honneur; car nous aymons, par exemple, nos peres, non parce qu'ilz sont nostres, mays parce que nous sommes a eux.

  A004000498 

 Or, comme le desir du Paradis est extremement honnorable, aussi la crainte de le perdre est grandement prisable; et non seulement cela, mais le desir du Paradis estant fort estimable, la crainte de son contraire, qui est l'enfer, est bonne et louable.

  A004000504 

 Et prenes garde que je ne dis pas que ces repentances rejettent l'amour de Dieu, mais je dis seulement qu'elles [151] ne le comprennent pas; elles ne le repoussent pas, mais elles ne le contiennent pas; elles ne sont pas contre luy, mais elles sont encor sans luy; il n'en est pas forclos, mais il n'y est pas non plus enclos.

  A004000504 

 Et qui seroit le pere qui ne treuvast mauvais que son filz le voulust voirement servir, mais non jamais avec amour ou par amour?.

  A004000504 

 La volonté qui embrasse le bien, simplement, est fort bonne, mais si elle l'embrasse en rejettant le mieux, elle est certes desreglee, non pas acceptant l'un, mais en repoussant l'autre: ainsy, le vœu de donner aujourd'huy l'aumosne est bon, mais le vœu de ne la donner qu'aujourd'huy seroit mauvais, parce qu'il forclorroit le mieux, qui est de la donner aujourd'huy et demain et tous-jours, quand on pourra.

  A004000513 

 Et comme lhors qu'Esaü sortit du ventre de sa mere, Jacob son jumeau l'empoigna par le pied, affin que non seulement leurs naissances s'entresuivissent, mais aussi s'entretinssent et fussent entreliees l'une a l'autre, de mesme le repentir, rude et aspre a cause de sa douleur, naist le premier, comme un autre Esaü, et l'amour, doux et gratieux comme Jacob, le tient par le pied et s'attache tellement a luy qu'ilz n'ont qu'une seule origine, puisque la fin de la naissance du repentir est le commencement de celle du parfait amour.

  A004000515 

 Mays quelle difference y a-il, me repliqueres-vous, entre ce mouvement unissant de la penitence et l'action propre de l'amour? Theotime, l'action de l'amour est un mouvement d'union voirement, mais il se fait par complaysance: or, le mouvement d'union qui est en la penitence se fait, non par voye de complaysance, ains de desplaysir, de repentance, de reparation, de reconciliation; entant donq que ce mouvement unit, il a la qualité de l'amour, entant qu'il est amer et douloureux, il a la qualité de la penitence; et, en somme, de sa naturelle condition c'est un vray mouvement de penitence, mais qui a la vertu et qualité unissante de l'amour.

  A004000517 

 Ni ne faut pas non plus s'estonner que la force de l'amour naisse dedans la repentance avant que l'amour y soit formé; puisque nous voyons que par la reflexion des rayons du soleil battant sur la glace d'un mirouer, la chaleur, qui est la vertu et propre qualité du feu, s'augmente petit a petit si fort, qu'elle commence a brusler avant qu'elle ayt bonnement produit le feu, ou, au moins, avant que nous l'ayons apperceu.

  A004000525 

 Voyes vous, Theotime, elle ne prieroit pas si elle n'estoit excitee, mais si tost qu'elle l'est et qu'elle sent les attraitz, elle prie qu'on la tire; estant tiree elle court, mays elle ne courroit pas si les parfums qui l'attirent, et par lesquelz on la tire, ne luy avivoient le cœur par la force de leur odeur precieuse; et comme elle court plus fort et qu'elle s'approche de plus pres de son celeste Espoux, elle sent tous-jours plus delicieusement les suavités qu'il respand, jusques a ce qu'en fin luy mesme s'escoule dedans son cœur par maniere de bausme respandu, si qu'elle s'escrie, comme surprise de ce contentement, non si tost attendu et inopiné: O mon Espoux, vous estes un bausme versé dans mon sein! ce n'est pas merveille si les jeunes ames vous cherissent.

  A004000530 

 Et quant a nous, nous traittons avec luy a toutes heures, quand il nous plait, par la tressainte orayson, ayans toute nostre vie, nostre mouvement et nostre estre, non seulement avec luy, mais en luy et par luy..

  A004000530 

 Voyla donq en fin, mon cher Theotime, comme Dieu, par un progres plein de suavité ineffable, conduit l'ame qu'il fait sortir hors de l'Egypte du peché, d'amour en amour, comme de logement en logement, jusques a ce qu'il l'ayt fait entrer en la Terre de promission, je veux dire en la tressainte charité; laquelle, pour le dire en un mot, est une amitié et non pas un amour interessé, car par la charité nous aymons Dieu pour l'amour de luy mesme, en consideration de sa bonté tres souverainement aymable.

  A004000532 

 Nous l'appelions donq amitié surnaturelle pour cela, et de plus encor, parce qu'elle regarde Dieu et tend a luy, non selon la science naturelle que nous avons de sa bonté, mais selon la connoissance surnaturelle de la foy.

  A004000543 

 La charité donq, entre nous, peut estre perfectionnee jusques a l'infini, mais exclusivement; c'est a dire, la charité peut estre rendue de plus en plus et tous-jours plus excellente, mais non pas que jamais elle puisse estre infinie.

  A004000550 

 Car, comme en l'Arabie heureuse, non seulement les plantes de nature aromatique, mays toutes les autres sont odorantes, participant au bonheur de ce solage, ainsy en l'ame charitable, non seulement les œuvres excellentes de leur nature, mais aussi les petites besoignes, se ressentent de la vertu du saint amour et sont en bonne odeur devant la majesté de Dieu, qui, a leur consideration, augmente la sainte charité.

  A004000551 

 Par quoy, tout ainsy que les perles prennent non seulement leur naissance mais aussi leur aliment de la rosee, les meres perles ouvrant pour cet effect leurs escailles du costé du ciel, comme pour mendier les gouttes que la fraischeur de l'air fait escouler a l'aube du jour, de mesme, ayans receu la foy, l'esperance et la charité, de la Bonté celeste, nous devons tous-jours retourner nos cœurs et les tenir tendus de ce costé-la, pour en impetrer la continuation et l'accroissement des mesmes vertus.

  A004000552 

 Or, comme au thresor du Temple, les deux petites pittes de la pauvre vefve furent [171] estimees, et qu'en effect, par l'addition des petites pieces, les thresors s'aggrandissent et leur valeur s'augmente d'autant, ainsy les moindres petites bonnes œuvres, quoy que faites un peu laschement et non selon toute l'estendue des forces de la charité que l'on a, ne laissent pas d'estre aggreables a Dieu et d'avoir leur valeur aupres de luy: de sorte qu'encor que d'elles mesmes elles ne puissent pas causer aucun accroissement a l'amour precedent, estans de moindre vigueur que luy, la Providence divine toutefois, qui en tient compte et par sa bonté en fait estat, les recompense soudain de l'accroissement de la charité pour le present, et de l'assignation d'une plus grande gloire au Ciel pour l'advenir..

  A004000554 

 Certes, le sacré Concile de Trente parle ainsy: «Si quelqu'un dit que la justice receüe n'est pas conservee, et que mesmes elle n'est pas augmentee devant Dieu par bonnes œuvres, [172] mays que les œuvres sont seulement fruitz et signes de la justification acquise, et non pas cause de l'augmenter, anatheme.» Voyés-vous, Theotime, la justification qui se fait par la charité est augmentee par les bonnes œuvres, et, ce qu'il faut remarquer, c'est par les bonnes œuvres sans exception; car, comme dit excellemment saint Bernard sur un autre sujet, «rien n'est excepté ou rien n'est distingué.» Le Concile parle des bonnes œuvres indistinctement et sans reserve, nous donnant a connoistre, que non seulement les grandes et ferventes, ains aussi les petites et foibles, font augmenter la sainte charité; mais les grandes, grandement, et les petites, beaucoup moins..

  A004000559 

 Neanmoins, le mesme amour qui luy donna ce grand assaut de douleur, luy donna quant et quant la force de le soustenir, et il le mit en action pour, avec une promptitude nompareille, remedier au mal de la chere compaigne de sa vie: si que, ouvrant de vistesse un buffet qui estoit la, il prend une eau cordiale infiniment pretieuse, et en ayant rempli sa bouche, il ouvre de force les levres et les dens serrees de cette bienaymee princesse; puis, soufflant et jettant cette pretieuse liqueur qu'il tenoit en sa bouche, dedans celle de sa pauvre pasmee, et espluyant au nez, sur les temples et sur l'endroit du cœur d'icelle le reste de la phiole, il la fit en fin revenir a soy et reprendre sentiment; puis il la releve doucement, et a force de remedes il la revigore et ravive en telle sorte, qu'elle commença a se lever sur pied et se promener tout bellement avec luy; mays non pas toutefois sans son ayde: car il l'alloit relevant et soustenant par dessous le bras, jusques a ce qu'en fin il luy mit un epitheme de si grande vertu et si pretieux sur l'endroit du cœur, que lhors, se sentant tout a fait remise en sa [174] premiere santé, elle marchoit toute seule d'elle mesme, son cher espoux ne la soustenant plus si fort, ains seulement luy tenant doucement sa main droite entre les siennes et son bras droit replié sur le sien et sur sa poitrine.

  A004000560 

 Or, tandis qu'il la fait ainsy passer entre les vertus par lesquelles il la dispose a ce saint amour, il ne la conduit pas seulement, mais il la soustient de telle façon, que comme elle, de son costé, marche tant qu'elle peut, aussi luy, pour sa part, la porte et la va soustenant; et ne sçauroit-on bonnement dire si elle va ou si elle est portee, car elle n'est pas tellement portee qu'elle n'aille, et va toutefois tellement, que si elle n'estoit portee elle ne pourroit pas aller; si que, pour parler a l'apostolique, elle doit dire: Je marche, non pas moy seule, ains la grace de Dieu avec moy..

  A004000565 

 Pour ces grandes œuvres, Theotime, nous avons besoin non seulement d'estre inspirés, mays aussi d'estre fortifiés, affin d'effectuer ce que l'inspiration requiert de nous; comme encor es grans assautz des tentations extraordinaires, une speciale et particuliere presence du secours celeste nous est tout a fait necessaire.

  A004000566 

 Saint Anthoine fut assailli d'une effroyable legion de demons, desquelz ayant asses longuement soustenu les effortz, non sans une peyne et des tourmens incroyables, en fin il vit le toit de sa cellule se fendre, et un rayon celeste fondre dans l'ouverture, qui dissipa en un moment la noyre et tenebreuse trouppe de ses ennemis et luy osta toute la douleur des coups receus en cette bataille: dont il conneut la presence speciale de Dieu, et jettant un profond souspir du costé de la vision: «Ou esties vous, o bon Jesus,» dit-il, «ou esties vous? pourquoy ne vous estes vous pas treuvé ici des le commencement, pour remedier a ma peyne?» «Anthoine,» luy fut il respondu d'en haut, «j'estois ici, mais j'attendois l'issue de ton combat: or, parce que tu as esté brave et vaillant, je t'ayderay tous-jours.» Mais en quoy consistoit la vaillance et le courage de ce grand soldat spirituel? Il le declara luy mesme une autre fois, qu'estant attaqué par un diable qui avoüa d'estre l'esprit de fornication, ce glorieux Saint, apres plusieurs parolles dignes de son grand courage, commença a chanter le verset 7 du Psalme CXVII:.

  A004000593 

 Non certes que je veuille dire que la perseverance ayt son origine de nostre pouvoir, car au contraire, je sçay qu'elle procede de la misericorde divine, de laquelle elle est un don tres pretieux; mays je veux dire qu'encor qu'elle ne provient pas de nostre pouvoir, elle vient neanmoins en nostre pouvoir, par le moyen de nostre vouloir que nous ne sçaurions nier estre en nostre pouvoir: car bien [182] que la grace divine nous soit necessaire pour vouloir perseverer, si est ce que ce vouloir est en nostre pouvoir, parce que la grace celeste ne manque jamais a nostre vouloir tandis que nostre vouloir ne defaut pas a nostre pouvoir.

  A004000619 

 Neanmoins, cette union a laquelle nostre cœur aspire ne peut arriver a sa perfection en cette vie mortelle; nous pouvons commencer nos amours en ce monde, mais non pas les consommer qu'en l'autre..

  A004000620 

 Elle le treuve donq, ce Bienaymé, car il luy fait sentir sa presence par mille consolations; elle le tient, car ce sentiment produit [187] des fortes affections par lesquelles elle le serre et l'embrasse; elle proteste de ne le quitter jamais, oh non, car ces affections passent en resolutions eternelles; et toutefois, elle ne pense pas le bayser du bayser nuptial jusques a ce qu'elle soit avec luy en la mayson de sa mere, qui est la Hierusalem celeste, comme dit saint Paul.

  A004000621 

 Icy, en cette vie caduque, l'ame est voirement espouse et fiancee de l' Aigneau immaculé, mais non pas encor mariee avec luy; la foy et les promesses se donnent, mais l'execution du mariage est differee: c'est pourquoy il y a tous-jours lieu de nous en desdire, quoy que jamais nous n'en ayons aucune rayson, puisque nostre fidele Espoux ne nous abandonne jamais que nous ne l'obligions a cela par nostre desloyauté et perfidie.

  A004000626 

 Or, non seulement chacun en particulier aura plus d'amour au Ciel qu'il n'en eut jamais en terre, mays l'exercice de la moindre charité qui soit en la vie celeste sera de beaucoup plus heureux et excellent, a parler generalement, que celuy de la plus grande charité qui soit, ou ayt esté, ou qui sera en cette vie caduque, car la haut tous les Saintz prattiquent leur amour incessamment, sans remise quelconque, tandis qu'ici bas les plus grans serviteurs de Dieu, tirés et tirannisés des necessités de cette vie mourante, sont contrains de souffrir mille et mille distractions qui les ostent souvent de l'exercice du saint amour..

  A004000626 

 Quand, apres les travaux et hazards de cette vie mortelle, les bonnes ames arrivent au port de l'eternelle, elles montent au plus haut et dernier degré d'amour auquel elles puissent parvenir; et cet accroissement final leur estant conferé pour recompense de leurs merites, il leur est departi, non seulement a bonne mesure, mais encor a mesure pressee, entassee et qui respand de toutes pars par dessus, comme dit Nostre Seigneur: de sorte que l'amour qui est donné pour salaire est tous-jours plus grand en un chacun que [189] celuy lequel luy avoit esté donné pour meriter.

  A004000629 

 Ce n'est pas l'ordinaire non plus que les hommes mortelz ayent plus de charité que les immortelz; et toutefois il y en a eu de mortelz qui, estans inferieurs en l'exercice de l'amour aux immortelz, les ont neanmoins devancés en la charité et habitude amoureuse.

  A004000633 

 La virginité de son cœur et de son cors fut plus digne et plus honnorable que celle des Anges; c'est pourquoy son esprit, non divisé ni partagé, comme saint Paul parle, estoit t out occupé a penser aux choses divines, comme elle plairoit a son Dieu.

  A004000634 

 Hé, n'allegués pas, je vous prie, que cette sainte Vierge fut neanmoins sujette au dormir; non, ne me dites pas cela, Theotime, car ne voyes-vous pas que son sommeil est un sommeil d'amour, de sorte que son Espoux mesme veut qu'on la laisse dormir tant qu'il luy plaira? Ah, gardés bien, je vous en conjure, dit-il, d'esveiller ma Bienaymee jusques a ce qu'elle le veuille.

  A004000635 

 Mays quant a la tressainte Vierge, o Dieu, avec quelle devotion devoit elle aymer son cors virginal! non seulement parce que c'estoit un cors doux, humble, pur, obeissant au saint amour et qui estoit tout embaumé de mille sacrees suavités, mays aussi parce qu'il estoit la source vivante de celuy du Sauveur et luy appartenoit si estroittement, d'une appartenance incomparable.

  A004000638 

 En somme, comme l'abeston, pierre pretieuse, conserve a jamais le feu qu'il a conceu, par une proprieté nompareille, ainsy le cœur de la Vierge Mere demeura perpetuellement enflammé du saint amour qu'elle receut de son Filz; mays avec cette difference, que le feu de l'abeston qui ne peut estre esteint, ne peut non plus estre agrandi.

  A004000645 

 O combien delicieuse est la sainte lumiere de la foy, par laquelle nous sçavons avec une certitude nompareille, non seulement l'histoire de l'origine des creatures et de leur vray usage, mais aussi celle de la naissance eternelle du grand et souverain Verbe divin, auquel et par laquel tout a esté fait, et lequel, avec le Pere et le Saint Esprit, est un seul Dieu tres unique, tres adorable et beni es siecles des siecles, Amen.

  A004000646 

 Ah, que belles et amiables sont les verités que la foy nous revele par l'ouïe! mais quand, arrivés en la celeste Hierusalem, nous verrons le grand Salomon, Roy de gloire, assis sur le trosne de sa sapience, manifestant avec une clarté incomprehensible les merveilles et secretz eternelz de sa verité souveraine, avec tant de lumiere que nostre entendement verra en presence ce qu'il avoit creu ici bas, oh alhors, trescher Theotime, quelz ravissemens! quelles extases! quelles admirations! quelles amours! quelles douceurs! Non jamais, dirons-nous en cet exces de suavité, non jamais nous n'eussions sceu penser de voir des verités si delectables.

  A004000651 

 Hé, quelle union de nostre cœur a Dieu la haut au Ciel, ou apres ces desirs infinis du vray bien, non jamais assouvis en ce monde, nous en treuverons la vivante et puissante source! [199].

  A004000656 

 Quand nous regardons quelque chose, quoy qu'elle nous soit presente elle ne s'unit pas a nos yeux elle mesme, ains seulement leur envoye une certaine representation ou image d'elle mesme, que l'on appelle espece sensible, par le moyen de laquelle nous voyons; et quand nous contemplons ou entendons quelque chose, ce que nous entendons ne s'unit pas non plus a nostre entendement sinon par le moyen d'une autre representation et image, tres delicate et spirituelle, que l'on nomme espece intelligible.

  A004000658 

 O vray Dieu, quelle suavité a l'entendement humain, d'estre a jamais uni a son souverain object, recevant non sa representation mais sa presence, non aucune image ou espece mais la propre essence de sa divine verité et majesté! Nous serons la comme des enfans tres heureux de la Divinité, ayans l'honneur d'estre nourris de la propre substance divine, receüe en nostre ame par la bouche de nostre entendement; et ce qui surpasse toute douceur, c'est que, comme les meres [201] ne se contentent pas de nourrir leurs poupons de leur lait, qui est leur propre substance, si elles mesmes ne leur mettent le chicheron de leur tetin dans la bouche, affin qu'ilz reçoivent leur substance non en un cuillier ou autre instrument ains en leur propre substance et par leur propre substance, en sorte que cette substance maternelle serve de tuyau aussi bien que de nourriture pour estre receüe du bienaymé petit enfançon, ainsy Dieu, nostre Pere, ne se contente pas de faire recevoir sa propre substance en nostre entendement, c'est a dire de nous faire voir sa Divinité, mais par un abisme de sa douceur il appliquera luy mesme sa substance a nostre esprit, affin que nous l'entendions non plus en espece ou representation mais en elle mesme et par elle mesme, en sorte que sa substance paternelle et eternelle serve d'espece aussi bien que d'object a nostre entendement.

  A004000674 

 Or, le Pere et le Filz se treuvans non seulement egaux et unis, ains un mesme Dieu, une mesme bonté, une mesme essence et une mesme unité, quel amour doivent-ilz avoir l'un a l'autre! Mays cet amour ne se passe pas comme l'amour que les creatures intellectuelles ont entre elles ou envers leur Createur (car l'amour creé se fait par plusieurs et divers eslans, souspirs, unions et liaysons qui s'entresuivent et font la continuation de l'amour avec une douce vicissitude de mouvemens spirituelz); car l'amour divin du Pere eternel envers son Filz est prattiqué en un seul souspir, eslancé reciproquement par le Pere et le Filz, qui, en cette sorte, demeurent unis et liés ensemble.

  A004000693 

 L'entendement creé verra donq l'essence divine sans aucune entremise d'espece ou representation, mais il ne la verra pas neanmoins sans quelqu'excellente lumiere qui le dispose, esleve et renforce pour faire une veüe si haute et d'un object si sublime et esclattant; car, comme la chouette a bien la veüe asses forte pour voir la sombre lumiere de la nuict sereine, mais non pas toutefois pour voir la clarté du midi, qui est trop brillante pour estre receüe par des yeux si troubles et imbecilles, ainsy nostre entendement, qui a bien asses de force pour considerer les verités naturelles par son discours, et mesme les choses surnaturelles de la grace par la lumiere de la foy, ne sauroit pas neanmoins, ni par la lumiere de la nature ni par la lumiere de la foy, atteindre jusques a la veüe de la substance divine en elle mesme.

  A004000704 

 Non, Theotime, car Dieu estant tres uniquement un et tres simplement indivisible, on ne le peut voir qu'on ne le voye tout; et d'autant qu'il est infini, sans limite, ni borne, ni mesure quelcomque en sa perfection, il n'y a ni peut avoir aucune capacité hors de luy, qui jamais puisse totalement comprendre ou penetrer l'infinité de sa bonté, infiniment essentielle et essentiellement infinie..

  A004000724 

 Ainsy la charité est quelquefois tellement alangourie et [218] abbatue dans le cœur qu'elle ne paroist presque plus en aucun exercice, et neanmoins elle ne laisse pas d'estre entiere en la supreme region de l'ame; et c'est lhors que, sous la multitude des pechés venielz, comme sous des cendres, le feu du saint amour demeure couvert et sa lueur estouffee, quoy que non pas amorti ni esteint.

  A004000724 

 Certes, le peché veniel, ni mesme l'affection au peché veniel, n'est pas contraire a l'essentielle resolution de la charité, qui est de preferer Dieu a toutes choses: d'autant que par ce peché nous aymons quelque chose hors de la rayson, mais non pas contre la rayson; nous deferons un peu trop, et plus qu'il n'est convenable, a la creature, mais non pas en la preferant au Createur; nous nous amusons plus qu'il ne faut aux choses terrestres, mais nous ne quittons pas pour cela les celestes: en somme, cette sorte de peché nous retarde au chemin de la charité, mais il ne nous en oste pas, et partant, le peché veniel n'estant pas contraire a la charité, il ne la destruit jamais, ni en tout ni en partie..

  A004000726 

 Neanmoins, le peché veniel est peché, et par consequent il desplait a la charité, non comme chose qui luy soit contraire, mays comme chose contraire a ses operations et a son progres, voire mesme a son intention, laquelle estant que nous rapportions toutes nos operations a Dieu, elle est violee par le peché veniel, qui porte les actions par lesquelles nous le commettons, non pas voirement contre Dieu, mais hors de Dieu et de sa volonté: et comme nous disons d'un arbre qui a esté rudement touché et reduit en friche par la tempeste, que rien n'y est demeuré, parce qu'encor que l'arbre est entier, neanmoins il est resté sans fruit, de mesme, quand nostre charité est battue des affections que l'on a aux pechés venielz, nous disons qu'elle est diminuee et defaillie, non que l'habitude de l'amour ne soit entiere en nos espritz, mais parce qu'elle est sans les œuvres qui sont ses fruitz..

  A004000733 

 Nous n'aymons pas Dieu sans intermission, d'autant qu'en cette vie mortelle la charité est en nous par maniere de simple habitude, de laquelle, comme les philosophes ont remarqué, nous usons quand il nous plait et non jamais contre nostre gré.

  A004000748 

 Que si Agar, qui n'estoit qu'une ægyptienne, veyant son filz en danger de mourir n'eut pas le courage de demeurer au pres de luy, ains le voulut quitter, disant: Ah, je ne sçaurois voir mourir cet enfant! quelle merveille y a-il que la charité, fille de douceur et suavité celeste, ne puisse voir mourir son enfant, qui est le propos de ne jamais offencer Dieu? Si que, a mesure que nostre franc arbitre se resout de consentir au peché, donnant par mesme moyen la mort a ce sacré propos, la charité meurt avec iceluy, et dit en son dernier souspir: Hé non, jamais je ne verray mourir cet enfant.

  A004000753 

 Mays les uns esveillés se levent, et gaignans païs allerent heureusement au giste; les autres, non seulement ne se levent pas, mais tournans le dos au soleil et enfonçans leurs chapeaux sur leurs yeux, passerent la leur journee a dormir, jusques a ce que, surpris de la nuit et voulans neanmoins aller au logis, ilz s'esgarent qui ça qui la dans une forest, a la merci des loups, sangliers et autres bestes sauvages.

  A004000755 

 Tous les hommes sont voyageurs en cette vie mortelle; presque tous nous nous sommes volontairement endormis en l'iniquité, et Dieu, Soleil de justice, darde sur tous, tres suffisamment ains abondamment, les rayons de ses inspirations, il eschauffe nos cœurs de ses benedictions, touchant un chascun des attraitz de son amour: hé, que veut dire donq que ces attraitz en attirent si peu et en tirent encor moins? Ah, certes, ceux qui estans attirés, puis tirés, suivent l'inspiration, ont grande occasion de s'en res-jouir, mais non pas de s'en glorifier: qu'ilz se resjouissent, parce qu'ilz jouissent d'un grand bien; mais qu'ilz ne s'en glorifient pas, puisque c'est par la pure bonté de Dieu, qui leur laissant l'utilité de son bienfait s'en est reservé la gloire..

  A004000762 

 Car dis-moy, je te prie, ne m'advoueras-tu pas que si Dieu ne t'eust prevenu, tu n'eusses jamais senti sa bonté, ni par conséquent consenti a son amour? non, ni mesme tu n'eusses pas fait une seule bonne pensee pour luy: son mouvement a donné l'estre et la vie au tien, et si sa liberalité n'eust animé, excité et provoqué ta liberté par les puissans attraitz de sa suavité, ta liberté fut tous-jours demeuree inutile a ton salut.

  A004000763 

 Mays dis moy derechef, je te prie, homme vil et abject, es tu pas ridicule quand tu penses avoir part en la gloire de ta conversion parce que tu n'as pas repoussé l'inspiration? n'est ce pas la fantasie des voleurs et tirans, de penser donner la vie a ceux auxquelz ilz ne l'ostent pas? et n'est ce pas une forcenee impieté de penser que tu ayes donné la sainte, efficace et vive activeté a l'inspiration divine, parce que tu ne la luy as pas ostee par ta resistence? Nous pouvons empescher les effeetz de l'inspiration, mais nous ne les luy pouvons pas donner: elle tire sa force et venu de la bonté divine, qui est le lieu de son origine, et non de la volonté humaine, qui est le lieu de son abord.

  A004000764 

 C'est donq l'inspiration qui imprime en nostre franc arbitre l'heureuse et suave influence, par laquelle non seulement [234] elle luy fait voir la beauté du bien, mais elle l'eschauffe, l'ayde, le renforce et l'esmeut si doucement, que par ce moyen il se plie et escoule librement au parti du bien..

  A004000765 

 Et quant a celle qui a conceu la perle et qui est restee engrossee de la rosee, elle n'a rien en cela qu'elle ne tienne du ciel, non pas mesme son ouverture par laquelle elle a receu la rosee; car sans le ressentiment des rayons de l'aurore, qui l'ont doucement excitee, elle ne fust pas venue en la surface de la mer ni n'eust pas ouvert son escaille.

  A004000765 

 Or, le ciel a il pas envoÿé sa rosee et son influence sur l'une et l'autre mereperle? pourquoy donq l'une a-elle par effect produit sa perle, et l'autre non? Le ciel avoit esté liberal pour celle qui est demeuree sterile, autant qu'il estoit requis pour l'emperler et rendre enceinte du bel union; mais elle a empesché l'effect de son benefice, se tenant fermee et couverte.

  A004000771 

 O Theotime mon ami, jamais, non jamais nous ne devons laisser emporter nostre esprit a ce tourbillon de vent follet, ni penser de treuver une meilleure rayson de la volonté de Dieu que sa volonté mesme, laquelle est souverainement raysonnable, ains la rayson de toutes [236] les raysons, la regle de toute bonté, la loy de toute equité.

  A004000773 

 «Personne,» dit-il, «ne vient au Sauveur sinon estant tiré: qui c'est qu'il tire et qui c'est qu'il ne tire pas, pourquoy il tire celuy cy et non pas celuy la, n'en veuille pas juger si tu ne veux errer.

  A004000782 

 «Nous ressemblons,» dit derechef le grand Nazianzene, «a ceux qui sont affligés du vertigo ou tournoyement de teste: il leur est advis que tout tourne sans dessus dessous autour d'eux, bien que ce soit leur cervelle et imagination qui tournent, et non pas les choses; car ainsy, rencontrans quelques evenemens desquelz les causes nous sont inconneües, il nous semble que les choses du monde sont administrees sans rayson parce que nous ne la sçavons pas.

  A004000797 

 Nous avons veu des jeunes gens bien nourris en l'amour de Dieu, qui se detraquans, ont demeuré quelque tems au milieu de leur malheureuse decadence qu'on ne laissoit pas de voir en eux des grandes marques de leur vertu passee, et que, l'habitude acquise du tems de la charité repugnant au vice present, on avoit peyne durant quelques mois de discerner s'ilz estoyent hors de la charité ou non, et s'ilz estoyent vertueux ou vitieux; jusques a ce que le progres faisoit clairement connoistre que ces exercices vertueux ne prenoient pas leur origine de la charité presente, mais de la charité passee, non de l'amour parfait, mais de l'imparfait que la charité avoit laissé apres soy comme marque du logement qu'elle avoit fait en ces ames-la..

  A004000807 

 Mais si la desfiance se rendoit si demesuree qu'il nous semblast de n'avoir ni force ni courage, et que partant il nous arrivast du desespoir sur le sujet des tentations imaginees, comme si nous n'estions pas en la charité et grace de Dieu, il nous faut alhors faire resolution, malgré nostre sentiment et descouragement, de bien estre fideles en tout ce qui nous arrivera, jusques a la tentation qui nous met en peyne, et esperer que lhors qu'elle arrivera Dieu multipliera sa grace, redoublera son secours et nous fera toute l'assistance requise, et que ne nous donnant pas la force pour une guerre imaginaire et non necessaire, il nous la donnera quand ce viendra au besoin.

  A004000829 

 Or, le sang et le lait ne sont non plus differens l'un de l'autre que le verjus et le vin; car comme le verjus, meurissant par la chaleur du soleil, change de couleur, devient vin aggreable et se rend propre a nourrir, aussi le sang, assaisonné par la chaleur du cœur, prend la belle couleur blanche et devient une nourriture grandement convenable aux enfans..

  A004000842 

 L'herbe aproxis (ainsy que nous avons dit ailleurs) a une si grande correspondance avec le feu, qu'encor qu'elle en soit esloignee, soudain neanmoins qu'elle est a son aspect elle attire la flamme et commence a brusler, concevant son feu non tant a la chaleur qu'a la lueur de celuy qu'on luy presente.

  A004000847 

 Qui desire Dieu en le possedant, ne le desire pas pour le chercher, mais pour exercer cette affection dedans le bien mesme duquel il jouit; car le cœur ne fait pas ce mouvement de desir comme pretendant a la jouissance pour l'avoir, puisqu'il l'a des-ja, mais comme s'estendant en la jouissance laquelle il a; non pour obtenir le bien, mais pour s'y recreer et entretenir; non pour en jouir, mais pour s'y esjouir: ainsy que nous marchons et nous esmouvons pour aller en quelque delicieux jardin, auquel estans arrivés nous ne laissons pas de marcher et nous remuer derechef, non plus pour y venir, mais pour nous pourmener et passer le tems en iceluv; nous avons marché pour aller jouir de l'amenité du jardin, y estans, nous marchons pour nous esjouir en la jouissance d'iceluy..

  A004000850 

 on cherche tous-jours celuy qu'on ayme tous-jours, dit le grand saint Augustin; l'amour cherche ce qu'il a treuvé, non affin de l'avoir, mais pour tous-jours l'avoir..

  A004000859 

 Ainsy donq il revescut d'une nouvelle vie, parce que la vie de son filz entra dans son esprit par complaysance et l'anima d'un contentement non pareil, duquel se treuvant assouvi et ne tenant plus conte d'aucun autre playsir en comparayson d'iceluy: Il me suffit, dit-il, si mon enfant Joseph est en vie.

  A004000865 

 Helas, il souffre des douleurs insupportables, ce divin Amant bienaymé, c'est cela qui m'attriste et me fait pasmer d'angoisse; mais il prend playsir a souffrir, il ayme ses tourmens et meurt d'ayse de mourir de douleur pour moy: c'est pourquoy, comme je suis dolente de ses douleurs, je suis aussi toute ravie d'ayse de son amour; non seulement je m'attriste avec luy, mais je me glorifie en luy..

  A004000880 

 Mays il ne l'appelle pas plus tost par son nom, que toute fondue en playsir: Hé Dieu, dit elle, mon Maistre! Rien certes ne la peut assouvir, elle ne sçauroit se playre avec les Anges, non pas mesme avec son Sauveur s'il ne paroist en la forme en laquelle il luy avoit ravi son cœur.

  A004000886 

 Toutefois, parce que, selon nostre apprehension ordinaire, l'honneur est estimé l'un des plus grans effectz de nostre bienveuillance envers les autres, et que par iceluy non seulement nous ne presupposons point d'indigence en ceux que nous honnorons, mais plustost nous protestons qu'ilz abondent en excellence, partant nous employons cette sorte de bienveuillance envers Dieu; qui non seulement l'aggree, mais la requiert comme conforme a nostre condition, et si propre pour tesmoigner l'amour respectueux que nous luy devons, que mesme il nous a ordonné de luy rendre et rapporter tout honneur et gloire..

  A004000938 

 Elles sont divines non seulement quant a leur fin, mais quant a leur origine, divines parce qu'elles tendent a Dieu, divines parce qu'elles procedent de Dieu.

  A004000964 

 Or, le premier exercice consiste principalement en l'orayson, en laquelle se passent tant de divers mouvemens interieurs qu'il est impossible de les exprimer tous; non seulement a cause de leur quantité, mais aussi a rayson de leur nature et qualité, laquelle estant spirituelle ne peut estre que grandement desliee et presque imperceptible a nos entendemens.

  A004000976 

 Mays quand nous pensons aux choses divines, non pour apprendre mais pour nous affectionner a elles, cela s'appelle mediter, et cet exercice, meditation, auquel nostre esprit, non comme une mousche, par simple amusement, ni comme un haneton, pour manger et se remplir, mais comme une sacree avette, va ça et la sur les fleurs des saintz mysteres pour en extraire le miel du divin amour..

  A004000979 

 Mays pourquoy veut il que nous meditions la sainte Passion? Non certes affin que nous devenions sçavans, mais affin que nous devenions patiens et courageux au chemin du Ciel.

  A004000980 

 La meditation n'est autre chose que le ruminement mystique, requis pour n'estre point immonde, auquel une des devotes bergeres qui suivoyent la sacree Sulamite nous invite; car elle asseure que la sainte doctrine est comme un vin pretieux, digne non seulement d'estre beue par les pasteurs et docteurs, mais d'estre soigneusement savouree, et par maniere de dire, maschee et ruminee: Ton gosier, dit elle, dans lequel se forment les paroles saintes, est un vin tres bon, digne de mon Bienaymé pour estre beu, et de ses levres et de ses dens pour estre ruminé.

  A004000981 

 L'avette va voletant ça et la, au primtems, sur les fleurs, non a l'adventure mais a dessein, non pour se recreer seulement a voir la gaye diapreure du païsage, mais pour chercher le miel; lequel ayant treuvé elle le [310] succe et s'en charge, puis, le portant dans sa ruche, elle l'accommode artistement, en separant la cire et d'icelle faisant le bornai, dans lequel elle reserve le miel pour l'hyver suivant.

  A004000981 

 Or telle est l'ame devote en la meditation: elle va de mystere en mystere, non point a la volee ni pour se consoler seulement a voir l'admirable beauté de ces divins objectz, mays destinement et a dessein pour treuver des motifs d'amour ou de quelque celeste affection; et les ayans treuvés elle les tire a soy, elle les savoure, elle s'en charge, et les ayans reduitz et colloqués dedans son cœur, elle met a part ce qu'elle void plus propre pour son avancement, faisant en fin des resolutions convenables pour le tems de la tentation.

  A004000987 

 Et en somme, la meditation est mere de l'amour, mais la contemplation est sa fille: c'est pourquoy j'ay dit que la contemplation estoit une attention amoureuse, car l'on appelle les enfans du nom de leurs peres, et non pas les peres du nom de leurs enfans..

  A004000994 

 Si que la connoissance du bien donne la naissance a l'amour, mais non pas la mesure; comme nous voyons que la connoissance d'une injure esmeut la cholere, laquelle, si elle n'est soudain estouffee, devient presque tous-jours plus grande que le sujet ne requiert: les passions ne suivant pas la connoissance qui les esmeut, mais la laissant bien souvent en arriere, elles s'avancent sans mesure ni limite quelcomque devers leur object..

  A004000998 

 Certes, l'eminente science des Cyprians, Augustins, Hilaires, Chrisostomes, Basiles, Gregoires, Bonaventures, Thomas, a non seulement beaucoup illustré, mais grandement affiné leur devotion, comme reciproquement leur devotion a non seulement rehaussé, mais extremement perfectionné leur science..

  A004001002 

 Les compaignes de l'Espouse sacree luy avoyent demandé quel estoit son Bienaymé, et elle leur respond descrivant admirablement toutes les pieces de sa parfaite beauté: son teint est blanc et vermeil, sa teste d'or, ses cheveux comme un jetton de fleurs de palmes non encor du tout espanouies, ses yeux de colombe, ses joües comme petites tables, planches ou carreaux de jardin, ses levres comme lis, parsemees de toutes odeurs, ses mains annelees de jacinthe, ses jambes comme colomnes de marbre; ainsy va-elle meditant cette souveraine beauté en detail, jusques a ce qu'en fin elle conclud par maniere de contemplation, mettant toutes les beautés en un: Son gosier, dit-elle, est tres suave, et luy il est tout desirable; et tel est mon Bienaymé, et il est mon cher Ami..

  A004001012 

 Et en fin, nous regardons d'autres fois, non plusieurs ni une seule des perfections divines, ains seulement quelqu'action ou quelqu'œuvre divine a laquelle nous sommes attentifs; comme, par exemple, a l'acte de la misericorde par lequel Dieu pardonne les pechés, ou a l'acte de la creation, ou de la resurrection du Lazare, ou de la conversion de saint Paul: ainsy qu'un espoux qui ne regarderoit pas les yeux, ains seulement la douceur du regard que son espouse jette sur luy, ne considereroit point sa bouche, mais la suavité des paroles qui en sortent.

  A004001012 

 Et lhors, Theotime, l'ame fait une certaine saillie d'amour, non seulement sur l'action qu'elle considere, mais sur Celuy duquel elle procede: Vous estes bon, Seigneur, et en vostre bonté apprenes moy vos justifications; Vostre gosier, c'est a dire la parole qui en provient, est très suave, et vous estes tout desirable; Helas, que vos paroles sont douces a mes entrailles, plus que le miel a ma bouche! Ou bien avec saint Thomas: Mon Seigneur et mon Dieu! et avec sainte Magdeleine: Rabboni! ha, mon Maistre!.

  A004001015 

 Sainte et sacree ivresse, qui, au contraire de la corporelle, nous aliene non du sens spirituel mais des sens corporelz; qui ne nous hebete ni abestit pas, ains nous angelise et, par maniere de dire, divinise; qui nous met hors de nous, non pour nous ravaler et ranger avec les bestes, comme fait l'ivresse terrestre, mais pour nous eslever au dessus de nous et nous ranger avec les Anges, en sorte que nous vivions plus en Dieu qu'en nous mesmes, estans attentifs et occupés par amour a voir sa beauté et nous unir a sa bonté..

  A004001024 

 Car, comme la mereperle, ayant receu les gouttes de la fraiche rosee du matin, se resserre, non seulement pour les conserver pures de tout le meslange qui s'en pourroit faire avec les eaux de la mer, mais aussi pour l'ayse qu'elle ressent d'appercevoir l'aggreable fraicheur de ce germe que le ciel luy envoye; ainsy arrive-il a plusieurs saintz et devotz fideles, qu'ayans receu le divin Sacrement qui contient la rosee de toutes benedictions celestes, leur ame se resserre et toutes leurs facultés se recueillent, non seulement pour adorer ce Roy souverain nouvellement present d'une presence admirable a leurs entrailles, mais pour l'incroyable [328] consolation et rafraichissement spirituel qu'ilz reçoivent, de sentir par la foy ce germe divin de l'immortalité en leur interieur.

  A004001024 

 Or ce mesme contentement peut estre prattiqué par imitation entre ceux qui, ayans communié, sentent par la certitude de la foy ce que non la chair ni le sang, mais le Pere celeste leur a revelé: que leur Sauveur est en cors et en ame present d'une tres reelle presence a leur cors et a leur ame, par ce tres adorable Sacrement.

  A004001030 

 Et c'est cet aymable repos de l'ame que la bienheureuse vierge Therese, de Jesus appelle «orayson de quietude,» non guere differente de ce qu'elle mesme nomme «sommeil des puissances,» si toutefois je l'entens bien..

  A004001031 

 Certes, les amans humains se contentent parfois d'estre aupres ou a la veüe de la personne qu'ilz ayment, [330] sans parler a elle et sans discourir a part eux, ni d'elle ni de ses perfections; assouvis, ce semble, et satisfaitz de savourer cette bienaymee presence, non par aucune consideration qu'ilz fassent sur icelle, mais par un certain accoisement et repos que leur esprit prend en elle.

  A004001033 

 Non, Theotime, l'ame ainsy tranquille en son Dieu ne quitteroit pas ce repos pour tous les plus grans biens du monde..

  A004001035 

 Les peintres peignent ordinairement le bienaymé saint Jean, en la cene, non seulement reposant, mais dormant sur la poitrine de son Maistre; parce qu'il y fut assis a la façon des Levantins, en sorte que sa teste tendoit vers le sein de son cher Amant, sur lequel, comme il ne dormoit pas du sommeil corporel, n'y ayant aucune vraysemblance en cela, aussi ne doute-je point que se treuvant si pres des mammelles de la douceur eternelle, il n'y fit un profond, mistique et doux sommeil, [332] comme un enfant d'amour qui, attaché au tetin de sa mere, allaite en dormant et dort en allaitant.

  A004001040 

 Mais apres que la fraicheur du lait a aucunement appaysé la chaleur appetissante de leur petite poitrine, et que les aggreables vapeurs qu'il envoye a leur cerveau commencent a les endormir, Theotime, vous les verries fermer tout bellement leurs petitz yeux et ceder petit e petit au sommeil, sans [333] quitter neanmoins le tetin, sur lequel ilz ne font nulle action que celle d'un lent et presqu'insensible mouvement de levres, par lequel ilz tirent tous-jours le lait qu'ilz avalent imperceptiblement: et cela ilz le font sans y penser, mais non pas certes sans playsir, car si on leur oste le tetin avant que le profond sommeil les ait accablés, ilz s'esveillent et pleurent amerement, tesmoignans par la douleur qu'ilz ont en la privation qu'ilz avoyent beaucoup de douceur en la possession.

  A004001041 

 [334] Hé, la Mere de Dieu, Nostre Dame et Maistresse, estant grosse, ne voyoit pas son divin Enfant, mais le sentant dedans ses entrailles sacrees, vray Dieu, quel contentement en ressentoit-elle! Et sainte Elizabetli, ne jouit-elle pas admirablement des fruitz de la divine presence du Sauveur, sans le voir, au jour de la tressainte Visitation? L'ame non plus n'a aucun besoin, en ce repos, de la memoire, car elle a present son Amant; elle n'a pas aussi besoin de l'imagination, car qu'est-il besoin de se representer en image, soit exterieure soit interieure, celuy de la presence duquel on jouit? De sorte qu'en fin c'est la seule volonté qui attire doucement, et comme en tettant tendrement, le lait de cette douce presence, tout le reste de l'ame demeurant en quietude avec elle, par la suavité du playsir qu'elle prend..

  A004001055 

 Et d'autres fois elle sent parler l'Espoux, mais elle ne sçauroit luy parler, parce que l'ayse de l'ouïr ou la reverence qu'elle luy porte la tient en silence, ou bien parce qu'elle est en secheresse et tellement alangourie d'esprit qu'elle n'a de force que pour ouïr et non pas pour parler; comme il arrive corporellement quelquefois a ceux qui commencent a s'endormir ou qui sont grandement affoiblis par quelque maladie..

  A004001055 

 Quelquefois, non seulement l'ame s'apperçoit de la presence de Dieu, mais elle l'escoute parler par certaines clartés et persuasions interieures qui tiennent lieu de paroles.

  A004001056 

 Ains on se maintient en la [340] presence de Dieu, non seulement l'escoutant, ou le regardant, ou luy parlant, mais aussi attendant s'il luy plaira de nous regarder, de nous parler, ou de nous faire parler a luy; ou bien encor ne faysant rien de tout cela, mais demeurant simplement ou il luy plaist que nous soyons et parce qu'il luy plaist que nous y soyons.

  A004001057 

 Et quoy donques! conclueroit on, tu ne desires rien sinon d'estre une immobile statue la dedans cette creuse niche? Non certes, diroit en fin cette sage statue, non, je ne veux rien estre sinon une statue, et tous-jours dedans cette niche tandis que mon sculpteur le voudra, me contentant d'estre ici et ainsy, puisque c'est le contentement de celuy a qui je suis et par qui je suis ce que je suis..

  A004001057 

 Et si on rechargeoit en cette sorte: Or dis-moy donq, statue, je te prie, tu ne vois point ton maistre, et comme prens tu du contentement a le contenter? Non certes, confesseroit elle, je ne le voy pas, car j'ay des yeux non pas pour voir, comme j'ay des pieds non pas pour marcher; mais je suis trop contente de sçavoir que mon cher maistre me void ici et prenne plavsir de m'y voir.

  A004001058 

 Ouy certes, Theotime, car si nous l'aymons, nous nous endormons non seulement a sa veue mais a son gré, et non seulement par sa volonté mais selon sa volonté; et semble que ce soit luy mesme, nostre Createur et Sculpteur celeste, qui nous jette la sur nos litz, comme des statues dans leurs niches, affin que nous nichions dans nos litz comme les oyseaux couchent dans leurs nids; puis a nostre resveil, si nous y pensons bien, nous treuvons que Dieu nous a tous-jours esté present, et que nous ne nous sommes pas non plus esloignés ni separés de luy.

  A004001066 

 Et comme nous voyons que les nuees espaissies par le vent de midy, se fondant et convertissant en pluie ne peuvent plus demeurer en elles mesmes, ains tumbent et s'escoulent en bas, se meslant si intimement avec la terre qu'elles destrempent qu'elles ne sont plus qu'une mesme chose avec icelle, ainsy l'ame laquelle, quoy qu'amante, demeuroit encor en elle mesme, sort par cet escoulement sacré et fluidité sainte, et se quitte soy mesme, non seulement pour s'unir au Bienaymé, mais pour se mesler toute et se destremper avec luy..

  A004001067 

 Vous voyes donq bien, Theotime, que l'escoulement d'une ame en son Dieu n'est autre chose qu'une veritable extase, par laquelle l'ame est toute hors des bornes de son maintien naturel, toute meslee, absorbee et engloutie en son Dieu: dont il arrive que ceux qui parviennent a ce saint exces de l'amour divin, estans par apres revenuz a eux, ne voyent rien en la terre qui les contente, et vivans en un extreme aneantissement d'eux mesmes demeurent fort alangouris en tout ce qui appartient aux sens, et ont perpetuellement au cœur la maxime de la bienheureuse vierge Therese de Jesus: «Ce qui n'est pas Dieu ne m'est rien.» Et semble que telle fut la passion amoureuse de ce grand ami du Bienaymé, qui disoit: Je vis, mais non pas moy, ains Jesus Christ vit en moy; et: Nostre vie est cachee avec Jesus Christ en Dieu.

  A004001072 

 Qui n'ayme pas beaucoup la chose publique, ne se met pas beaucoup en peyne si elle se ruine; qui n'ayme guere Dieu, ne hait non plus guere le peché.

  A004001075 

 Mays, Theotime, parlant de l'amour sacré, il y a en [349] la prattique d'iceluy une sorte de blesseure que Dieu luy mesme fait quelquefois en l'ame qu'il veut grandement perfectionner: car il luy donne des sentimens admirables et des attraitz non pareilz pour sa souveraine bonté, comme la pressant et sollicitant de l'aymer; et lhors elle s'eslance de force comme pour voler plus haut vers son divin objet, mays demeurant courte parce qu'elle ne peut pas tant aymer comme elle desire, o Dieu! elle sent une douleur qui n'a point d'egale.

  A004001090 

 C'est chose asses conneüe que l'amour humain a la force, non seulement de blesser le cœur, mais de rendre malade le cors jusques a la mort; d'autant que comme la passion et le temperament du cors a beaucoup de pouvoir d'incliner l'ame et la tirer apres soy, aussi les [355] affections de l'ame ont une grande force pour remuer les humeurs et changer les qualités du cors.

  A004001092 

 [357] La passion amoureuse me fait trop heureuse de me donner un tel Espoux comme est mon Roy, mais cette mesme passion qui me tient lieu de mere, puisqu'elle seule m'a mariee et non mes merites, elle a des autres enfans qui me donnent des assautz et des travaux nompareilz, me reduisans a telle langueur, que comme d'un costé je ressemble une reyne qui est au costé de son roy, aussi de l'autre je suis comme une vigneronne qui dans une chetifve cabanne garde une vigne, et une vigne encor qui n'est pas sienne..

  A004001093 

 O Dieu, Theotime, si l'image d'Abraham [358] eslevant le coup de la mort sur son cher unique pour le sacrifier, image faite par un peintre mortel, eut bien le pouvoir toutefois d'attendrir et faire pleurer le grand saint Gregoire, Evesque de Nisse, toutes les fois qu'il la regardoit, hé, combien fut extreme l'attendrissement du grand saint François, quand il vid l'image de Nostre Seigneur se sacrifiant soy mesme sur la croix! image que non une main mortelle, mais la main maistresse d'un Seraphin celeste avoit tiree et effigiee sur son propre original, representant si vivement et au naturel le divin Roy des Anges, meurtri, blessé, percé, froissé, crucifié..

  A004001095 

 La mirrhe produit sa stacte et premiere liqueur comme par maniere de sueur et de transpiration, mais affin qu'elle jette bien tout son suc il la faut ayder par l'incision: de mesme, l'amour divin de saint François parut en toute sa vie comme par maniere de sueur, car il ne respiroit en toutes ses actions que cette sacree dilection; mais pour en faire paroistre tout a fait l'incomparable abondance, le celeste Seraphin le vint inciser et blesser, et affin que l'on sceust que ces playes estoyent playes de l'amour du Ciel, elles furent faittes, non avec le fer, mays avec des rayons de lumiere.

  A004001095 

 O vray Dieu, Theotime, que de douleurs amoureuses et que d'amours douloureuses! car non seulement alhors, mays tout le reste de sa vie, ce pauvre Saint alla tous-jours traisnant et languissant, comme bien malade d'amour..

  A004001097 

 Et en somme, comme penses-vous, Theotime, qu'une ame qui a une fois un peu a souhait tasté les consolations divines, puisse vivre en ce monde meslé de tant de miseres, sans douleur et langueur presque perpetuelle? On a maintefois ouy ce grand homme de Dieu, François Xavier, lançant sa voix au Ciel, lhors qu'il croyoit estre bien solitaire, en cette sorte: Hé, mon Seigneur, non, de grace, ne m'accablés pas d'une si grande affluence de consolations; ou si par vostre infinie bonté il vous plaist me faire ainsy abonder en delices, tirés-moy donq en Paradis, car, qui a une fois bien gousté en l'interieur vostre douceur il luy est force de vivre en amertume tandis qu'il ne jouit pas de vous.


05-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome V-Vol.2-Traitte de l'amour de Dieu.html
  A005000036 

 Chapitre IX. Suite du discours commencé; comme chacun doit aymer, quoy que non pas prattiquer, tous les conseilz evangeliques, et comme néanmoins chacun doit prattiquer ce qu'il peut.

  A005000158 

 Mais toutefois ce pauvre petit fait bien ce qu'il peut de son costé, et se joint de toute sa force au sein maternel, non seulement consentant a la douce union que sa mere prattique, mais y contribuant ses foibles effortz de tout son cœur; et je dis ses foibles effortz, parce qu'ilz sont si imbecilles qu'ilz ressemblent presque plustost des essays d'union que non pas une union..

  A005000159 

 Alhors l'ame, amorcee des delices de ces faveurs, non seulement consent et se preste a l'union que Dieu fait, mays de tout son pouvoir elle coopere, s'efforçant de se joindre et serrer de plus en plus a la divine bonté; de sorte, toutefois, qu'elle reconnoist bien que son union et liayson a cette souveraine douceur depend toute de l'operation divine, sans laquelle elle ne pourroit seulement pas faire le moindre essay du monde pour s'unir a icelle..

  A005000160 

 Nous usons mesme de ce mot, selon nostre langage, es choses morales: il me presse de faire cecy ou cela, il me presse de demeurer; c'est a dire, il n'employe pas seulement sa persuasion ou sa priere, mais il l'employe avec contention et effort: comme firent les pelerins en Emaüs, qui non seulement supplierent Nostre Seigneur, mais le presserent et serrerent a force, le contraignant d'une amoureuse violence d'arrester au logis avec eux..

  A005000162 

 Mais d'autres fois l'union se fait, non par des eslancemens repetés, ains par maniere d'un continuel insensible pressement et avancement du cœur en la divine bonté; car, comme nous voyons qu'une grande et pesante masse de plomb, d'airain ou de pierre, quoy qu'on ne la pousse point, se serre, enfonce et presse tellement contre la terre sur laquelle elle est posee, qu'en fin avec le tems on la treuve toute enterree, a cause de l'inclination de son poids qui par sa pesanteur la fait tous-jours tendre au centre, ainsy nostre cœur estant une fois joint a son Dieu, s'il demeure en cette union et que rien ne l'en divertisse, il va s'enfonçant continuellement, par un insensible progres d'union, jusques a ce qu'il soit tout en Dieu, a cause de l'inclination sacree que le saint amour luy donne, de s'unir tous-jours davantage a la souveraine bonté: car, comme dit le grand apostre de France, «l'amour est une vertu unitive,» c'est a dire, qui nous porte a la parfaite union du souverain bien.

  A005000173 

 Quelquefois cette union se fait de toutes les facultés de l'ame, qui se ramassent toutes autour de la volonté, non pour s'unir elles mesmes a Dieu, car elles n'en sont pas toutes capables, mais pour donner plus de commodité a la volonté de faire son union; car si les autres facultés estoyent appliquees une chacune a son object propre, l'ame, operant par icelles, ne pourroit pas si parfaitement s'employer a l'action par laquelle l'union se fait avec Dieu.

  A005000174 

 O beau petit Martial, que vous estes heureux d'estre saisi, pris, porté, uni, joint et serré sur la poitrine celeste du Sauveur et baysé de sa bouche sacree, sans que vous y cooperies qu'en ne faisant pas resistance a recevoir ces divines caresses! Au contraire, saint Simeon embrasse et serre Nostre Seigneur sur son sein, sans que Nostre Seigneur fasse aucun semblant de cooperer a cette union, bien que, comme chante la [12] tressainte Eglise, «le viellard portoit l'Enfant, mays l'Enfant gouvernoit le viellard.» Saint Bonaventure, touché d'une sainte humilité, non seulement ne s'unissoit pas a Nostre Seigneur, ains se retiroit de sa presence reelle, c'est a dire du tressaint Sacrement de l'Eucharistie, quand un jour oyant Messe, Nostre Seigneur se vint unir a luy, luy portant son divin Sacrement: or cette union faite, hé Dieu, Theotime, pensés de quel amour cette sainte ame serra son Sauveur sur son cœur! A l'opposite, sainte Catherine de Sienne, desirant ardemment Nostre Seigneur en la sainte Communion, pressant et poussant son ame et son affection devers luy, il se vint joindre a elle, entrant en sa bouche avec mille benedictions.

  A005000177 

 O Dieu, quel exemple d'union excellente! Il s'estoit joint a nostre nature humaine par grace, comme une vigne a son ormeau, pour la rendre aucunement participante de son fruit; mays voyant que cette union s'estoit desfaite par le peché d'Adam, il fit une union plus serree et pressante en l'Incarnation, par laquelle la nature humaine demeure a jamais jointe en unité de personne a la Divinité; et affin que non seulement la nature humaine, mais tous les hommes peussent s'unir intimement a sa bonté, il institua le Sacrement de la tressainte Eucharistie, auquel un chacun peut participer pour unir son Sauveur a soy mesme, reellement et par maniere de viande.

  A005000182 

 Que si je m'approche de luy et me joins a luy, non pour aucune autre fin que pour estre proche de luy et jouïr de cette prochaineté et union, c'est alhors un approchement d'union pure et simple..

  A005000184 

 O Dieu, Theotime, combien plus doit estre attachee et serree l'ame qui est amante de son Dieu, quand elle est unie a la divinité de l'infinie Douceur et qu'elle est prise et esprise en cet object d'incomparables [16] perfections! Telle fut celle du grand vaysseau d'election qui s'escrioit: Affin que je vive a Dieu, je suis affigé a la croix avec Jesus Christ; aussi proteste-il que rien, non pas la mort mesme, ne le peut separer de son Maistre.

  A005000186 

 Or, la bienheureuse Mere Therese dit excellemment, que l'union estant parvenue jusqu'a cette perfection que de nous tenir pris et attachés avec Nostre Seigneur, elle n'est point differente du ravissement, suspension ou pendement d'esprit; mais qu'on l'appelle seulement union, ou suspension, ou pendement, quand elle est courte, et quand elle est longue on l'appelle extase ou ravissement: d'autant qu'en effect, l'ame attachee a son Dieu si fermement et si serree qu'elle n'en puisse pas aysement estre desprise, elle n'est plus en soy mesme, mais en Dieu; non plus qu'un cors crucifié n'est plus en soy mesme, mais en la croix, et que le lierre attaché a la muraille n'est plus en soy, mais en la muraille..

  A005000187 

 Imagines vous donques, que saint Paul, saint Denis, saint Augustin, saint Bernard, saint François, sainte Catherine de Gennes ou de Sienne sont encor en ce monde, et qu'ilz dorment de lassitude apres plusieurs travaux pris pour l'amour de Dieu; representes vous d'autre part quelque bonne ame, mais non pas si sainte comme eux, qui fust en l'orayson d'union a mesme tems: je vous [18] demande, mon cher Theotime, qui est plus uni, plus serré, plus attaché a Dieu, ou ces grans Saintz qui dorment, ou cette ame qui prie? Certes, ce sont ces admirables amans; car ilz ont plus de charité, et leurs affections, quoy qu'en certaine façon dormantes, sont tellement engagees et prises a leur Maistre qu'elles en sont inseparables.

  A005000192 

 Et bien que les attraitz par lesquelz nous sommes attirés de la part de Dieu soyent admirablement doux, suaves et delicieux, si est-ce qu'a cause de la force que la beauté et bonté divine a pour tirer a soy l'attention et application de l'esprit, il semble que non seulement elle nous esleve, mays qu'elle nous ravit et emporte; comme au contraire, a rayson du tres volontaire consentement et ardent mouvement par lequel l'ame ravie s'escoule apres les attraitz divins, il semble que non seulement elle monte et s'esleve, mais qu'elle se jette et s'eslance hors de soy en la Divinité mesme.

  A005000194 

 Et quelquefois, outre cela, Dieu donne a l'ame une lumiere non seulement claire, mais croissante comme l'aube du jour; et alhors, comme ceux qui ont treuvé une miniere d'or fouillent tous-jours plus avant pour treuver tous-jours davantage de ce tant desiré metail, ainsy l'entendement va de plus en plus s'enfonçant en la consideration et admiration de son divin objet; car ne plus ne moins que l'admiration a causé la philosophie et attentive recherche des choses naturelles, elle a aussi causé la contemplation et theologie mystique.

  A005000198 

 De mesme, quant au bien, [22] sa vraye image c'est la lumiere, sur tout en ce que la lumiere recueille, reduit et convertit a soy tout ce qui est (dont le soleil, entre les Grecs, est nommé d'une parole laquelle monstre qu'il fait que toutes choses soyent ramassees et serrees, rassemblant les dispersees, comme la bonté convertit a soy toutes choses), estant non seulement la souveraine unité, mays souverainement unissante, d'autant que toutes choses la desirent comme leur principe, leur conservation et leur derniere fin.

  A005000199 

 De maniere qu'en fin il faut conclure avec le grand saint Denis, que «l'amour divin est extatique, ne permettant pas que les amans soyent a eux mesmes, ains a la chose aymee;» a rayson dequoy cet admirable apostre saint Paul, estant en la possession de ce divin amour et fait participant de sa force extatique, d'une bouche divinement inspiree, Je vis, dit-il, non plus moy, mays Jesus Christ vit en moy; ainsy, comme un vray amoureux sorti hors de soy en Dieu, il vivoit non plus sa propre vie, mays la vie de son Bienaymé, comme souverainement aymable..

  A005000200 

 Or, ce ravissement d'amour se fait sur la volonté en cette sorte: Dieu la touche par ces attraitz de suavité, et lhors, comme une eguille touchee par l'aymant se tourne et remue vers le pole, s'oubliant de son insensible condition, ainsy la volonté atteinte de l'amour celeste s'eslance et porte en Dieu, quittant toutes ses inclinations terrestres, entrant par ce moyen en un ravissement non de connoissance mais de jouissance, non d'admiration mais d'affection, non de science mais d'experience, non de veüe mais de goust et de savourement.

  A005000201 

 Toutefois, les deux extases, de l'entendement et de la volonté, ne sont pas tellement appartenantes l'une a l'autre que l'une ne soit bien souvent sans l'autre: car, [24] comme les philosophes ont eu plus de la connoissance que de l'amour du Createur, aussi les bons Chrestiens en ont maintefois plus d'amour que de connoissance; et par consequent l'exces de la connoissance n'est pas tous-jours suivi de celuy de l'amour, non plus que l'exces de l'amour n'est pas tous-jours accompaigné de celuy de la connoissance, ainsy que j'ay remarqué ailleurs.

  A005000214 

 Quand donques on void une personne qui en l'orayson a des ravissemens par lesquelz elle sort et monte au dessus de soy mesme en Dieu, et neanmoins n'a point d'extase en sa vie, c'est a dire ne fait point une vie relevee et attachee a Dieu, par abnegation des convoytises mondaines et mortification des volontés et inclinations naturelles, par une interieure douceur, simplicité, humilité, et sur tout par une continuelle charité, croyés, Theotime, que tous ses ravissemens sont grandement douteux et perilleux; ce sont ravissemens propres a faire admirer les hommes, mais non pas a les sanctifier.

  A005000215 

 Et qui ne void, Theotime, je vous prie, que c'est l'extase de la vie et operation de laquelle le grand Apostre parle principalement, quand il dit: Je vis, mais non plus moy, ains Jesus Christ vit en moy? car il l'explique luy mesme en autres termes aux Romains, disant que nostre viel homme est crucifié ensemblement avec Jesus Christ, que nous sommes mortz au peché avec luy, et que de mesme nous sommes resuscités avec luy pour marcher en nouveauté de vie, affin de ne servir plus au peché.

  A005000222 

 Vray Dieu, Theotime, que cette consequence est forte en matiere d'amour! Jesus Christ est mort pour nous, il nous a donné la vie par sa mort, [33] nous ne vivons que parce qu'il est mort, il est mort pour nous, a nous et en nous: nostre vie n'est donq plus nostre, mais a Celuy qui nous l'a acquise par sa mort; nous ne devons donq plus vivre a nous, mais a luy; non en nous, mais en luy; non pour nous, mais pour luy..

  A005000234 

 Il y a eu de nostre aage, des tres grans personnages en vertu et doctrine, que l'on a treuvé mortz, les uns en un confessionnal, les autres oyans le sermon; et mesme on en a veu quelques uns tumber mortz au sortir de la chaire ou ilz avoyent presché avec grande ferveur: mortz toutes soudaines, mais non improuveues.

  A005000236 

 Plusieurs Saintz neanmoins sont mortz, non seulement en charité et avec l'habitude de l'amour celeste, mais aussi en l'action et prattique d'iceluy.

  A005000247 

 Mays ce qui appartient au souverain degré d'amour, c'est que quelques uns meurent d'amour; et c'est lhors que non seulement l'amour blesse l'ame en sorte qu'il la met en langueur, mays quand il la transperce, donnant son coup droit dans le milieu du cœur, et si fortement qu'il pousse l'ame dehors de son cors: ce qui se fait ainsy.

  A005000248 

 Le grand saint François, qui en ce sujet de l'amour celeste me revient tous-jours devant les yeux, ne pouvoit pas eschapper qu'il ne mourust par l'amour, a cause de la multitude et grandeur des langueurs, extases et defaillances que sa dilection envers Dieu luy donnoit; mais, outre cela, Dieu qui l'avoit exposé a la veüe de tout le monde comme un miracle d'amour, voulut que non seulement il mourust pour l'amour, ains qu'il mourust encor d'amour.

  A005000250 

 Puis, estant revenu en sa chambre et remis dans son lit, apres s'estre asses longuement entretenu par l'orayson avec Nostre Seigneur, il exhorta saintement les assistans a servir Dieu de tout leur cœur; et en fin voyant les Anges venir a luy, prononçant avec extreme suavité ces paroles: Mon Dieu, je vous recommande mon ame et la remetz entre vos mains, il expira; et le pauvre medecin converti, le voyant ainsy trespassé, l'embrassant et fondant en larmes sur iceluy: «O grand Basile, serviteur de Dieu,» dit-il, «en verité, si vous eussies voulu, vous ne fussies non plus mort aujourd'huy qu'hier.» Qui ne void que cette mort fut toute d'amour? Et la bienheureuse Mere Therese de Jesus revela apres son trespas, qu'elle estoit morte d'un assaut et impetuosité d'amour, qui avoit esté si violent que, la nature ne le pouvant supporter, l'ame s'en estoit allee avec le bienaymé object de ses affections.

  A005000265 

 Or cette poitrine maternelle estant ainsy blessee d'amour, non seulement ne chercha pas la guerison de sa blesseure, mays ayma sa blesseure plus que toute guerison, gardant cherement les traitz de douleur qu'elle avoit receu, a cause de l'amour qui les avoit descochés dans son cœur, et desirant continuellement [52] d'en mourir, puisque son Filz en estoit mort, qui, comme dit toute l'Escriture Sainte et tous les docteurs, mourut entre les flammes de la charité, holocauste parfait pour tous les pechés du monde..

  A005000270 

 Ainsy, pour l'ordinaire, les Saintz qui moururent d'amour sentirent une grande varieté d'accidens et symptomes de dilection, avant que d'en venir au trespas; force eslans, force assautz, force extases, force langueurs, force agonies, et sembloit que leur amour enfantast par effort et a plusieurs reprises leur bienheureuse mort: ce qui se fit a cause de la debilité de leur amour, non encores absolument parfait, qui ne pouvoit pas continuer sa dilection avec une egale fermeté.

  A005000271 

 Ah non, Theotime, il ne faut pas mettre une impetuosité d'agitation en ce celeste amour du cœur maternel de la Vierge, car l'amour, de soy mesme, est doux, gracieux, paisible et tranquille: que s'il fait quelquefois des assautz, s'il donne des secousses a l'esprit, c'est parce qu'il y treuve de la resistance; mais quand les passages de l'ame luy sont ouvertz sans opposition ni contrarieté, il fait ses progres paisiblement, avec une suavité nompareille.

  A005000271 

 Mays ce fut tout autre chose en la tressainte Vierge, car, comme nous voyons croistre la belle aube du jour, non a diverses reprises et par secousses, ains par une certaine dilatation et croissance continue qui est presqu'insensiblement sensible, en sorte que vrayement on la void croistre en clarté, mais si egalement que nul n'apperçoit aucune interruption, separation ou discontinuation de ses accroissemens, ainsy le divin amour croissoit a chasque moment dans le cœur virginal de nostre glorieuse Dame, mais par des croissances douces, paisibles et continues, sans agitation, ni secousse, ni violence quelcomque.

  A005000271 

 Non, elle ne pasma pas d'amour ni de compassion aupres de la Croix de son Filz, encor qu'elle eut alhors le plus ardent et douloureux acces d'amour qu'on puisse imaginer; car, bien que l'acces fut extreme, si fut-il toutefois esgalement fort et doux tout ensemble, puissant et tranquille, actif et paisible, composé d'une chaleur aiguë mais suave..

  A005000272 

 Mais je dis qu'en cette celeste Mere, toutes les affections estoyent si bien rangees et ordonnees, que le divin amour exerçoit en elle son empire et sa domination tres paisiblement, sans estre troublee par la diversité des volontés ou appetitz, ni par la contrarieté des sens, parce que les repugnances de l'appetit naturel ni les mouvemens des sens n'arrivoyent jamais jusques au peché, non pas mesme jusques au peché veniel; ains au contraire, tout cela estoit saintement et fidelement employé au service du saint amour pour l'exercice des autres vertus, lesquelles, pour la pluspart, ne peuvent estre prattiquees qu'entre les difficultés, oppositions et contradictions..

  A005000273 

 Les espines, selon l'opinion vulgaire, sont non seulement differentes mais aussi contraires aux fleurs, et semble que s'il n'y en avoit point au monde la chose en iroit mieux; qui a fait penser a saint Ambroise que sans le peché il n'en seroit point: mais toutefois, puisqu'il y en a, le bon laboureur les rend utiles et en fait des hayes et clostures autour des chams et jeunes arbres, ausquelz elles servent de defenses et rempars contre les animaux.

  A005000290 

 La complaysance attire donq en nous les traitz des perfections divines selon que nous sommes capables de les recevoir; comme le miroüer reçoit la ressemblance du soleil, non selon l'excellence et grandeur de ce grand et admirable luminaire, mays selon la capacité et mesure de sa glace: si que nous sommes ainsy rendus conformes a Dieu..

  A005000292 

 Nous nous sommes delectés a considerer comme Dieu est non seulement le premier principe, mais aussi la derniere fin, Autheur, Conservateur et Seigneur de toutes choses; a rayson dequoy nous souhaitons que tout luy soit sousmis par une souveraine obeissance.

  A005000293 

 Mais notés, Theotime, que je ne traitte pas ici de l'obeissance qui est deüe a Dieu parce qu'il est nostre Seigneur et Maistre, nostre Pere et Bienfacteur; car cette sorte d'obeissance appartient a la vertu de justice et non pas a l'amour.

  A005000293 

 Non, ce n'est pas cela dont je parle a present; car encor qu'il n'y eust ni enfer pour punir les rebelles, ni Paradis pour recompenser les bons, et que nous n'eussions nulle sorte d'obligation ni de devoir a Dieu (et ceci soit dit par imagination de chose impossible et qui n'est presque pas imaginable), si est ce toutefois, que l'amour de bienveuillance nous porteroit a rendre toute obeissance [63] et sousmission a Dieu par election et inclination, voire mesme par une douce violence amoureuse, en consideration de la souveraine bonté, justice et droiture de sa divine volonté.

  A005000299 

 Or, d'autant que cette volonté signifiee de Dieu procede par maniere de desir et non par maniere de vouloir absolu, nous pouvons ou la suivre par obeissance, ou luy resister par desobeissance; car Dieu fait trois actes de sa volonté pour ce regard: il veut que nous puissions resister, il desire que nous ne resistions pas, et permet neanmoins que nous resistions si nous voulons.

  A005000300 

 Cette espece de bienfait veut estre offert par semonces, remonstrances et sollicitations, et non violemment et forcement exercé; c'est pourquoy il se fait par maniere de desir et non de vouloir absolu.

  A005000310 

 Non seulement il veut, mais en effect [69] il nous donne tous les moyens requis pour nous faire parvenir au salut; et nous, en suite du desir que nous avons d'estre sauvés, nous devons non seulement vouloir, mais en effect accepter toutes les graces qu'il nous a preparees et qu'il nous offre.

  A005000316 

 Or, l'amour de complaysance, regardant ce desir divin, veut complaire a Dieu en l'observant; l'amour de bienveuillance, qui veut tout sousmettre a Dieu, sousmet par conseequent nos desirs et nos volontés a celle ci que Dieu nous a signifiee: et de la provient non seulement l'observation, mais aussi l'amour des commandemens, que David exalte d'un stile extraordinaire au Psalme cent et dix huitiesme, qu'il semble n'avoir fait que pour ce sujet:.

  A005000330 

 C'est pourquoy l'amour de complaysance, qui nous oblige de plaire au Bienaymé, nous porte par consequent a la suite de ses conseilz; et l'amour de bienveuillance, qui veut que toutes les volontés et affections luy soyent sousmises, fait que nous voulons non seulement ce qu'il ordonne, mais ce qu'il conseille et a quoy il exhorte: ainsy que l'amour et respect qu'un enfant fidele porte a son bon pere le fait resoudre de vivre non seulement selon les commandemens qu'il impose, mais encor selon les desirs et inclinations qu'il manifeste..

  A005000332 

 Non seulement la charité ne permet pas aux peres de famille de tout vendre pour donner aux pauvres, mais leur ordonne d'assembler honnestement ce qui est requis pour l'education et sustentation de la femme, des enfans et serviteurs; comme aussi aux rois et princes d'avoir des tresors qui, provenus d'une juste espargne et non de tyranniques inventions, servent comme de salutaires [75] preservatifs contre les ennemis visibles.

  A005000333 

 Les conseilz sont tous donnés pour la perfection du peuple chrestien, mays non pas pour celle de chasque Chrestien en particulier.

  A005000335 

 Pour cela on doit prendre d'elle l'ordre de l'exercice des conseilz: car aux uns elle ordonnera la chasteté et non la pauvreté, aux autres l'obeissance et non la chasteté, aux autres le jeusne et non l'aumosne, aux autres l'aumosne et non le jeusne, aux autres la solitude et non la charge pastorale, aux autres la conversation et non la solitude.

  A005000335 

 Tout est fait pour la charité, et la charité pour Dieu; tout doit servir a la charité, et elle, a personne, non pas mesme a son Bienaymé, duquel elle n'est pas servante, mais espouse, auquel elle ne fait pas service, ains elle luy fait l'amour.

  A005000340 

 Helas, nous sommes en ce monde, non point pour faire nos volontés, mais celles de vostre bonté qui nous y a mis.

  A005000340 

 La vie, dit le Psalmiste, est en la volonté de Dieu: non seulement parce que nostre vie temporelle depend de la volonté divine, mais aussi d'autant que nostre vie spirituelle gist en l'execution d'icelle, par laquelle Dieu vit et regne en nous, et nous fait vivre et subsister en luy.

  A005000343 

 Et pourquoy donq reciproquement ne serons nous si jaloux de suivre la sacree volonté de Nostre Seigneur, que nous fassions non seulement ce qu'il commande, mais encores ce qu'il tesmoigne d'aggreer et souhaitter? Les ames nobles n'ont pas besoin d'un plus fort motif pour embrasser un dessein que de sçavoir que le Bienaymé le desire: Mon ame, dit l'une d'icelles, s'est escoulee soudain que mon Ami a parlé..

  A005000347 

 Et tu ne veux pas non plus empirer? Non, de vray.

  A005000347 

 «O donques,» dit saint Bernard au faineant, «tu ne veux pas t'avancer en la perfection? Non.

  A005000348 

 Or, je ne dis pas, non plus que saint Bernard, que ce soit peché de ne prattiquer pas les conseilz: non certes, Theotime, car c'est la propre difference du commandement au conseil, que le commandement nous oblige sous peyne de peché, et le conseil nous invite sans peyne de peché.

  A005000355 

 Or, nous pouvons aysement en pratiquer plusieurs, quoy que non pas tous ensemble; car Dieu en a donné plusieurs affin que chacun en puisse observer quelques uns, et il n'y a jour que nous n'en ayons quelqu'occasion..

  A005000362 

 Mais quant au souffle de Dieu, non seulement il eschauffe, ains il esclaire parfaitement, d'autant que l'Esprit divin est une lumiere infinie, duquel le souffle vital est appellé inspiration, d'autant que par iceluy cette supreme Bonté haleyne et inspire en nous les desirs et intentions de son cœur..

  A005000368 

 Saint François ne fut pas seulement extreme en la prattique de la pauvreté, comme chacun sçait, mais il le fut encor en celle de la simplicité: il racheta un aigneau, de peur qu'on ne le tuast, parce qu'il representoit Nostre Seigneur; il portoit respect presqu'a toutes creatures, en contemplation de leur Createur, par une non accoustumee mais tres prudente simplicité; telles fois il s'est amusé a retirer les vermisseaux du chemin, affin que quelqu'un ne les foulast au passage, se resouvenant que son Sauveur s'estoit parangonné au vermisseau; il appelloit les creatures ses «freres et seurs,» par certaine consideration admirable que le saint amour luy suggeroit.

  A005000368 

 Saint [93] Hierosme recevant en son hospital de Bethleem les pelerins d'Europe qui fuyoient la persecution des Goths, ne leur lavoit pas seulement les pieds, mais s'abbaissoit jusques la que de laver encor et frotter les jambes de leurs chameaux, a l'exemple de Rebecca dont nous parlions n'a guere, qui non seulement puisa de l'eau pour Eliezer, mais aussi pour ses chameaux.

  A005000369 

 Il ne veut pas empescher, [94] non plus que Pharao, que les mistiques femmes d'Israël, c'est a dire les ames chrestiennes, enfantent des masles, pourveu qu'avant qu'ilz croissent on les tue: au contraire, dit le grand saint Hierosme, «entre les Chrestiens on n'a pas tant d'egard au commencement qu'a la fin.» Il ne faut pas tant avaler de viande qu'on ne puisse faire la digestion de ce que l'on en prend.

  A005000371 

 Un jeune homme portugois nommé François Bassus, estoit admirable, non seulement en l'eloquence divine, mais en la prattique des vertus, sous la discipline du bienheureux Philippe Nerius, en la congreation de l'Oratoire de Rome.

  A005000376 

 Il se faut donq comporter ainsy, Theotime, es inspirations qui ne sont extraordinaires que d'autant qu'elles nous incitent a prattiquer avec une extraordinaire ferveur et perfection les exercices ordinaires du Chrestien; mais il y a d'autres inspirations que l'on appelle extraordinaires, non seulement parce qu'elles font avancer l'ame au dela du train ordinaire, mais aussi parce qu'elles la portent a des actions contraires aux lois, regles et coustumes communes de la tressainte Eglise, et qui partant sont plus admirables qu'imitables..

  A005000377 

 De s'habiller des habitz du sexe duquel on n'est pas, et s'exposer ainsy deguisé au voyage avec des hommes, cela est non seulement au dela, mais contraire aux regles ordinaires de la modestie chrestienne.

  A005000387 

 Tous les prophetes et predicateurs qui ont esté inspirés de Dieu ont tous-jours aymé l'Eglise, tous-jours adheré a sa doctrine, tous-jours aussi esté appreuvés par icelle, et n'ont jamais rien annoncé si fortement que cette verité, que les levres du prestre gardoyent la science, et qu'on devoit requerir la loy de sa bouche: de sorte que les missions extraordinaires sont des illusions diaboliques, et non des inspirations celestes, si elles ne sont reconneües et appreuvees par les pasteurs qui sont de la mission ordinaire; car ainsy s'accordent Moyse et les Prophetes.

  A005000422 

 Non pas mesme jettant les damnés dans la flamme.

  A005000428 

 O Dieu, neanmoins que vostre volonté soit faite, non seulement en l'execution de vos commandemens, conseilz et inspirations, qui doivent estre prattiqués par nous, mais aussi en la souffrance des afflictions et peynes qui doivent estre receües en nous, affin que vostre volonté fasse par nous, pour nous, en nous et de nous tout ce qu'il luy plaira..

  A005000433 

 Si les Martyrs eussent veu leurs tourmens hors ce bon playsir, comment eussent ilz peu chanter entre les fers et les flammes? Le cœur vrayement amoureux ayme le bon playsir divin, non seulement es consolations mais aussi es afflictions; ains il l'ayme plus en la croix, es peynes et travaux, parce que c'est la principale vertu de l'amour de faire souffrir l'amant pour la chose aymee..

  A005000434 

 Mais la doctrine chrestienne, qui est la seule vraye philosophie, a trois principes sur lesquelz elle establit tout son exercice: l'abnegation de soy mesme, qui est bien plus que de s'abstenir des playsirs; porter sa croix, qui est bien plus que de la supporter; suivre Nostre Seigneur, non seulement en ce qui est de renoncer a soy mesme et porter sa croix, mais aussi en ce qui est de la prattique de toutes sortes de bonnes œuvres.

  A005000435 

 Aymer la volonté de Dieu es consolations, c'est un bon amour, quand en verité on ayme la volonté de Dieu et non pas la consolation en laquelle elle est; neanmoins, c'est un amour sans contradiction, sans repugnance et sans effort, car, qui n'aymeroit une si digne volonté en un sujet si aggreable? 2.

  A005000435 

 Aymer la volonté divine en ses commandemens, conseilz et inspirations, c'est un second degré d'amour, beaucoup plus parfait; car il nous porte a renoncer et quitter nostre propre volonté, et nous fait abstenir et deporter de plusieurs voluptés, mais non pas de toutes.

  A005000435 

 Aymer les souffrances et afflictions pour l'amour de Dieu, c'est le haut point de la tressainte charité; car en cela il n'y a rien d'aymable que la seule volonté divine, il y a une grande contradiction de la part de nostre nature, et non seulement on quitte toutes les voluptés, mais on embrasse les tourmens et travaux..

  A005000443 

 Et c'est l'importance, que l'ame fait cette resignation parmi tant de trouble, entre tant de contradictions et repugnances, qu'elle ne s'apperçoit presque pas de la faire; au moins il luy est advis que c'est si languidement, que ce ne soit pas de bon cœur ni comme il est [117] convenable: puisque ce qui se passe alhors pour le bon playsir divin se fait non seulement sans playsir et contentement, mays contre tout le playsir et contentement de tout le reste du cœur; auquel l'amour permet bien de se plaindre, au moins de ce qu'il ne se peut pas plaindre, et de dire toutes les lamentations de Job et de Hieremie, mais a la charge que tous-jours le sacré acquiescement se fasse dans le fond de l'ame, en la supreme et plus delicate pointe de l'esprit.

  A005000468 

 Le grand Apostre nous annonce une generale indifference, pour nous monstrer vrays serviteurs de Dieu, en fort grande patience es tribulations, es necessités, es angoisses, es blesseures, es prisons, es seditions, es travaux, [122] es veillees, es jeusnes; en chasteté, en science, en longanimité et suavité au Saint Esprit; en charité non fainte, en parole de verité, en la vertu de Dieu; far les armes de justice a droitte et a gauche; par la gloire et par l'abjection, par l'infamie et bonne renommee; comme seducteurs, et neanmoins veritables; comme inconneus, et toutefois reconneus; comme mourans, et toutefois vivans; comme chastiés, et toutefois non tués; comme tristes, et toutefois tous-jours joyeux; comme pauvres, et toutefois enrichissans plusieurs; comme n'ayans rien, et toutefois possedans toutes choses..

  A005000487 

 Ne nous inquietons point pour nous voir tous-jours novices en l'exercice des vertus; car, au monastere de la vie devote, chacun s'estime tous-jours novice, et toute la vie y est destinee a la probation, n'y ayant point de plus evidente marque d'estre non seulement novice, mais digne d'expulsion et reprobation, que de penser et se tenir pour profés: car selon la regle de cet ordre la, non la solemnité, mais l'accomplissement des vœux rend les novices profés; or les vœux ne sont jamais accomplis tandis qu'il y a quelque chose a faire pour l'observance d'iceux, et l'obligation de servir Dieu et faire progres en son amour dure tous-jours jusques a la mort..

  A005000488 

 Voire mais, me dira quelqu'un, si je connois que c'est par ma faute que mon avancement es vertus est retardé, comme pourray-je m'empescher de m'en attrister et inquieter? J'ay dit cecy en l' Introduction a la Vie devote, mais je le redis volontier parce qu'il ne peut jamais asses estre dit: il se faut attrister pour les fautes commises, d'une repentance forte, rassise, constante, tranquille, mais non turbulente, non inquiete, non descouragee.

  A005000491 

 C'est le Philistin que les vrays Israëlistes doivent tous-jours combattre, sans que jamais ilz le puissent abbattre: ilz le peuvent affoiblir, mais non pas aneantir; il ne meurt jamais qu'avec nous, et vit tous-jours avec nous.

  A005000492 

 Et remarques en fin, que non seulement nous ne devons pas nous inquieter en nos tentations ni en nos infirmités, mais nous devons nous glorifier d'estre infirmes, affin que la vertu divine paroisse en nous, soustenant nostre foiblesse contre l'effort de la suggestion et tentation: car le glorieux Apostre appelle ses infirmités, les eslans et rejettons d'impureté qu'il sentoit, et dit qu'il se glorifioit en icelles, parce que si bien il les sentoit par sa misere, neanmoins, par la misericorde de Dieu, il n'y consentoit pas..

  A005000514 

 Ce chantre donques, qui chantoit au commencement a Dieu et pour Dieu, chante maintenant plus a soy mesme et pour soy mesme que pour Dieu, et s'il prend playsir a chanter, ce n'est plus tant pour contenter l'aureille de son Dieu que pour contenter la sienne; et d'autant que le cantique de l'amour divin est le plus excellent de tous, il l'ayme aussi davantage, non a cause de l'excellence divine qui y est loüee, mais parce que l'air du chant en est plus delicieux et aggreable..

  A005000514 

 Or, qui ne void qu'ainsy faisant ce n'est plus Dieu que nous cherchons, ains que nous revenons a nous mesmes, aymant l'amour en lieu d'aymer le Bienaymé; aymant, dis-je, cet amour, non pour le bon playsir et contentement de Dieu, mays pour le playsir et contentement que nous en tirons nous mesmes.

  A005000519 

 La volonté de Dieu est en la maladie aussi bien et presqu'ordinairement mieux qu'en la santé: que si nous aymons mieux la santé, ne disons pas que c'est pour tant mieux servir Dieu; car, qui ne void que c'est la santé que nous cherchons en la volonté de Dieu, et non pas la volonté de Dieu en la santé..

  A005000520 

 Celuy qui est en une fervente orayson ne sçait s'il est en orayson ou non, car il ne pense pas a l'orayson qu'il fait, ains a Dieu auquel il la fait.

  A005000520 

 Or, il faut tascher de ne chercher en Dieu que l'amour de sa beauté, et non le playsir qu'il y a en la beauté de son amour.

  A005000521 

 Helas, soudain que la suavité et satisfaction qu'il prenoit en l'amour cessera, et que les secheresses arriveront, il quittera tout la, il ne priera plus qu'en passant: or, si c'estoit Dieu qu'il aymoit, pourquoy eust-il cessé de l'aymer, puisque Dieu est tous-jours Dieu? c'estoit donq la consolation Dieu qu'il aymoit, et non le Dieu de consolation..

  A005000521 

 Pourquoy penses vous, Theotime, qu'Ammon, filz de David, aymast si esperdument Tharaar que mesme il cuyda mourir d'amour? estimes vous que ce fut elle mesme qu'il aimast? Vous verres bien tost que non; car soudain qu'il eut assouvi son execrable desir, il la poussa cruellement dehors et la rejetta ignominieusement.

  A005000521 

 S'il eust aymé Thamar il n'eust pas fait cela, car Thamar estoit tous-jours Thamar; mais parce que ce n'estoit pas Thamar qu'il aymoit, ains l'infame playsir qu'il pretendoit en elle, soudain qu'il eut ce qu'il cherchoit, il la baffoüa felonnement et la traitta brutalement: son playsir estoit en Thamar, mais son amour estoit au playsir et non pas en Thamar; c'est pourquoy, le playsir passé, il eust volontier fait passer Thamar.

  A005000527 

 Tandis, o Dieu, que je voy vostre douce face qui tesmoigne d'aggreer le chant de mon amour, helas, que je suis consolé! car, y a-il aucun playsir qui egale le playsir de bien plaire a son Dieu? Mais quand vous retires vos yeux de moy et que je n'apperçois plus la douce faveur de la complaysance que vous prenies en mon cantique, vray Dieu, que mon ame est en grande peyne! mais sans cesser pourtant de vous aymer fidelement et de chanter continuellement l'hymne de sa dilection, non pour aucun playsir qu'elle y treuve, car elle n'en a point, ains chante pour le pur amour de vostre volonté.

  A005000528 

 On a veu tel enfant malade manger courageusement, avec un incroyable degoust, ce que sa mere luy donnoit, pour le seul desir qu'il avoit de la contenter; et alhors il mangeoit sans prendre aucun playsir en la viande, mais non pas sans un autre playsir plus estimable et relevé, qui estoit le playsir de plaire a sa mere et de la voir contente.

  A005000529 

 Or alhors, Theotime, nous travaillons non seulement sans playsir, mais avec un extreme ennuy, ne voyans ni le bien de nostre travail, ni le contentement de Celuy pour qui nous travaillons..

  A005000531 

 O Dieu, mon cher Theotime, mais c'est alhors qu'il faut tesmoigner une invincible fidelité envers le Sauveur, le servant purement pour l'amour de sa volonté, non seulement sans playsir, mais parmi ce deluge de tristesses, d'horreurs, de frayeurs et d'attaques, comme fit sa glorieuse Mere et saint Jean au jour de sa Passion, qui, entre tant de blasphemes, de douleurs et de detresses mortelles, demeurerent fermes en l'amour, lhors mesme que le Sauveur, ayant retiré toute sa sainte joye dans la cime de son esprit, ne respandoit ni allegresse ni consolation quelcomque en son divin visage, et que ses yeux alangouris et couvertz des tenebres de la mort ne jettoyent plus que des regards de douleur; comme aussi le soleil, des rayons d'horreur et d'affreuses tenebres.

  A005000536 

 Or il en est de mesme, Theotime, d'une ame qui est grandement chargee d'ennuis interieurs; car bien qu'elle ait le pouvoir de croire, d'esperer et d'aymer Dieu, et qu'en verité elle le fasse, toutefois elle n'a pas la force de bien discerner si elle croid, espere et cherit son Dieu, d'autant que la detresse l'occupe et accable si fort qu'elle ne peut faire aucun retour sur soy mesme pour voir ce qu'elle fait: et c'est pourquoy il luy est advis qu'elle n'a ni foy, ni esperance, ni charité, ains seulement des fantosmes et inutiles impressions de ces vertus la, qu'elle sent presque sans les sentir, et comme estrangeres, non comme domestiques de son ame.

  A005000549 

 Certes, nostre volonté ne peut jamais mourir, non plus que nostre esprit, mais elle outrepasse quelquefois les limites de sa vie ordinaire, pour vivre toute en la volonté divine: c'est lhors qu'elle ne sçait ni ne veut plus rien vouloir, ains elle s'abandonne totalement et sans reserve au bon playsir de la divine Providence, se meslant et detrempant tellement avec ce bon playsir, qu'elle ne paroist plus, mais est toute cachee avec Jesus Christ en Dieu, ou elle vit, non plus elle mesme, ains la volonté de Dieu vit en elle.

  A005000550 

 Imaginés-vous, Theotime, le glorieux et non jamais asses loué saint Louys qui s'embarque et fait voyle pour aller outre mer; et voyes que la Reyne, sa chere femme, s'embarque avec sa Majesté.

  A005000550 

 Que si on eust repliqué: Donques, Madame, vous n'aves point de dessein en ce voyage? Non, eust-elle dit, je n'en ay point d'autre que d'estre avec mon cher seigneur et mari.

  A005000550 

 Voire mais, luy eust-on peu dire, il va en Egypte, pour passer en Palestine; il logera a Damiette, dans Acre et plusieurs autres lieux: n'aves vous pas intention, Madame, d'y aller aussi? A cela elle eust respondu: Non vrayement, je n'ay nulle intention sinon d'estre aupres de mon Roy, et les lieux ou il va me sont indifferens et de nulle consideration, sinon entant qu'il y sera; je vay sans desir d'aller, car je n'affectionne rien que la presence du Roy: c'est donq le Roy qui va, et qui veut le voyage, et quant a moy je ne vay pas, je suy; je ne veux pas le voyage, ains la seule presence du Roy; le sejour, le voyage et toute sorte de diversités m'estant tout a fait indifferentes..

  A005000551 

 Et lhors, le cœur ne dit plus: Vostre volonté soit faite et non la mienne, car il n'a plus aucune volonté a renoncer; ains il dit ces paroles: Seigneur, je remetz ma volonté entre vos mains, comme si sa volonté n'estoit plus en sa disposition, ains en celle de la divine Providence.

  A005000551 

 Mais la volonté qui est morte a soy mesme pour vivre en celle de Dieu, elle est sans aucun vouloir particulier, demeurant non seulement conforme et sujette, mais toute aneantie en elle mesme et convertie en celle de Dieu: comme on diroit d'un petit enfant qui n'a encor point l'usage de sa volonté, pour vouloir ni aymer chose quelcomque que le sein et le visage de sa chere mere; car il ne pense nullement a vouloir estre d'un costé ni d'autre, ni a vouloir autre chose quelcomque sinon d'estre entre les bras de sa mere, avec laquelle il pense estre une mesme chose, et n'est nullement en soucy d'accommoder sa volonté a celle de sa mere, car il ne sent point la sienne et ne cuyde pas d'en avoir une, laissant le soin a sa mere d'aller, de faire et de vouloir ce qu'elle treuvera bon pour luy..

  A005000555 

 Et qui luy eust demandé: Mais au moins, n'alles vous pas avec vostre Mere? n'eust-il pas eu rayson de dire: Non, je ne vay nullement, ou si je vay la part ou ma Mere me porte, je n'y vay pas avec elle ni par mes propres pas, ains j'y vay par les pas de ma Mere, par elle et en elle.

  A005000555 

 Et qui luy eust repliqué: Mais au moins, o trescher divin Enfant, vous vous voules bien laisser porter a vostre douce Mere? Non fay certes, eust-il peu dire, je ne veux rien de tout cela, ains, comme ma toute bonne Mere marche pour moy, aussi elle veut pour moy: je luy laisse egalement le soin et d'aller et de vouloir aller pour moy ou bon luy semblera; et comme je ne marche que par ses pas, aussi je ne veux que par son vouloir, et des que je me treuve entre ses bras je n'ay aucune attention ni a vouloir ni a ne vouloir pas, laissant tout autre soin a ma Mere hormis celuy d'estre sur son sein, de succer son sacré chicheron, et de me tenir bien attaché a son col tres aymable pour la bayser amoureusement des baysers de ma bouche.

  A005000557 

 Non, Seigneur, je ne veux aucun evenement, car je les vous laisse vouloir pour moy tout a vostre gré; mais en lieu de vouloir les evenemens, je vous beniray dequoy vous les aures voulu.

  A005000561 

 Benir Dieu et le remercier pour tous les evenemens que sa providence ordonne, c'est a la verité une occupation toute sainte; mays si, tandis que nous laissons le soin a Dieu de vouloir et faire ce qu'il luy plait en nous, sur nous et de nous, sans estre attentifs a ce qui se passe quoy que nous le sentions bien, nous pouvions [155] divertir nostre cœur et appliquer nostre attention en la Bonté et Douceur divine, la benissant non en ses effectz ni es evenemens qu'elle ordonne, mais en elle mesme et en sa propre excellence, nous ferions sans doute un exercice beaucoup plus eminent..

  A005000566 

 Il est fort malaysé de bien exprimer cette extreme indifference de la volonté humaine qui est ainsy reduite et trespassee en la volonté de Dieu: car il ne faut pas dire, ce me semble, qu'elle acquiesce a celle de Dieu, puisque l'acquiescement est un acte de l'ame qui declaire son consentement; il ne faut pas dire non plus qu'elle accepte ni qu'elle reçoit, d'autant que accepter et recevoir sont de certaines actions qu'on peut en certaine façon appeller actions passives, par lesquelles nous embrassons et prenons ce qui nous arrive; il ne faut pas dire aussi qu'elle permet, d'autant que la permission est une action de la volonté, et par consequent un certain vouloir oysif qui ne veut voirement rien faire, mais veut pourtant laisser faire.

  A005000567 

 Car bien qu'il dit: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoy m'as tu abandonné? ce fut pour nous faire sçavoir les veritables amertumes et [159] peines de son ame, et non pour contrevenir a la tressainte indifference en laquelle il estoit; ainsy qu'il monstra bien tost apres, concluant toute sa vie et sa Passion par ces incomparables paroles: Mon Pere, je remetz mon esprit entre vos mains..

  A005000571 

 Representons-nous le doux Jesus, Theotime, chez Pilate, ou, pour l'amour de nous, les gens d'armes, ministres de la mort, le devestirent de tous ses habitz l'un apres l'autre, et non contens de cela luy osterent encor sa peau, la deschirans a coups de verges et de foüetz; comme par apres son ame fut despouillee de son cors et le cors de sa vie par la mort qu'il souffrit en la croix: mais trois jours passés, par sa tressainte Resurrection, l'ame se revestit de son cors glorieux, et le cors de sa peau immortelle, et s'habilla de vestemens differens, ou en pelerin, ou en jardinier, ou d'autre sorte, selon que le salut des hommes et la gloire de son Pere le requeroit.

  A005000573 

 Car ayant tout renoncé, voire mesme les affections des vertus, pour ne vouloir ni de celles-la ni d'autres quelconques qu'autant que le bon playsir divin portera, il [161] nous faut revestir derechef de plusieurs affections, et peut estre des mesmes que nous avons renoncees et resignees; mais il s'en faut derechef revestir, non plus parce qu'elles nous sont aggreables, utiles, honnorables et propres a contenter l'amour que nous avons pour nous mesmes, ains parce qu'elles sont aggreables a Dieu, utiles a son honneur et destinees a sa gloire..

  A005000574 

 Il faut des habitz neufs a l'espouse du Sauveur: si pour l'amour de luy elle s'est despouillee de l'affection ancienne qu'elle avoit a ses parens, au païs, a la mayson, aux amis, il faut qu'elle en prenne une toute nouvelle, affectionnant tout cela en son rang, non plus selon les considerations humaines, mais parce que l'Espoux celeste le veut, le commande et l'entend, et qu' il a mis un tel ordre en la charité.

  A005000574 

 Si on s'est desnué de la vielle affection aux consolations spirituelles, aux exercices de la devotion, a la prattique des vertus, voire mesme a nostre propre avancement en la perfection, il se faut revestir d'une autre affection toute nouvelle, aymant toutes ces graces et faveurs celestes non plus parce qu'elles perfectionnent et ornent nostre esprit, mays parce que le nom de Nostre Seigneur en est sanctifié, que son royaume en est enrichi et son bon playsir glorifié..

  A005000575 

 Ainsy saint Pierre s'habille dans la prison, non par son election, mais a mesure que l'Ange le luy commande: il met sa ceinture, puis ses sandales, puis ses autres vestemens.

  A005000575 

 Theotime, quicomque a tout quitté pour Dieu ne doit [162] rien reprendre que comme Dieu le veut: il ne nourrit plus son cors sinon comme Dieu l'ordonne, affin qu'il serve a l'esprit; il n'estudie plus que pour servir le prochain et sa propre ame, selon l'intention divine; il prattique les vertus, non selon qu'elles sont plus a son gré, mais selon que Dieu le desire..

  A005000585 

 Mais voyés, Theotime, combien cette loy d'amour est aymable! Hé, Seigneur Dieu, ne suffisoit il pas qu'il vous pleust de nous permettre ce divin amour, comme Laban permit celuy de Rachel a Jacob, sans qu'il vous pleust encor de nous y semondre par exhortations, de nous y pousser par vos commandemens? Mais non, Bonté divine, affin que ni vostre grandeur, ni nostre bassesse, ni pretexte quelcomque ne nous retardast de vous aymer, vous nous le commandés.

  A005000585 

 O vray Dieu, si nous le sçavions entendre, mon cher Theotime, quelle obligation aurions-nous a ce souverain Bien qui non seulement nous permet, mais nous commande de l'aymer! Helas, o Dieu, je ne sçay pas si je dois plus aymer vostre infinie beauté qu'une si divine bonté m'ordonne d'aymer, ou vostre divine bonté qui m'ordonne d'aymer une si tres infinie beauté! O beauté, combien estes vous aymable, m'estant octroyee par une si immense bonté! o bonté, que vous estes amiable de me communiquer une si eminente beauté!.

  A005000598 

 Si aucune loy n'est imfosee au juste, parce que, prevenant la loy et sans avoir besoin d'estre sollicité par icelle, il fait la volonté de Dieu par l'instinct de la charité qui regne en son ame, combien devons nous estimer les Bienheureux de Paradis libres et exemptz de toute sorte de commandemens, puisque, de la jouissance en laquelle ilz sont de la souveraine beauté et bonté du Bienaymé, coule et procede une tres douce mais inevitable necessité en leurs espritz, d'aymer eternellement la tressainte Divinité? Nous aymerons Dieu au Ciel, Theotime, non comme liés et obligés par la loy, mais comme attirés et ravis par la joye que cet object si parfaittement aymable donnera a nos cœurs; alhors la force du commandement cessera pour faire place a la force du contentement, qui sera le fruit et le comble de l'observation du commandement.

  A005000599 

 Certes, la haut au Ciel nous aurons un cœur tout libre de passions, une ame toute espuree de distractions, un esprit affranchi de contradictions, et des forces [169] exemptes de repugnances; et partant nous y aymerons Dieu par une perpetuelle et non jamais interrompue dilection, ainsy qu'il est dit de ces quatre animaux sacrés qui, representans les Evangelistes, sans cesser ni jour ni nuit louoyent continuellement la Divinité.

  A005000604 

 Et ne faut pas non plus, Theotime, que pendant l'enfance de nostre vie mortelle, nous laissions de faire ce qui est en nous, selon qu'il nous est commandé; puisque non seulement nous le pouvons, mais il est tres aysé, tout ce commandement estant de l'amour, et de l'amour de Dieu, qui, estant souverainement bon, est souverainement aymable.

  A005000610 

 Certes, Theotime, la haut en Paradis Dieu se donnera tout a nous, et non pas en partie, puysque c'est un tout qui n'a point de parties; mais il se donnera pourtant diversement, et avec autant de differences qu'il y aura de Bienheureux: ce qui se fera ainsy, parce que, se donnant tout a tous et tout a un chacun, il ne se donnera jamais totalement ni a pas un en particulier, ni a tous en general.

  A005000611 

 Theotime, non seulement entre ceux qui ayment Dieu de tout leur cœur il y en a qui l'ayment plus et les autres moins, mais une mesme personne se surpasse maintefois soy mesme en ce souverain exercice de la dilection de Dieu sur toutes choses.

  A005000622 

 Dieu vouloit qu'Adam aymast tendrement Eve, mais non pas aussi si tendrement que pour luy complaire il violast l'ordre que sa divine Majesté luy avoit donné: il n'ayma pas donq une chose superflue ni de soy mesme dangereuse, mais il l'ayma avec superfluité et dangereusement.

  A005000622 

 Et ces ames qui n'ayment rien que ce que Dieu veut qu'elles ayment, mais qui excedent en la façon d'aymer, ayment voirement la divine Bonté sur toutes choses, mais non pas en toutes choses; car les choses mesmes qu'il leur est non seulement permis mais ordonné [179] d'aymer selon Dieu, elles ne les ayment pas seulement selon Dieu, ains pour des causes et motifs qui ne sont pas certes contre Dieu, mais bien hors de Dieu: de sorte qu'elles ressemblent au phœnix qui, ayant ses premieres plumes et commençant a se renforcer, se guinde des-ja en plein air, mais n'a pourtant encor asses de force pour demeurer longuement au vol, dont il descend souvent prendre terre pour s'y reposer.

  A005000627 

 Or il y a des autres ames qui n'ayment ni les superfluités ni avec superfluité, ains ayment seulement ce que Dieu veut et comme Dieu veut: ames heureuses, puisqu'elles ayment Dieu, et leurs amis en Dieu, et leurs ennemis pour Dieu; elles ayment plusieurs choses avec Dieu, mais pas une sinon en Dieu et pour Dieu; c'est Dieu qu'elles ayment non seulement sur toutes choses mais en toutes choses, et toutes choses en Dieu; semblables au phœnix parfaitement rajeuni et revigoré, que l'on ne void jamais qu'en l'air ou sur les coupeaux des montz qui sont en l'air.

  A005000627 

 Saint Luc recite que Nostre Seigneur invita a sa suite un jeune homme qui l'aymoit voirement bien fort, mais il aymoit encor grandement son pere, et pour cela vouloit retourner a luy; et Nostre Seigneur luy retranche cette superfluité d'amour et l'excite a un amour plus pur, affin que non seulement il ayme Nostre Seigneur plus que son pere, mais qu'il n'ayme son pere qu'en Nostre Seigneur: Laisse aux mortz le soin d'ensevelir leurs mortz, mais quant a toy, qui as treuvé la vie, va, et annonce le Royaume de Dieu.

  A005000628 

 Mais en fin, au dessus de toutes ces ames, il y en a une tres uniquement unique, qui est la reyne des reynes, la plus aymante, la plus aymable et la plus aymee de toutes les amies du divin Espoux, qui non seulement ayme Dieu sur toutes choses et en toutes choses, mais n'ayme que Dieu en toutes choses, de sorte qu'elle n'ayme pas plusieurs choses, ains une seule chose, qui est Dieu; et parce que c'est Dieu seul qu'elle ayme en tout ce qu'elle ayme, elle l'ayme egalement par tout, selon que le bon playsir d'iceluy le requiert, hors de toutes choses et sans toutes choses.

  A005000628 

 Or, cette sacree amante n'ayme non plus son Roy avec tout l'univers que s'il estoit tout seul sans univers, parce que tout ce qui est hors de Dieu et n'est pas Dieu ne luy est rien.

  A005000634 

 Ames rares et singulieres, qui n'ont plus aucune ressemblance avec les oyseaux dé ce monde, non pas mesme avec le phœnix, qui est si uniquement rare; ains sont seulement representees par cet oyseau que pour son excellente beauté et noblesse on dit n'estre pas de ce monde, ains du Paradis, dont il porte le nom: car ce bel oyseau desdaignant la terre, ne la touche jamais, vivant tous-jours en l'air; de sorte que lhors mesme qu'il veut se delasser, il ne s'attache aux arbres que par des petitz filetz ausquelz il demeure suspendu en l'air, hors duquel et sans lequel il ne peut ni voler ni reposer.

  A005000634 

 Et de mesme, ces grandes ames n'ayment pas, a proprement parler, les creaturès en elles mesmes, ains en leur Createur, et leur Createur en icelles: que si elles s'attachent par la loy de la charité a quelque creature, ce n'est que pour se reposer en Dieu, unique et finale pretention de leur amour; si que, treuvant Dieu es creatures et les creatures en Dieu, elles ayment Dieu et non les creatures, comme ceux peschent aux perles qui, treuvans les perles dans les ouïstres, n'estiment toutefois leur pesche que pour les seules perles..

  A005000635 

 Et lhors il faut confesser que ces arbres sont fructueux, autrement ilz ne seroyent pas bons; mais il ne faut pas nier non plus que quelques uns de leurs fruitz ne soyent infructueux, car qui niera que les chatons et le guy des arbres ne soit un fruit infructueux? Et qui niera que les menues choleres et les petitz exces de joye, de risee, de vanité et autres telles passions, ne soyent des mouvemens inutiles et illegitimes? et toutefois le juste en produit sept fois le jour, c'est a dire bien souvent.

  A005000639 

 Y ayant tant de divers degrés d'amour entre les vrays amans, il n'y a neanmoins qu'un seul commandement d'amour qui oblige generalement et egalement un chacun d'une toute pareille et totalement egale obligation, quoy qu'il soit observé differemment et avec une infinie varieté de perfections, n'y ayant peut estre point d'ames en terre, non plus que d'Anges au Ciel, qui ayent entr'elles une parfaite egalité de dilection; puisque comme une estoile est differente d'avec l'autre estoile en clarté, ainsy en sera-il parmi les Bienheureux resuscités, ou chacun chante un cantique de gloire, et reçoit un nom que nul ne sçait sinon celuy qui le reçoit.

  A005000645 

 On ne connoist pas tous-jours clairement, ni jamais tout a fait certainement, au moins «d'une certitude de foy,» si on a le vray amour de Dieu requis pour estre sauvé; mais on ne laisse pas pourtant d'en avoir plusieurs marques, entre lesquelles la plus asseuree et presque infallible paroist quand quelque grand amour des creatures s'oppose aux desseins de l'amour de Dieu: car alhors, si l'amour divin est en l'ame, il fait paroistre la grandeur du credit et de l'authorité qu'il a sur la volonté, monstrant par effect que non seulement il n'a point de maistre, mais que mesme il n'a point de compaignon, reprimant et renversant tout ce qui le contrarie, et se faisant obeir en ses intentions.

  A005000655 

 C'est pourquoy Dieu repoussa son present, et retirant sa misericorde de luy, permit que non seulement il perdist le souverain bonheur du martyre, mais qu'encor il se precipitast au malheur de l'idolatrie; tandis que l'humble et doux Nicephore, voyant cette couronne du martyre vacante par l'apostasie de l'endurci Saprice, touché d'une excellente et extraordinaire inspiration, se pousse hardiment pour l'obtenir, disant aux archers et bourreaux: «Je suis, mes amis, je suis en verité Chrestien et crois en Jesus Christ que cestuy cy [194] a renié; mettes moy donq, je vous prie, en sa place, et tranches moy la teste.» Dequoy les archers s'estonnant infiniment, ilz en portent la nouvelle au gouverneur, qui ordonna que Saprice fust mis en liberté et que Nicephore fust supplicié: et cela advint le neufviesme febvrier, environ l'an 260 de nostre salut, ainsy que recitent Metaphraste et Surius..

  A005000657 

 O miserable Saprice, oseries vous bien dire que vous aymies Dieu comme il faut aymer Dieu, puisque vous ne preferies pas sa volonté a la passion de la hayne et rancune que vous avies contre le pauvre Nicephore? Vouloir mourir pour Dieu c'est le plus grand, mais non pas certes le seul acte de la dilection que nous devons a Dieu; et vouloir ce seul acte en rejettant les autres, ce n'est pas charité, c'est vanité.

  A005000666 

 N'est ce pas une lamentable merveille de voir David, si grand a surmonter la hayne, si courageux a pardonner l'injure, estre neanmoins si furieusement injurieux en l'amour, que non content de posseder justement une grande multitude de femmes, il va iniquement usurper et ravir celle du pauvre Urie, et, par une lascheté insupportable, affin de prendre plus a souhait l'amour de la femme, il donne cruellement la mort au mari? Qui n'admirera le cœur de saint Pierre, si hardi entre les soldatz armés que luy seul de toute la trouppe de son Maistre met le fer au poing et frappe, puis, peu apres, est si couard entre les femmes, qu'a la seule parole d'une servante il renie et deteste son Maistre? Et comme peut on treuver si estrange que Rachel quittast les caresses de son Jacob pour des pommes [199] de mandragore, puisqu'Adam et Eve quitterent bien la grace pour une pomme qu'un serpent leur offre a manger?.

  A005000671 

 Aristote a eu rayson de dire que le bien est voirement aymable, mays a un chacun principalement son bien propre, de sorte que l'amour que nous avons envers autruy provient de celuy que nous avons envers nous mesmes; car comme pouvoit dire autre chose un philosophe qui non seulement n'ayma pas Dieu, mays ne parla mesme presque jamais de l'amour de Dieu? Amour de Dieu neanmoins qui precede tout amour de nous mesmes, voire selon l'inclination naturelle de nostre volonté, ainsy que j'ay declairé au premier Livre..

  A005000672 

 Ainsy les Bienheureux sont ravis et necessités, quoy que non forcés, d'aymer Dieu, duquel ilz voyent clairement la souveraine beauté; ce que l'Escriture monstre asses quand elle compare le contentement qui comble les cœurs de ces glorieux habitans de la Hierusalem celeste a un torrent et fleuve impetueux, duquel on ne peut empescher les ondes qu'elles ne s'espanchent sur les plaines qu'elles rencontrent..

  A005000673 

 Mais icy bas en terre, ou nous ne voyons pas cette souveraine bonté en sa beauté, ains l'entrevoyons seulement entre nos obscurités, nous sommes a la verité inclinés et allechés, mais non pas necessités de l'aymer plus que nous mesmes; ains plustost, au contraire, quoy que nous ayons cette sainte inclination naturelle d'aymer la Divinité sur toutes choses, nous n'avons pas neanmoins la force de la prattiquer, si cette mesme Divinité ne respand surnaturellement dans nos cœurs sa tressainte charité..

  A005000682 

 Ne remarques vous pas que Raguel, sans connoistre le petit Tobie, l'embrasse, le caresse, le bayse, pleure d'amour sur luy? D'ou provient cet amour sinon de celuy qu'il portoit au viel Tobie le pere, que cet enfant ressembloit si fort? Beni sois tu, dit il: mays pourquoy? non point, certes, [205] parce que tu es un bon jeune homme, car cela je ne le sçay pas encor, mays parce que tu es filz et ressembles a ton pere, qui est un tres homme de bien..

  A005000683 

 Et c'est pourquoy non seulement le divin amour commande maintefois l'amour du prochain, mais il le produit et respand luy mesme dans le coeur humain comme sa ressemblance et son image; puisque tout ainsy que l'homme est l'image de Dieu, de mesme l'amour sacré de l'homme envers l'homme est la vraye image de l'amour celeste de l'homme envers Dieu..

  A005000683 

 Hé, vray Dieu, Theotime, quand nous voyons un prochain creé a l'image et semblance de Dieu, ne devrions-nous pas dire les uns aux autres: Tenes, voyes cette creature, comme elle ressemble au Createur? ne devrions-nous pas nous jetter sur son visage, la caresser et pleurer d'amour pour elle? ne devrions-nous pas luy donner mille et mille benedictions? Et quoy donq? pour l'amour d'elle? Non certes, car nous ne sçavons pas si elle est digne d'amour ou de hayne en elle mesme.

  A005000698 

 Mais, Theotime, qui veut voir cette jalousie delicatement et excellemment exprimee, il faut qu'il lise les enseignemens que la seraphique sainte Catherine de Gennes a faitz pour declarer les proprietés du pur amour, entre lesquelles elle inculque et presse fort celle-ci: que l'amour parfait, c'est a dire l'amour estant parvenu jusques au zele, ne peut souffrir l'entremise ou interposition, ni le meslange d'aucune autre chose, non pas mesme des dons de Dieu, voire jusques a cette rigueur, qu'il ne permet pas qu'on affectionne le Paradis sinon pour y aymer plus parfaitement la bonté de Celuy qui le donne; de sorte que les lampes de ce pur amour n'ont point d'huile, de lumignon ni de fumee, elles sont toutes feu et flamme que rien du monde ne peut esteindre; et ceux qui ont ces lampes ardentes en leurs mains, ont la tressainte crainte des chastes espouses, non pas celle des femmes adulteres.

  A005000706 

 Ainsy veut dire le glorieux saint Paul a ses Corinthiens: J'ay esté envoyé de Dieu a vos ames pour traitter le mariage d'une eternelle union entre son Filz nostre Sauveur et vous, et je vous ay promis a luy pour vous representer, ainsy qu'une vierge chaste, a ce divin Espoux; et voyla pourquoy je suis jaloux, non de ma jalousie, mais de la jalousie de Dieu, au nom duquel j'ay traitté avec vous.

  A005000711 

 Ce bon pere de famille que Nostre Seigneur descrit en l'Evangile, conneut bien que les serviteurs ardens et violens sont coustumiers d'outrepasser l'intention de leur maistre; car les siens s'offrans a luy pour aller sarcler son champ affin d'en arracher l'ivroÿe: Non, leur dit-il, je ne le veux pas, de peur que d'adventure avec l'ivroye vous ne tiries aussi le froment..

  A005000711 

 Non pas certes que le divin amour, pour vehement qu'il soit, puisse estre excessif en soy mesme ni es mouvemens ou inclinations qu'il donne aux espritz; mays parce qu'il employe a l'execution de ses projetz l'entendement, luy ordonnant de chercher les moyens de les faire reuscir, et la hardiesse ou cholere pour surmonter les difficultés qu'il rencontre, il advient tres souvent que l'entendement propose et fait prendre des voyes trop aspres et violentes, et que la cholere ou audace, estant une fois esmeüe et ne se pouvant contenir dedans les limites de la rayson, emporte le cœur dans le desordre: en sorte que le zele est, par ce moyen, exercé indiscrettement et desreglement, qui le rend mauvais et blasmable.

  A005000732 

 Et Celuy duquel si souvent il est escrit: Je vis moy mesme, dit le Seigneur, il a peu dire par apres, selon le langage de son Apostre: Je vis moy mesme, non plus moy mesme, mais l'homme vit en moy; Ma vie c'est l'homme, et mourir pour l'homme c'est mon proffit; Ma vie est cachee avec l'homme en Dieu.

  A005000732 

 Il a esté en extase, non seulement en ce que, comme dit saint Denis, a cause de l'exces de son amoureuse bonté il devient en certaine façon hors de soy mesme, estendant sa providence sur toutes choses et se treuvant en toutes choses; mais aussi en ce que, comme dit saint Paul, il s'est en quelque sorte quitté soy mesme, il s'est vuidé de soy mesme, il s'est espuisé de sa grandeur, de sa gloire, il s'est demis du throsne de son incomprehensible majesté, et, s'il faut ainsy parler, il s'est aneanti soy mesme pour venir a nostre humanité nous remplir de sa Divinité, nous combler de sa bonté, nous eslever a sa dignité et nous donner le divin estre d'enfans de Dieu.

  A005000733 

 Ainsy fut-il triste et sua le sang de detresse au jardin des Olives, non seulement pour l'extreme douleur que son ame sentoit en la partie inferieure de sa rayson, mais aussi pour l'extreme amour qu'il nous portoit en la superieure portion d'icelle, la douleur luy donnant horreur de la mort et l'amour luy donnant un extreme desir d'icelle; en sorte qu'un tres aspre combat et une cruelle agonie se fit entre le desir [231] et l'horreur de la mort, jusques a grande effusion de sang, qui coula comme d'une vive source, ruisselant jusques a terre..

  A005000734 

 Ce fut par election, et non par la force du mal, qu'il mourut: Nul ne m'oste ma vie, dit-il, mais je la laisse et quitte moy mesme; j'ay puissance de la quitter et de la prendre derechef moy mesme; Il fut offert, dit Isaïe, parce qu'il le voulut.

  A005000746 

 La rayson naturelle est un bon arbre que Dieu a planté en nous, les fruitz qui en proviennent ne peuvent estre que bons: fruitz qui en comparayson de ceux qui procedent de la grace sont a la verité de tres petit prix, mais non pas pourtant de nul prix, puisque Dieu les a prisés et pour iceux a donné des recompenses temporelles; ainsy que, selon le grand saint Augustin, il salaria les vertus morales des Romains de la grande estendue et magnifique reputation de leur Empire..

  A005000747 

 Il ne sçauroit voirement marcher, ni se lever, ni crier a l'ayde, non pas mesme parler, sinon languidement, a cause de son cœur failly, mais il peut bien ouvrir les yeux, remuer les doigtz, souspirer, dire quelque parole de plainte; actions foibles, et nonobstant lesquelles il mourroit miserablement sur son sang, si le misericordieux Samaritain ne luy eust appliqué son huyle et son vin, et ne l'eust emporté au logis pour le faire panser et traitter a ses propres despens.

  A005000747 

 Non, Theotime, le pecheur en ce monde n'est pas ainsy: il est la, emmi le chemin entre Hierusalem et Hierico, blessé a mort, mais non pas encor mort, car, dit l'Evangile, il est laissé a moitié vivant; et comme il est a moitié vif, il peut aussi faire des actions a moitié vives.

  A005000753 

 Non seulement les fruitz de la charité et les fleurs des œuvres qu'elle ordonne, mais les feuilles mesmes des vertus morales et naturelles tirent une speciale prosperité de l'amour du cœur qui les produit.

  A005000755 

 Car, comme ce grand prophete et prince Job, quoy qu'il fut issu de race payenne et habitant de la terre Hus, ne laissa pas d'appartenir a Dieu, ainsy les vertus morales, quoy que provenues d'un cœur pecheur, ne laissent pas d'appartenir a Dieu; mays quand ces mesmes vertus se treuvent en un cœur vrayement chrestien, c'est a dire doué du saint amour, alhors non seulement elles appartiennent a Dieu, mais elles ne sont point inutiles en Nostre Seigneur, ains sont rendues fructueuses et pretieuses devant les yeux de sa bonté.

  A005000760 

 Certes, toutes les fleurs, si ce ne sont celles de l'arbre triste et quelques autres de naturel monstrueux, toutes, dis je, se res-jouissent, espanouissent et s'embellissent a la veüe du soleil, par la chaleur vitale qu'elles reçoivent de ses rayons; mais toutes les fleurs jaunes, et sur tout celle que les Grecs ont appellé heliotropium, et nous, tourne-soleil, non seulement reçoivent de la joye et complaysance en la presence du soleil, mais suivent par un amiable contour les attraitz de ses rayons, le regardant et se retournant devers luy depuis son lever jusques a son couchant.

  A005000765 

 Mais elle eut par apres deux autres enfans, non commandés et ordonnés par [245] elle, mais conceus, mais issus et procreés de son propre cors d'elle mesme, a sçavoir, Joseph et le cher Benjamin..

  A005000768 

 Un grand general d'armee ayant gaigné une signalee bataille aura sans doute tout l'honneur de la victoire, et non sans cause; car il aura combattu luy mesme en teste de l'armee, pratiquant plusieurs beaux faitz d'armes, et pour le reste il aura disposé l'armee, puis ordonné et commandé tout ce qui aura esté executé: si que il est estimé d'avoir tout fait, ou par soy mesme en combattant de ses propres mains, ou par sa conduite, commandant aux autres.

  A005000774 

 Ainsy, mon Theotime, si avec une egale charité l'un souffre la mort du martyre, et l'autre la faim du jeusne, qui ne void que le prix de ce jeusne ne sera pas pour cela egal a celuy du martyre? Non, Theotime; car, qui oseroit dire que le martyre en soy mesme ne soit pas plus excellent que le jeusne? Que s'il est plus excellent, la charité survenante ne luy ostant pas l'excellence qu'il a, ains la perfectionnant, luy laissera par consequent les avantages qu'il avoit naturellement sur le jeusne.

  A005000782 

 Le sarment uni et joint au cep porte du fruit non en sa propre vertu mais en la vertu du cep: or nous sommes unis par la charité a nostre Redempteur, comme les membres au chef; c'est pourquoy nos fruitz et bonnes œuvres, tirans leur valeur d'iceluy, meritent la vie eternelle.

  A005000791 

 Il suffit bien vrayement a un enfant d'estre né dans le mariage pour porter parmi le monde le nom, les armes et les qualités du mari de sa mere; mais pour en porter le sang et la nature, il faut que non seulement il soit né dans le mariage, ains aussi du mariage: les actions ont le nom, les armes et marques des vertus, parce que naissant d'un cœur doué de rayson il est advis qu'elles soyent raysonnables; mais pourtant elles n'en ont ni la substance ni la vigueur si elles proviennent d'un motif estranger et adultere, et non de la rayson..

  A005000791 

 Si Jacob aymoit Rachel en consideration de ce qu'elle estoit fille de Laban, pourquoy mesprisoit il Lia, qui estoit non seulement fille, ains fille aisnee du mesme Laban? Mais parce qu'il aymoit Rachel a cause de la beauté qu'il treuva en elle, jamais il ne sceut tant aymer la pauvre Lia, quoy que feconde et sage fille, d'autant qu'elle n'estoit pas si belle a son gré.

  A005000794 

 Combien y a-il de personnes qui, par leur condition naturelle, sont sobres, simples, douces, taciturnes, voire mesme chastes et honnestes? Or tout cela semble estre vertu, et n'en a toutefois pas le merite, non plus que les mauvaises inclinations ne sont dignes d'aucun blasme, jusques a ce que, sur telles humeurs naturelles, nous ayons enté le libre et volontaire consentement.

  A005000794 

 Plusieurs pensent avoir les vertus quand ilz n'exercent pas les vices contraires: celuy qui ne fut onques assailli se peut voirement vanter de n'avoir pas esté fuyart, mais non pas d'avoir esté vaillant; celuy qui n'est pas affligé se peut louer de n'estre pas impatient, mais non pas d'estre patient.

  A005000795 

 Certes, le grand saint Augustin, en une epistre qu'il escrit a saint Hierosme, monstre que nous pouvons avoir quelque sorte de vertu sans avoir les autres, et que neanmoins nous n'en pouvons point avoir de parfaites sans les avoir toutes; mais que quant aux vices on peut avoir les uns sans avoir les autres, ains il est impossible de les avoir tous ensemble: de sorte qu'il ne s'ensuit pas que qui a perdu toutes les vertus ait par consequent tous les vices, puisque presque toutes les vertus ont deux vices opposés, non seulement contraires a la vertu, mais aussi contraires entre eux mesmes.

  A005000803 

 Certes, le grand Apostre ne dit pas seulement que la charité nous donne la patience, benignité, constance, simplicité; mais il dit qu'elle mesme elle est patiente, benigne, constante: et c'est le propre des supremes vertus, entre les Anges et les hommes, de pouvoir non seulement ordonner aux inferieures qu'elles operent, mais aussi de pouvoir elles mesmes faire ce qu'elles commandent aux autres.

  A005000808 

 La charité est donques le lien de perfection, puisqu'en elle et par elle sont contenues et assemblees toutes les perfections de l'ame, et que sans elle non seulement on ne sçauroit avoir l'assemblage entier des vertus, mais on ne peut mesme sans elle avoir la perfection d'aucune vertu.

  A005000809 

 On peut, certes, bien avoir quelque vertu et demeurer quelque peu de tems sans offencer, encores que l'on n'ayt pas le divin amour; mais tout ainsy que nous voyons parfois des arbres arrachés de terre faire quelques productions, non toutefois parfaites ni pour long tems, de mesme un cœur separé de la charité peut voirement produire quelques actes de vertu, mais non pas longuement..

  A005000813 

 Au demeurant, la perfection de l'amour divin est si souveraine qu'elle perfectionne toutes les vertus et ne peut estre perfectionnee par icelles, non pas mesme par l'obeissance, qui est celle laquelle peut le plus respandre de perfection sur les autres; car, encor bien que l'amour soit commandé et qu'en aymant nous prattiquions l'obeissance, si est ce neanmoins que l'amour ne tire pas sa perfection de l'obeissance, ains de la bonté de celuy qu'il ayme, d'autant que l'amour n'est pas excellent parce qu'il est obeissant, mais parce qu'il ayme un bien excellent.

  A005000813 

 Certes, en aymant nous obeissons comme en obeissant nous aymons; mais si cette obeissance est si excellemment aymable, c'est parce qu'elle tend a l'excellence de l'amour, et sa perfection depend non de ce qu'en aymant nous obeissons, mais de ce qu'en obeissant nous aymons: de sorte que tout ainsy que Dieu est egalement la derniere fin de tout ce qui est bon comme il en est la premiere source, de mesme l'amour, qui est l'origine de toute bonne affection, en est pareillement la derniere fin et perfection..

  A005000818 

 Pour Dieu, Theotime, je vous prie, quelle vertu pouvoyent avoir ces gens-la qui volontairement, et comme a prix fait, renversoyent toutes les lois de la religion? Seneque avoit fait un livre Contre les superstitions, dans lequel il avoit repris l'impieté payenne avec beaucoup de liberté: Or «cette liberté,» dit le grand saint Augustin, «se treuva en ses escritz et non pas en sa vie,» puisque mesme il conseilla «que l'on rejettast de cœur la superstition, mais qu'on ne laissast pas de la prattiquer es actions; car voicy ses paroles: Lesquelles superstitions le sage observera comme commandees par les lois, non pas comme aggreables aux dieux.» Comme pouvoyent estre vertueux ceux qui, comme rapporte saint Augustin, estimoyent «que le sage se devoit tuer quand il ne pouvoit ou ne devoit plus supporter» les calamités de cette vie? et toutefois ne vouloyent pas advouer que les calamités fussent miserables, ni les miseres calamiteuses, ains maintenoyent que le sage estoit tous-jours heureux et sa vie bien heureuse.

  A005000819 

 Aussy, celuy d'entre les Stoïciens et capitaines qui, pour s'estre tué soy mesme en la ville d'Utique affin d'eviter une calamité qu'il estimoit indigne de sa vie, a esté tant loué par les cervelles profanes, fit cette action avec si peu de veritable vertu, que, comme dit saint Augustin, «il ne tesmoigna pas un courage qui voulut eviter la deshonnesteté, mais une ame infirme qui n'eut pas l'asseurance d'attendre l'adversité; car s'il eust estimé chose infame de vivre sous la victoire de Cesar, pourquoy eust il commandé d'esperer en la [270] douceur de Cesar? Comme n'eust-il conseillé a son filz de mourir avec luy,» si la mort estoit meilleure et plus honneste que la vie? Il se tua donq, ou parce qu'il envia a Cesar la gloire qu'il eust eu de luy donner la vie, ou parce qu'il apprehenda la honte de vivre sous un vainqueur qu'il haïssoit: en quoy il peut estre loué d'un gros, et encor, a l'adventure, grand courage, mais non pas d'un sage, vertueux et constant esprit.

  A005000821 

 Et pour les vertus qui regardent le prochain, ilz foulerent aux pieds, et fort effrontement, par leurs lois mesmes, la principale, qui est la pieté; car Aristote, le plus grand cerveau d'entr'eux, prononce cette horrible [271] et tres impiteuse sentence: «Touchant l'exposition,» c'est a dire l'abandonnement «des enfans, ou leur education, la loy soit telle: qu'il ne faut rien nourrir de ce qui est privé de quelque membre; et quant aux autres enfans, si les lois et coustumes de la cité defendent qu'on n'abandonne pas les enfans, et que le nombre des enfans se multiplie a quelqu'un en sorte qu'il en ayt des-ja au double de la portee de ses facultés, il fa.ut prevenir et procurer l'avortement» Seneque, ce sage tant loüé: «Nous tuons,» dit il, «les monstres; et nos enfans, s'ilz sont manques, debiles, imparfaitz ou monstrueux, nous les rejettons et abandonnons.» De sorte que ce n'est pas sans cause que Tertulien reproche aux Romains qu'ilz exposoyent leurs enfans aux ondes, au froid, a la faim et aux chiens; et cela non par force de pauvreté, car, comme il dit, les presidens mesmes et magistratz prattiquoyent cette desnaturee cruauté.

  A005000822 

 Certes, si les payens ont prattiqué quelques vertus, ç'a esté pour la pluspart en faveur de la gloire du monde, et par consequent ilz n'ont eu de la vertu que l'action, et non pas le motif et l'intention.

  A005000822 

 «La convoitise humaine a fait la force des payens,» dit le Concile d'Auranges, «et la charité divine a fait celle des Chrestiens.» Les vertus des payens, dit saint Augustin, ont esté non vrayes, mais vraysemblables, [272] parce qu'elles ne furent pas exercees pour la fin convenable, mais pour des fins perissables: «Fabritius sera moins puni que Catilina, non pas que celuy la fut bon, mays parce que celuy ci fut pire; non que Fabritius eut des vrayes vertus, mais parce qu'il ne fut pas si esloigné des vrayes vertus: si que, au jour du jugement, les vertus des payens les defendront, non affin qu'ilz soyent sauvés, mais affin qu'ilz ne soyent pas tant damnés.» Un vice estoit osté par un autre vice entre les payens, les vices se faysans place les uns aux autres sans en laisser aucune a la vertu; et pour ce seul unique vice de la vayne gloire ilz reprimoyent l'avarice et plusieurs autres vices, voire mesme quelquefois ilz mesprisoyent la vanité par vanité; dont l'un d'entr'eux, qui sembloit le plus esloigné de la vanité, foulant aux pieds le lit bien paré de Platon: Que fais tu, Diogene? luy dit Platon.

  A005000824 

 Ainsy nos anciens Peres ont appellé les vertus des payens vertus et non vertus tout ensemble: vertus, parce qu'elles en ont la lueur et l'apparence; non vertus, parce que non seulement elles n'ont pas eu cette chaleur vitale de l'amour de Dieu qui seule les pouvoit perfectionner, mais elles n'en estoyent pas susceptibles, puisqu'elles estoyent en des sujetz infideles.

  A005000824 

 Ilz les nomment ignees, de feu, charbons ou escarboucles, parce qu'ilz ressemblent au feu en lueur et splendeur; mays ilz les appellent sans feu ou, pour dire ainsy, ininflammables, parce que non seulement leur lueur n'a nulle chaleur, mais ilz ne sont nullement susceptibles de chaleur, et n'y a feu qui les puisse eschauffer.

  A005000825 

 Je veux bien, Theotime, qu'il y eust quelque fermeté de courage en Caton, et que cette fermeté fust louable en soy: mais qui veut se prevaloir de son exemple, il faut que ce soit en un juste et bon sujet; non pas se donnant la mort, mais la souffrant lhors que la vraye vertu le requiert, non pour la vanité de la gloire, mais pour la gloire de la verité: comme il advint a nos Martyrs, qui, avec des courages invincibles, firent tant de miracles de constance et valeur, que les Catons, les Horaces, les Seneques, les Lucreces, les Arries ne meritent certes nulle consideration en comparayson.

  A005000825 

 Tesmoins les Laurens, les Vincens, les Vitaux, les Erasmes, les Eugenes, les Sebastiens, les Agathes, les Agnes, Catherines, Perpetues, Felicités, Symphoroses, Natalies, et mille milliers d'autres; qui me font tous les jours admirer les admirateurs des vertus payennes, non tant parce qu'ilz admirent desordonnement les vertus imparfaites des payens, comme parce qu'ilz n'admirent point les vertus tres parfaites des Chrestiens, vertus cent fois plus dignes d'admiration et seules dignes d'imitation..

  A005000829 

 Mays quand les vertus morales, ouӱ mesme les vertus surnaturelles, produisent leurs actions en l'absence de la charité, comme elles font entre les schismatiques, au rapport de saint Augustin, et quelquefois parmi les mauvais Catholiques, elles n'ont nulle valeur pour le Paradis; non pas mesme l'aumosne, quand elle nous porteroit a distribuer toute nostre substance aux pauvres; ni le martire non plus, quand nous livrerions nostre cors aux flammes pour estre bruslés.

  A005000829 

 Non, Theotime, sans la charité, dit l'Apostre, tout cela ne serviroit de rien, ainsy que nous monstrons plus amplement ailleurs..

  A005000833 

 Elles perissent sur leurs arbres, et ne peuvent estre conservees en la main de Dieu, parce qu'elles sont vuides de vraye valeur; comme il est dit en l'Apocalipse a l'Evesque de Sardes, lequel estoit estimé un arbre vivant, a cause de plusieurs vertus qu'il prattiquoit, et neanmoins il estoit mort, parce qu'estant en peché, ses vertus n'estoyent pas des vrays fruitz vivans, mays des escorces mortes, et des amusemens pour les yeux, non des pommes savoureuses, utiles a manger..

  A005000833 

 O Dieu, nullement, Theotime: car non seulement le peché est une œuvre morte, mays elle est tellement pestilente et veneneuse, que les plus excellentes vertus de l'ame pecheresse ne produisent aucune action vivante; et quoy que quelquefois les actions des pecheurs ayent une grande ressemblance avec les actions des justes, ce ne sont toutefois qu'escorces pleines de vent et de poussiere, regardees voirement et mesme recompensees par la Bonté divine de quelques presens temporelz, qui leur sont donnés comme aux enfans des chambrieres, mais escorces pourtant qui ne sont ni ne peuvent estre savourees ni goustees par la divine justice, pour estre salariees de loyer eternel.

  A005000838 

 Mais comme [280] au retour du beau primtems, non seulement les nouvelles semences qu'on jette en terre a la faveur de cette belle et feconde sayson germent et bourgeonnent aggreablement, chacune selon sa qualité, mais aussi les vielles plantes que l'aspreté de l'hyver precedent avoit flestries, dessechees et amorties, reverdissent, se revigorent et reprennent leur vertu et leur vie; de mesme le peché estant aboli et la grace du divin amour revenant en l'ame, non seulement les nouvelles affections que le retour de ce sacré primtems apporte, germent et produisent beaucoup de merites et de benedictions, mais les œuvres fanees et flestries sous la rigueur de l'hyver du peché passé, comme deslivrees de leur ennemy mortel, reprennent leurs forces, se revigorent, et, comme resuscitees, fleurissent derechef et fructifient en merites pour la vie eternelle..

  A005000838 

 Que si, par apres, elles perdent leur vie et valeur par le peché survenant, elles sont dites œuvres amorties, esteintes ou mortifiees seulement; mais non pas œuvres mortes, si principalement on a esgard aux esleuz.

  A005000840 

 Que si neanmoins, par apres, ce pauvre homme tombé en peché se releve et retourne en l'amour divin par penitence, Dieu ne se resouviendra plus de son peché; et s'il ne se resouvient plus du peché, il se resouviendra donques des bonnes œuvres precedentes et de la recompense qu'il leur avoit promise, puisque le peché, qui seul les avoit ostees de la memoire divine, est totalement effacé, aboli, aneanti: si que alhors la justice de Dieu oblige sa misericorde, ou plustost la misericorde de Dieu oblige sa justice, de regarder derechef les bonnes œuvres passees, comme si jamais il ne les avoit oubliees; autrement le sacré penitent n'eust pas osé dire a son Maistre: Rendes moy l'allegresse de vostre salutaire, et me confirmes de vostre esprit principal. Car, comme vous voyes, non seulement il requiert une nouveauté d'esprit et de cœur, mais il pretend qu'on luy rende l'allegresse que le peché luy avoit ravie: or cette allegresse n'est autre chose que le vin du celeste amour, qui res-jouit le cœur de l'homme..

  A005000841 

 Ainsy tous-jours, es guerisons corporelles que Nostre Seigneur donnoit par miracle, non seulement il rendoit la santé, mais il adjoustoit des benedictions nouvelles, faysant exceller la guerison au dessus de la maladie; tant il est bonteux envers les hommes..

  A005000848 

 Tenes, voyla cet homme qui entre en charge pour servir le public et pour acquerir de l'honneur: s'il a plus de pretention de s'honnorer que de servir la chose publique, ou qu'il soit egalement desireux de l'un et de l'autre, il a tort et ne laisse pas d'estre ambitieux, car il renverse l'ordre de la rayson, egalant ou preferant son interest au bien public; mais si, pretendant pour sa fin principale de servir le public, il est bien ayse aussi parmi cela d'accroistre l'honneur de sa famille, certes, on ne le sçauroit blasmer, parce que non seulement ses deux pretentions sont honnestes, mais elles sont bien rangees.

  A005000850 

 Ilz suivent et prattiquent les vertus, non entant qu'elles sont belles et aymables, mais entant qu'elles sont aggreables a Dieu; ilz ayment leur felicité, non entant qu'elle est a eux, mais entant qu'elle plait a Dieu: ouy mesme ilz ayment l'amour duquel ilz ayment Dieu, non parce qu'il [287] est en eux, mais parce qu'il tend a Dieu; non parce qu'il leur est doux, mais parce qu'il plait à Dièu; non parce qu'ilz l'ont et le possedent, mais parce que Dieu le leur donne et qu'il y prend son bon playsir..

  A005000857 

 En cette sorte faut il animer toutes nos actions de ce bon playsir celeste, aymant principalement l'honnesteté et beauté des vertus parce qu'elle est aggreable a Dieu: car, mon cher Theotime, il se treuve des hommes qui ayment esperdument la beauté de quelques vertus, non seulement sans aymer la charité, mais avec mespris de la charité.

  A005000858 

 Reduisons donques toutes les vertus a l'obeissance [290] de la charité: aymons les vertus particulieres, mais principalement parce qu'elles sont aggreables a Dieu; aymons excellemment les vertus plus excellentes, non parce qu'elles sont excellentes, mais parce que Dieu les ayme plus excellemment: ainsy le saint amour vivifiera toutes les vertus, les rendant toutes amantes, aymables et sur-aymables..

  A005000870 

 C'est cette admirable amante qui voudroit ne point aymer les goustz, les delices, les vertus et les consolations spirituelles, de peur d'estre divertie, pour peu que ce soit, de l'unique amour qu'elle porte a son Bienaymé, protestant que c'est luy mesme et non ses biens qu'elle recherche, et criant a cette intention: Hé, monstres moy, mon Bienaymé, ou vous paisses et reposes au midy, affin que je ne me divertisse point apres les playsirs qui sont hors de vous..

  A005000870 

 Il est non seulement chaste, mais pudique; il est fort, mais gracieux; il est violent, mais tendre; il est ardent, mais respectueux; genereux, mais craintif; hardi, mais obeissant: et sa crainte est toute meslee d'une delicieuse confiance.

  A005000870 

 Imagines vous, Theotime, une espouse de cœur colombin, qui ayt la perfection de l'amour nuptial: son amour est incomparable, non seulement en excellence, mais aussi en une grande varieté de belles affections et qualités qui l'accompaignent.

  A005000871 

 De cette sacree crainte des divines espouses, furent touchees ces grandes ames de saint Paul, saint François, sainte Catherine de Gennes et autres, qui ne vouloyent aucun meslange en leurs amours, ains taschoyent de le rendre si pur, si simple, si parfait, que ni les consolations ni les vertus mesmes ne tinssent aucune place entre leur cœur et Dieu; en sorte qu'elles pouvoyent dire: Je vis, mais non plus moy mesme, ains Jesus Christ vit en moy; «Mon Dieu m'est toutes choses;» Ce qui n'est point Dieu ne m'est rien; Jesus Christ est ma vie; «Mon amour est crucifié;» et telles autres paroles d'un sentiment extatique..

  A005000872 

 Vous verres toutefois, Theotime, une honneste dame, qui, ne voulant pas manger son pain en oysiveté, non plus que celle que Salomon a tant loüee, couchera la soye en une belle varieté de couleurs sur un satin bien blanc, pour faire une broderie de plusieurs belles fleurs, qu'elle rehaussera par apres fort richement d'or et d'argent selon les assortissemens convenables.

  A005000886 

 Et quant aux craintes des enfans et des espouses, elles y [299] tiendront leur rang et leur grade, non pour donner aucune desfiance ou perplexité a l'ame, mais pour luy faire admirer et reverer avec sousmission l'incomprehensible majesté de ce Pere tout puissant et de cet Espoux de gloire:.

  A005000896 

 Certes, Platon, en son Gorgias et ailleurs, tesmoigne qu'entre les payens il y avoit quelque sentiment de crainte, non seulement pour les chastimens que la souveraine justice de Dieu prattique en ce monde, mais aussi pour les punitions qu'il exerce en l'autre vie sur les ames de ceux qui ont des pechés incurables.

  A005000900 

 La crainte donq de ceux qui, comme esclaves, observent la loy de Dieu pour eviter l'enfer est fort bonne; mais beaucoup plus noble et desirable est la crainte des Chrestiens mercenaires, qui, comme serviteurs a gages, travaillent fidellement, non pas certes principalement pour aucun amour qu'ilz ayent encores envers leurs maistres, mais pour estre salariés de la recompense qui leur est promise.

  A005000901 

 Mais en fin, quand nous craignons d'offencer Dieu, non point pour eviter la peyne de l'enfer ou la perte du Paradis, mais seulement parce que Dieu estant nostre tres bon Pere nous luy devons honneur, respect, obeissance, alhors nostre crainte est filiale, d'autant qu'un enfant bien né n'obeit pas a son pere en consideration du pouvoir qu'il a de punir sa desobeissance, ni aussi parce qu'il le peut exhereder, ains simplement parce qu'il est son pere; en sorte qu'encor que le pere serait viel, impuissant et pauvre, il ne laisserait pas de le servir avec egale diligence, ains, comme la pieuse cigoigne, il l'assisterait avec plus de soin et d'affection: ainsy que Joseph, voyant le bon homme Jacob son pere, vieux, necessiteux et reduit sous son sceptre, il ne laissa pas de l'honnorer, servir et reverer avec une tendreté plus que filiale, et telle, que ses freres l'ayant reconneüe, estimerent qu'elle opereroit encor apres sa mort, et l'employerent pour obtenir pardon de luy, disans: Vostre pere nous a commandé que nous vous dissions de sa part: Je vous prie d'oublier le crime de vos freres, et le peché et malice qu'ilz ont exercé envers vous.

  A005000908 

 Contentement lequel est si fort, que les eaux des tribulations et les fleuves des persecutions ne le peuvent esteindre; ains, non seulement il ne perit pas, mais il s'enrichit parmi les pauvretés, il s'agrandit es abjections et humilités, il se res-jouit entre les larmes, il se renforce d'estre abandonné de la justice et privé de l'assistance d'icelle lhors que, la reclamant, nul ne luy en donne; il se recree emmi la compassion et commiseration lhors qu'il est environné des miserables et souffreteux; il se delecte de renoncer a toutes sortes de delices sensuelles et mondaines pour obtenir la pureté et netteté de cœur; il fait vaillance d'assoupir les guerres, noises et dissensions, et de mespriser les grandeurs et reputations temporelles; il se revigore d'endurer toutes sortes de souffrances, et tient que sa vraye vie consiste a mourir pour le Bienaymé..

  A005000908 

 Mais, quand non seulement nous nous res-jouissons en cette divine dilection et jouissons de sa delicieuse douceur, ains que nous establissons toute nostre gloire en icelle, comme en la couronne de nostre honneur, alhors elle n'est pas seulement un fruit doux a nostre gosier, mais elle est une beatitude et felicité tres desirable; non seulement parce qu'elle nous asseure la felicité de l'autre vie, mais parce qu'en celle ci elle nous donne un contentement d'inestimable valeur.

  A005000915 

 Non vrayement, Theotime; qui aura l'amour de Dieu un peu abondamment, il n'aura plus ni desir, ni crainte, ni esperance, ni courage, ni joye que pour Dieu, et tous ses mouvemens seront accoysés en ce seul amour celeste..

  A005000921 

 L'appetit de manger est rendu grandement spirituel si, avant que de le prattiquer, on luy donne le motif de l'amour: Hé non, Seigneur, ce n'est pas pour contenter ce chetif ventre, ni pour assouvir cet appetit, que je vay a table, mais pour, selon vostre providence, entretenir ce cors que vous m'aves donné sujet a cette misere; ouy, Seigneur, parce qu'ainsy il vous a pleu.

  A005000925 

 On ne peut enter un greffe de chesne sur un poirier, tant ces deux arbres sont de contraire humeur l'un a l'autre: on ne sçauroit, certes, non plus enter l'ire, ni la cholere, ni le desespoir sur la charité, au moins seroit il tres difficile.

  A005000943 

 Le cœur de naturel doux aymera plus aysement, plus aimablement, plus doucement, mais non pas plus solidement ni plus parfaitement; ains, l'amour qui naistra emmi les espines et repugnances d'un naturel aspre et sec, sera plus brave et plus glorieux, comme l'autre sera aussi plus delicieux et gracieux..

  A005000943 

 Neanmoins, si deux personnes, dont l'une est aymante et douce, l'autre chagrine et amere, par condition naturelle, ont une charité egal, elles aymeront sans doute egalement Dieu, mais non pas semblablement.

  A005000962 

 La curiosité, l'ambition, l'inquietude, avec l'inadvertence et inconsideration de la fin pour laquelle nous sommes en ce monde, sont cause que nous avons mille fois plus d'empeschemens que d'affaires, plus de tracas que d'oeuvre, plus d'occupation que de besoigne; et ce sont ces embarrassemens, Theotime, c'est a dire les niaises, vaynes et superflues occupations desquelles nous nous chargeons, qui nous divertissent de l'amour de Dieu, et non pas les vrays et legitimes exercices de nos vocations.

  A005000969 

 Saint Bernard ne perdoit rien du progres qu'il desiroit faire en ce saint amour, quoy qu'il fut es cours et armees des grans princes, ou il s'employoit a reduire les affaires d'estat au service de la gloire de Dieu: il changeoit de lieu, mais il ne changeoit point de cœur, ni son cœur d'amour, ni son amour d'object; et, pour parler son propre langage, ces mutations se faisoyent en luy, mais non pas de luy, puisque, bien que ses [325] occupations fussent fort differentes, il estoit indifferent a toutes occupations et different de toutes occupations; ne recevant pas la couleur des affaires et des conversations, comme le cameleon celle des lieux ou il se treuve, ains demeurant tous-jours tout uni a Dieu, tous-jours blanc en pureté, tous-jours vermeil de charité et tous-jours plein d'humilité..

  A005000984 

 Mais ne voyes vous pas aussi que ces pauvres gens estoyent non seulement parmi les Babiloniens, ains encor captifs des Babiloniens? Quicomque est esclave [326] des faveurs de la cour, du succes du palais, de l'honneur de la guerre, o Dieu, c'en est fait, il ne sçauroit chanter le cantique de l'amour divin; mais celuy qui n'est en cour, en guerre, au palais, que par devoir, Dieu l'assiste, et la douceur celeste luy sert d'epitheme sur le cœur, pour le preserver de la peste qui regne en ces lieux la..

  A005000997 

 Certes, es bas et menus exercices de devotion la charité se prattique non seulement plus frequemment, mais aussi pour l'ordinaire plus humblement, et par consequent plus utilement et saintement..

  A005000997 

 Les avettes picorent dans les lys, les flambes et les roses, mais elles ne font pas moins de buttin sur les menues petites fleurs du romarin et du thim; ains elles y cueillent non seulement plus de miel, mais encor de meilleur miel, parce que dedans ces petitz vases, le [329] miel se treuvant plus serré, s'y conserve aussi bien mieux.

  A005001002 

 Nostre Seigneur, au rapport des Anciens, souloit dire aux siens: «Soyes bons monnoyeurs.» Si l'escu n'est de bon or, s'il n'a son poids, s'il n'est battu au coin legitime, on le rejette comme non recevable; si une œuvre n'est de bonne espece, si elle n'est ornee de charité, si l'intention n'est pieuse, elle ne sera point receüe entre les bonnes œuvres.

  A005001018 

 Mais, Theotime, il ne se faut pas arrester la: ains, pour faire un excellent progres en la devotion, il faut non seulement au commencement de nostre conversion, et puis tous les ans, destiner nostre vie et toutes nos actions a Dieu, mais aussi il les luy faut offrir tous les jours, selon l'exercice du matin que nous avons enseigné [335] a Philothee; car en ce renouvellement journalier de nostre oblation nous respandons sur nos actions la vigueur et vertu de la dilection, par une nouvelle application de nostre cœur a la gloire divine, au moyen dequoy il est tous-jours plus sanctifié..

  A005001029 

 Car d'un costé c'est voirement une merveille, mais non pas si grande, de voir que Abraham, des-ja viel et consommé en la science d'aymer Dieu, et fortifié de la recente vision et parole divine, face ce dernier effort de loyauté et dilection envers un Maistre duquel il avoit si souvent senti et savouré la suavité et providence; mais de voir Isaac, au primtems de son aage, encor tout novice et apprentif en l'art d'aymer son Dieu, s'offrir, sur la seule parole de son pere, au glaive et au feu pour estre un holocauste d'obeissance a la divine volonté, c'est chose qui surpasse toute admiration..

  A005001048 

 Ainsy, dedans sa poitrine maternelle, son cœur divin prevoyoit, disposoit, meritoit, impetroit tous les bienfaitz que nous avons, non seulement en general pour tous, mais en particulier pour un chacun; et ses mammelles de douceur nous preparoyent le lait de ses mouvemens, de ses attraitz, de ses inspirations, et des suavités par lesquelles il tire, conduit et nourrit nos cœurs a la vie eternelle.

  A005001068 

 Ces choses, Theotime, qui par la grace et faveur de la charité ont esté escrittes a vostre charité, puissent tellement s'arrester en vostre cœur que cette charité treuve en vous le fruit des saintes œuvres, non les feuilles des loüanges.

  A005001087 

 Et non seulement y avoir trouvé toutes choses conformes à la saincte Doctrine des saincts Peres et Docteurs de l'Eglise, et adjustees au niveau de la Foy Catholique, Apostolique, et Romaine: mais d'abondant confessons ingenuëment y avoir rencontré tant d'avantages pour l'entiere recommandation de l'Amour de Dieu, tant d'ordre et de lumiere à le faire aisément concevoir, tant d'attraicts si puissants à luy gaigner les Ames; que nous estimons que ce sublime et Divin subject a vrayement rencontré cette fois celuy qu'il luy falloit pour dignement le [349] manier et l'estaller en public: et que l'esclat de son excellence et grandeur eust tousjours esté plus sombre et moindre parmy les hommes, quant à sa parfaite cognoissance, si ce Reverendissime Prelat, esgalement sçavant et Religieux, n'eust employé son net esprit et sa riche plume à le traicter.

  A005001134 

 Nul n'entre au Sanctuaire que le grand Prestre; en cette pointe de l'ame les discours n'y entrent point, ains [357] seulement cette supreme et universelle et grande veûe, par laquelle nous connoissons que la volonté divine est souverainement bonne et digne d'estr'aymee en tout generalement et non pas seulement particulierement en quelque chose, et non pas seulement en general mais en particulier en chasque chose.

  A005001135 

 Car encor que la foy, l'esperance et la charité respandent leurs actions et divins mouvemens en toutes les facultés de l'ame, non seulement entant qu'ell'est raysonnable mais encor entant qu'ell'est sensitive, les conduysant toutes et gouvernant, et les assujettissant saintement et justement sous leur divin'authorité, si est ce que leur speciale residence, leur vray et naturel sejour est establi [358] en cette supreme cime de l'ame, des-laquelle, comme un'heureuse fontayne et source d'eau vive, elles s'espanchent par divers surgeons et ruysseaux, sur toutes les parties et facultés inferieures..

  A005001136 

 Aussi l'acte de la foy n'est pas un discours, mays un tres simple acquiescement de l'entendement aux choses revelees, et revelees non par une claire lumiere mays par une lumiere obscure, quoy que tres certaine; or l'acte de l'esperance n'est autre chose que le simple mouvement de la volonté a ce que la foy enseigne, entant quil nous est utile et promis, pour l'unir a nous et le rendre nostre; et l'acte de la charité, un mouvement de la volonté au bien que la foy nous monstre, entant quil est bon simplement, pour nous unir a iceluy et nous rendre siens.

  A005001136 

 De sorte que ces troys divines vertus ne sont point fondees sur le discours, ains sur l'acquiescement de l'entendement; elles ont vrayment leur assiete sur la supreme cime de l'ame, en laquelle ne se fait aucun discours ains une simple veiie et regard, par lequel l'entendement estant esclairé d'une lumiere extremement obscure mais infiniment certaine, non seulement il acquiesce a la certitude pour croire invariablement et tres fermement, mais aussi il acquiesce a l'obscurité, ne desirant pas sçavoir ni voir, ains croire simplement en toute asseurance et sousmission..

  A005001138 

 En ce sanctuaire de nostr'ame Dieu parle a nostre esprit, l'instruisant de ce quil faut croyre, esperer, aymer, non point par maniere de discours, mais par maniere d'inspiration et illustration ou illumination, luy proposant les saintes verités de la foy et, par maniere de dire, les luy faysant aucunement entrevoir parmi des obscurités, tenebres et nuages: en sorte que nostr'entendement en reçoit un'obscure connoissance, laquelle, quoy qu'obscure, est tellement aggreable a la volonté, qu'elle s'y complait grandement, et par sa complaysance porte l'entendement a un parfait acquiescement qu'il fait sans reserve ni exception quelcomque, croyant fermement ces sacrees verités de la foy, qu'il entrevoit aucunement et quil ne void nullement, qu'il entreconnoit et ne connoist pas, [359] c'est a dire qu'il ne sçait que par ouӱ dire, car, comme dit l'Apostre, la foy est par l'ouӱe.

  A005001141 

 L'enqueste donq et la dispute se fait au parvis des prestres; mais la resolution et acquiescement se fait dans le Sanctuaire, non point en vertu des raysons debattues au parvis, mais en vertu de la presence du S t Esprit, qui anime le cors de l'Eglise et le fait parler par les chefz d'icelle.

  A005001141 

 Vous aves ouy dire peut estre, ma chere Philothee, qu'es Conciles generaux se font des grandes disputes et enquestes de la verité, par des raysons et argumens de theologie, et tandis que cet examen des raysons se fait il n'y a nul acquiescement ni des uns ni des autres a la verité; mays la chose estant debattue, les Peres du Christianisme, c'est a dire les Evesques, et mesme le primier et souverain Evesque, resoulvent de la difficulté, et la determination estant faite chacun acquiesce, pleynement, non point en vertu des raysons alleguees, mays en vertu de lauthorité du S t Esprit, qui a decerné et jugé par l'entremise de ses serviteurs.

  A005001146 

 Non certes, car il ne nous veut pas tirer par les cordages desquelz on tiroyt jadis les veaux et les moutons aux sacrifices, sans leur consentement et par force, ains par les liens d'Adam, par les liens de charité, d'amour et d'affection, comm'Abraham mena le s t enfant Isaac et le mit sur le bucher pour l'immoler.

  A005001156 

 Au contraire, la tressainte pœnitence est une grande partie de la philosophie chrestienne, en laquelle quicomque dit quil ne peche point, non seulement il n'est pas sage, mais il est forcené; et quicomque croid de remedier son peché sans pœnitence, il est insensé.

  A005001159 

 des Ethiques, c. 7, quand il dit que l'intemperant lequel choysit par deliberation de vaquer aux voluptés ne se peut repentir; dont «il est incorrigible, car qui ne se repend, quem non pœnitet, incurabilis est, il est incurable;» comme sil disoit que le peché sans pœnitence est incurable.

  A005001165 

 Qu'ay je fait ou non fait? ou qu'ay-je transgressé?.

  A005001172 

 Mays il suffit, pour oster quelques uns de nos plus sçavans Theologiens de doute, que non seulement la nature peut çonnoistre que Dieu est offencé par les pechés, mais qu'aussi elle l'a conneu, et a enseigné que pour cela il s'en failloit repentir..

  A005001176 

 Non, Philothee, car comme le grand Apostre a dit que sil donnoit son cors a bruler et tout son bien aux pauvres, et quil n'eut pas la charité cela ne luy prouffite de rien, aussi pouvons nous dire que quand nous aurions une repentance si grande que nous fondissions en larmes et que le regret nous fit pasmer, ains mourir tout a fait, et nous n'avons pas la charité, tout cela ne prouffite de rien pour la vie eternelle..

  A005001177 

 Or, ma chere Philothee, en toutes ces repentances le s t amour de Dieu n'y entre point; car ne voyes vous pas que c'est la crainte de la peyne, le desir du Paradis, l'interest de nostre ame, pour sa beauté interieure, son honneur, sa dignité, son propre bien, et, en un mot, nostre propre amour, quoy qu'amour s t et juste, qui nous porte a repentance, et non l'amour que nous devons a Dieu [369] comme au souverain bien et premiere bonté, alaquelle, comm'au supreme objet de nostre volonté et affection, nous devrions regarder simplement..

  A005001178 

 Et qui seroit le pere qui treuvast bonne la volonté d'un enfant, quand il dirait que si son pere ne luy avoit præparé un bon hæritage il l'offenceroit? Mays je dis que ces repentances que la consideration de nostre propre interest, quoy que spirituel et louable, produit en nous, n'enferment point et ne comprenent point encor l'amour [de] Dieu; elles ne le rejettent pas, mais elles ne le contiennent pas non plus; elles ne sont pas contre luy, mais elles sont encor sans luy; il n'en est pas exclus ou forclos, mais il n'y est enclos non plus.

  A005001178 

 Je ne dis pas que ces repentances rejettent l'amour de Dieu: non certes, Philothee, car si par exemple, quelqu'un se repentant d'offencer Dieu pour ce que par le peché il perd le Paradis, entendant et deliberant que si Dieu ne donnoit point de Paradis a ceux qui vivent bien, il ne voudroit pas bien vivre, helas, il commettroit un grand peché, car il præfereroit son interest et son bien propre a la bonté et Majesté divine; il aymeroit mieux le don que le Donnateur, qui seroit un'affection fort desordonnee et desreglee.

  A005001181 

 En fin donq, nous pouvons detester le peché, non pour l'endommagement quil fait a nostr'ame delaquelle il souille la beauté, defigure l'image divine, non pour le desir d'avoir le Paradis, non pour la crainte d'estre damnés, mays par ce que le peché offence Dieu qui est souverainement bon, et souverainement bien aymable et souverainement bienaymé.

  A005001187 

 Et cet amour qui donne mouvement a la repentance est un vray amour, mais non encor parfait, jusques a ce que son mouvement soit en son plus haut degré; car alhors, soudain l'amour parfait est produit en l'ame, c'est a dire la tresste vertu de charité qui rend l'ame toute chere a son Dieu.

  A005001193 

 En somme, les pechés venielz diminuent la charité en son exercice et non en sa substance, c'est a dire ilz ne diminuent pas la charité, mais l'exercice d'icelle, et notamment en ce que la charité requiert que nous rapportions nos actions a Dieu.

  A005001193 

 [Il y a donq un peché qui n'engendre] pas la mort, et partant qui n'est pas mortel; et neanmoins il est peché, et partant il desplait a la charité, non comme chose qui luy soit contraire, mais comme chose qui est contraire a ses actions et a son excellence, a son progres.

  A005001201 

 ...si, au contraire, la mere perle tient son ouïtre fermee, les goustes ne laisseront pas de tumber sur elle, mais non pas dans elle.

  A005001201 

 Et dites moy, Philothee, de quoy peut on accuser le ciel en cette diversité d'evenemens? a-il pas envoyé sa rosee et ses influences sur l'un'et l'autre mere perle? pourquoy donq l'une a elle par effect produit sa perle, et l'autre non? Il n'y a rien en celle qui l'a produit qu'elle ne doive reconnoistre du ciel, non pas mesme son ouverture par laquelle ell'a receu la goutte; car, sans la souefve fraicheur de la rousee et le sentiment des premiers rayons de l'aube qui l'ont doucement excitee, elle n'eut pas ouvert son escaille.

  A005001201 

 Mays comme celle qui s'est emperlee et comm'engrossee de sa chere geniture s'en peut voirement donner de la joye et non pas de la louange, ainsy celle qui demeure sterile n'en peut accuser le ciel, qui avoit esté autant liberal envers elle quil estoit requis pour la rendre enceinte de la perle: tout le manquement vient d'elle, et s'en doit donner tout le blasme.

  A005001202 

 L'autre aussi futvivement touché de [375] la clarté et chaleur du soleil, qui au travers de[ses] paupieres fait certaine transparence comme des petitz esclairs autour de la prunelle de ses yeux fermés; mais non seulement il, n'ouvre pas les yeux, qu'au contraire, tournant le dos au soleil, il met sa face en terre, et se rendormant, passe-la sa journee, jusques a ce que, se voyant surpris de la nuit, il se plaint par des cris effroyables de quoy il demeure exposé a la merci des loups, ou mesme des lions rugissans, si toutefois ceci arriva en Affrique..

  A005001212 

 ...et a poussé en elle l'eau cordiale de l'inspiration, laquelle faysant son operation l'a remise en sentiment et revigoree: qu'y a-t-il en tout ceci qu'elle n'ayt receu? Que si elle repliquoit qu'au moins elle a receu les remedes: Ingrate que tu es, luy dirois-je, il est vray, tu as receu [377] les remedes; mais recevoir du bien n'est ce pas a l'indigent et souffreteux? ne suffit il pas pour t'oster tout sujet de vanité que tu n'as rien que tu n'ayes receu? Ouy, chetifve creature, tu as tout receu; et ce que tu ne consideres pas, c'est que tu as receu le pouvoir mesme de recevoir, qui est un bienfait tres particulier de ton Sauveur: car sans luy, non seulement tu n'ouvrois point la bouche, tu ne pensois point a ton salut, mais tu ne pouvois pas y penser, tant les ressortz du mouvement de ton ame estoyent empeschés du catharre de ton iniquité.

  A005001238 

 Saches donq, Philothee, que toute pensee n'est pas meditation: car, quand nous pensons a quelque chose sans aucun dessein de tirer prouffit de nostre pensee, nous faysons une simple pensee, et pour attentive qu'elle soit, elle n'est autre chose que pensee; que si nous pensons attentivement a quelque chose pour apprendre les causes, les effectz, les circonstances, cette pensee est nommee estude; mays quand nous pensons a quelque chose, non pour apprendre et nous instruire, mais pour nous affectionner en icelle, cela s'appelle mediter.

  A005001239 

 Mais pourquoy veut il que nous repensions et meditions en N. S r qui a tant souffert? Non certes affin que nous devenions sçavans, mais affin que nous devenions patiens comm'il l'a esté.

  A005001240 

 Or toute la sainte doctrine, dit une des devotes bergeres qui accompagnoyent la celeste Sullamite, ell'est comme un vin prœcieux, digne non seulement d'estre beu par les [382] bergers et docteurs, mais d'estre savouré, et par maniere de dire, masché et ruminé; Cant.

  A005001241 

 En la méditation l'ame fait comme l'abeille, laquelle voletant ça et la sur [les fleurs, non a l'adventure mais a] dessein, non pour se recreer........................................................

  A005001251 

 Ne voyons nous pas, Philothee, que la cholere esmeüe par la connoissance de quelqu'injure fort legere, si promptement elle n'est bridee, elle passe tout outre et devient infiniment plus grande que le sujet ne requiert? La connoissance donne la naissance aux passions, mais non pas la mesure.

  A005001255 

 Il faut pourtant bien advoüer que quand non seulement la volonté est delectee par son object, mais que l'entendement eh connoist la bonté plus parfaitement, la volonté est bien plus fortement portee et attachee; car ell'est poussee et tiree tout ensemble a son objet, poussee par l'entendement, tiree par la delectation: et partant, «si l'homme» sçavant, dit S t Th., 2.

  A005001255 

 L'eminente science des Cyprians, Augustins, Hilaires, Chrisostomes, Basiles, Gregoires, [387] Cyrilles, et du mesme S t Thomas, a sans doute infiniment, non seulement illustré, mais affermi leur exquise devotion; comme reciproquement leur devotion à extremement rehaussé et perfectionné leur science.

  A005001260 

 D'autrefois, il regarde plusieurs attributz et est attentif a les regarder, mais comme d'une veüe totalement uniforme et sans distinction; comme celuy qui regardant l'espouse d'un seul trait d'œil quil feroit, passant sa veue des la teste jusques aux pieds, n'auroit rien regardé distinctement, quoy qu'il auroit tout veu attentivement, et ne sçauroit dire autre, ni quel carquant ni quelle robbe elle porte, ni quelles bagues, ni quelz yeux, ni quelle bouche, ni quelles mains, ains sçauroit seulement dire que tout est beau et qu'ell'est toute belle: car ainsy on regarde la toute puissance, la toute justice, la toute sagesse de Dieu, non point distinctement, mays d'une simple veüe qui tire son regard d'un seul trait sur ces attributz, sans nulle interruption; et neanmoins ne sçauroit dire rien en particulier, ains seulement en general que tout est bon, quil [388] est tout beau, quil est tout desiderable, ainsy que Dieu mesme fit au commencement du monde: car il vid la bonté de tout ce quil faysoit separement et qu'un chacun ouvrage estoit bon; puis, d'un seul trait de son regard, il vid que tout estoit tres bon..

  A005001266 

 Car on n'entend pas parler de ce recueillement que tous ceux qui veulent prier doivent faire, rentrant en eux mesme comme l'enfant prodigue, et retirant par maniere de dire l'ame dedans le cœur pour parler a N. S.; mais d'un recueillement qui se fait, non par le commandement de l'amour, mais en vertu de l'amour: c'est l'amour qui le fait luy mesme, et ne le fait pas faire..

  A005001277 

 Le recueillement c'est comme les ouistres et meres perles, qui, ayant receu les goustes du ciel, lafraiche rossee du matin, se resserrent pour la conserver non meslee, et pour l'ayse qu'elles ressentent d'appercevoir cette fraicheur si douce, et ce germe que le ciel leur envoie..

  A005001279 

 Et c'est cela, a mon advis, que la B. vierge Therese appelle «orayson de quietude,» et qui ressemble a cet exercice d'amour que mesme les amans humains font, lhors que, ne parlans point a la personne qu'ilz ayment, ilz se contentent d'estre au lieu ou ell'est, proche d'elle, prenans simplement playsir a cette presence, sans discourir ni sur la beauté ni sur les perfections de l'object aymé, assovis, ce semble, et satisfaitz d'estr'aupres d'iceluy, savourans cette seule presence, non par aucun discours, mais par une tres simple attention quilz ont a cette presence, en laquelle ilz ont leur contentement et repos.

  A005001280 

 Or, l'ame qui est en ce doux sommeil et qui n'a que la seule simple attention delicieuse de son Espoux, ne voudroit jamais partir de la, ni changer ce repos, non pas mesme au plus grand bien de ce monde.

  A005001282 

 Mais [396] apres que la fraicheur du lait a aucunement appaysé la chaleur appetissante de leur petite poitrine, et que les douces vapeurs quil envoye au cerveau commencent a les endormir, Philothee, vous les verries fermer leurs petitz yeux tout bellement et ceder au sommeil, sans quilz facent plus aucun'autre action que celle d'un lent et tendre mouvement des levres, avec lequel ilz succent et avalent imperceptiblement le lait, sans y penser certes, mais non pas sans playsir, car si [on] leur oste ce bien ilz s'esveillent et pleurent amerement; si que tesmoignans de l'aigreur en la privation, ilz font asses connoistre qu'ilz avoyent de la douceur en la possession.

  A005001283 

 Les peintres peignent presque tous-jours le bienaymé S t Jean, en la cene, non seulement reposant, mais dormant dans le sein de N. S r.

  A005001288 

 Mays pourtant il ne faut pas croire qu'il y ait peril de perdre cette sainte quietude par les actions ni du cors ni de l'esprit qui ne se font point par legereté ni par indiscretion; car il faut croire la B. M. Therese, laquelle estime que c'est superstition d'estre si jaloux de cette quietude que de ne vouloir ni tousser, ni cracher, ni respirer, pour la mieux conserver: car, certes, Dieu qui donne cette paix ne l'oste pas pour telz mouvemens exterieurs, non, ni mesme pour les distractions et evagations involontaires de l'esprit; car la volonté estant une fois bien amorcee ne laisse pas de savourer le fruit de cette quietude, quoy que l'entendement ou la memoire s'eschappent..

  A005001291 

 Autrefois, elle sent parler l'Espoux, mais elle ne sçauroit luy parler, ou par ce que l'ayse de l'ouïr ou la [400] reverence qu'elle luy porte l'en empesche, ou par ce qu'ell'est en secheresse et n'a de force que pour escouter et non pour ouïr..

  A005001291 

 Car quelquefois l'ame tire un contentement inimaginable de sentir par certaines douceurs interieures la presence de Dieu, comm'il arriva a s te Elizabeth; autrefois, non seulement elle sent son Dieu present, mais elle luy parle doucement et secrettement comme cœur a cœur.

  A005001293 

 Et quoy! donques tu ne desires rien sinon d'estre statue, lâ dedans cette niche? Non vrayement, sinon que mon maistre ne voulut plus que je fusse cela; mais tandis quil luy plait que je ne soys autre chose qu'une statue, je ne veux aussi estre que cela..

  A005001293 

 Mays ne voudrois-tu pas bien avoir du mouvement pour t'approcher [de] luy et luy faire quelqu'autre service? Non pas, certes, sinon quil le voulut.

  A005001293 

 Mays tu ne le vois pas? Non, je ne le voy pas, mais luy me void, la ou il m'a mis.

  A005001300 

 Imagines vous un enfant (car cette comparayson est toute d'amour pur et doit estre suivie) qui, voyant sa mere assisse, laquelle luy presente son giron et son sein, vient se jetter tout entre ses bras: il se ramasse tout la dans ce sein desirable, dans lequel il plie tout son cors; sa mere, le tenant, le serre et le colle sur sa poitrine, et joint ses levres aux siennes; luy, amorcé de cette caresse par laquelle sa mere l'unit tout a soy, non seulement consent, mays tant quil peut il se serre luy mesme et se presse sur le sein et sur le visage de sa chere mere, et de son costé coopere a cette amoureuse union.

  A005001301 

 L'ame, donq, amorcee de cett'union, non seulement consent, mays selon qu'elle peut, elle se presse et se serre de tout son pouvoir en Dieu..

  A005001303 

 Or icy donques (et ceci doit estre au commencement du chap.) nous ne parlons pas de l'union generale du cœur avec Dieu, mais de certains actes particuliers que le cœur fait, pour non seulement estr'uni, mais estre plus uni, plus serré et plus joint a Dieu.

  A005001304 

 Ainsy les pelerins desirans que nostre Seigneur demeurast en Emaüs, qui aussi le vouloyt bien, non seulement ilz appliquerent leur persuasion pour le faire demeurer avec eux, disans: Seigneur, demeures avec nous, car la nuit s'approche, il se fait tard, mais ilz le presserent et le serrerent a force, le contraignans d'un'amiable contrainte de demeurer.

  A005001306 

 Quelquefois cett'union se fait encor avec l'entendement, qui de plus en plus se serre a Dieu, non pour l'entendre, mais pour estre avec son object, par ce que la volonté le tire apres soy et l'applique a cela, l'amour respandant dans l'entendement ce playsir special d'estre fiché en Dieu; comme nous voyons quil respand une profonde et speciale attention en nos yeux pour regarder fixement ce que nous aymons, quoy que les yeux d'ailleurs eussent d'autres objectz plus aggreables..

  A005001307 

 O Dieu, quel bonheur, quand non seulement la volonté s'unit a Dieu, mais aussi toutes les facultés! [405].

  A005001307 

 Quelquefois cett'union se fait de toutes les facultés de l'ame, qui se ramassent autour de la volonté, non pour s'unir elles mesme a Dieu, car elles n'en sont pas toutes capables, mais pour ne point destourner la volonté, ains luy donner toute commodité de s'unir de plus en plus a ce divin objet; c'est pourquoy, de peur de la destourner, elles la suivent, car si les autres puissances estoyent appliquees a leurs particuliers objectz, l'ame qui opere par elles seroit distraitte et divertie par la varieté des actions, et ne pourroit pas si parfaitement s'employer a celle de l'amour.

  A005001311 

 En fin, quand cett'union est non seulement tres serree et estroitte, mais que la chose unie peut malaysement estre separee et desprise, [comme une] greffe qui s'attache a l'arbre, elle s'appelle par le grand s t Thomas et les Theologiens inhæsion ou adhæsion, parce que par cett'union non seulement on est fort uni et serré, mais on est attaché, affigé, collé a la chose, on se tient a elle, on est pris l'un a l'autre en sorte quil y a peyne de s'en desprendre; comm'il [arrive] quand la chose qui se prend a un'autre est visqueuse et gluante, ou qu'elle [est] attachee par des cloux ou par plusieurs neuds et liens entrelacés.

  A005001311 

 Or l'union de nostre ame a Dieu est lhors en sa perfection quand nous sommes tellement saysis de sa bonté que non seulement elle nous tire a soy, non seulement elle nous joint a soy, non seulement elle nous serre a soy, mais elle nous attache et se prend tellement a nous que nous ne nous en pouvons desprendre.

  A005001312 

 Philothee, imagines vous donques que (il importe que vous m'entendies) S t Paul, S t Augustin, S t Denis, S t François, S te Catherine de Sienne ou de Genes sont encor en ce [406] monde, et quilz dorment de lassitude apres plusieurs travaux pris pour l'amour de Dieu; representes vous d'autre part quelque bonn'ame, mais non si s te comm'eux, car il y en a peu qui leur soient comparables, qui est en l'orayson d'union a mesme tems: je vous demande, chere Philothee, qui est plus joint a Dieu, plus uni, plus attaché? O Dieu, vous me confesseres que ce sont ces heureux personnages; car leur charité, qui est, comme l'un d'eux tesmoigne, le lien de perfection, est bien plus grande et plus forte que celle de cett'autre ame qui est en l'orayson d'union.

  A005001320 

 L'ame n'en est pas de mesme par nature: non certes, Philothee, car ell'a ses figures, ses bornes et limites spirituelles, en sorte que elle n'est pas aysement pliable ni maniable par autruy.

  A005001321 

 Le baume est une liqueur espaisse et non fluide de soymesme, et plus il est gardé plus il s'espaissit, et mesm'en fin il s'endurcit et devient rouge et transparent; mais la chaleur le dissoult et rend fluide.

  A005001322 

 Ainsy l'ame laquelle, quoy qu'aymante, demeuroit neanmoins en elle mesme, par cette liquefaction elle sort hors de soymesme et se laisse escouler en son Bien Aymé, non seulement pour s'unir a luy, mays pour se mesler et imbiber toute a luy, en sorte que ce ne soit plus qu'une chose avec luy; ainsy que de l'eau naphe et de l'eau rose meslees ensemble se fait une seule eau de senteur..

  A005001322 

 Mays voyes comme le vent meridionnal les ramasse et les fait fondre, en sorte qu'elles se desfont et convertissent toutes en eau; lhors, ne se pouvant maintenir en elles mesme, elles tumbent et s'escoulent en bas, non seulement se joignant a la terre, mais se meslant intimement et s'imbibant avec la terre qu'elles destrempent, si que de la terre et d'elles ne sont plus deux choses, mais une seule chose composee de ces deux elemens.

  A005001323 

 Il semble que telle fut la passion amoureuse qui fit dire au grand s t Paul: Je vis, mais non plus moy, ains Jesuschrist vit en moy; et quand il disoit ailleurs: Nostre vie est cachee en Dieu avec Jesuschrist.

  A005001330 

 C'est lhors quil tesmoigne sa presence a l'ame et la presse d'amour, il la sollicite et luy fait vivement connoistre sa douceur infiniment aymable, car il presse en cette sorte: il luy donne des sentimens admirables de sa souveraine bonté, qui donne des attraitz non pareilz a l'ame, laquelle s'eslançant comme pour voler a son objet, et demeurant courte par [ce] qu'elle ne peut tant l'aymer comm'elle desire, o Dieu! elle sent une douleur qui n'a point d'egale.

  A005001335 

 Helas! alhors l'ame, quoy qu'asseuree, ressent neanmoins des cruelles douleurs; car comme ceux qui ont des extremes aversions et répugnances a quelque chose n'en peuvent seulement pas [417] voir les ombres et les figures, non pas mesm'ouir les noms, aussi un'ame extremement amoureuse ne peut mesmement pas souffrir les semblans que Dieu fait de se desfier de nostre amour.

  A005001339 

 † Et ce qui est admirable c'est que les cœurs blessés de l'amour, non seulement sentent la douleur, mays y consentent, et ne voudroyent pour chose du monde ne l'avoir pas.

  A005001340 

 Les cors mesme de ceux qui sont blessés d'amour en demeurent malades, affoiblis et alangouris, comme l'on vid Ammon malade presqu'a mort pour l'amour de Tamar; et c'est chose asses conneüe que l'amour humain a la force non seulement de blesser le cœur, mais de rendre le cors malade jusques a la mort: ce qui se fait par la liayson que l'ame a avec le cors, [d'autant] que comme la passion et le temperament du cors a beaucoup de pouvoir de tirer l'ame a soy, aussi les passions de l'ame ont une grande force pour remuer les humeurs et changer les qualités du cors.

  A005001343 

 O Dieu, ma chere Philothee, imagines vous cett'image que non Appelles, mais N. S. mesme, ou un Seraphin par son [421] commandement, avoit taillee au Ciel en la presence de tous les Anges.

  A005001345 

 Et de mesme, chere Philothee, l'amour du grand saint François parut en toute sa vie comme par maniere de sueur; mais affin quil parut tout a fait, le celeste Seraphim le vient inciser et blesser, et pour monstrer que c'estoyent playes de l'amour celeste, il le blesse non avec le fer, mays avec un rayon de clarté.

  A005001356 

 C'est la jalousie pour laquelle David se mouroit, et pour laquelle tant de gens sont mors, affin d'empescher le peché, et non seulement la damnation des ames; comme s t Jean Bape, s t Pierre et s t Paul, et mill'autres, par ce que le peché estoit contraire a la gloire de Dieu et a sa volonté.

  A005001358 

 Voyes cet artisan: il hume le gain avec [426] un'avidité non pareille; si son voysin commence a gaigner, il en seche de regret et le descrie tant quil peut pour l'empescher de s'avancer: c'est quil croid que le gain de son voysin diminue le sien.

  A005001360 

 (Entant quil nous appartient; contre le zele qui non est secundum scientiam: les corrections indiscretes.).

  A005001360 

 Par ce que nous l'aymons souverainement nous devons aussi hair tout ce qui luy est contraire, entant quil luy est contraire; et non seulement le hair, mais le fuir; et non seulement le fuir, mays l'empescher d'estre si nous pouvons; et non seulement l'empescher d'estre, mais si nous ne pouvons pas l'empescher, estre extremement marris quil soyt; et non seulement estre marris, mays avoir une s te affection d'ire pour vanger, entant quil nous appartient, la contrarieté faite a Dieu.

  A005001365 

 La jalouzie n'est jamais qu'en matiere d'amour; et l'envie est en toutes matieres, d'honneur, de richesse, de beauté, et, comme je pense, elle ne regarde pas l'amour sinon qu'avec l'amour il y ait quelqu'autre consideration, d'estime, d'honneur, de preference: c'est a dire, elle ne regarde pas tant l'amour que les fruitz de l'amour; mais la jalouzie regarde droittement l'amour, et non les fruitz de l'amour..

  A005001365 

 Mays la jalousie n'est nullement marrie que chacun jouisse du sien, ains seulement lhors que la jouissance du compaignon empesche la nostre; car un homme, pour jaloux quil soit, ne sera jamais marri que celuy duquel il est jaloux soit aymé des autres femmes, pourveu que ce ne soit pas de la sienne: non pas mesme nous ne sommes pas jaloux, a proprement parler, de nos corrivaux, tandis que nous n'estimons d'avoir acquise l'amitié de la personne aymee (que si il y a de la passion pour cela, c'est une passion d'envie), mais oüy bien lhors que nous l'avons [430] acquise et que nous nous desfions qu'un autre ne l'emporte.

  A005001366 

 Et pour monstrer quil veut non seulement jouïr de nostre cœur et de toutes ses affections, mais aussi de nos œuvres et operations, il veut estre comm'un cachet sur nos bras, affin quilz ne s'estendent et ne s'employent que pour luy, ou au moins selon luy.

  A005001368 

 Mays voyes cette jalousie delicatement exprimee par S te Catherine de Genes presqu'en tous les enseignemens des proprietés du pur amour qu'elle donne si admirablement; car il ne se peut rien adjouster a ce qu'elle dit pour monstrer que l'amour parfait, c'est a dire parvenu jusques au zele, ne peut souffrir l'interposition ni le meslange d'aucune autre affection dans le cœur quil possede, non pas mesme des dons de Dieu, car il ne veut pas mesme qu'on [432] affectionne le Paradis sinon pour y plus aymer Dieu.

  A005001369 

 Non pas certes que le s t amour, pour vehement quil soit, puisse estre excessif en soymesme ni en ses inclinations; mais par ce quil employe a l'execution de ses ordonnances l'entendement, auquel il commande de chercher les moyens de faire reuscir ses intentions, et la hardiesse et cholere pour les prattiquer, il advient que souvent l'entendement prend des voyes insolentes, trop aspres et violentes, et que l'audace ou cholere estant esmeüe fait plus [433] qu'on ne luy commande, et que par ainsy le zele est exercé indiscrettement et desreglement, dont il devient mauvais..

  A005001370 

 Le zele donq estoit bon, mais l'exercice en fut extremement desreglé, ainsy comme recite le mesme S t Denys en la response a Demophile, [où il] fournit un autre admirable exemple d'un zele indiscret, non faute de science, mais par exces de la cholere que le zele avoit excité..

  A005001373 

 Ce bon pere de famille que N. S. descrit en l'Evangile, conneut bien cet inconvenient ordinaire aux serviteurs rudes et ardens; car s'offrans a luy pour sarcler son champ et arracher l'ivroÿe, et luy disans: Voules vous que nous l'allions recueillir? non, dit-il, de peur que d'adventure avec l'ivroye vous n'arrachies aussi le froment..

  A005001381 

 Dicit ergo Paulus: Optabam pro Judeis tanquam damnatum mori, et pro eis non modo mori sed dira quœque pati et ignominiosa; non solummortem, sed mortem crucis, mortem ignominia ac probris omnibus pejorem.

  A005001381 

 NOTA. Fortis ut mors dilectio, dura sicut infernus œmulatio; la mort separe l'ame du cors, et l'enfer separe l'ame de nostre Seig r et de son Paradis (non pas de sa grace, car c'est le peché qui en separe, auquel l'amour n'est pas comparé): [439] ainsy s t Paul, ainsy Moyse, anathema a Christo ut Christus anathema a Pâtre, propter amorem.

  A005001381 

 O incredibilem animi prœstantiam et spiritus fervorem! Christum, qui nostra causa maledictum factus est, qui infirmitates nostras suscepit et morbos portavit, imitatur; aut, ut parcius dicam, primus ipse post Christum aliquid eorum causa perpeti, et quasi impius, non recusat modo ipsi salutem consequantur.» Quibus verbis indicat genuinum sensum loci Apostoli, quidquid Card. Tolet.

  A005001381 

 ad hunc locum ait, quid magni diceret Paulus ut opus esset tam solemni asseveratione et juramento: Veritatem dico, non mentior, testimonium perhibente conscientia mea, et cœt.? Neque valet reprehensio Toleti contra Chrisost., quant vide apud eum: nam etsi parum non sit mon pro amico, tamen in modo moriendi magna est latitudo; nam exaggerat ipse Paulus mortem: mortem, inquit, autem crucis.

  A005001381 

 dicunt eum optasse esse anathema a Christo, non postquam factus est Christianus sed ante conversionem suam, cum ignorans in incredulitate zelaret pro Judeis, nolens fieri Christi discipulus ut sectam Judaicam tueretur et Christianos insequeretur, id, ni fallor, nullo prorsus fundamento nititur, etnisitantorum vivorum authoritas contineretpuerile existimarem.

  A005001384 

 19 in Cant.: Deus vult se amari non solum dulciter sed etiam sapienter; facillime zelo tuo illudet spiritus erroris si scientiam negligas, nec habet callidus hostis machinamentum efficacius ad tollendam de corde dilectionem quam si efficere possit ut in ea incaute et non cum ratione ambuletur; et ser.

  A005001384 

 En fin, la discretion qui accompaigne le vray zele luy fait non seulement discerner que c'est quil doit entreprendre, mays comment il le doit entreprendre; elle ne fait pas seulement choysir un juste sujet, mays des moyens convenables pour empescher le mal et conserver le bien..

  A005001386 

 C'est chose estrange de la jalouzie des chameaux, qui lhors de leurs amours, non seulement s'irritent de sentir approcher les animaux de leurs especes, mais mesme se rendent furieux contre tout'autre espece d'animaux et contre les hommes silz les apperçoivent venir pres d'eux.

  A005001386 

 La parfaite jalouzie de l'ame, non seulement ne veut souffrir les approches des affections qui sont contraires au s t amour, mais rejette tout ce qui peut ombrager et donner de la distraction, bref, qui peut estre entre Dieu et elle.

  A005001389 

 Imagines vous, Philothee, le cher Espoux de nos ames au parvis du prœtoire de Pilate, ou, pour l'amour de nous, les ministres de la mort, c'est a dire les bourreaux, le despouillerent de tous ses vestemens l'un apres lautre; puis, non contens de cela, ilz le despouillerent, par maniere de dire, de sa peau, tant ilz la deschirerent a coups de verges et de fouetz, dont il sembloit un ladre ulceré, dit le Prophete; et enfin la mort mesme venant, despouilla sa s te ame de son cors et de tous les sentimens d'iceluy.

  A005001391 

 Mays par ce que demeurer en l'estat de cette parfaite nudité on ne le peut longuement en ce monde, apres tous ces despouillemens et cett'heureuse mort, il se faut revestir, mais non plus des habitz du viel homme dont on s'est despouillé, ains des habitz d'un homme nouveau; non plus d'un cors mortel, ni d'une peau mortelle, ni d'habitz perissables, mais d'un cors resuscité et d'affections divines, celestes; affections non plus venantes de nostre propre election, mais affections emanees et procedees du pur amour de Dieu.

  A005001391 

 Que si son pere luy disoit: reprens ta robbe, et puis metz ton pourpoint dessus, et puis ta chemise dessus, il le ferait selon le commandement, et non plus par election; comme s t Pierre prid ses sandales, puis sa robbe, a mesure que l'Ange le luy disoit.

  A005001399 

 Neanmoins, les deux extases ne sont pas tellement appartenantes l'un'a lautre que l'une ne soit souvent sans lautre: car, comme les Philosophes ont eu plus de connoissance de la Divinité quilz n'ont eu d'amour pour elle, aussi les simples Chrestiens ont souvent plus d'amour que de connoissance; et par consequent l'exces de la connoissance n'est pas tous-jours suivi de l'exces de l'amour, non plus que l'exces de l'amour de celuy de la connoissance.

  A005001401 

 Je ne dis pas quil ne se puisse faire qu'on ayt des ravissemens, des visions, voire qu'on puisse avoir l'esprit de prophetie sans avoir la charité; car c'est chose certaine que comm'on peut avoir la charité sans estre ravi, aussi on peut estre ravi, avoir des visions et prophetiser sans avoir la charité: mays je dis que celuy qui a plus de clarté en l'entendement, par le ravissement, que de chaleur en la volonté pour aymer Dieu, il doit estre en grand peyne [447] et souci, ou que son ravissement ne soit naturel, ou quil soit procuré par le malin, ou quil n'en devienne plus enflé qu'edifié, et quil ne soit, comme Saul, Balaam et Caiphe, entre les prophetes, et non entre les esleuz..

  A005001403 

 Non seulement ne desrobber point, mais quitter tous nos biens, nous plaire en la pauvreté, et quand il nous arrive des miseres, des necessités, des afflictions, des persecutions, les tenir pour des beatitudes et felicités, chantans de cœur avec David: Elegi abjectus esse in domo Dei mei, et cæt., Bienheureux sont les pauvres; appeller la pauvreté sa chere maistresse, comme s t François; rejetter les louanges, se plaire au mespris, aymer l'abjection; non seulement observer le commandement: Tu ne paillarderas point, mais quitter mesme les playsirs loysibles du mariage; et en fin, vivre emmi le monde contre les maximes et doctrines du monde, rejetter les playsirs, les honneurs, les richesses, vivre contre le courant du fleuve de cette vie: c'est vivre extatiquement et hors de nous mesme..

  A005001404 

 Qu'est ça a dire: Vous estes mortz? C'est a dire: Vous ne vives plus de la vie naturelle, vous ne vives plus de la vie des hommes; et comme par la mort l'ame ne vit plus en son cors, aussi maintenant vous ne [448] vives plus en vous mesme et dedans l'enclos de vostre propre condition, vostre ame vit non seulement au dessus de son cors, mays au dessus de sa propre condition.

  A005001407 

 Quand donques vous voyes un homme qui a des extases et est hors et dessus soy en l'orayson, et neanmoins il ne l'est pas en sa vie, il vit selon le sens, selon le monde, et n'a point d'exces de pieté, de mortification, de conversation en sa vie: quil ayt tant d'exces quil voudra en l'orayson, telz ravissemens sont grandement perilleux et douteux; ce sont ravissemens qui le peuvent rendre plus admirable, mais non pas plus saint.

  A005001415 

 Ainsy se fait l'extase de l'amour, quand on ne vit plus en l' homme viel mais en Jesuschrist, homme nouveau; quand on vit, non selon l'inclination humaine, mais au dessus de toute rayson, par l'amour du souverain object et de la Divinité..

  A005001419 

 Car il ne met division entre l'esprit et l'ame, entre l'ame et le cors que pour monstrer a chascun son rang et son office, affin que l'ame soit sujette a l'esprit, et la chair a l'ame, et l'esprit a Dieu; comme font les maistres de camp ou mareschaux, qui divisent l'armee en plusieurs bataillons, non pour les separer, ains pour les mieux ranger, et unir a un mesme effect et a mesme dessein, de sorte que la distinction sert a l'union.

  A005001419 

 Mays bien que l'amour ordinairement ne face la division qu'en cette maniere, si est ce que quelquefois il fait non seulement la distinction ou division, mais il separe tout affait l'ame d'avec le cors, en sorte quil donne la mort..

  A005001420 

 Tous les esleuz meurent en l'amour de Dieu; car l'amour de Dieu et la grace n'estant non plus differens que le feu entant quil est lumineux et beau, et le feu entant quil est chaud et ardent, qui ne meurt en l'amour de Dieu ne meurt pas en la grace de Dieu, et qui meurt hors de la grace de Dièu il n'est pas esleu, car ceux la seulz sont esleuz desquelz Dieu praevoit quilz mourront en sa grace.

  A005001423 

 Mays mourir d'amour c'est lhors que l'amour mesme, non seulement comm'un dard nous blesse en quelqu'endroit, que nous perdions le sang et en fin en mourions, mays quand il nous blesse droit dedans le cœur et pousse nostre ame dehors de son cors.

  A005001424 

 Les uns meurent en la s te charité, qui est l'amour habituel, en l'habitude de l'amour, ayans l'amour dedans le cœur, mais non pas en l'action de l'amour; et de cette mort meurent ordinairement les esleuz.

  A005001424 

 Or, ceux ci sont bienheureux, mourans en la charité et en l'amour de Dieu, quoy que non pas en l'usage de l'amour, parce quilz meurent en Dieu; car, comme dit le Sage, Sap. 4.

  A005001425 

 Quelques uns des Saintz et esleus meurent non seulement en la charité et amour de Dieu, mais en l'exercice et en l'action de la charité et saint amour; et cela arrive a presque tous ceux qui pendant leur vie ont esté fort ardens en l'exercice de l'amour divin.

  A005001427 

 Qui ne void que non seulement il mourut en amour, mais par l'amour et d'amour? mais il mourut encor pour l'amour, car il desira les souffrances de l'amour, pour l'amour quil portoit a son Seig r..

  A005001429 

 Mays quant a s t Joseph, il m'est impossible de douter quil ne mourut non seulement en l'amour, mais par l'amour et d'amour; car qui croiroit que le cher Enfant de son cœur, son Sauveur et son Dieu, ne l'assistast pas a l'heure de son trespas, et quil ne mourut pas entre les bras de Celuy quil avoit si souvent porté entre les siens? Beati misericordes: il avoit tant receu de douceurs, de misericorde, de charité, de ce bon Pere nourricier lhors quil vint au monde, quil ne pouvoit quil ne luy rendit la pareille.

  A005001434 

 Et le medecin le voyant mort, se jetta sur sa poitrine, et fondant en larmes et souspirs: «En verité,» dit il tout haut, «o serviteur de Dieu, Basile, si vous eussies voulu, vous ne fussies non plus mort maintenant que quand je vous vis hier que vous ne mourustes pas.».

  A005001435 

 Cette tressainte Vierge n'avoit qu'une mesme vie avec son Filz; et si jamais il fut dit avec verité par S t Luc que les premiers Chrestiens n'avoyent qu' un [463] cœur et qu'un'ame, et par S t Pol, quil vivoit voirement luy mesme, mais non plus luymesme, ains Nostre Seig r vivoit en luy, a rayson de l'extreme union d'amour que ce divin Apostre sentoit entre son cœur et celuy de son Maistre, par laquelle son ame estoit morte ou ell'animoit et vive ou ell'aymoit, combien plus veritable est il que la Mere et le Filz n'avoyent qu'une mesme vie, et que la Mere ne vivoit que de la vie de son Filz! Mere la plus aymante et la plus aymee qui pouvoyt jamais estre; mays amour de Filz et de Mere plus eminent, parfait et superexcellent que celuy, non de s t Paul seulement, mais des Cherubins et Seraphins, et encor de tous amours imaginables, dautant que les noms de mere et de filz sont excellens en matiere d'amour au dessus de tout autre nom.

  A005001452 

 Mays l'excellent amour consiste non seulement a les recevoir agreablement, ains les aymer, s'y complaire et benir les miseres et afflictions, mais sur tout les spirituelles.

  A005001453 

 Or l'amour, voyant que Dieu veut telles souffrances nous arriver, permet bien a l'ame de se plaindre dequoy mesme elle ne se peut plaindre, et de dire toutes les lamentations de Job, mais en fin il fait tous-jours l'acquiescement dans le fond du cœur, et un acquiescement amoureux, bien que non pas tendre; mais amoureux d'un amour fort, indomptable, et lequel retiré dans la pointe de l'esprit, comme dans le dongeon de la forteresse, quoy que tout le reste soit pris et coupé, demeure courageux et acquiesce parfaitement a la volonté divine.

  A005001453 

 S te Angele de Foligni fait un'admirable similitude, disant que son ame estoit en tel tourment quelquefois «comme un homme qui, pieds et mains liés, seroit pendu par le col et ne serait pourtant pas estranglé, mais demeurerait en cet estat entre mort et vif, sans avoir aucun'esperance d'estre delivré ni estre secouru,» ne pouvant ni s'appuyer des pieds, ni s'ayder des mains, ni crier de la bouche, non pas mesme se plaindre ni jetter de souspirs.

  A005001461 

 ...de mesme son desir le fait souspirer pour le Ciel; neanmoins, se doutant que la volonté de Dieu ne fut quil demeurast au travail de ce monde: O que vos tabernacles sont aymables, Seigneur Dieu des armees! a peu qu'a force de les souhaiter, mon ame ne tumbe en defaillance; «neanmoins, si adhuc populo tuo sum necessarius, je ne refuse point le travail; hé, Seigneur, vostre volonté soit faitte.» Comme sil eut voulu dire: Si vostre volonté pour moy est en mes travaux et non encor en Paradis, o Dieu, je prefere mes travaux au Paradis.

  A005001466 

 ...j'acquiesceray, et non seulement avec patience, ains avec amour; je cheriray cette volonté de Dieu, nonobstant la repugnance de toute la partie inferieure de mon ame: Ouy, Pere eternel, parce que tel est vostre bon playsir..

  A005001474 

 Cor. 6, nous renvoye a toutes ces indifferences, voulant que nous nous monstrions vrays serviteurs de Dieu en fort grande patience es tribulations, es necessités, es angoisses, es blessures, es prisons, es seditions, es travaux, es veillees, es jeusnes; en chasteté, en science, en longanimité, en suavité au S t Esprit; en charité non fainte, en parole de verité, en la vertu de Dieu; par les armes de justice a droitte et a gauche; par la gloire et l'abjection, par l'infamie et bonne renommee; comme seducteurs, et neanmoins veritables comm'inconneus et toutefois conneus; comme mourans, et voyci nous vivons; comme chastiés, et toutefois non tués; comme tristes, et toutefois tous-jours joyeux; comme pauvres, et toutefois enrichissans plusieurs; comme n'ayans rien, et toutefois possedans toutes choses..

  A005001484 

 Il est certes malaysé d'aymer Dieu qu'on n'ayme quant et quant l'amour qu'on luy porte, non seulement par ce qu'il est amour tendant a Dieu, mays aussi par ce quil est amour [475] procedant de nostre cœur; mays neanmoins cela se peut faire, et se doit procurer pour la plus grande pureté de l'amour..

  A005001484 

 Il est vray que le cantique de Dieu estant plus excellent, il l'ayme davantage, non par ce que Dieu est plus excellent, mais par ce que son cantique est plus excellent.

  A005001484 

 Si je n'ayme mon amour que par ce quil tend a Dieu, Philothee, j'ayme Dieu en mon amour et mon amour en Dieu; mais si j'ayme mon amour qui tend en Dieu par ce quil est mien, par ce que c'est moy qui ayme, par ce que cest amour qui va vers Dieu sort de moy, part de mon cœur, par ce quil nayt en moy et qu'en fin c'est mon amour (dautant qu'estant amour de Dieu comme de son object, il est amour de mon cœur comme de son sujet), qui ne void que ce n'est plus Dieu que je regarde, mays que de Dieu je suis revenu a moymesme, et que j'ayme cest amour par ce quil est mien, non par ce quil est a Dieu? L'amour de Dieu m'avoit emporté a Dieu, il m'avoit tiré de moymesme pour me complaire en Dieu, et maintenant, l'amour de moymesme me rapporte a moymesme pour me complaire en ma complaysance, pour aymer non plus Dieu, mays mon amour de Dieu: et dautant que c'est l'amour de Dieu que j'ayme, qui est le plus aggreable amour de tous, l'amour que j'en ay m'amuse plus aggreablement, plus fortement et intimement.

  A005001487 

 Ne vois tu pas, dira-on a cet Evesque, que Dieu te veut en ton diocæse, puis quil t'en a donné la charge, et non pas a la cour, ni mesme a Romme parmi ces delices spirituelles? Ouy; mais, icy dira-il, je prattique l'amour divin a Romme avec plus de suavité.

  A005001493 

 C'est alhors une grande fidelité a l'ame de servir Dieu, non seulement sans playsir ni consolation, mays par mille desplaysirs, entre mille amertumes et avec mille horreurs, pour sa simple volonté..

  A005001493 

 Le cœur indifferent ne travaillant plus pour aucun playsir, non pas mesme pour le plus pur playsir qu'on puisse avoir, qui est le playsir de plaire a Dieu, il ne travaille que pour l'amour de la volonté de Dieu: amour pur, desnué et quitte de toute autre sorte d'interest.

  A005001496 

 Nous ne disons plus: Verumtamen non mea voluntas, sed tua fiat, car nous n'en avons plus; mais nous disons: In manus tuas commendo spiritum meum; ce n'est plus un acquiescement de nostre volonté a la volonté divine, mais c'est un aneantissement.

  A005001498 

 Non, n'ayes jamais aucune volonté, mais contentes vous de la sienne.

  A005001499 

 Mais acquiesces vous pas au sien? Non, je n'acquiesce pas, car je n'y pense pas: ce n'est pas par acquiescement, c'est par union de ma volonté; non, ce n'est pas par union, c'est par unité, mays unité en laquelle ma volonté ne tient point de rang ni de place, ni ne fait point de vouloir ni d'acquiescement, ains est reduite en la volonté de Dieu..

  A005001499 

 Mais dites-moy, chere ame, vous vous treuves par tout ou vostre Espoux veut? Ouy, je m'y treuve par son vouloir et non pas par le mien, car je n'en ay point que le sien.

  A005001501 

 Et comme un homme embarqué ne se remue point de son mouvement, mais seulement se laisse remuer, ainsy un cœur embarqué sur la volonté et providence de Dieu il n'a plus aucun vouloir par son election, mays en vertu de l'election qu'il a fait de ne rien vouloir de soy mesme, mais suivre le vouloir de Dieu; il ne se [478] porte pas a vouloir, mais se laisse porter a vouloir, sans election ni consideration quelconque, par la seule non resistance; il ne pense pas s'il a une volonté a sousmettre, il n'en sent point, mais se laisse porter et emporter au gré de la volonté divine, avec laquelle il pense estre une mesme chose: c'est la souveraine perfection de l'union.

  A005001511 

 Et lhors cette production est vaine, mais non pas l'arbre; ces fruitz sont infructueux, mais non pas l'arbre, puis qu'il en a des autres bien assaissonnés.

  A005001512 

 Y ayant donques tant de degrés d'amantz, qui tous doivent observer la loy de Dieu et estre sauvés par ce chemin, N. S. a establi un commandement qui les regarde tous et les oblige tous; lequel est aussi observé par un chacun des esleuz, quoy que differemment et avec une infinie varieté de perfections; n'y ayant peut estre point d'ames en terre, non plus que d'Anges ni d'estoiles au ciel, qui ayent un'absolue egalité et parité de perfection et de charité..

  A005001513 

 Et neanmoins, c'est toute nostre ame qui ayme, tout nostre cœur, quoy que non pas totalement, toute nostre force, quoy que non pas totalement, ains selon qu'elle peut tendre a nostre Seigneur, et que nous en sommes les maistres; car nostr'ame entant que vegetante et sensuelle, elle n'est pas nostre par obeissance, ni moralement, ains la seule ame intellectuelle et spirituelle..

  A005001513 

 Mays notes que quand il est dit que nous devons aymer de toutes nos forces, de tout nostre cœur, de toute nostre puissance, cela s'entend [481] de tout le cœur, de toute l' ame, de toute la force qui est capable d'aymer Dieu, et entant qu'ell'en est capable: de sorte que cela regarde, non l'appetit sensuel, non les forces de la partie inferieure, mays seulement la partie spirituelle de l'ame; tant par ce qu'elle seule est en nostre absolue puyssance, lautre estant pour l'ordinaire rebelle contre nostre rayson, qu'aussi par ce qu'ell'est incapable d'aymer Dieu, qui, estant un object spirituel, ne peut estre aussi aymé que par le cœur entant quil est spirituel.

  A005001514 

 Helas! aussi, quel honneur que Dieu ne nous permette pas seulement, mais nous commande de l'aymer! Il doit estre mis au commencement pour la definition de la charité, et monstrer que cet amour n'est pas seulement un'amitié mais une dilection, et non seulement une dilection mais une charité, car c'est un amour d'excellence.

  A005001520 

 Et non seulement cela, mais en vertu de la charité qui la rend active, elle respand sur les puissances de nostr'ame certaines vertus qui sont de mesme espece, ou au moins toutes semblables aux quatre vertus cardinales, et pour cela elles portent leurs noms: sur l'entendement elle pousse une prudence sainte, sur la volonté une justice sacree, sur l'appetit de la convoitise une temperance religieuse, et sur l'appetit irascible une force devote; si que par ces quatre fleuves toutes les actions humaines sont addressees par la charité a l'honnesteté et felicité surnaturelle, qui consiste en l'union avec Dieu..

  A005001527 

 Le peché ruine nostr'ame, et les actions bonnes que nous avons faites præcedemment sont par luy non exterminees mais mortifiees; elles ont encor leur estre, mais infructueux pour nous quant a la vie eternelle: que si la grace revient, qui est un œuvre de Dieu, non seulement elle vivifie nostre ame, mais toutes œuvres que le peché avoit mortifiees; et outre cela elle ne mortifie pas seulement la vie mortelle du peché, mais elle l'abolit entierement.

  A005001533 

 Il faut avouer que quand la charité non seulement se treuve en l'ame qui fait les actions des vertus, mays qu'elle mesme les ordonne, elle les rend incroyablement plus nobles, car la vertu alhors est comme un instrument que la charité employe.

  A005001535 

 Ces oraysons jaculatoires peuvent servir a cela: Hé, Seigneur, je suis vostre; Mon Ami est mien, et moy je suis sienne; Ma vie c'est Jesus Christ; O Seigneur, ou que je ne face rien, ou que tout soit a vostre gloire; et, Gloria Patri et Filio; Non nobis, Domine, non nobis.


06-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome VI-Les vrays entretiens spirituels.html
  A006000074 

 Certes, nous voulons croire de nostre prochain, que ç'a esté un bon zele, plustost qu'aucune autre consideration, qui l'a induit à les mettre au jour: mais nous ne sçaurions luy estre si indulgentes que nous ne nous plaignions charitablement de luy, non de nous avoir osté ce qui sembloit estre nostre (car nous n'avons rien à nous, et les biens spirituels le sont encor moins que les autres parce qu'ils doivent estre plus communiqués), mais d'avoir soustrait ces Entretiens d'une telle sorte, que, les tirant avec peine, il a esté impossible qu'il ne les ayt mis en pieces et qu'il ne les ayt donnés par lambeaux comme il les avoit pris.

  A006000074 

 Et mesmes, que ce sont des copies recopiées plusieurs fois par des filles, lesquelles y ont adjousté quantité de petites choses, ramassées par cy par là, qui avoyent esté dites à des particulieres, mais non comme le Bienheureux les a dites, faute de memoire: en suite de quoy, celuy qui les a soustraits a esté contraint de substituer en la place de ce qui luy manquoit beaucoup de choses estrangeres, qu'il a adjoustées pour la liaison du discours, lesquelles ont apporté un si grand changement à l'ouvrage qu'à peine est-il recognoissable, ainsi qu'il sera aysé de remarquer par la conference des deux impressions..

  A006000094 

 Celuy là y tombe qui par mespris viole ou laisse à faire quelque ordonnance, non seulement volontairement, mais de propos deliberé; car s'il la viole par inadvertance, oubli, ou surprise de quelque passion, c'est autre chose: car le mespris enclost en soy une volonté deliberée, et qui se determine destinément à faire ce qu'elle fait.

  A006000094 

 De là il s'ensuit que celuy qui viole l'ordonnance ou desobeit par mespris, non seulement il desobeit, mais il veut desobeir; non seulement il fait la desobeissance, mais il la fait avec intention de desobeir.

  A006000094 

 Or, si elle mange attirée de la delectation qu'elle en pense recevoir, alors elle desobeit non pas par desobeissance, mais par friandise: ou bien elle mange parce qu'elle n'estime point la Regleet n'en veut tenir compte ni se sousmettre à icelle, et alors elle desobeit par mespris et desobeissance..

  A006000096 

 Or, ceste desobeissance formelle et ce mespris des choses bonnes et saintes n'est jamais sans quelque peché, pour le moins veniel, non pas mesme és choses qui ne sont que conseillées: car bien qu'on puisse ne point suivre les conseils des choses saintes, par l'élection d'autres choses, sans aucunement offenser, si est-ce qu'on ne peut pourtant les laisser par mespris et contemnement, sans offense; d'autant que tout bien ne nous oblige pas à le suivre, mais ouy bien à l'honorer et estimer, et par consequent, à plus forte raison, à ne le point mespriser et vilipender..

  A006000105 

 De sorte que, qui veut vivre heureusement et parfaitement il faut qu'il s'accoustume à vivre selon la raison, les Regles et l'obeissance, et non selon ses inclinations ou aversions; et qu'il estime toutes les Regles, qu'il les honore et qu'il les cherisse, au moins par la volonté superieure: car s'il en mesprise une maintenant, demain il en mesprisera une autre, et l'autre jour encore une autre, et dés qu'une fois le lien du devoir est rompu, tout ce qui estoit lié, petit à petit s'esparpille et dissipe..

  A006000111 

 Non, car la chose estoit de si grande importance, qu'il falloit se tenir en attention pour ne point y manquer, et le manquement de cette attention ne peut estre excusable, eu esgard à la qualité de la chose, qui meritoit qu'on fust attentive..

  A006000124 

 Car encor que nous ne courions pas, il suffit que, Dieu aydant, nous courrons: ceste Congregation, non plus que les autres Religions, n'estant pas une assemblée de personnes parfaites, mais de personnes qui pretendent de se perfectionner; non de personnes courantes, mais de personnes qui pretendent courir, et lesquelles pour cela apprennent premierement à marcher le petit pas, puis à se haster, puis à cheminer à demi course, puis en fin à courir..

  A006000126 

 Que si mesme il arrivoit qu'une personne mangeast, non pas pour Dieu, mais par inclination, ou qu'elle ne fist pas la discipline, non pas pour Dieu, mais par naturelle aversion, encor faudroit-il que celles qui font les exercices contraires ne la jugeassent point; ains que, sans la censurer, elles suivissent leur chemin doucement et suavement, sans mespriser ni juger au prejudice des infirmes, se ressouvenant que si en ces occasions les unes secondent peut estre trop mollement leurs inclinations et aversions, en des autres occurrences les autres en font bien de mesme.

  A006000128 

 Advoüons franchement que les autres Congregations sont meilleures, plus riches et plus excellentes, mais non pas pourtant plus aymables ni desirables pour nous, puisque Nostre Seigneur a voulu que ce fust nostre patrie et nostre barque, et que nostre cœur fust marié à cest Institut; suivant le dire de celuy auquel quand on demanda quel estoit le plus agreable sejour et le meilleur aliment pour l'enfant: Le sein, dit-il, et le lait de sa mere; car bien qu'il y ait de plus beaux seins et de meilleurs laits, si est ce que pour luy il n'y en a point de plus propre ni de plus aymable.

  A006000128 

 Ainsi les femmes doivent preferer leurs maris à tout autre, non en honneur, mais en affection; ainsi chacun prefere son païs aux autres, en amour non en estime, et chaque nocher cherit plus le vaisseau dans lequel il vogue que les autres, quoy que plus riches et mieux fournis.

  A006000132 

 Or, je responds que non seulement l'ame qui a la cognoissance de sa misere peut avoir une grande confiance en Dieu, mais qu'elle ne peut avoir une vraye confiance qu'elle n'ayt la cognoissance de sa misere; car ceste cognoissance et confession de nostre misere nous introduit devant Dieu, Ainsi tous les grands Saints, comme Job, David et les autres, commençoient toutes leurs prieres par la confession de leur misere et indignité; de sorte que c'est une tres-bonne chose de se recognoistre pauvre, vil, abject, et indigne de comparoistre en la presence de Dieu.

  A006000133 

 Ce petit reculement ne se fait que pour mieux s'eslancer en Dieu par un acte d'amour et de confiance, car il ne se faut pas confondre tristement et avec inquietude: c'est l'amour propre qui donne ces confusions-là, parce que nous sommes marris de n'estre pas parfaits, non tant pour l'amour de Dieu que pour l'amour de nous-mesmes..

  A006000135 

 Voila donc pour la conclusion de ce premier poinct, qu'il est tres-bon d'avoir de la confusion quand nous avons la cognoissance et sentiment de nostre misere et imperfection; mais qu'il ne faut pas s'arrester là, ni pour cela tomber en descouragement, ains relever son cœur en Dieu par une sainte confiance, le fondement de laquelle doit estre en luy et non pas en nous; d'autant que nous changeons et il ne change jamais, et demeure tousjours aussi bon et misericordieux quand nous sommes foibles et imparfaits que quand nous sommes forts et parfaits.

  A006000141 

 Elle ne fait rien sinon demeurer aupres de Nostre Seigneur, sans avoir souci d'aucune chose, non pas mesme de son corps ni de son ame; car puisqu'elle s'est embarquée sous la providence de Dieu, qu'a-t'elle affaire de penser ce qu'elle deviendra? Nostre Seigneur, auquel elle s'est toute delaissée, y pensera assez pour elle.

  A006000154 

 Et non seulement ils sont bijarres et inconstans en cela, mais ils le sont mesme en leur conversation: ils veulent que l'on s'accommode à leurs humeurs, et ne se veulent point accommoder à celles des autres; ils se laissent emporter à leurs inclinations et particulieres affections et passions, sans que pourtant cela soit estimé vicieux parmi les mondains, et pourveu qu'ils n'incommodent pas beaucoup l'esprit du prochain, on ne les tient pas [35] pour bijarres et inconstans.

  A006000154 

 Et pourquoy cela? non pour autre chose, sinon d'autant que c'est un mal ordinaire parmi les mondains.

  A006000154 

 Je me veux faire entendre plus familierement: la pluspart des personnes du monde se laissent gouverner et conduire à leurs passions, et non à la raison; aussi sont-ils pour l'ordinaire bijarres, varians et changeans en leurs humeurs.

  A006000157 

 Donc par ceste premiere remarque, nous sommes incités et semonds à considerer l'inconstance et varieté des succes, tant aux choses temporelles qu'aux choses spirituelles, à fin que par l'evenement des rencontres qui pourroient effaroucher nos esprits, comme estant choses nouvelles et non preveües, nous ne perdions point courage, ne nous laissant emporter à l'inegalité d'humeur parmi l'inegalité des choses qui nous arrivent; ains, que sousmis à la conduite de la raison que Dieu a mise en nous, et à sa providence, nous demeurions fermes, constans et invariables en la resolution que nous avons faite de servir Dieu constamment, courageusement, hardiment et ardemment, sans discontinuation quelconque.

  A006000161 

 Pourquoy non à ceste heure, qu'il nous inspire et nous pousse? C'est que nous sommes si tendres sur nous-mesmes que nous craignons tout ce qui semble nous oster de nostre repos, qui n'est autre chose que nostre tardiveté et faineantise, desquelles nous ne voulons point estre retirés par la sollicitation d'aucuns objects qui nous attirent à sortir de nous-mesmes; et nous disons quasi comme le paresseux, lequel se plaignant dequoy on le vouloit faire sortir de sa maison: Comment sortiray-je? dit-il, car il y a un lion sur le grand chemin, et les ours sont sur les advenues, qui sans doute me devoreront.

  A006000165 

 O Dieu, avec quelle franchise, cordialité, sincerité, simplicité et fidelle confiance ne devons-nous pas traitter avec ces aydes qui nous sont données de la part de Dieu pour nostre avancement spirituel! Non certes autrement que comme avec nos bons Anges: nous les devons regarder tout de mesme, car nos bons Anges sont appellés nos Anges gardiens parce qu'ils sont chargés de nous assister de leurs inspirations, de nous defendre en nos perils, de nous reprendre en nos defauts, de nous exciter en la poursuite de la [42] vertu; ils sont chargés de porter nos prieres devant le throsne de la majesté, bonté et misericorde de Nostre Seigneur, et de nous rapporter l'interinement de nos requestes; et les graces que Dieu nous veut faire, il nous les fait par l'entremise ou intercession de nos bons Anges.

  A006000175 

 Mais quand elle est troublée, inquietée et agitée des diverses bourrasques des passions, et que l'on se laisse gouverner par elles et non par la raison qui nous rend semblables à Dieu, lors nous ne sommes nullement capables de representer la belle et tres-aymable image de Nostre Seigneur crucifié, ni la diversité de ses excellentes vertus, ni nostre ame ne peut pas estre capable de luy servir de lict nuptial.

  A006000185 

 Cela donc estant ainsi, je dis que c'est pour ce sujet que les Religieux s'appellent freres, et partant ont un amour qui merite veritablement le nom d'amitié non commune, ains d'amitié cordiale, c'est à dire d'une amitié qui a son fondement dans le cœur..

  A006000187 

 Je dis qu'il faut user de caresses en certains temps; car il ne seroit pas à propos d'estre aupres d'une malade avec autant de gravité que l'on seroit ailleurs, ne la voulant non plus caresser que si elle estoit en pleine santé.

  A006000188 

 Neantmoins, tous deux estoient grandement vertueux; mais l'un avoit plus de douceur, l'autre une plus grande austerité de vie, et tous deux (quoy que non pas esgalement ni doux ni rigoureux) ont esté des grands Saints.

  A006000189 

 Ainsi, mes cheres filles, il faut tesmoigner que nous aymons nos Sœurs et que nous nous plaisons avec elles, pourveu que la sainteté accompagne tousjours les tesmoignages que nous leur rendons de nostre affection, et que Dieu n'en puisse pas, non seulement estre offensé, mais qu'il en puisse estre glorifié et loué.

  A006000190 

 C'est à ceux qui ont plus besoin de nous auxquels nous devons tesmoigner nostre amour plus particulierement; car c'est là où nous monstrons mieux que nous aymons par charité, que non pas en aymant ceux qui nous donnent plus de consolation que de peine.

  A006000190 

 On demande sur ce sujet si on oseroit tesmoigner davantage d'affection à une Sœur que l'on estime plus vertueuse, que non pas à une autre.

  A006000191 

 Il se peut faire qu'une Sœur laquelle vous verrez chopper fort souvent et commettre force imperfections, sera plus vertueuse et plus agreable à Dieu (ou pour la grandeur du courage qu'elle conserve parmi ses imperfections, ne se laissant point troubler ni inquieter de se voir si sujette à tomber, ou bien par l'humilité qu'elle en retire, ou encores par l'amour de son abjection) que non pas une autre laquelle aura une douzaine de vertus, ou naturelles ou bien acquises, et laquelle aura moins d'exercice et de travail, et par consequent peut estre, moins de courage et d'humilité que non pas l'autre que l'on void si sujette à faillir.

  A006000196 

 Je ne dis pas que si on avoit quelque don extraordinaire de Dieu il faille le dire à tout le monde, non; mais quant à nos petites consolations et nos petits biens, [66] je voudrois que l'on ne fist pas les reservées, ains que, quand l'occasion s'en presenteroit, non par forme de jactance ou vanterie, ains de simple confiance, l'on se les communiquast rondement et naïfvement les unes aux autres; et pour ce qui regarde nos defauts, que nous ne nous missions pas en peine de les couvrir; car pour ne les laisser pas voir au dehors ils n'en sont pas meilleurs.

  A006000212 

 C'est une bonne pratique d'humilité de ne regarder [71] les actions d'autruy que pour en remarquer les vertus et non jamais les imperfections; car tandis que nous n'en avons point de charge il ne faut point tourner nos yeux de ce costé là, ni moins nostre consideration.

  A006000219 

 Ce que pour mieux entendre, il faut sçavoir qu'il y a en nous deux sortes de biens: les uns qui sont en nous et de nous, et les autres qui sont en nous, mais non pas de nous.

  A006000219 

 Mais d'autant qu'elle, nous fait plus abaisser et humilier par la cognoissance de ce que nous sommes de nous-mesmes, par le peu d'estime qu'elle fait de tout ce qui est en nous et de nous, d'autant aussi nous fait-elle grandement estimer à cause des biens qui sont en nous, et non pas de nous, qui sont la foy, l'esperance, l'amour de Dieu, pour peu que nous en ayons, comme aussi une certaine capacité que Dieu nous a donnée de nous unir à luy par le moyen de la grace; et quant à nous autres, nostre vocation, qui nous donne asseurance, autant que nous la pouvons avoir en ceste vie, de la possession de la gloire et felicité eternelle.

  A006000219 

 Or, l'humilité nous empesche de nous glorifier et estimer à cause de ces biens là, d'autant qu'elle n'en fait non plus de cas que d'un neant et d'un rien; et en effet, cela se doit par raison, n'estant point des biens stables et qui nous rendent plus agreables à Dieu, ains muables et sujets à la fortune.

  A006000220 

 Ils ont tres-grand tort; car les biens que Dieu a mis en nous veulent estre recognus, estimés et grandement honnorés, et non pas tenus au mesme rang de la basse estime que nous devons faire de ceux qui sont en nous et qui sont de nous.

  A006000220 

 Non seulement les vrays Chrestiens ont recognu qu'il falloit regarder ces deux sortes de biens qui sont en nous, les uns pour nous humilier, les autres pour glorifier la divine Bonté qui les nous a donnés, mais aussi les philosophes; car ceste parole qu'ils disent: « Cognois toy-mesme, » se doit entendre non seulement de la cognoissance de nostre vileté et misere, mais encor de celle de l'excellence et dignité de nos ames, lesquelles sont capables d'estre unies à la Divinité par sa divine Bonté, qui a mis en nous un certain instinct lequel nous fait tousjours tendre et pretendre à ceste union en laquelle consiste tout nostre bonheur..

  A006000223 

 Si donc il est ainsi, qui m'asseurera que je ne manqueray point à la grace desormais, puisque je luy ay manqué tant de fois par le passé? Je responds que la generosité fait que l'ame dit hardiment et sans rien craindre: Non, je ne seray plus infidelle à Dieu; et parce qu'elle sent en son cœur ceste resolution de ne l'estre jamais, elle entreprend sans rien craindre tout ce qu'elle sçait la pouvoir rendre [78] agreable à Dieu, sans exception d'aucune chose; et entreprenant tout, elle croid de pouvoir tout, non d'elle-mesme, ains en Dieu auquel elle jette toute sa confiance; et pour ce elle fait et entreprend tout ce qu'on luy commande et conseille..

  A006000225 

 Lors, Achaz se mesfiant de la bonté de Dieu et de sa liberalité: Non, dit-il, je ne le feray pas, d'autant que je ne veux pas tenter Dieu. Mais le miserable ne disoit pas cela pour l'honneur qu'il portoit à Dieu; car au contraire, il refusoit de l'honnorer, parce que Dieu vouloit estre glorifié en ce temps là par des miracles, et Achaz refusoit de luy en demander un qu'il luy avoit signifié qu'il desireroit faire.

  A006000226 

 Je dis qu'il ne vous faut pas tous-jours croire quand vous dites, poussées peut estre de découragement, que vous estes des miserables et toutes remplies d'imperfections; non plus qu'il ne faut pas croire que vous n'en ayez point quand vous n'en dites rien, estant pour l'ordinaire telles que vos œuvres vous font paroistre.

  A006000227 

 Or, ce qu'ils en ont fait n'a pas esté seulement à cause de la basse estime qu'ils faisoyent d'eux-mesmes, mais principalement à cause de ce qu'ils voyoient que ceux qui les vouloyent mettre en ces charges se fondoyent sur des vertus apparentes, comme sont les jeusnes, les aumosnes, les penitences et aspretés du corps, et non sur les vrayes vertus interieures, qu'ils tenoyent closes et couvertes sous la sainte humilité.

  A006000228 

 Et par apres, l'on passe au découragement qui nous fait dire: O non, il ne faut plus rien esperer de moy, je ne feray jamais rien qui vaille, c'est perdre le temps que de me parler; et là dessus, nous voudrions quasi que l'on nous laissast là, comme si l'on estoit bien asseuré de ne pouvoir jamais rien gagner avec nous.

  A006000231 

 Qui est mieux en ce temps, dites-vous, de parler à Dieu de nostre peine et de nostre misere, ou bien de luy parler de quelque autre chose? Je vous dis qu'en cecy, comme en toute sorte de tentations, il est mieux de divertir nostre esprit de son trouble et de sa peine, parlant à Dieu de quelque autre chose, que non pas de luy parler de nostre douleur; car indubitablement, si nous le voulons faire, ce ne sera point sans un attendrissement que nous ferons sur nostre cœur, agrandissant tout de nouveau nostre douleur, nostre nature estant telle qu'elle ne peut voir ses douleurs sans en avoir une grande compassion.

  A006000232 

 Je dis qu'il le faut dire en vostre reveuë, mais non pas par maniere de confession, ains pour tirer instruction comment l'on s'y doit comporter: je dis quand l'on ne void pas clairement d'avoir donné quelque sorte de consentement; car si vous allez dire: Je m'accuse dequoy durant deux jours j'ay eu de grands mouvemens de colere, mais je n'y ay pas consenti, vous dites vos vertus au lieu de dire vos defauts.

  A006000236 

 O mon Dieu, que nous serions heureux si nous pouvions nous accoustumer à faire ceste response à nos cœurs lors qu'ils sont en soucy de quelque chose: Nostre Seigneur y pourvoira; et qu'apres cela nous n'eussions plus d'anxieté, de trouble ni d'empressement, non plus qu'Isaac! car il se tut apres, croyant que le Seigneur y pourvoiroit, ainsi que son pere luy avoit dit..

  A006000236 

 O que c'est un vray et solide fondement que la parole de Dieu, car elle est infaillible! Abraham sort donc pour accomplir la volonté de Dieu avec une simplicité nompareille; car il ne fit non plus de consideration ni de replique que lors que Dieu luy avoit dit qu'il sortist de sa terre et de sa parenté, et qu'il allast au lieu qu'il luy monstreroit, sans le luy specifier, à fin qu'il s'embarquast plus simplement dans la barque de sa divine providence.

  A006000237 

 Considerons, je vous supplie, ce que Nostre Seigneur et nostre Maistre dit à ses Apostres [87] pour establir en eux ceste sainte et amoureuse confiance: Je vous ay envoyés par le monde sans besaces, sans argent et sans nulles provisions, soit pour vous nourrir, soit pour vous vestir; quelque chose vous a-t'elle manqué? Et ils dirent: Non.

  A006000238 

 Car, qu'est-ce que Dieu desire de vous sinon ce qu'il ordonna à ses Apostres et ce pourquoy il les envoya par le monde, qui estoit ce que Nostre Seigneur mesme estoit venu faire en ce monde, qui fut pour donner la vie aux hommes? et non seulement cela, dit-il, mais à fin qu'ils vescussent d'une vie plus abondante, qu'ils eussent la vie et une vie meilleure, ce qu'il a fait en leur donnant la grace.

  A006000239 

 O Dieu, quelle grace est celle que Dieu vous fait! il vous rend apostresses, non en la dignité, ains en l'office et au merite.

  A006000239 

 Vous ne prescherez pas, non, car [90] vostre sexe ne le permet, bien que sainte Magdelaine et sainte Marthe sa sœur l'ayent fait.

  A006000242 

 Non, mes cheres filles, ne demandez rien et ne refusez rien; recevez ce que l'on vous donnera, et ne demandez point ce que l'on ne vous presentera point ou que l'on ne vous voudra pas donner: en ceste pratique vous trouverez la paix pour vos ames.

  A006000243 

 Aussi, mes cheres filles, ne serez-vous point divisées ni separées, car toutes s'en vont, et toutes demeurent: celles qui s'en vont [93] demeurent, et celles qui demeurent s'en vont, non en leur personne, ains en la personne de celles qui s'en vont; et de mesme, celles qui s'en iront demeureront en la personne de celles qui demeurent.

  A006000244 

 C'est peu [94] de chose que ceste separation corporelle, aussi bien la faudroit-il faire un jour, veuillons nous ou non; mais la separation des cœurs et desunion des esprits, c'est cela seul qui est à redouter.

  A006000244 

 Or quant à nous autres, non seulement nous demeurerons tous jours unis par ensemble, mais bien plus, car nostre union s'ira tous les jours plus perfectionnant, et ce doux et tres-aymable lien de la sainte charité sera tousjours de plus en plus serré et renoué à mesure que nous nous avancerons en la voye de nostre propre perfection; car nous rendant plus capables de nous unir à Dieu, nous nous unirons davantage les uns aux autres, si qu'à chaque Communion que nous ferons nostre union sera rendue plus parfaite, car nous unissant avec Nostre Seigneur nous demeurerons tousjours plus unis ensemble: aussi la reception sacrée de ce Pain celeste et de ce tres-adorable Sacrement s'appelle Communion, c'est à dire comme union.

  A006000257 

 Et pendant tout ce temps-là la colombe ne va nullement à la cueillette pour se nourrir, ains elle en laisse tout le soin à son cher paron, lequel luy est si fidelle que non seulement il va à la queste des grains pour la nourrir, mais aussi il luy apporte de l'eau dans son bec pour l'abreuver; il a un soin nompareil que rien ne manque de ce qui luy est necessaire, et si grand que jamais il ne s'est veu colombe morte faute [104] de nourriture en ce temps-là.

  A006000257 

 Vous aurez peut-estre veu, mais non pas remarqué, que les colombes tandis qu'elles couvent leurs œufs, elles ne bougent de dessus jusques à ce que leurs petits colombeaux soyent esclos, et quand ils le sont, elles continuent de les couver et fomenter tandis qu'ils en ont besoin.

  A006000260 

 Cela est bon, pourveu qu'il fust accompagné de paix et d'un soin amoureux de bien faire ce qu'elles font, et de dépendre tousjours neantmoins de la grace de Dieu et non point de leurs exercices; je veux dire, de n'attendre point aucun fruict de leur travail sans la grace de Dieu..

  A006000261 

 Il semble que ces ames empressées à la queste de leur perfection ayent mis en oubli, ou qu'elles ne sçachent pas ce que dit Jeremie: O pauvre homme, que fais-tu de te confier en ton travail et en ton industrie? Ne [107] sçais-tu pas que c'est à toy voirement de bien cultiver la terre, de la labourer et ensemencer, mais que c'est à Dieu de donner l'accroissement aux plantes et faire que tu ayes une bonne recolte et la pluye favorable à tes terres ensemencées? Tu peux bien arroser, mais pourtant tout cela ne te serviroit de rien si Dieu ne benissoit ton travail et ne te donnoit, par sa pure grace et non par tes sueurs, une bonne recolte: dépens donc entierement de sa divine bonté.

  A006000266 

 Non pas ceste humilité, c'est à dire ce sentiment de nostre petitesse qui nous fait si fort humilier en toutes choses si gracieusement; mais je veux dire l'humilité qui nous fait cognoistre nostre propre abjection, et qui nous la fait aymer l'ayant recognuë estre en nous; car cela est la vraye humilité..

  A006000266 

 Non pas de celle que vous entendez, quant au sentiment, laquelle Dieu donne à qui bon luy semble, et qui n'est pas en nostre pouvoir d'acquerir quand il nous plaist.

  A006000268 

 Il ne se plaint point que Dieu lui ayt osté les moyens qu'il avoit de faire tant de bonnes œuvres, ains il dit avec la colombe: Plus l'on m'en oste et plus j'en fais; non des aumosnes, car il n'a pas de quoy, mais en ce seul acte de sousmission et de patience qu'il fit se voyant privé de tous ses biens et de ses enfans, il fit plus qu'il n'avoit fait par toutes les grandes charités qu'il faisoit durant le temps de sa prosperité, et se rendit plus agreable à Dieu en ce seul acte de patience, qu'il n'avoit fait en tant et tant de bonnes œuvres qu'il avoit faites durant sa vie; car il falloit avoir un amour plus fort et genereux pour cest acte seul, qu'il n'avoit esté besoin pour tous les autres mis ensemble..

  A006000269 

 Il nous en faut donc faire de mesme pour observer ceste aymable loy des colombes, nous laissant despouiller par nostre souverain Maistre de nos petits colombeaux, c'est à dire des moyens d'executer nos desirs, quand il luy plaist de nous en priver, pour bons qu'ils soyent, sans nous plaindre ni lamenter jamais de luy comme s'il nous faisoit grand tort; ains nous devons nous appliquer à doubler, non nos desirs ni nos exercices, mais la perfection avec laquelle nous les faisons, taschant par ce moyen de gagner plus par un seul acte, comme indubitablement nous ferons, que nous ne ferions pas avec cent autres faits selon nostre propension et affection.

  A006000276 

 Mais il faut bien en cecy, comme en toute autre chose, faire difference entre les inclinations et affections; car quand ces choses ne sont que des inclinations et non pas des affections, il ne s'en faut point mettre en peine, parce qu'il ne depend pas de nous de n'avoir point de mauvaises inclinations, ouy bien des affections.

  A006000280 

 Les seconds biens sont ceux du corps: la beauté, la santé et semblables choses qu'il faut renoncer; et puis, il ne faut plus aller au miroir regarder si on est belle, ni se soucier non plus de la santé que de la maladie, au moins quant à la partie superieure; car la nature se ressent tousjours, et crie quelquefois, specialement quand l'on n'est pas bien parfait.

  A006000281 

 Tous ces despouillemens et renoncemens des choses susdites se doivent faire non par mespris, mais par abnegation, pour le seul et pur amour de Dieu..

  A006000283 

 Nous devons dire de mesme de nostre vocation, l'estimant non seulement bonne et belle, mais aussi douce, suave et aymable; si nous faisons ainsi, nous aurons un grand amour à observer tout ce qui en depend..

  A006000288 

 Et non seulement il n'en faut pas estre marrie, mais il faut estre disposée à contribuer tout ce que nous pouvons pour cela, jusques à nostre peau, s'il en estoit besoin; car, pourveu que Dieu soit glorifié, nous ne nous devons pas soucier par qui; de telle sorte que [128] s'il se presentoit une occasion de faire quelque œuvre de vertu et que Nostre Seigneur nous demandast qui nous aymerions mieux qui la fist, il faudroit respondre: Seigneur, celle qui la pourra faire plus à vostre gloire.

  A006000289 

 Je vous souhaitte sur toute perfection celle de l'humilité, qui est non seulement charitable, mais douce et maniable; car la charité est une humilité montante, et l'humilité est une charité descendante.

  A006000289 

 Vous demandez en fin si on peut cognoistre si on avance à la perfection ou non.

  A006000295 

 Et ce qu'il dit à son disciple saint Timothée, qu' il faut que l'Evesque soit orné, s'entend qu'il soit orné de modestie et non pas de riches vestemens, à fin que par son maintien modeste, il baille confiance à chacun de l'aborder, évitant également la rusticité comme la legereté, à fin que donnant la liberté aux mondains de l'approcher, ils ne croyent pas qu'il soit mondain comme eux..

  A006000296 

 La modestie d'une femme du monde est autre que celle d'une Religieuse: une fille qui estant dans le monde voudroit tenir la veuë aussi basse comme nos Sœurs, ne seroit pas estimée, non plus que nos Sœurs si elles ne la tenoyent plus basse que les filles du monde.

  A006000305 

 Le bon Saint levant les yeux et voyant ceste folie, se representa Nostre Seigneur crucifié en l'arbre de la croix; eux, voyans que le Saint s'appliquoit au fruict de l'arbre et non à la feuille, s'en allerent tous confus et honteux..

  A006000307 

 Il y a une chose qui semble nous contrarier en ce point, en la Vie de saint Hilarion; car un jour parlant à quelque gentilhomme qui l'estoit allé voir, il luy dit « qu'il n'y avoit point d'apparence de rechercher la netteté en un cilice, » voulant dire qu'il ne falloit point rechercher de la netteté en nos corps, qui ne sont que charognes puantes et toutes pleines d'infection: mais cela estoit plus admirable en ce grand Saint, que non pas imitable.

  A006000308 

 Vous rejettez le sentiment que vous avez de la correction qui vous est faite, mais non pas si fortement et soigneusement qu'il ne se cache en quelque petit coin de vostre cœur au moins quelque partie du sentiment.

  A006000309 

 O Dieu! ce n'est pas le temps de sousmettre son jugement, pour luy faire croire et confesser que la correction est bonne et qu'elle a esté faite bien à propos; ô non! c'est apres que vostre ame sera raccoisée et tranquillisée; car pendant le trouble il ne faut dire ni faire aucune chose, sinon demeurer fermes et resolus de ne consentir point à nostre passion, pour raison que [144] nous eussions de le faire; car jamais nous ne manquerions de raisons en ce temps-là, il nous en viendroit à la foule: mais il n'en faut pas escouter une seule, pour bonne qu'elle puisse sembler, ains se tenir proche de Dieu, comme j'ay dit, nous divertissant, apres nous estre humiliés et sousmis devant sa Majesté, luy parlant d'autre chose..

  A006000310 

 Mais remarquez ce mot que je me plais grandement à dire à cause de son utilité: humiliez-vous d'une humilité douce et paisible, et non pas d'une humilité chagrine et troublée; car c'est nostre malheur, nous portons devant Dieu des actes d'humilité despiteux et ennuyeux, et par ce moyen nous ne raccoisons pas nos esprits, et ces actes sont infructueux.

  A006000317 

 Demandez-vous comment il faut faire pour se tenir tousjours avec un grand respect devant Dieu, comme estans tres-indignes de ceste grace? Il n'y a point d'autre moyen de le faire que comme vous le dites: regarder qu'il est nostre Dieu, et que nous sommes ses foibles creatures, indignes de cest honneur; comme faisoit saint François, qui passa toute une nuict interrogeant Dieu en ces termes: « Qui estes-vous, et qui suis-je? » En fin, si vous me demandez: Comment pourray-je faire pour acquerir l'amour de Dieu? je vous diray: En le voulant aymer; et au lieu de vous appliquer à penser et demander comment vous pourrez faire pour unir vostre esprit à Dieu, que vous vous mettiez en la pratique par une continuelle application de vostre esprit à Dieu, et je vous asseure que vous parviendrez bien plus [150] tost à vostre pretention par ce moyen-là que non pas par aucune autre voye; car à mesure que nous nous dissipons nous sommes moins recueillis, et partant moins capables de nous unir et joindre avec la divine Majesté, qui nous veut tout sans reserve.

  A006000319 

 Mais je voudrais bien que l'on remarquast que quand je dis qu'il faut faire, j'entends tousjours parler de la partie superieure de nostre ame; car pour toutes les repugnances de l'inferieure il ne se faut non plus estonner que les passans font des chiens qui abbayent de loin.

  A006000328 

 Or, ceste obeissance de l'entendement se pratique lors qu'estans commandés nous acceptons et approuvons le commandement, non seulement avec la volonté mais aussi avec nostre entendement, approuvant et estimant la chose commandée, et la jugeant [157] meilleure que toute autre chose que l'on nous eust peu commander sur ceste occasion.

  A006000332 

 Je n'appelle pas manquer à la perseverance quand nous faisons quelques petites interruptions, pourveu que nous ne quittions pas tout à fait; comme ce n'est pas manquer à l'obeissance de manquer à quelques unes de ses conditions, attendu que nous ne sommes pas obligés sinon à la substance des vertus et non pas aux conditions.

  A006000335 

 Non, c'est l'amour propre qui ne voudroit pas que j'eusse seulement une moindre pensée qu'elle est importune; je l'auray bien pourtant, encore que je ne m'y arreste pas.

  A006000342 

 Vous ne pouvez non plus promettre à personne de dire un nombre de prieres pour eux.

  A006000346 

 La seconde est l'obeissance religieuse, qui est desja d'un grand prix au dessus de l'autre, parce qu'elle s'attache non seulement aux commandemens de Dieu, ains elle s'assujettit à l'observance de ses conseils.

  A006000349 

 L'on en void beaucoup d'autres qui se sont precipités à la mort, comme celuy qui se jetta dans une fornaise ardente; mais tous ces exemples doivent estre [171] admirés et non pas imités, car vous sçavez assez qu'il ne faut jamais estre si aveugle que de penser agréer à Dieu en contrevenant à ses commandemens.

  A006000350 

 Helas! vous ne faites rien plus que les mondains, car ils en font bien de mesme; et non seulement ils obeissent aux commandemens de ceux qu'ils ayment, mais ils n'estimeroyent pas leur amour bien satisfait s'ils ne suivoyent encor au plus pres qu'ils peuvent leurs inclinations et affections, ainsi que fait le vray obeissant, tant à l'endroit de ses Superieurs comme de Dieu mesme.

  A006000351 

 Apres donc qu'elle a gaigné ce poinct de ne pas regarder ceux qui commandent, ains de se sousmettre également à toutes sortes de Superieurs, elle passe outre et vient au second, qui est d'obeir sans considerer l'intention ni la fin pour laquelle le commandement est fait, se contentant de sçavoir qu'il est fait, sans s'amuser à considerer s'il est bien ou mal [173] fait, si l'on a raison ou non de faire tel ou tel commandement.

  A006000356 

 Eliezer la voyant si belle et si gratieuse aupres du puits où elle tiroit de l'eau pour ses brebis, il luy fit sa demande, et la damoyselle respondit selon son dessein: Ouy, dit-elle, non seulement à vous, mais encor à vos chameaux.

  A006000356 

 Il dit donc ainsi en soy-mesme: Celle à qui je demanderay à boire et qui me dira: J'en donneray non seulement à vous, mais je puiseray encor de l'eau pour vos chameaux, ce sera celle là que je recognoistray estre digne espouse du fils de mon maistre.

  A006000356 

 La charité et l'obeissance ont une telle union ensemble qu'elles ne se peuvent separer: l'amour nous fait obeir promptement, car pour difficile que soit la [177] chose commandée, celuy qui a l'obeissance amoureuse l'entreprend amoureusement, parce que l'obeissance estant une principale partie de l'humilité qui ayme souverainement la sousmission, l'obeissant par consequent ayme le commandement, et dés qu'il l'apperçoit de loin, quel qu'il puisse estre, soit-il selon son goust ou non, il l'embrasse, il le caresse et le cherit tendrement..

  A006000362 

 Assez meurt martyr qui bien se mortifie; c'est un plus grand martyre de perseverer toute sa vie en obeissance, que non pas de mourir tout d'un coup par un glaive.

  A006000362 

 En fin il adora leur idole, et ces meschans se mocquans de luy le battirent tres-bien, et puis le laisserent revenir en son monastere, où estant arrivé plus mort que vif, tout pâle et transi, saint Pachome qui luy estoit allé au devant luy dit: Eh bien, mon fils, [184] comme va? qu'y a-t'il que vous estes si défait? Lors, le pauvre Religieux, tout honteux et confus parce qu'il avoit de l'orgueil, ne pouvant supporter de se voir avoir fait une si grande faute, se jetta en terre et confessa sa faute; à quoy le Pere remediant promptement, faisant prier les Freres pour luy et luy faisant demander pardon à Dieu, le remit en bon estat, et puis luy donna de bons advertissemens, disant: Mon fils, souviens-toy qu'il vaut mieux avoir de petits desirs de vivre selon la Communauté, et ne vouloir que la fidelité à l'observance des Regles sans entreprendre ni desirer autre chose que ce qui y est compris, que non pas avoir de grands desirs de faire des merveilles imaginaires, qui ne sont bons qu'à enfler nos cœurs d'orgueil et nous faire mesestimer les autres, pensant bien estre quelque chose plus qu'eux.

  A006000363 

 La moindre petite chose faite par obeissance est tres-agreable à Dieu: mangez par obeissance, vostre manger est plus agreable à Dieu que les jeusnes des anachoretes s'ils sont faits sans obeissance; reposez-vous par obeissance, vostre repos est plus meritoire et plus agreable à Dieu que non pas le travail volontaire.

  A006000364 

 Quel bonheur plus utile et desirable que cela? Certes, le vray obeissant, pour dire cela en passant, ayme ses Regles, les honnore et les estime uniquement comme le vray chemin par lequel il doit s'acheminer à l'union de son esprit avec Dieu; et partant il ne se départ [186] jamais de ceste voye, ni de l'observance des choses qui y sont dites par forme de direction, non plus que de celles qui y sont commandées.

  A006000365 

 O non, ma fille: les Superieurs, [187] non plus que les confesseurs, n'ont pas tousjours intention d'obliger les inferieurs par les commandemens qu'ils font, et quand ils le veulent faire, ils usent du mot de commandement sur peine de desobeissance; et alors les inferieurs sont obligés d'ober sur peine de peché, bien que le commandement fust fort leger et de chose de peu; mais autrement non.

  A006000366 

 Nostre Seigneur a promis que le vray obeissant ne se perdra jamais; non certes, celuy qui suivra indistinctement la volonté et direction des Superieurs que Dieu establira sur luy.

  A006000366 

 Si aujourd'huy que vous avez une Superieure fort estimée, tant pour sa qualité que pour ses vertus, vous luy obeissez de bon cœur, demain que vous en aurez une autre qui ne sera pas tant estimée vous ne luy obeissez pas de si bon cœur qu'à l'autre, luy rendant bien pareille obeissance, mais n'estimant pas tant ce qu'elle vous dit et ne le faisant pas avec tant de satisfaction, hé! qui ne void que vous obeissez à l'autre par vostre inclination et non pas purement pour Dieu? car si cela estoit, vous auriez autant de plaisir et feriez autant d'estime de ce que ceste-cy vous dit, comme vous faisiez de ce que l'autre vous disoit..

  A006000367 

 C'est sans doute que j'auray plus de satisfaction, quant à la partie inferieure de mon ame, de faire ce qu'une Superieure me commande à laquelle j'ay de l'inclination, que non pas à faire ce que l'autre [191] me dit à laquelle je n'en ay du tout point; mais pourveu que j'obeisse également quant à la partie superieure il suffit, et mon obeissance vaut mieux quand j'ay moins de plaisir à la faire, parce que c'est là où nous monstrons que c'est pour Dieu et non pour nostre plaisir que nous obeissons.

  A006000367 

 J'ay accoustumé de dire souvent une chose que tous-jours il est bon de dire parce qu'il le faut tousjours observer, qui est que toutes nos actions se doivent pratiquer selon la partie superieure; car c'est ainsi qu'il faut vivre en ceste maison, et non jamais selon nos sens et nos inclinations.

  A006000368 

 Bien que l'on voye pour l'ordinaire en toutes les Religions les Novices fort exacts et mortifiés, ce n'est pas qu'ils soyent plus obligés que les Profés: ô non, car ils ne le sont encore nullement, ains ils perseverent en obeissance pour parvenir à la grace de la profession; mais les Profés y sont obligés en vertu des vœux qu'ils ont faits, lesquels il ne suffit pas d'avoir faits pour estre Religieux, si on ne les observe.

  A006000368 

 Mais, pourriez-vous dire, n'est-il pas permis de desapprouver ce que ceste Superieure icy fait, ni de dire ou penser pourquoy elle fait des ordonnances que l'autre ne faisoit pas? O certes, non jamais, mes cheres filles; ains il faut approuver tout ce que les Superieures font ou disent, permettent ou defendent, pourveu qu'il ne soit manifestement contre les commandemens de Dieu, car alors il ne faut ni obeir ni approuver cela.

  A006000368 

 Non, il faut plier les espaules sous le fardeau de la sainte obeissance, croyant que ces deux Superieures ont eu bonne raison de faire le commandement qu'elles ont fait, quoy que different et contraire l'un à l'autre.

  A006000370 

 Parce que les creatures ne me contentent pas, je cherche le Createur: ô non! le Createur merite bien que je quitte tout pour luy; aussi veut-il que nous le fassions.

  A006000371 

 Il vous semble que les Superieurs ont la consolation sur le bord des levres et qu'ils la respandent facilement dans le cœur de ceux qu'ils veulent, ce qui n'est pas neantmoins; car ils ne peuvent pas tousjours estre de mesme humeur non plus que les autres.

  A006000372 

 Parce que l'entendement et le jugement representent à la volonté que cela ne se doit pas, ou qu'il faut user d'autres moyens pour faire ce que l'on dit, que ceux qui nous sont marqués, elle ne peut se sousmettre, d'autant qu'elle fait tousjours plus d'estat des raisons que le propre jugement luy monstre que non pas d'aucune autre, car chacun croid que son propre jugement est le meilleur.

  A006000372 

 Si l'on vous donne quelque exercice, ne permettez pas à vostre jugement de discerner s'il vous sera propre ou non; et prenez garde que, si bien vous faites la chose ainsi qu'elle est commandée, bien souvent [196] le propre jugement n'obeit pas, je veux dire ne se sousmet pas, car il n'approuve pas le commandement: ce qui est pour l'ordinaire cause de la repugnance que nous avons de nous sousmettre à faire ce que l'on veut de nous.

  A006000375 

 Nos Sœurs ayment trop leur propre abjection pour faire ainsi; tant s'en faut qu'elles s'en troublent, qu'au contraire elles prendront un plus grand courage et plus de soin de s'amender, non pas pour eviter d'estre adverties, car je suppose qu'elles ayment souverainement tout ce qui les peut rendre viles et abjectes à leurs yeux, ains à fin de faire tousjours mieux leur devoir et se rendre capables de leur vocation.

  A006000380 

 Les payens, voire ceux qui ont le mieux parlé des autres vertus, n'en ont eu aucune cognoissance, non plus que de l'humilité; car de la magnificence, de la liberalité, de [203] la constance, ils en ont fort bien escrit; mais de la simplicité et de l'humilité, rien du tout.

  A006000386 

 Bien, si vous ne la voulez dire et qu'elle ne soit pas necessaire, n'ayant besoin d'instruction sur ce fait, resolvez-vous promptement et ne perdez pas le temps à considérer si vous la devez dire ou non; car il n'y auroit pas de l'apparence de faire une heure de consideration sur toutes les menues actions de nostre vie.

  A006000386 

 Mais de plus, je pense, quant à moy, qu'il est meilleur et plus expedient de dire à la Superieure les pensées qui nous mortifient le plus, que non pas plusieurs autres qui ne servent de rien, sinon pour accroistre l'entretien que vous faites avec elle.

  A006000387 

 Mais bien qu'il vous arrivast de dire quelque petite chose qui semblast n'estre pas si bien receüe de toutes comme vous voudriez, il ne faudroit pas pour cela s'amuser à faire des reflexions et examens sur toutes vos paroles; ô non, car c'est l'amour propre sans doute qui nous fait faire ces enquestes, si ce que nous avons dit et fait est bien receu; mais la sainte simplicité ne court pas apres ses paroles ni ses actions, ains elle en laisse l'evenement à la divine Providence, à laquelle elle s'attache souverainement.

  A006000388 

 [211] L'on ne dit pas que vous ne pensiez point à vostre avancement, non; mais que vous n'y pensiez pas avec empressement..

  A006000389 

 C'est aussi manquer de simplicité de faire tant de considerations quand nous nous voyons faire des defauts les uns aux autres, pour sçavoir si ce sont des choses necessaires à dire à la Superieure; car dites-moy, la Superieure n'est-elle pas capable de cela, et de juger s'il est requis d'en faire la correction ou non? Mais que sçay-je moy à quelle intention ceste Sœur aura fait telle chose? dites-vous.

  A006000390 

 Et bien que saint Paul eust peu dire: Seigneur, et pourquoy non vous-mesme ne le direz-vous pas? il ne le dit pas pourtant, ains s'en alla tout simplement faire comme il luy estoit commandé.

  A006000391 

 Il ne faut pas s'attacher à nostre propre satisfaction, car ce seroit s'attacher aux fleurs et non pas au fruict.

  A006000391 

 Vous retirerez plus d'utilité de ce que vous ferez suivant la direction de vos Superieurs, que non pas en suivant vos instincts interieurs, qui ne proviennent pour l'ordinaire que de l'amour propre qui, sous couleur de bien, recherche de se complaire en la vaine estime de nous-mesmes..

  A006000392 

 L'ame qui a la parfaite simplicité n'a qu'un amour, qui est pour Dieu; et en cest amour elle n'a qu'une seule pretention, qui est celle de reposer sur la poitrine du Pere celeste, et là, comme un enfant d'amour, faire sa demeure, laissant entierement tout le soin de soy-mesme à son bon Pere, sans que jamais plus elle se mette en peine de rien, sinon de se tenir en ceste sainte confiance; non pas mesme les desirs des vertus et des graces qui luy sembloyent estre necessaires ne l'inquietent point.

  A006000393 

 Vous me demandez comme les ames qui sont attirées en l'oraison à ceste sainte simplicité et à ce parfait abandonnement en Dieu se doivent conduire en toutes leurs actions? Je responds que non seulement en l'oraison, mais en la conduite de toute leur vie, elles doivent marcher invariablement en esprit de simplicité, abandonnant et remettant toute leur ame, leurs actions et leurs succés au bon plaisir de Dieu, par un amour de parfaite et tres-absolue confiance, se delaissant à la mercy et au soin de l'amour eternel que la divine Providence a pour elles.

  A006000394 

 Les amantes [217] spirituelles, espouses du Roy celeste, se mirent voirement de temps en temps, comme les colombes qui sont aupres des eaux tres pures, pour voir si elles sont bien ageancées au gré de leur Amant; et cela se fait és examens de la conscience par lesquels elles se nettoyent, purifient et ornent au mieux qu'elles peuvent, non pour estre parfaites, non pour se satisfaire, non pour desir de leur progrés au bien, mais pour obeir à l'Espoux, pour la reverence qu'elles luy portent et pour l'extreme desir qu'elles ont de luy donner du contentement.

  A006000399 

 Quant à la naturelle, il la faut bien mortifier comme n'estant pas du tout bonne, nous suggerant plusieurs considerations et prevoyances non necessaires, qui tiennent nos esprits bien esloignés de la simplicité..

  A006000407 

 Les uns s'unissent à Dieu et au prochain par la contemplation, et pour cela ont une tres-grande solitude et ne conversent que le moins qu'ils peuvent parmi le monde, non pas mesmes les uns avec les autres, si ce n'est en certain temps; ils s'unissent aussi avec le prochain par le moyen de l'oraison, en priant Dieu pour luy.

  A006000408 

 Quant à la fin de vostre Institut, il ne la faut pas chercher en l'intention des trois premieres Sœurs qui commencerent, non plus que celle des Jesuites au premier dessein qu'eut saint Ignace; car il ne pensoit à rien moins qu'à faire ce qu'il a fait par apres, comme de mesme saint François, saint Dominique et les autres qui ont commencé des Religions.

  A006000409 

 Mais beaucoup plus parfaitement nous unissons-nous à Dieu par le vœu d'obeissance, d'autant que nous renonçons à toute nostre ame, à toutes ses puissances, ses volontés et toutes ses affections, pour nous sousmettre et assujettir non seulement à la volonté de Dieu, mais à celle de nos Superieurs, laquelle nous devons tousjours regarder comme estant celle de Dieu mesme; et cecy est un tres-grand renoncement, à cause des continuelles productions des petites volontés que fait nostre amour propre.

  A006000413 

 Remarquez, je vous prie, la debonnaireté de ce saint Patriarche: il s'accommode [231] volontiers aux pas, non seulement de ses petits enfans, mais aussi de ses agnelets.

  A006000415 

 Il y a certes moins à faire à estre exacte en l'observance des Regles, que non pas de les vouloir observer en partie..

  A006000416 

 Mais quant à certaines petites ferveurs que nous avons aucunes fois, qui sont passageres et qui pour l'ordinaire sont des effets de nostre nature, lesquelles nous font desirer la Communion, il ne faut point avoir esgard à cela, non plus que les mariniers n'en ont point à un certain vent qui se leve à la pointe du jour, lequel est produit des vapeurs qui s'eslevent de la terre et n'est pas de durée, ains cesse tout aussi tost que lesdites vapeurs sont un peu surlevées et dissipées; et partant, le patron du navire qui le cognoist, ne crie point au vent et ne desploye point les voiles pour voguer à la faveur d'iceluy.

  A006000418 

 O non, car la perfection ne consiste point és austerités; encore que ce soyent des bons moyens d'y parvenir, et qu'elles soyent bonnes en elles-mesmes, neantmoins pour nous elles ne le sont pas, parce qu'elles ne sont pas conformes à.

  A006000419 

 A cela je vous responds que ce n'est pas une regle generale qu'il faille faire tout ce à quoy on a de la repugnance, non plus que de s'abstenir des choses auxquelles on a de l'inclination; car si une Sœur a de l'inclination à dire l'Office divin, il ne faut pas qu'elle laisse d'y assister sous pretexte de se vouloir mortifier.

  A006000420 

 Et non seulement cela, mais aussi de reunir le prochain avec Dieu, ce que nous faisons par la voye que nous luy presentons, laquelle est toute douce et facile, aucune fille n'estant rejettée faute de force corporelle, pourveu qu'elle ayt volonté de vivre selon l'esprit de la Visitation, qui est, comme j'ay dit, un esprit d'humilité envers Dieu et de douceur de cœur envers le prochain: et c'est cest esprit qui fait nostre union tant avec Dieu qu'avec le prochain.

  A006000420 

 Mais remarquez que ce que j'ay dit plusieurs fois, qu'il faut estre fort ponctuelles à l'observance des Regles et à la moindre petite dependance, ne se doit pas entendre d'une ponctualité de scrupule: ô non, car cela n'a pas esté mon intention; mais d'une ponctualité de chastes espouses, qui ne se contentent pas d'éviter de desplaire à leur celeste Espoux, ains veulent faire tout ce qu'elles peuvent pour luy estre tant soit peu plus agreables.

  A006000421 

 Mais dites-moy, est-ce la crainte de la prevarication qui rendoit ceste Mere et son Fils si exacts à l'observance de la loy? Non certes, ce n'estoit pas cela, car il n'y avoit point de prevarication pour eux; ains ils estoyent attirés par l'amour qu'ils portoyent à leur Pere eternel..

  A006000421 

 Pourquoy pensez-vous que Nostre Seigneur et sa tres-sainte Mere se soyent sousmis à la loy de la presentation et purification, sinon à cause de l'amour qu'ils portoyent à la communauté? Certes, cest exemple devroit suffire pour esmouvoir les Religieux à suivre exactement leur Communauté, sans jamais s'en départir; car ni le Fils ni la Mere n'estoyent aucunement obligés à ceste loy: non l'Enfant, parce qu'il estoit Dieu, non la Mere, parce qu'elle estoit Vierge toute pure.

  A006000422 

 Les uns sont attachés à la loy par des chaisnes de fer et les autres par des chaisnes d'or: je veux dire, les seculiers qui observent les commandemens de Dieu pour la crainte qu'ils ont d'estre damnés, les observent par force et non par amour; mais les Religieux et ceux qui ont soin de la perfection de leur ame y sont attachés par des chaisnes d'or, c'est à dire par amour; ils ayment les commandemens et les observent amoureusement, et pour les mieux observer ils embrassent l'observance des conseils.

  A006000424 

 Ne puis-je pas bien penser que la loy qui ordonne de faire la recreation ne m'oblige pas, puisque j'ay l'esprit assez jovial de moy-mesme? O non, [241] il ne faut non plus le penser que le dire; si vous n'avez pas besoin de vous recreer, il faut neantmoins faire la recreation pour celles qui en ont besoin.

  A006000425 

 Les mousches à miel nous monstrent l'exemple de ce que nous disons, car les unes sont employées à la garde de la ruche, et les autres sont perpetuellement au travail de la cueillette; celles toutesfois qui demeurent dans la ruche ne mangent pas moins de miel que celles qui ont la peine de l'aller picorant sur les fleurs, Ne vous semble-t'il pas que David fit une loy injuste lors qu'il commanda que les soldats qui garderoyent les hardes eussent également part au butin avec ceux qui iroyent à la bataille et qui en reviendroyent tous chargés de coups? Non certes, elle n'estoit point injuste, d'autant que ceux qui gardoyent les hardes les gardoyent pour ceux qui combattoyent, et ceux qui estoyent en la bataille [242] combattoyent pour ceux qui gardoyent les hardes: aussi ils meritoyent tous une mesme recompense, puisqu'ils obeissoyent tous également au Roy.

  A006000430 

 Le grand saint Thomas, qui avoit un des plus grands esprits qu'on sçauroit avoir, quand il formoit quelques opinions il les appuyoit sur des raisons les plus pregnantes qu'il pouvoit; et neantmoins, s'il trouvoit quelqu'un qui n'approuvast pas ce qu'il avoit jugé bon, [245] ou y contredist, il ne disputoit point ni ne s'en offençoit point, ains souffroit cela de bon cœur; en quoy il tesmoignoit bien qu'il n'aymoit pas sa propre opinion, bien qu'il ne la desapprouvast pas aussi; il laissoit cela ainsi, qu'on la trouvast bonne ou non.

  A006000430 

 Les Apostres n'estoyent pas attachés à leurs propres opinions, non pas mesme és choses du gouvernement de la sainte Eglise, qui estoit un affaire si important: si qu'apres qu'ils avoyent determiné l'affaire par la resolution qu'ils en avoyent prise, ils ne s'offençoyent point si on opinoit là-dessus; et si quelques-uns refusoyent d'agréer leurs opinions, quoy qu'elles fussent bien appuyées, ils ne recherchoyent point de les faire recevoir par des disputes ni contestes..

  A006000433 

 Quant à nous autres, il ne faut jamais que nous laissions tellement former nos opinions, que nous n'en desprenions volontiers quand il est de besoin, soit que nous soyons obligés ou non de les former.

  A006000434 

 Il est bien vray que nous ne pouvons pas empescher ce premier mouvement de complaisance qui nous vient quand nostre opinion est approuvée et suivie, car cela ne se peut éviter, mais il ne se faut pas amuser à ceste complaisance; il faut benir Dieu, puis passer outre sans se mettre en peine de la complaisance, non plus que d'un petit ressentiment de douleur qui vous viendroit si vostre opinion n'estoit pas suivie ou trouvée bonne.

  A006000434 

 Il faut quand on est requis, ou par la charité ou par l'obeissance, de proposer nostre advis sur le sujet dont il est question, le faire simplement; mais au demeurant, il se faut rendre indifferent s'il sera receu ou non.

  A006000434 

 Vous vient-il en pensée qu'on a tort de faire faire cela de la sorte, qu'il seroit mieux ainsi que vous l'avez conceu? détournez-vous de ceste pensée, en disant en vous-mesme: Helas! qu'ay-je à faire de telle chose, puisqu'elle ne m'est pas commise? Il est tousjours beaucoup [248] mieux fait de s'en détourner ainsi tout simplement, que non pas rechercher des raisons en nostre esprit pour nous faire croire que nous avons tort; car au lieu de le faire, nostre entendement, qui est preoccupé de son jugement particulier, nous donneroit le change; de sorte qu'au lieu d'aneantir nostre opinion, il nous donneroit des raisons pour la maintenir et faire recognoistre pour bonne.

  A006000435 

 Donques, la chose qui a esté proposée estant determinée, il n'en faut plus parler, non plus qu'y penser, sinon que ce fust une chose notablement mauvaise; car alors, s'il se pouvoit trouver encore quelque invention pour en détourner l'execution ou y mettre remede, il le faudroit faire le plus charitablement qu'il se pourroit et le plus insensiblement, à fin de ne troubler personne, ni mespriser ce qu'ils auroyent trouvé bon..

  A006000442 

 Si la Superieure ou la Maistresse ne vous ont pas si bien receuës comme vous voudriez, une fois, voire plusieurs, il ne faut pas se fascher pourtant, ni juger qu'elles fassent tousjours de mesme; ô non, Nostre Seigneur les touchera peut estre de son esprit de suavité pour les rendre plus agreables à vostre premier retour..

  A006000443 

 Il ne faut pas craindre non plus, encore qu'elles soyent un peu rigoureuses à faire la correction sur tel defaut; car, ma chere fille, vous ne leur ostez pas la confiance de vous la faire: allez donc tout simplement leur dire vostre mal.

  A006000446 

 Ceste tendreté est beaucoup plus insupportable és choses de l'esprit que non pas és corporelles; et si, elle est par malheur plus pratiquée et nourrie par les personnes spirituelles, lesquelles voudroyent estre saintes du premier coup, sans vouloir neantmoins qu'il leur couste rien, non pas mesme les souffrances des combats que leur cause la partie inferieure, par les ressentimens qu'elle a és choses contraires à la nature; et cependant, veuillons ou non, il faudra que nous ayons le courage de souffrir, et par consequent de resister à ces efforts tout le temps de nostre vie en plusieurs rencontres, si nous ne voulons faire banqueroute à la perfection que nous avons entreprise.

  A006000450 

 Or, si ce n'est que cela, si vous avez bien le courage et la volonté, ainsi que vous dites, de la souffrir sans rechercher du soulagement, je vous dis que vous ferez tres-bien de le faire, quoy qu'elle vous apportast un peu d'inquietude, pourveu qu'elle ne fust pas trop grande; mais si elle vous ostoit le moyen de vous tenir proche de Dieu, à ceste heure-là il la faudroit aller dire à la Superieure, non pas pour vous soulager, mais pour gagner chemin en la presence de Dieu, bien qu'il n'y auroit pas grand mal de le faire pour vous soulager..

  A006000451 

 O non, nos Sœurs ayment trop l'humilité et la mortification pour estre doresnavant melancoliques sur un leger soupçon, qui est peut estre sans fondement, qu'elles ne sont pas tant aymées comme leur amour propre leur fait desirer d'estre.

  A006000459 

 Ses conseils, il veut bien que nous les observions, mais non pas d'une volonté absolue, ains seulement par maniere de desir; c'est pourquoy nous ne perdons pas la charité et ne nous separons pas de Dieu pour n'avoir pas le courage d'entreprendre l'obeissance des conseils.

  A006000461 

 Ce que pour vous mieux faire entendre, il faut que je vous die ce que j'ay leu ces jours passés dans la Vie du grand saint Anselme, où il est dit que durant tout le temps qu'il fut Prieur et Abbé de son Monastere, il fut extremement aymé d'un chacun, parce qu'il estoit fort [266] condescendant, se laissant plier à la volonté de tous, non seulement des Religieux, mais aussi des estrangers.

  A006000463 

 Le glorieux saint Paul, apres avoir dit que rien ne le separera de la charité de Dieu, ni la mort ni la vie, non pas mesme les Anges, ni tout l'enfer s'il se bandoit contre luy n'en auroit pas le pouvoir: Je ne sçache rien de meilleur, dit-il, que de me rendre tout à tous, rire avec les rians, pleurer avec ceux qui pleurent, et en fin me rendre un avec un chacun.

  A006000465 

 Non, peut estre que Dieu ne luy aura pas inspiré cela, mais ouy bien à vous de le faire, et y manquant, vous contrevenez à la determination de faire la volonté de Dieu en toutes choses, et par consequent au soin que vous devez avoir de vostre perfection.

  A006000465 

 Or, non seulement les Saints nous ont enseigné ceste pratique de la sousmission de nostre volonté, mais aussi Nostre Seigneur mesme, tant par exemple que par parole.

  A006000468 

 Es choses de consequence, il ne faut non plus perdre le temps à les considerer, mais il s'en faut addresser à nos Superieurs, à fin de sçavoir d'eux ce que nous avons à faire; apres quoy, il n'y faut plus penser, ains s'arrester absolument à leur opinion, puisque Dieu nous les a donnés pour la conduite de nostre ame en la perfection de son amour.

  A006000469 

 C'est voirement une chose bien dure à l'amour propre que d'estre sujet à toutes ces rencontres, Il est vray; mais ce n'est pas aussi cest amour là que nous devons contenter ni escouter, ains seulement le tres-saint amour de nos ames, Jesus, qui demande de ses cheres espouses une sainte imitation de la parfaite obeissance qu'il rendit, non seulement à la tres-juste et bonne volonté de son Pere, mais aussi à celle de ses parens, et qui plus est, de ses ennemis lesquels sans doute suivirent leurs passions aux travaux qu'ils luy imposerent; et cependant le bon Jesus ne laisse de s'y sousmettre doucement, humblement, amoureusement.

  A006000471 

 Et non seulement cela, mais encores il les faut regarder comme lieutenans de Dieu en terre; et partant, encor qu'il leur arrivast quelquesfois de se monstrer hommes, commettant quelques imperfections, comme demandant quelque chose curieuse qui ne seroit pas de la confession, comme seroit vos noms, si vous faites des penitences, pratiquez des vertus et quelles elles sont, si vous avez quelques tentations et choses semblables, je voudrois respondre selon qu'ils [274] le demandent, bien qu'on n'y soit pas obligé; car il ne faut pas leur dire qu'il ne vous est pas permis de leur dire autre chose que ce dont vous vous estes accusées.

  A006000471 

 O non, jamais il ne faut user de ceste défaitte, car cela n'est pas vray; vous pouvez dire tout ce que voudrez en confession, pourveu que vous ne parliez que de ce qui regarde vostre particulier, et non pas ce qui concerne, le general de vos Sœurs.

  A006000472 

 S'il arrive qu'ils vous donnent quelque conseil contre vos Regles et vostre maniere de vivre, escoutez-les avec humilité et reverence, et puis vous ferez ce que vos Regles permettront et non autre.

  A006000474 

 Dites seulement le mal que vous avez fait, et non pas la cause et ce qui vous y a poussée; et jamais, ni directement ni indirectement, ne descouvrez le mal des autres en accusant le vostre, et ne donnez jamais sujet au confesseur de soupçonner qui c'est qui a contribué à vostre peché.

  A006000475 

 Il les faut regarder comme tels, et non pas comme des simples hommes; car, quoy qu'ils ne parlent pas si bien que les hommes celestes, il ne faut pourtant rien rabattre de l'humilité et reverence avec laquelle nous devons recevoir la parole de Dieu, qui est tousjours la mesme, aussi pure, aussi sainte que si elle estoit dite et proferée par les Anges.

  A006000486 

 Il se faut confesser de ce que l'on fait surtout quand on a du sentiment; comme de dire quelque parolle non premeditée, il y peut avoir du peché.

  A006000488 

 Apres l'avoir confessée deux ou trois fois avec beaucoup d'attention, en fin je dis une fois à ceste bien-heureuse que je ne luy pouvois donner l'absolution, parce que les choses dont elle s'accusoit n'estoyent que minces imperfections et non peché, et luy en fis dire un qu'elle eust fait autres-fois, comme vous faites à la Visitation.

  A006000495 

 Or, pour monstrer que cecy est naturel, d'aymer les [288] uns par inclination et non pas les autres, ne void-on pas que si deux hommes entrent dans un tripot où deux autres jouent à la paume, d'abord ceux qui entrent auront de l'inclination que l'un gaigne plustost que l'autre? Et d'où vient cela, puisqu'ils ne les ont jamais veus ni l'un ni l'autre, ni n'en avoyent jamais ouy parler, ne sçachant point si l'un est plus vertueux que l'autre? c'est pourquoy ils n'ont point de raison d'en affectionner plus l'un que l'autre.

  A006000496 

 Or, de ces aversions naturelles il n'en faut pas faire grand cas, non plus que des inclinations, pourveu que nous sousmettions le tout à la raison.

  A006000497 

 Mais le malheur est que nous voulons trop bien cognoistre si nous avons raison ou non d'avoir aversion à quelque personne.

  A006000498 

 Mais il les faut combattre et abattre quand on void que le naturel passe plus outre, et nous veut faire departir de la sousmission que nous devons à la raison, qui ne nous permet jamais de rien faire en faveur de nos aversions, non plus que de nos inclinations quand elles sont mauvaises, de crainte d'offencer Dieu.

  A006000499 

 Si nous lisions pour profiter, et non pas pour nous contenter, nous serions également satisfaits d'un livre comme d'un autre; au moins accepterions-nous de bon cœur tous ceux que nostre Superieure nous donneroit pour lire.

  A006000499 

 c'est une marque que nous lisons plustost pour satisfaire à la curiosité de l'esprit, que non pas pour profiter de nostre lecture.

  A006000500 

 Mais le mal d'où procede tout cecy est que nous cherchons tousjours nostre propre satisfaction, et non pas nostre plus grande perfection.

  A006000500 

 Or de dire: Parce que je ne l'ayme pas, je n'en feray point de profit, ce n'est pas une bonne consequence, non plus que de dire: Je le sçay desja tout par cœur, je ne sçaurois prendre plaisir à le lire.

  A006000500 

 Si d'aventure l'on a esgard à nostre infirmité, et que la Superieure nous mette au choix du livre que nous voudrons, alors nous le pouvons choisir avec simplicité; mais hors de là, il faut demeurer tousjours humblement sousmise à tout ce que la Superieure ordonne, soit qu'il soit à nostre gré ou non, sans jamais tesmoigner les sentimens que nous pourrions avoir qui seroyent contraires à ceste sousmission..

  A006000501 

 Quand on me dit: Voila une telle à laquelle on ne void jamais commettre d'imperfection, je demande incontinent: A-t'elle quelque [293] charge? Si l'on me dit que non, je ne fais pas grand estat de sa perfection; car il y a bien difference entre la vertu de celle-cy et celle d'une autre laquelle sera bien exercée, soit interieurement par les tentations, soit exterieurement par les contradictions qu'on luy fait.

  A006000503 

 Et non seulement saint Pierre, mais encore saint Paul et saint Barnabé, lesquels voulant aller prescher l'Evangile, eurent une petite dispute ensemble, parce que saint Barnabé vouloit mener avec eux Jean Marc qui estoit son cousin: saint Paul estoit d'opinion contraire et ne vouloit pas qu'il allast avec eux, et saint Barnabé ne vouloit pas ceder à la volonté de saint Paul; et ainsi ils se separerait et allerent prescher, saint Paul en une contrée, et saint Barnabé en l'autre avec son cousin Jean Marc.

  A006000511 

 La Superieure doit estre recognuë et remarquée par ses vertus, et non pas par ces singularités non necessaires, specialement entre nous autres de la Visitation, qui voulons faire une profession particuliere d'une grande simplicité et humilité.

  A006000511 

 Or, pour le regard de la derniere question, qui est si l'on ne doit pas tousjours faire quelque petite particularité à la Superieure de plus qu'au reste des Sœurs, tant au vestir qu'au manger, elle sera tantost resolue; car en un mot, je vous dis que non, en façon quelconque, si ce n'est de necessité, ainsi comme l'on fait à chacune des Sœurs.

  A006000512 

 Soyez grandement soigneuses de conserver l'esprit de la Visitation, mais non pas en sorte que ce soin empesche de le communiquer charitablement et avec simplicité au prochain, à chacun selon leur capacité; et ne craignez pas qu'il se dissipe par ceste communication, car la charité ne gaste jamais rien, ains elle perfectionne toute chose.

  A006000517 

 Car voyez-vous, mes tres-cheres filles, [305] nous pouvons bien dire nos pechés veniels haut et clair à tout le monde pour nous humilier, mais non nos pechés mortels, parce que nous ne sommes pas maistres de nostre reputation.

  A006000517 

 Je vous dis que non, mes cheres filles, et que la Superieure ne vous le doit pas demander.

  A006000529 

 Non, je ne dis pas cela; ni moins que ceste fermeté et constance soit telle qu'elle la rende exempte de faire des fautes, ni que pour cela elle soit si ferme qu'elle ne vienne jamais à chancelier ni varier en l'entreprise qu'elle a faite de pratiquer les moyens qui la peuvent conduire à la perfection.

  A006000529 

 O non certes, ce n'est pas ce que je veux dire; car tout homme est sujet à telle passion, changement et vicissitude, et tel aymera aujourd'huy une chose qui en aymera demain une autre; un jour ne ressemble jamais l'autre.

  A006000530 

 Il ne faut non plus [313] un examen de dix ou douze docteurs pour voir si l'inspiration est bonne ou mauvaise, s'il la faut suivre ou non; mais il faut bien correspondre et cultiver le premier mouvement, et puis ne se pas mettre en peine s'il vient des dégousts et des refroidissemens touchant cela; car si l'on tasche tousjours de tenir sa volonté bien ferme à vouloir rechercher le bien qui nous est monstré, Dieu ne manquera pas de faire reussir le tout à sa gloire.

  A006000531 

 O non, dit-elle, car je sens tous jours je ne sçay quoy qui me fait tendre de ce costé-là; mais ce qui me met en peine c'est que je ne sens pas ce mouvement si fort qu'il faudroit pour une telle resolution.

  A006000531 

 Ouy bien, leur dis-je, la force de ce sentiment; mais non pas en telle sorte qu'il ne vous en soit demeuré quelque affection.

  A006000532 

 Car, combien que Dieu soit tout-puissant et peut tout ce qu'il veut, si est-ce qu'il ne veut point nous oster la liberté qu'il nous a une fois donnée; et quand il nous appelle à son service, il veut que ce soit de nostre bon gré que nous y allions, et non par force ni par contrainte.

  A006000534 

 J'ay apprins de bonne part qu'un gentilhomme de nostre âge, brave d'esprit et de corps, de fort bon lieu, voyant passer des Peres Capucins, dit aux autres seigneurs avec lesquels il estoit: Il me prend envie de sçavoir comme vivent ces pieds deschaux et de me rendre parmi eux, non point à dessein d'y tousjours demeurer, mais seulement pour un mois ou trois semaines, à fin de mieux remarquer ce qu'ils font, pour puis apres m'en rire et mocquer avec vous autres.

  A006000538 

 O non, il ne faut penser qu'en entrant en Religion on soit parfait tout promptement; c'est assez qu'ils viennent pour tendre à la perfection et pour embrasser les moyens de se perfectionner.

  A006000538 

 Or, quand je dis que Nostre Seigneur s'oblige, il ne [320] faudroit pas penser que ce soit nous qui l'ayons obligé à ce faire en suivant sa vocation, car on ne sçauroit l'obliger; mais Dieu s'oblige soy-mesme par soy-mesme, poussé et provoqué à ce faire par les entrailles de son infinie bonté et misericorde; tellement que, me faisant Religieux, Nostre Seigneur s'est obligé de me fournir tout ce qui est necessaire pour estre bon Religieux, non point par devoir, mais par sa misericorde et providence infinie; tout ainsi qu'un grand roy, levant des soldats pour faire la guerre, sa prevoyance et prudence requiert qu'il prepare des armes pour les armer; car, quelle apparence y auroit-il de les envoyer combattre sans armes? Que s'il ne le fait pas, il est taxé d'une grande imprudence, Or, la divine Majesté ne manque jamais de soin ni de prevoyance touchant cecy; et pour le nous mieux faire croire, elle s'y est obligée, en sorte qu'il ne faut jamais entrer en opinion qu'il y ayt de sa faute quand nous ne faisons pas bien: voire, sa.

  A006000544 

 Je dis qu'il y faut bien prendre garde, et non qu'il n'en faille point recevoir, si l'on void qu'elles veuillent estre changées et humiliées; car elles pourront bien, avec le temps et la grace de Dieu, faire ce changement; ce qui arrivera sans doute, si avec fidelité elles se servent des remedes qui leur seront donnés pour leur guerison.

  A006000544 

 La premiere, que les filles que l'on reçoit à la Profession soyent saines, non de corps, comme j'ay desja dit, mais de cœur et d'esprit; je veux dire, qui ayent le cœur bien disposé à vivre en une entiere souplesse et sousmission.

  A006000544 

 La seconde, que ces filles ayent l'esprit bon: or, quand je dis un bon esprit, je n'entends pas dire de ces grands esprits qui sont pour l'ordinaire vains et [327] pleins de propre jugement, de suffisance, et qui estans au monde estoyent des boutiques de vanité; qui viennent en Religion non point pour s'humilier, mais comme si elles y vouloyent faire des leçons de philosophie et theologie, voulant tout conduire et gouverner.

  A006000545 

 Car regardez au college de Nostre Seigneur, les glorieux Apostres: encore qu'ils fussent bien appellés et qu'ils eussent beaucoup travaillé en la reformation de leur vie, combien firent-ils de fautes, non seulement en la premiere année, mais aussi en la seconde et troisiesme.

  A006000550 

 En fin, direz-vous, si le sentiment des autres Sœurs estoit tout contraire à ce que l'on sçait, et qu'il nous vinst inspiration de dire quelque chose que nous avons recognu qui est à l'advantage de la Sœur, faudroit-il laisser de le dire? Non, quoy que le sentiment des autres soit tout contraire au vostre et que vous soyez seule en ceste opinion; car cela pourra servir encor aux autres pour se resoudre à ce qu'elles doivent faire.

  A006000557 

 Quant à la pureté d'intention, c'est une chose totalement necessaire, non seulement en la reception des Sacremens, mais encor en tout ce que nous faisons.

  A006000561 

 Faisons donc de nostre costé ce qui est de nostre pouvoir pour nous bien preparer à recevoir ce Pain supersubstantiel, nous abandonnant totalement à la divine Providence, non seulement pour ce qui regarde les biens temporels, mais principalement les spirituels, respandant en la presence de la divine Bonté toutes nos affections, desirs et inclinations, pour luy estre entierement sousmis; et nous asseurons que Nostre Seigneur accomplira de son costé la promesse qu'il nous a faite de nous transformer en luy, eslevant nostre bassesse jusques à estre unie avec sa grandeur..

  A006000561 

 Or, je sçay bien que le milieu de vos cœurs est vuide, autrement ce seroit une trop grande infidelité: je veux dire que nous avons non seulement rejetté et detesté le peché mortel, ains toute sorte d'affection mauvaise; mais las! tous les coins et recoins de nos cœurs sont pleins de mille choses indignes de paroistre en la presence de ce Roy souverain, lesquelles ce semble, luy lient les mains à fin de l'empescher de nous départir les biens et les graces que sa bonté avoit desire de nous faire, s'il nous eust trouvés preparés.

  A006000568 

 Il ne faut pas non plus se tourmenter quand l'on ne se souvient pas de ses fautes pour s'en confesser; car il n'est pas croyable qu'une ame qui fait souvent son examen, ne remarque bien pour s'en ressouvenir les fautes qui sont d'importance.

  A006000570 

 Et non seulement en ceste occasion, mais aussi entrant à tous nos exercices, à fin que nous apportions à chacun d'iceux l'esprit qui luy est propre; car il ne seroit pas à propos d'aller à l'Office comme à la recreation: à la recreation il faut porter un esprit amoureusement joyeux, et en l'Office, un esprit serieusement amoureux.

  A006000571 

 Mais s'il nous arrive d'en faire plusieurs, et que cela continue, il y a de l'apparence que nous n'avons pas conceu un vray desplaisir de nostre premiere faute; et c'est ceste negligence qui nous devroit apporter beaucoup de confusion, non pas à cause de la presence de la Superieure, mais pour le respect de celle de Dieu qui nous est present, et de ses Anges.

  A006000585 

 Il avoit toutes les vertus, mais non pas en un si haut degré les unes que les autres.

  A006000588 

 Saint Joseph donc fut comme un palmier, lequel ne portant peint de fruict n'est pas toutefois infructueux, ains a beaucoup de part au fruict de la palme femelle; non que saint Joseph eust contribué aucune chose pour ceste sainte et glorieuse production, sinon la seule ombre du mariage, qui empeschoit Nostre [354] Dame et glorieuse Maistresse de toutes sortes de calomnies et des censures que sa grossesse luy eust apportées.

  A006000589 

 O quelle divine union entre Nostre Dame et le glorieux saint Joseph! union qui faisoit que ce Bien des biens eternels, qui est Nostre Seigneur, fust et appartinst à saint Joseph ainsi qu'il appartenoit à Nostre Dame; non selon la nature qu'il avoit pris dans les entrailles de nostre glorieuse Maistresse, nature qui avoit esté formée par le Saint Esprit du tres-pur sang de Nostre Dame, ains selon la grace, laquelle le rendoit participant de tous les biens de sa chere Espouse, et laquelle faisoit qu'il alloit merveilleusement croissant en perfection; et c'est par la communication continuelle qu'il avoit avec Nostre Dame, qui possedoit toutes les vertus en un si haut degré que nulle autre pure creature n'y sçauroit parvenir; neantmoins le glorieux saint Joseph estoit celuy qui en approchoit davantage.

  A006000590 

 Mais en particulier, pour nous tenir en nostre propos commencé, en quel degré pensons-nous qu'il eust la virginité, qui est une vertu qui nous rend semblables aux Anges? Si la tres-sainte Vierge ne fut pas seulement Vierge toute pure et toute blanche, ains (comme chante la sainte Eglise aux respons des leçons des Matines, « Sainte et immaculée virginité, » etc.) elle estoit la virginité mesme, combien pensons-nous que celuy qui fut commis de la part du Pere eternel pour gardien de sa virginité, ou pour mieux dire, pour compagnon, puisqu'elle n'avoit pas besoin d'estre gardée d'autre que d'elle-mesme, combien, dis-je, devoit-il estre grand en ceste vertu? Ils avoyent fait vœu tous deux de garder virginité tout le temps de leur vie, et voila que Dieu veut qu'ils soyent unis par le lien d'un saint mariage, non pas pour les faire dédire ni se repentir de leur vœu, ains pour les reconfirmer et se fortifier l'un l'autre de perseverer en leur sainte entreprise; c'est pourquoy ils le firent encores de vivre virginalement ensemble tout le reste de leur vie..

  A006000595 

 Mais quelles dignités, mon Dieu! estre gouverneur de Nostre Seigneur, et non seulement cela, mais estre encor son Pere putatif, mais estre Espoux de sa tres-sainte Mere! O vrayement je ne doute nullement que les Anges ravis d'admiration, ne vinssent troupes à troupes le considerer et admirer son humilité, lors qu'il tenoit ce cher Enfant dans sa pauvre boutique, où il travailloit de son mestier pour nourrir et le Fils et la Mere qui luy estoyent commis..

  A006000596 

 Non qu'il y ayt de la [360] comparaison, sinon en ce qui regarde Nostre Seigneur, qui est l'une des Personnes de la tres-sainte Trinité, car quant aux autres ce sont des creatures; mais pourtant nous pouvons dire ainsi, que c'est une trinité en terre qui represente en quelque façon la tres-sainte Trinité.

  A006000597 

 Je sçay bien, vouloit-il dire, que si je me jette en la mer, je periray; mais toy, qui es tout-puissant, marcheras sur les eaux sans danger; c'est pourquoy je te supplie de te retirer de moy, et non pas que je me retire de toy..

  A006000599 

 De mesme, les ames justes craignant de perdre le prix et la valeur de leurs bonnes œuvres, les resserrent ordinairement dans une boite; mais non dans une boite commune, non plus que les onguens pretieux, ains dans une boite d'albastre, telle que celle que sainte Magdelaine respandit ou vuida sur le chef sacré de Nostre Seigneur lors qu'il la restablit en la virginité non essentielle mais reparée, laquelle est quelquefois plus excellente, estant acquise et restablie par la penitence, que non pas celle qui n'ayant point receu de tare est accompagnée de moins d'humilité.

  A006000602 

 La palme monstre sa force et sa constance en ce que, plus elle est chargée, et plus elle monte en haut et devient plus haute; ce qui est tout contraire non seulement aux autres arbres mais à toutes autres choses, car plus l'on est chargé, et plus l'on s'abaisse contre terre.

  A006000606 

 Il estoit en une terre non seulement estrangere, mais ennemie des Israëlites, d'autant que les Egyptiens se ressentoyent encor dequoy ils les avoyent quittés, et avoyent esté cause qu'une grande partie des Egyptiens avoyent [367] esté submergés lors qu'ils les poursuivoyent.

  A006000607 

 Dieu veut qu'il soit tousjours pauvre, qui est une des plus puissantes espreuves qu'il nous puisse faire, et il s'y sousmet amoureusement, et non pas pour un temps, car ce fut toute sa vie.

  A006000620 

 La Religion tolere bien que nous apportions nos mauvaises habitudes, passions et inclinations, mais non pas que nous vivions selon icelles.

  A006000620 

 Remarquez que je dis faire, car l'on n'acquiert [376] pas la perfection en croisant les bras; il faut travailler à bon escient à se dompter soy-mesme, et vivre selon la raison, la Regle et l'obeissance, et non pas selon les inclinations que nous avons apportées du monde.

  A006000622 

 Vos passions parfois vous font teste, et pour cela vous direz: Je ne suis pas propre pour la Religion à cause que j'ay des passions; non, mes cheres filles, il n'en va pas ainsi.

  A006000623 

 Je luy diray: tourne, retourne, creve si tu veux; si ne feray-je rien en ta faveur, non pas seulement prononcer une parole selon ton mouvement.

  A006000632 

 Si j'estois debile et que l'on ne me fist manger qu'une fois le jour, je ne mangerois qu'une fois le jour, sans penser si je serais debile ou non.

  A006000637 

 Or, ceste inquietude d'esprit que l'on a emmi les souffrances et maladies (à laquelle sont sujets non seulement les personnes du monde, mais aussi bien souvent les Religieux), part de l'amour propre et desreglé de soy-mesme.

  A006000681 

 Nostre amé et feal Conseiller en nos Conseils, le sieur JEAN FRANÇOIS DE SALES Evesque et Prince de Geneve, Nous a fait remonstrer: Que le feu sieur Evesque de Geneve son frere, desireux de l'avancement en la vertu des Religieuses de l'Ordre de la Visitation de nostre Dame, par luy fondées, et establies en ce Royaume, avoit souvent eu avec elles plusieurs Entretiens des choses spirituelles, tendant à leur instruction et edification, lesquels ayans esté jugés par lesdictes Religieuses, non seulement utiles poulies ames retirees du monde; mais aussi pour toutes sortes de conditions: Elles eurent soing de les recueillir diligemment, pour les faire quelque jour imprimer, et donner au public; et à ceste fin les auroyent à present mis és mains dudit Exposant.

  A006000730 

 Je ferois si bien le silence, et parlerois aussi quelquefois, mesme au temps du silence, je veux dire tousjours quand la charité le requerroit, mais non jamais autrement.

  A006000738 

 Je ferois bien le silence, et parlerois aussi quelquefois au silence, je veux dire tousjours quand la charité le requerroit, mais non pas autrement.

  A006000740 

 Il m'est advis que si j'estois là dedans je serois bien joyeux; je serois si content d'avoir tous mes exercices marqués! Mais je ne m'empresserois jamais, ô non; cela je le ferois encore bien, ce me semble, car dés à ceste heure je ne m'empresse jamais, je fais desja cela..

  A006000750 

 Le troisiesme degré est d'avouer et confesser nostre vileté et abjection quand les autres la descouvrent: car souventesfois nous disons bien nous-mesmes, voire avec sentiment, que nous sommes pervers et miserables, mais nous ne voudrions pas qu'un autre nous devançast en ceste declaration; et si l'on le fait, non seulement nous n'y prenons pas plaisir, mais de plus nous nous en piquons, qui est une vraye marque que nostre humilité n'est pas parfaite ni de la fine.

  A006000752 

 Le cinquiesme, qui est le dernier et le plus parfait de tous les degrés d'humilité, c'est non seulement d'aymer le mespris, mais de le desirer, de le rechercher et s'y complaire pour l'amour de Dieu: et ceux qui parviennent icy sont bien heureux, mais le nombre en est fort petit.

  A006000763 

 A mesure que l'on s'abaisse par humilité, à mesure l'on croist en vertu, et non plus.

  A006000786 

 Il y a des heretiques en la charité comme il y en a en la foy: ce sont ceux qui veulent bien observer quelqu'un des commandemens, mais non pas tous.

  A006000791 

 Il faut avoir une grande attention pour bien faire toutes nos prieres et oraisons, non point superficiellement et par maniere d'acquit..

  A006000809 

 Nous luy dismes plusieurs fois qu'il en recevrait beaucoup d'incommodités; il dit tousjours que non, et qu'il serait mieux qu'il ne meritoit, et de plus, qu'il serait proche de ses cheres filles.

  A006000814 

 Il nous dit que non, et qu'il aymoit mieux que la maison fust incommodée et eust besoin de quelque chose, que de permettre aux filles ces affections qui ne nourrissent que trop leur amour propre, non pas mesme pour la sacristie, quoy qu'elle fust pauvre.

  A006000814 

 Que s'ils donnoyent, il falloit recevoir humblement, et ne rien demander, non pas mesme desirer, si ce n'est en quelque occasion rare et particuliere; il est tousjours mieux de se tenir en la pauvreté..

  A006000815 

 Il se faut priver des biens, non pas par desdain ni mespris, mais par abnegation.

  A006000831 

 Si on le fait, ne vous en mettez pas en peine, non plus que si on vous mesprisoit, et n'amusez point vostre esprit à tout cela..

  A006000839 

 La fidelité de l'ame envers Dieu consiste à estre parfaitement resignée à sa sainte volonté, à endurer patiemment tout ce que sa [416] Bonté permet nous arriver, faire tous nos exercices en l'amour et pour l'amour, et sur tout l'oraison, en laquelle il se faut entretenir avec Nostre Seigneur fort familierement de nos petites necessités, les luy representer et luy demeurer sousmise en tout ce qui luy plaira faire de nous; estre bien obeissante, faire tout ce que l'on nous commande, de bon cœur, encor que nous y sentions de la repugnance; estre fidelle à partir si tost que la cloche nous appelle, et rejetter les distractions qui nous arrivent en l'oraison et à l'Office; conserver une grande pureté de cœur, car c'est là où Dieu habite, et non pas dans les cœurs pleins de vanité et de presomption d'eux-mesmes, au contraire il les chastie et punit rigoureusement.

  A006000841 

 Quand on a de la peine de ne pas parler assez à la Superieure ou à la Maistresse, je conseille de le dire, et voudrois qu'on m'en donnast une bonne penitence; mais le vray moyen d'empescher tout cela est de s'attacher au Createur et non pas à la creature..

  A006000855 

 Il faut prendre les commodités necessaires à vostre corps, comme le chauffer, manger et vestir, avec actions de graces et humilité, et non pas avec ennuy d'esprit, et ne desirer point d'estre plainte en vos incommodités.

  A006000872 

 Non, ma fille, il ne faut point s'amuser à des petits desirs qui tiendroyent vostre cœur trop bas et l'empescheroyent de s'appliquer aux solides vertus.

  A006000875 

 Vous m'avez dit encore, comme s'entend ce que disent les Constitutions: de ne se servir de nostre cœur, ni de nos yeux, ni de nos paroles, que pour le service de l'Espoux celeste, et non pour le service des humeurs et inclinations humaines? O ma fille, que vous me parlez d'une perfection que bien peu de gens pratiquent, bien qu'ils le doivent tous faire.

  A006000884 

 « Non, il ne faut jamais permettre à nos Sœurs de quitter les Offices pour les ouvrages, non pas mesme pour la sacristie; l'on peut bien quelquefois leur faire quitter la lecture, mais rarement.

  A006000885 

 « Non, il n'y a point de peché veniel de manger avec goust, ce sont des imperfections de nostre nature.

  A006000896 

 Il respondit que non, que cela n'estoit pas contraire à la simplicité et qu'il estoit bon de le faire; mais que qui voudroit regarder leurs vertus pour esplucher celles qui sont plus vertueuses que les autres, ou à fin de censurer et murmurer de leurs vertus pour y trouver à redire, ce serait là où il y aurait du mal.

  A006000896 

 On luy demanda s'il n'estoit pas mieux et plus simple de regarder les vertus de Dieu que non pas celles des Superieures et des Soeurs.

  A006000897 

 Quand les inferieures cognoissent que la Superieure est un peu vaine et qu'elle se plaist à estre louée et aymée, elles la louent plustost à fin que la Superieure les ayme que non pas pour autre fin; mais si elles voyoient que la Superieure rechignast et fist mauvaise mine quand elles la louent, elles ne seroyent pas si promptes à le faire.

  A006000899 

 Il ne faut non plus craindre qu'il nous en vienne, pourveu que nous tenions tous-jours nostre volonté superieure ferme en Dieu; et au lieu de nous amuser à de vaines craintes, il nous faut tenir nostre cœur en Dieu et nous unir à luy: car en fin il ne faut rien desirer ni rien refuser, mais se laisser entre les bras de la Providence divine, sans s'amuser à aucun desir sinon en ce que Dieu veut faire de nous.

  A006000904 

 O non, ma chere fille, il ne le faut pas dire, car cela seroit contraire à la simplicité.

  A006000906 

 O non, ma chere fille, nostre nature nous les produira tousjours; les desirs, pensées et mouvemens involontaires ne nous peuvent point nuire en la perfection.

  A006000910 

 « O non, ma chere fille, si elle estoit conduite par ce chemin il n'y auroit rien à craindre, car ne desirant que l'amour de Dieu elle pratiquerait toutes les vertus et tout ce qui est necessaire pour [431] plaire à Dieu; car l'amour de Dieu surpasse toutes les vertus.

  A006000916 

 Dites-vous, ma fille, si à la recreation on a suivi quelque passion et fait quelque chose en suite d'icelle, comme de contester en quelque chose legere et de recreation, sans s'en appercevoir qu'apres que cela est fait, s'il y a matiere de confession? O non, ma fille, il n'y en a point en ce qui se fait par surprise et simple recreation; mais si vous ne vous sousmettez pas interieurement, il s'en faut confesser.

  A006000916 

 [Aux manquements] qui se font contre la Regle par surprise, il n'y a point de peché, non plus qu'en ceux qui se font par surprise de nos passions.

  A006000935 

 Or, en toutes aversions, il faut observer de ne diminuer point les actes de charité envers la personne à laquelle nous avons aversion; il la faut servir, luy parler, la caresser, non seulement comme si nous ne luy en avions point, mais davantage, et en cela nous tesmoignerons nostre fidelité à Dieu et obeirons à sa volonté signifiée, qui est que, contre toute nostre repugnance, nous nous surmontions, ainsi que j'ay dit, à la caresser.

  A006000936 

 Celles-cy sont les moins mauvaises, quoy que tousjours il y ayt de l'imperfection, car si quelqu'un fait quelque chose qui n'est pas bien, il faut le regarder avec compassion et non pas en concevoir de l'aversion.

  A006000936 

 Il arrive quelquefois que l'on a de l'aversion non pas aux personnes mais aux actions d'icelles.

  A006000936 

 Un exemple: il y en a qui [438] ont une grande inclination à la propreté, et concevront de l'aversion contre une personne malpropre, et feront une correction plus aspre pour ceste messeance que non pas pour quelque grand peché; or, cela est une grande imperfection.

  A006000937 

 Or, quand il ne s'ensuit point autre chose de nos aversions sinon qu'en parlant à ceste personne nous ne sommes pas du tout si gays ou que nous destournons un peu nos yeux de dessus elle, cela n'est pas grand cas; il y a seulement matiere d'abaissement et d'humiliation, mais non pas de confession.

  A006000939 

 Il y a tousjours un petit mot à dire sur le sujet des aversions, bien que non pas pour nous arrester beaucoup, car nous l'avons desja dit d'autres fois qu'il ne se faut pas estonner si l'on ne rit pas de si bonne grace que si l'on n'en avoit point, non plus que quand on se trouve mal; car en ces deux occasions, pourveu que l'on se sousrie un peu et que l'on ne tienne pas sa contenance refrognée quand on nous parle, nous nous devons contenter; car quand la [439] passion est fort esmeue il est bien difficile de faire meilleure mine, au moins avec ceux auxquels nous avons de l'aversion ou quand le mal nous presse.

  A006000959 

 « Vous voulez sçavoir, mes cheres filles, si vous ne feriez pas mieux de vous conformer à la Communauté faisant l'exercice de la Messe en disant vostre chapelet, que non pas à faire une autre sorte d'oraison durant le temps qu'on la dit.

  A006000969 

 Mais dites-vous, ma chere fille, si les Sœurs ont une Superieure qui ne les reçoive point avec l'esprit de suavité quand elles viennent à elle, soit quand elles ont besoin de luy parler ou qu'elles demandent quelque congé, et par ce moyen leur oste la confiance de recourir à elle en leurs necessités, s'il leur seroit point permis de s'adresser à celle qui tient sa place et son authorité quand elle n'y est pas, sous le pretexte de ne pas tant importuner la Superieure, et de plus, à fin d'avoir le congé que peut estre elle ne leur donneroit pas? O non certes, ma chere Sœur, l'on ne doit pas faire cela, sinon que la Superieure fust tellement empeschée que l'on l'incommodast bien de luy parler.

  A006000973 

 Les personnes qui font estai de servir Dieu le plus fidelement qu'elles peuvent, ne sont pas exemptes de l'ambition, non, mais elles l'exercent aux desirs des choses interieures, souhaitans les vertus au plus haut degré de leur perfection; [445] mais l'amour tendre et affectif ayant plus de pouvoir sur elles que non pas sur les mondains, les fait amuser à ce desir sans s'appliquer soigneusement et laborieusement à la recherche de venir à chef de leur pretention et sainte entreprise, parce qu'il leur cousteroit cher de renoncer à soy-mesme en tant d'occasions.

  A006000976 

 Non certes, ma chere fille, je ne demanderais point des mortifications; je me tiendrais prest pour bien recevoir celles que vous me feriez, mais je n'en demanderais point.

  A006000977 

 En fin j'aymerois mieux porter une petite croix de paille que l'on me mettrait sur les espaules sans mon choix, que non pas d'en aller couper une bien grande dans un bois avec beaucoup de travail, et la porter par apres avec une grande peine; et je croirois, comme il seroit veritable, estre plus agreable à Dieu avec la croix de paille que non pas avec celle que je me serais fabriquée avec plus de peine et de sueur, parce que je la porterais avec plus de satisfaction pour [447] l'amour propre qui se plaist tant à ses inventions et si peu à se laisser conduire et gouverner en simplicité, qui est ce que je vous desire le plus.

  A006000979 

 Non, ma chere Sœur, la charité ne requiert pas que les Sœurs se tiennent en attention pour recognoistre et remarquer si quelque chose ne manque point à quelques unes, tandis qu'elles n'en ont point de charge; mais si elles apperçoivent quelque necessité en une Sœur elles doivent en advertir la Superieure tout simplement, sans l'agrandir ni la diminuer, non plus que si c'estoit pour elles-mesmes..

  A006000998 

 Je desire fort qu'on ne parle point de la mangeaille parmi nous; mangeons à la bonne foy ce qui nous sera presenté, qu'il soit à nostre goust ou non; pourveu que nostre sac à vers se soustienne, c'est assez.


07-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome VII-Vol.1-Sermons.html
  A007000126 

 Au reste, c'est aujourd'huy que non seulement les vieux mais aussi les jeunes doivent prescher, puysqu'il a esté prophetizé de ce jour que prophetabunt filii vestri et filiæ vestræ, et juvenes vestri visiones videbunt.

  A007000129 

 Mays Dieu le Pere voulant exprimer et dire ce qu'il entendoit, consideroit et pensoit de soy mesme, comme s'il se fust voulu donner un nom propre et se nommer soy mesme, il dict un mot, une parolle, un Verbe qui le representa si naïfvement et exprima si vivement ce qui estoit en luy, que ce Verbe fut un autre luy mesme, et fut « vray Dieu de vray Dieu; » non [3] pas qu'il y eust deux dieux, mais parce qu'il y eut deux Personnes participantes d'une seule, et simple, et indivisible, et totale divine essence..

  A007000132 

 Ce que nous voulant enseigner lhors qu'elle parle de la creation des choses en leur estre naturel, parlant de celle de l'homme, elle introduit la Majesté divine en ses troys Personnes, disant: Faisons l'homme a nostre sem blance car si une seule Personne eust creé l'homme, elle eust dict: Je fais, et non pas: Faisons, comme nous trouvons escrit: Faciamus hominem ad imaginem et similitudinem nostram. Et David chante: Benedicat nos Deus, Deus noster, benedicat nos Deus; Dieu nous benie, Dieu nostre, Dieu nous benie; ne reprenant par troys fois ce nom de Dieu sinon pour nous monstrer que non seulement le Pere benit, non [5] seulement le Filz benit, mais encores le Saint Esprit, et tous trois ensemble sont ceux qui benissent.

  A007000133 

 Donq, encores que l'operation merveilleuse et puyssante qui a esté faitte es cœurs de l'Eglise naissante a tel jour qu'aujourd'huy, aye esté faitte egalement par le Pere, le Filz et le Saint Esprit, neantmoins, parce qu'en icelle reluit une principale bonté, misericorde et magnifique liberalité, on ne dict pas que toute la Trinité soit venue sur les Apostres, mays on dict et on celebre la descente du glorieux Saint Esprit: a la charge que vous ne vous imagineres pas que pour cela il aye changé de lieu pour descendre; car estant Dieu, il est tellement par tout par « essence, presence et puyssance, » que est in mundo non inclusus, extra mundum non exclusus.

  A007000141 

 Mais ce bruit, ce vent, ceste impetuosité, au lieu de frayeur se changea en une douce pluye des graces celestes, qui abbreuva si a souhait leurs courages, que des lhors il ne se parla plus de secheresse, ni d'aridité, ni de fletrisseure; car il leur arriva ce qui est dict de l'homme de bien par le saint roy David, lequel dict: Tanquam lignum quod plantatum est secus decursus aquarum, quod fructum suum dabit in tempore suo; et folium ejus non defluet, et omnia quæcumque faciet prosperabuntur..

  A007000142 

 Si ces langues furent de vray feu ou non, je n'en diray rien; il suffit qu'elles avoyent repræsentation et figure de feu et estoyent comme feu.

  A007000143 

 Ainsy ce mesme Esprit aujourd'huy est porté par dessus le feu, non ja pour creer et former le monde, mais pour le recreer et reformer: Et apparuerunt illis dispertitæ linguæ tanquam ignis, seditque supra singulos eorum.

  A007000144 

 Or les theologiens, non contens de sçavoir resolument que plus admirable a esté la Majesté divine en la reformation qu'en la formation du monde, ains que plus est admirable la justification du simple et seul pecheur, laquelle neantmoins se faict tous les jours en cent mille lieux du Christianisme, non contens, dis je, de le sçavoir, ilz demandent entr'eux le pourquoy, affin par apres de pouvoir rendre conte aux curieux de leur dire, et de faire mieux connoistre aux hommes la grace que Dieu leur [11] faict quand il les appelle a pœnitence.

  A007000149 

 O mon ame, ma chere moitié, n'as tu jamais ouy en toy mesme le Seigneur ton Dieu te commander: Ambula coram me, et esto perfectus? Ouy sans doute; et luy as tu jamais respondu: Recede a nobis, viam mandatorum tuorum nolumus? O combien de fois, avec tant de pechés, as tu rejetté les inspirations de Dieu; combien de fois luy as tu fait resistance! Ah, la lamentable voix que Dieu rend par Isaye, se plaignant de nous autres: Tota die expandi manus meas ad populum non credentem, et contradicentem mihi.

  A007000152 

 Et spiritu oris ejus; et par le Saint Esprit, qui est respiré par la bouche et sapience du Pere comme un souspir d'amour, toute leur vertu a esté perfectionnëe et tellement establie, que des lhors, selon la plus probable opinion, non seulement quant a la foy, qui est chose certaine, mais mesme quant aux mœurs, les Apostres ne firent onques faute.

  A007000153 

 Donq ceste voix, ce son, estoit signe que par la parolle de Dieu portee par la voix des Apostres, l'idolatrie avec ses adhaerans seroit bouleversee comme les veaux qui paissent au Liban et que in omnem terram exibit sonus eorum, et in fines orbis terræ verba eorum; et que portæ inferi non prævalebunt adversus eam; et que reges erunt nutritii Ecclesiæ et principes pulverem ejus lingent..

  A007000162 

 Si que, comme ce premier deluge nettoya, reforma et renouvella la terre, aussi cestuy [cy] la remet, la reforme et la renouvelle, dont nous chantons: Emitte Spiritum tuum et creabuntur, et renovabis faciem terræ; et desormais sedebit rex Dominus in æternum, c'est a dire Jesus Christ, qui regnabit in domo Jacob, et regni ejus non erit finis..

  A007000166 

 Mays non; nous voulons dire que le malade, il vit selon la diete ordonnëe par le medecin, selon la regle, selon la maniere; et l'advocat, qu'il vit du gain (ou juste ou injuste, selon que l'advocat a l'ame bonne ou mauvaise), du gain qu'il faict par le moyen de ses livres.

  A007000167 

 Jamais Dieu ne cessera de nous chastier, jusques a ce que nous cessions de pecher, dict l'Apostre saint Pol: Tu autem secundum impænitens cor tuum, etc. Et ceste impcenitence vient d'une certaine courtoysie que chacun a envers soy mesme; que chacun se flatte, chacun est prest ad excusandas excusationes in peccatis, chacun rejette la cause de nos maux sur le peché d'autruy, et non sur les siens, comme l'on devroit; et me semble, a ouÿr les discours que l'on va faisant en Savoye, que je vois jouer au change..

  A007000170 

 Je n'ay garde de dire qu'il faille chasser le peché des autres, affin de ne pas jouer au change aussi bien que les autres; mais je vous prieray que chacun die comme moy, et que chacun parle a sa conscience propre et non pas a celle des autres.

  A007000171 

 Que si non seulement propter me tempestas hæc orta est, sed propter hunc totum populum, changes nos volontés mauvayses en bonnes, et nos courages mauvais en bons: Cor mundum crea in me, Deus.

  A007000174 

 Sans luy, jamais nous ne pourrions le recevoir; car Dieu voyant devant le deluge les grans pechés qui se [27] commettoyent, ne dict il pas: Non permanebit spiritus meus in homine, quoniam caro est? O sentence terrible, o decret effroyable! Mais Nostre Seigneur, lhors qu'on rompoit sa beniste peau sur l'arbre de la croix et en la colomne, il rompoit avec son merite decretum chirographi, le decret et cedule qui nous tenoit obligés au pouvoir des enfers.

  A007000177 

 « Non habebit Christum in fratrem, qui Mariam noluerit habere in matrem, et qui non erit frater Christi, sane nec cohæres.

  A007000179 

 Donques, qui veut avoir le Saint Esprit, qu'il se joigne avec Marie, quia qui cum ea non colligit, spargit.

  A007000188 

 Non, je ne m'abuse point, car je vous apporte ceste pierre sur la parole toute puyssante de Nostre Seigneur, laquelle nous asseure que ceste pierre nous doit tous repaistre: Petre, amas me? Tu scis, Domine, quia amo te.

  A007000189 

 Addressons nous a nostre tres glorieuse Dame la Sainte Vierge, et la prions qu'elle dise a son divin Filz, non pour le tenter mays pour le glorifier: Dic ut petra [31] hæc panis fiat; et soyes asseurés que si la semaine passëe Nostre Seigneur cibavit vos ex adipe frumenti (Psal. 80 ), maintenant, de petra melle saturabit vos.

  A007000192 

 Amen, amen, dico tibi: cum esses junior, cingebas te et ambulabas ubi volebas; cum autem senueris, extendes manus tuas et alius te cinget, et ducet quo non vis.

  A007000192 

 Omnia tempus habent: tempus nascendi, et tempus moriendi, dict l'Escriture Sainte: dont je prens occasion d'admirer que l'Eglise Catholique nostre Mere, aye commandé, et non sans rayson, que dedans l'octave d'une si grande resjouyssance comme est celle de la nativité de saint Jan, on celebrast la glorieuse memoyre du martire de saint Pierre, grand gouverneur de l'Eglise militante; car si, comme dict l'Escriture, musica in luctu importuna narratio est, s'il y a tems de mourir et tems de naistre, pourquoy donques a on meslé eh une mesme octave la mort de saint Pierre avec la naissance de saint Jan? Certes, mes chers auditeurs, il sera bien aysé de trouver responce a ce doute et satisfaire a ceste admiration.

  A007000194 

 Quand je considere que l'Eglise nostre Mere nous propose en la joyeuse octave de la nativité de saint Jan la solemnité de la mort douloureuse de saint Pierre, sçachant qu'elle est conduitte du Saint Esprit, je crois qu'elle le faict pour quelque similitude et rapport qu'il y a entre la mort de l'un et la nativité de l'autre; pensëe en laquelle je suys d'autant plus confirmé, que je vois que la mesme Eglise appelle aussi bien naissance la mort de saint Pierre que la nativité de saint Jan, voyant que non seulement en la mort, mays encores en leur vie mesme, j'y trouve certaine alliance et grande ressemblance, quoy qu'en certains pointz il y aye de la dissimilitude, comme il y en a tousjours entre les choses du Viel et du Nouveau Testament..

  A007000200 

 Saint Jan nasquit pour finir la Loy mosaïque, saint Pierre mourut pour commencer l'Eglise Catholique; non que saint Pierre fust le commencement fondamental de l'Eglise, ny saint Jan la fin de la Synagogue, car c'est Nostre Seigneur, lequel mit fin a la Loy de Moyse, disant sur la croix: Consummatum est (Joan., 19 ), et resuscitant, il commença l'Eglise nouvelle; car comme il se renouvella luy mesme, aussi renouvella il son Eglise: il se renouvella, dis je, resuscitant revestu d'immortalité, luy qui s'estoit auparavant revestu de nostre mortalité: Et habitu inventus ut homo, etc.; Philip., 2.

  A007000203 

 Ainsy furent sanctifiés les Apostres au jour de la Pentecoste; de quoy nous avons tesmoignage en saint Pol, qui dict qu'il est asseuré qu'aucune chose, non pas mesme la mort, ne le pourra separer de la charité de Jesus Christ: Scio quia neque mors nos separabit a charitate Christi; Rom., 8..

  A007000203 

 Mais les derniers sont sanctifiés, non seulement d'une sanctification commune qu'on appelle justification, ains d'une sanctification singuliere de laquelle ilz ne peuvent plus descheoir.

  A007000208 

 Mais remarques cecy: car Dieu nous appelle dieux; le diable nous appelle dieux, quoy que non pas absolument, disant: Eritis sicut dii, scientes bonum et malum.

  A007000210 

 Lautrefoys il luy dict: Sequere me, quand il se fut informé que deviendroit saint Jan: saint Jan demeurera comme il me plaira; quant a toy, il faut que tu me suives, non seulement au vicariat et gouvernement de mon Eglise, mays encores en mourant sur une croix comme moy..

  A007000210 

 Saint Augustin demande pourquoy Nostre Seigneur dict a saint Pierre: Sequere me; il respond que c'est comme s'il luy eust voulu dire: Quant a toy, Pierre, tu me suyvras non seulement a la mort, mais encor quant a la façon de la mort; en quoy Euthymius s'accorde, quoy que Theophylacte entende par ces parolles, que Nostre Seigneur luy vouloit dire: Sis vicarius meus.

  A007000211 

 L'Eglise romaine estoit in Babylone, sed non de Babylone, comme antichristi multi ex nobis prodierunt, sed non erant ex nobis; I Joan., 2.

  A007000211 

 Le lieu ou saint Pierre a esté crucifié, c'est Rome sans doute, car ainsy le rapporte toute l'antiquité; de quoy nos adversaires sont bien marris, et veulent non seulement nier qu'il soit mort a Rome, mais encores qu'il y aye reside, avec des raysons les plus impertinentes et frivoles qu'on se puisse imaginer.

  A007000211 

 Ouy vrayement, car l'idolatrie regnant en ce tems la a Rome qui estoit baignëe du sang des Martirs par la tyrannie de Neron, ceste ville devoit estre appellëe neronienne ou Babylone, et non pas chrestienne.

  A007000212 

 Ainsy donq le glorieux saint Pierre alla apres et suyvit Nostre Seigneur, non seulement en ce qu'il fut son lieutenant en ce monde, mais encores en ce qu'il mourut en croix comme luy..

  A007000215 

 Ce signe estoit comme un præsage pour saint Pierre, qu'il porteroit un jour la Croix et le sceptre de Nostre Seigneur, non solum patiendo, sed etiam regendo.

  A007000215 

 L'Evangeliste ne nomme pas la pluspart des personnes qui se trouverent a la Passion; mais cestuy ci, il le nomme, non sans mistere, et l'appelle Simon.

  A007000216 

 D'icy je vous puys conduire a l'intelligence d'une autre difficulté, que je vous veux esclaircir: c'est que Nostre Seigneur voulant donner le gouvernement de sa bergerie a saint Pierre, il l'appelle tousjours Simon Joannis, non pas Pierre, encores que luy mesme luy eust changé de nom.

  A007000218 

 Saint Pierre une fois fit le courageux, disant a Nostre Seigneur: Etiam si oportuerit me mori tecum, non te negabo (Matt., 26 ); puys, a la voix d'une chambriere, il le renia troys foys, et ayant reconneu son peché, tout incontinent il se retira pour le pleurer amerement; et non seulement alhors, mays il le pleura toute sa vie, ainsy que dict saint Clement, de sorte qu'il pouvoit bien dire: Seigneur, vous m'arrouseres de l'hyssope de la contrition, et je seray nettoyé de mon peché; vous me laveres dans l'eau de mes larmes, et je seray plus blanc que la neige.

  A007000219 

 Ainsy Nostre Seigneur est tousjours chef de l'Eglise, mays non pas saint Pierre; Nostre Seigneur a son vicaire, et saint Pierre a son successeur..

  A007000222 

 C'est luy duquel parle saint Hierosme en l'Epistre a saint Damase, ou il dict: « Non novi Vitalem, Meletium respuo, ignoro Paulinum.

  A007000222 

 Non autre, certes, que saint Pierre et ses successeurs.

  A007000222 

 Quicumque tecum non colligit, spargit; hoc est, qui Christi non est, antichristi est.

  A007000223 

 A Romme donques est mort saint Pierre, vraye pierre, non pas fondamentale premiere, mais deuxiesme; car Nostre Seigneur est ceste grande premiere et angulaire pierre fondamentale, non seulement de l'Eglise militante, mays encores de la triomphante.

  A007000223 

 Comme donques Nostre Seigneur mourut en Hierusalem, ut de Sion exiret lex et Mot Domini de Hierusalem (Mich., 4 ), pource qu'elle estoit le chef de la Judëe, ainsy voulut il transferer le siege de son Eglise a Romme, chef du Gentilisme, affin de dire populo non suo: Populus meus es tu.

  A007000223 

 La rayson en est bien aysëe a donner: c'est que Dieu avoit dessein de prendre les Gentilz pour son peuple, abandonnant l'ingrate nation des Juifz, non en la destituant des secours necessaires pour son salut, mays luy ostant les privileges qu'il luy avoit concedés, desquelz elle s'estoit rendue indigne.

  A007000223 

 Ne sçaves vous pas ce que les Apostres saint Pol et saint Barnabé disent es Actes, parlant aux Juifz: Vobis primum oportebat loqui Mot Dei, sed quia repellitis illud, ecce convertimur ad Gentes? Et ne sçaves vous pas ce que disoit [49] Osee en son second chapitre: Et dicam non populo meo: Populus meus es tu; et ipse dicet: Deus meus es tu? C'est dequoy parle saint Pol en son 9.

  A007000224 

 Croyons donques simplement, sous-mettons nostre entendement a la foy que Nostre Seigneur a fondé sur ceste pierre, car portæ inferi non prævalebunt adversus eam; Matt., 16; Christus rogavit pro Petro ut non deficeret fides ejus; Luc., 22.

  A007000225 

 Pourquoy? parce que les pensëes d'infidelité sont nostres, et les pensëes de fidelité sont de Dieu: Non sumus sufficientes cogitare aliquid ex nobis tanquam ex nobis, sed omnis sufficientia nostra ex Deo est; 2.

  A007000227 

 Aymes le de tout vostre cœur, serves le [52] fidellement, evites soigneusement tout ce qui le peut offenser, et par ce moyen vous obtiendres la paix, car il dict: Pax multa diligentibus legem Dei, et non est illis scandalum.

  A007000228 

 La guerre, la pauvreté et les autres miseres nous crucifient, il est vray, mais elles nous crucifient comme le mauvais larron et non comme saint Pierre; c'est a dire qu'au lieu de prouffiter de ces maux, nous en empirons.

  A007000249 

 Soustenes moy, et inspires et soufles puyssamment, par les souspirs et devotions que vous jetteres aux pieds de la glorieuse Vierge pour impetrer la faveur du Saint Esprit, saluant ceste Dame, Mere de Dieu, du salut que le mesme Dieu luy fit fayre; et par ainsy, non seulement, comme je vous disois, vous sonneres de la trombe en ce renouveau du mois, mays ce que vous dict le mesme Psalmiste: Laudate Deum in sono tubæ.

  A007000251 

 Despuys n'ay je eu cest honneur de vous parler de la part de Dieu, que je vous rapportay ces paroles de nostre Maistre a son disciple saint Pierre: Cum esses junior, cingebas te et currebas ubi volebas; cum autem senueris, alius cinget te, et ducet quo non vis; et vous dis que ces dernieres paroles furent accomplies en la mort de ce glorieux Prince, lhors quil fut lié pour estre crucifié.

  A007000257 

 Calice et couppe pleyne de si prætieuse liqueur que Nostre Seigneur aillieurs, parlant non selon le goust de la partie inferieure, mays selon le goust de la partie superieure, il prend a poinct d'honneur [59] qu'on le veuille empescher de le boire: Calicem quem dedit mihi Pater, non vis ut bibam illum?.

  A007000259 

 Mays non seulement ilz furent praedicts, mays encores sont tracés au modelle de la Passion de Nostre Seigneur, aussi bien que sa mort; si que, encores quand aux liens, il semble que Nostre Seigneur dict a saint Pierre: Sequere me.

  A007000263 

 Ah, ja Dieu ne playse que jamais ce malheur arrive en Savoÿe; non, non.

  A007000263 

 Il faut fayre ceste resolution, que non inveniet Deum in die judicii Patrem, qui in terra Ecclesiam non reveretur ut matrem.

  A007000264 

 C'est celuy qui non abiit in consilio impiorum, quia rogavit pro te ut non deficiat fides sua.

  A007000264 

 C'est luy qui in cathedra pestilentiæ non sedit, puysque in cathedra seniorum laudant eum. C'est luy qui est planté secus decursus aquarum, puysquil a la perpetuelle influence de la foy.

  A007000264 

 C'est luy qui in via peccatorum non stetit, car il demeure en sa bergerie: Pasce oves meas.

  A007000264 

 C'est luy qui ne seche jamais et rend bon fruict en son tems, puysque de son fruict se repaissent les ouailles du Seigneur, et a l'abril de ses feuilles, elles sont gardees et du chaud et du froid; car c'est d'elles que parle le Psalmiste: Sol non uret te per diem, neque luna per noctem..

  A007000279 

 C'est une chose bien certaine et qui nous devroit bien consoler, que Jesus Christ Nostre Seigneur et Maistre, en toute rigueur de justice, avec un juste prix, a payé et satisfait a Dieu son Pere ce que nous avions merité de peyne pour tous nos pechés, et non seulement pour tous les nostres, mays pour tous ceux de tout le monde.

  A007000282 

 N'aves vous jamais ouÿ dire: Je voudrois avoir racheté ce cheval de troys fois autant qu'il valoit? N'aves vous jamais veu des dames tuer des moutons pour nourrir un petit chien couard et caignard, qui ne valoit pas l'un des pieds du pauvre mouton? Qui faict cela? l'affection, non la valeur et juste estimation.

  A007000284 

 Aristote, en ses Ethic., liv. 5, chap. 5, dict que « si quelque grand personnage frappe, il ne le faut pas frapper; si on le frappe, il faut estre non seulement refrappé, mays encor griefvement chastié.

  A007000286 

 Philip., 2: Non rapinam arbitratus est, esse se æqualem Deo; sed semetipsum exinanivit, formam servi accipiens.

  A007000287 

 chap., ou Job dict: Vere scio quod non justificetur homo compositus Deo. Accordes l'un avec l'autre.

  A007000289 

 Qui void et ne croid n'est bienheureux que comme les Juifz; qui croid et ne void est bienheureux comme il fut dit a saint Thomas: Beati qui non viderunt et crediderunt; qui void et croid est bienheureux encores comme saint Thomas, qui vid premierement, et puys creut; mais qui croid et void: Beati oculi, etc. Donq le fondement de toute beatitude c'est la satisfaction de Nostre Seigneur surabondante; la veuë du cors de Nostre Seigneur est la beatitude de nos yeux corporelz praeparëe; mais ny l'un ny l'autre ne nous profitera de rien, si nous ne l'appliquons a nous mesmes par la foy, esperance, charité et par les Sacremens..

  A007000290 

 Saint Jan dict bien que Nostre Seigneur dedit eis potestatem filios Dei fieri; mais qu'adjouste-il? His qui credunt in nomine ejus; et ailleurs: Sic Deus dilexit mundum, ut Filium suum, etc., ut omnis qui credit in eum non pereat, sed habeat vitam æternam.

  A007000294 

 Quant aux traditions ecclesiastiques, n'y a il pas en l'Evangile: [75] Qui vos audit me audit? Si quis Ecclesiam non audierit, etc.? Ut scias quomodo oporteat te conversari in domo Dei, quce est columna et firmamentum veritatis? Rogavi pro te, Petre? Jamais je ne cesseray de vous prier, Messieurs, pour l'affection que j'ay au service de vos ames, que vous taschies a vous acquerir une grande simplicité en la foy, croyant et voulant inviolablement croire ce que l'Eglise croit; ce sera vostre consolation en la mort..

  A007000295 

 Or, ce pendant que Nostre Seigneur dict ces paroles, tout a propos arriva un docteur de la loy, qui, pour le tenter, demanda: Maistre, qu'est ce qu'il faut faire pour avoir la vie eternelle? Je dis tout a propos, non pour l'intention de cestuy cy, qui estoit mauvaise, mays pour les paroles qu'il dict: Domine, quid faciendo? etc., lesquelles de soy estoyent tres bonnes et a propos; car Nostre Seigneur ayant loué le bien croire des Apostres, cestuy cy l'interroge du bien faire: Domine, quid faciendo? Laissons a part l'intention; ces paroles sont pleines d'esperance.

  A007000296 

 Non, non, il ne le faut pas penser sans rien faire, mays en faysant: Domine, quid faciendo? Et de vray, qui croit bien ce dont nous avons discouru au commencement, comme n'esperera il de Dieu toute sorte de biens? Qui connoist combien Dieu a faict pour nous, et qui croit aux peynes que Nostre Seigneur a endurëes pour nous, il ne peut qu'il ne soit en bonne esperance: ainsy la Magdeleyne, [76] ut cognovit quod Jesus accubuisset, attulit alabastrum.

  A007000301 

 Que si d'adventure quelqu'un de ces sçavans rafroidis au vent de la bise venoit en vostre ville, et en murmuroit ou la vouloit calomnier, gardes de luy prester consentement, Messieurs d'Annessy; car nul n'en peut mesdire, personne n'en peut murmurer qu'il ne peche, pour ce que, quand bien ce seroit invention nouvelle, si est-ce qu'apres que vostre Prælat l'a authorizëe, vous la deves honnorer, non pas la mespriser pour cela.

  A007000301 

 Respondes, âmes devotes et courageuses, a ceux qui en gausseront: Patres nostri annuntiaverunt nobis, non seulement parce que Monseigneur le Reverendissime et ceux qui l'ont dressëe sont peres qui ayment autant vos ames que vous le pouves souhaitter, mays pour ce que l'institution est ancienne, et y en a de toutes semblables a Paris, Lyon, Tholose, Avignon, par toute la France et l'Italie.

  A007000332 

 Et puys, ceste maladie a une tres mauvaise condition, c'est qu'elle est presque incurable, aussi bien que la paralysie corporelle; non pas que le sauverain Medecin ne le sçache et ne le puisse faire, mais parce que ceux qui en sont atteintz ne sentant pas leur mal, pour la pluspart, ilz n'ont point de recours au medecin si quelqu'un ne les y porte, comme vous voyes aujourd'huy; car, comme dict le Prov., 26, v. 16: Sapientior sibi videtur piger, septem viris loquentibus sententias.

  A007000334 

 Que penses vous que faict l'artisan qui survend sa marchandise, et lequel a tout propos jure, se maudit, etc., affin de vendre troys foys autant, et dict que c'est un gain honneste qu'il faict en homme de bien? Il cherche des excuses ad excusandas excusationes in peccatis, et c'est pour luy que David a adjousté: Qui jurat proximo suo, etc.; et Dieu: Non furtum facies.

  A007000336 

 C'est pour cela que David a laissé par escrit: Exitus aquarum deduxerunt oculi mei, quia non custodierunt legem tuam.

  A007000336 

 L'usurier va il pas se trompant luy mesme, avec dix mille excuses pour faire mentir l'Escriture qui dict que telles sortes de gens n'iront point in tabernaculum Domini? Les prestres se flattent ilz pas avec des dispenses, quoy que le nemo potest duobus dominis inservire soit escrit en grosse lettre? Les dames se flattent elles pas, n'aymant point leurs maris, se playsant d'estre courtisees, s'excusant qu'elles ne font point d'actes contraires a leur honneur? Se plaisent elles point de passionner cestuy ci et celuy la, s'excusant que nonobstant, elles ne voudroyent pour rien violer la loy de leur mariage? C'est pour cela que Nostre Seigneur dict: Non concupisces.

  A007000337 

 : Fili, peccasti? non adjicias iterum, sed de pristinis deprecare Dominum.

  A007000337 

 Qui ne pleureroit lisant le chap. 5 du livre 8 des Confessions de saint Augustin, ou il se lamente d'avoir procrastiné sa conversion? O Seigneur, comme te respondois je? « Modo, ecce modo, sine paululum; sed modo et modo non habebant modum, et sine paululum ibat in longum.

  A007000339 

 Cela te semble il chose si difficile qu'il ne la faille faire pour un si grand bien? C'est chose toute arrestëe que nisi manducaveritis carnem Filii hominis, non habebitis vitam in vobis.

  A007000339 

 Certainement la peyne est legere; mais si tu ne veux prendre peyne aucune, je te diray: Si quis non vult operari, non manducet, ny le pain du cors ny le pain de l'ame, comme indigne de vivre; mais asseure toy que anima effeminata esuriet; ainsy que dict David: Et aruit cor meum, quia oblitus sum comedere panem meum.

  A007000339 

 Tellement, que de ces paralytiques [91] spirituelz on peut bien dire que trepidaverunt timore ubi non erat timor; et avec ceste reprehension: Dereliquerunt me fontem aquæ vivæ, et foderunt sibi cisternas dissipatas, quæ continere non valent aquas..

  A007000340 

 Le feu de genevre est sain au catharre, non pas celuy de chesne.

  A007000342 

 Ne vous imagines pas tant de peynes, car Nostre Seigneur dict: Ego cogito cogitationes pacis, et non afflictionis.

  A007000349 

 Quod licet ex littera aliter intelligatur, ex spiritu tamen qui vivificat, ad eos qui quærunt antea præsidere quam sedere traducendum relinquitur; atque sane fructus præcoces et vernales non diu asservari possunt quin putrescant..

  A007000350 

 Ergo non immerito ea urgebat mentem meam increpatio: Siccine, o Francisce, qui omnibus, meritis, ingenio ac moribus postponendus eras, primoribus præponendum ducis? An nescis honores periculis ac oneribus esse [95] plenissimos? Hisce vocibus interius diu perterritus, illud Davidicum (sic) volvebam: Deus audivi auditiones tuas, et timui..

  A007000352 

 At vero nunc video me trepidasse timore ubi non erat timor.

  A007000352 

 Non opus est præceptore cui nihil addiscendum est; facile, flantibus ventis secundis, gubernacula a quolibet nauclero tenentur..

  A007000353 

 Illud quidem satis adverto, vos, Præpositis doctissimis, gravissimis, fœlicissimis hactenus assuetos, in tanta ejus quæ hujus consessus prima est dignitatis mutatione ac declinatione, non posse quin aliquod sentiatis fastidium; illudque animo subibit quod dixit quispiam:.

  A007000378 

 Quæ animi mei [perturbatio] passio, quoniam ab iis causis profecta est a quibus, ut temerarius non essem, proficisci debuerat, ea qualis sit si placet explicabo, ne aliqua de me hoc initio sinistra suspicio suboriatur..

  A007000379 

 Ac quia consueverunt præfecti provinciarum, initio administrationis suæ, magna statim ac præcelsa inire consilia, ut initium suæ præfecturæ alicujus rei celebritate commendarent, ego arduum illud quidem ac magnum, nobis tamen non impossibile nec indignum, proferam consilium ad deliberandum: de Geneva scilicet hujus vestri consessus avita sede recuperanda, ejusque consilii ad exitum perducendi modum certamque racionem declarabo.

  A007000380 

 Hisce sane præteritis natalibus festis, cum ipsa dierum solemnitas animum ad sui ipsius recognitionem revocaret, de reliqua hujus temporis mortalitate cogitanti mihi, inter alia quæ mare istud naviganti difficilia occurrebant, illud fuit unum, gravitate quidem non infimum vicinitate vero proximum; me scilicet Præpositum [Ecclesiæ Cathedrali] Canonicis Sancti Petri Gebennensis, ex placito Summi Pontificis, nuper fuisse renunciatum..

  A007000381 

 Illud enim subibat Davidicum: Vanum est vobis ante lucem surgere; surgite postquam sederitis; quod licet ex littera alio spectet, ex spiritu tamen qui vivificat, ad eos facile traduci potest qui quærunt antea præsidere quam sedere, quique, fructus vernalis et præcocis instar, non diu asservari possunt quin putrescant.

  A007000385 

 Conjicio quidem satis et adverto vos, Præpositis gravissimis hactenus assuetos, in tanta primæ hujus vestræ sedis mutatione, aut ut verum fateor declinatione, facere non posse quin aliquam sentiatis nauseam, illudque memoria repetatis:.

  A007000392 

 Dicam ergo et fatebor in dissita longeque inferiori conditione quod olim sapientissimus hominum dixit: Stultissimus sum virorum et sapientia hominum non est mecum; non didici sapientiam et non novi scientiam sanctorum. Sed idem subinde cum Davide animum solabor: Quoniam non cognovi litteraturam, introibo in potentias Domini.

  A007000393 

 Sed ne quis dicat nihil esse quod tam magnifice de [104] Dei bonitate sperandum mihi sit, qui ipse ultro gradum conscendi ex quo tam facilis est casus et præcipitatio; Deum quippe eos juvare in arduis qui sibi pericula non concitaverunt, qui vero periculum amant in eo perituros, tollam, si placet, hujusmodi de me sperandi impedimentum..

  A007000395 

 Sin ut non indignum probaretis, humeros oneri alacriter submitterem, tutum nimirum ratus vestrum sequi judicium..

  A007000397 

 Charitas non ficta omnia potest, omnia superat, non excidit, non agit perperam.

  A007000397 

 Quo fiet ut et qui major est sit sicut minor, et sint novissimi primi, et primi novissimi, in charitate non ficta.

  A007000398 

 Non ferrum, non sulphureum pulverem qui caminum inferni sapit ac redolet propono; non ea promoveo castra [107] quæ qui sequuntur nulla illis fides pietasque viris.

  A007000399 

 Fame, siti, non tam aliorum quam nostri, pellendi sunt hostes; oratione sunt abigendi, quandoquidem genus est dæmoniorum quod non nisi oratione et jejunio ejici potest.

  A007000401 

 At quando ita sunt animati, Commilitones, ut aliena non sua videant facta, præscindamus quæso hujus aquæ cursum; unusquisque fontem proprium servet ne saltem ad hostes profluat.

  A007000401 

 Deberent illi quidem sua recognoscere vitia, et alienis non offenderentur; ut sub eadem aquæ voce sapienter monuit Salomon: Bibe aquam de cisterna tua.

  A007000405 

 Templa passim quacumque versus eat hæresis destruit, evertit, imagines frangit; Genevæ templa intacta, imagines non nisi paulisper oblitterata facie vastatæ sunt, subsellia Canonicorum adhuc extant.

  A007000418 

 Entre plusieurs difficultés qu'offrait ma traversée sur cette mer, la première, non moins grave et plus proche que toutes les autres, fut ma nomination par le bon plaisir du Souverain Pontife, à la Prévôté du Chapitre de l'Eglise Cathédrale de Saint-Pierre de Genève..

  A007000427 

 En réalité, mes Pères, cette conjoncture est-elle heureuse ou non, ce n'est pas à moi de le dire.

  A007000436 

 C'est par la faim et la soif, endurées non par nos adversaires mais par nous-mêmes, que nous devons repousser l'ennemi.

  A007000438 

 Mais puisqu'il en est ainsi, mes Compagnons d'armes, puisqu'ils regardent les actions d'autrui et non les leurs, arrêtons le cours de cette eau, je vous prie; que chacun veille à ce que sa source privée ne coule pas jusqu'à l'ennemi.

  A007000442 

 En un mot, car il faut terminer ce discours, nous devons vivre d'après la règle chrétienne, de telle sorte que nous soyons Chanoines, c'est-à-dire réguliers, et enfants de Dieu, non seulement de nom mais encore d'effet..

  A007000459 

 Nemo potest venire ad me, etc. Quis te discernit? Quid habes quod non accepisti? Si autem, etc. Trahe me post te; curremus in odorem.

  A007000460 

 Car on sçait bien: Non sumus sufficientes cogitare aliquid ex nobis, tanquam ex nobis.

  A007000460 

 « Sine gratia non curritur ad gratiam; » Prosper.

  A007000462 

 12: Crie misericorde le sang de Nostre Seigneur, non comme celuy d'Abel.

  A007000496 

 Il demande signe: Non credent mihi, nec audient vocem meam, sed dicent: Non apparuit tibi Dominus..

  A007000500 

 Nostre Seigneur par Hieremie advertit: Nolite audire verba prophetarum qui prophetant vobis et decipiunt vos; visionem cordis sui loquuntur, non de ore Domini; et apres: Non mittebam prophetas, et ipsi currebant; non loquebar ad eos, et ipsi prophetabant.

  A007000500 

 Qui dixerunt: Linguam nostram magnificabimus, labia nostra a nobis sunt, quis noster dominus est? Et [122] en Hieremie, 14: Vaticinantur; non misi eos; au 23: Ecce ego ad prophetas, ait Dominus, qui assumunt linguas suas..

  A007000503 

 Il atteste sa mission par miracles, et proteste que sans les miracles sa mission n'estoit pas justement prouvëe au peuple; de maniere qu'il dict en saint Jan, 14: Parole quæ loquor vobis, a meipso non loquor; et incontinent: Alioquin propter ipsa opera credite; et au 15: Si opera non fecissem in eis, quæ nemo alius fecit, peccatum non haberent..

  A007000503 

 Mays nonobstant tout cela, non content de se dire estre envoyé, non content de prouver sa mission par l'Escriture, il veut un tesmoignage perceptible et clair de son Pere, au Baptesme, en sa Transfiguration: Hic est Filius meus dilectus, in quo mihi bene complacui; ipsum audite; et de rechef en saint Jan, 12: Et clarificavi, et iterum clarificabo.

  A007000503 

 Que diray je? Nostre Seigneur, apres avoir esté prædict avec tant de circonstances, encores veut il monstrer sa mission, et se targue tousjours d'icelle, disant tantost: Sicut misit me Pater (20. Jo. ), Doctrina mea non est mea, sed ejus qui misit me (7. Jo. ); et puys [123] il s'escrie: Et me scitis, et unde sim scitis, et a meipso non veni.

  A007000504 

 Tirons donques ceste conclusion tres certaine, [1.] que la mission est necessaire, comme dict saint Pol, Ro., 10: Quomodo invocabunt in quem non crediderunt? quomodo credent quem non audiverunt? quomodo audient sine prædicante? Quomodo prædicabunt nisi mittantur? [124].

  A007000508 

 Et ne faut point dire que l'ordinaire manque quelquefois, car regni ejus non erit finis.

  A007000509 

 Et pouvons bien dire d'eux ce que saint Pol prædict aux prestres Ephesiens, aux Act., 20, les voulant laisser: Ego scio quoniam post discessionem meam intrabunt lupi rapaces in vos, non parcentes gregi; et ex vobis ipsis exurgent viri loquentes perversa, ut abducant discipulos post se. 1.

  A007000509 

 Ex vobis ipsis: Catholici non ex Calvinistis, sed contra; quia prius Catholici quam hæretici.

  A007000509 

 Intrabunt, non mittentur.

  A007000509 

 Lupi, non canes; silvestres, non cogniti; feri, non pastoribus parentes.

  A007000509 

 Ut abducant discipulos: Catholici non abduxerunt discipulos Calvini, sed Calvinus Catholicorum.

  A007000509 

 Voyes donques, [126] ilz ne sont pas vrays ouvriers, quia paterfamilias non conduxit, non misit, non dixit ite; sed intraverunt, venerunt: Currebant, et ego non mittebam..

  A007000510 

 Tota die, dict Nostre Seigneur, expandi manus meas ad populum non credentem et contradicentem mihi.

  A007000511 

 Pœnitentibus veniam promisit, tempus pœnitendi non promisit..

  A007000515 

 Il y a de la peyne, mais non sunt condignæ passiones hujus sæculi ad futuram gloriam.

  A007000525 

 Estant l'armëe en la campaigne de Hiericho, Josué levant les yeux en haut, vit un homme vis a vis qui tenoit son espëe nue en main, duquel s'approchant Josué, il luy dict: Es tu de nos gens ou de nos ennemys? Ce gendarme respond: Non, ny l'un ny l'autre; je suis prince de l'armëe du Seigneur; me voicy venu tout maintenant.

  A007000531 

 Or, ces murailles icy doivent tomber devant nostre Jesus, non plus filz de Navé mais Filz de Marie, a celle fin qu'il entre dans nostre ame et s'en rende possesseur.

  A007000533 

 Ah non; mays comme il faut desirer la viande pour [se] nourrir, ainsy faut il user de la parole de Dieu, qui est l'aliment de nos ames: Non in solo pane vivit homo, sed in omni verbo quod procedit de ore Dei.

  A007000533 

 Ou sont ceux qui ne vont a la prædication par curiosité de voir les façons et les paroles? Que diries vous de ce malade lequel sçachant qu'en un jardin il y a l'herbe qui le peut guerir, n'y va que pour voir quelques fleurettes? Semblables a Herodes, qui ne desiroit de voir Nostre Seigneur que par curiosité, et le mesprisa; aussi mesprisent-ilz les prædicateurs quand ilz en ont passé leur fantasie, comme les femmes grosses, qui non par faim, mais par fantasie, desirent des viandes.

  A007000533 

 Quant a l'intention, mes Freres, je voudrois qu'elle fust a l'avenant de celle de Nostre Seigneur, lequel ne nous a pas voulu parler pour autre fin que pour nous [133] sauver: Ut fides sit ex auditu, et omnis qui credit in eum non pereat, sed habeat vitam æternam.

  A007000534 

 C'est escouter la prædication comme un mottet de musique; Ezech., 33: Es eis quasi carmen musicum; et audiunt [134] verba tua, et non faciunt ea.

  A007000535 

 Et ceux-ci sont encores de ceux qui se doivent sentir piqués de ceste parolle de Nostre Seigneur: Qui habet aures audiendi, audiat; car, aures habent et non audiunt..

  A007000537 

 Ce qui procede de plusieurs causes: l'une, qu'ilz ne reçoivent pas la parole de Dieu comme telle, ains comme la parole des prædicateurs; et toutesfois Nostre Seigneur a dit une foys pour toutes: Qui vos audit me audit, qui vos spernit me spernit; Et ego vobiscum sum usque ad consummationem sæculi; et ailleurs: Non estis vos qui loquimini, sed Spiritus Patris vestri, etc. Dequoy se plaignant Nostre Seigneur, il dict a Ezechiel: Nolunt audire te, quia nolunt audire me.

  A007000537 

 La troisiesme condition est l'humble obeyssance a la parole ouÿe; car ceux qui oyent, et pour cela ne s'amendent pas, non habent aures audiendi: Ego tanquam surdus non audiebam, et sicut mutus non aperiens os suum.

  A007000539 

 Ezech., 3: Aperui os meum, et cibavit me volumine illo, et factum est sicut mel in ore meo; in ore, mais non in stomacho, quand il est question de faire operation.

  A007000540 

 Les autres, avec si peu d'attention, que la parolle de Dieu ne va pas jusques au cœur: Et natum aruit, quia non habebat humorem.

  A007000541 

 Estote factores (Jac., I ); qui enim verbi auditor est, et non factor, hic comparabitur viro consideranti vultum nativitatis suæ in speculo: consideravit enim se et abiit, et statim oblitus est qualis fuerit.

  A007000554 

 Ce sont les premieres ou plustost fondamentales paroles de la predication de Nostre Seigneur, lequel apres avoir jeusné quarante jours en la montaigne, descendant de la, commença a prescher aux Juifz, et puys a tout le monde, la sainte pœnitence pour la remission des pechez; nous faysant connoistre qu'ayant faict ce saint jeune pour une pœnitence non ja necessayre (car qui ne pecha jamays et ne peut onques pecher n'avoit ja besoin de pœnitence), mays pour une pœnitence exemplayre, il demandoit de nous pareille pœnitence, et qu'avec semblable façon nous surmontassions [139] les tentations.

  A007000566 

 Mays comme l'espervier affamé regardant contre la belle proye, se voulant jetter au vol pour s'en saysir et assovir son estomac et avidité, au premier elancement quil faict se trouvant attaché, tout colere, bat tant des aisles et des pieds quil romp son lien, ainsy l'ame qui est arrivëe sur ceste verdoyante et gaÿe colline d'esperance, regardant le Paradis qui luy est donné en proÿe, tasche de s'y eslancer; et c'est lhors quil se sent estre lié par le peché, non pas au paravant.

  A007000566 

 Mays imagines vous que l'espervier sceust parler et quil eust rayson, ou plustost que quelqu'un parlast pour luy; ne diroit il pas au maistre: Laschez moy, je vous prie, je ne m'iray point esgarant, je retourneray tousjours a vous? O l'ame devote ayant rayson, se sentant lier, n'est pas comme l'oyseau qui ne faict que battre, mays regardant son Maistre, elle s'addresse a luy: Seigneur, deslie moy; Seigneur, filia mea male a demonio vexatur; Ad te, Domine, levavi animam meam, Deus meus in te confido, non erubescam..

  A007000567 

 De la, l'ame s'en va sur la colline de l'amour; car voyant son Maistre prest a la delivrer d'enfer et luy donner le Paradis, non obstant tous ses pechés, pourveu qu'elle recoure en ferme fiance a luy, elle commence a admirer la bonté d'icelluy: Quam bonus Israel Deus, iis qui recto sunt corde.

  A007000567 

 Et de dessus ceste colline, elle considere encor ses pechés, lesquelz elle deteste: Peccavi in cœlum et coram te, jam non sum dignus, Domine, non sum dignus vocari filius tuus; ut intres sub tectum meum.

  A007000567 

 Non intres in judicium cum servo tuo, Domine; Miserere mihi, Domine, secundum magnam misericordiam tuam.

  A007000568 

 Et pourquoy? Sic Deus, etc. Mays sil vouloit venir, pourquoy n'est il venu triomphant, non pas passible? Ut iniquitates omnium nostrum ipse portaret.

  A007000592 

 : « Conatus liberi nostri arbitrii cassi sunt si non adjuventur, et nulli si non excitentur »): Quomodo tu, Judæus cum sis, bibere a me poscis, quæ sum mulier Samaritana? non enim coutuntur Judæi Samaritanis.

  A007000593 

 Et qui est Celuy qui te demande a boire; car c'est Celuy qui est venu abbreuver toutes les ames, c'est Celuy qui est venu respandre son sang pour arrouser l'Eglise, c'est Celuy qui est venu non vocare justos, sed peccatores ad pœnitentiam.

  A007000594 

 Et dedisset tibi, non sicut tu quæ recusas; 2.

  A007000594 

 petiisses ab eo, non expectasses.

  A007000595 

 Nostre Seigneur parle de l' eau vive et elle, de la morte: Unde ergo? Quomodo hic carnem suam? etc. Numquid tu major es patre nostro Jacob, qui dedit nobis puteum, et ipse ex eo [150] bibit, et filii ejus, et pecora ejus? Voyes la ruse, elle est desja esclairëe du Sauveur, elle n'ose dire: Non, tu n'es pas; mais interroge: Numquid tu? Ce pendant elle monstre qu'il y a bien de la peyne a croire.

  A007000596 

 Consideres un peu la difference qu'il y a entre les deux eaux: l'une apaise la soif, mais ce n'est pas pour long tems; l'autre, in æternum, etc. Il y a icy a considerer deux soifs, l'une du cors, l'autre de l'ame; car les desirs sont une soif a l'ame, dont Nostre Seigneur dict: Non sitiet, et le Psalmiste: Sitivit anima mea ad Deum fontem vivum.

  A007000596 

 Respondit ei Jesus, et dixit ei: Omnis qui bibit ex aqua hac, sitiet iterum; qui autem biberit ex aqua quam ego dabo, non sitiet in æternum.

  A007000597 

 Dicit ei mulier: Domine, da mihi hanc aquam, ut non sitiam, nec veniam huc haurire.

  A007000597 

 Elle croid que Nostre Seigneur est plus grand que Jacob et donne une meilleure eau, mais elle la demande pour le temporel, encores non esclairëe..

  A007000598 

 Dicit ei Jesus: Bene dixisti, quia virum non habeo; quinque enim viros habuisti, et nunc quem habes non est tuus vir: hoc vere dixisti.

  A007000598 

 Respondit: Non habeo virum.

  A007000615 

 Mais sçaches qu'adorer est pris ici pour sacrifier; car quant a l'adoration privee, elle se pouvoit faire par tout, mays sacrifier, non, sinon au lieu choisi par le Seigneur; Deuter., 12.

  A007000631 

 Si donques Job eust dict: In militia est vita hominis super terram, encores eust-on pensé d'y avoir quelque repos; mays non, il dict que la mesme vie est une guerre.

  A007000632 

 Mais quand il dict: Militia est vita hominis, il veut dire non seulement que nous sommes en guerre, mays que nous mesmes nous sommes guerre: Militia, etc. Et de vray, qui regardera bien les diversités de mouvement, et les assaultz que faict l'esprit contre la chair, je suys asseuré qu'il dira que Militia, etc.

  A007000634 

 Debilis est hostis qui non vincit nisi volentem, dict un de nos Peres.

  A007000635 

 15, se tenant a la porte du palais de son trop bon pere, la il flattoit et corrompoit le peuple; et en fin fit si bien par ses secrettes menëes, qu'il fit la guerre et chassa son pere de son siege: ainsy le cors demeure tousjours a la porte, car « nihil est in intellectu quod prius non fuerit in sensu, » et la, corrompt les objectz, prattique ores en ceste façon, ores en l'autre, et ainsy se rend le plus fort.

  A007000638 

 Alhors l'homme peut dire: Dominus mihi adjutor; non timebo quid faciat mihi homo..

  A007000639 

 En fin il faut faire la ronde cent fois le jour en ceste petite citadelle, pour renforcer, ores deça, ores dela, mettre sentinelles aux yeux, bouche, oreilles, mains, odorat, pour ne laisser entrer chose qui ne sçache bien prononcer Scibbolleth; suivant le dire de Job: Verebar omnia opera mea, sciens quoniam non parceres delinquenti.

  A007000639 

 Non coronabitur nisi qui legitime certaverit..

  A007000640 

 Secondement, il faut avoir une grande defiance de soy mesme: Miserere mei, quoniam infirmus sum; Non sumus sufficientes cogitare, etc.; 2.

  A007000641 

 Quatriesmement, une grande diligence a nous servir des moyens que Nostre Seigneur nous a mis en main, pour monstrer que nous nous fions en luy, non pas en nous.

  A007000642 

 Nam et si ambulavero in medio umbræ mortis, non timebit cor meum.

  A007000643 

 Coupans les branches d'arbres, ilz monstrent qu'il faut combattre la concupiscence; ce qu'ilz jettent leurs vestemens aux pieds de Nostre Seigneur, monstre qu'ilz n'ont nulle confiance en eux mesmes, comme s'ilz osoyent dire: Non nobis; ce qu'ilz crient Hosanna, monstre qu'ilz se fient en la seule protection divine, et se veulent servir du premier moyen; ce qu'ilz vont jusques au mont des Olives et qu'ilz le menent dans leur ville, monstre la reception que nous luy devons faire.

  A007000654 

 Helas, que leur foy estoit esbranlëe! La pauvre Magdeleine le va cherchant parmi les mortz pour l'embaumer, et croit qu'on l'aye desrobbé; les Apostres sont telz, que visa sunt illis deliramenta, et non crediderunt illis, c'est a dire aux dames qui l'avoyent appris des Anges; les deux pelerins disent: Sperabamus; le grand saint Thomas crie: Non credam.

  A007000655 

 Comme l'aigle quae volare non potest, sed ubi renovavit juventutem suam; les rabbins, Genebrard, ad eum locum.

  A007000655 

 Pourquoy in prima tuba ne comparoistra le mesme cors? Si Christus non resurrexit, inanis est fides nostra.

  A007000655 

 Si ad bestias pugnavi Ephesi, quid mihi prodest, si mortui non resurgunt? Manducemus, bibamus, cras moriemur..

  A007000656 

 Comme un navire emmi l'orage et la tempeste, sans nocher ni pilote, s'en va au bris ou le vent le porte, telle estoit ceste pauvre barque sans esperance: Factus est Ephraim velut columba seducta non habens cor.

  A007000657 

 Si mulier oblivisci potest filii ventris sui; sed etsi oblita fuerit, non obliviscar tui: ecce enim in manibus meis descripsi te; Is., 49, v. 15, [16].

  A007000658 

 Fac, o bone Jesu, ut pacem quam offers, accipiamus, videamusque vulnera tua; ut quandoquidem manent fides, spes, charitas, fide radicati, spe gaudentes, et charitate ferventes, expectemus beatam spem et [170] adventum tuum; ita ut in illo te agnum ad dextram, non leonem ad sinistram videamus, ac pro fide visionem, pro spe possessionem, et pro charitate imperfecta perfectam habeamus, in qua gaudebimus in sascula sæculorum.

  A007000670 

 Mais en la Croix de Nostre Seigneur, o quelle gloire! Si Celuy la qui estoit si grand qu'il estoit Dieu, y constitue son exaltation, sa clarification, s'il l'appelle la porte de sa gloire, que vous reste il a faire et que me reste il a dire, sinon: Hoc sentite in vobis quod et in Christo Jesu, qui cum in forma Dei esset, non rapinam arbitratus est se esse æqualem Deo, sed semetipsum exinanivit; propter quod, etc.?.

  A007000677 

 Absit mihi, etc.; car si on se peut glorifier en beauté, o quelle beauté m'est acquise par la Croix! O comme j'ay trouvé une eau qui me rend non seulement blanc et net, mais encores qui m'esclaire: « In quo est vita, salus et resurrectio nostra.» [176].

  A007000677 

 C'est la ou Nostre Seigneur s'est rendu rose de martire, violette de mortification, lys de pureté; estant non seulement pur luy mesme, mays encores purifiant: Lectulus noster floridus.

  A007000693 

 Le tems: ce fut apres l'Ascension de Nostre Seigneur, pour vray tesmoignage de sa gloire; car, comme les roys font largesse, etc. Mays non tout incontinent, affin de donner tems a la præparation: Ego sto ad ostium et pulso; Fili, præbe mihi cor tuum.

  A007000694 

 Cadent a latere tuo mille, et decem millia a dextris tuis; ad te autem non appropinquabit: tempore tribulationis, mille tantum tentationes; tempore lætitiæ, decem millia.

  A007000694 

 Es lieux bien ordonnés, les femmes obeissent et prennent le nom du mari; ainsy faut il que la chair soit spirituelle, non l'esprit charnel..

  A007000694 

 Le Saint Esprit ne vient pas es delices et consolations mondaines ou charnelles: Non permanebit Spiritus meus in homine, quia caro est.

  A007000695 

 Fratres, sobrii estote et vigilate, quia adversarius non dormit, sed circuit, etc. Vigilate et orate, ne intretis in tentationem.

  A007000703 

 bien tost comm'un grand ver et serpent: Ego autem vermis sum, et non homo..

  A007000707 

 Le man tumbe au desert, non en la terre de promission; mais ce pain est par tout, et repaist par tout: in æternum..

  A007000709 

 Ce pain, et voyci un seul motif, nous transforme en luy, non ja quand a la substance mais quand aux qualités.

  A007000709 

 Ce qui ne doit estre merveilles; n'a on pas veu les gens vivans d'herbes, verds? Vivo ego, jam non ego, vivit vero in me Christus..

  A007000712 

 Le pain nous corrobore interieurement, mais il ne nous rend formidable exterieurement; il nous præserve dedans, mais dehors non.

  A007000725 

 Hé, qui voudries vous donques qui les receust? N'est ce pas l'honneur au medecin d'estre recherché des malades, et d'autant plus que leurs maladies sont incurables? Nostre Seigneur, non tant pour repousser la temerité de ces Pharisiens, que pour nous donner courage de nous approcher de luy, rejette bien loin par similitudes ceste consideration pharisaïque.

  A007000729 

 Duo mala fecit populus meus: dereliquerunt me fontem aquæ vivæ, et foderunt sibi cisternas dissipatas, quæ continere non valent aquas; Hier., 2.

  A007000730 

 Mais voicy le gros de la difficulté: comme se peut il faire que nous soyons esloignés de Dieu luy mesme qui est par tout, et ne sçaurions trouver un recoin, pour caché qu'il soit, que sa Majesté n'y soit? Saint Pol aux Atheniens, Act., 17: Non longe abest ab unoquoque nostrum; in ipso enim vivimus, movemur et sumus..

  A007000731 

 Anima enim non passibus, sed passionibus ambulat.

  A007000731 

 L'ame se peut retirer et esloigner de Dieu en deux façons: Premierement, par affection et desir; « non loco sed affectu, » dict saint Chrisostome.

  A007000731 

 La ou, remarques la façon, l'immobilité est propre a Dieu et la mobilité aux pecheurs, et ilz la veulent renverser: Recede a nobis, etc. Secondement, l'ame s'esloigne de Dieu fuyant ses graces et les moyens qu'il nous propose pour nostre salut; comme l'on dict qu'un tel fuit les medecins, non pas pource qu'il laisse la personne des medecins, mays les remedes: Scientiam viarum tuarum nolumus..

  A007000731 

 Psal. 13: Dixit insipiens in corde suo: Non est Deus; et si cela n'est, il ne tient pas a eux.

  A007000734 

 Et saint Pol: Non sumus sufficientes cogitare aliquid ex nobis tanquam ex nobis, sed sufficientia nostra ex Deo est.

  A007000734 

 Nous pouvons bien gaster, mais non pas refaire.

  A007000734 

 Spiritus vadens et non rediens; Ps.

  A007000736 

 Tota die expandi manus meas ad populum non credentem, et contradicentem mihi; Rom., 10..

  A007000737 

 Ilz vous ont tant offencé; Et eum qui venit [191] ad me, non ejiciam foras.

  A007000737 

 O mon Sauveur, comme sont venuz a vous ces pecheurs, puysque vous estes juste? Car David dict si absolument du juste: Non accedet ad te malum; et: Declinate a me, maligni.

  A007000737 

 Puysqu'ainsy est, donq, o Sauveur, o Redempteur, o bon Dieu, je peux bien dire a ce peuple, de vostre part: Accedite ad Dominum, et illuminamini, et faciès vestræ non confundentur; quia hic peccatores recipit..

  A007000738 

 Is., 48: Egredimini a Babylone, fugite a Chaldæis; non est pax impiis, dicit Dominus.

  A007000753 

 Et non seulement nous sommes a luy et il est nostre Seigneur pource qu'il nous a produitz, mays encores pource qu'il nous a achetés bien cherement et cent mille fois davantage que nous ne valons.

  A007000753 

 Et quel prix? Redemit nos in sanguine Agni; Proprio Filio non pepercit, sed pro omnibus tradidit illum.

  A007000757 

 Et de vray, comme dict saint Pol: Quis plantat vineam et de fructu ejus non edit? Si Jesus Christ nous a planté, n'est ce pas la rayson que nous luy rapportions tout le service que nous pourrons?.

  A007000757 

 L'autre conclusion qu'il faut tirer, c'est qu'estant descendus au rien, remontant a l'estre que Dieu nous a baillé, et considerant de poinct en poinct combien nous sommes dependans de Dieu et combien nous sommes obligés a le servir, il nous faut faire une exclamation a nostre ame: Nonne Deo subjecta erit anima mea? [196] Comment, si Dieu m'a creëe, et non seulement creëe, mays rachetëe d'entre les mains d'un si cruel et barbare tyran, avec tant de sang, si je luy ay voué et presté fidelité, qui me levera jamais de son service? Escoutes comme David estoit en ceste resolution: Quasi jumentum factus sum apud te, et ego semper tecum.

  A007000762 

 La consequence n'en vaut rien; la rayson est pource que la continuation de l'estre a l'Ange n'est pas naturelle et essentielle, et partant on la luy peut desirer, non celle qu'il a, ains celle qui est a venir; mays a Dieu, son æternité luy est autant essentielle que sa bonté.

  A007000764 

 Mays quoy, il void que tous les sacrifices et holocaustes ne sont point aggreables sans la gace: Non delectaberis; alioquin dedissem utique.

  A007000766 

 Non par nos merites, mais, Protector, aspice Deus, et vous nous verres tant affligés spirituellement et temporellement; et puys, in faciem Christi tui, qui a tant enduré pour nous, par la Passion duquel nous vous conjurons de nous faire misericorde.

  A007000774 

 Non credent, sed dicent:.

  A007000775 

 Non apparuit tibi Dominus..

  A007000781 

 10: Quomodo invocabunt in quem non crediderunt? quomodo credent, quem non audierunt? quomodo audient sine prædicante? Quomodo [201] prædicabunt nisi mittantur? Hier.

  A007000781 

 14: Falso prophetæ vaticinantur; non misi eos.

  A007000781 

 23: Nolite audire verba prophetarum qui prophetant vobis, et decipiunt vos; visionem cordis sui loquuntur, non de ore Domini.

  A007000781 

 Il s'escrie: Et me scitis, et unde sim scitis, et a meipso non veni.

  A007000781 

 Non mittebam prophetas, et ipsi currebant; non loquebar ad eos, et ipsi prophetabant.

  A007000781 

 Nostre Seigneur ne s'exempte de ceste condition, Jo. 20: Sicut misit me Pater. Calvin, sicut misit te quis? Jo. 7: Doctrina mea non est mea, sed ejus qui misit me.

  A007000786 

 Si quis (Math. 18 ) Ecclesiam non audierit, sit tibi tanquam ethnicus et publicanus..

  A007000789 

 Jo. 14: Parole quæ loquor, a meipso non loquor; Alioqui propter opera ipsa credite. Jo. 15: Si opera non fecissem quæ nemo alius fecit, peccatum non haberent.

  A007000804 

 Ceux qui se sont departis jusques a present de l'Eglise, ont pris diverses excuses par les deux extremités pour couvrir la faute qu'ilz avoyent faite de n'y point demeurer et la mauvaise affection de n'y point retourner; car les uns ont dict qu'elle estoit invisible; les autres confessant l'Eglise visible, ont dict qu'elle pouvoit defaillir et manquer pour certain tems; et partant, qu'encores que leur eglise semblast nouvelle pour n'avoir pris succession de personne, elle ne l'estoit toutesfois pas, ains estoit l'ancienne, morte et esteinte pour certain tems, puys par eux resuscitëe et ce sacré feu continuel, r'allumé: voulans les uns faire l'Eglise tellement parfaitte, qu'elle soit toute spirituelle et invisible; les autres, la faire si imparfaitte, que non seulement elle soit visible, mays encores corruptible: semblables a leurs anciens devanciers hæretiques, desquelz les uns vouloyent tellement diviniser Nostre Seigneur qu'ilz nioyent son humanité, les autres tellement l'humaniser, qu'ilz en nioyent la divinité.

  A007000811 

 Mais dites moy, de grace, si l'Eglise est invisible, pourquoy sera ce que Nostre Seigneur nous dira, Matt., 18: Dic Ecclesiæ; si Ecclesiam non audierit, sit [208] tibi tanquam ethnicus et publicanus? Quelle sorte d'addresse seroit celle cy: Dis le a l'Eglise? Comme voules vous qu'on s'addresse a l'Eglise si on ne la voit, si on ne la connoist? 1.

  A007000813 

 In Sancto meo, id est, meipso, qui sum Sanctus sanctorum; David mentiar? non, si sim Deus.

  A007000815 

 Premierement, au soleil: Et thronus ejus sicut sol, qui ecclipse bien quelquefois, mays non jamais tout a fait, ains seulement en quelque partie du monde; ainsy en est il de l'Eglise.

  A007000818 

 Mais quoy, qu'appelles vous Eglise? est ce pas une assemblëe de gens? Ouy certes, non d'Anges.

  A007000837 

 Non, non, il ne faut pas dire que l'Eglise soit jamais morte; son Espoux est mort pour elle affin qu'elle ne mourust point.

  A007000840 

 Mays Isaye faict une solemnelle attestation a ceste verité, c. 59: Cum venerit Redemptor Sion, hoc fœdus meum cum eis, dicit Dominus: Spiritus meus qui est in te, et verba mea quæ posui in ore tuo, non recedent de ore tuo, et de ore seminis tui, et de ore seminis seminis tui, dicit Dominus, amodo et usque in sempiternum.

  A007000842 

 A ceux qui disent qu'ouy, on replique: S'il y avoit une Eglise, ou vous esties avec [220] elle ou non.

  A007000842 

 On demande a nos adversaires si quand ilz commencerent ceste nouvelle doctrine, il y avoit point d'Eglise de Nostre Seigneur, ou non: les uns respondent qu'ouy, les autres que non.

  A007000842 

 S'ilz disent que non, on leur dict: Vous esties donques damnés, car « non potest habere Deum patrem, » etc.; et partant il ne vous faut pas suivre.

  A007000845 

 Mais qu'apprendrons nous icy en ceste verité? Nous apprendrons a louer Dieu qui a laissé au monde une Eglise perpetuelle, a laquelle en tout tems on peut recourir pour y faire son salut; puys, montant de ceste Eglise que nous voyons ça bas, a celle que nous ne voyons pas, la haut, nous exciterons en nous le desir de la vie eternelle, comme dict l'Apostre, 2 Cor., 4: Non contemplantibus nobis quæ videntur, sed quæ non videntur.

  A007000853 

 Exemple: quand Nostre Seigneur entra en la salle ou les disciples estoyent, les portes fermëes, son cors entra et passa reellement au milieu d'eux; mais non pas naturellement mais surnaturellement et spirituellement, neantmoins tres reellement..

  A007000854 

 Beuvoyent ilz reellement Nostre Seigneur? Non certes, mays seulement par foy, apprehension, intelligence.

  A007000854 

 Comment donques surget spiritale? si c'est un cors, comme spiritale? C'est a dire non plus grossier, corruptible, pesant, sujet aux dimensions.

  A007000854 

 Les anciens beuvoyent Nostre Seigneur spirituel, mays non reellement, ains par foy, etc..

  A007000855 

 Cecy estant proposé, voicy le gros de nostre difficulté; car nos adversaires veulent dire que nous prenons en la Cene le prætieux Cors de Nostre Seigneur, spirituel, c'est a dire par foy, et en apprehension ou volonté ou intelligence; comme qui diroit: j'ay tousjours mon espoux en mon cœur, l'y auroit spirituellement mays non reellement.

  A007000857 

 Quatriesmement, je vous advise qu'encores que j'use de ce mot de Cene, ce n'est pas pourtant que j'approuve ceste appellation; non pas parce qu'elle n'est pas en l'Escriture, car on se sert de plusieurs motz qui ne sont pas en l'Escriture, mays parce qu'elle est presque contraire, ou præsupposant chose contraire a l'Escriture.

  A007000861 

 Caro Christi in sepulchro quid proderat in triduo? et tamen erat; et puys la matiere en est fause, si on l'entend de la chair de Nostre Seigneur: car, si sa robbe guerissoit, que devoit faire sa chair? En fin, il n'y a pas Caro mea non prodest, comme en l'affirmative: Caro mea est pro mundi vita..

  A007000861 

 Ilz alleguent: Caro non prodest quidquam, mais la consequence n'en vaut rien.

  A007000863 

 Deux calices, desquelz saint Luc, et de l'aigneau: Desiderio desideravi hoc, etc.; dico enim vobis quia ex hoc non manducabo illud donec impleatur in Regno Dei; Et accepto calice, gratias egit et dixit: Accipite et dividite inter vos; dico enim vobis quod non bibam de generatione vitis donec Regnum Dei veniat.

  A007000863 

 Les saintes ceremonies et paroles des Evangelistes: Sciens Jesus quia venit hora ejus ut transeat ad Patrem, cum dilexisset suos qui erant in mundo, in finem dilexit eos; cæna facta, etc., surgit a cæna et posuit vestimenta sua, et cum accepisset linteum præcinxit se; deinde misit aquam in pelvim, etc. [227] La benediction, etc.; action de graces; la menace de saint Pol: Non dijudicans Corpus Domini..

  A007000873 

 Quand on demande si Nostre Seigneur et les Apostres ont dict Messe, il ne faut pas chercher le mot, non plus que celuy de Sacrement, de Trinité, de Cene, mais la chose.

  A007000885 

 13: Habemus altare de quo edere non valuerunt qui tabernaculo deserviunt..

  A007000885 

 Malachiae, 1: Non est mihi voluntas in vobis, dicit Dominus exercituum, et munus non suscipiam de manu vestra; ab ortu enim solis usque ad occasum magnum est nomen meum in gentibus, et in omni loco sacrificatur, et offertur nomini meo oblatio munda, quia magnum est nomen meum, etc. Heb.

  A007000886 

 6: Misericordiam volui et non sacrificium. 1 Reg.

  A007000903 

 Mays ceste Espouse ne dict pas seulement qu'elle l'aura tousjours en sa memoyre, entre ses mammelles, en son sein, en son cœur, ains comme un bouquet odoriferant, pour monstrer qu'elle prendroit une grande consolation en ceste souvenance; et non seulement comme un bouquet, mais comme un bouquet de myrrhe.

  A007000908 

 Nostre Seigneur mesme honnorera sa Croix; pourquoy non nous? Or, qu'il soit vray, en saint Matthieu, 24, il est dict entre les autres signes et prodiges qui arriveront au jour du jugement, que signum apparebit Filii hominis in cœlo.

  A007000909 

 Mais outre ceste apparition, nous en avons d'autres, lesquelles, quoy que non si authentiques, sont neantmoins dignes de foy.

  A007000913 

 Response: Mays si la Passion de Jesus Christ n'est pas seulement un supplice mays un sacrifice, certainement la Croix est non seulement un gibet, mays un autel sur lequel a esté consommé l'œuvre de nostre redemption; et en ceste qualité elle doit estre en veneration a tous les fidelles, sa memoyre leur doit estre recommandable et son signe prætieux.

  A007000918 

 131: Introibo in tabernaculum ejus, adorabo in loco ubi steterunt pedes ejus, etc. (il se peut proprement tourner: Adorabo locum vel scabellum pedum ejus ), pourquoy non ce siege royal? Jo., 12: Ego si exaltatus fuero a terra, omnia traham ad meipsum, tanquam omnium Princeps et Dominus..

  A007000920 

 Parce qu'en sa figure, qui estoit le serpent d'airain (Nu., 21 ), elle fut honnorëe avant que d'estre; pourquoy non en sa memoyre apres avoir esté? Jo., 3: Et sicut exaltavit Moyses serpentem, ita exaltari oportet Filium hominis..

  A007000921 

 Constantin defendit qu'on n'y pendist plus: Ut honori esset, non horrori; Aug., [238] Sermo 18 De Verbis.

  A007000933 

 Mais oyes le bien aymé saint Jan, [Ep.] 2, c. 1: Si quis venit ad vos et doctrinam hanc non adfert, nolite eum [241] recipere in domum, nec Ave ei dixeritis.

  A007000943 

 non potestis portare modo; cum.

  A007000945 

 docebit vos omnem veritatem; non.

  A007000954 

 Ainsy le second peuple ou la seconde mayson, qui est l'Eglise evangelique, n'a qu'une entrëe en son oracle; mays ceste [245] entrëe a deux portes non moins riches que ces anciennes.

  A007000955 

 Cor., 13: Si linguis hominum loquar, etc., charitatem autem non habuero, nihil sum, etc. Voyla donq le moyen d'entrer en l'oracle de la foy chrestienne, c'est d'entendre la parole escrite et la Tradition; et c'est ce que Nostre Seigneur vouloit dire en ces paroles que j'ay prises a interpreter, car il dict: Adhuc habeo.

  A007000959 

 quod per omnia mei memores estis, et sicut tradidi vobis, præcepta mea tenetis. De modo orandi, etc. Si quis autem videtur contentiosus esse, nos talem consuetudinem non habemus, nec Ecclesia Dei.

  A007000966 

 27; Si Traditiones negligantur, fore ut Evangelium detrimentum patiatur; et saint Augustin, Contra epistolam Fundamenti, se Evangelio non crediturum nisi Ecclesia præciperet..

  A007000971 

 Lex « Diuturna consuetudo pro jure in his quæ non ex scripto, » etc.; [Corpus Juris Civ.,] Digest., l. 1..

  A007000972 

 IV. Modus cognoscendi petendus est ab Ecclesia generaliter; quae quoniam decrevit aliqua quae in Scripturis explicite non sunt, signum, est esse tradita: 2 ad Tim., 3; Matt., 16.

  A007000973 

 118: Non recte fieri quod universa Ecclesia facit, « insolentissimæ est insaniæ [disputare].

  A007000973 

 Quando Ecclesia universa aliquid agit quod non posset agere nisi mandata Christi, ut baptizare parvulos, et non rebaptizare hsereticos.

  A007000976 

 Et par ce moyen s'en vont a neant tous ces passages que nos adversaires ont accoustumé de nous objecter: Non addetis ad Mot quod ego præcipio vobis, Deut., 4 et 12; Gal., 1: Sed licet nos, aut Angelus de cœlo evangelizet vobis præter quam quod evangelizavimus vobis, etc..

  A007000976 

 Premierement, se souvenir que les Traditions sont paroles de Dieu comme l'Evangile, etc.; non jamais contraires a l'Escriture.

  A007000977 

 Ce qui est explicite est suffisant pour sauver les particuliers, mays non pour l'instruction de tout le cors; ainsy est refuté ce passage qu'on objecte: Hæc scripta sunt ut credatis, etc., et ut credentes vitam habeatis..

  A007000977 

 Que tout ce qui est necessaire a l'Eglise, est contenu en l'Escriture, non explicite, mays bien radicaliter.

  A007000979 

 Comme Irenæus ait: « Evangelium prædicaverunt, postea scripserunt; » ergo nihil de Evangelio prædicaverunt, quod non scripserint.

  A007000990 

 Et maintenant, auditoire devot, le mesme Seigneur se presente a nous pour nous visiter, un par essence en trinité de personnes, non plus par une exterieure apparition, mais [par] une interne illumination de la foy, en ceste bonne vallëe de l'Eglise, puysqu'aujourd'huy l'Eglise celebre une grande solemnité a la gloire de la toute puyssante, toute bonne et infinie Trinité, Pere, Filz et Saint Esprit, affin de graver en nostre courage l'honneur et l'hommage supreme que nous luy devons.

  A007000992 

 Sur quoy se fondant saint Pol, il atteste aux Romains, 1: Invisibilia Dei per ea quæ facta sunt a creatura mundi intellecta conspiciuntur; ita ut sint inexcusabiles, quia cum Deum cognovissent, non tanquam Deum glorificaverunt.

  A007000994 

 : Numquid ego, qui facio parere alios, non pariam? et qui generationem cæteris tribuo, sterilis ero? Ce Filz est la gloire du Pere, dont il est appellé par saint Pol splendor gloriæ et figura substantiæ ejus..

  A007000997 

 Nous chanterons tousjours Gloria Patri, d'autant plus encores que Calvin et Beze et leurs hæresies, veulent que toutes les trois Personnes ayent leur divinité de soy et non par communication; qui est un blaspheme estrange, car ainsy il n'y auroit ni Filz ni Saint Esprit.

  A007000999 

 Et quant a ceste belle objection que ce mot n'est pas latin, ignores vous encores que quand il a pleu a Dieu, en l'exces de son amour, nous descouvrir de nouvelles verités, il a fallu chercher de nouveaux motz pour les exprimer? Ignores vous que les motz sont faictz pour les choses, et non les choses pour les motz, et qu'il se faut bien garder d'assujettir les choses aux parolles, et beaucoup plus de renoncer aux choses les plus saintes et les plus divines pour ne pas rencontrer dans le langage usité parmi les Romains des dictions qui les signifient? Suyvant ceste maxime de vostre eschole, il faudroit encores rejetter le mistere fondamental de nostre salut, [260] l'Incarnation du Verbe æternel, pource que ce mot d'incarnation ne se trouve point dans la pure latinité.

  A007001001 

 On appelle la gloire appropriee celle qui vient a Dieu, non de ses ouvrages interieurs mays exterieurs, ainsy [261] que David dict: Cœli enarrant gloriam Dei, etc.; et comme dict saint Pol, I. Cor., 10: Omnia in gloriam Dei facite.

  A007001002 

 Et c'est principalement de ceste gloire que nous entendons Gloria Patri, etc., non la luy desirans comme chose absente, mays nous resjouyssans en icelle.

  A007001002 

 Quant a la gloire essentielle, il n'y a personne qui la puisse alterer, pource que Ego sum qui sum; gloriam meam alteri non dabo.

  A007001002 

 Saint Pol se plaint des philosophes gentilz, Rom., I, quia cum Deum cognovissent, non tanquam Deum glorificaverunt, aut gratias egerunt; sed evanuerunt in cogitationibus suis, et obscuratum est insipiens cor eorum.

  A007001012 

 Quos Deus conjunxit, homo non separet.

  A007001019 

 Portæ inferi non prævalebunt; idcirco, non obstante clausura, egressus evasit Petrus..

  A007001020 

 Confirma fratres tuos (non est merum præceptum, sed institutio confirmatoris; ut, Crescite et multiplicamini piscibus, etc.); ne diffiderent et pastor et oves, rogavi ut non deficeret..

  A007001024 

 Achaz, Amon, etc., impies, non turbarunt fideles; sed firmi in promissione, non respexerunt in præsentem impietatem.

  A007001024 

 Joannis Hesselz: differentia inter sedem Mosis et Petri; hæc auferenda, illa non..

  A007001058 

 Car si on demande: Panis quem frangimus? les separés respondent: Non est, sed figura.

  A007001059 

 Cinquiesmement, je monstreray que ce Sacrement est non seulement Sacrement, mays Sacrifice; sixiesmement, je monstreray la convenance, et respondray aux raysons contrayres, et iray poursuyvant selon que Dieu me donnera les moyens..

  A007001060 

 Mays je ne voudroys pas que vous pensassies qu'en ces sermons je veuille alleguer ce que j'en pourrois dire; non, je ne diray que ce qui me semblera de plus singulier [269] et pregnant.

  A007001066 

 Paul, I. Cor. 5: Etenim Pascha nostrum immolatus est Christus. Paschalis non modo immolabatur, sed etiam manducabatur; Ex.

  A007001067 

 Non, il faut la realité.

  A007001087 

 3: Non sum dignus portare calceamenta ejus..

  A007001124 

 16, Nostre Seigneur declaire sa future Passion; saint Pierre respond: Absit, Domine, non erit tibi hoc.

  A007001124 

 Au premier, il y a une indiscrete affection, provenante de ce quil avoit confessé, et en ce mesme quil couppe l'oreille; au reniment un tres grand peché, mays non infidelité.

  A007001124 

 Nostre Seigneur dict a Pierre: Vade post me, Satana; non sapis ea quæ Dei sunt.

  A007001128 

 Oves meas; ergo, quas non pavit Petrus, Christi non sunt.

  A007001131 

 de potestate Papæ: Non præcipitur cæteris ut obediant Petro.

  A007001132 

 Datur diligenti; at non diligunt.

  A007001132 

 Non tollitur non dilectione quod datur pro dilectione.

  A007001133 

 Non pavit.

  A007001142 

 2: Gratias agimus Deo sine intermissione, quoniam cum accepissetis a nobis Mot auditus Dei, accepistis illud, non ut Mot hominum, sed sicuti est vere, Mot Dei qui operatur in vobis qui credidistis.

  A007001142 

 Es eis quasi carmen musicum quod suavi dulcique sono canitur; et audiunt verba tua et non faciunt ea.

  A007001154 

 Si opera non fecissem quæ nemo; Jo.

  A007001162 

 Non dicit nos fide participare, cum panis nihil sit ex se, sed dicit panem id esse..

  A007001165 

 At Catholici omnino Christum præsentem; non ubique, ut homo, sed in Sacramento hic, et in Cælo, et sicubi esse velit.

  A007001165 

 Mira mutatio: spiritus videbitur, corpus non videbitur.

  A007001165 

 Sic die lunæ, videbitis Christum peregrinum, per totum iter non cognitum..

  A007001166 

 Ergo caro est in Eucharistia; sed non sola, sed cum sanguine, cum anima viva et vivifica, et cum Divinitate.

  A007001167 

 Dixit Deus Evae et Adamo: Non comedas; diabolus dicit: Comede.

  A007001169 

 Caro non prodest quicquam, non sane; ita nec ferrum adurit, sed candens adurit.

  A007001176 

 Pour les Catholiques, le Christ comme homme est réellement présent, non pas partout, mais dans son Sacrement, dans le Ciel et où il lui plaît.

  A007001177 

 Le corps de Jésus-Christ est donc dans l'Eucharistie, et non seulement son corps, mais encore son sang, son âme vivante et vivifiante et sa divinité.

  A007001180 

 La chair ne sert de rien, c'est vrai; le fer non plus ne brûle pas, néanmoins quand il est incandescent, il brûle.

  A007001189 

 Addit Rupertus notabile dictum: « Voluit dæmon similis esse Deo, » id ei non successit; « nunc vult Deum sibi similem fieri, id est, mendacem.

  A007001189 

 » Sic hæretici volunt tantum nosse quantum Deus: id non succedit; volunt Deum non plura posse quam norint..

  A007001190 

 De modo nunc non ago..

  A007001190 

 Est præsens per fidem, per figuram, etc.: et cum urgeas præsentem esse, illorum opinione non præsentem esse comperies.

  A007001191 

 Et si contraria essent, non sequeretur unam propositionem aliam destruere; nam intelligi posset utraque realiter secundum diversas partes.

  A007001191 

 Hæc autem, Spiritus est qui vivificat, verba quæ ego [290] loquor, etc,, non repugnant; nam non sunt contradictoria nec contraria.

  A007001191 

 Nam illud Caro non prodest quicquam nihil urget, ut neque hæc, Caro et sanguis regnum Dei non possidebunt.

  A007001191 

 Sed spiritus, spirituale, vita, vitale, Sacramentum, sacramentale realitati corporum non repugnant, imo cohærent: ex quo vita erat lux hominum, et spiritus, qui est Deus Mot, caro factum est.

  A007001192 

 1: Adimpleo quæ desunt passionum Christi pro corpore ejus, quod est Ecclesia: quod est Ecclesia determinat hic; non aliter determinat quam quod pro vobis datur.

  A007001193 

 Confirmatur 2°, quia ter Christus hac de re locutus legitur: promittendo disertis verbis (sed ea verba expendemus die Dominico); dando in ultima Cæna; cathechizando Paulum: Novissime autem et mihi tanquam abortivo; non tamen id temporis eum Dominus docuit, sed cum raptus est usque ad tertium cœlum.

  A007001197 

 In Virgine præmittit exemplum sterilis, quo ostendat non esse impossibile apud Deum omne Mot; ut peccatorum remissionem se facere posse ostendat, solvit morbos corporales; sic de cæteris.

  A007001198 

 Ex comparatione quam facit inter manna et carnem suam: Patres vestri manducaverunt manna in deserto, et mortui sunt; hic est panis de cœlo descendens, ut si quis ex ipso manducaverit, non moriatur.

  A007001199 

 Manna cibus mortuus, non vitalis; unde et moriebantur; hic vitalis, vivus..

  A007001199 

 Quia Hic panis est de cœlo descendens; non autem Moises dedit vobis panem de cœlo verum: panem cœli dedit eis, sed non de cœlo verum, apparenter tantum de cœlo; hic de cœlo verum. 2°.

  A007001202 

 Murmurabant Judæi, etc.; non aliter scandalum tollit quam jurejurando..

  A007001203 

 Vere autem non esset cibus, et cætera..

  A007001207 

 In Incarnatione, Mot in carnem versum quidam existimarunt; contra quos Athanasius: « Non confusione substantiæ, sed unitate personæ.

  A007001207 

 » Alii non nisi similitudine, ut Valentiniani.

  A007001209 

 Veritatem dico in Christo Jesu, non mentior, testimonium mihi perhibente conscientia mea in Spiritu Sancto, quoniam tristitia mihi magna est, et continuus dolor cordi meo.

  A007001223 

 Ce pain dont je parle descend du ciel. Quant à Moïse, il ne vous a pas donné le vrai pain du ciel: c'était un pain céleste, mais non le vrai pain du ciel; il semblait venir du ciel, celui-ci seul vient vraiment du ciel.

  A007001231 

 Dans l'Incarnation, quelques-uns prétendaient que le Verbe s'était changé en chair; Athanase les condamna par ces mots: « [Le Christ] est un, non par une confusion de substances, mais par une unité de personne.

  A007001244 

 Non possumus in Eucharistiæ Sacramento quicquam scire, nisi ex verbo Dei.

  A007001245 

 Inimici nostri replent terra; et quia capere nequeunt, dicunt hic non agi de Eucharistia, sed de manducatione per fidem..

  A007001246 

 Anima neque flet, neque net, tamen anima, etc. Spiritus est qui vivificat, sed non vivificat nisi carne.

  A007001246 

 Confirmatur expositio dum dicit: Sed sunt ex vobis qui non credunt; nimirum carnem hanc plenam spiritu..

  A007001246 

 Ferrum candens, ferrum motum, non bombix.

  A007001246 

 Rex Gallorum non ulciscitur injurias illatas Duci Aurelianensi.

  A007001246 

 Si Christus promittere voluisset esum carnis in Eucharistia, quomodo appellasset, quomodo dixisset? Non aliter sane.

  A007001246 

 Si hic non agitur de manducatione Sacramentali, male Christus de fide; nam nec ejus caro [298] nec sanguis illis qui eum videbant erat non cognita. [3°.] Alius et alius.

  A007001247 

 Hebreis vero nomen generale est, ut: Non in solo pane vivit homo, etc.

  A007001255 

 Fer incandescent, fer agité, non ver à soie.

  A007001287 

 Exempli gratia: agnus est phase, petra est Christus, septem boves sunt septem anni; non autem dicitur: Panis est corpus meum, sed: Hoc est corpus meum.

  A007001288 

 Atque ut Christus non quievit in dicendo ad Mot (hoc), ita nec nos quiescere debemus in intelligendo; c. 22..

  A007001288 

 Cæci vident: cæci quid significat? non [303] cæcos, nam non vident; non videntes, nam non sunt cæci.

  A007001288 

 Hoc quid significabat? Non corpus, nondum enim erat in Sacramento; ergo panem, ergo panis est corpus Christi.

  A007001288 

 Parole non significant nisi completa propositione, maxime vaga et indeterminata, et etiam generalia præcise sumpta.

  A007001291 

 Frangite panem qui est medicamentum immortalitatis, antidotum non moriendi sed vivendi per Jesum Christum in Deo.

  A007001292 

 Cyp., De Cæna: « Panem Angelorum sub Sacramento manducamus in terra, eumdem sine Sacramento manifestius edemus in Cælis, non ministerio corporis.

  A007001303 

 Les aveugles voient: que signifie le mot aveugles? [303] Non pas les aveugles, car eux ne voient pas; non pas ceux qui voient, car ils ne sont pas aveugles.

  A007001303 

 Que signifiait ceci? Non pas le corps, il n'était pas encore dans le Sacrement, il indiquait donc le pain; donc, le pain est le corps du Christ.

  A007001323 

 Car si cela estoit, semen non esset Mot Dei, puysque quand Nostre Seigneur disoit ceste parole, l'Evangile n'estoit pas encor escrit, et neantmoins le semeur estoit desja sortir seminare semen suum.

  A007001323 

 Outre ce, ne confesseront ilz pas que le semeur en ceste parabole est Nostre Seigneur? Mays ou trouveront ilz que Nostre Seigneur aÿe jamais escrit [307] l'Evangile? Quand donques il dict Semen est Mot Dei, il entend de la parole non escritte, mais preschëe..

  A007001323 

 Si donques ce n'estoit pas de l'Escriture, et il n'y a point d'autre parole de Dieu que l'Escriture, semen non esset Mot Dei.

  A007001328 

 Car Celuy qui parle aux hommes heurs leur dict: Non estis vos qui loquimini, sed Sfiiritus Patris vestri qui loquitur in vobis; Matt 10.

  A007001329 

 Qui credit in me non credit in me, sed in eum qui misit me.

  A007001346 

 Encores que tant au ciel qu'en la terre Dieu soit tousjours par une parfaitte præsence en tous lieux comme il dict par Hierem., 23: Cœlum et terrain ego impleo, et ce que saint Pol dict, Act., 17: Non longe abest ab unoquoque nostrum; in ipso enim vivimus movemur et sumus, si est-ce neantmoins qu'il y a certains lieux lesquelz luy estant consacrés, sont appellés mayson de Dieu, habitation, lieu, temple, tabernacle, non pas pour ce qu'il soit plus la qu'ailleurs (parlant de Dieu en sa divinité), mays pour ce que la il confere particulierement ses graces et benedictions, et la il faict plus de demonstration de sa gloire..

  A007001349 

 Et pourquoy donques y a il des jours qui sont appellés saintz, consacrés, dediés, et qui s'appellent jours de Dieu, jours du Seigneur? Dieu est il plus en ces jours la qu'es autres? Non [313] veritablement.

  A007001350 

 [314] En fin, est in templo non inclusus, extra templum non exclusus.

  A007001352 

 Attendant donq Nostre Seigneur sur l'arbre, comme il vint a passer, il regarde cest homme d'un regard d'amour et de misericorde, et voyant l'affection qu'il avoit de le voir, il luy donne une occasion non seulement de le voir mais de jouir de sa præsence, et luy dict: Zachæe, festinans descend e; Zachee, descens en diligence, parce qu'il faut qu'aujourd'huy je demeure en ta mayson.

  A007001353 

 Ainsy plusieurs estans couchés parmi leur meschanceté, sentent que Dieu frappe a la porte, ilz font des sourds; apres, ilz voudroyent se confesser, qu'il faut passer outre, et sçachans la beauté de la vertu, ilz font comme le paresseux: Vult et non vult piger; 13 Proverbes.

  A007001353 

 Et quant et quant, apres s'estre descouvert a luy, il luy demande d'estre receu en sa mayson; et non seulement d'estre receu, mais qu'il se depesche, et Zachee obeit incontinent.

  A007001354 

 C'est bien ce que dict le Sage aux Proverbes, 28: Viri mali non cogitant judicium.

  A007001356 

 Voules vous le salut? faites comme Zachee, festinans; commences des maintenant, ce ne peut jamais estre trop tost, mais bien trop tard: Deus pœnitentibus veniam promisit, tempus pœnitendi non promisit.

  A007001366 

 Or je trouve que, parlant generalement, un cors ne peut estre present ni estre appliqué ou conjoinct a un autre, ni par consequent estre mangé, qu'en troys sortes: reellement et non spirituellement, spirituellement et non reellement, reellement et spirituellement tout ensemble.

  A007001367 

 Je dis donques premierement qu'un cors peut estre præsent a un autre, et par consequent estre mangé, reellement et non spirituellement, mays naturellement et charnellement.

  A007001373 

 Non, jamais cela ne fut dict ni pensé par Nostre Seigneur, que l'on mangeroit sa chair charnellement, grossierement et comme l'on mange les chairs mortes et perissables.

  A007001374 

 Mays sur tout Nostre Seigneur avoit rejetté disertement ceste intelligence grossiere et toute charnelle par ces parolles: Spiritus est qui vivificat, caro non prodest quidquam; verba quæ locutus sum vobis spiritus et vita sunt; C'est l'esprit qui vivifie, la chair ne prouffite de rien; les paroles que je vous [326] ay dites sont esprit et vie. Paroles saintes, paroles divines, paroles infiniment excellentes et propres a desraciner ceste lourde et grossiere intelligence de la manducation charnelle du cors de Nostre Seigneur, et ce, par deux beaux moyens que nos anciens Peres en ont doctement tiré et deduit.

  A007001381 

 O Seigneur, je loüeray de tout mon cœur vostre toute puyssance pourveu que vous ouvries mes levres a vos loüanges; j'adoreray vostre Majesté au saint Sacrement, pourveu que vous ternes tousjours vos paroles en mon cœur: car vos paroles m'instruiront que vous y estes Homme Dieu, reellement et veritablement, et que ceste vostre praesence n'est non plus impossible a vostre volonté, quoy qu'incomprehensible a nos foibles entendemens, que le reste de vos œuvres admirables.

  A007001386 

 La majesté de Dieu est tellement par tout, que saint Pol a dict: Non longe est ab unoquoque nostrum; in ipso enim vivimus, movemur et sumus; Act., 17.

  A007001388 

 Nous disions Dimanche, et le prouvasmes suffisamment, qu'un seul cors peut estre en deux lieux; donques deux cors peuvent estre en un lieu, n'y ayant non plus de difficulté que deux cors n'ayent qu'un lieu, que de dire que deux lieux n'ayent qu'un mesme cors.

  A007001389 

 Non, non, c'est son cors; ce n'est pas une contenance spirituelle, c'est son vray cors mais spiritualisé..

  A007001391 

 Mais quoy, o mon Dieu, o mon Sauveur, o mon Maistre, permettes moy que je parle de la premiere entrëe que vous fistes en ce monde, en laquelle non vous, mais les Anges pour vous, vous voyant parmi les hommes, petit enfant, pauvret, nud et pleurant, chanterent: Gloria in altissimis Deo, et in terra pax hominibus bonæ voluntatis.

  A007001391 

 chapitre, dict et proteste que la Mere de Dieu seroit Vierge, non seulement concevant, mays enfantant: Ecce Virgo concipiet et pariet; et en nostre Symbole: « Natus ex Maria Virgine.

  A007001401 

 Mais voudries vous bien, Messieurs, qu'en ce Sacrement on repeust le ventre et l'esprit tout ensemble? Non, cela n'estoit pas convenable.

  A007001403 

 4: « Aquam aliquando mutavit in vinum, et non erit [337] dignus cui credamus quod vinum in sanguinem transmutarit? » Nyssenus, in Oratione Magna, c. 37: « Recte Dei verbo sanctificatum panem in Dei Verbi corpus credimus immutari.

  A007001403 

 Saint Cyprien, qui vivoit il y a plus de treize cens ans, in sermone De Cæna Domini: « Panis iste quem Dominus Discipulis porrigebat, non effigie sed natura mutatus, omnipotentia Verbi factus est caro.

  A007001403 

 ad Cor.: Non omnis panis, sed accipiens Christi benedictionem, fit corpus Christi.

  A007001405 

 aux Cor., 11, qu'est ce qu'il dict? Qui manducat et bibit indigne, judicium sibi manducat et bibit, non dijudicans corpus Domini..

  A007001409 

 Saint Gregoire Nazianzene, oratione in laudem sororis suæ Gorgoniæ, raconte que sa seur « estant malade d'une maladie prodigieuse, vint de nuict a l'autel [340] se prosternant, et priant Celuy qui est adoré sur iceluy; omnibusque nominibus appellans, atque omnium rerum quas fecerat commonefaciens, » quid fecerit audite: « caput cum clamore et lacrymis [altari] admovens, se non nisi reddita sanitate discessuram minitans, » etc. Ainsy elle fut guerie..

  A007001410 

 Et Origene, plus ancien encores, homil. 5 in diversa, dict qu'en ce Sacrement nous recevons en nous comme en nostre mayson, le cors de Nostre Seigneur: « Dis donques, » dict il, « Domine, non sum dignus, » etc..

  A007001422 

 Les adversaires de l'Eglise Catholique respondent a ceste interrogation que non, parce que Jesus Christ leur a dict: Caro non prodest quicquam; La chair ne prouffite de rien.

  A007001425 

 De peur que par un praejugé et supposition fause vos entendemens ne soyent atteintz de quelque passion contre nous, chers auditeurs, pendant qu'on vous pourrait avoir faict accroire que le differend qui est entre nous et nos adversaires ne gist en autre, sinon en ce qu'ilz ne veulent rien croire que ce qui est es Escritures, et [que] nous voulions fonder nostre doctrine ailleurs que sur icelles, je vous supplie de croire qu'en ce particulier differend (ni en pas un autre aussi, non plus qu'eux) nous ne voulons ceder a eux en l'honneur que nous avons juré aux Saintes Escritures; mays que tout au contraire nous protestons ne vouloir le demesler que par la seule, pure et expresse parolle de Dieu, ainsy que nous fismes Dimanche.

  A007001432 

 Non dicit et seminibus.

  A007001433 

 En outre, Nostre Seigneur n'avoit que son cors et son sang; car Filius hominis non habet ubi caput suum reclinet; donques faisant son testament et laissant des legs a ses amys, il ne pouvoit laisser que son cors et son sang.

  A007001433 

 Voudries vous bien chers auditeurs, qu'un morceau de pain, un legs si petit, fut le gage d'un tel et si grand amour? Non, c'estoit luy mesme en une autre forme, impassible, qu'il donnoit comme un juste et asseuré tesmoignage de l'exces de son amour.

  A007001434 

 Christ., cap. 6 et 9: Nihil est dictum obscure nec scriptum quod spectet ad fidem et mores, quod non planissime dictum sit in aliis locis..

  A007001439 

 Voyla les raysons generales par lesquelles il appert [346] que nous sommes bien fondés a les interpreter en leur sens expres et formel, non figuré et metamorphosé..

  A007001452 

 (Les huguenotz gastent et avilissent la parole de Dieu, celle des Sacremens et celle cy. Sil dict delere, ilz disent non imputare.) O quelle grace de Nostre Seigneur: Tu es Petrus, Cepha, Petros, et super hanc petram ædificabo.

  A007001452 

 49: Erunt reges nutritii tui, et reginæ nutrices tuæ; vultu in terra demisso adorabunt te, et pulverem pedum tuorum lingent. Non mihi sed Christo..

  A007001458 

 Psal. 5: Non Deus volens iniquitatem tu es.

  A007001459 

 22: Tentavit Deus Abraham ad probandum, non ad seducendum..

  A007001459 

 ad Cor. c. 10: Fidelis Deus, qui non sinet vos tentari supra id quod potestis.

  A007001461 

 Est communicativum; non communicat quod non [349] habet.

  A007001462 

 Exitus aquarum deduxerunt oculi mei, quia non custodierunt legem tuam. [Ps.] 118.

  A007001463 

 21; Non videbo morientem puerum; et sedens contra, levavit vocem suam et flevit.

  A007001465 

 Tota die expandi manus meas ad populum non credentem et contradicentem mihi; Ro.

  A007001481 

 26: Non facietis sculptile et idolum ut adoretis.

  A007001481 

 42: Ego Dominus; gloriam meam alteri non dabo, et laudem meam sculptilibus..

  A007001481 

 Exodi, 20: Non facietis mecum deos aureos et deos argenteos.

  A007001487 

 In memoria æterna erit justus; ab auditione mala non timebit.

  A007001495 

 in Evangelia: « Amice, per fidem, non per operationem.

  A007001496 

 5: Quid est quod ultra debui facere vineæ meæ et non feci? Hier.

  A007001497 

 1: Vocavi et renuistis; extendi manus meas et non fuit qui aspiceret..

  A007001505 

 XXXVIII sur les Evangiles: « Ami, par la foi, non par les œuvres.

  A007001533 

 18: Si Dominus est Deus, etc. Manna non descendit donec farina Ægipti, etc.; Ex.

  A007001534 

 Sacrificium Deo spiritus contribulatus, cor contritum et humiliatum Deus non despicies.

  A007001546 

 Sicut febris hectica non desinit donec separet, etc., ab omni humido.

  A007001577 

 37: Quid nobis prodest si occiderimus fratrem nostrum? Manus nostræ non polluantur; frater enim et sanguis noster est..

  A007001578 

 17: Non longe, etc. Neanmoins, Is.

  A007001586 

 Amos, 8: Emittam famem in terram; non famem panis, sed audiendi Mot Domini.

  A007001586 

 Quis mihi tribuat auditorem? Psal. 17: Populus quem non cognovi servivit mihi; in auditu auris obedivit mihi. Ps.

  A007001587 

 Meretrix, quia non fecit liberos fidei, id est, bona opera, sed adulterinos, id est, mala.

  A007001588 

 11: Maledictus vir qui non audiverit verba pacti hujus.

  A007001588 

 13: Qui illusor est, non audit cum arguitur.

  A007001588 

 37: Ego autem tanquam non audiebam, etc.

  A007001588 

 Sacerdotibus clangentibus, ait Josue ad populum: Non clamabitis, nec audietur vox, nec ullus sermo ex ore vestro egredietur.

  A007001592 

 J'enverrai la faim sur la terre; non la faim du pain, mais celle de la parole du Seigneur.

  A007001656 

 Et ante dixerat: Ego lugebam trium hebdomadarum diebus, panem desiderabilem non comedi, caro et vinum non introierunt in os meum. Quarto, ob [370] remedium peccatorum.

  A007001656 

 Hoc genus dæmoniorum non ejicitur nisi in oratione et jejunio.

  A007001665 

 Partim ostendit potestatem divinam, dum non ante; partim humanam naturam, dum postea esuriit..

  A007001673 

 Si Filius Dei es, ut sciat an sit; si non est, ut superbiam ingerat..

  A007001676 

 « Deest illi amœnitas arborum, deest illi consiliatrix Eva, deest illi pomorum speciosa deceptio, et quia non invenit cibum quem offerret esurienti, postulat in cibum saxa mutari; » Amb., serm. 35, De jejunio Domini.

  A007001694 

 Qui respondens dixit: Scriptum est: Non in solo pane.

  A007001706 

 L'effect fut premierement la plus grande gloire de Dieu: Infirmitas hæc non est ad mortem, sed pro gloria Dei..

  A007001717 

 Non enim in arcu meo sperabo, et gladius meus non salvabit me; sed in nomine tuo spernemus insurgentes in nobis.

  A007001721 

 Qui Filium dedit, quomodo non omnia dabit?.

  A007001733 

 Aug.: « Amanti tantummodo nunciandum fuit; » « non enim amas et deseris.

  A007001736 

 15: Non derelinques animam meam in inferno, nec dabis Sanctum tuum videre corruptionem.

  A007001737 

 8 Confess., c. 3: « Triumphat victor; » et non triumphasset nisi vicisset, « non vicisset nisi pugnasset.

  A007001738 

 Quo audito Jacob, quasi de gravi somno evigilans, tamen non credebat eis; illi contra referebant omnem ordinem rei.

  A007001739 

 2: Non coronatur nisi qui.

  A007001739 

 2: Vivo ego, jam non ego.

  A007001739 

 Epulemur, non in fermento veteri.

  A007001739 

 Intellige quæ dico: Non coronabitur nisi qui legitime certaverit..

  A007001739 

 Omnes quidem resurgemus, sed non omnes immutabimur.

  A007001750 

 Mangeons, non avec le vieux levain... Je vis, non plus moi.

  A007001757 

 P uer non comparet, et ego quo ibo? 2 des Rois, dix huict: Fili mi Absalom, Absalom fili mi, quis mihi tribuat ut ego moriar pro te, Absalom fili mi, fili mi Absalom?.

  A007001777 

 Non recordamini, etc., in quinque in quatuor..

  A007001794 

 Ainsy nostre saint Jaques non seulement fut apellé Jacobus, mays eucor Boanerges, nom lequel ayant esté imposé par Nostre Seigneur, ne peut estre sans mistere.

  A007001810 

 En ce quil croit a la premiere denonciation qui luy est faite: Jam enim non poteris amplius villicare.

  A007001811 

 1, v. 9: Sordes ejus in pedibus ejus, nec recordata est finis sui; deposita est vehementer, non habens consolatorem.

  A007001824 

 Psal. 14: Domine, quis habitabit in tabernaculo tuo? Marie: Tota pulchra es amica mea, et macula non est in te; Cant. c. 4.

  A007001835 

 Luc. 15: Majus est gaudium in Cœlo super uno peccatore pœnitentiam agente, quam super nonaginta novem justis qui non indigent pœnitentia. Quale gaudium super omnes habebit Maria, non secus expectans ac Anna! Tob.

  A007001838 

 Non accipies loco pignoris inferiorem et superiorem molam; Deut.

  A007001838 

 Non coges subditos et filios aut servos servire tibi superiori et inferiori parte, secundum tuam religionem malam et secundum politicam.

  A007001852 

 Scitote quoniam Dominus ipse est Deus; ipse fecit nos, et non ipsi nos.

  A007001852 

 Sed ob gloriam quid? Non sunt condignæ..

  A007001852 

 Si tuus sum qui me creasti, quam tuus quia recreasti! Sed ob vitandum infernum quid non [396] deberemus facere? Duxit et reduxit.

  A007001852 

 Tam multa sunt in nos Dei beneficia, ut si infinitam vitam duceremus et infinitis modis ei serviremus, tamen ejus beneficentiam non æquaremus, et post hæc omnia dicere deberemus quia servi inutiles essemus.

  A007001857 

 Sachez que le Seigneur est Dieu; c'est lui qui nous a faits, et non pas nous-mêmes. Donc, tout ce que nous sommes, nous le tenons de lui.

  A007001861 

 Cor, oculus, etc., non patitur divisionem.

  A007001861 

 Sacrificium Abrahæ quoad volucres non dividitur.

  A007001892 

 « Non est conveniens luctibus iste color.

  A007001894 

 [402] Que s'il est ainsy, me voicy riche d'affection, de simplicité et de fidelité pour entreprendre le discours des vertus du prince decedé, lequel j'envoye de bon cœur a son ame, c'est a dire a cest esprit que j'espere, mays que je crois estre au Ciel, et a celuy lequel estant en terre n'est pourtant qu'une mesme ame avec luy, non plus que par le mariage ilz ne furent qu'un mesme cors icy bas.

  A007001901 

 Nous avons mille peynes et travaux pour parvenir ou il est; pourquoy serons nous faschés qu'il y soit arrivé? Pourquoy pleurerons nous tant le trespas de ce prince, lequel pleureroit, s'il estoit en lieu de larmes, avec beaucoup plus de rayson le retardement du nostre, que nous n'avons pas pleuré l'avancement du sien? Nolo vos ignorare de dormientibus, ut non contristemini, sicut et cæteri qui spem non habent.

  A007001911 

 D'elle sont sortis plusieurs Amés, Louys, Humbertz, Pierres, Philibertz et autres grans princes, entre lesquelz l'un des Amés, par sa force et valeur, delivra l'isle de Rhodes de la servitude des infidelles, et l'asseura pour le Christianisme entre les mains des chevaliers de saint Jean de Hierusalem, lesquelz desirans que la posterité de leur protecteur receust des lhors quelques marques de l'obligation qu'ilz luy avoyent, communiquerent les armes [411] de leur milice, qui sont de gueules en une croix d'argent, a toute la mayson de Savoye, laquelle les a cherement retenues, non tant en memoire de la valeur de ce grand ancestre, que comme un signe sacré qui peust servir de protestation perpetuelle que ceste race est toute dediee a la defense de l'honneur de la Croix, comme elle a fait voir en la Moree, en Cypre et en plusieurs autres lieux ou elle a porté les armes avec non moins de pieté que de valeur..

  A007001915 

 Donques le duc de Mercœur considerant qu'il y a autant de difference entre la vertu et la noblesse qu'entre la lumiere et la splendeur, l'une esclàirante de soy et l'autre d'emprunt, louant Dieu d'avoir moyen de rendre ses actions plus exemplaires, il a tous-jours eu soin de ne rien faire qui peust obscurcir ou amoindrir la grande splendeur que la generosité de ses ancestres luy avoit acquis; et entant qu'il luy a esté possible, il l'a non seulement conservee, mais de beaucoup augmentee..

  A007001919 

 Car il avoit une exacte connoissance et prattique des mathematiques, que le fameux Bressius luy avoit enseignees; il avoit aussi l'usage de l'eloquence et la grace de bien exprimer ses belles conceptions, non seulement en ceste nostre langue françoise, mays mesme en allemande, italienne et espagnole, esquelles il estoit beaucoup plus que mediocrement disert; et neanmoins il n'employa jamais son bien dire en choses vaines, ou pour mieux dire, il ne voulut abuser de ce beau talent que Dieu luy avoit si liberalement departi, ains il l'employa a la persuasion des choses utiles, louables et vertueuses.

  A007001919 

 Tellement que le tems qui luy restoit pour son playsir, il l'employoit partie a l'orayson et partie a la lecture des bons livres, au moyen dequoy il s'estoit acquis la connoissance de trois sciences non seulement bien-seantes, mays presque necessaires a la perfection d'un prince chrestien.

  A007001921 

 Il ne s'attribuoit rien de ses richesses que la puissance de les dispenser, sçachant bien que la lueur de l'or et celle de l'espee ne nous doivent non plus esblouir l'une que l'autre..

  A007001942 

 Mais, mon Dieu, qu'il faisoit bon voir ce grand general demeurer a la queue de son armee, qui estoit presque destituee de tous ses autres chefz et reduitte a six ou sept mille hommes, la faim ayant fait retirer le reste, et amuser le Turc par escarmouches pendant qu'elle faisoit sa retraitte l'espace de cinq a six lieues, et jusques a ce qu'il l'eut entierement degagee d'une grande quantité de mauvais passages; combattant tantost a pied, tantost a cheval, se trouvant ores en teste de l'avant garde, ores a la queue de l'arriere garde, faysant l'office non seulement de general, mais de mareschal de camp, de general de l'artillerie, de sergent majeur, de colonnel, et bref ayant luy seul sur les bras le faix et la charge de ceste si perilleuse et tant admirable retraitte, en laquelle il se trouva plusieurs fois aux mains et meslee, donnant secours aux siens, signamment en une assistance fort remarquable qu'il donna a son arriere-garde laquelle s'en alloit desconfite par la furieuse charge de cinquante mille chevaux turcz, quoy que courageusement combattuz par le vaillant comte de Chaligny sous les heureux auspices de son frere et general, qui le secourut en fin si a propos, que les Turcz, battuz et repoussés, firent les premiers une autant honteuse retraitte que celle de nostre armee fut glorieuse, pour avoir esté faitte avec une poignee de gens que nostre general sauva et garantit heureusement des effortz [423] d'une si effroyable multitude, avec le butin de plusieurs pieces de canon..

  A007001947 

 Ce qu'il monstroit bien clairement es lettres qu'il escrivoit a Madame sa femme; car il mettoit tant de soin de rapporter a la seule gloire de Dieu les heureux succes de ses armes, qu'il sembloit mesme n'en vouloir pas estre estimé l'instrument: signe certain d'une vraye humilité, et non point affectee, puysqu'il la prattiquoit a l'endroit de celle qui n'estoit qu'un autre luy mesme..

  A007001953 

 Il avoit tousjours en son armee des Peres Capucins, lesquelz portans une grande croix, non seulement animoyent les soldatz, mais aussi apres la confession generale que tous Catholiques faisoyent en signe de contrition, ilz leur donnoyent la sainte benediction.

  A007001961 

 Que vous semble il maintenant, Messieurs, de la vie et du deces de ce prince? Sa vie merite elle pas d'estre celebree par des louanges immortelles? Vous est il advis qu'il faille regretter le trespas de celuy qui a si bien vescu? Il a receu la mort de bon cœur, et vous en voules detester la nouvelle? Non, non; quicomque vous a [432] dict qu'il estoit mort vous a trompés, ceux qui ont si bien vescu ne meurent jamais.

  A007001963 

 Non, croyes-moy, je vous supplie, qu'il n'a point de plus grand soucy que celuy que je dis..

  A007001965 

 Mais encores me semble-il qu'il vous parle, Madame sa tres chere vefve, et a vous, Messieurs ses parens, et qu'il vous dit ces paroles: Regardes ou je suis, je vous supplie: je suis au lieu que j'ay tant desiré, auquel je me console en mes travaux passés qui m'ont acquis ceste gloire presente; pourquoy ne vous consoles vous avec moy? Quand j'estois avec vous, vous faisies profession de vous resjouïr avec moy de toutes mes consolations, [434] mesmement des caduques et illusoires: hé, ne suis-je pas tous-jours celuy-la? Pourquoy vous affliges vous donques de mon trespas, puysqu'il m'a donné tant de gloire? Non, je desire de vous tout autre chose que ces regretz; si vous aves des larmes, gardes les pour pleurer vos pechés et les malheurs de vostre siecle..

  A007002006 

 Vulpes non comedit gallos gallinaceos si jecur comederint ejus animalis.

  A007002008 

 Qui peccant pœnitentiam non faciunt.

  A007002008 

 Si nos ipsos judicaremus, non utique judicaremur..

  A007002039 

 Que si cela est certain comme il l'est, il est aussi tres certain qu'en fin ceste sainte Dame mourut; non que l'Escriture le tesmoigne, car je ne trouve aucune parole en l'Escriture ou il soit dit que la Vierge soit morte; la seule tradition ecclesiastique est celle-la qui nous en asseure, et la sainte Eglise, laquelle le confirme en l'orayson secrette qu'elle dit au saint office de la Messe de ceste feste.

  A007002042 

 O peuple, ceste union, ce meslange et liaison de cœurs estoit grande qui faysoit dire telles parolles a saint Paul, mais non pas comparable avec celle qui estoit entre le cœur du Filz Jesus et celuy de la Mere Marie; car l'amour que Nostre Dame portoit a son Filz surpassoit celuy que saint Paul portoit [443] a son Maistre, d'autant que les noms de mere et de filz sont plus excellens en matiere d'affection que les noms de maistre et de serviteur.

  A007002042 

 Oyes le grand Apostre saint Paul; il sentoit telle union et liaison de charité entre son Maistre et luy, qu'il fait profession de n'avoir point d'autre vie que celle du Sauveur: Vivo ego, etc.; Je vis, mais non ja moy, ains Jesus Christ vit en moy.

  A007002043 

 L'ame donq de Nostre Dame devoit estre transpercee; mais par quelle espee, par quel Cousteau? Et le Prophete ne le dit pas; neanmoins, puysqu'il s'agit de l'ame et non pas du cors, de l'esprit et non pas de la chair, il ne faut pas l'entendre d'un glaive materiel et corporel, ains d' un glaive spirituel et qui puisse atteindre l' ame et l' esprit..

  A007002050 

 Le glaive d'amour, duquel Nostre Seigneur parle: Non veni mittere pacem, sed gladium; Je ne suis [444] pas venu mettre la paix, mais le glaive, qui est le mesme que quand il dit: Ignem veni mittere; Je suis venu mettre le feu. Et au Cantique des Cantiques, l'Espoux estime que l'amour soit une espee par laquelle il a esté blessé, disant: Tu as blessé mon cœur, ma seur, mon espouse. De ces trois glaives fut transpercee l'ame de Nostre Dame en la mort de son Filz, et principalement du dernier qui comprend les deux autres..

  A007002051 

 L'amour a accoustumé de faire recevoir les contre coups des afflictions de ceux que l'on cherit: Quis infirmatur, et ego non infirmor? Qui est malade, que je ne le sois? qui reçoit un coup de douleur, que je n'en reçoive le contre coup? dit le saint Apostre; et neanmoins l'ame de saint Paul ne touchoit pas de si pres au reste des fidelles, comme l'ame de Nostre Dame touchoit et attouchoit de fort pres, et de si pres que rien plus, a Nostre Seigneur, a son ame et a son cors, duquel elle estoit la source, la racine, la Mere.

  A007002058 

 Ce fut par election qu'il mourut, et non par la force du mal: Ego pono animam meam; nemo tollit eam a me, sed ego pono eam.

  A007002058 

 Mais non, il ne voulut pas; l'amour qu'il nous portoit comme une Dalila luy osta toute sa force, et se laissa volontairement mourir; et partant il n'est pas dit que son esprit sortit de luy, mais qu'il le rendit: Emisit spiritum.

  A007002059 

 Il est donq mort d'amour, et c'est ce qui fait que son sacrifice de la croix fut un holocauste, parce qu'il y fut consumé par ce feu, invisible mais d'autant plus ardent, de sa divine charité qui le rend sacrificateur en ce sacrifice, et non les Juifz ou Gentilz qui le crucifierent, d'autant qu'ilz n'eussent sceu luy donner la mort par leurs actions, si son amour, par le plus excellent acte de charité qui fut onques, n'en eust permis et commandé le dernier effect, puysque tous les tourmens qu'ilz luy firent fussent demeurés sans effect, s'il n'eust voulu leur permettre la prise sur sa vie et leur donner force sur luy: Non haberes potestatem adversum me, nisi datum tibi esset desuper..

  A007002062 

 Ah, si tant de vierges, comme sainte Catherine de Sienne, sainte Claire de Montefalco, ont bien eu ceste grace, pourquoy non Nostre Dame, laquelle ayma son Filz et sa mort et sa croix incomparablement plus que ne firent onques tous les Saintz et les Saintes? Aussi n'estoit elle plus qu'amour, et en nostre langage, l'anagramme de Marie n'est autre chose que aimer: aimer c'est Marie, Marie c'est aimer.

  A007002063 

 Le monde et tous ses habitans sont sujetz au sac et pillage et au feu general; mais ne vous semble il pas qu'il y aye rayson d'excepter Nostre Dame et son cors? cors qui receut et logea non les espies, mais le vray Josué, le vray Jesus, et non pour une nuict, mays bien pour plusieurs: Beatus venter, beata ubera.

  A007002063 

 Tu es poudre et tu retourneras en poudre; cela fut dit au premier Adam et a la premiere Eve, le second et la seconde n'y ont point eu de part: et c'est une regle certes bien generale, mais non pas sans exception, comme j'ay monstré d'Helie et d'Enoch.

  A007002064 

 Certes, selon les lois generales, la Vierge ne devoit pas resusciter avant le jour de la generale resurrection, ni mesme estre exempte de la corruption; mais l'honneur qu'elle a eu de porter devant le Pere eternel, non l'Arche d'alliance, mais le Filz unique, le Sauveur, le Redempteur, la rend exempte de toutes ces regles.

  A007002064 

 N'est il pas vray que nonobstant ces regles, plusieurs resusciterent au jour de la resurrection, Multa corpora sanctorum qui dormierant resurrexerunt? Et pourquoy non la Vierge, a laquelle, dit le grand Anselme, nous ne devons refuser aucun privilege ni honneur qui soit accordé a aucune creature simple?.

  A007002065 

 Et si quelqu'un veut contredire, nous avons a luy respondre, comme fit en cas pareil l'Apostre: Si quis videtur contentiosus esse, nos talem consuetudinem non habemus, neque Ecclesia Dei; Que s'il y a quelqu'un qui semble estre contentieux, nous n'avons point telle coustume, ni aussi l'Eglise de Dieu..

  A007002069 

 Elle monte sicut virgula fumi ex aromatibus myrrhæ et thuris: Qui est celle, est il dit au Cantique des Cantiques, qui monte du desert comme une colomne de fumee, parfumee de mirrhe et d'encens, et de toutes les poudres d'un parfumeur? La reyne de Saba vint, comme vous sçaves, visiter le roy Salomon pour considerer sa sagesse et le bel ordre de sa cour, et a son arrivee elle luy donna une grande quantité d'or, de parfums et de pierres pretieuses: Non sunt allata ultra tam multa aromata, quam ea quæ dedit regina Saba regi Salomoni.

  A007002072 

 C'est ainsy, o Chrestiens, qu'il faut estre jaloux de l'honneur de Jesus Christ, non pas comme les adversaires de l'Eglise, qui pensent bien honnorer le Filz refusant l'honneur deu a la Mere; ou au contraire, l'honneur porté a la Mere estant rapporté au Filz, rend magnifique et illustre la gloire de sa misericorde..

  A007002074 

 Et pour moy, j'ay accoustumé de dire qu'en certaine façon la Vierge est plus creature de Dieu et de son Filz que le reste du monde; pour autant que Dieu a creé en elle beaucoup plus de perfections qu'en tout le reste des creatures, qu'elle est plus rachetee que tout le reste des hommes, parce qu'elle a esté rachetee non seulement du peché, mays du pouvoir et de l'inclination mesme du peché, et que racheter la liberté d'une personne qui devroit estre esclave, avant qu'elle le soit, est une grace plus grande que de la racheter apres qu'elle est captive.

  A007002075 

 La Vierge fut l'espine de ce buysson ardent mais non bruslé, que vit le grand Moyse: « Rubum quem viderat Moyses, conservatam agnovimus tuam sanctam virginitatem, » dit l'Eglise.

  A007002077 

 Et reginæ laudaverunt eam: et non seulement le peuple, mais les ames plus relevees, les prelatz, les docteurs, les princes et monarques l'ont loüee et magnifiee; et comme les oyseaux commencent a gazouiller chacun en son ramage a la pointe du jour, ainsy tous se sont evertués a celebrer ses honneurs, comme elle mesme l'avoit præveu, disant: Beatam me dicent omnes generationes, a la suitte desquelz tous les fidelles doivent, et vous le deves plus particulierement, o Parisiens, l'invoquer et luy obeyr, qui sont les deux premiers honneurs que nous luy pouvons rendre et qu'elle nous a invité a luy rendre..

  A007002095 

 Non regnet peccatum; Rom. 6.

  A007002095 

 Pharao quidam Joseph cognoscit, tempore justitiæ originalis; sed alius non cognoscit Joseph, id est, rationem.

  A007002099 

 7: Non ego operor illud, sed quod habitat in me peccatum.

  A007002101 

 Ego autem orabam, dit le Psalmiste; et eæ, non modo interiori gustui sed exteriori, miram habebant suavitatem..

  A007002102 

 Non coronabitur nisi qui legitime certaverit; ut Ludovicum, qui pugnavit contra eos Usque ad internecionem.

  A007002108 

 In blasphemos quam maxime; nam blasphemia est læsæ majestatis Divinæ, non tamen omnia peccata.

  A007002111 

 Sic Magi dicuntur, non reges, quia presente Christo non reges.

  A007002112 

 Quam multa regna, provinciæ, etc. Non marcescent lilia tua, Deo dante, sed vide tu ne illa destruas..

  A007002129 

 Mais moi, je priais, dit le Psalmiste; et ces prières étaient d'une admirable suavité non seulement au goût intérieur, mais même à l'extérieur..

  A007002147 

 9: Ab humero et sursum eminebat omnem populum. Caius se Deum insigniis deorum fieri existimavit; at non ita, sed virtutibus.

  A007002167 

 40: Videbam vitem, etc. Psal. 68: Eripe me de luto, ut non infigar; libera me ab iis qui oderunt me, et de profundis aquarum.

  A007002167 

 Non me demergat tempestas aquæ, neque absorbeat me profundum, neque urgeat super me puteus os suum.

  A007002167 

 Turon., De Gloria Confess., c. 32: « Sile, vir Dei, quia non est necesse proloqui virum nemine interrogante secretum.

  A007002168 

 50: Dominus Deus aperit mihi aurem; ego autem non contradico, retrorsum non abii.

  A007002168 

 Sagitta Saul non est reversa inanis.

  A007002183 

 Apoc. 20: Vidi thronum candidum, et sedentem super eum, a cujus conspectu fugit terra et cœlum, et locus non est inventus eis; et vidi mortuos, etc., et libri aperti sunt, et alius liber qui est vitæ; et judicati sunt mortui ex iis quæ scripta erant in libris secundum opera eorum.

  A007002184 

 1: Et erit in die illa; scrutabor in lucernis Hierusalem, et visitabo super viros defixos in fæcibus suis, qui dicunt in cordibus suis: Non faciet Dominus bene, non faciet male.

  A007002184 

 Misericordiæ Domini quia non sumus consumpti.

  A007002186 

 9: Statutum est, etc. [Ps.] 88: Quis est homo qui vivet et non videbit mortem? Ro.

  A007002187 

 Cor. 15: Ecce mysterium dico vobis: Omnes quidem resurgemus, sed non omnes immutabimur.


08-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome VIII-Vol.2-Sermons.html
  A008000122 

 Videtur Christus reprehendere istos quod signa petant? [1] Tantum, quomodo? An non merito a Christo signa petunt et expetunt?.

  A008000123 

 Sic Christus tam necessaria illi fuisse miracula, ut Si opera non fecissem quœ nemo alius fecit, peccatum non haberent; Jo. 15; Is.

  A008000123 

 Videntes non vident: excæcatio, ut Pharao, ut Saül, ut Judas.

  A008000124 

 Et signum non dabitur ei nisi signum Jonae Prophaetae.

  A008000124 

 I a, multorum: id est, Christi resurrectio, etc. Verum multæ hic sunt difficultates; quia non eis magis resurrectio quam ascensio, aut mortuorum, etc. 2 a.

  A008000141 

 Qui sunt languentes, cæci, claudi, aridi? Cæci: non vident infideles; claudi, vel irascibili vel concupiscibili; aridi: tepidi, vel originale peccatum.

  A008000145 

 Non sumus sufficientes.

  A008000159 

 Quœretis me et non invenietis; et in peccato vestro moriemini..

  A008000166 

 18: Nunquid voluntatis meœ est mors impii, et non ut convertatur et vivat? Convertimini, et agite pœnitentiam ab omnibus iniquitatibus vestris, et non erit in ruinam iniquitas.

  A008000167 

 Non continebit in ira sua misericordias suas; [Ps.] 76.

  A008000168 

 3 a: Quia peccator habet voluntatem æternam peccandi; nam si sciens se moriturum peccat, quid faceret si sciret se non moriturum? Dimisit eos secundum desideria cordis eorum, etc..

  A008000171 

 Continuatio, non recidiva; durat: Juravi et statui; Benedicam in omni tempore.

  A008000180 

 Est-ce que je veux la mort de l'impie, et non qu'il se convertisse et qu'il vive? Convertissez-vous et faites pénitence de toutes vos iniquités, et l'iniquité ne causera pas votre ruine.

  A008000195 

 Non est meum dare vobis, ut hominis, nam id Dei est; Aug. Nunc nam veni invitare ad pugnam; Ambros.

  A008000196 

 Beda: Deo, non nobis, quoniam bonorum nostrorum non eget.

  A008000196 

 Chrisost.: Dicite; at ego non dicam, sed euge, serve bone et fidelis.

  A008000197 

 Non pasces in cruce corvos..

  A008000197 

 « Non feci furtum.

  A008000206 

 Saint Bède: Pour Dieu, non pour nous, parce qu'il n'a pas besoin de nos biens.

  A008000230 

 Non timebo mala quoniam tu mecum eas.

  A008000250 

 Si veritatem dico vobis, quare non.

  A008000252 

 Dei audit; propterea vos non auditis.

  A008000253 

 quia ex Deo non estis..

  A008000256 

 At ego, ait Dominus, recte canto et melius pulso: Quare ergo non credunt cum veritatem dico?.

  A008000256 

 Nunc Christus expugnaturus Hierico, lunaticam hanc civitatem mundi, ostendit se veluti alterum Josue portasse Arcam foederis et legem implesse, Quis ex vobis arguet me de peccato? [15] ac etiam prædicasse et buccina Mot Dei prædicasse: Si veritatem dico vobis, quare non creditis mihi? Nihil obstat quo minus credatis, nam et veritatem dico et nihil in vita mea contrarium reperietis.

  A008000257 

 Imo, Domine, quia veritatem dicis non potest suscipi doctrina tua.

  A008000258 

 Postquam amovit omnem excusationem, rationem reddit cur non audiant.

  A008000258 

 Pueri ludentes ( sic ) si pater unius tussi tantum sonet levi, filius intelligit, cæteris non advertentibus.

  A008000259 

 11; ut non [17] audiat, id est, intelligat.

  A008000259 

 At et hic isti maledicti audiebant; audire non dicitur qui non obedit.

  A008000259 

 Estote factores verbi, et non auditores tantum, fallentes vosmetipsos, etc.; Jacobi 1°.

  A008000259 

 Quomodo cognoscitis aliquem esse surdum? quando scilicet non movetur verbis.

  A008000259 

 Venite, descendamus et confundamus linguam eorum, ut non audiat unusquisque vocem proximi sui; Gen.

  A008000260 

 Præcipua autem causa cur non audiant sunt odia, malevolentiæ, ut hic videmus.

  A008000261 

 Amen amen dico vobis: Si quis sermonem meum servaverit, mortem non videbit in aeternum.

  A008000261 

 Ego non quaero gloriam meam; est qui quaerat et judicet.

  A008000261 

 Respondit Jesus: Ego (de Samaritano nihil dicit quia constabat) daemonium non habeo, sed honorifico Patrem meum, et vos inhonorastis me.

  A008000262 

 Verterunt ad me tergum, et non faciem.

  A008000274 

 Ils ont tourne vers moi le dos et non la face.

  A008000283 

 Quand Helie fut ravi, Helisee luy demanda son esprit au double; cui Hælias: Rem grandem postulasti, verumtamen si videris me ascendentem ita fiet; si non videris, non fiet.

  A008000285 

 Illi non ascendisse, isti non remansisse..

  A008000286 

 Confitendum Deo, ergo non Christi [22] ministris; at Ecclesia, et Deo et ministris.

  A008000286 

 Et sic propemodum semper, ut hic: articulus est fidei «ascendit ad cælos,» ergo non est in Eucharistia; at Ecclesia: et est hic et est in Eucharistia.

  A008000286 

 Solent fere semper hseretici hujus temporis, ubi duo in Scriptura repererint quæ non intelligunt quomodo simul stare possint, unum altero expellere, quamvis contraria non sint.

  A008000286 

 Verbi gratia: fides justificat, ergo opera non justificant, cum utrumque dicat clarissime Scriptura; Ecclesia et fides et opera, ex Jacobo.

  A008000288 

 Crediderunt Israelitæ, nec dixerunt: Non habet effigiem panis, sed coriandri, aut brumse et verglas; sed omnes collegerunt.

  A008000290 

 At tandem non solum Ascensio [non] obest articulo de Eucharistia, sed prodest; nam videte quaeso quale corpus, non amplius carnale sed spiritale, penetrat cælos; 1.

  A008000291 

 Sed quare nos non trahit? Magnes trahit ferrum, nisi obstet adamas intermedius, pinguedo et allium.

  A008000301 

 Les Israélites crurent, ils ne dirent pas: Cela ressemble non pas au pain, mats à la coriandre, à la gelée blanche, au verglas; non, tous en recueillirent.

  A008000303 

 Voyez en effet, je vous prie, ce corps, non plus charnel, mais spirituel, qui pénètre les cieux.

  A008000333 

 Primum signum amoris est unio affectiva sive voluntatis; unde Christus: Si quis diligit me, sermonem meum servabit; Qui dicit se diligere Deum et mandata ejus non servat, mendax est; Erat illis cor unum et anima una; Anima Jonatœ conglutinata est cum anima David.

  A008000333 

 Sed non possum continere quin dicam duo: et historiam illam de amicitia Augustini, et retractationem quam fecit illorum verborum quæ sunt in fine cap. 6: «Ille autem qui dixit dimidium,» etc. Horatius est, de Virgilio navigante:.

  A008000337 

 At Virgo vicissim extra se fuit: Mihi [30] vivere Christus est et mori lucrum; Vivo ego, jam non ego.

  A008000338 

 Pro domo Dei: Quis scandalizatur et ego non uror? Zelus Christi de Virgine: Pone me ut signaculum supra cor tuum; Hortus conclusus; Capite nobis vulpes parvulas quae demoliuntur vineas, nam vinea mea floruit; Dilectus meus mihi.

  A008000350 

 A son tour, la Vierge fut hors d'elle-même; [30] Pour moi, vivre, c'est le Christ, et mourir m'est un gain; Je vis, non plus moi.

  A008000359 

 16: Sunt de hic stantibus qui non gustabunt mortem donec videant Filium hominis in regno suo; et ibi loquebatur de regni cælesti..

  A008000382 

 Quemadmodum in tabulis et picturis in quibus sunt multæ personæ en petit volume, semper aliquid superest videndum et notandum, umbræ, pourfilz, raccourcissemens, entorses; sic in Evangelio Innocentium, in quibus sunt tot personæ parvæ, et præsertim parvulus ille Puer qui quæritur et non invenitur.

  A008000383 

 Quis Angelus? Non sane Christi si commodi genitivum faciamus, sed Christi si possessive; non enim indiguit custode Angelo, sed ministro: ergo Gabriel fuit..

  A008000387 

 Sed dices, ubi fugiam? Fuge non loca sed occasiones..

  A008000389 

 Tamen Deus vult nos ab hominibus doceri, non ab [35] Angelis regulariter; ipsi tamen juvant ac fovent inspirationibus, illuminationibus.

  A008000392 

 Heu miser! Peccatum tuum manet, regnum tuum non manet: ita plerique hominum.

  A008000393 

 Beatus Franciscus odio habuit formicas, quæ congregant sibi tantum et mittunt in terram; non apes, quæ mellificant pro tempore hiberno, sed non mittunt in terram nec sibi.

  A008000393 

 Non dicit ubi, sed pedetentim ite.

  A008000401 

 Quel est cet Ange? Ce ne fut pas certes celui clu Christ si nous l'entendons du génitif d'intérêt, mais ce fut bien celui du Christ s'il s'agit du génitif de possession; car il lui fallait un Ange, non comme gardien mais comme Berviteur.

  A008000405 

 Mais tu dis: Où fuirai-je? Il faut fuir non les lieux, mais les occasions..

  A008000407 

 Toutefois, Dieu veut que nous soyons ordinairement instruits par les hommes [35] et non par les Anges.

  A008000421 

 16: Non apparebit quisquam coram me vacuus ), propterea opere prsetium fuerit nosse quomodo dona facienda sunt Deo.

  A008000421 

 «Munera, crede mihi, placant hominesque deosque» (unde Ex. 23: Non apparebis coram me vacuus; [38] Deuteron.

  A008000424 

 Qui sunt isti? Magi, non magici sed sapientes reges; qui non credendo credebant.

  A008000424 

 Tum vero sapientes erant; sapiens autem non est nisi bonus.

  A008000425 

 Alii dant non sua, ut fures.

  A008000425 

 Fili mi, quare non es devotus? Ero devotus in senectute.

  A008000425 

 Sunt qui honorant Deum de eo quod non habent.

  A008000431 

 Condendis laudibus tabernaculi Beatæ Virginis non est timendum ne Ecclesia plus accipiat; ita Collyridianos repressit.

  A008000442 

 Qui sont ceux-ci? Des Mages, non des magiciens, mais des rois sages; sans avoir la foi, ils croyaient.

  A008000464 

 Et ecce me, Domine: Confiteor tibi, Pater, Domine cæli et terræ, quia pulvis sum et cinis, et tamen thesauros verbi tui thesaurisare volo; non mihi tantum sed et pueris meis dilectissimis.

  A008000464 

 Quis ergo abscondidit? Non ( sic ) tu, o Virgo? Sed dic mihi, piissima Mater, [45] cui abscondunt thesauros matres nisi filiis? Ergo tu nobis abscondisti.

  A008000465 

 Domine, in Cælo non sunt thesauri nisi sapientiæ, scientiæ et bonitati; tu autem omnes habes, in te enim sunt omnes: quomodo ergo dicis: Thesaurisate? Tu ipse da nobis thesauros et thesaurisabimus, et quia Mater tua veluti thesauraria thesauros abscondit, jube ut aperiat.

  A008000469 

 Alii, ut Leo Imperator apud Hilaretum: «condita ab ignotis dominis tempore vetustiori mobilia.» Augustinus, apud D. Thom., idem censet, præterquam quod non de tempore vetustiori agit; sed ait thesaurum esse vel pæcuniæ quæ ærugini vel vestium quæ tineæ vel gemmarum quæ latronum incommodis patent.

  A008000469 

 Thesaurus est «vetus depositio pecuniæ cujus non extat memoria, ita ut dominum non habeat.» Lex unica, Codicis lib. 10.

  A008000471 

 Videbitis apes insidere rosis et liliis et maximis floribus; sed non minus congregant ex thimo et rosmarino et aliis minutissimis floribus, imo utilius, ob multitudinem, et quia mel in illis vasis angustis felicius conservatur et minus evaporatur.

  A008000472 

 Debent congregari prætiosa; nam qui vilia metalla congregaret non tam thesaurum quam acervum congereret.

  A008000473 

 Tu autem, qui hipocrita non es, unge caput tuum et faciem tuam lava.

  A008000473 

 Unde Bernardus: «Si sola gula peccavit, sola jejunet; si autem et cætera membra peccarunt, cur non etiam jejunabunt?» Vide locum in verbo Jejunium, ser.

  A008000474 

 6: Non est injustus Deus ut obliviscatur operis vestri..

  A008000474 

 Ille se daturum non redditurum respondit; Athenienses vero se non accepturos sed recepturos.

  A008000474 

 Intentio formanda, nam rectificat opus, et si, quod plerique existimant, ut inter alios Suaresius, non sit necessaria formalis et actualis, at certe certius et tutius est eam habere actualem et oculos in Deum intendere: Ad te levavi oculos meos, qui habitas in cœlis; ecce sicut oculi servorum in manibus dominorum suorum, etc. In manibus sunt, quia quidquid manus [52] domini indicat, id facere manus servi tentat; oculus autem admonet faciendum: Vulnerasti me in uno oculorum tuorum.

  A008000474 

 Reddet tibi quod in ejus gratiam facis, non idem sed mercedem.

  A008000477 

 Sic Paulus pater fuit: Nam etsi multa millia pedagogorum [54] habeatis, sed non multos patres, etc.; et mater fuit: Filioli, quos iterum parturio.» Sed quomodo Christus vivificet sanguine suo clarum est, quomodo occidat rostro suo non ita.

  A008000479 

 Ut dicimus lingua Greca; non linguam sed effectum linguas, id est, Mot Grecum; sic, agnovi manum, id est, opus manus alicujus.

  A008000481 

 7: Verte impios et non erunt: si quæ sursum habet peccator deorsum et quae deorsum sursum vertas, id est, carnem subjicias quæ imperabat, spiritum eleves qui jacebat, si ita vertas, non erit amplius peccator; ferebatur grabato et nunc fert grabatum.

  A008000483 

 Est tamen aliquod fundamentum in ipsis, quia est aliquis valor, sed non sequivalens citra pactum.

  A008000491 

 Je vous confesse, ô mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, que je suis poussière et cendre, et pourtant, je veux amasser les trésors de votre parole, non seulement pour moi, mais aussi pour mes enfants bien-aimés.

  A008000500 

 Il te rendra ce que tu fais en sa grâce, non cette œuvre même, mais sa récompense.

  A008000505 

 Ainsi nous disons la langue grecque, pour désigner non pas l'organe, la langue, mais son action, c'est-à-dire, la parole grecque; ou, j'ai reconnu la main, pour dire, l'œuvre d'une telle main.

  A008000518 

 Non respicit judicium generale sed particulare.

  A008000530 

 Anselme et Origène: La nuit est la vie présente; le jour, le temps qui suit la mort de chacun, non pas après le jugement général, mais après le particulier.

  A008000544 

 Morali timemus judices, qui non sine causa, inquit Paulus, gladium portant.

  A008000559 

 Nos remittimus peccata, praedicamus venisse, ipsummet Christum non tantum digito ostendimus ut Agnum, sed manibus porrigimus ut sacrificium consummatum et cibum, et nemo venit.

  A008000561 

 Plus quam Propheta, quia non solum prædixit sed ostendit; angelus munere, non natura..

  A008000565 

 Sic in Missa diaconus et subdiaconus hoc tempore ante complicatas gerunt planetas seu casulas, quia representant misteria non fuisse explicata ante [66] adventum, et veteres diminutum habuisse sacerdotium.

  A008000566 

 1 re opinio, Tertul., dat ansam dicendi quod Joannes non solum fuisset privatus spiritu prophetiæ sed spiritu fidei.

  A008000579 

 Plus qu'un Prophète, parce que Jean n'a pas seulement prédit, il a encore montré; ange par son office, non par nature..

  A008000582 

 1 re opinion, celle de Tertullien qui porterait à croire que saint Jean fut privé non seulement de l'esprit prophétique, mais encore de l'esprit de foi.

  A008000597 

 Malus, cum voluntatem peccandi non excludit, imo includit desiderium.

  A008000597 

 Ut qui dicit: Si Deus præciperet rem talem et præcepto non adhiberet pœnæ comminationem, etc., ego peccarem; verum quia, etc., est peccator affectu.

  A008000604 

 Comm'en un'assemblee publique et solemnelle, apres que chacun s'est retire, tous les serviteurs qui portoyent les flambeaux les esteignent, et par tout l'hostel on va commandant qu'on ammortisse les torches, ainsy, lhors que le moncle finira et que les habitans seront mors, [68] Dieu fera esteindre les flambeaux du ciel: Sol obscurabitur et luna non dabit lumen suum.

  A008000604 

 Il ne sera plus besoin de diviser le jour de la nuit, car au Ciel le jour sera eternel pour les Saintz, et pour les autres, la nuit eternelle; non plus les signes mais les effectz, non plus les jours mais les eternites.

  A008000619 

 49: Non auferetur sceptrum de Juda et dux de femore ejus, donec veniat qui mittendus est, Siloh.

  A008000619 

 Abacuc, 2: Adhuc visus procul, id est, visio, et apparebit in finem et non mentietur; si moram fecerit, expecta eum, quia veniens veniet et non tardabit..

  A008000619 

 Psal. 39: Expectans expectavi Dominum, [72] et intendit mihi; deinde: Sacrificium et oblationem noluisti, aures autem perfecisti mihi; holocaustum pro peccato non postulasti, tunc dixi: Ecce venio.

  A008000621 

 Venturus Pater, venturus Filius, venturus Spiritus Sanctus; at Christus specialiter, non tanquam operator tantum, sed tanquam opus, in nova substantia veniet in mundum.

  A008000628 

 Toutefois, le Christ doit spécialement venir, non seulement comme agissant, mais comme œuvre; il viendra dans le monde en une nouvelle substance.

  A008000640 

 Vous dormes, non pas, au milieu de vos grossieres et terrestres affections? et voyci que ce divin Capitaine nous commande que nous sonnions haut et cler de nos trompettes, et que nous facions tout par tout retentir nos clerons: Vox dicentis mihi, clama; quasi tuba exalta vocem tuam.

  A008000647 

 Colochintes est in terram reverteris; sed farinam immitte: Thezaurizate vobis, etc. En ergo, dilectissimi Fratres, ex colochintide et farina admixtum vobis hodierna die cibum præbeo, de quo dici potest quod, etsi ex amaris constat, tamen admixta farina præmii non est amplius quicquam amaritudinis in eo.

  A008000647 

 Ecce amaritudo: «Memento homo;» In jejunio, fletu et planctu; sed ecce non amplius amara mors quae sequitur, thesauri possessio in Cælis.

  A008000651 

 (Ut: Deus meus, pone illos ut rotam, id est, pones; Fiat habitatio eorum, id est, fiet; Appone iniquitatem super iniquitatem eorum, et non intrent, id est, non intrabunt, appones.) Sed jam duplex est nostri ignorantia; ut dupliciter apud philosophos illa sententia; «Nosce teipsum.» Nam Socrates, apud Platonem, in Alcibiade, cognitionem sui in cognitione excellentiæ animæ nostræ consistere ait; alii in cognitione vilitatis suae secundum corpus; pusillanimitas et superbia..

  A008000651 

 Ego non reprehendentis, sed amice docentis quomodo incipere debeamus inquisitionem Dei.

  A008000652 

 Heu me! satis cogitamus, sed non recogfitamus: Desolatione, etc. Dic mihi, [81] superbe, dic, avare, gulose, nominis quæsitor, etc. Fundamentum omnium tentationum fuit in memoria mortis extirpanda..

  A008000653 

 Ah! Proditor [82] generis humani, non hoc dicimus, sed: De omni gaudio comede, sed de gaudio peccatorum ne comedas, etc. De fructu, ait, lignorum... præcepit nobis Deus ne comederemus et ne tangeremus illud, id est, lignum..

  A008000653 

 Audite historiam satis vulgarem, sed non satis consideratam; nam ad eam Ecclesia nos provocat.

  A008000653 

 Jam ergo, creata fæmina, venit, dicens: Quare præcepit vobis Deus ut non comederetis de omni ligno paradisi? Videte astutiam: Cur præcepit? Quia Dominus est; ipse fecit nos, et non ipsi nos.

  A008000653 

 Præcepitque ei, dicens: De omni ligno paradisi comede, id est, comedere potes; de ligno autem scientiæ boni et mali ne comedas; in quacumque enim hora, etc. Adam mansit aliquamdiu solus sub præcepto; nam dedit nomina rebus et animantibus: sed non eum tentare tunc voluit serpens; expectavit donec haberet instrumentum tentationis suæ idoneum, fæminam.

  A008000653 

 Ut non comederetis de omni ligno, id est, de ullo; videte fraudem.

  A008000654 

 Nescitis quod dæmones a sagis et magis non petunt plerumque res magnas, sed pilum barbæ vel [83] rasuram unguium? Si des, captus es.

  A008000685 

 Adamo: Faciamus adjutorium simile sibi; Abrahamo, Saram, quamvis non expresse; Isaac, Rebeccam; Jacob, Liam et Rachel; Tobie et Sara.

  A008000685 

 Junge pyrum quærcui, non producet; si alterius speciei malæ (sic), producet, etc..

  A008000709 

 Non majora tantum, qualia sunt cælorum ornamenta, id est, sphærarum dispositio, cursuum motuumque varietas, stellarum ac planetarum collocatio, etc., [89] sed etiam minima, ut generatio serpentis et colubri, quod omnium animalium quæ per se et non per accidens nascuntur infimum et minimi prætii est, curat.

  A008000710 

 Vidistisne quomodo vitrarii faciant vitros ( sic )? Accipiunt materiam extremitate baculi perforati, deinde insufflant et fit vitrum, quo modo facto non corrumpitur.

  A008000712 

 Et nobis deerit qui serpentibus non deest? Terram comedit serpens, et cibo non caret; Cælum comedit cor hominis, et Cælo carebit? Relinquit venenum cum bibit, et homo non relinquet venenum passionum cum recreatur cælestibus? Qui non deserit desertorem serpentem, quomodo relinquet hominem fideliter sequentem? Evangelium hesternum de providentia Dei..

  A008000713 

 Nam hic fit allusio ad partum, non propter fœtum sed propter dolorem; quasi dicat: Ornavit cælos Angelis, verum cum ex illis apostatæ fuerint aliqui, ibi facti sunt dolores ut parturientis.

  A008000714 

 Vis autem est in verbo obstetricandi, quasi diceret: sedulo, sollicite, creavit; et rectum creavit, non distortum, quamvis nunc distortus et tortuosus sit..

  A008000717 

 Calumniæ non læserunt Apostolos et reliquos humiles; te etiam non lædunt, sed tua superbia et arrogantia qui te magis sentire facit injuriam tuam..

  A008000717 

 Videte patres et matres; peccant ridendo cum filios suos malis verbis, pessimis vanitatis initiis, addictos vident: faciet Dominus funiculos et istimet filii tot doloribus afficient parentes, etc. «Nemo læditur nisi a seipso.» Paupertas non lædit Job, non lsedit D.Franciscum; te etiam non lædit, sed tua impatientia.

  A008000718 

 Sed jam o expergiscimini, Fratres! Qui Angelis non pepercit propter unam malam cogitationem factam in [94] templo, quomodo vobis parcet, facientes cachinnos? Ego quidem vellem etiam dato sanguine, ut omnia peccata in æternum relinqueretis, verum ego specialiter adjuro vos, ut templis reverentiam habeatis; vos nobiles civitate, vos mulieres, etc. Camberium est exemplar totius Sabaudiæ.

  A008000719 

 Exemplum Sanctæ Mariæ Ægiptiacæ non potentis intrare templum Hierosolymse in quo Crux asservabatur, quia perditissima meretrix, donec compuncta est aspectu imaginis Virginis.

  A008000731 

 Ici, en effet, il est fait allusion à l'enfantement, à raison non de son fruit, mais de la douleur; c'est comme s'il était dit: Il a orné d'Anges les cieux, mais quelques-uns d'entre eux ayant apostasié, les cieux ont ressenti comme les douleurs de l'enfantement.

  A008000732 

 La force de la pensée est tout entière dans la figure employée par l'Ecrivain sacré; c'est comme s'il était dit: Dieu le créa attentivement, avec soin; et il le créa esprit droit, non pervers, quoique maintenant il soit déformé et tortueux..

  A008000735 

 La calomnie ne blessa pas les Apôtres ni les autres amants de l'humilité; ce n'est pas elle non plus qui te blesse, c'est ton orgueil, ton arrogance qui te fait plus vivement sentir l'injure qui t'est faite..

  A008000735 

 Voyez les pères et les mères; ils pèchent s'ils rient en voyant leurs enfants s'abandonner à de mauvais propos, aux pires débuts de la vanité; le Seigneur tressera des cordes, et ces mêmes enfants accableront leurs parents d'autant de douleurs, etc. «On n'est blessé que par soi-même.» La pauvreté ne blessa pas Job, ne blessa pas saint François; ce n'est pas elle non plus qui te blesse, c'est ton impatience.

  A008000747 

 Demosthenes, audiens loquaculum: Si multum saperes non multa loquereris.

  A008000747 

 Optimus modus orandi est orare paucis, sed non parum.

  A008000747 

 Si non es exauditus, vel id est quia pauper non es, vel quia præparationem cordis non habes.

  A008000748 

 Multum ergo orandum, sed non multis.

  A008000749 

 Sane coecus noster dicebat nudiustertius: Scimus quia peccatores non exaudit Deus.

  A008000771 

 Quis non compatiatur!.

  A008000776 

 Cujus est hæc imago et superscriptio? Estne tunica Domini nostri an non? O Domine, si teipsum intueremur, etc. Quare ergo rubrum est vestimentum tuum? Torcular, etc. In signum cui contradicetur..

  A008000777 

 Non sunt allata tam multa aromata; 3.

  A008000777 

 Post autem ultimum Mot, reginæ Saba comparanda est, quæ ultra non habebat spiritum, id est flatum, spiritum, vim intelligendi, præ admiratione; non habebat spiritum, sed totum in Filio habebat.

  A008000780 

 Et pro omnibus mortuus est Christus, ut et qui vivunt jam non sibi vivant, sed ei qui pro ipsis mortuus est; 2.

  A008000789 

 De qui est cette image et cette inscription? Est-ce la tunique de Notre-Seigneur, ou non? O Seigneur, si nous vous voyions vous-même, etc. Pourquoi donc votre vêtement est-il rouge? Le pressoir, etc. Comme un signe auquel ou contredira..

  A008000807 

 Alii si non descendunt certe moram trahunt, ut Joannes Baptista, et Apostoli, etiam post Pentecosten.

  A008000808 

 Omnia illi erant deserta ubi Christus non apparebat.

  A008000808 

 «Gloriosi principes terræ, quomodo in vita dilexerunt se, ita et in morte non sunt separati.» Sicut Saul et Jonathas.

  A008000813 

 Ibi mirrha prima; non mortificatio, sed mortificationis meritum.

  A008000827 

 De parfums de myrrhe. Il s'agit ici de la myrrhe la plus exquise; non celle de la mortification, mais celle du mérite de la mortification.

  A008000840 

 Si plures inventi essent, mirum non esset si expellerentur, sed uno tantum invento expellitur, et mittitur in tenebras exteriores.

  A008000840 

 Videns Judeos non venturos, invitavit bonos et malos, Judeorum reliquias et ethnicos.

  A008000841 

 4: Renovamini spiritu mentis vestræ: id est, Spiritu Sancto qui est in mente vestra; vel spiritu qui est mens vestra, quia interdum non possumus renovare animæ partem inferiorem, in qua rebellio urget.

  A008000841 

 Cur non electi? Quia vestem nuptialem non habent.

  A008000842 

 Apoc. 3: Angelo Laodiciæ: Suadeo tibi emere a me aurum ignitum, probatum, ut locuples fias et vestimentis albis vestiaris, ut non appareat confusio nuditatis tuæ..

  A008000843 

 Talaris est ut cæterorum; nam quid proderit vestem habere et non talarem, quando insidiatur maxime calcaneo nostro diabolus, serpens? Sed non modo talarem, sed etiam plus quam talarem, ita ut ad posteros quoque perveniat, ut Hesteris vestimentum.

  A008000864 

 Aggressusque mulierem tanquam infirmiorem: Cur præcepit, inquit, vobis Deus ut non comederetis ex omni ligno paradisi? De omni, id est, præcepit ut de nullo, est communis opinio; vel non comederetis ex omni, id est, non de omnibus et singulis, sed excepit lignum scientiæ boni et mali? Egregie Rupertus, 1.

  A008000864 

 Si vir vel pater dicat: Nolo cum hoc colloquaris; heus! ait, non vult me cum ullo colloqui.

  A008000864 

 Sic hæretici: Cur præcipit [113] Ecclesia ut de omni Scriptura non legatis? cur prohibet nubere? cur vesci cibis creatis a Deo? etc. Cui respondit mulier: De fructu lignorum quæ sunt in paradiso vescimur; de fructu vero ligni quod est in medio paradisi, præcepit nobis Deus ne comederemus et ne tangeremus illud, ne forte moriamur.

  A008000873 

 Ou bien, de ne pas manger de tous, c'est-à-dire non pas de tous et de chacun; mais en a-t-il excepté les fruits de l'arbre d e la science du bien et du mal? Rupert dit excellemment, liv. II de la Trinité, chap. IV: Le diable, «feignant d'ignorer la vérité,» dit de tous.

  A008000887 

 Ægris ob morbum sine appetitu viventibus, solemus etiam invitis cibum dare; sic hodie Apostolis mœstitia affectis, et ideo non petentibus a Domino: Quo vadis? [115] ipsemet cibum ingerit, et iter suum, causasque ac utilitates sui itineris, declarat.

  A008000889 

 Hieronymus, in Prologo Galeato: «Sola Scripturarum ars est quam sibi passim omnes vendicant.» Difficilem esse Dominus indicat in fine Evangelii nostri: Multa alia habeo vobis dicere, sed non potestis portare modo.

  A008000889 

 Hors la doctrine ou escritte ou non escritte.

  A008000890 

 Cætera cum venero disponam; I. Cor. XI. De illo grandi sermone et de ista dispositione, ubi quæso mentio? Non potestis portare modo.

  A008000890 

 Et Paulus non omnia scripsit; Pleb.

  A008000890 

 v. 1 et 2: Tanquam parvulis in Christo, lac potum dedi vobis, non escam, nondum enim poteratis; sed nec adhuc potestis, adhuc enim carnales estis.

  A008000891 

 Non omnia scripta necessaria sunt ad fidem, quamvis sint de fide; ut Tobiæ canem caudam habuisse, c. XI. V. 9, aut Paulum habuisse penulam, 2.

  A008000903 

 Comme de petits enfants dans le Christ, je vous ai nourris de lait et non d'aliments solides, parce que vous n'en étiez pas capables, et à présent même vous ne l'êtes pas encore, parce que vous êtes encore charnels.

  A008000915 

 Aves cum parvulos in nido non habent, excurrunt per arbores in eisque morantur, et mirifice huc illucque canunt; at cum nidum habent pullosque in eo, vix cantant alibi quam in arbore in qua nidos pullosque habent.

  A008000917 

 «Non enim ut Petrus,» ait Bernardus, «vult in monte terreno habitaculum,» sed in Cælo; «aut cum Maria, [120] eum deinceps vult tangere in terra, sed plane clamat: Fuge.».

  A008000919 

 Sed quomodo Spiritus Sanctus venit? Non mutans locum sed actum.

  A008000920 

 Acceperant jurisdictionem, sed non possessionem, actum secundum; vela pandunt ventis..

  A008000921 

 Sed velletis recipere Spiritum Sanctum? Sedentes; humiliter, vasa vacua non pauca; unanimiter, amor proximi; in oratione.

  A008000934 

 Mais comment vint l'Esprit-Saint? En changeant non pas de lieu, mais d'opération.

  A008000944 

 Ergo non sum dignus, nescio loqui; at tu, Mater Verbi, per quam nobis Mot apparuit, solve, vel solvere me fac, per tuas preces.

  A008000944 

 Pro exordio dicatur Evangelium; cum autem perveneris ad locum: Non sum dignus corrigiam calceamenti solvere, affer interpretationem Cyrilli et Hylarii, folio sequenti, pagina versa, positam: Corrigiam calceamenti solvere est Evangelium Lege contentum enucleare.

  A008000968 

 Et vero, quamvis votum non fecerit, tamen oblationes fecit.

  A008000973 

 Silentium mirum; nam alii infantes non loquuntur quia nesciunt, iste quia non est tempus loquendi sed silentii..

  A008000977 

 Cæterum, apud Aristotelem, infantes ante 40 diem non rident; nisi portentose, ut Zoroaster, «infœlix homo qui nascens risit.» Sic religiosi incipiunt a purgatione per pœnitentiam; 40 autem numerus completæ pœnitentiæ est, quo exacto rident, id est, consolantur..

  A008001016 

 Qui ministrant elephantis non lucidam vestem accipiunt; nam igne provocatur, ut taurus purpura.

  A008001016 

 Similis ( sic ) Plutarchi: Ut speculum gemmis ornatum si non faciem representet, etc. Sol et luna.

  A008001017 

 Filius naturali jure, non naturali via..

  A008001017 

 I. Cor. 7: Mulier sui corporis potestatem non habet, sed vir; similiter autem et vir sui corporis [131] potestatem non habet, sed mulier.

  A008001019 

 20, non lapidationis.

  A008001019 

 Thales Milesius juveni sciscitanti an abjuraturus esset adulterium: «Non est,» inquit, «perjurium adulterio pejus.» [133].

  A008001030 

 Fils de droit naturel, non par voie naturelle..

  A008001032 

 Sa vertu dominante fut une crainte souveraine de Dieu, comme on peut le voir en saint Matthieu, chap. I. L'homme et la femme adultères étaient, par la loi de Moïse, condamnés à mourir, non explicitement à être lapidés.

  A008001049 

 34: Non caligavit oculus ejus, nec dentes ejus moti sunt.

  A008001049 

 Ergo mortua est, sed quo tempore non constat omnino ut nec certo de Christi morte.

  A008001049 

 Hebraice: Non fugit vigor ejus; Septuaginta: Non sunt corrupta labia ejus; Chaldaica: Nec mutatus est splendor vultus ejus.

  A008001050 

 Corpus ejus in Cælo etiam: Non dabis Sanctum [136] tuum videre corruptionem.

  A008001053 

 Et ita constituta est ad intercedendum pro nobis, ut omnes omnino Sancti aiunt (non sane eo modo que Filius, qui intercedit seipso); et multa in ejus favorem conceduntur, ut testatur universa Ecclesia.

  A008001053 

 Si «Angeli gaudent,» cur non ista Regina Angelorum? Hinc tot templa..

  A008001054 

 Ita est; sed refugium est ad eam confugientium, non confugit autem peccator obstinatus et pervicax.

  A008001071 

 C'est ainsi qu'elle fut établie pour intercéder en notre faveur; tous les Saints, sans exception, l'affirment (non pas assurément qu'elle demande de la même manière que son Fils qui intercède par lui-même); et beaucoup de grâces nous sont accordées par sa faveur, comme l'atteste l'Eglise entière.

  A008001088 

 Ante 40 diem [140] non solent ridere, et tunc solum incipiunt matrem cognoscere:.

  A008001092 

 Itaque Christiani non nativitatis, sed Baptismi diem celebrabant, teste Gregorio Nazianzeno.

  A008001093 

 Sane, infirma est collectio ex verbis Pauli: Jacob dilexi, etc.; nam ibi Jacob patronimice, et etiam de temporali benedictione, non de spiritali.

  A008001096 

 At si impœnites, eritis quidem filii nativitate spiritali, sed in libro filiorum non eritis in Cælo, non eritis de libro generationis ejus..

  A008001097 

 Columnæ argenteæ, dona Spiritu Sancti, quibus corpus adhæret animæ non per affectus naturales.

  A008001099 

 Et representent le prince ou prælat, auquel tous les coeurs doivent estre attaches; et un prince ou prælat sans les coeurs des sujetz n'est autre chose qu'un bouton de rose despouille, qui n'a rien qu'un peu d'odeur de dignite, mais non pas la grace.

  A008001109 

 Aussi, les Chrétiens, au témoignage de saint Grégoire de Nazianze, célébraient-ils non pas le jour de leur naissance, mais celui de leur Baptême.

  A008001110 

 Assurément, la conclusion tirée de ces mots de saint Paul: J'ai aimé Jacob, etc., est faible, car ici Jacob est un nom patronymique, et de plus il est question de la bénédiction temporelle, non de la spirituelle.

  A008001130 

 Quia ergo tanti momenti est haec dilectio, nihil non facit ut eam urgeat et omnia impedimenta tollat.

  A008001131 

 Quid habes quod non accepisti? Sed jam, quid habes quod non furatus es? Debemus Christo gratias et Sacramenta et sanguinem ejus, quæ omnia nobis donavit..

  A008001133 

 Quam minimum injuriarum existeret «si qui injuriam non patiuntur seque doleant atque ii qui affecti sunt.» At hi: «O homo, ne Crœsum occidas.» [150].

  A008001157 

 Si quis princeps dicat: Qui mihi adamantem attulerit, etc., et tu pro adamante cristallum simplex, non dabit pecuniam princeps, nam neque tu adamantem..

  A008001217 

 Mira fœcunditas quæ virginitate non impeditur, mira virginitas quae fœcunditate sanctificatur..

  A008001218 

 Alii ut Angeli, qui discedentes non discedunt, ut optimi prædicatores; adoraverunt enim Dominum juxta illud: Et adorent eum omnes Angeli ejus, et etiam aliis prædicaturi discedunt, non tamen discedentes, quia spiritu remanent..

  A008001223 

 Nemo quicquam habet meum et tuum; si enim habere debuissent, maxime Maria Puerum, nam erat vere suus Filius: non habet tamen, sed, Pater tuus, inquit, et ego dolentes qucerebamus te..

  A008001224 

 Non habebant portinariam, quia sub dio.

  A008001250 

 De Christi adoratione antiquissimum omnium est præceptum, et de non adorando Christo antiquissima hæresis.

  A008001251 

 Quod a Magis: Non inveni tantam fidem in Israel.

  A008001252 

 Sed quomodo cognoverunt et non dubitarunt? Apelles, Parrasius..

  A008001276 

 Unde hæc lingua, vestis et summa non offertur Domino, sed aufertur; ham deberent hæc omnino inservire veritati, non vanitati..

  A008001277 

 27: Cumque ejulatu magno fleret, motus Isaac, etc. Non invenit pœnitentiæ locum, quamvis cum lacrimis inquisisset eam; Heb.

  A008001278 

 Sed quæres: Num sufficiat? Non sufficit.

  A008001287 

 C'est pourquoi cette langue, ce vêtement, cet argent ne sont pas offerts, mais ravis au Seigneur, car tout cela devrait servir à la vérité, non à la vanité..

  A008001288 

 Assurément non.

  A008001301 

 Hujus necessitatem non dicam.

  A008001304 

 Finis orationis est unio cum Deo, nam alioqui Deus non eget oratione; transfiguratio, nam est ea quæ remanet in Cælo.

  A008001325 

 Duplex satisfactio: ad rigorem, hanc non facimus; ad congruum, ut cessio bonorum, se addicere, etc..

  A008001326 

 Non adhæsit mihi cor pravum.

  A008001326 

 Num cognoscere possumus nos rite pœnitentiam obiisse? Non possumus esse certi, sed confidentes.

  A008001326 

 Quis infirmatur et ego non infirmor? D. Bernardus.

  A008001327 

 Propter David, etc., Abiam dedit filium Asa, eo quod fecisset rectum David in oculis Domini, et non declinavit ab omnibus quæ præceperat [170] ei, excepto sermone Uriæ Hetæi.

  A008001327 

 Sed attendite, non dico non posse vere pœnitentes non (sic) iterum cadere, sed signum optimum esse non cadere..

  A008001328 

 Malade veut il sante? Omnes volunt, sed vult et non vult piger..

  A008001348 

 Nicanor cum canticis et [172 ] tubis; Judas vero et Judæi, manu pugnantes, sed Dominum cordibus orantes; v. 19: Sed et eos qui in civitate remanserunt non minima sollicitudo, etc..

  A008001365 

 Sed si ita est, quomodo Christus cum peccatoribus et publicanis? Ut medicus; non amore morborum, sed odio potius morborum et amore infirmorum.

  A008001366 

 Stellæ non lucent presente sole.

  A008001372 

 Mais s'il en est ainsi, comment le Christ fréquentait-il les pêcheurs et les publicains? Comme médecin; non par amour du mal, mais plutôt par haine du mal et par amour pour les malades.

  A008001381 

 Holocaustum et pro peccato non postulasti; tunc dixi: Ecce venio.

  A008001382 

 Alienigena unguibus pilisque, etc. Eva excusat peccatum quod fecit, Maria purgat quod non fecit.

  A008001382 

 Laventur pedes vestri; lavate etiam Angeli si in carne vivant; unde Christus: Qui lotus est, non indiget nisi ut pedes lavet.

  A008001396 

 3: Quia non relinquet Dominus virgam peccatorum super sortem justorum, ut non extendant justi ad iniquitatem manus suas..

  A008001399 

 In labore hominum non sunt, et cum hominibus non flagellabuntur.

  A008001400 

 1 a responsio est Augustini in hunc locum, expendentis non relinquet.

  A008001401 

 Non relinquet: permittit quidem impios regnare, sed expectans expectavi et intendit mihi.

  A008001402 

 Itaque non est virga peccatorum, sed justorum, quia coluber vertitur in virgam..

  A008001404 

 Oratio hæc non videtur exaudita; nam malis interdum, imo ut plurimum, bene, bonis male cedit.

  A008001404 

 Vide hæreticos et Catholicos; isti videntur florere, occupant bona ecclesiastica, sunt potentes, etc. In labore hominum non sunt et cum hominibtis non flagellabuntur.

  A008001407 

 Major serviet minori; persequendo non obediendo.

  A008001407 

 Non tam ad voluptatem quam ad utilitatem respiciendum..

  A008001408 

 At tribulatio patientiam operatur, patientia probationem, probatio [183] vero spem, spes autem non confundit.

  A008001409 

 Cum bonis mala, ideo fit ut si quid deliquerint hic puniantur, non in æternum; cum malis bona, ut hic mercedem accipiant qui æterna digni non sunt.

  A008001410 

 Ideo Psaltes recte ait: Benefac, Domine, bonis et rectis corde; non eo modo quo judicamus nos, sed fac bene secundum tuam voluntatem et secundum ea quæ apud te bona sunt etiam in hoc seculo, ut cruces, tribulationes, etc., et in futuro in quo vere est bonum: Ingredere in requiem tuam, quia Dominus benefecit tibi [184].

  A008001410 

 Nunc autem non est cur quæramus cur bonis mala.

  A008001413 

 Declinant qui non sunt recti corde; declinant a via, errant a semita veritatis.

  A008001413 

 Non declinabitis ad dextram et sinistram, claudicare in utramque partem; ad dextram operando, nam dextra est operatoria, ad sinistram omittendo, nam ipsa est iners et inefficax.

  A008001413 

 Ut vermicum bombices qui se suis operibus irretire non cessant, cor pravis affectibus irretitur.

  A008001430 

 Le plus grand servira le plus petit; en l'éprouvant, non en lui obéissant.

  A008001432 

 Les bons souffrent pour expier en ce monde et non dans l'éternité les fautes qu'ils auraient commises; les mauvais sont heureux et reçoivent ainsi une récompense temporelle, eux qui ne sont pas dignes de l'éternelle.

  A008001433 

 Aussi c'est avec raison que le Psalmiste dit: Faites du bien, Seigneur, aux bons et à ceux qui ont le cœur droit; faites ce bien non pas de la manière que nous jugeons, mais selon votre volonté et selon qu'il sera trouvé bon à vos yeux, même en ce monde, fût-ce en nous donnant des croix, des tribulations, etc., et dans la vie future où se trouve le bien absolu: Entre dans ton repos, parce que le Seigneur t'a comblé de bienfaits.

  A008001447 

 Explicatum est in aliis lectionibus, [1.] cur venationem expetiverit Isaac, nempe quia non inerti filio danda benedictio sed servienti.

  A008001447 

 Quomodo non sit mentitus Jacob dicendo se esse Esau.

  A008001452 

 23: Væ vobis, hipocritæ, qui decimatis mentham et anethum et cyminum, et graviora legis reliquistis, misericordiam et judicium et fidem; hæc opportuit facere, et illa non omittere.

  A008001453 

 25, non ut detur illi triticum sed fenum.

  A008001453 

 In Lege nova centum locis Apostolicis, secl unicus sufficit, I. Cor. 9, inter alia illud: Non alligabis os bovi trituranti, Deut.

  A008001453 

 Quota quidem sumptuum non est juris divini, sed propemodum est, ut videtur ex iis qui in lege naturali jam dabant.

  A008001453 

 Sic enim plerique vellent dare sacerdotibus Evangelium ( Non in solo pane vivit homo ), at non, sed paleas, sed fenum, id est, temporalia.

  A008001462 

 Il a été expliqué dans les autres leçons, [1.] pourquoi Isaac demanda de la venaison; c'est qu'il voulait donner sa bénédiction à un fils dévoué et non à un paresseux.

  A008001467 

 Dans la Loi nouvelle les Apôtres en parlent dans cent endroits de leurs écrits, mais un seul témoignage suffît, entre autres celui-ci: Tu ne lieras pas la bouche au bœuf qui broie, afin qu'il puisse manger non pas le grain, mais le foin.

  A008001480 

 At hæretici non sunt similes ovibus cæteris, sed alterius opinionis: solus erat Luther, solus Calvinus, etc. Debet esse ovis, ex forma factus gregis ( non dominantes in cleris ); et quando ovis pascit oves, ipsa quoque inter oves pascit..

  A008001480 

 Meas dixit, non tuas; nam meo nomine, mihi, de meo corpore et sanguine pascis.

  A008001480 

 Non satis est presentem esse ovibus ni pascas; nam gregem ipsa ipsa pascebat.

  A008001480 

 Ovis est Rachel Hebraice: qui recte vult pascere ovis esse debet, non lupus, non hæreticus, non capra; non debet dissimilis esse ovibus; nec sibi sapere, sed Christo.

  A008001480 

 Quam multi sunt similes Nabalo, qui intererat tondendis pecoribus, non autem pascendis.

  A008001481 

 Hæc hic transferri possunt; nam credendum cum ex puteo [193] adaquarentur greges, etiam haustu id factitatum, cum maxime non modo in eadem regione, in eodem solo, et forsan in eodem puteo in quo Rebecca desponsata est hoc factum sit.

  A008001481 

 Vis Deo placere? Si non elegisti modum vivendi, elige; elegisti, insiste operi: Deum ibi invenies, Deus tui sollicitus erit.

  A008001482 

 At Christus, qui est Dominus ipse, dat antequam petamus, non enim peteremus nisi petere doceret interius: Prævenisti eum in benedictionibus dulcedinis.

  A008001482 

 Nos confessarii et pastores servi non ante vobis damus inaures verborum absolutionis, nec ablutionis (quæ sunt auditui nostro gaudium et lætitia, unde: exultant ossa humiliata ), quam vos nobis exhibeatis signa compunctionis, et adaquetis nos sensusque nostros testimonio contritionis.

  A008001483 

 At non terit tempus qui humilitati acquirendæ insumit..

  A008001483 

 Scioli, id est, doctores hujus temporis et prelati, dixissent eum male tempus trivisse et non servasse decorum.

  A008001484 

 Jacob, conscium Rachelem sibi consobrinam, in ejus osculum, non expectato ejus consensu, irruisse.

  A008001484 

 Mittis piper inter labia, non urit; paulo post uret.

  A008001485 

 Urbanitatis; ut est mos etiam inter gnotos in Gallia, et fuit olim inter Romanos, et Hebræos teste Domino: Osculum mihi non dedisti.

  A008001486 

 At jam dices: Si inter antiquos Christianos oscula erant adeo crebra, cur nunc non sunt? Peto a vobis: Cur tempore sanitatis omnes tangant invicem, halitum alterius, sive vestes, nemo fugiat; tempore pestis omnes invicem fugiant? Quia, inquies, tempore pestis periculum est ex contactu.

  A008001494 

 Hoc modo, ut libere dicam, non tot deciperentur; sed non renunciant donec intumescens venter denunciet.

  A008001498 

 Baptismo desponsamur, non nuptias facimus; quia nuptiæ fiunt tantum in Cælo, ubi inseparabiliter inhæremus..

  A008001506 

 Non est luctus, sed fletus gaudentium; ut Joseph, cum vidit suum Benjamin; nam tunc corpus videt suum fratrem uterinum Christum.

  A008001514 

 En hébreu, le nom de Rachel signifie brebis: celui qui veut être bon pasteur doit être brebis, et non loup, hérétique, chèvre; il doit ressembler aux brebis; suivre non son propre sens, mais celui du Christ.

  A008001514 

 Il dit les miennes, non les tiennes; car tu les pais en mon nom, pour moi, de mon corps et de mon sang.

  A008001514 

 Qu'ils sont nombreux ceux qui, semblables à Nabal, sont présents au milieu de leur troupeau seulement pour le tondre et non pour le paître! 4.

  A008001515 

 Comme, en effet, Rachel abreuvait ses troupeaux au puits, on peut croire qu'elle tirait elle-même l'eau qui leur était nécessaire, parce, surtout, que ce fait eut lieu non seulement dans le même pays, sur le même sol, mais aussi peut-être au puits même auprès duquel Rébecca fut promise.

  A008001532 

 Par le Baptême nous sommes fiancés et non encore épousés, les noces ne se font qu'au Ciel où nous serons inséparablement unis [au Christ]..

  A008001573 

 Dixi Domino, Deus meus es tu, quoniam bonorum meorum non eges; non ex indigentia creavit, ut homo generat, sed ex abundantia bonitatis suæ quæ communicabilis est.

  A008001573 

 I. Psal. 49: Nunquid manducabo cames taurorum? etc. Si esuriero non dicam tibi.

  A008001574 

 Deus, ex Valentiano, in primam Partem Sancti Thomæ, non est finis sui ipsius, unde non fecit universa propter semetipsum quasi ipse sibi ipsi sit finis agendi, sed fecit universa propter semetipsum quia finis est universorum; universa ergo propter laudem Dei facta sunt, ergo laus Dei finis est totius universi.

  A008001579 

 Non tamen plangit..

  A008001631 

 Non est dubium cornu istud salutis esse potentiam regiam, salutarem, Christi Domini, de qua Psal. 131: Illuc producam cornu David, paravi lucernam Christo meo.

  A008001634 

 Neque obstat quod dicatur de David: Inveni David servum meum, oleo sancto meo unxi eum, [Ps.] 88; nam et forsan oleum sanctum de tabernaculo sumpsit Samuel pro Davide, ut Sadoc pro Salomone, tamen non in cornu aliquo tabernaculi, sed in cornu suo, quod habebat penes se; et forsan etiam, non tulit de tabernaculo, sed sanctificatum et sanctum factum dicitur oleum quod Dei jussu fusum est, vel ab ipso Propheta benedictum.

  A008001634 

 Utrum autem cornu nativum esset, an cornu aureum argenteumve, non convenit inter authores; et Pineda quidem aureum, cum Lyrano et Abulensi, fuisse existimat; c. 6.

  A008001635 

 Cornu autem Samuelis quale fuerit non facile dixerim; sane cornibus utebantur antiqui et ad potum (hinc crater, quasi χέρας ) et ad sonum, et ad salem et oleum utebantur.

  A008001635 

 Pastoritium autem est vas quo unguntur reges, ut ipsi pastores sint non vellicatores..

  A008001635 

 Verum ut sacerdotes sunt angeli ad regimen spirituale missi, ita et reges non mere homines, sed etiam angeli ad regimen temporale deputati.

  A008001640 

 Toletus item, eodem loco, et Belarminus, in Psal. 80, existimant versiculum illum: Buccinate in neomenia tuba, restringi ad festum tubarum, quia aliæ neomeniæ non erant insignes, neque sabbatizabatur, sed tantum in neomenia Septembri, in qua occurrebat festum tubarum.

  A008001645 

 Et hoc corroboraret similitudinem nostram; nam ibi Christus, sicut cervus cujus incipiunt cornua erumpere, habet ea sanguine madida et tenera ut non audeat in publicum venire, sic Christus tempore Passionis habebat gloriam sanguine tinctam et teneram..

  A008001646 

 Sic Mosis cornuta erat facies, ita ut non possent intendere filii Israel in faciem ejus; Exod.

  A008001649 

 Obstupui, ut Angeli tremunt, non metu mali sed reverentia et religione; horrendum sacrificium.

  A008001662 

 On emploie un vase pastoral pour oindre les rois, afin [de leur signifier qu'ils doivent être] de vrais pasteurs et non des tondeurs..

  A008001674 

 J'ai été stupéfait en voyant comme les Anges tremblent, non de crainte, mais de respect et de religion (redoutable sacrifice).

  A008001686 

 Sed etiam in modo; nam non indutus regiis armis sed pastoritiis: Non enim habeo consuetudinem.

  A008001688 

 Non veni vocare justos.

  A008001697 

 David était armé non en roi mais en berger: Je ne suis pas accoutumé.

  A008001708 

 Unde, vae nobis si non recte pugnaverimus..

  A008001710 

 Pelagiani Christum non salvasse antiquos Patres dicebant, quia non eos docuit.

  A008001711 

 13: Habemus altare de quo edere non valent qui tabemaculo deserviunt..

  A008001711 

 Attamen nobis Christianis salus ista ex inimicis nostris amplior est; nam non frustra Ecclesia dicitur Sponsa Agni, et plenitudo temporis, tempus Evangelicum.

  A008001711 

 Et non frustra Paulus clamat: Ecce nunc tempus acceptabile, ecce nunc dies salutis; et: Apparuit benignitas et humanitas Salvatoris nostri Dei; et ad Heb.

  A008001714 

 Quod Deus conjunxit, homo non separet.

  A008001715 

 8: Nunquid non est resina in Galaad, aut medicus non est ibi? Quare ergo non est obducta cicatrix populi mei? [231].

  A008001738 

 Et Paulus: Omnes eamdem escam spiritalem et potum; sed non in pluribus eorum beneplacitum est Deo, nam prostrati sunt in deserto.

  A008001738 

 Hæc autem in figura facta sunt nostri, ut non simus concupiscentes malorum, sicut et illi concupierunt.

  A008001738 

 Num., 25 dicitur 24, sed Hebrei numerum non rumpunt.

  A008001738 

 Pactum est quia sub conditione non fore ingratos; testamentum est quia post mortem vim habet.

  A008001738 

 Sed quare? Quia in fœdere Dei cum hominibus, præcipua bona quæ promittuntur non nisi morte testatoris dabuntur, et hæc Dei voluntas omnem suam vim et effectum [232] sortitur a morte.

  A008001739 

 1: Apud quem non est transmutatio nec vicissitudinis obumbratio.

  A008001739 

 Bonum supremum mutari non potest, quia vel in melius vel in malum.

  A008001739 

 Sane Deus non obliviscitur; Malachiæ, 3.

  A008001739 

 v. 6: Ego enim Dominus, et non mutor. Jac.

  A008001741 

 v. 4, [5]: Apparuit benignitas et humanitas Salvatoris nostri Dei, non ex operibus justitiæ quæ fecimus nos, sed secundum misericordiam suam salvos nos fecit.

  A008001742 

 Tu autem in sanguine testamenti tui emisisti vinctos de lacu in quo non est aqua.

  A008001762 

 Domine, non sum dignus; aliud est non esse dignum, et aliud esse indignum.

  A008001762 

 Duplex vero est dignitas: nimirum, qua tollitur obex et peccatum mortale, et qui istam dignitatem non habent, non solum non sunt digni sed sunt indigni; alia dignitas est comparationis ad tantum misterium, et hanc neque [236] Angeli neque homines habere possunt, quia in conspectu Domini nemo justificatur; et de hac diceret etiam Virgo Beatissima: Domine, non sum dignus..

  A008001762 

 Paulus arcet indignos ab Eucharistia, et tamen nemo accedit qui se non dignum non fateatur.

  A008001763 

 Dicunt seniores: Domine, dignus est cui illud prestes, nam et sinagogam ipse nobis ædificavit; dignus est dignitate congrui, secundum tuam misericordiam, dignitate quadam proportionis, disquiparantiæ ( sic ) non æqualitatis.

  A008001763 

 Dominus, de Joanne: Prophetam, etiam dico, plus quam Prophetam; at Joannes: Non sum.

  A008001763 

 Non sum dignus ut intres.

  A008001763 

 Non sum dignus, dignus est..

  A008001764 

 Dixit quidem David, Psal. 7: Judica me, Domine, secundum justitiam meam et secundum innocentiam meam super me; sed loquitur de justitia causæ respectu inimicorum suorum, non de justitia personæ respectu Dei.

  A008001764 

 Maldonatus ait seniores non secutos mentem centurionis et contra fidem legationis, adjecisse dignus est cui hoc prestes, cum ipse diceret se non esse dignum.

  A008001764 

 Non sunt Christo alleganda nostra merita, neque dignitate certandum sed humilitate.

  A008001765 

 Dicam ego, jam non ego, dicet vero in me Christus, et quia non sum dignus [238] qui veniam ad eum, mittam amicos, inter cæteros autem, Beatissimam Virginem..

  A008001765 

 Ecce Mot Domini affero; sed tu, Domine, dic, non ego.

  A008001765 

 En ego ipse centurio sum, vel saltem vestri centurionis, id est, Episcopi, locumtenens; et pro vobis et ad vos, in hoc campo pœnitentiæ, clamabo: Domine, puer meus, populus meus non dominio sed affectu, jacet in domo tua paraliticus, et male torquetur, sed veni et cura eum.

  A008001765 

 Sed non curabis nisi fidem habuero; et ecce habeo, nam fatemur: Non sumus digni ut intres sub tectum cordis nostri, sed tantum dic verbo.

  A008001768 

 Non solum verba, sed cogitationes Dei operantur.

  A008001768 

 Tamen dicit Deus verbo illico facienda, cogitat autem facere quæ tandem et non illico facturus, sed per progressus quosdam suæ Providentiæ notos..

  A008001768 

 Vos cogitastis et non successit, Deus cogitavit et factum est.

  A008001778 

 4: Quousque morabuntur in te cogitationes noxiæ? Interdum diabolus non vult opus peccati, ne peccator deprehensus pœnitentiam agat; sed vult cogitationes, desideria morosa, verba, murmurationes..

  A008001780 

 Non parcere hominis est, dicere autem parcere esse vilis animi hæreticum est.

  A008001780 

 Tertullianus: «Ovis illa, Luc. 15, non moriendo, sed errando, dragma non pereundo, sed latendo perierunt.» Intellectus errando, voluntas latendo perit; non entium et non apparentium eadem est ratio..

  A008001781 

 6: Non regnet peccatum in mortali corpore vestro; cum regnat cudit monetam et dat prætium nummis, et vitiis dat prætium.

  A008001782 

 Chrisostomus hic: Præcipit amari inimicum ne amor esset ociosus, nam tam pauci sunt amici ut si non amemus nisi amicos, paucissimos simus amaturi..

  A008001783 

 Evangelista prudenter notat iram non in homines, sed in cascitatem culpabilem fuisse: ira repellit malum si possit, si non possit, tunc ira vertitur in tristitiam..

  A008001790 

 Mais il y a deux sortes de dignités: l'une qui enlève l'obstacle ou le péché mortel, et ceux qui n'ont pas cette dignité, non seulement ne sont pas dignes, mais sont indignes; l'autre dignité résulterait d'une sorte de proportion entre le mérite du communiant et un si grand [236] mystère; et cette dignité, ni les Anges ni les hommes ne la peuvent avoir, parce que devant le Seigneur personne n'est justifié, et en parlant de cette dignité, la Bienheureuse Vierge elle-même dirait: Seigneur, je ne suis pas digne..

  A008001791 

 Les anciens disent: Seigneur, il est digne que vous lui accordiez cette grâce, car il nous a même construit une synagogue; cette dignité est de convenance, elle est selon votre miséricorde, dignité relative et non pas équivalente.

  A008001792 

 David dit bien: Jugez-moi, Seigneur, selon ma justice et selon l'innocence qui est en moi; mais il parle de la justice de sa cause en face de ses ennemis, et non de la justice de son âme par rapport à [237] Dieu.

  A008001792 

 Il ne faut pas alléguer nos mérites au Christ; nous devons rivaliser avec lui non de dignité mais d'humilité.

  A008001793 

 Et pour vous et vers vous, dans ce champ de pénitence, je m'écrierai: Seigneur, mon serviteur, mon peuple, mien, non que j'aie autorité sur lui, mais par l'affection que je lui porte, gît paralysé dans votre maison, et il souffre extrêmement, mais venez et guérissez-le.

  A008001793 

 Je parlerai non plus moi, mais le Christ parlera en moi, et [238] comme je ne suis pas digne d'aller à lui, j'y enverrai mes amis, et entre autres la Bienheureuse Vierge..

  A008001793 

 Voici que je vous apporte la parole du Seigneur; mais vous, Seigneur, parlez, et non pas moi.

  A008001805 

 Tertullien: «Cette brebis dont parle saint Luc, a péri non en mourant, mais en s'égarant, comme la dragme a été perdue non en cessant d'exister, mais en restant cachée.» L'intelligence périt en errant, la volonté en demeurant inactive: ne pas être et ne pas paraître revient au même..

  A008001809 

 L'Evangéliste avertit prudemment que cette colère tombe non sur les hommes, mais sur leur coupable aveuglement; si elle le peut, la colère repousse le mal, sinon, elle se change en tristesse..

  A008001822 

 Zeuxis fit une luite ou il print grand playsir, et escrivit dessous «qu'elle seroit plus tost enviee qu'imitee.» Et ecce Evangelistæ nobis pugnam tanquam in tabula pingunt, quæ ne doit point estre enviee ains aymee, parce que son issue est heureuse pour nous; et non seulement elle doit estre aymee, mais imitee..

  A008001824 

 Vet. et Novi Testamenti afferenda est, tomo 4; et citatur a D. Thoma, in illa verba: Tuam ipsius animam gladius pertransibit, ubi per gladium intelligit tentationem et dubitationem de Christi Divinitate tempore Passionis; quam dubitationem ait fuisse transeuntem, non inhaerentem: «Sicut,» inquit, «gladius pertransiens juxta hominem timorem facit, non percutit, sic dubitatio non sedit in animo Virginis, sed pertransiit velut per umbram.» Exornanda similitudo: si homo impenetrabili chalibe vel adamante armatus impetatur ense, ictus in cassum fertur, non enim penetrat sed elabitur circa thoracem, il coule, il glisse.

  A008001827 

 Ergo Christus tentatione tantum externa, habebat enim non passiones aut perturbationes, sed propassiones; unde victoriam intactus reportavit.

  A008001827 

 Et cum nihil [247] timeret, tamen, ut nobis præiret et nos quomodo contra tentationes pugnare deberemus, ac, ante omnia, non suo nutu sed ductu Spiritus Sancti, vadit in desertum..

  A008001829 

 Postquam baptizatus est; nam per Baptisma non quidem Christus, sed nos, vires roburque acquirimus et per Sacramenta.

  A008001833 

 Ne soyes pas devotz, car, etc. Non in solo pane, etc..

  A008001833 

 Verum, ait Bernardus, non timebis a timore nocturno.

  A008001834 

 «Non in legendo sed in intelligendo consistunt.» «Sensus, non sermo, fit crimen.» « In omnibus viis, non præcipitiis;» deinde truncat: Super aspidem; Bernardus.

  A008001836 

 At imitatio puerorum non est irridenda: alioqui, si quod non possint assequi matrum linguam, nunquam incipiant loqui; si quia non possunt passus æquales patri facere, nunquam gradiantur.

  A008001849 

 La tentation du Christ fut donc purement extérieure, car il avait non pas des passions ou des troubles intérieurs, mais des propassions; aussi remporta-t-il une victoire complète.

  A008001849 

 Quoiqu'il n'eût rien à craindre, toutefois, pour nous [247] montrer le chemin, pour nous apprendre à combattre les tentations et, avant tout, agissant non par son propre mouvement, mais par celui de l'Esprit-Saint, il se retira dans le désert..

  A008001856 

 «La science des Ecritures consiste non pas à les lire mais à les comprendre.» «La faute est dans l'intention [de celui qui entend mal], non dans le texte.» « Dans toutes tes voies, non dans les précipices;» Satan en outre tronque le texte: Sur l'aspic (voir saint Bernard).

  A008001870 

 Terram: Etenim firmavit orbem terræ qui non commovebitur.

  A008001871 

 Quis est homo qui vivet et non videbit mortem? [Ps.] 88.

  A008001872 

 Ecce misterium dico vobis: Omnes quidem resurgemus, sed non omnes immutabimur.

  A008001874 

 Et conformis est lumini naturæ; nam anima sola non est operata, et desiderat formam.

  A008001905 

 Apoc. 20: Et vidi thronum magnum candidum, et sedentem super eum, a cujus conspectu fugit terra et cælum, et locus non est inventus eis; et vidi mortuos, magnos et pusillos, stantes in conspectu throni; et libri aperti sunt, et alius liber apertus est qui est [258] vitæ (id est, vita); et judicati sunt mortui ex iis quæ scripta erant in libris, secundum opera ipsorum. ( Liber vitæ, in Apoc. 20, est vita Christi.) Danielis, 7: Aspiciebam donec throni positi sunt, et Antiquus dierum sedit, etc.; judicium sedit et libri aperti sunt: «Liber scriptus proferetur.».

  A008001906 

 1: Et erit in die illa; scrutabor in lucernis Hierusalem (Bernardus: Si sic in Hierusalem, quis finis in Babilone? Hierusalem, Sancti: videbuntur etiam peccata Sanctorum, sed cum magna eorum consolatione; et dicent: Misericordiæ Domini quia non sumus consumpti ); et visitabo super viros defixos in fœcibus suis, qui dicunt in cordibus suis: Non faciet bene Dominus, non faciet male.

  A008001907 

 Et Ruben: Nunquid non dixi vobis: Nolite peccare in puerum? et non audistis me; en sanguis ejus exquiritur..

  A008001907 

 Historia Joseph, [Gen.,] 42: Invicem: Merito hæc [259] patimur, quia peccavimus in fratrem nostrum, videntes angustias animæ illius dum depræcaretur nos et non audivimus; idcirco venit super nos ista tribulatio.

  A008001930 

 [261] Generatio prava et adultera, quæ relicto vero cultu amoribus alienis incumbit, signum quærat, et signum non dabitur ei, nisi signum Jonæ Prophætæ..

  A008001934 

 Oculi flamma ignis, penetrant tout: Probasti cor meum et visitasti nocte, igne me examinasti et non est inventa in me iniquitas.

  A008001962 

 At Ecclesia, et orationem necessariam, et eam solam non sufficere.

  A008001962 

 O omnipotentia orationis! Circa hanc autem fuerunt duæ hæreses: Euchitarum et Messalianorum, quia orationem sufficere aiebant; et Pelagianorum, quia nos ea non indigere ut plurimum existimabant.

  A008001963 

 Et Cant.: Quæ est ista quæ ascendit de deserto, sicut virgula fumi, ex aromatibus mirræ et thuris? Ista tamen elevatio est mentalis, non localis, ratione objecti non loci; unde: «Sursum corda.» Mira vel stupiditas, vel malignitas Calvinistarum objicientium «Sursum corda,» quasi «sursum» localiter intelligatur.

  A008001963 

 Item: Ad te levavi animam meam; Deus meus, in te confido, [267] non erubescam.

  A008001965 

 Heu, qui plantavit aurem non audiet? aut qui finxit oculum non considerat? O Mot, non respondes Mot? Interdum amor fingit se surdum (Petre, amas me? Petre, amas me?) ut fortius clamemus..

  A008001965 

 Qui non respondit ei Mot.

  A008001967 

 At ille, saltu se proripiens: Non est, inquit, bonum sumere panem filiorum et [269] mittere canibus.

  A008001967 

 Non sum missus.

  A008001977 

 Et dans le Cantique: Quelle est celle-ci qui monte du désert comme une colonne de fumée de parfums de myrrhe et d'encens? Toutefois, cette élévation est mentale, non matérielle, elle est relative à son objet, non au lieu; c'est également ce que signifient ces mots: «En haut les cœurs,» Quelle étonnante sottise ou méchanceté de la part des Calvinistes quand ils nous objectent ces paroles: «En haut les cœurs,» comme si «en haut» s'entendait au sens littéral! Ils ne veulent pas distinguer entre prier matériellement devant une image et prier moralement devant cette image.

  A008001990 

 Communi Patrum consensu, piscina hæc Baptismum significat; paraliticus, humanum genus, quod nisi Christo veniente non sanabatur..

  A008001993 

 Nota, si crediderit et baptizatus non fuerit, etc. Euntes docete omnes gentes.

  A008001996 

 Hæreticus impellit, non attrahit.

  A008001996 

 Sacerdos est ordinarius minister; ut autem fatentur hæretici (nam nos idololatras existimant et antichristianos, et tamen a nobis baptizatos non rebaptizant), extraordinarius est quicumque homo, etiam infidelis, ut contra Cyprianum et Cecilianum dixit Ecclesia in Concilio Florentino.

  A008002002 

 Vis sanus fieri? Plerique enim nolunt, vel ita volunt ut nolint: vellem, sed nolo; vellem, sed non possum.

  A008002003 

 Bernardus; tres notæ vitæ spiritalis et sanitatis: Surge, ad Cælum intende ( qui terrena non sapiunt ); tolle grabatum tuum, dominari corpori; et ambulare in lege Domini..

  A008002034 

 Sed sicut scriptum est: Quod oculus non vidit, nec auris audivit, nec in cor hominis ascendit, quæ præparavit Deus iis qui diligunt eum.

  A008002034 

 Sic Moysis faciem non poterant respicere filii Israel.

  A008002034 

 Sic regina Saba ultra non habebat spiritum.

  A008002034 

 v. 4: Oculus non vidit, Deus, absque te quæ præparasti expectantibus te.

  A008002037 

 Definitio Boetii non competit nisi Deo, si absolute consideretur.

  A008002038 

 16: Satiabor cum apparuerit gloria tua; Hebr., apud Genebr., in evigilare similitudinem tuam, id est, cum emerserit gloria tua, quæ hodie sopita est et obscura; similitudinem autem dixit, quia non plene comprehenditur gloria ob ejus infinitatem.

  A008002038 

 Animam Deo capacem quicquid minus Deo est implere non potest..

  A008002038 

 Hominis dormientis faciem non videmus; nam faciei [278] faciem, id est, oculos, non videmus.

  A008002066 

 Horrenda et tremenda comminatio! Sed quomodo Deus, adeo misericors, non se præbebit quærentibus? Huic quæstioni respondebimus si Deus animat.

  A008002068 

 Sensus litteralis Evangelii est: me, verum Messiam, negligitis; ego vado ad Patrem per mortem, et tunc, id est, post mortem, quæretis alium Messiam et non invenietis me; et ideo, in peccato vestro moriemini.

  A008002069 

 Nunquid voluntatis meæ est mors impii, dicit Dominus, et non magis ut convertatur et vivat? Convertimini, et agite pœnitentiam ab omnibus iniquitatibus vestris, et non erit vobis in ruinam iniquitas.

  A008002070 

 Super omnia opera ejus, non tua; at peccatum opus est tuum, non suum, propterea illud irremissibiliter vult deleri.

  A008002071 

 Quo ego vado vos non potestis venire, id est: Ego vado ad Patrem per viam asperam et pœnitentiam redemptivam ( quæ non rapui tunc exolvebam ); et vos non potestis venire, id est, vos non vultis, quia de deorsum estis et de mundo.

  A008002072 

 Non est ex toto corde: Convertimini ad me in toto corde.

  A008002084 

 Est-ce que je veux la mort de l'impie, dit le Seigneur, et non plutôt qu'il se convertisse et qu'il vive? Convertissez-vous et faites pénitence de toutes vos iniquités, et l'iniquité ne causera pas votre ruine.

  A008002085 

 Sur toutes ses œuvres, non sur les vôtres; et comme le péché est votre œuvre et non la sienne, Dieu en réclame sans merci l'expiation.

  A008002101 

 Pharisæi et Scribæ munus non quidem gubernandi, sed docendi habebant; ut nostri monachi.

  A008002103 

 contra Faustum, c. 29, ait, cogente cathedra, eos in ea sedentes [285] et ex ea docentes falsum proferre non potuisse; unde particula illa ergo denotat causam, ac si diceret, quia in ea sedent.

  A008002104 

 Hinc infallibilitas Ecclesiæ, in qua Papa errare non potest ex cathedra docens.

  A008002105 

 Hoc autem a seipso non dixit, sed cum esset Pontifex anni illius, prophetavit; Jo. II. Unde Scribæ et Pharisei in cathedra Moysi, id est, authoritate Moysis cathedras, docentes, non errant.

  A008002105 

 In loco nativitatis exquirendo, et in morte Christi decernenda; nam Caiphas, mortalium nequissimus, protulit sententiam [286] sacratissimam: Expedit ut unus moriatur homo pro populo, et non tota gens pereat.

  A008002106 

 18: Dic Ecclesiæ; si quis Ecclesiam non audiverit.

  A008002106 

 [Cap.] 16: Portæ inferi non prævalebunt adversus eam; portarum porro inferi pessima est apostasia.

  A008002109 

 Quem dicunt homines esse Filium hominis («Vos qui homines non estis sed dii»)? Qui vos audit me audit.

  A008002110 

 Dicunt et faciunt, et hi optimi sunt; dicunt autem non tantum prædicando, sed præcipiendo et recte colloquendo.

  A008002110 

 Dicunt et non faciunt, et scandalo vitæ doctrinam vitæ destruunt.

  A008002110 

 Faciunt, sed non dicunt; et hi utcumque tolerabiles sunt, nam etsi non tantum ædificant, tamen ædificant et nihil destruunt.

  A008002110 

 Quales heu, quam multos viderunt patres nostri, et utinam non aliqui essent! 2.

  A008002111 

 Amant honorem, non onus.

  A008002111 

 Heu! amandæ oves propter Christum, non propter vanitatem; non ut ab illis honoremur, sed ut ab illis honoretur Christus.

  A008002111 

 Nam etsi decem millia pedagogorum, etc. Nihil deest amantibus pastoribus: amor ipse docet, ædificat; omnia suffert, omnia docet, non agit perperam.

  A008002112 

 Qui bene præsunt præsbiteri duplici honore digni sunt; si male se gerant [289] non ideo illis detrahendum: Nolite tangere christos meos, et in prophetis meis.

  A008002120 

 Les Scribes et les Pharisiens avaient mission non pas de gouverner, mais d'enseigner, comme nos moines.

  A008002128 

 D'autres enfin parlent et agissent; voilà les meilleurs: toutefois, ils parlent non seulement par la prédication, mais encore par les commandements qu'ils donnent et par des entretiens utiles.

  A008002129 

 Ils aiment l'honneur et non le fardeau.

  A008002129 

 O Dieu! il faut aimer les brebis pour le Christ et non pour la vanité; non pour en être honoré, mais pour que le Christ soit honoré par elles.

  A008002144 

 16: Exinde cæpit Jesus ostendere discipulis suis, etc. Et Petrus: Absit a te, Domine, non erit tibi hoc.

  A008002145 

 At nos nihil horum intelligimus; intelligimus in superficie cordis, non in intimo cordis, more eorum qui intelligentes non intelligunt.

  A008002145 

 Quæ nolumus non intelligimus; quærimus diverticula et excusamus..

  A008002145 

 [292] O miseri, quibus passiones nostras et perturbationes semper in ore sunt, non Passio Christi! Recogitate eum qui talem a peccatoribus adversus semetipsum sustinuit contradictionem; hinc Christus crucifixus semper dicitur, nos autem prædicatores: Arbitratus sum me nihil scire nisi Jesum.

  A008002149 

 Calicem quidem, etc. Non est meum dare vobis.

  A008002149 

 Est meum dare sed non vobis: 1.

  A008002149 

 Est meum, sed non nunc cum pugnandum potius [294] est; Ambrosius.

  A008002149 

 Non est meum ut homo, est meum ut Deus; Augustinus.

  A008002159 

 Mais nous ne comprenons rien a ces choses, ou si nous en avons quelque intelligence, c'est seulement à la surface et non pas dans l'intime du cœur: nous sommes comme ceux qui comprennent sans comprendre.

  A008002176 

 Domine, quis habitabit in tabemaculo tuo? Qui pecuniam suam non dedit ad usuram et munera super innocentem non accepit.

  A008002176 

 Non furtum facies Ipsi regnaverunt et non ex me; Osee, 8.

  A008002182 

 Beatus vir dives qui inventus est sine macula et qui post aurum non abiit, nec speravit in pecuniæ thesauris.

  A008002182 

 Quis est hic et laudabimus eum? Avaro tam deest quod habet quam quod non habet..

  A008002194 

 Tu ne feras point de vol. Ils ont régné, mais non par moi.

  A008002218 

 Lyrinensis allegat ut ostendat non discedendum a fide Ecclesiæ.

  A008002218 

 Non tani fides in se quam fidei dogma, vinculum et regula..

  A008002218 

 Ubi non est sepes diripietur possessio; Ecclesiastici, 36, v. 27.

  A008002222 

 Heu, o hæretici, quomodo ergo auferet Ecclesiam vinitoribus suis? Non auferet, quia nunquam occident, jam non moritur; nunquam auferet, sed vinea ista et sepem et torcular, exercitia religionis, et turrim habebit donec veniat Dominus.

  A008002223 

 [2 o.] Notate agricolas quibus locata est vinea non mutari, sed eosdem usque ad finem perseverare; nimirum, non sunt iidem persona, sed successione: successio Ecclesiastica.

  A008002225 

 Non auferet regnum, sed auferet nos de regno, quia fructum nullum facimus.

  A008002240 

 Eh! malheureux hérétiques, comment donc enlèverait-il l'Eglise à ses vignerons? Il ne la leur enlèvera pas, parce qu'ils ne le mettront jamais à mort, car il ne meurt plus; non, il ne la leur enlèvera jamais, et cette vigne gardera la haie, le pressoir, les exercices religieux, et la tour jusqu'à l'arrivée du Seigneur.

  A008002241 

 [2.] Remarquez que les agriculteurs auxquels est louée la vigne ne changent pas, mais demeurent les mêmes jusqu'à la fin; ils sont les mêmes, non en personne sans doute, mais par la succession: succession ecclésiastique.

  A008002253 

 Quicumque dixerit Mot contra Filium nominis, remittetur ei; qui autem dixerit contra Spiritum Sanctum, non remittetur ei neque in hoc seculo neque in futuro..

  A008002256 

 Immediate ante hæc verba ait Dominus: Dico vobis, omne peccatum et blasphemia remittetur hominibus, Spiritus autem blasphemia non remittetur; Math.

  A008002260 

 Quare, ut ita rem non se habere in Divinis demonstrarent theologi, attribuunt Patri potentiam, Filio sapientiam, Spiritui Sancto bonitatem.

  A008002261 

 2: Vir non est seductus; mulier seducta in prævaricatione fuit.

  A008002261 

 Adam non est seductus.

  A008002262 

 Complacuit sibi in verbo illo: Eritis sicut dii, per superbiam; deinde, credidit se non morituram, neque verba Dei ad litteram intelligenda secundum sensum quem primo habuerat; hinc manducare constituit.

  A008002263 

 v. 5. et 6, non destitit, sed, 1°.

  A008002264 

 Reg. c. 15: Non declinavit ab omnibus quæ præcepit ei Deus, excepto sermone Uriæ Hetæi.

  A008002266 

 Dicuntur autem peccata alia ex infirmitate, alia ex malitia, alia ex ignorantia, non quia in omnibus peccatis non intercedat ignorantia aliqua, id est, inconsideratio (juxta illud Aristotelis: «Omnis peccator ignorans»), et etiam malitia, alioquin non esset peccatum (nam est de essentia [309] peccati ut intercedat aliqua malitia, saltem in causa, et debet esse culpa in ignorantia, seu ignorantia culpabilis), et etiam infirmitas passionis alicujus, vel præteritæ vel præsentis.

  A008002267 

 Ut faciunt hæretici nostri temporis; cum enim non possint negare miracula, saltem ea quæ a probatissimis authoribus narrantur, ut ab Augustino, dicunt esse stratagemata diaboli..

  A008002268 

 Conversio peccatoris est semper opus magnum, sed non dicitur miraculum nisi quando fit modo raro et exquisito.

  A008002268 

 Hinc, dicere possumus: impossibile est inter homines, etiam ratione gratiæ ordinariæ, non apud Deum.

  A008002268 

 Hoc autem peccatum dicitur irremissibile quia non nisi per miraculum remittitur.

  A008002287 

 C'est ainsi que nous pouvons la déclarer impossible aux hommes, même au moyen de la grâce ordinaire, mais non pas impossible à Dieu.

  A008002287 

 La conversion du pécheur est toujours une grande œuvre, mais on ne l'appelle miracle que si elle est opérée d'une manière merveilleuse et non commune.

  A008002299 

 Christus cum esset in Nazareth, intravit in sinagogam, et lecto Libro Isaiæ docebat eos, ita ut omnes mirarentur et darent illi testimonium; sed tamen sine utilitate, dicebant enim: Nonne hic est filius fabri? nonne hic est faber? Unde huic sapientia? etc. Et ipse videns eos colloquentes, sciensque quid dicerent, ait: Utique dicetis mihi, etc. Et concludit Marcus: Et non poterat ibi virtutem ullam facere, nisi quod [311] paucos infirmos impositis manibus curavit; et mirabatur propter incredulitatem eorum.

  A008002299 

 Mathæus: Et non fecit ibi virtutes multas, propter incredulitatem eorum..

  A008002302 

 Ne dicas: Ille me implanavit; non enim necessarii sunt illi homines impii.

  A008002302 

 v. 22: Nunquid non est resina [312] in Galaad, aut medicus non est ibi? Quare ergo non est obducta cicatrix populi mei? Ezech.

  A008002303 

 V. 12, [13.] Mirabatur porro Dominus, id est, mirandam rem nobis ostendebat: homines tot virtutibus visis, qui ei maxime benigni esse deberent, quos ipse multis auxiliis cumulasset, non converti.

  A008002304 

 Tamen ait Marcus: Non poterat ullam virtutem facere, propter incredulitatem, idest, resistente eorum incredulitate non poterat; sequum justumque non erat, [313] secundum legem ordinariam, nam homini liberum arbitrium relinquit: qui fecit te sine te, non salvabit te sine te; fecit nescientem, non salvabit nisi volentem..

  A008002305 

 Ergo: Dicetis utique, etc. Tum de duabus historiis: viduæ illæ Israel non excepissent Heliam; nec leprosi obedissent, aut venissent ad Heliseum.

  A008002333 

 Etsi enim Petrus vix etiam venialiter in eo peccavit, tamen reprehensus fuit a Paulo, propter gravitatem consequentiæ; «ut qui primus erat in dignitate, primus esset in humilitate.» «Non sentire bonos eadem de rebus iisdem incolumi licuit semper amicitia.» Qui autem corrigit debet esse justus, id est, irreprehensibilis; ne dicatur illi: Medice, cura teipsum.

  A008002334 

 Causa materialis sunt peccata mortalia, nam per hæc tantum frater perditur: medicus non pro omni levissimo dolore dat medicinam, nec pro culicis morsu.

  A008002334 

 Quo loco reprehenduntur quidam importuni correctores, ut Pharisasi: Quare discipuli tui, etc., non enim lavant manus cum panem manducant.

  A008002335 

 Cum autem peccata venialia sunt valde periculosa vel nimis frequentia, illisque nimis addictus est frater, possumus eum corripere, non tamen tenemur.

  A008002336 

 ut observentur gradus, neque statim caustica et flammea remedia adhibeas; sed, si sufficiunt lenia et levia, non adhibeas majora..

  A008002337 

 Corripiet me justus in misericordia et increpabit me, oleum autem peccatoris non impinguet caput meum; [Ps.] 140.

  A008002337 

 Res debet fieri cum compassione: Quis infirmatur et ego non infirmor? quis scandalizatur et ego non uror? 2.

  A008002370 

 Bonas ergo esse traditiones, a contrario sensu, quæ non repugnant, imo conformes sunt Verbo Dei, indicat.

  A008002372 

 Unde doctrinam suam non Eugraphium sed Evangelium nominavit, et prædicatione potissimum tradi mandavit; non enim unquam dixit: Scribite Evangelium omni creaturæ, sed: Prædicate..

  A008002373 

 Hinc fidem non ex lectione sed ex auditu generari ait, tum ipse, dicens: Qui vos audit, me audit, Luc. 10, et en cent lieux ( Qui habet aures audiendi audiat.

  A008002373 

 Omnia verba emphasim habent: supercertari, esvertuer, non solum certari, sed graviter et vaillamment, plus quam certari; semel, non bis; eidem omnino semper, traditæ, traditæ..

  A008002374 

 3: mulier cujus est infans, id est, doctrina Christiana, non vult dividi.

  A008002374 

 Hæc nota propemodum in omnibus; partem volunt et [322] partem abjiciunt: figuram, signum, non rem; imputationem, non gratiam; fidem, non opera; remissionem, non absolutionem; administrationem, non episcopatum; orationem immediatam, non mediatam..

  A008002374 

 Nam pars revera optima et maxime necessaria doctrinæ pars scripta tandem esse, nemini dubium; pars autem non scripta, sed tantum per manus tradita est.

  A008002375 

 Ipsa vero non inventione, sed fideli conservatione doctrinae utitur.

  A008002375 

 Nam, nonne omnes hæretici habuerunt Scripturas, imo et Hebrei et alii? et tamen non crediderunt, imo erraverunt.

  A008002375 

 Sed aiunt: Nonne sufficiunt Scripturæ? nonne sunt satis superque? Sane nollem, cum illustrissimis et doctissimis quibusdam viris, dicere non sufficere.

  A008002375 

 Sufficiunt ipsse, sed nos non sumus sufficientes doctrinam Catholicam ex solis Scripturis, per se sumptis, haurire.

  A008002376 

 ut Scripturas aliquas esse doceret; nam, unde constat nisi Ecclesiæ testimonio, quæ hanc traditionem accepit? Aut ergo Scriptura non facit fidem, aut Traditio facit fidem..

  A008002379 

 Ad sensum Scripturæ eliciendum; nam hæretici fiunt «dum Scripturæ bonæ intelliguntur non bene.» [324].

  A008002388 

 C'est pour cela qu'il a appelé sa doctrine non Eugraphie mais Evangile, et qu'il a commandé de la transmettre surtout par la prédication; car il n'a jamais dit; Ecrivez l'Evangile à toute créature, mais il a dit: Prêchez..

  A008002389 

 Par conséquent la foi provient non de la lecture, mais de l'audition.

  A008002389 

 Tous les mots sont énergiques: combattre vigoureusement, s'évertuer, non seulement combattre, mais combattre avec vigueur et vaillamment, faire plus que combattre; [ transmise ] une fois, pas deux; pour la foi toujours absolument la même, transmise par la Tradition, par la Tradition..

  A008002390 

 Et ce caractère [322] se retrouve, pour ainsi dire, en tout; les hérétiques admettent certains points et en rejettent d'autres: ils voudraient la figure, le signe, et non la réalité; l'attribution, non la grâce; la foi, mais non les œuvres; la rémission, et non l'absolution des péchés; l'administration, mais non l'épiscopat; la prière adressée directement à Dieu, mais non la médiation des Saint6..

  A008002409 

 Id enim fateri cogit [1°.] quod Scripturas habeamus; nam nos habere non nisi per Traditionem scimus..

  A008002409 

 Notastis, opinor, me non extendisse sermonem ad traditiones quibus omnino innixa fuit religio usque ad [325] Moysen, qui primus scriptorum fuit, neque ad traditiones quæ erant inter Hebræos, nam id nimis longum fuisset.

  A008002409 

 Restrinxi itaque sermonem ad doctrinam Christianam, quam initio dixi non scriptam sed traditam; et quamvis postea scripta fuerit, non tamen tota scripta fuit.

  A008002410 

 Quod tali numero habeamus; nam quomodo scimus Epistolam ad Laodicenses et Epistolas ad Senecam non esse veras Pauli Epistolas, nisi Traditione? Deinde, Apostolus ipse, Heb.

  A008002411 

 Sane pauca sunt admodum quæ non ex Scripturis eruantur supposita Traditione; non supposita, nihil [326] propemodum erui potest certo.

  A008002416 

 Hinc nihil addunt, sed explicant; et ut de mirra et balsamo extrahunt liquorem non cultro ferreo, sed vitro, lapide, osse, ebore, alio ligno.

  A008002416 

 Non quod ibi sit venenum, sed quod ipsæ ( sic ) sensum in venenum convertant.

  A008002419 

 Traditiones autem superant in eo quod ab hæreticis non possint falsificari.

  A008002428 

 J'ai limité mon sujet à la doctrine chrétienne et j'ai montré qu'au début elle avait été transmise par la Tradition, non par l'Ecriture; et bien que dans la suite elle ait été écrite, elle ne l'a pas été en entier.

  A008002435 

 La Tradition n'ajoute donc rien, elle procède à la manière de ceux qui extraient la liqueur de la myrrhe et du baume, non pas avec un couteau de fer, mais avec du verre, de la pierre, de l'os, de l'ivoire, ou un autre bois; de même que les abeilles tirent le miel de la fleur; mais les hérétiques, semblables à des araignées, tirent de l'Ecriture fiel et poison, non pas que l'Ecriture contienne du poison, mais parce qu'ils en convertissent le sens en poison.

  A008002451 

 Heu, sed nunc non venduntur in templis oves, boves, etc., sed ipsa templa venduntur: on en traitte; confidentiæ.

  A008002452 

 Cor. 12: Non quaerimus vestra, sed vos.

  A008002483 

 Job, 17: Non peccavi, et in amaritudinibus moratur oculus meus..

  A008002483 

 Tunc ergo pœnitentia agenda; postea faciendum quod David, [Psalm.] 38, [335] v. 10, [11]: Obmutui, et non aperui os meum, quoniam tu fecisti; amove a me plagas tuas.

  A008002484 

 Sed cum alii percutiuntur non judicandum est id ob peccatum evenire; ut amici Job, et uxor Tobiæ, et barbari, Act.

  A008002484 

 Servus Æthiops ferens rem velo reconditam, interrogatus quid ferret: «Non velarem si te scire vellem.» Euclydes interrogatus qualis esset Deus quaque re delectaretur: «Cætera nescio, at odisse curiosos non ignoro.».

  A008002486 

 Deinde, de obedientia coeci et coeca, nam Christianorum obedientia debet esse coeca, quia fides non videt sed credit, et quo res est obscurior eo illis ( sic ) gratior, difficilibus delectatur.

  A008002486 

 Imo Christus, si non [336] fuisset cœcus, eum suis remediis ad tempus coecum fecisset; car la salive est mordicante et la boiie aussi, et mettes un brin de boüe dans un ceil sain, on ne le peut souffrir..

  A008002486 

 Naaman: Nunquid non sunt meliores Pharphar et Abana, fluvii Damasci? 4.

  A008002488 

 Notavi obiter illum paraliticum qui ad probaticam sanatus est, propter peccata contraxisse infirmitatem suam; unde Christus eum sanavit eo modo quo sanantur peccatores, petens scilicet ejus consensum: Vis sanus fieri? At huic minime ita loquitur, quia non ob peccata infirmus erat..

  A008002490 

 Mendicum autem istum ideo sanatum a medico, quia mendicos medicus diligit; nos, quia non sumus mendici, quamvis coeci, non curamur a Medico cælesti, qui esurientes replet bonis et divites dimisit inanes.

  A008002522 

 Audistis heri discipulos quærentes: Rabbi, quis peccavit, hic, aut parentes ejus? Rustica sane, et insipiens quæstio; nam quomodo infans antequam [339] nascatur potest peccare, ut coecus nascatur? At de hoc puero poterat moveri quæstio: Quis peccavit, hic, an mater ejus, ut tam cito moreretur? Et hæc est communis opinio liominum: ut mulieris Tobiæ, et Job, qui tamen dixit: Non peccavi; et Marthæ: Domine, si fuisses hic.

  A008002524 

 Hanc viduam non peccasse.

  A008002524 

 Nam non est temere in malam partem judicandum: Charitas non cogitat malum.

  A008002529 

 Ideo dæmon semper ait: Nequaquam moriemini; non absolute, quis enim credat? sed de die in diem.

  A008002529 

 Ut litigantes, ut qui [341] inebriantur, ut qui fabulantur in itinere et progrediuntur; ut ludentes, quibus si dicas: Perdes hanc summam, non luderent, sed ubi perdiderunt primum nummum facile perdunt et secundum.

  A008002555 

 ipso die Communionis et mundationis absolutæ per pedum lotionem: Vos mundi estis, sed non omnes (vide Jo. 13. ad illa [343] verba); 3.

  A008002558 

 Stultus inconstans est: Arundinem vento agitatam; unde in Hebraica, pro stultus, inconstans est (vide Pined., 1. 7, [345] c. I. Salomonis Prævii ); modo vult modo non vult: Vult et non vult piger.

  A008002558 

 Vel, stultus mutatur pedetentim ut luna; per gradus descendit, non uno lapsu; ut sanitas interdum, dum spernuntur minora pericula..

  A008002559 

 Quod ad primum angelum, uno ictu cecidit; nam non potuit peccare venialiter (ut in minori causa de Adamo in Paradiso existente dicunt D. Thomas, D. Bonaventura et Alensis), nam nulla surreptio, nullus inordinatus motus..

  A008002562 

 misit: qualis esset ista? curiositas periculosa, nam si nescisset non petivisset; 5.

  A008002562 

 vidit mulierem se lavantem, et diutius vidit ita ut pulcritudinem ejus notare posset, alioquin si [346] obiter vidisset non notasset (nec tunc dixit: Averte oculos meos ne videant vanitatem ); 4.

  A008002563 

 v. 4: Magnificavi opera mea, ædificavi mihi domos, etc. Omnia quæ desideraverunt oculi mei non negavi eis, nec prohibui cor meum quin omni voluptate frueretur.

  A008002566 

 Dicit Petrus: Quare non possumus te sequi modo? animam meam pro te ponam.

  A008002566 

 [1.] Dixerat Dominus: Quo ego vado, vos non potestis venire.

  A008002567 

 Heu, nos nimium de nobis existimamus; non sufficit agnoscere se a Deo habere, opportet non existimare se multa habere.

  A008002568 

 29: Ego dixi in abundantia mea: Non movebor in æternum.

  A008002568 

 Time cum arriserit gratia, time cum abierit, time cum revertetur; cum adest, time ne non digne opereris ex ea, ne in vacuum,» etc. Noli altum sapere, sed time..

  A008002569 

 At ipsi dormiebant: Symon, dormis? sic non potuisti una hora vigilare mecum? Sponsa innixa super Dilectum suum.

  A008002569 

 Perseverantia non est unius diei.

  A008002570 

 Petierant Discipuli: Domine, si percutimus in gladio? non expectata responsione, percutit indiscrete..

  A008002571 

 At ille negavit coram omnibus, dicens: Non sum; mulier, non novi illum, neque scio neque novi quid dicas.

  A008002572 

 Dixerunt ergo reliqui: Nunquid et tu ex discipulis ejus es? Jurat: Non novi hominem; o homo, non sum.

  A008002573 

 Notate, popule meus, una ancilla incipit dubitando: [350] Et hic cum illo erat; nam non audet Petro asseveranter dicere, sed: Sed et tu ex discipulis es? Mox affirmat.

  A008002580 

 le jour même de la Communion et de la complète purification par le lavement des pieds: Vous êtes purs, mais non pas tous [343] (voir saint Jean, XIII, à ces paroles); 3.

  A008002582 

 L'insensé est inconstant: Un roseau agité par le vent; aussi dans l'hébreu, au lieu d' insensé on trouve inconstant (voir Pinéda, liv.VII, chap. I des [345] Préliminaires de l'Histoire de Salomon ); tantôt il veut, tantôt il ne veut pas: Le paresseux veut et ne veut pas. Ou bien, l'insensé change peu à peu comme la lune; il descend graduellement, et non par une chute soudaine; il en est ainsi souvent de la santé lorsqu'on méprise les moindres périls..

  A008002607 

 Reprehensibilis fuit Apostolorum et Petri audacia; nam vel existimarunt Christum facturum miracula, et tunc vanitas fuit dicere: Si percutimus in gladio? vel non existimarunt, et tunc inopportuna temeritas.

  A008002609 

 Trepidaverunt timore ubi non erat timor.

  A008002611 

 21; nam ibi videbis immane facinus, ex parva sed immoderata quamvis non injusta passione habendi vineam ortum.

  A008002611 

 Cur dixerit Naboth: Propitius sit mihi Deus? Quia scilicet non licebat Judæis sua vendere, nisi usque ad jubilaeum.

  A008002611 

 [354] Videte Achab ægrotantem et similem Alexandro flenti, Aman unico Mardocheo non flectenti genua infenso; Esther, 5.

  A008002614 

 Ergo non in carentia passionum, sed in iis regendis consistit perfectio; nam passiones sunt in corde ut chordae in cythara, quæ ad concentum reducuntur ut possimus dicere: Confitebor tibi in cytara..

  A008002614 

 Verum non passiones habuit, sed propassiones; ergo convenientius refelluntur ex viris sanctissimis, maxime ex Petro, qui justus, post Eucharistiam, lotionem pedum, etc., tamen perturbatur timore.

  A008002615 

 Ut refelleret dicentes fideles non posse peccare et [355] esse securos de sua salute; nam quis magis stabat quam Petrus, Eucharistia fulcitus et tot Christi monitis? et tamen cecidit.

  A008002616 

 Quia gloria Dei magis elucet ex peccatoribus poenitentibus: Majus est gaudium; atqui, non gaudent Sancti nisi de majori gloria Dei.

  A008002617 

 34: Quod confractum est non alligastis.

  A008002617 

 9: super animantia, non super poenitentes.

  A008002617 

 Bonus es tu, et in bonitate tua doce me justificationes tuas; [Ps.] 118: habebat cæteras virtutes, sed non humilitatem; unde deliquit.

  A008002617 

 Hinc Petrus deinceps humillimus: non dominans in cleris; sustinet reprehendentem Paulum.

  A008002634 

 Soyez la terreur et l'épouvante de tous les animaux de la terre: des animaux, mais non des pénitents.

  A008002634 

 Vous êtes bon, et dans votre bonté enseignez-moi vos justifications: David avait les autres vertus, mais non pas l'humilité, c'est pourquoi il pèche.

  A008002647 

 Hæc gratia præveniens: non amatur nisi amet.

  A008002671 

 Quare sagitta gratia præveniens? quia non cogitantes percellit.

  A008002673 

 Sic Gregorius Nissenus visa historia Abrahami; Beatus Pachomius viso exemplo charitatis; Augustinus lecto loco illo: Non in cubilibus Pelagia, quæ margarita, audito Nonno.

  A008002675 

 confiteri: nam Petrus non est confessus, quia vidente Summo Sacerdote.

  A008002687 

 De même saint Grégoire de Nysse fut touché voyant une peinture qui représentait le sacrifice d'Abraham; le bienheureux Pacôme, voyant un exemple de charité; Augustin, à la lecture de ce passage: Non dans les dissolutions; Pélagie, dont le nom signifie perle, à la parole de Nonnus.

  A008002701 

 Convertimini in toto corde; aliqui sunt qui quidem convertunt aliquatenus oculos, sed non corpus erga postclamantes.

  A008002701 

 Quare dies et nox? ( Si quæritis, quærite.) Quia non serio quæritis; vultis et non vultis.

  A008002701 

 [1°.] Præveniens misericordia operatur in nobis velle converti; at hoc satis non est, quoties enim dicimus: Volo converti, et tamen non convertimur! Sic enim increpat Idumæos Isaias, c. 21: Onus Duma, id est, [364] regionis Idumeorum, quae vergit ad austrum; clamat ad me ex Seir.

  A008002704 

 Origenes, Tertullianus, Hosius, Salomon, Judas non perseverarunt.

  A008002704 

 Qui convertuntur in morte ut latro, et paucissimi alii, habent sequivalentem perseverantiam; nam proprie non perseverant, sed eorum conversio æquivalet [367] perseverantiæ, et nihil est aliud quam conversio.

  A008002706 

 Exemplum de Israelitis, in deserto: non defuit manna, sed ipsi mannæ defuerunt, fuit illis columna nubis per diem, et ignis per noctem.

  A008002706 

 Nam, quamvis gratia Dei sit nobis necessaria, tamen non deest; Job, 24: Ipsi rebelles fuerunt lumini.

  A008002706 

 Non magis tibi deest gratia quam natura.

  A008002706 

 Primus est: Si ex nobis nihil possumus, qui damnatur damnatur quia Deus illum non adjuvit; en siti morior.

  A008002707 

 Filiæ Hierusalem flebant a parte inferiori, unde Dominus: Nolite flere super me, a parte inferiori; et hinc bonus fletus, [368] est enim effectus contritionis; verum quia sensus non obedit rationi semper, non est opus fletu exteriori, sed interiori tantum..

  A008002716 

 Convertissez-vous de tout cœur; il y en a qui, à la vérité, tournent bien les yeux, mais non pas leur corps vers ceux qui crient derrière eux.

  A008002736 

 At vero inter laudes ipsius, illa una fuit quod non vento superbise moveatur: Arundinem vento agitatam.

  A008002736 

 Vocalem ergo esse opportet hodie, cum Zacharias, vocis paralisi mutus, loquitur, ad laudandum vocem quæ Domini voce laudata est; sed vereor ne quemadmodum Alexander non alio penicillo pingi volebat quam Apellis, ita et Joannes alia se voce laudari nolit quam Christi.

  A008002740 

 Alii Prophetæ dicebant: Ecce veniet, veniens veniet et non tardabit; at iste: Ecce iste venit, [372] saliens in montibus, transiliens colles.

  A008002741 

 Vinum et siceram non bibit; ecce vitat omnia periculosa.

  A008002745 

 6, Gedeoni: Pax tibi, non morieris; ædificavit altare Domino, vocavitque illud: Domini pax..

  A008002746 

 15. c. 3: «Oleam ne stringito neve verberato.» Pax multa diligentibus legem tuam, et non est illis scandalum.

  A008002746 

 Habenti dabitur, et non habenti auferetur ab eo.

  A008002746 

 Non ociosa pax, sed tranquilla..

  A008002747 

 Omnes quaerunt quae sua sunt, non quae Jesu Christi..

  A008002747 

 Qui habet duas tunicas, det non habenti.

  A008002748 

 Facite judicium et justitiam ( Justitia et pax osculatae sunt ), et diligite pauperes: Qui habet duas tunicas, det non habenti. [375].

  A008002769 

 Tous cherchent leurs intérêts et non les intérêts de Jésus-Christ..

  A008002800 

 Concepimus, et quasi parturivimus, et peperimus spiritum; salutes non fecimus in terra, ideo non ceciderunt habitatores terræ.

  A008002800 

 Salutes non fecimus, id est, spem [378] salutis nostrae non posuimus, in terra; quasi parturivimus, quia peccator dolet et de dolore gaudet.

  A008002802 

 v. 4: Non est qui invocet justitiam neque est qui judicet vere, sed confidunt in nihilo et loquuntur vanitates; conceperunt dolorem et pepererunt iniquitatem.

  A008002803 

 O insensati Galatae, quis vos fascinavit non obedire veritati, ante quorum oculos Christus praescriptus est in vobis crucifixus? Gal.

  A008002804 

 37: Venerunt filii usque ad partum, et virtus non erat pariendi.

  A008002809 

 2: C hristo confixus sum cruci; vivo ego, jam non, [etc.] [381].

  A008002824 

 Je suis cloué à la croix avec le Christ; je vis, non plus, [etc.] [381].

  A008002831 

 Suppono salutem Christum aeternam attulisse, ideo non nisi ab inimicis salutis liberasse; 2.

  A008002832 

 6: De caetero, fratres, confortamini in Domino et in potentia virtutis ejus; induite vos armaturam Dei, ut possitis stare adversus insidias diaboli; non enim est, [etc.,] sed adversus principes et potestates, adversus mundi rectores tenebrarum harum, contra spiritualia nequitiae in celestibus.

  A008002835 

 Descendunt: Helias es tu? Non sum.

  A008002835 

 Propheta es tu? Non.

  A008002835 

 Quid ergo? quid dicis de teipso, ut responsum, [etc.] Ego vox clamantis in deserto, etc. Videte descensum: Non sum dignus solvere corrigiam, etc..

  A008002835 

 Tu quis es? scilicet: Esne Christus? Confessus est et non negavit.

  A008002836 

 Confessus est et non negavit. (Nos saepe confitemur et negamus, etiam in confessione.) Nam in ea: Tu quis es? confitentur et negant.

  A008002845 

 Es-tu le Prophète? Non.

  A008002857 

 I Cor. 9: Sic curro, non quasi in [384] incertum; sic pugno, non quasi aerem verberans. Gladiatores antequam ad manus veniant, quoddam praelii specimen exerunt.

  A008002861 

 Nam habuit nihil ipsa, pastoribus nata, et pastor ut Rachel, Rebecca et aliae antiquae virgines; deinde non vanitati unquam inservivit..

  A008002861 

 Or, certum est Beatam Genovefam (multasque Sanctas) hujusmodi specula non dedisse, quae nunquam habuit, sed dedit mysticum speculum: exemplum mirabile quod nobis dedit qui lavari ac mundari volumus; nostros repraesentat vultus conservandos.

  A008002862 

 2 Cor. 12: Ne magnitudo revelationum extollat me, datus est mihi stimulus, etc. Et dixit mihi: Sufficit tibi gratia mea. De Angelis: Ut non glorietur omnis caro in conspectu ejus.

  A008002862 

 I Cor. 1: Non me misit Deus baptizare, sed evangelizare; non in sapientia verbi, ut non evacuetur crux Christi.

  A008002862 

 Quae stulta sunt mundi elegit Deus ut confundat sapientes, et infirma mundi elegit Deus ut confundat fortia, et ignobilia mundi ac contemptibilia elegit Deus, et ea quae non sunt ut ea quae sunt destrueret, ut non glorietur omnis caro in conspectu ejus.

  A008002869 

 Pour moi, je cours, mais non au hasard; je combats et je ne donne pas [384] des coups en l'air.

  A008002874 

 Dieu ne m'a pas envoyé pour baptiser, mais pour prêcher l'Evangile; non point toutefois selon la sagesse de la parole, afin de ne pas anéantir la croix du Christ.

  A008002916 

 Illustrissima ac fertilissima parabola, sed quae maximum dicendi segetem offert, quam si colligere vellemus tota dies non sufficeret.

  A008002918 

 10: Hoc denunciamus vobis, quoniam si quis non vult operari nec manducet.

  A008002918 

 6: Bonum autem facientes non deficiamus, tempore enim suo metemus.

  A008002920 

 Bernard., ad Garinum: « Exultavit ut gigas ad currendam viam; currentem non apprehendit qui et ipse pariter non currit.» Bonum certamen certavi, cursum consummavi, fidem servavi; in reliquo reposita est mihi corona justitiae..

  A008002923 

 ad Cor. c. 4: Id enim quod momentaneum est et leve tribulationis nostrae, supra modum in sublimitate aeternum gloriae pondus operatur in nobis; non contemplantibus nobis quae videntur, sed quae non videntur.

  A008002924 

 Non sunt condignæ.

  A008002924 

 Sanctus Franciscus Fratri: «Et a cause des biens que j'attens,» etc. Bernardus, D e Convers., ad Cler.: « Non sunt condignæ ad culpam praeteritam quae remittitur, ad consolationem quae immittitur, ad gloriam quae promittitur.» Redemptori, Creatori, Glorificatori..

  A008002980 

 O Sancte Joseph, «quibus te laudibus efferam nescio, quia quem caeli capere non poterant» tuis brachiis conclusisti! Et ecce primum elogium quod hodierna die profert et cantat Ecclesia in officio Missae: Justus ut palma florebit.

  A008002980 

 Sed ut utiliter loquar de tuo hoc Patre, verto me ad tuam pietatem: «Sanctissimae Genitricis tuae Sponsi, quaesumus, Domine, meritis adjuvemur, ut quod possibilitas nostra non obtinet, ejus nobis intercessione donetur;» et tibi, o Virgo, dico Ave Maria, etc..

  A008002993 

 Or, on dit, apres la revolution de plusieurs siecles il devient si charge des infirmites de sa viellesse en sorte qu'a peine peut il voler, et sa vie alhors luy semble tellement mortelle qu'il ne peut pas mesme esperer de vivre que par la mort; de sorte quil assemble et, etc., et se fait un bucher, etc. Or, apres il vole, il vit gay et joyeux, et avec une jeunesse toute vitale il passe un'autre nouvelle suite de siecles, etc. Telle est la narration des Anciens, non seulement prophanes mais aussi chrestiens; de saint Basile, saint Ambroyse et cent autres.

  A008002999 

 Cum esset desponsata Mater Jesu Maria Joseph, antequam convenirent, etc. Non, le palmier ne faeconde pas la palme, c'est le soleil qui la faeconde; mais la nature a volu observer cette ceremonie, peut estre seulement pour nous acheminer par cette similitude a ce que nous disons maintenant.

  A008002999 

 Ex hoc autem matrimonio consurgit aliud privilegium Sancti Joseph, quia etsi pater naturalis Christi Domini non sit, est tamen plus quam pater putativus, plus quam socer, et Christus licet non sit filius Joseph est tamen filius suus; il n'est pas son filz, mais un filz sien.

  A008002999 

 Soror nostra parva est, et ubera non habet: quid faciemus sorori nostrae in die quando alloquenda est? (Cant. 8, circa finem.) Si murus est, aedificemus super eum propugnacula argentea; si ostium est, compingamus illud tabulis cedrinis.

  A008002999 

 [400] Mays le Saint Esprit a voulu observer cette ceremonie, que la tressainte Vierge ne conceut pas qu'a l'aspect et a l'ombre du sacre mariage, mariage totalement virginal et qui «virginitatem Matris non minuit sed sacravit;» et c'est ce qui exalte merveilleusement saint Joseph, destre le vray mari d'une si sainte Espouse.

  A008003013 

 Non soleo nisi ex sensu litterali sermones meos contexere; verum hic Ecclesiae authoritas suadet aliter facere.

  A008003033 

 Verum de oratione dicere non possumus nisi Deus docuerit, et cum Apostolis dicendum est: Domine, doce nos orare; Luc. XI, v. 1..

  A008003039 

 v. 15: Quid clamas ad me? Bernardus, sermo 16 in Psal. 90: «Clamor in Dei auribus est vehemens desiderium.» Apud Deum, non tam valet clamor quam amor.

  A008003041 

 In omnibus orationibus semper petitur a Deo; ipsi servimus, non nobis ipsis inutiles sed Deo: Inclinavi cor meum ad faciendas, etc. Tria vero notantur..

  A008003042 

 Nescitis quia ego in Patre et Pater in me est? Petimus quidem a Sanctis, sed non absolute, sed petimus praeces nostras eorum praecibus adjuvari.

  A008003043 

 In nomine meo, tanquam Mediatoris (antiqui jam ita orabant, sed non explicite; nunc explicatius, nunc intentius, ut explicatius creditur); alioquin non sumus digni aspici.

  A008003043 

 Non [408] accepistis spiritum servitutis iterum in timore, sed accepistis spiritum filiorum, in quo clamamus: Abba, Pater.

  A008003043 

 Propter David servum tuum non avertas faciem Christi tui.

  A008003056 

 Toute prière renferme toujours une demande à Dieu; nous sommes serviteurs inutiles, non relativement à nous-mêmes, mais relativement à Dieu.

  A008003057 

 Ne savez-vous pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi? Nous demandons bien aux Saints, mais non d'une manière absolue, nous demandons qu'ils appuient nos prières par les leurs.

  A008003061 

 Vide in Actis Apostolorum Beatum Paulum dici vas electionis, non quia praedestinavit ad gloriam more reliquorum salvandorum, sed quia destinavit ad excellentem gratiam, tum gratum facientem, tum ad peculiarem gratiam gratis datam, et insigne officium.

  A008003064 

 Vel brevi, id est, statim; est enim phrasis antiquae Scripturase ut dicat Incarnationem statim futuram, et non tardabit etc. Quod ideo dicitur quia breve est spatium, non absolute quidem, sed habito respectu ad id quod merebamur, cum enim meremur ut nunquam veniret qui mittendus erat.

  A008003069 

 Quod nota, tum ut scias cum Maria multum esse lucri, tum praeferri Mariam omnibus honore tanquam omnium dignissimam; non enim diceremus principem ire vel esse cum assecla, sed asseclam cum principe.

  A008003072 

 Sacerdos concionabundus, ut se non verba mundana habiturum sed ccelestia et Christi crucifixi, initio pingit Crucem, quae principium est et pars concionis.

  A008003074 

 Esau fuisse damnatum quod ad personam attinet, non video quomodo constet.

  A008003074 

 Illud enim: Major serviet minori, observatur recte ab Augustino non posse applicari personis nisi moraliter, ut Esau serviverit persequendo.

  A008003074 

 Quae vero dicuntur in Osaea, in Genesi, ad Ro. et alibi, constat apertissime, si omnia inter se conferantur ut par est, intelligi de populis Israeliticis et Idumaeis, non de personis.

  A008003074 

 Vix enim quicquam mali de eo referunt Scripturae; in Genesi mortem autem ejus non scribunt, quia persequuntur tantum quae ad populum electum spectabant.

  A008003078 

 Voir dans les Actes des Apôtres, saint Paul appelé vase d'élection, non seulement parce que Dieu le prédestinait à la gloire, comme il y prédestine les autres élus, mais parce qu'il le destinait soit à une éminente grâce de celles qui sont appelées gratum faciens, soit à une grâce spéciale gratis data, et qu'il l'appelait à une mission extraordinaire.

  A008003080 

 Ces expressions indiquent une durée courte non pas en soi, mais relativement à nos mérites, car nous méritions que le Messie ne vînt jamais.

  A008003085 

 Le prêtre commence la prédication en traçant le signe de la Croix, pour montrer que ses paroles seront non pas mondaines mais célestes.

  A008003087 

 Les paroles qu'on lit dans Osée, la Genèse, l'Epître aux Romains et ailleurs prouvent très clairement, si, comme on le doit, on les compare toutes entre elles, qu'il s'agit non des personnes, mais des peuples d'Israël et de l'Idumée.

  A008003096 

 D'où le Chrestien doit inferer que ce n'est pas asses d'honnorer la Croix, s'il ne l'ayme; de la bayser, s'il ne l'embrasse par une cordiale et ferme resolution, non seulement d'aymer le Crucifix, mais encores la crucifixion de cœur..

  A008003104 

 Il y a si grand nombre de croix pour les personnes mariees et chargées de famille qu'il n'est pas besoin de leur en destiner de particulieres; neanmoins, celle que je leur presente plus volontier c'est le support mutuel, l'amitié fidelle et non interrompue par des amours estrangers, et le soin de l'eslevation des enfans; en donnant bon exemple a toute la famille, ne se pas rendre criminel des crimes d'autruy..

  A008003105 

 Les vefves ne manquent non plus de croix.

  A008003121 

 Déjà il avait dit aux deux disciples qui allaient à Emmaüs: O stulti et tardi corde ad credendum; O hommes sans intelligence et d'un cœur tardif à croire! A son exemple, saint Paul disait aux Galates: O insensati Galatœ, quis vos fascinavit non obedire veritati? O hommes dépourvus de sens, qui vous a fasciné l'esprit pour vous empêcher d'obéir à la vérité?.

  A008003122 

 Moïse frappe deux fois le rocher, l'eau coule avec abondance; mais parce que son frère et lui avaient eu quelque doute, Dieu leur déclare qu'ils n'entreront point dans la terre promise: Quia non credidistis mihi, non introducetis hospopulos in terram quam dabo eis.

  A008003122 

 Zacharie doute, et l'Ange lui dit: Ecce eris tacens, et non poteris loqui usque in diem quo hœc fiant, pro eo quod non credidisti verbis meis; Parce que vous n'avez pas cru, vous perdrez l'usage de la parole jusqu'à la naissance de votre fils.

  A008003123 

 De quoi Jésus reprend-il ses Apôtres? C'est de n'avoir pas cru au témoignage des personnes qui avaient vu qu'il était ressuscité: Quia iis qui viderant eum resurrexisse, non crediderunt.

  A008003124 

 Avant de monter au Ciel, il établit dans son Eglise non des écrivains, mais des pasteurs et des docteurs: Ascendens in altum, ipse dedit... alios autem pastores et doctores.

  A008003138 

 Non, cette tendre Epouse, fille du Calvaire, née du sang de Jésus, présente toujours à nos yeux les plaies de son divin Epoux pour exciter nos cœurs aux sentiments de la plus tendre compassion.

  A008003142 

 Mais en même temps, dit toujours saint Bonaventure, «la bienheureuse Passion de notre Sauveur doit exciter dans un cœur chrétien la plus sainte allégresse et le [427] ravissement de la joie la plus vive: In hac beatissima Passione datur nobilissimi gaudii materia et vehemens exsultatio.» «Eh! qui pourrait ne pas être transporté de joie en se voyant, par l'heureux effet des plaies de Jésus, arraché à la damnation éternelle, à l'esclavage du péché, à la tyrannie du démon! Quis non exsultet et gaudeat, cum cernit seipsum per hanc beatissimam Passionem liberatum a damnatione aeterna, a culpae ignominia, a potestate diabolica!» «Quelles bornes pourrions-nous donner aux transports de notre allégresse, quand nous considérons qu'un Dieu nous a aimés jusqu'à se réduire pour nous à tant d'humiliations et de souffrances! Sed quis non exsultet in immensum, cum cernit Deum ipsum in tantum diligere ut tantae vilitati et pœnalitati subjecerit semetipsum pro eo!».

  A008003143 

 «Ce n'est pas que nous nous réjouissions de ses ignominies et de ses douleurs;» non, non, elles feront toujours la matière de nos gémissements et de nos larmes, mais nous sommes saisis de joie à la vue des admirables effets qu'a produits le sang précieux qui coule de ses plaies; nous bénissons mille et mille fois la tendre affection, l'amour ardent qu'il nous a témoigné en mourant sur la croix pour notre salut: «Non quod gaudeat de ejus vilitate et Passione, sed de ejus effectu affectuque, et amoris manifestatione.».

  A008003144 

 «Quel est le grand de la terre qui n'éprouverait pas la joie la plus vive, s'il était aimé du roi à un tel point que ce monarque fût prêt à donner sa vie pour lui! A combien plus forte raison, nous qui sommes des hommes si méprisables, de si infâmes esclaves, des pécheurs si abominables, devons-nous tressaillir de joie en voyant le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, notre Créateur et notre Dieu, Jésus, nous aimer jusqu'à s'immoler lui-même pour nous par la mort la plus ignominieuse et la plus cruelle! Quis princeps in regno cernens se tantum a rege diligi ut paratus esset mori pro ipso, non gauderet et exsultaret! Quanto magis nos vilissimi homines, et nefandissimi peccatores et servi, gaudere debemus et exsultare, cum videmus Regem regum et [428] Dominum dominantium et Creatorem nostrum Jesum nos ita continue diligere, ut immolaverit seipsum pro nobis in tam turpi et vilissima morte!».

  A008003156 

 Avec quelle allégresse il contemple son sang qui coule à gros bouillons! Il triomphe, il ne peut contenir les transports de sa joie: Stat martyr tripudians et triumphans, toto licet lacero corpore et rimante latera ferro; non modo fortiter, secl et alacriter sacrum e carne sua circumspicit ebullire cruorem.» «Est-ce donc qu'il ne sent pas la douleur? il la sent, et vivement; mais il la surmonte, mais il la méprise: Nec deest dolor, secl superatur, sed contemnitur.» «Où est donc alors son âme? Ah! elle est dans le lieu sûr, elle est dans la pierre, elle est dans les entrailles de Jésus, elle habite dans ses plaies sacrées: Ubi ergo tune anima martyris? nempe in tuto, nempe in petra, nempe in visceribus Jesu, vulneribus nimirum patentibus ad introeundum.» Là elle s'anime par l'exemple de son Bien-Aimé; là elle renouvelle continuellement sa vigueur; là elle puise la force de boire le calice du Seigneur; là elle s'enivre des délices qui sont cachées dans les souffrances: «Ergo ex petra martyris fortitudo, inde plane potens ad bibendum calicem Domini; et calix hic inebrians quam prœclarus est!».

  A008003157 

 «Fremit mundus, premit corpus, diabolus insidiatur, non cado; fundatus enim sum supra firmam petram.».

  A008003158 

 Quelquefois la pensée des jugements de Dieu jette l'alarme dans ma conscience; je me sens effrayé par la multitude et l'énormité de tant de péchés que j'ai autrefois commis; mais aussitôt, pour me rassurer, je me jette dans les blessures du Seigneur, car je sais qu' il a été blessé pour nos iniquités: «Peccavi peccatum grande, turbatur conscientia, sed non perturbabitur, quoniam vulnerum Domini recordabor; nempe vulneratus est propter iniquitates nostras.» Là je lis écrit de son sang le mystère de son amour, j'adore le témoignage précieux de son immense miséricorde.

  A008003160 

 Ah! puisque je trouve tant de biens dans les plaies de mon Jésus, je veux suivre le conseil de saint Bonaventure, et je prends pour résolution d'établir trois tentes, non sur le Thabor, car Pierre ne savait ce qu'il disait lorsqu'il faisait cette proposition à Jésus, mais sur le Calvaire où le Sauveur lui-même nous a préparé ces trois demeures dans ses divines plaies: « Bonum est cum Christo esse; et in ipso volo tria tabernacula facere, unum in manibus, unum in pedibus, sed aliud continuum in latere ubi volo quiescere.».


09-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome IX-Vol.3-Sermons.html
  A009000067 

 Et non seulement cela s'est fait en l'Eglise, ains encores en l'ancienne Loy, le jour du Sabbat estant tousjours precedé de plusieurs preparations que l'on faisoit le jour devant..

  A009000070 

 Les Chrestiens ont esté plus esclairés, et ont eu l'honneur de sçavoir que l'homme a esté fait Dieu et que Dieu s'est fait homme, bien qu'ils ne soyent pas capables de comprendre la grandeur du mystere de l'Incarnation et de la tres sainte Nativité de Nostre Seigneur, car c'est un mystere caché dans l'obscurité des tenebres de [3] la nuit; non pas que le mystere soit tenebreux en soy mesme, car Dieu n'est que lumiere.

  A009000073 

 La tres sainte Vierge produit son Fils Nostre Seigneur virginalement en terre comme il fut produit de son Pere eternellement au Ciel, avec cette difference neanmoins, qu'elle le produit de [5] son sein et non pas dans son sein, car dès qu'il en fut sorti il n'y rentra plus; mais son Pere celeste l'a produit de son sein et en son sein, car il y demeurera eternellement..

  A009000075 

 La pluspart des Peres sont en doute si tous, tant les mauvais que les bons, participoyent à cette faveur; mais que cela soit ou non, la manne avoit le goust particulier ou la saveur de la farine, du miel et de l'huile.

  A009000080 

 Pourquoy pensez-vous que les Anges s'addresserent aux bergers plustost qu'à nul autre qui fust en Bethleem? Non pour autre cause, sinon parce que Nostre Seigneur, estant venu comme Pasteur et le Roy des pasteurs, ne vouloit favoriser que ses semblables.

  A009000085 

 Ceux qui s'en allerent et ceux qui demeurerent furent tous consolés, mais non pas egalement, ains un chacun selon sa capacité..

  A009000093 

 Mais comme en eust-elle eu besoin, veu qu'elle avoit produit son Fils plus purement que ne fait l'estoille son rayon, rayon qui rend l'estoille d'autant plus belle à nos yeux qu'elle le produit plus frequemment? Elle vient donques, nostre sacrée Maistresse, non pour se purifier en elle mesme, ains seulement en l'imagination de plusieurs qui, ne sçachans pas qu'elle estoit exempte d'observer la Loy, eussent murmuré dequoy elle ne l'observoit pas..

  A009000094 

 Elle n'eut non plus besoin de purification dès cette heure là; mais nous autres, il est tres necessaire que nous sçachions cette verité, qui est que tant que nous serons en cette miserable vie nous aurons tousjours besoin de nous purifier et de renoncer à nous mesme, et cette vie ne nous est donnée pour autre fin.

  A009000096 

 Il ne se faut point tromper, pensant pouvoir aller apres Nostre Seigneur sans renoncer tout à fait et sans reserve à ce nous mesme, car non seulement Nostre Dame nous a baillé exemple de le faire, mais le Sauveur mesme nous l'a enseigné en sa Mort et Passion, renonçant à l'inclination qu'il avoit de vivre, pour s'assujettir à la volonté de son Pere, en se rendant obeissant jusques à la mort et à la mort de la croix; et c'est ainsy qu'il faut que nous fassions.

  A009000100 

 Je diray bien davantage: il y a quelquefois plus de vertu à porter une croix de paille que non pas une croix bien pesante, parce qu'il faut plus appliquer son attention, de crainte de la perdre.

  A009000100 

 Je veux dire qu'il peut y avoir plus de vertu à retenir une parolle qui nous a esté defendue par nos Superieurs, ou bien à ne pas lever la veùe pour regarder quelque chose que l'on a bien envie de voir, que non pas de porter la haire, parce que dès qu'on l'a sur le dos il n'est plus besoin d'y penser; mais en ces menues obeissances il faut avoir une grande attention pour n'y pas faillir..

  A009000101 

 Que pensez-vous que faisoit la pauvre fille pour devenir sainte? Non certes autre chose que de se sous-mettre bien simplement à la volonté de la Mere.

  A009000101 

 Sainte Gertrude fut faite Religieuse en un monastere où il y avoit une Abbesse ou Superieure laquelle reconnoissoit fort bien que la bienheureuse [19] Sainte estoit d'une complexion foible et fort delicate; c'est pourquoy elle la faisoit traitter plus delicatement que non pas les autres Religieuses, tant pour le vestir que pour la nourriture, et ne luy laissoit pas faire les austerités qu'on avoit accoustumé de faire en cette Religion.

  A009000102 

 Et tout de mesme des maladies; ils voudroyent avoir celles que Dieu a données à un autre et non pas celles qu'ils ont..

  A009000119 

 Il faut que nous sçachions que le diable donne souvent cette tentation aux ames les plus pieuses, plus retirées et plus adonnées au service de Dieu; aussi est-ce celles-là particulierement qu'il cherche, car il sçait bien qu'il aura plus d'honneur, c'est à dire d'honneur infernal, pour l'acquisition d'une de ces ames, que non pas de beaucoup d'autres moins pieuses; et il fait cela aussi pour la haine perpetuelle qu'il porte à Dieu.

  A009000120 

 Il faut regarder l'intention de la divine Majesté au temps de la tentation; non pas que nous puissions penser ni dire que c'est Dieu qui nous tente; oh non, car il ne le peut, ains il permet que nous soyons tentés et exercés.

  A009000122 

 Il faut que chacun marche en sa voye: la voye des Saints estoit de faire ce qu'ils faisoyent, mais la vostre c'est de parvenir, ou tascher de parvenir à la perfection peu à peu, et non pas tout d'un coup comme vous voudriez.

  A009000122 

 Oh non, cela ne vous rendra pas saintes, mais ouy bien une longue perseverance à vous bien mortifier, et à endurer amoureusement les mortifications, tentations, aridités et afflictions qui vous surviendront en cette vie, [25] resistant aux tentations et appliquant les remedes à vos peines, avec beaucoup de patience et d'humilité, avec resignation à souffrir autant et aussi longuement qu'il plaira à la divine Majesté, sans jamais vous laisser aller à aucun desir d'en estre affranchies.

  A009000133 

 Non certes, il ne faut pas dire comme saint Pierre: Il est bon que nous soyons icy, mais: Il est bon que nous passions par icy pour aller à la montagne de Calvaire..

  A009000133 

 Nostre divin Maistre faisoit ses exces bien d'autre façon que non pas nous autres; car nous, nous jettons de bas en haut.

  A009000135 

 Quand Nostre Seigneur a voulu accomplir quelque grande chose il s'est mis en oraison, mais non pas en une simple oraison faite sans preparation, ains il se retiroit en la montagne et entrait en la solitude.

  A009000136 

 L'une est neanmoins plus profitable que l'autre; comme de mesme il y a plus de profit à accomplir la volonté de Dieu, ou bien à l'aymer en quelque evenement qui nous contrarie, que non pas à [30] escouter parler Nostre Seigneur emmy la consolation que l'on reçoit aucunefois en l'oraison..

  A009000151 

 Il faut honnorer et estimer toutes les vertus parce qu'elles nous rendent fort aggreables à Dieu, et non pas les prattiquer et nous y affectionner parce que nostre esprit y a quelque correspondance..

  A009000151 

 Mais, o Dieu, il faut que cet amour soit pur, qu'il nous fasse entreprendre la prattique de toutes les vertus [35] egalement, et non pas selon nostre choix; car bien souvent nous nous faschons dequoy nous avons fait quelque legere faute en la vertu que nous affectionnons, et ne nous mettons point en peine d'avoir fait un defaut beaucoup plus grand en une autre vertu qui sera peut estre plus excellente.

  A009000166 

 Que me reste-t-il plus à adjouster, sinon à vous convier d'escouter ce que saint Paul nous recommande aujourd'huy, qui est que nous taschions de ressentir en nous ce que nostre Maistre a ressenti en ce jour pour nous? Qu'est-ce que ce grand Saint veut dire? Veut-il que nous ressentions un amour purement affectif pour Nostre Seigneur sur la croix? veut-il que nous pleurions de compassion? O non, ce n'est pas ce que le Sauveur demande de nous que l'amour affectif qui nous fait jetter des larmes ou nous cause tant de desirs sans effects; l'enfer est plein de ces desirs.

  A009000168 

 Allez donques, et aymez tellement Celuy qui est mort pour nous unir à luy et pour nous tesmoigner son amour, que rien ne puisse vivre en vous que luy, à fin que vous puissiez dire avec saint Paul: Je vis, mais non pas moy, ains Jesus Christ vit en moy.

  A009000168 

 En fin, l'amour a fait mourir nostre Maistre, il ne reste plus sinon que nous vivions d'amour pour luy; mais non pas d'un amour tel quel, ains d'un amour semblable au sien (je ne dis pas esgal, car il ne se peut), d'un amour fort et courageux qui croisse emmi les contradictions, sans se lasser jamais de combattre pour ce divin Amant..

  A009000178 

 Une autre action de nostre entendement est l'estude, et celle cy se fait lors que nous considerons les choses seulement pour les sçavoir, pour les bien entendre et pour en pouvoir bien parler, sans avoir autre fin que de remplir nostre memoire; et en cela nous ressemblons aux hannetons qui se vont posant sur les roses, non pour autre fin que pour se saouler et se remplir le ventre.

  A009000180 

 Celle qui se fait par authorité ne se doit non plus appeller priere; aussi voit-on que si une personne qui a beaucoup d'authorité [48] dessus nous, comme sont peres, seigneurs ou maistres, use de ce mot de priere, nous luy disons incontinent: Vous pouvez commander, ou: Vos prieres me servent de commandement.

  A009000183 

 Les philosophes payens disoyent que l'homme est un arbre renversé, d'où nous pouvons conclure combien l'oraison est necessaire à l'homme, puisque l'arbre n'ayant suffisamment de terre pour couvrir ses racines, ne peut subsister; aussi l'homme qui n'a une particuliere attention aux choses celestes, ne sçauroit non plus subsister.

  A009000191 

 Plusieurs des anciens Peres, et mesme saint Gregoire Nazianzene, enseignent que Nostre Seigneur Jesus Christ ne peut non plus prier (entant que Dieu il est tout evident, puisqu'il est un mesme Dieu avec son Pere; nous en avons desja parlé).

  A009000194 

 Je dis qu'ouy, et que pas un ne se peut excuser de le faire, non pas mesme les heretiques.

  A009000217 

 L'on ne sçavoit s'il estoit celeste ou terrestre, car si bien il touchoit aucunefois la terre pour prendre ses necessités, il se relevoit soudain et se jettoit du costé du Ciel, se nourrissant plus des viandes [61] celestes que non pas des terrestres.

  A009000218 

 Ce n'est pas que Nostre Seigneur exauçast la priere du perroquet; non, car c'est un oyseau immonde, aussi n'estoit-il pas bon pour les sacrifices; neanmoins il permit cela pour monstrer combien cette oraison luy est aggreable.

  A009000218 

 Les prieres de ceux qui les font comme ce papegay sont en abomination à Dieu qui regarde plus au cœur de celuy qui prie que non pas aux paroles qu'il dit..

  A009000221 

 O Dieu, que nous devrions venir avec beaucoup de reverence à ces Offices, mais tout autrement preparés que non pas pour les prieres particulieres, parce qu'en celles cy nous ne traittons avec Dieu que de nos affaires, ou si nous prions pour l'Eglise nous le faisons par charité; mais aux prieres communes nous prions pour tous en general.

  A009000222 

 Ah non, pardonnez moy, certes il n'en seroit rien; car si nous avions esté ravis avec saint Paul jusqu'au troisiesme ciel, voire si nous avions demeuré trente ans en Paradis, si la foy ne nous establit, tout cela n'y feroit rien.

  A009000229 

 Que pensez-vous, je vous prie, que signifient les rameaux que nous portions aujourd'huy en nos mains? Non autre, sinon que nous demandons à Dieu qu'il nous rende victorieux par le merite de la victoire que Nostre Seigneur remporta sur l'arbre de la Croix..

  A009000249 

 Certes, cette bonne Mere ne veut pas que nous nous estonnions et mettions en peine de ce que nous avons esté, des grans pechés que nous avons commis autrefois, ni de nos miseres presentes; o non, pourveu que nous ayons maintenant une resolution ferme et inviolable d'estre tout à Dieu et d'embrasser à bon escient la perfection et tous les moyens qui nous peuvent faire avancer en l'amour sacré, faisant que cette resolution soit efficace et produise des œuvres.

  A009000249 

 Non certes, nos miseres et nos foiblesses, pour grandes qu'elles soyent et ayent esté, ne nous doivent pas descourager, mais nous doivent faire abaisser et nous jetter entre les bras de la misericorde divine, laquelle sera d'autant plus glorifiée en nous que nos miseres seront plus grandes, si nous venons à nous en relever; ce que nous devons esperer de faire moyennant sa sainte grace..

  A009000251 

 Il est à croire qu'ils concerterent eux deux comme ils feroyent pour parvenir en cette dignité; ils ne vouloyent pas la demander, o non, car les ambitieux, de peur d'estre estimés tels, n'ont garde de demander eux mesmes l'honneur.

  A009000252 

 Il s'en trouve fort peu, voire mesme entre les plus spirituels, qui regardent purement Dieu sans rechercher leur propre contentement, ne desirant que le contenter et non se contenter soy mesme..

  A009000252 

 Or, c'est l'amour propre qui faisoit cela; [75] elle n'avoit garde de luy dire: Je veux une telle chose, octroyez-moy cette grace; o non, car l'amour propre est plus sage et discret que cela, il fait faire des preambules et harangues bien composées, avec une humilité feinte et fausse, à fin que l'on pense que nous sommes bien braves et prudens.

  A009000254 

 Ouy, car nostre jugement veut gaigner par dessus tous les autres et ne se veut point sousmettre, ni nostre propre volonté non plus.

  A009000255 

 Rien ne nous porte tant de prejudice en la vie spirituelle, et nous empesche autant d'avancer en la voye de Dieu; car si sa sainte volonté regnoit en nous, nous ne commettrions jamais aucun peché, nous n'aurions garde de vivre selon nos inclinations et humeurs; non certes, car elle est la regle de toute bonté.

  A009000256 

 O non certes, car ne sçavez-vous pas, mes cheres ames, que tout nostre bien et bonheur depend d'estre entierement abandonné à la Providence divine, ne cherchant que son bon playsir, estant parfaitement sousmis à sa tres sainte volonté, [77] nous resjouissant de la voir accomplir en nous et en toutes creatures, quoy que ce soit avec des afflictions et des souffrances? Nous avons quelquefois affection et inclination à prattiquer les vertus qui sont selon nostre volonté.

  A009000257 

 O non, car ma Mere qui n'a pas esté esleüe à telle dignité, ne lairra pourtant d'avoir infiniment plus de gloire et d'amour au Ciel que vous et d'autres aussi..

  A009000259 

 Et il adjousta: Sçavez-vous que c'est que boire mon calice? Ne pensez pas que ce soit avoir des dignités, des faveurs et consolations, o non certes; mais boire mon calice c'est participer à ma Passion, endurer des peines et souffrances, des clous, des espines, boire le fiel et le vinaigre..

  A009000260 

 Nous pouvons estre martyrs et le boire, non en deux et trois jours mais toute nostre vie, nous mortifiant continuellement, comme font et doivent faire les Religieux et Religieuses que Dieu a appellés en la Religion pour porter sa croix et estre crucifiés avec luy.

  A009000274 

 L'on a tousjours fait de grandes solemnités à la reception des ames qui se sont consacrées à Dieu pour le servir en Religion; mais je remarque que l'on en a tousjours fait davantage pour celle des filles que non pas pour celle des hommes; et pour moy je crois que c'est parce qu'estant d'un sexe plus fragile, l'on doit d'autant plus admirer et solemniser la force qu'elles ont à se desprendre de toutes les choses de la terre.

  A009000277 

 Vous ne possederez plus rien en propre, l'on ne preschera plus vos louanges, il ne sera plus fait aucune mention de vous, non plus que si vous n'estiez plus au monde.

  A009000278 

 Et pourquoy tout cela? C'est peut estre pour patir, et par ce moyen sauver les hommes; ou, par adventure, l'ay-je fait par mon choix? O non, pardonnez-moy, la seule cause pour laquelle j'ay fait tout ce que j'ay fait, ç'a esté pour me sousmettre à la volonté de mon Pere qui estoit telle.

  A009000279 

 Mieux vaudroit mesme estre eslevé en dignités contre nostre volonté (et il y aurait sans comparaison plus d'humilité à les accepter), que non pas de les refuser par nostre choix et eslection, nous en reconnoissant indignes.

  A009000280 

 Vous aviez accoustumé de porter la veüe haute et les yeux tousjours ouverts pour regarder toutes choses; desormais il la faudra porter basse, n'ouvrant les yeux que pour la necessité et non point pour le service de la curiosité.

  A009000281 

 Escoutez saint Paul qui parle de luy mesme: Je vis, dit-il, mais ce n'est pas moy, ains c'est mon Seigneur qui vit en moy; non pas mon Seigneur glorifié, ains mon Seigneur crucifié.

  A009000281 

 Et quoy, Jesus Christ glorifié? O non, pas encores, ce sera là haut au Ciel qu'il vivra en nous glorifié; mais pour l'heure presente ce doit estre Jesus crucifié, car nous sommes au temps de la souffrance, non de la jouissance.

  A009000281 

 Mais pourquoy ainsy mourir à toutes choses, et si particulierement à soy mesme? Non certes pour autre sujet sinon à fin que Jesus Christ vive en vous.

  A009000282 

 C'est un grand talent que celuy de vivre chrestiennement et en l'observance des commandemens de Dieu; neanmoins celuy qui en a receu deux, c'est à dire qui avec celuy cy a receu celuy de vouloir pretendre à la perfection de la vie chrestienne, est desja beaucoup plus favorisé; mais, o Dieu, combien grand est le bonheur de celuy qui a receu en outre les trois talens auxquels sont encloses toutes les perfections chrestiennes! Ce sont ces trois principaux conseils de Nostre Seigneur: l'obeissance, [88] la chasteté et la pauvreté; ce sont ces trois vœux effectuels qui nous unissent à Dieu (je dis effectuels, et non pas seulement voués).

  A009000296 

 Ces ames donques qui sont si genereuses que de se venir toutes abandonner à Dieu sans aucune reserve, se jettant sous les loys de la Religion et se liant si estroittement que jamais plus elles ne s'en peuvent desprendre, font non seulement comme toutes les fleurs jaunes qui se vont tousjours tournant du costé du soleil, mais aussi comme celle qu'on appelle tourne-soleil, laquelle ne se contente pas de tourner sa fleur, ses feuilles et sa tige contre iceluy, ains encores, par une secrette merveille, tourne aussi sa racine qui est dessous terre.

  A009000296 

 Le martyre n'est pas un estat à cause de sa briefveté, ains se doit plustost appeller une voye courte et passagere, que non pas un estat.

  A009000304 

 Ces ames parleront alors des victoires remportées non seulement sur elles mesmes en s'assujettissant à l'obeissance, [98] mais aussi de plusieurs qu'elles auront remportées sur leurs ennemis.

  A009000313 

 Le pain que nous devons donner à manger aux Anges, c'est une resolution forte, genereuse et invincible de vouloir servir, honnorer et aymer Dieu, non seulement toute nostre vie, mais jusques à l'eternité.

  A009000313 

 Sa Bonté desire que nous nous rendions parfaits et signalés en cette vertu à son imitation, nous l'ayant singulierement recommandée, disant que nous apprenions de luy «non à former la machine du monde, [101] à ressusciter les morts et à faire des miracles» (nous en pourrions faire sans luy estre aggreables, comme nous luy pouvons estre aggreables sans faire ces prodiges et grandes choses); «mais il a dit que nous apprinssions de luy à estre doux et humbles de cœur.» Donc, cette resolution forte doit estre le pain universel que nous devons manger avec toutes sortes de viandes, s'entend que nous devons avoir en toutes nos actions; et par le moyen d'icelle il nous faut demeurer fermes et stables en nos exercices et en tout ce que nous entreprenons pour la gloire de sa divine Majesté..

  A009000315 

 Il ne faut point penser que nous soyons plus aggreables à Dieu par un autre exercice que par celuy-cy, car sa volonté est que nous fassions celuy-là; partant nous le devons faire de bon cœur, et non pas en desirer un autre, où nous ne trouverons peut estre pas sa volonté mais la nostre, et ce, à nostre confusion..

  A009000317 

 Le glorieux Archange au contraire, et tous ceux de sa compagnie, reconnoissans qu'ils n'estoyent rien au prix de Dieu, firent en un moment, et avec tant de perfection et stabilité, la resolution cuite sous la cendre de la sainte humilité, qu'ils se sousmirent à la divine Majesté pour luy estre eternellement dediés et accomplir ses saintes volontés non seulement aux choses excellentes, mais aux plus viles et abjectes.

  A009000319 

 Non, je ne dis pas qu'il faille avoir des grans sentimens et consolations; neanmoins quand Dieu les nous donne nous sommes bien obligés d'en faire nostre proffit et correspondre à son amour.

  A009000321 

 On ne presente point de playsirs et delices à ces filles qui viennent en ces maysons religieuses; o non, car on leur dit qu'il faut porter la croix et estre crucifié avec Jesus Christ, embrassant toutes sortes de mortifications pour son amour.

  A009000325 

 Je voudrois que ceux qui en parlent et les preschent s'estudiassent à les prattiquer et non pas seulement à les expliquer..

  A009000325 

 Mais, mon Dieu, qui n'admirera l'humilité des Esprits angeliques en les voyant abaissés en des offices si vils que de servir les hommes, non seulement ceux qui ont l'usage de rayson et qui sont capables de correspondre à leurs inspirations, mais encores les petits enfans? O qu'ils ont bien compris la leçon de leur Maistre: Apprenez de moy que je suis doux, debonnaire et humble de cœur.

  A009000327 

 L'humilité de cet Ange faisoit qu'il se consideroit comme serviteur de Dieu et non pas comme un Prince du Ciel, ne regardant en soy que ce qui estoit vil et abject.

  A009000329 

 Le miel a une douceur grandement douce; ainsy faut il que nostre charité soit non point feinte et apparente, mais vraye et sincere, elle doit partir d'un cœur tout benin, debonnaire, doux et affable.

  A009000336 

 Oculus non vidit, nec auris audivit,.

  A009000354 

 Là ils voyent face à face, clairement, nettement, sans ombre, image ni figure, Dieu trin et un, non par enigme mais tel qu'il est, avec une telle clarté qu'on voit la lumiere en la lumiere.

  A009000357 

 De qui sont ces paroles? Non d'autre que de Dieu mesme qui les dira au cœur de l'ame fidelle et bienheureuse, laquelle, par un amour reciproque, respondra ces [117] gracieuses et douces parolles del'Espouse: Mon Ami est tout à moy et je suis toute à luy; il est à cette heure tout mien, et je seray desormais toute sienne.

  A009000357 

 Or, non seulement ils voyent Dieu, qui est en quoy consiste la felicité, ains encores ils l'entendent parler et parlent avec luy, et c'est icy un des principaux points de leur felicité.

  A009000359 

 Que si estant un jour en l'eglise de Chastillon sur Seine, meditant la sacrée Nativité de Nostre Seigneur, son entendement et toutes ses facultés furent tellement englouties en la contemplation d'icelle, et avec tant de consolation et admiration qu'il fut tout [118] absorbé, demeurant quelques jours sans se pouvoir desprendre ni retirer, quelque violence qu'il se peust faire, en quel abisme, je vous prie, l'entendement de l'homme se perdra-t-il en la claire veue non seulement de la Nativité du Sauveur, mais de tous les divins mysteres? La volonté sera alors en cette union inseparable avec son Dieu, sans que jamais elle puisse faire aucune resistance à icelle, ains accomplira tousjours sans aucune repugnance tout ce qui sera de son divin vouloir..

  A009000362 

 Vous aurez leu, je m'asseure, en la Vie de la bienheureuse Mere Therese, la devotion qu'elle avoit à ouÿr le Credo de la sainte Messe, selon que l'Eglise le chante, mais particulierement elle estoit attentive à ces paroles: Cujus regni non erit finis, qui veulent dire: «Son royaume sera eternel;» et en la consideration de cette eternité, elle se fondoit toute en larmes pleines d'une extreme joye.

  A009000381 

 De mesme Abraham fit un grand et solemnel festin, non en la naissance de son fils Isaac, ains au jour qu'il fut sevré parce, disent les uns, que l'enfant estant encores si tendre, il n'y avoit pas matiere de si grande joye à cause du danger et peril de mort où sont les enfans en cet aage si foible; ou bien, comme les autres tiennent, parce que le festin estant fait en la faveur d'Isaac, il estoit bien raysonnable qu'il y prist part et qu'il mangeast avec la compaignie, ce qu'il n'eust peu faire avant ce temps là, auquel il avoit cinq ans.

  A009000381 

 Il n'y avoit pas non plus de la disproportion de demeurer si long temps à la mammelle, veu l'aage avancé que l'on atteignoit alors.

  A009000384 

 L'humilité est non seulement conservatrice de la virginité, mais elle est sa reparatrice..

  A009000389 

 Les enfans ne sont ni bons ni mauvais, car ils ne sont non plus capables de choisir le bien que le mal.

  A009000390 

 Mais pensez-vous que la jeunesse soit tousjours prise et entendue de nostre aage, et que la divine Espouse veuille parler de celles qui sont jeunes d'années, lors qu'elle dit au Cantique des Cantiques que les jeunes ames ont desiré son celeste Espoux et sont allées apres luy attirées de l'odeur de ses parfums? O non, sans doute, ains elle parle de celles qui sont jeunes de ferveur et de courage, et qui viennent nouvellement consacrer au service de son saint amour non seulement tous les momens de leur vie, mais aussi toutes leurs actions, sans reserve d'aucune.

  A009000390 

 Mais, me direz-vous, quel est le temps le plus propre pour nous dedier et consacrer tout à Dieu, apres que nous avons passé nostre adolescence? Oh, quel il est? c'est le temps present, tout à cette heure; c'est le vray temps, car celuy qui est passé n'est plus nostre, le futur n'est pas non plus en nostre pouvoir, c'est donques le moment present qui est le meilleur..

  A009000397 

 Mais, est-ce cela tout ce qu'il faut quitter? O non, il reste le plus difficile, qui est nous mesme, nostre propre volonté: il la faut aneantir tout à fait sans aucune reserve.

  A009000398 

 Dieu ne se contente pas de nos offrandes quand elles ne sont pas accompagnées de celle de nostre propre cœur, car il est comme l'aigle qui se repaist plus pleinement du cœur des oyseaux qu'elle prend pour sa proye que non pas des autres parties de leur corps.

  A009000398 

 Voulez-vous devenir une bonne fille de la Visitation? Il faut tout quitter, non seulement ce qui est hors de soy mais soy mesme, et estre absolument sevrée de la [136] propre volonté que nous aymons tendrement comme si elle estoit nostre mere.

  A009000399 

 L'exemple de Caïn monstre assez la verité de ce que nous disons; car ayant fait son sacrifice, il ne fut pas aggreable à la Divinité comme celuy de son frere Abel, non seulement parce qu'il avoit mal partagé, offrant le moindre et le pire de ses troupeaux, mais aussi parce qu'il n'avoit pas donné son cœur; partant il n'avoit pas bien fait son sacrifice, d'autant que Dieu vouloit premierement son cœur.

  A009000407 

 La rayson de cette conduite est que Nostre Seigneur ne voulut aucunement user de son pouvoir ou de son authorité, ni paroistre autre qu'un petit enfant sujet aux loix de l'enfance, ne parlant qu'en son temps comme les autres; et luy, qui non seulement entant que Dieu mais aussi entant qu'homme sçavoit toutes choses, cette grace luy ayant esté infuse dès l'instant de sa conception, luy qui estoit rempli d'une science pleine et entiere, ne voulut neanmoins en rien tesmoigner.

  A009000408 

 Il institua les Sacremens; puis, sur l'arbre de [140] la croix il offrit le sacrifice sanglant de soy mesme, et devant celuy là, en la cene qu'il fit avec ses Apostres, il institua le tres saint Sacrement de l'Autel qui est le sacrifice non sanglant..

  A009000412 

 Herode estant mort, il faut qu'il s'en retourne d'Egypte; il auroit peu dire à sa Mere ou à saint Joseph qui l'aymoient si tendrement: Ma chere Mere, ou, mon Pere, retournons nous-en quand il vous plaira, car Herode que vous craignez est mort; mais non, il attend que l'Ange le revele à saint Joseph..

  A009000412 

 O abnegation non plus ouye que celle cy! estant à son pouvoir d'operer des miracles, il n'en fait point.

  A009000414 

 C'est pourquoy ces filles se [143] presentent aujourd'huy pour estre faittes Religieuses, car elles ont fait ces considerations: Si mon Seigneur et mon Dieu a bien voulu renoncer aux richesses, à sa patrie et à la maison de ses parens pour l'amour qu'il portoit à la pauvreté, pourquoy donc, à son imitation, n'en ferois-je pas de mesme? Et s'il a renoncé à tous les playsirs, voire à soy mesme, à fin de s'assujettir pour l'amour de moy et pour me monstrer combien la vie religieuse où tout cela se prattique luy est aggreable, pourquoy donc ne le ferois-je pas pour luy aggreer? Non, disent-elles, nous ne quittons pas le monde pour acquerir le Ciel, car les personnes qui y demeurent le peuvent gaigner en vivant en l'observance des commandemens de Dieu, ains pour accroistre tant soit peu nostre charité et nostre amour envers la divine Bonté..

  A009000415 

 C'est certes justement que tous les hommes prennent le nom du lieu de leur naissance et non pas celuy du lieu de leur conception, d'autant que pendant qu'ils sont dans le ventre de leur mere on ne sçait encor ce qui en arrivera, on ne peut asseurer si ce sera un enfant mort ou vif, bref, on ignore quelle issue il aura; mais Nostre Seigneur print à bon droit le nom du lieu de sa conception parce que dès cet instant il fut homme parfait comme en l'aage de trente trois ans auquel il mourut..

  A009000419 

 Et pour conclusion, nous ne leur promettons pas qu'elles seront espouses de Nostre Seigneur glorifié sinon apres qu'elles l'auront esté de Nostre Seigneur crucifié, non plus que nous ne leur presentons pas la couronne d'or sinon apres qu'elles auront pris celle d'espines..

  A009000437 

 Elles assujettissent, il est vray, toutes les puissances de leur ame, toutes leurs affections, passions et inclinations et en fin tout elles mesmes à la regle de la perfection par l'exercice continuel de l'obeissance aux Regles et Constitutions de leur Institut; mais c'est une sujetion si douce et si aymable qu'elle donne mille fois plus de consolation que non pas la liberté que les mondains ont de vivre selon leur volonté, liberté qui à proprement parler est une tyrannie, d'autant que pour l'ordinaire elle les porte à faire ce que leur conscience leur dicte qu'il faut eviter pour vivre selon Dieu..

  A009000440 

 En fin elles craindront eternellement Dieu, non d'une crainte servile, ains d'une crainte procedante de l'amour qu'elles luy portent, apprehendant non seulement de l'offencer, mais aussi de ne pas assez luy estre aggreables; et cette crainte amoureuse leur servira [155] d'aiguillon pour s'avancer tous les jours davantage en la dilection sacrée..

  A009000454 

 Nostre tres aymable et non jamais assez aymée Dame et Maistresse, la glorieuse Vierge, n'eut pas plus tost donné son consentement aux paroles de l'Ange saint Gabriel, que le mystere de l'Incarnation fut accompli en elle.

  A009000455 

 Neanmoins, quelques uns ont voulu soustenir qu'il se trouva en son dessein quelque sorte de curiosité; car il est vray que c'estoit une merveille non ouye que sainte Elizabeth, laquelle n'avoit jamais eu d'enfans et estoit sterile, eust conceu en sa viellesse.

  A009000455 

 Sentant donques l'inspiration divine, elle s'y achemina, non point portée d'aucune sorte de curiosité de voir si ce que l'Ange luy avoit dit seroit bien vray, car elle n'en doutoit nullement, ains estoit tout asseurée que la chose estoit telle qu'il luy avoit declaré.

  A009000457 

 Elle estoit en des continuels actes d'amour, non seulement envers Dieu avec lequel elle estoit unie par la plus parfaitte dilection qui se puisse dire, mais encores elle avoit l'amour du prochain en un degré de tres grande perfection, qui luy faisoit desirer ardemment le salut de tout le monde et la sanctification des ames; et sçachant qu'elle pouvoit cooperer à celle de saint Jean, encores dans le ventre de sainte Elizabeth, elle y alla en grande diligence.

  A009000460 

 Et qu'est-ce tout cecy sinon la charité de la Sainte Vierge naïfvement representée? puisque non seulement elle avoit la charité, mais elle l'avoit receue en telle plenitude qu'elle estoit la charité mesme.

  A009000460 

 Ou plustost, selon une autre version: Filles de Hierusalem, je vous adjure de ne pas resveiller la dilection et l'amour mesme, qu'elle ne le veuille; et cette dilection et amour est ma bien-aymée, c'est à dire la sacrée Vierge, qui non seulement a l'amour, mais est l'amour mesme.

  A009000462 

 Ainsy la glorieuse Vierge ne manqua point d'humilité, ni ne fit aucune faute contre icelle quand elle [162] asseura que Dieu avoit regardé l'humilité de sa servante, non plus que saint Paul quand il s'escrioit: Qui est-ce qui me pourra separer de la charité? car elle sçavoit qu'entre toutes les autres vertus, celle-là touche et attire le cœur de Dieu..

  A009000462 

 Le grand Apostre saint Paul ne confessoit-il pas qu'il avoit la charité, par des parolles si asseurées qu'il semble parler avec plus de presomption que d'humilité? Il disoit: Qui est-ce qui me separera de la charité de Jesus Christ? Sera-ce les chaisnes, les tribulations, la mort, la croix, le feu, le glaive? Non, rien ne me pourra separer de la charité de Dieu qui est en Jesus Christ.

  A009000465 

 Et Nostre Seigneur dit de luy mesme qu'il est un ver et non un homme.

  A009000470 

 Mais sainte Elizabeth sçavoit bien que la Vierge enfanteroit heureusement, et partant elle ne fait point de difficulté de l'appeller Mere avant qu'elle le soit, car elle est asseurée qu'elle le sera, et non Mere d'un homme seulement, mais de Dieu, et par consequent Reyne des hommes et des Anges; pour ce, elle s'estonne qu'une telle Princesse la soit allée visiter..

  A009000493 

 Certes, non seulement les choses terrestres ne sont pas capables de satisfaire nos cœurs, mais non pas mesme les celestes; et cecy nous le voyons tres bien en la Magdeleine.

  A009000494 

 Les Anges luy demandent: Pourquoy pleures-tu? comme s'ils eussent voulu dire: N'as-tu pas bien sujet de te resjouir et d'essuyer tes larmes en nous voyant? Quoy, la splendeur et beauté de nos faces, l'esclat de nos vestemens, nostre magnificence plus grande que celle de Salomon, n'est-elle pas capable de t'apaiser? O certes non, mon cœur ne se peut contenter à moins que de Dieu.

  A009000500 

 Mais resouvenons-nous que ceux qui entreprennent de [174] transmuer et transformer le metal en or, il faut qu'ils ayent une grande peine et qu'ils y apportent un tres grand soin, encores ne sçay-je s'ils le peuvent faire ou non.

  A009000504 

 C'est en quoy le nostre doit de mesme paroistre, non pas tant à faire, [176] comme à laisser faire en nous et de nous tout ce que l'on voudra; et non seulement à Nostre Seigneur, mais aussi à nos Superieurs, nous rendant maniables, souples et humbles comme des petits enfans, car nostre grandeur gist en nostre petitesse et nostre exaltation en nostre humiliation..

  A009000514 

 Remarquez, je vous prie, que Nostre Seigneur reprend Marthe parce qu'elle s'empresse, et non pas de ce qu'elle a du soin.

  A009000515 

 Dites moy maintenant, si Marthe n'eust eu soin que de plaire à Nostre Seigneur, se fust-elle tant embesoignée? Non certes, car un seul mets bien appresté suffisoit pour sa nourriture, veu mesme qu'il prenoit plus de playsir qu'on l'escoutast comme faisoit Marie.

  A009000525 

 Quant à nos corps, ils sont, le veuillons-nous ou non, reduits en poussiere, et c'est le tribut que nous devons et qu'il faut que nous payions tous à cause du peché que nous commismes tous en Adam.

  A009000526 

 Aux richesses on adjousta l'honneur: Non seulement, luy dit-on, le roy l'enrichira, mais il luy donnera sa fille en mariage, il le rendra son gendre, [185] et en outre, il a encores promis d'exempter sa maison de tribut..

  A009000533 

 Voyez-vous cette personne qui a dessein de la prattiquer? Elle commence à faire pacte avec ses yeux qu'ils ne regarderont que pour les choses necessaires et non point autrement; et pour cela elle leur fera comme aux esperviers que l'on chaperonne quand on ne leur veut pas donner le vol et à fin de les porter plus aysement sur le poing.

  A009000533 

 Voyons maintenant comme cet homme exterieur ne sçauroit rien faire sans un extreme souci, non pas mesme [188] la prattique des vertus.

  A009000539 

 Il semble que l'Assomption de Nostre Dame fut en certaine façon plus glorieuse et triomphante que non pas l'Ascension de Nostre Seigneur, d'autant qu'à l'Ascension il n'y avoit que des Anges qui luy vinssent au devant, mais en l'Assomption de sa tres sainte Mere le Roy des Anges y vint luy mesme.

  A009000559 

 Mais quant à nous, combien de fois nous trouvons-nous en des distractions qui nous sont inevitables! Nous pouvons voirement aymer Dieu d'un amour ferme et [194] invariable, mais non pas estre en l'exercice continuel de nostre amour..

  A009000559 

 O pauvres gens, que vous monstrez bien qui vous estes, et que vous avez des esprits, mais non pas pour penetrer les choses de Dieu, ni les comprendre et connoistre pour telles qu'elles sont.

  A009000560 

 Pour aymer Dieu d'un amour d'election il faut avoir la volonté determinée de ne conserver et ne reserver aucun autre amour qui ne luy soit sujet et sousmis, demeurans prests à bannir de nos esprits non seulement tout ce qui sera contraire, mais aussi tout ce qui ne servira pas à la conservation et augmentation de ce divin amour, qui est le seul digne du nom de dilection.

  A009000562 

 L'autre porte non seulement son arc bandé, ains encores la fleche est tendue dessus, à fin que selon les rencontres il n'ayt qu'à la descocher.

  A009000564 

 Ces ames donques que je dis estre comparables au second archer, sont celles qui se retirent du commun du peuple pour mener une vie plus parfaite, soit qu'elles s'en sequestrent tout à fait ou non, et qui ne se contentent pas de vivre selon l'observance des commandemens de Dieu, mais passant plus outre, embrassent la prattique de ses conseils; partant elles descochent le plus souvent qu'elles peuvent des traits et des sagettes dans le cœur de la divine Majesté par des eslancemens fervens et affectionnés de leur esprit.

  A009000564 

 Elles sont semblables à ce second archer que nous nous sommes imaginé, qui non seulement tient son carquoy plein de fleches et son arc tout prest pour tirer, mais il tire fort souvent, mettant le moins de distance qu'il peut entre chaque coup; il n'attend pas la necessité, ains il lance ses traits à toutes les apparences de necessité.

  A009000564 

 Pensez-vous que ce soit pour luy defendre de tirer ses sagettes qu'il parle ainsy? O non, sans doute, c'est plustost pour la blesser reciproquement, car vous m'advouerez que c'estoit bien la blesser amoureusement, mais d'une blesseure neanmoins douloureuse, que de luy dire qu'elle destourne ses yeux de dessus luy..

  A009000569 

 Si vous aymez bien Dieu vous aurez un grand soin de rechercher sa presence à fin de vous unir tousjours plus avec sa divine Bonté, non point pour la consolation qu'il y a de jouir de cette presence, ains simplement pour satisfaire à son amour qui le desire ainsy; vous rechercherez le Dieu de toutes consolations et non pas les consolations de Dieu.

  A009000571 

 Ainsy faisant, nous nous resjouirons davantage des dons que Dieu fera à leurs ames, de sa grace, des vertus et benedictions celestes, que non pas des honneurs, richesses et biens caducs et perissables qui leur pourroyent arriver.

  A009000582 

 Nostre Seigneur l'a prattiquée souverainement et au supreme degré, car il n'y a creature au monde, non pas mesme tous les Saints ni tous les Anges ensemble, qui puisse atteindre à l'humilité de nostre Sauveur et Maistre.

  A009000597 

 Je ne m'arresteray pas non plus au deuxiesme sens de cette parabole, qui regarde l'appel general fait à tous les hommes pour les inviter à parvenir au festin royal de l'eternité, à la semonce duquel neanmoins plusieurs ne se veulent pas rendre.

  A009000603 

 Et comment celuy du Pere eternel, puisqu'il voyoit mourir son Fils de la mort naturelle? Ne vous semble-t-il pas que ce fut plustost le jour de sa douleur que non pas celuy de son allegresse? Hé, non certes, mes cheres ames, il ne nous doit pas sembler ainsy.

  A009000611 

 Au lieu de tout cela, on donne un voile aux Religieuses, qui rejettent toutes ces vanités; et de mesme que leur divin Espoux est couronné d'une couronne d'espines, comme estant le Roy des miserables, ainsy couvrent-elles leurs testes du voile d'abjection et du mespris non seulement de toutes les vanités, mais aussi d'elles mesmes, pour estre plus conformes à leur Bien-Aymé..

  A009000634 

 Bon, tout cela est bon; mais a-t-elle de la charité et de l'humilité? car si elle n'en a, je ne fais point d'estat de tout le reste; ses vertus ne sont que des fantosmes et non des vrayes et solides vertus.

  A009000635 

 Vous avez, de vray, fait toutes ces choses là en mon nom, mais non pas selon mon [225] nom; c'est pourquoy je ne vous connois point, et vous n'aurez aucune recompense ni part avec moy.

  A009000636 

 Et non seulement devant Dieu, car cela est facile (il est bien aysé à une mouche de se tenir pour rien au respect d'un elephant), mais devant les creatures; s'estimant la moindre et la plus imparfaite de toutes, elle s'aneantit, s'abaisse, se tient pour vile, abjecte et denuée de tout bien.

  A009000636 

 Non seulement elle se reconnoist pour telle en soy mesme, mais ce qui est plus parfait, elle veut, desire et se resjouit que tout le monde la regarde et traitte pour telle.

  A009000641 

 Voyez le grand saint Augustin comme il veut qu'elle soit exactement observée, car il defend tres absolument que l'on ayt «chose quelconque, pour petite qu'elle soit,» non pas mesme une epingle en particulier, ains que tout soit en commun, en sorte que ce mot de tien et mien en soit entierement banni; que les portions et tout le reste soit esgal autant que la necessité le pourra permettre, parce qu'es Religions où toutes choses ne sont communes il y a des portions particulieres.

  A009000643 

 Il importe peu qu'on soit en l'estat de perfection ou non, pourveu qu'on soit en la perfection.

  A009000650 

 Mais comme si le Sauveur eust voulu encherir et non pas diminuer la louange que l'on rendoit à sa tres sainte [231] Mere, il poursuit le cantique d'honneur qui estoit entonné par sainte Marcelle à la faveur de Nostre Dame, disant: Il est vray, mais plus heureuse encores est-elle d'avoir escouté la parole de mon Pere et de l'avoir gardée.

  A009000651 

 Cette faveur ne fut accordée à nulle autre pure creature, non pas mesme aux Anges, car ils peurent changer et se departir de la grace qu'ils avoyent receue de la divine Majesté à leur creation.

  A009000651 

 Nostre Dame a eu trois grans privileges au dessus de toutes les pures creatures: le premier est qu'elle a tousjours esté tres obeissante à la volonté de Dieu, c'est à dire à sa parole, et cela dès l'instant de sa conception, sans jamais varier ni discontinuer, non pas mesme un seul moment.

  A009000652 

 Pour cela elle voulut se retirer au Temple, non qu'elle en eust besoin pour elle mesme, ains pour nous enseigner que nous autres estans sujets au changement, nous nous devons servir de tous les moyens possibles pour bien affermir et conserver nos bonnes resolutions tant interieures qu'exterieures.

  A009000655 

 Mais soudain, les ayant fait relever, il cacha derechef sa toute puissance sous le manteau d'une sainte mansuetude et debonnaireté; si que dès lors ils l'empoignerent et le conduisirent à la mort sans que plus ils vissent en luy aucune resistance, leur permettant de non seulement le tondre comme un doux aignelet, mais encores de luy [234] oster jusqu'à sa propre peau.

  A009000656 

 Mais qu'est-ce, je vous prie, que nous donner tout à Dieu? C'est ne se reserver aucune chose qui ne soit pour Dieu, non pas mesme une seule de nos affections ou de nos desirs.

  A009000658 

 Pourtant il ne vouloit pas que tous fissent une esgale offrande, car il vouloit que les riches, comme opulens, offrissent selon [235] leurs richesses et les pauvres, selon leur pauvreté; de sorte qu'il ne se fust pas contenté si les riches eussent fait des offrandes convenables aux pauvres, parce que cela eust ressenti l'avarice, non plus qu'il n'eust pas esté content que les pauvres eussent fait l'offrande des riches, d'autant que c'eust esté presomption.

  A009000660 

 C'est pourquoy, non seulement en la nouvelle Loy, ains en l'ancienne mesme, l'on a tousjours observé de marquer certains temps et certains jours pour encourager les hommes à renouveller leurs bonnes resolutions..

  A009000660 

 Mais il n'est pas de nous comme de Nostre Dame, laquelle s'estant une fois donnée, n'avoit nul besoin de [236] reconfirmer son offrande; car jamais elle ne discontinua, non pas mesme un seul moment, d'estre toute à Dieu et d'estre appliquée, collée et conjointe avec la divine volonté.

  A009000661 

 Les Israëlites, qui estoyent le peuple de Dieu, faisoyent leur renouvellement à chaque nouvelle lune, et pour y inviter un chacun, ils celebroyent des festes solemnelles, sonnant les trompettes pour resveiller l'esprit, non en des fanfares ou choses vaines, ains apres les choses eternelles.

  A009000663 

 Adjoustons neanmoins encores ce mot, qui est qu'elle fut obeissante à la divine Majesté, non seulement à ses commandemens, ains à ses volontés et à ses inspirations; et c'est en quoy il faut que nous prenions garde, mes cheres ames, de l'imiter au plus pres qu'il nous sera possible.

  A009000664 

 Il ne faut non plus d'exemption en cette obeissance qu'en l'offrande que Dieu veut que nous luy fassions de nous mesme, car si Nostre Dame n'eust pas esté aggreable à la divine Majesté sans cette absolue obeissance, comme Nostre Seigneur le monstre par la louange qu'il luy donna apres celle de cette benite femme mentionnée en nostre Evangile, beaucoup moins le serons-nous, nous autres.

  A009000671 

 Cette mesme louange se peut donner aux Religieux et Religieuses, non comme estans successeurs immediats des Apostres quant à l'office, car tous ne preschent pas, mais ouy bien quant à la maniere de servir Dieu, en la pretention de suivre ses conseils et ses volontés, à fin de tascher d'acquerir la perfection..

  A009000671 

 Nostre Seigneur ayant enseigné à ses Apostres la perfection de la loy evangelique, disant: Bienheureux sont les pauvres d'esprit, bienheureux les debonnaires, bienheureux ceux qui pleurent, et la suite, il adjousta: Vous estes le sel de la terre; ce que l'on attribue non seulement aux Apostres, mais aussi à tous leurs successeurs, tel que fut le grand saint Ambroise duquel la sainte Eglise celebre aujourd'huy la feste.

  A009000673 

 Car qui ne voit que non seulement ils ont esté touchés, mais esclairés et enflammés du feu du Saint Esprit, en sorte qu'ils n'ont autre attention que d'exterminer et aneantir l'amour charnel et perissable? Qu'est-ce, je vous supplie, qui auroit peu esteindre le feu de la convoitise des richesses ou des honneurs, que les Religieux et Religieuses renoncent pour jamais en faisant le vœu de pauvreté, s'ils n'eussent esté touchés de cette flamme sacrée et tres aymable de l'amour de Dieu, qui les a tirés d'entre le peuple pour les mettre ès lieux où plus à souhait ils peussent monstrer les effects de son infinie misericorde exercée en leur endroit? O Dieu, qu'ils sont heureux d'avoir donné entrée à ce feu celeste! car tout ainsy que le feu du ciel esteint celuy de la terre, de mesme le feu sacré exterminera et consommera celuy de la concupiscence qui regne et domine en nostre chair.

  A009000680 

 Et non seulement cette liberté a ruiné les Anges, mais encores les hommes.

  A009000680 

 Mais, o Dieu, qu'est-ce qui suit cette liberté? non autre certes qu'un eternel esclavage apres cette vie mortelle, qui est de si peu de durée au prix de l'eternelle..

  A009000683 

 O que c'est une grande sagesse de ne s'estimer pas assez sage pour se conduire soy mesme! Je sçay bien que si nous nous laissions gouverner par la rayson elle nous meneroit bien avant dans le Ciel; mais le peché a tellement gasté et tracassé nos puissances interieures, que la partie inferieure de nostre ame a pour l'ordinaire plus de pouvoir pour nous tirer au mal que non pas la partie superieure pour nous [246] faire tendre du costé du bien.

  A009000687 

 O que vous estes heureuses, mille fois plus que les imperatrices et les reynes, non seulement parce qu'apres avoir esté espouses de Jesus crucifié en cette vie vous le serez de Jesus glorifié là haut en sa gloire, mais aussi parce que la Croix du Sauveur est mille fois, et sans comparaison, plus honnorable que les sceptres et couronnes et les royaumes tout entiers de ce monde perissable.

  A009000693 

 Ils signifioyent ainsy que l'homme de bien et vertueux a non seulement une langue pour dire beaucoup de bonnes choses, mais que cette langue estant appliquée sur son cœur, il ne parle sinon à mesure que son cœur le veut, c'est à sçavoir, il ne dit sinon des paroles qui procedent premierement de son cœur, qui le porte quant et quant à l'operation et aux effects de ses paroles.

  A009000697 

 L'Apostre saint Paul, pour nous faire concevoir en quelque façon l'amour que nostre Sauveur portoit à cette sainte vertu, dit qu' il s'est humilié jusques à la mort et à la mort de la croix, comme voulant dire: Mon Maistre ne s'est pas humilié seulement pour un temps ou pour quelques actions particulieres, ains jusques à la mort, c'est à sçavoir dès l'instant de sa conception et puis tout le temps de sa vie jusques à la mort; et non seulement jusques là, mais il l'a voulu mesme pratiquer en mourant.

  A009000698 

 Or, celle-cy pour estre bonne, doit non seulement nous faire connoistre, mais reconnoistre pour des vrays neants qui ne meritons pas de vivre; elle nous rend souples, maniables et sousmis à un chacun, observant par ce moyen ce precepte du Sauveur qui nous ordonne de renoncer à nous mesmes si nous le voulons suivre..

  A009000698 

 Par ce divin exemple nous sommes enseignés qu'il ne nous faut pas contenter de pratiquer l'humilité en quelques actions particulieres ou pour un temps seulement, ains tousjours et en toutes occasions; non pas seulement jusques à la mort, mais jusques à la mortification de nous mesmes, humiliant ainsy l'amour de nostre propre estime et l'estime de nostre propre amour.

  A009000700 

 Il avoit bien rayson de se mirer et considerer son excellente nature, mais non pas pour s'y complaire et en tirer de la vanité.

  A009000704 

 Il regardoit donques tousjours et en toutes choses la volonté de son Pere celeste pour la suivre, et non pas pour un temps, ains tousjours et jusques à la mort..

  A009000705 

 Apres, elle persevera tousjours en obeissance, ainsy que nous voyons aujourd'huy, puisqu'elle vient au Temple pour obeir à la loy de la purification, bien qu'elle n'eust nulle necessité de l'observer ni son Fils non plus, comme nous l'avons desja touché au premier point; ains c'estoit une [257] obeissance purement volontaire, et pour estre volontaire et non necessaire elle n'en estoit pas moindre.

  A009000706 

 Elle vient donques aujourd'huy au Temple pour lever tout ombrage aux hommes qui l'auroyent peu considerer, et pour nous monstrer encores que nous ne nous devons pas contenter d'eviter les pechés ains l'ombre des pechés, ne nous arrestans pas non plus à la resolution que nous avons faite de ne point commettre tel ou tel peché, mais fuir mesme les occasions qui nous pourroyent servir de tentation d'y tomber.

  A009000707 

 O combien cet exemple que Nostre Seigneur et Nostre Dame nous donnent de la tres sainte obeissance nous [258] devroit inciter à nous sousmettre absolument et sans aucune reserve à l'observance de tout ce qui nous est commandé, et ne nous pas contenter de cela, mais observer encores les choses qui nous sont conseillées pour nous rendre plus aggreables à la divine Bonté! Mon Dieu, est-ce si grand chose de nous voir obeir, nous autres qui ne sommes nés que pour servir, puisque le Roy supreme à qui toutes choses doivent estre sujettes s'est bien voulu assujettir à l'obeissance? Recueillons donques cet exemple sacré que nous donnent le Sauveur et la glorieuse Vierge, et apprenons à nous sousmettre, à nous rendre souples, maniables et faciles à tourner à toutes mains par la tres sainte obeissance, et non pas pour un temps ni pour certains actes particuliers, ains pour tousjours, tout le temps de nostre vie jusques à la mort..

  A009000708 

 Il est fort bon de faire des considerations, mais non pas de s'attacher tellement à une methode ou à une autre qu'on pense que tout depende de nostre industrie..

  A009000709 

 Ce seroit une horrible meschanceté de vouloir exclure Nostre Seigneur Jesus Christ de nostre oraison et de la penser bien faire sans son assistance, puisque c'est une chose indubitable que nous ne pouvons estre aggreables au Pere eternel sinon entant qu'il nous regarde à travers son Fils nostre Sauveur; et non seulement les hommes, mais encor les Anges, car si bien il n'en est pas le Redempteur, il est neanmoins leur Sauveur et ils ont esté confirmés en grace par luy.

  A009000711 

 Il est plus probable que ce fut saint Joseph que non pas la sacrée Vierge, pour deux raysons, dont l'une est que les peres venoyent offrir leurs enfans, comme y ayans plus de part que la mere mesme; l'autre, que les femmes n'estans pas encores purifiées n'osoyent pas approcher de l'autel où se faisoyent les offrandes.

  A009000723 

 Et moy, mes tres cheres [266] Sœurs, ayant à vous entretenir icy quelque peu de temps, j'ay jetté les yeux de ma consideration sur le tiltre que j'ay veu non au dessus de l'autel des Atheniens, mais au dessus de cet autel incomparable sur lequel nostre Sauveur et Maistre s'est offert pour nous à Dieu son Pere en sacrifice tres aggreable et d'une suavité nompareille, autel qui n'est autre que la Croix, laquelle despuis a tousjours esté honnorée comme tres pretieuse et adorable.

  A009000723 

 Non pas que je vous veuille parler d'un Dieu inconneu, car grace à sa bonté nous le connoissons; mais certes, je pourrois bien parler d'un Dieu mesconneu.

  A009000728 

 O combien cecy est veritable! Il est Sauveur non seulement des hommes mais [268] aussi des Anges.

  A009000729 

 Or, Nostre Seigneur possede une vie non commune et petite, mais une vie surabondante, à fin qu'un chacun des hommes y participast et vescust de la mesme vie, qui est celle de la grace, toute parfaite et tout aymable.

  A009000738 

 Mais il faut remarquer en passant que l'un des larrons se convertit et l'autre non.

  A009000740 

 Tous sans exception ont eu besoin du merite du sang respandu par Nostre Seigneur, lequel, comme je crois, jettoit des odeurs et des parfums si excellens, tant devant la Majesté du Pere eternel que devant les hommes, qu'il estoit presqu'impossible qu'il ne fust reconneu pour estre le sang non d'un homme seulement, mais d'un homme Dieu..

  A009000743 

 Nostre divin Maistre nous enseignoit par là que si nous voulons avoir part en son testament et aux merites de sa Mort et Passion, il faut que nous nous aymions tous les uns les autres de cet amour tendre et grandement cordial du fils envers la mere et de la mere envers le fils, qui est en quelque façon plus grand que non pas celuy des peres..

  A009000744 

 En quoy certes ont grand tort ceux qui pensent qu'elle fut tellement outrée de douleur qu'elle en demeura pasmée; car sans doute cela n'est point, ains elle demeura ferme et constante, bien que son affliction fust la plus grande que jamais femme aye ressenti pour la mort de son enfant, parce qu'il ne s'en est jamais trouvé qui ayt eu autant d'amour qu'elle en avoit pour Nostre [276] Seigneur, non seulement parce qu'il estoit son Dieu, mais aussi parce qu'il estoit son Fils tres cher et tres aymable..

  A009000747 

 Mais dites-moy, Nostre Seigneur n'estoit-il pas sur icelle une fleur plustost fletrie, fanée et passée que non pas fleurie? Regardez-le, de grace, comme il ose se nommer fleuri, puisqu'il est si transi, tout couvert et sali de crachats infects et puants, les yeux haves et ternis, sa face meurtrie de coups, pasle et decolorée à force de douleurs et d'avoir respandu son sang tres beni.

  A009000747 

 Mais il ne se monstra pas seulement digne du nom de Jesus, ains encores de celuy de Nazareen; et cecy est le deuxiesme point de nostre discours et la deuxiesme parolle de ce tiltre sacré que j'ay regardé et consideré sur l'autel de la Croix, dedié non au Dieu inconneu mais au Dieu mesconneu.

  A009000750 

 Or, les Evangelistes nous disent que soudain que nostre Sauveur eut prononcé les trois premieres paroles que nous avons remarquées, les tenebres se firent sur toute la face de la terre par l'espace de trois heures et le soleil s'ecclipsa, non que cette ecclipse fust naturelle, ains elle arriva extraordinairement.

  A009000751 

 Mais que pensez-vous qu'il faisoit, ce doux Sauveur de nos ames, durant ce silence? Il rentroit en soy mesme et consideroit le mystere de son abjection; car l'humilité, qu'est-ce autre chose sinon un rentrement en nous mesme pour nous considerer plus meurement? Et que cela ne soit ainsy il nous le fait entendre par ce qu'il dit par apres: Mon Dieu, mon Dieu, pour quoy m'avez vous delaissé? Ayant consideré sa pauvreté, non tant [279] exterieure que beaucoup plus interieure, il eslança cette parole de parfaite humilité, faisant connoistre sa disette, son abjection et son delaissement.

  A009000752 

 Non, cette haine ne se peut trouver qu'au cœur des hommes forcenés de desespoir et de rage à cause des vehementes douleurs qu'ils souffrent; et cela fait que quelquefois ils haïssent Dieu et sont du tout incapables de l'aymer.

  A009000759 

 Nostre Seigneur ayme donques d'un amour extremement tendre ceux qui sont si heureux que de s'abandonner entierement en son soin paternel, se laissant gouverner par sa divine providence comme il luy plaist, sans s'amuser à considerer si les effects de cette providence leur sont utiles, profitables ou dommageables; estant tout asseuré que rien ne nous sçauroit estre envoyé de ce cœur paternel et tres aymable, ni qu'il ne permettra que rien nous arrive de quoy il ne nous fasse tirer du bien et de l'utilité, pourveu que nous ayons mis toute nostre confiance en luy, et que de bon cœur nous disions: Je remets mon esprit entre vos mains; et non seulement mon esprit, mais mon ame, mon corps et tout ce que j'ay, à fin que vous en fassiez selon qu'il vous plaira..

  A009000775 

 En cette mort il fut fait peché pour nous, ainsy que dit saint Paul; c'est à sçavoir, luy qui estoit impeccable fut rendu comme un pecheur devant la face de Dieu son Pere, ayant par sa bonté non ouye pris sur luy toutes nos iniquités à fin de satisfaire pour nous à la justice divine..

  A009000776 

 Mais en cette Pasque ou en ce sacrifice que celebra Nostre Seigneur au jour de sa Passion, il s'offrit luy mesme non seulement comme un aigneau tout doux, tout benin, gracieux et plein de pureté, mais aussi comme un chevreau qui porte les pechés de son peuple.

  A009000777 

 Le sacrifice de Gedeon estant dressé, l' Ange le toucha d'une baguette par le moyen de laquelle le feu du ciel descendit sur iceluy et le consuma; de mesme, le sacrifice de la Croix estant dressé, le Pere eternel et non un Ange, le toucha de sa toute bonté, et soudain le feu de la tres sainte charité survint qui le consuma.

  A009000778 

 Non seulement mon Pere me la doit parce que je suis son Fils, mais encores parce que je l'ay achetée au prix de mon sang et de ces playes que je vous monstre.

  A009000781 

 Mais moy je ne vous promets pas la paix tant seulement, ains je vous la donne; et non pas une paix telle quelle, ains telle que je l'ay receue de mon Pere, par laquelle vous surmonterez tous vos ennemis et en demeurerez victorieux.

  A009000785 

 Nostre Seigneur et Maistre, qui est appellé le Prince de paix, revenant de la guerre où il avoit veritablement receu quantité de playes, mais playes non point dignes de mespris ains d'honneur incomparable, et desquelles il fait trophée et merite une eternelle louange, il s'addresse à ses Apostres comme à son peuple bien aymé et les leur monstre: Pax vobis, voyla mes playes.

  A009000798 

 C'est grand pitié du desgat que ce manquement de paix fait en l'ame; au lieu que nous jouirions d'un grand repos si la memoire demeuroit ferme au souvenir des promesses divines qui nous asseurent non seulement de la fidelité de Dieu, mais encor de son soin tendre et amoureux pour tous ceux qui se confient en luy et ont logé en sa bonté toutes leurs esperances.

  A009000798 

 Que nous serions heureux si nous nous occupions aussi des promesses que non seulement au Baptesme, mais, la pluspart d'entre nous, par le moyen des vœux, nous avons faites à Dieu de luy estre fidelles et de ne nous arrester jamais qu'à ce qui nous pourra rendre plus aggreables à ses yeux! Si les Religieux et Religieuses accomplissoyent les promesses qu'ils ont faites d'observer fidellement leurs Regles et Constitutions et de suivre les conseils qui leur seront donnés, ils possederoyent, dis-je, la paix en leurs ames, Nostre Seigneur viendrait en eux et leur dirait: Paix vous soit, comme il fit à ses Apostres..

  A009000800 

 Mais ne voyez-vous point l'air qui est entre elle et vous? Non, me direz-vous, parce que je ne regarde que cette muraille; et bien que ma veiie passe et traverse parmi l'air qui est d'icy là, neanmoins je ne le vois pas, d'autant que je n'y arreste pas ma veüe.

  A009000801 

 En fin finale, si nous voulons avoir la paix en nous mesme il ne faut avoir qu'une seule volonté, ainsy que nous avons dit, non plus que saint Paul qui ne pretendoit sçavoir et prescher qu'une seule chose, Nostre Seigneur Jesus Christ crucifié.

  A009000803 

 La tempeste estant grande et les matelots ne sçachant plus que faire pour eviter le peril eminent auquel ils se voyoient presque reduits, s'en vont au fond du navire, où trouvant le pauvre Jonas qui dormoit, non d'un sommeil de paix mais d'un sommeil de detresse, ils luy dirent: Quoy, miserable, tu dors en cette affliction! Et s'estant enquis d'où il estoit: Oh! respondit-il, je suis un miserable homme qui fuis de devant la juste indignation de Dieu irrité contre moy.

  A009000804 

 Les enfans de la paix font une continuelle guerre à la chair qui leur cause des attaques tres violentes, laquelle n'a pourtant pas le pouvoir de troubler leur repos, non plus que le diable et le monde, ainsy que nous avons desja dit..

  A009000810 

 Mais le Pere luy dit: Mon fils, il n'appartient qu'à Dieu de juger si vous l'estes ou non; mais si vous voulez, nous en ferons bien une petite espreuve.

  A009000821 

 Ce n'est pas non plus seulement pour ce que c'est le jour de leur naissance spirituelle auquel ils reçoivent la grace divine et renouvellent les promesses qu'ils ont faittes, ou que l'on a fait pour eux en leur Baptesme, de vivre selon les commandemens de Dieu; mais ils solemnisent beaucoup plus parfaittement et se resjouissent davantage en cette journée, d'autant que c'est celle de leur renaissance.

  A009000824 

 Oh! qu'à bon droit et joyeusement pourrez-vous chanter desormais, mes cheres Filles: Non fecit taliter; le Seigneur n'a pas usé d'une telle misericorde à l'endroit d'un chacun, l'appellant à la suite de ses parfums et au renoncement de toutes choses pour son amour; grace bien grande à la verité, puisqu'elle est un moyen tres efficace [310] et tres excellent pour nous sauver.

  A009000848 

 Bien qu'en l'ancienne Loy il octroyast de tres grans presens à son peuple, toutefois ce n'estoit que par mesure; mais en la nouvelle, dès qu'il revit son cher Benjamin, c'est à dire, dès que Nostre Seigneur fut entré en sa gloire, il ouvrit sa main pour respandre ses dons et ses faveurs sur tous les fidelles, ainsy qu'il estoit escrit qu'il deverseroit son Esprit sur toute chair, à sçavoir sur tous les hommes, et non point seulement sur les Apostres..

  A009000848 

 Il les renvoya tous-jours chargés de blé et de viandes; mais lors qu'on luy amena le petit Benjamin, il les renvoya non pas comme auparavant, chargés de grains et de vivres donnés par mesure, ains accompagnés de riches dons, avec des chariots remplis de tout ce qu'ils pouvoyent desirer.

  A009000853 

 Par la suite que nous ferons de ces sept dons en remontant comme par une eschelle, nous connoistrons si nous avons receu le Saint Esprit ou non, puisqu'il a accoustumé de les communiquer aux ames dans lesquelles il descend et qu'il trouve preparées pour le recevoir..

  A009000854 

 Cette crainte ne leur a pourtant point fait eviter le peché ni l'iniquité pource qu'ils n'avoyent pas receu le Saint Esprit; car la crainte qui s'appelle don du Saint Esprit non seulement nous fait redouter les divins jugemens, la mort et l'enfer, mais elle nous fait craindre Dieu comme nostre Seigneur et nostre Juge, et partant nous porte à fuir le mal et tout ce que nous sçavons luy estre desaggreable.

  A009000854 

 Et comme nous voyons qu'une fiole est remplie de quelque eau sans qu'elle en aye aucune necessité, puisqu'elle est si dure que mesme elle n'en est pas penetrée, ainsy nostre beni Sauveur fut rempli de la crainte du Seigneur, non point pour luy, car il ne s'en pouvoit servir, ains seulement pour la respandre sur ses freres..

  A009000855 

 Il ne faut pas non plus se tenir dans la crainte, ni moins la tenir dans nos cœurs, car c'est la place de l'amour, ains seulement la laisser à la porte de nostre cœur, à fin qu'elle soit preste pour secourir l'amour, ainsy que j'ay dit.

  A009000859 

 Au contraire, nostre grand Apostre semble vouloir subjuguer et parcourir toute la terre pour renverser non les murailles mais les cœurs des hommes, et les sousmettre à son Maistre par sa predication; et non content de cela, voyez, je vous prie, le pouvoir qu'il a sur soy mesme, debellant et assujettissant ses affections et passions à la regle de la rayson, et le tout à la tres sainte volonté de la divine Majesté.

  A009000860 

 Que sçay-je moy, si en telle occasion il ne sera point plus expedient que je ne prattique la patience sinon interieurement et non pas exterieurement, ou bien si je dois joindre l'une avec l'autre? Il faut donques avoir le don de conseil à fin de suivre l'exercice que le don de force et de courage nous a fait commencer, et pour que nous ne nous trompions point nous mesmes, choisissant les vertus selon nos inclinations et non selon nostre necessité, regardant seulement à l'escorce et non point à la vraye essence des vertus..

  A009000861 

 Mais remarquez, je vous supplie, que je dis par la meditation et oraison, et non par la curiosité, speculation et estude, comme font les theologiens; car une simple et pauvre femmelette sera plus capable de le faire que non pas les plus excellens docteurs qui auront moins de pieté.

  A009000861 

 Vous voyez donques bien clairement les effects du don d'entendement, lequel, outre ce que nous avons dit, nous fait comprendre la verité des mysteres de nostre foy et combien il nous est necessaire de regarder à la vraye essence des vertus et non pas à l'apparence exterieure seulement, combien aussi il nous est utile de suivre les verités conneues, soit par le don de conseil ou par celuy d'entendement..

  A009000863 

 Je finis par cette consideration que tous ceux qui estoyent dans le cenacle receurent le Saint Esprit et parloyent tous selon que le mesme Saint Esprit leur donnoit; mais non pas tous d'une mesme façon, n'ayans pas tous esté commis pour prescher l'Evangile comme saint Pierre et les autres Apostres; car nous ne pouvons pas nier qu'il n'y eust des femmes, puisque l'Evangeliste escrit qu' ils estoyent six vingts avec Nostre Dame et les autres femmes.

  A009000864 

 N'est-ce pas une plus grande merveille de voir une ame decorée de plusieurs grandes vertus que non pas le ciel decoré d'estoiles? Les jours se donnent charge l'un à l'autre d'annoncer la gloire de Dieu; et qui ne sçait que les Saints en ont fait de mesme, se resignant leurs vertus les uns aux autres? A saint Anthoine succeda saint Hilarion, à saint Hilarion d'autres Saints, et ils iront ainsy tousjours perseverant..

  A009000864 

 Que veux-je dire par tout cecy, sinon que nous, qui [322] sommes plus que les cieux et que tout ce qui est creé, puisque le tout a esté fait pour nous et non point nous pour eux, sommes beaucoup plus capables d'annoncer la gloire de Dieu que non pas les cieux ou les astres.

  A009000871 

 Ces cadenes ne sont autre chose que le peché qui nous rend non seulement esclaves de nos passions, mais encores du demon; et nul ne nous en peut deslier que la main puissante de Dieu.

  A009000876 

 On ne les voit presque jamais sur terre, ains elles se guindent tousjours en haut; aussi les naturalistes disent que c'est le roy des oyseaux, non à cause de sa beauté mais pour sa generosité..

  A009000882 

 On ne peut nier le devoir qu'un chacun a de louer Dieu à cause de ses bienfaits, non plus que l'on ne sçauroit nier qu'il y a un Dieu createur et gouverneur du monde.

  A009000884 

 C'est ce que le divin Espoux a signifié lors que parlant de l'Espouse au Cantique des Cantiques, il dit: Ma bien-aymée, ma mie qui est parmi vous et que vous connoissez, laquelle s'est donnée toute à moy, ne prend playsir qu'à me louer et me repaistre des fruits de son jardin; et non contente de m'en donner les fruits, elle me donne encores l'arbre.

  A009000886 

 Il estoit si devot à cette divine grace qu'il ne se pouvoit rassasier non seulement de l'exalter, mais encores de parler et escrire à sa louange; il refute d'une eloquence admirable ces heretiques qui en nient l'efficacité, et par ses escrits et disputes demontre que leurs doctrines sont des resveries.

  A009000887 

 Toutefois, par ces chœurs et ces armées nous devons entendre particulierement les Religieux et ecclesiastiques, lesquels non seulement louent Dieu par psalmes, hymnes et cantiques, ains de plus, tant par les sermons que par les fonctions propres à leur estat, taschent d'attirer les autres à la connoissance de la verité, à fin de les exciter à louer Dieu..

  A009000891 

 Et non seulement cela, mais de plus, ceux qui travaillent pour l'Eglise sont merveilleusement fortifiés pour s'acquitter de leurs fonctions et perseverer aux travaux qui les accompagnent, par cette douce harmonie, c'est à dire par les prieres que les ames religieuses appliquent pour ce sujet..

  A009000892 

 Et non content de cela, il reunit encores une quantité de filles auxquelles il bailla aussi une Regle..

  A009000904 

 Et moy, mes cheres Sœurs, vous ayant dit quelque chose de ce grand saint Augustin, et me trouvant à la fin de cette mienne exhortation sur sa mort et parfaite abnegation, je paracheveray, non point de peur que vous mouriez d'une semblable mort, mais bien de crainte de vous ennuyer par un trop long discours; car ayans esté une partie du jour attentives à chanter l'Office divin, vous voudrez apres cette predication que vous avez entendue avec attention, faire quelque chose de ce que nous avons dit de ce glorieux Pere, lequel vous admirerez et imiterez.

  A009000910 

 Ce n'est pas pour cela qu'Adam ne soit le chef absolu des deux sexes; oh non, mais Eve participe en quelque façon à la gloire qu'il en reçoit..

  A009000910 

 Nostre doux Seigneur et Sauveur est le chef, le defenseur et capitaine non seulement de cette armée ains encores de chaque combattant.

  A009000918 

 Il est vray que c'est beaucoup de quitter le monde et se retirer de ses tracas pour se mettre en quelque Religion, comme font ces filles; mais certes, il faut non seulement en retirer le corps, ains aussi le cœur.

  A009000919 

 Voyez-les à l'entour de son berceau, et oyez comme tout esmerveillés de la beauté de cette Dame ils dient ces paroles du Cantique des Cantiques: Qui est celle-cy qui monte du desert comme une verge de fumée sortant de la myrrhe, de l'encens et de toutes sortes de parfums odoriferans? Puis, la considerant encores de plus pres, ravis et hors d'eux mesmes ils poursuivent leur admiration: Qui est celle-cy qui chemine comme l'aurore à son lever, belle comme la lune, choisie comme le soleil, terrible comme un [345] bataillon de soldats rangés? Cette fille n'est pas encor glorifiée, mais la gloire luy est promise; elle l'attend non en esperance comme les autres, mais en asseurance.

  A009000921 

 Et nous pouvons adjouster: Y a-t-il quelque creature à qui le Fils de Dieu ayt dit ma Mere? Non certes, cela estoit deu à cette seule Vierge qui l'avoit porté neuf mois dans son ventre sacré.

  A009000921 

 Le grand Apostre saint Paul, qui certes est admirable en tout ce qu'il dit, [346] fait un argument par lequel nous pouvons entendre quelle est la dignité de Mere de Dieu: Y a-t-il Ange ni Seraphin à qui le Pere eternel ayt dit: Celuy-cy est mon Fils? O non, cela estoit deu seulement à nostre cher Sauveur et Maistre qui estoit son Fils vray et naturel.

  A009000923 

 Mais en la Sainte Vierge qui, paraissant petit enfant et faisant tout ce qu'ils font, a neanmoins les mesmes discours et rayson que lors qu'elle mourut, o Dieu, c'est une chose qui est non seulement aymable et aggreable, ains tres admirable.

  A009000925 

 La leçon que nostre cher Maistre nous donne en cecy est que nous ne transformions point [348] nostre esprit en chair pour puis apres mener une vie brutale et non humaine, mais que nous transformions nostre chair en esprit pour mener une vie toute spirituelle et divine.

  A009000928 

 Et vous verrez qu'on leur mettra un voile sur la teste non seulement pour leur apprendre qu'elles sont mortes au monde et à ses vanités, mais encores pour leur faire souvenir qu'elles doivent desormais porter la veuë basse et regarder la terre de laquelle elles sont petries, et à fin de leur monstrer qu'elles sont venues pour marcher en esprit d'humilité.

  A009000928 

 Que veut signifier ce silence qu'elles gardent, sinon qu'elles ne doivent plus avoir de langue que pour chanter avec Moyse ce beau cantique de la divine misericorde, qui les a non seulement retirées comme des Israelites de la tyrannie de Pharaon, c'est à dire du diable qui les tenoit en esclavage et servitude, mais encores qui n'a point permis qu'elles fussent englouties dans les ondes de la mer Rouge de leurs iniquités..

  A009000930 

 Comme s'il disoit: Bien que je sois homme de chair, je ne vis point selon la chair ains selon l'esprit; et non selon l'esprit propre, mais selon celuy de Jesus Christ qui vit et regne en moy.

  A009000930 

 Saint Paul parle merveilleusement bien de ce renoncement quand il dit: Je vis, non pas moy, mais c'est Jesus Christ qui vit en moy.

  A009000932 

 Non par force mais de son plein gré, elle approuve et consent à la mort de Nostre Seigneur; elle bayse cent mille fois la croix sur laquelle il est attaché, elle l'embrasse et l'adore.

  A009000933 

 Cette bourse qui est au dehors represente l'humanité de Nostre Seigneur qui a esté toute noircie et tellement meurtrie de coups qu'il a dit estre un ver et non un homme.

  A009000933 

 Le noyau, qui non seulement est doux et bon à manger, mais qui estant broyé est encores propre à faire de l'huile pour esclairer et illuminer, nous signifie la Divinité.

  A009000944 

 O non certes, ces paroles: Celuy cy est mon Fils, ne sont dites ni pour Cherubin ni pour Seraphin, ains seulement pour nostre Sauveur, qui est luy seul vray et legitime Fils du Pere eternel.

  A009000951 

 Et quoy, dit-il, vous vous estonnez que l'Empereur qui n'est qu'un homme comme un autre m'ayt escrit et envoyé un de ses ambassadeurs, et vous ne vous estonnez point que Nostre Seigneur nous parle dans la Sainte Escriture? Voire, non content de cela, il nous envoye ses messagers, qui sont ses Anges, pour nous faire entendre ses volontés, et de plus il vient encores luy mesme s'incarner et demeurer sur cette terre pour nous enseigner en propre personne.

  A009000954 

 Ne peut il pas aussi estre mangé par les rats ou par les souris? Que si vous voulez bien faire, vous le devez manger, et non seulement cela, mais en faire aussi une bonne digestion par le moyen de laquelle vous le convertissiez en vostre propre substance..

  A009000957 

 Ce n'est donques pas le pain seul qui nourrit l'homme; non certes, mais c'est la parole de Dieu qui non seulement sustente l'ame comme estant la viande qui luy est propre, ains sa vertu passe encor au corps, luy conservant une certaine force [362] et vigueur que le pain materiel ne luy peut pas donner.

  A009000960 

 Je sçay bien que plusieurs (je veux dire quelques-uns) entrent en Religion poussés ou forcés par les hommes, et ceux-là veritablement ne sont pas meus par l'Esprit de Dieu; aussi en arrive-t-il souvent de grans malheurs, et si la divine misericorde ne touche ces pauvres cœurs ils viennent non pas à se convertir en leur vocation mais à la corrompre.

  A009000960 

 O non certes, les hommes ont beau nous exciter; qu'ils fassent tout ce qu'ils pourront, qu'ils employent toute leur rhetorique et philosophie pour persuader à une ame d'entrer en Religion, de faire choix d'une vocation, tout leur travail sera inutile; il faut que Dieu touche et parle à ce cœur.

  A009000961 

 En fin, si nous travaillons fidellement pendant cette vie en entendant et gardant la parole de Dieu, comme nous avons dit, nous serons bienheureux non seulement en icelle, mais beaucoup plus en l'autre, où nous conduisent le Pere et le Fils et le Saint Esprit.

  A009000967 

 Cette communion se peut comprendre et expliquer en diverses façons, comme nous voyons en la Sainte Escriture; mais nous vous monstrerons qu'elle se doit sur tout entendre de deux sortes d'amours lesquels se declarent beaucoup mieux quand on parle de ce qui concerne Nostre Seigneur que non pas les creatures.

  A009000967 

 Pourtant ils peuvent tousjours avoir quelque accroissement en leur gloire, non point essentiellement ains accidentellement; mais la gloire et perfection de Dieu ne procede de personne, et ne peut y avoir en icelle augmentation ni diminution.

  A009000968 

 O non, la mort n'a point le pouvoir de faire cette desunion.

  A009000969 

 C'est pourquoy aujourd'huy nous faisons la feste de tous en general, non seulement des Saints, mais encores des Seraphins, des Cherubins, et de tous les Anges, lesquels se resjouissent en cette solemnité, louant Dieu des graces qu'il a octroyées aux Bienheureux que nous festons.

  A009000972 

 Nous pouvons leur souhaitter et desirer les biens qu'ils n'ont pas encores, à sçavoir la resurrection de la chair, la reunion avec leurs corps, car en cette reunion consiste une partie de leur gloire; non pas de l'essentielle, qui appartient à l'ame, car celle cy ne sera point accreuë par la resurrection de la chair, mais de l'accidentelle, qui appartient au corps aussi bien qu'à l'ame..

  A009000974 

 (Dieu desire de sauver tout le monde. C'est à nous de nous servir de la liberté qu'il nous a donnée pour choisir le Paradis ou non, cela depend de nous; que si nous le choisissons, il nous octroye suffisamment de graces pour y parvenir.) Vostre royaume nous advienne.

  A009000974 

 Car que signifient ces paroles: Vostre royaume nous advienne, sinon que nous representons le desir que nous avons de la reunion des ames avec leurs corps? Comme si nous disions: Seigneur, vostre royaume est desja venu, il est fait et preparé pour les Saints, il est preparé pour tous; et non seulement pour tous ceux qui sont saints, mais encores pour ceux qui ne le sont pas.

  A009000977 

 L'Eglise, non plus que les Saints, ne pretend pas que nous louions tousjours le Seigneur sans intermission, ni moins encores que nous passions les nuits entieres ou tous les jours en prieres; ains tousjours signifie que nous le fassions le plus souvent que nous pourrons, que nous rejettions frequemment nos cœurs en luy, que nous le louions en quelque temps et heure de la nuit et du jour, comme il se fait en l'Eglise.

  A009000978 

 La sainte Eglise en fait de mesme lors qu'elle celebre leurs festes: elle loue Dieu en eux, car qui voudroit celebrer la feste de tous les Saints à leur honneur et non à celuy de Dieu ne feroit rien d'aggreable ni à Dieu ni aux Saints mesmes, puisqu'ils ne peuvent recevoir de gloire sinon de voir que le Seigneur est exalté en eux et eux en luy..

  A009000982 

 O non, car les ambitieux sont tousjours à contester qui d'entre eux aura plus d'honneur et telles autres choses, chacun voulant devancer son compagnon.

  A009000984 

 Puis, regardant le reste du peuple il dit: Bienheureux ceux qui pleurent, qui ont faim et soif de justice, qui sont purs et nets de cœur; monstrant par là que ces conseils evangeliques estoyent non seulement pour les Apostres, mais pour tous, puisque tous doivent faire penitence, tous doivent estre purs et nets de cœur.

  A009000986 

 Saint Paulin, Evesque de Nole, donna tout ce qu'il avoit aux pauvres, à l'exemple de saint Paul, et non content de cela il se donna luy mesme pour racheter les captifs..

  A009000987 

 Je veux donques, mes chers enfans, estre battu pour vostre salut, flagellé, garrotté et emprisonné, non par moy mesme mais par les autres et à leur gré, donnant tout ce que j'ay pour vous, sans reserver ni mon corps ni ma peau..

  A009000987 

 Non seulement, disoit-il, je veux me sacrifier moy mesme pour vostre salut, mais qui plus est, je me veux laisser sacrifier et vendre par d'autres.

  A009000987 

 Par exemple, je me veux non seulement discipliner, ains je veux souffrir que d'autres me disciplinent; car si je me disciplinois tout seul, quand j'en aurois assez il seroit en mon pouvoir de m'arrester et ne passer plus outre; mais me laissant discipliner par d'autres à leur gré, encores que je fusse tout meurtri ils ne laisseront pas pour cela de frapper.

  A009001002 

 Non certes, cela ne se peut.

  A009001005 

 Me voyci maintenant sur le sujet de la feste de nostre tres chere Mere et Maistresse que nous celebrons aujourd'huy; car, je vous prie, quel plus beau et pretieux mirouer vous sçauroit-on presenter que celuy-cy? N'est-ce pas le plus excellent qui soit en la doctrine evangelique? N'est-ce pas elle qui l'a le plus ornée et enrichie, tant par ce qu'elle mesme a prattiqué que par les exemples admirables qu'elle nous a laissés? Certes, il n'y a point de Saint ni de Sainte qui luy puisse estre parangonné, car cette glorieuse Vierge surpasse en dignité et excellence non seulement les Saints, mais aussi les plus hauts Seraphins et Cherubins.

  A009001006 

 Que si le Sauveur fit une telle grace à celuy qui devoit estre son precurseur, qui pourra douter que non seulement il ayt fait la mesme faveur, mais qu'il n'ayt avantagé d'un privilege beaucoup plus grand et tout particulier celle qu'il avoit choisie pour estre sa Mere? Pourquoy ne l'auroit-il pas sanctifiée dès le sein maternel aussi bien que saint Jean?.

  A009001010 

 O Dieu, combien estoyent grans les souspirs et eslans d'amour et de dilection que jetta cette petite Pucelle ainsy que ses pere et mere, mais elle sur tout, comme celle qui alloit pour se sacrifier derechef à son divin Espoux qui l'appelloit et luy avoit inspiré cette retraitte, non seulement à fin de la recevoir comme son espouse, ains encores pour la preparer à estre sa mere! Oh qu'elle alloit doucement chantant ce cantique sacré du Psalmiste: Beati immaculati in via.

  A009001015 

 Ce grand aumosnier Abraham fut estimé bien favorisé parce qu'en logeant les pelerins il eut un jour la grace d'avoir le Roy et Seigneur des pelerins en sa mayson, de manger avec luy et luy laver les pieds; comme n'estimerons-nous heureux ce ventre de la Vierge qui l'a logé non un jour ains neuf mois tout entiers, et ces mammelles qui l'ont nourri non de pain mais de lait, de la propre substance de cette glorieuse Vierge?.

  A009001015 

 Et Nostre Seigneur luy respondit: Il est vray que le ventre qui m' a porté est bienheureux et les mammelles que j'ay succées sont bienheureuses; car quel plus grand bonheur pouvoit arriver à une femme que de porter dans son sein Celuy qui est esgal au Pere, «Celuy que les cieux ne peuvent comprendre?» O que veritablement ce sein dans lequel le Fils de Dieu a pris chair humaine est heureux, et que cette Vierge a receu d'honneur ayant donné son plus pur sang pour former la sacrée humanité du Sauveur de nos ames! Partant, il est bien vray, o femme, ce que tu dis que non seulement ce sein, mais encores les mammelles que j'ay succées sont bienheureuses, d'autant qu'elles ont nourri Celuy qui sustente toutes les creatures.

  A009001018 

 Elle s'en alla où Dieu la conduisoit, et le Roy du Ciel convoitant sa beauté la choisit non seulement pour son Espouse, ains aussi pour sa Mere..

  A009001018 

 O Dieu, combien fut diligente la glorieuse Vierge, et qu'on luy peut bien appliquer ce verset du Psalmiste: Ecce non dormitabit, neque dormiet.

  A009001021 

 En fin elles peuvent estre aussi entendues de l'inspiration et volonté divine; car c'est le propre des vrays fidelles de porter le sacré nom de Jesus gravé dans leur cœur, non avec un burin autre que les clous, lance et espines qui percerent son saint corps; et de plus, tout bon Chrestien doit escouter et garder la parole de Dieu, ouyr son inspiration et faire sa volonté..

  A009001022 

 Mais helas, c'est un grand malheur que si peu entendent comme il faut ces saintes inspirations! Plusieurs vivent au monde et usent des richesses, honneurs et dignités dont la loy divine permet d'user, mais non point d'abuser; ils ajustent aux commandemens de Dieu leur affection pour la jouissance des biens et dignités, [392] quoy qu'il ne leur faille pas parler des conseils, d'autant qu'ils se contentent seulement d'eviter ce qui les peut condamner.

  A009001023 

 Hé, disent-ils, je me donneray à Dieu, mais non pas si absolument que le monde n'y aye encores quelque part.

  A009001024 

 D'autres veulent bien suivre l'inspiration et la volonté de Dieu, ils veulent estre tout à luy, mais non pas totalement; car il y a bien difference entre estre tout à Dieu, et totalement à Dieu.

  A009001026 

 Mais lors que vous reviendrez ne serez-vous pas bien plus joyeuse qu'en y allant? O non certes.

  A009001027 

 Oh! quel aveuglement est celuy cy! N'est-ce pas la parole et volonté de Dieu qu'il vous annonce? Or, si vous aymez cette divine parole, et Dieu qui vous l'envoye et qui commande qu'on fasse sa volonté, pourquoy ne la recevrez-vous pas d'aussi bon cœur de celuy cy comme d'un autre? Si un prince ou un roy vous envoyoit quelques lettres par un sien page, regarderiez-vous, pour avoir ces lettres aggreables, si le page est vestu de gris, vert ou jaune? Non certes, ains vous prendriez ces lettres et les mettriez sur vostre teste en signe de resjouissance et reverence, sans avoir esgard à la livrée de celuy qui les apporte.

  A009001046 

 Mais encores que Dieu sçache toutes choses, il n'a pas laissé de faire plusieurs questions aux hommes; non point qu'il ignorast ce qu'il leur demandoit, mais sa divine Providence l'a fait pour trois diverses causes.

  A009001049 

 Aussi le glorieux saint Jean n'envoya pas ses disciples à Nostre Seigneur pour sçavoir s'il estoit le Messie ou non, car il n'en doutoit nullement, mais ouy bien pour trois raysons..

  A009001050 

 C'est pourquoy nostre glorieux Saint, apres avoir long temps presché la venue de Nostre Seigneur à ses disciples, les envoye maintenant à luy à fin que non seulement ils le connoissent, mais encores qu'ils le fassent connoistre aux autres.

  A009001052 

 Ces maistres et ceux qui gouvernent les ames qui, par leurs belles paroles, taschent d'attirer à eux les disciples qu'ils enseignent et les ames qu'ils gouvernent, ressemblent à ces payens, heretiques et telles autres canailles de gens qui causent et babillent, et estans dans leurs chaires s'efforcent et donnent peine de faire de beaux discours, subtils et bien dits par merveille, non pour conduire les ames à Jesus Christ, mais à eux mesmes.

  A009001055 

 J'ay marché le petit pas, et non point le pas de grand Apostre, parce qu'estans petits enfans vous ne m'eussiez peu suivre; mais je me suis accommodé à vostre foiblesse et ay cheminé avec vous comme un petit enfant.

  A009001059 

 O admirable humilité de nostre cher Sauveur qui vient pour confondre nostre orgueil et destruire nostre superbe! On luy demande: Qui es-tu? Et il ne respond autre chose sinon: Dites ce que vous avez veu et entendu, pour nous apprendre que ce sont nos œuvres et non point nos paroles qui rendent tesmoignage de ce que nous sommes, et que nous sommes pleins d'orgueil..

  A009001061 

 O non certes, c'est le plus beau tiltre que nous nous puissions donner, et j'ay tousjours eu une particuliere devotion à cette grande sainte Blandine, qui fut martyrisée à Lyon et dont Eusebe rapporte la vie.

  A009001067 

 Aussi pouvons-nous dire avec verité que non seulement les pauvres sont evangelisés mais qu'ils ont evangelisé, Dieu se servant d'eux pour porter la verité par tout le monde..

  A009001071 

 Ou'ils estoyent remplis de grandes lumieres et connoissances touchant la venue de Nostre Seigneur! Qu'ils s'alloyent doucement entretenais de ces grans miracles et merveilles qu'il avoit faits en leur presence, et des choses qui leur avoyent esté racontées par les Apostres! Comme ils furent sortis, le Sauveur se tourna du costé du peuple qui l'environnoit et leur dit: Qui estes-vous allés voir au desert? Peut estre que vous y aurez veu un roseau, exposé aux orages et tempestes, ou bien un rocher immobile au milieu de la mer? (De mesme peut-on dire: Qui avez-vous veu au desert, ou en Religion? car desert signifie Religion, et la Religion n'est autre chose qu'un desert.) Donc, qui estes-vous allés voir? Peut estre y aurez-vous trouvé des roseaux? O non, saint Jean n'est point un roseau, car il est demeuré ferme comme un rocher au milieu de toutes les vagues et tempestes des tribulations..

  A009001075 

 Il faut tant d'affaires pour nous bien faire prendre une parole qui n'est pas selon nostre gré, que par apres l'on ne peut remettre ce cœur; il y faut appliquer tant d'emplastres! [414] Mon Dieu, quelle pitié, et quelle bigearrerie est la nostre! O non certes, il n'y a point d'esgalité parmi nous, et toutefois c'est l'une des choses les plus necessaires qui soyent en la vie spirituelle.

  A009001076 

 Vous luy devez une particuliere devotion, car il a esté le pere spirituel de saint Augustin, lequel raconte en ses Confessions comme non seulement les doctes predications de ce grand Saint, mais encores sa douceur et debonnaireté luy desroba le coeur.

  A009001077 

 Si l'Empereur veut la faire comme luy, les portes de l'eglise luy seront ouvertes, autrement non.

  A009001082 

 Tu quis es? Et confessus est et non.

  A009001083 

 negavit, et confessus est: Quia non.

  A009001093 

 Eve donques n'en eut non plus peur qu'un enfant n'en aurait d'un petit aignelet; l'ennemy luy parla sous la figure de ce serpent, luy donna de l'ambition et convoitise d'estre semblable à Dieu, et pour ce sujet elle mangea du fruit defendu..

  A009001095 

 Et pourquoy? Non pour autre chose que pour sçavoir si saint Jean estoit le Christ Fils de Dieu, le Messie qu'ils attendoyent, à fin de luy rendre l'honneur qui luy estoit deu..

  A009001095 

 Mais qui? Peut estre quelques valets de leurs fils ou quelques autres gens? O non certes, ains ils manderent de leur part et de toute la republique, des ambassadeurs qui estoyent docteurs et religieux.

  A009001095 

 Or, voyci que l'une des plus fortes, subtiles et dangereuses tentations qui se puissent voir s'addresse à saint Jean, non par des ennemis, comme j'ay desja dit, ni par des gens revestus de quelque masque d'hypocrisie, mais par ses amis, envoyés à luy de Hierusalem par les princes et docteurs de la Loy.

  A009001097 

 Es-tu Elie? Non.

  A009001097 

 Es-tu Prophete? Non.

  A009001098 

 Mais considerez un peu la tres parfaitte humilité de ce glorieux Saint à rejetter non seulement les honneurs, les preeminences et tiltres qui ne luy appartenoyent pas, ains, ce qui est plus admirable, à refuser ceux qu'il pouvoit recevoir.

  A009001099 

 Les Anges estans au Ciel ont recherché non pas d'estre dieux, car Lucifer estoit trop bon philosophe pour commettre une telle incongruité; il comprenoit bien qu'il ne le pouvoit, que c'estoit une chose impossible.

  A009001099 

 O non, mais son orgueil le porta jusques à vouloir estre semblable à Dieu; et le miserable, au lieu de devenir ce qu'il presumoit, il descheut par son outrecuidance de ce qu'il estoit, fut chassé et banni pour jamais du Ciel et rendu diable.

  A009001100 

 Nos premiers parens au paradis terrestre estoyent en la justice originelle, ils n'avoyent jamais peché, non seulement mortellement comme les Anges (car le premier peché qu'ils commirent fut mortel, et par consequent digne de mort eternelle), mais non pas mesme veniellement.

  A009001105 

 En somme, nostre amour propre va non seulement tirant à soy toute la gloire qui luy appartient en quelque façon, mais encores celle qui ne luy est aucunement deue.

  A009001106 

 Comme donques est-ce que saint Jean estant venu en l'esprit d'Elie, peut il declarer avec verité qu'il ne l'est pas? Et il n'est pas menteur non plus qu'il ne l'eust esté s'il eust dit estre Elie.

  A009001106 

 Les envoyés luy demanderent: Puisque tu n'es pas le Christ, n'es-tu pas Elie? Et il declara: Non, je ne le suis pas.

  A009001106 

 O merveilleuse humilité que celle cy! [424] Il ne rejette pas seulement ce qui ne luy appartient pas (c'est le premier degré de l'humilité de ne vouloir point admettre ni moins rechercher d'estre tenu et estimé pour ce que l'on n'est pas), mais passant plus outre et trouvant une façon de parler en laquelle sans faire tort à la verité il pouvoit encores repousser l'honneur qui luy appartenoit, il le fit promptement, sans disputer ni se servir de beaucoup de discours; ains franchement et librement il dit: Non, je ne le suis pas.

  A009001107 

 Mais comment saint Jean pouvoit-il faire cette troisiesme negation avec verité, luy qui estoit non seulement Prophete, ains plus que Prophete? Nostre Seigneur le dit tout haut de sa propre bouche au peuple Juif; comme donques ose-t-il affirmer: Non sum, je ne le suis pas? Tous les anciens Peres, admirans les trois negations de ce glorieux Saint, s'estonnent de celle-cy et disent que ce fut en icelle que saint Jean alla aux dernieres extremités, et que pour peu qu'il eust passé plus avant, il eust menti: neanmoins il ne le fit pas..

  A009001110 

 Hé, folie! vous vous moquez du monde en disant cela; comme si Dieu pouvoit estre honnoré par le peché! Non, cela n'est pas; il ne faut jamais mentir pour honnorer Dieu, et c'est une sottise et grande ignorance que celle là.

  A009001111 

 A la verité, les ambassadeurs ont besoin de patience, et c'est une grande vertu que celle cy, laquelle est du tout necessaire non seulement aux ambassadeurs mais à tous les Chrestiens; aussi j'ay accoustumé de dire que la patience est la vraye vertu des Chrestiens..

  A009001113 

 Et non seulement ils s'excusent en s'accusant, mais encores ils accusent les autres.

  A009001117 

 Il leur dit: J'ay veu le monde tout rempli de filets propres à faire non seulement chopper, mais encores tomber lourdement les hommes dans des profonds precipices.

  A009001137 

 Le glorieux saint Jean, ainsy que je vous le monstray Dimanche, donna suffisamment et excellemment des preuves et tesmoignages de son humilité lors qu'il fut enquis s'il estoit le Christ, Elie ou Prophete; car sçachant que Moyse parlant de la venue de Nostre Seigneur dit qu'il devoit venir un grand Prophete, et voyant que les Juifs croyoient que ce fust luy qui estoit promis, il advoua franchement: Non sum, je ne le suis pas.

  A009001137 

 Pensez-vous, leur escrivoit-il, que ce soit moy qui vous parle? Oh non, mais c'est Dieu qui vous parle par ma bouche.

  A009001138 

 Voyla ce que je suis; vous devez donc escouter mes paroles non comme miennes mais comme de Dieu qui vous parle par ma bouche, car je suis la voix de Celuy qui crie au desert.

  A009001139 

 La seconde est quand elle tombe sur le cœur non pour soy seulement, mais aussi à fin de la porter et communiquer aux autres pour leur faire sçavoir ce qui est de la divine volonté.

  A009001139 

 Saint Jean estoit fils de Zacharie, et la parole de Dieu estoit tombée sur luy non seulement à fin qu'il la gardast pour soy, ains aussi pour la communiquer aux autres.

  A009001142 

 Car qu'eust-il servi aux Israëlites que Dieu leur eust envoyé la manne au desert pour leur nourriture, s'ils ne l'eussent point voulu recueillir et ramasser? Et que leur eust-il profité de la recueillir s'ils ne l'eussent point voulu manger pour s'en substanter? Certes, quand la divine Providence fit tomber la manne du ciel elle obligea les enfans d'Israël à se lever le matin pour l'aller recueillir avant que le soleil parust; et non seulement cela, mais encores de la manger et avaler pour en estre nourris et substantés.

  A009001142 

 Je viens icy pour vous prescher, mais si je suis obligé de vous apporter la divine parole, [434] vous l'estes par consequent de l'escouter, et non seulement cela, ains encores de bien entendre et prattiquer ce que l'on vous enseigne.

  A009001162 

 Tous les autres Saints ont bien travaillé en l'acquisition de cette perfection, mais quoy qu'ils ayent fait, il n'y en a pas un qui n'ayt esté quelque peu raboteux; leur esgalité n'a point esté si esgale qu'il ne s'y soit trouvé quelqu'inesgalité, non pas mesme en saint Jean Baptiste, car il avoit, [445] selon l'opinion de quelques Docteurs, commis des pechés veniels..

  A009001169 

 Tous sont obligés, selon saint Thomas, d'entendre les mysteres de la foy et de sçavoir ce qu'ils doivent croire; non pas comme les theologiens pour en disputer, o non, je ne dis pas cela, mais en la façon qui convient aux simples fideles.

  A009001171 

 De mesme, le Fils n'est pas luy seul tout sage, mais le Pere et le Saint Esprit ont aussi la mesme sapience et sagesse, comme ce divin Esprit n'est pas non plus luy seul la toute bonté.

  A009001178 

 Comment cet homme peut-il dire qu'il estend le bras ou qu'il a mal au bras, veu qu'il n'a ni bras ni jambes, l'ame estant une substance toute spirituelle? Au contraire, si voyant l'homme qui parle et qui discourt, vous le regardez en tant que corporel et non spirituel, vous vous estonnerez, veu qu'il n'appartient qu'à une substance spirituelle de pouvoir discourir et comprendre.

  A009001179 

 Vous entendrez mieux cecy par des similitudes, non point toutefois comme on entend ce qui se passe au dessous des sens, ni comme on comprend la maniere de faire un ouvrage, une broderie; mais vous en aurez suffisamment l'intelligence pour le croire comme vous le devez.

  A009001184 

 Ainsy les hommes qui vivent non point selon la rayson mais selon leurs appetits desordonnés, se jettent à corps perdu à la recherche de leurs satisfactions sensuelles; mais Nostre Seigneur, voulant les en sortir, leur vient tirer la bride en s'incarnant, à fin de les retenir leur enseignant par ses œuvres à mespriser toutes choses..

  A009001184 

 Le troisiesme point est celuy-cy: Pourquoy l'Incarnation a-t-elle esté faite? Pour nous enseigner à vivre non plus brutalement comme l'homme avoit vescu despuis la cheute d'Adam, mais avec et selon la rayson.

  A009001186 

 Ce livre estoit intitulé la sainte volonté de Dieu; or, pendant toute sa vie, Nostre Seigneur ne fit autre chose que lire, prattiquer et garder tout ce qu'il y trouva escrit, ajustant ses volontés à celles de son Pere celeste, comme il le dit luy mesine: Je suis venu non pour faire ma volonté, ains celle de Celuy qui m'a envoyé..

  A009001187 

 Il se priva dès lors, par une entiere soustraction, de toutes les consolations qu'il pouvoit recevoir en cette vie, ne se reservant que celles dont il ne se pouvoit priver, faisant que la partie inferieure de l'ame souffrist et fust sujette pour nostre salut et redemption aux tristesses, peines, craintes, apprehensions et frayeurs; et tout cela, non par force ni pour ne pouvoir faire autrement, mais volontiers et de son plein gré à fin de nous monstrer son amour..

  A009001188 

 Et non seulement un seul de ses souspirs, une seule de ses larmes eust suffi pour les racheter tellement quellement, mais encor pour satisfaire à la justice divine, d'autant qu'ils procedoyent d'un amour infini et d'une personne infinie.

  A009001188 

 Neanmoins nostre cher Maistre ne voulut pas nous racheter par un seul souspir, mais pour ce faire il a voulu souffrir mille peines et travaux, payant en toute rigueur de justice nos fautes et iniquités, nous enseignant par son exemple cette sobrieté spirituelle, cet esloignement de toutes consolations pour vivre selon la rayson et non selon nos appetits et affections..

  A009001188 

 Un seul de ses souspirs estoit suffisant pour racheter non un monde mais mille mondes, et mille et mille natures humaines et angeliques, s'il y en eust eu autant et qu'elles eussent peché.

  A009001189 

 C'est pourquoy l'on a tousjours accoustumé de dire à ces filles quand elles entrent au Monastere, que la Religion «est une escole de l'abnegation de toutes les volontés,» une croix où il se faut crucifier, en somme, qu'il y faut venir pour patir et non point pour y estre consolées.

  A009001203 

 L'un est de l'enfant prodigue, lequel non seulement se separa de son pere, mais encores consomma tout son bien en desbauches.

  A009001203 

 Neanmoins, apres tant de desbauches et une si longue absence, lors qu'il retourna à son pere, non seulement il le receut sans se courroucer contre luy, mais qui plus est, il l'embrassa et le caressa tendrement, et l'ayant fait vestir somptueusement, il luy fit un festin en signe de la joye qu'il avoit de son retour, et le traitta avec tant de benignité, d'amour et de tesmoignages de bienveuillance qu'il sembloit vouloir luy monstrer plus d'affection apres ses [463] desbauches qu'il n'avoit fait auparavant.

  A009001206 

 Je ne dis pas qu'il ne faille point mediter et contempler; o non certes, il faut bien [465] bayser Nostre Seigneur du bayser de la bouche pendant cette vie mortelle, ce qui se fait en la meditation et contemplation, où l'ame se remplit de bonnes pensées et saintes considerations qu'elle convertit par apres à l'utilité du prochain.

  A009001210 

 Trouvez-vous quelqu'un qui ayt commencé à servir Dieu fidellement et qui ayt fait quelque progres au chemin de la sainte devotion? il s'en faut resjouir avec luy, et luy donner courage non seulement de perseverer mais encores de s'avancer, et ne se point lasser ni descourager pour les difficultés qu'il rencontrera, luy representant l'excellence du bien auquel nous pretendons, l'exhortant à marcher diligemment et fidellement tandis qu'il est jour et qu'il y a de la lumiere.

  A009001211 

 Et ce trait de ce mesme Apostre n'est-il pas admirable, quand, pressé de la vehemente affection qu'il avoit du salut des Juifs, il quittoit en telle sorte son propre interest qu'il desiroit d'estre anatheme pour eux? O ptabam anathema esse a Christo pro fratribus meis; luy qui aymoittant son divin Maistre qu'il disoit: Je ne vis plus en moy mesme, mais c'est Jesus Christ qui vit en moy; Vivo ego jam non ego, vivit vero in me Christus..

  A009001212 

 Ce qu'entendant ce grand serviteur de Dieu, touché d'une affection paternelle et despouillé de son propre interest, levant les mains et les yeux au Ciel où son cœur avoit desja pris place, il dit ces belles paroles: Domine, si adhuc populo tuo sum necessarius, non recuso laborem; O Seigneur, quoy que par vostre grace je me voye prest à jouir du bien apres lequel j'ay tant souspiré, neanmoins, si je suis encores necessaire à ces ames pour leur salut, je ne refuse point de demeurer davantage en cet exil, je me resigne entierement à vostre tres sainte volonté.

  A009001213 

 Voyla en fin quelles sont les mammelles de l'Espouse et de l'Espoux; voyla les fruits d'une parfaitte oraison, laquelle se fait non seulement à certaines heures et à certains temps limités, mais encores par des eslevations d'esprit et des eslancemens du cœur en Dieu, que l'on appelle oraisons jaculatoires, et par des actes frequens d'union de nostre volonté avec celle de Dieu, qui se peuvent faire à tous momens et en toutes sortes d'occasions..

  A009001218 

 Non, dit Jacob, je ne vous laisseray point aller que vous ne m'ayez donné vostre benediction; Non dimittam te, nisi benedixeris mihi.

  A009001219 

 En fin, dit-elle, j'ay trouvé celuy que j'ayme, je le tiens et ne lé quitteray point que je ne l'aye introduit en [471] la mayson de ma mere, qui est la Hierusalem celeste, qui n'est autre que le Paradis; et là encores je ne le quitteray point, car non seulement je ne le voudray pas quitter, mais je seray alors si parfaittement unie avec luy, que jamais aucune chose ne m'en pourra separer.

  A009001222 

 L'Escriture Sainte nous enseigne que quand ce divin Sauveur de nos ames estoit en ce monde conversant avec les hommes, il caressoit les petits enfans, les embrassoit et prenoit entre ses bras, comme il fit le petit saint Martial, ou saint Ignace martyr, suivant l'opinion de plusieurs Docteurs, qui disent que Nostre Seigneur le tenant un jour entre ses bras et le considerant, il se tourna vers ses disciples et leur dit: En verité, si vous n'estes faits comme ce petit enfant, vous n'entrerez point au Royaume des cieux; Amen dico vobis, nisi efficiamini et conversi fueritis sicut parvulus [473] iste, non intrabitis in Regnum caelorum.

  A009001223 

 Or, le saint Prophete David parle excellemment bien de cette humilité au Psaume CXXX: Domine, non est exaltatum cor meum, neque elati sunt oculi mei; Seigneur, dit-il, je n'ay point eu le cœur hautain, et mes yeux ne se sont point eslevés.


10-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome X-Vol.4-Sermons.html
  A010000061 

 Je sçay bien neanmoins que plusieurs raysons et disputes s'eslevent de part et d'autre entre quelques Docteurs pour monstrer que ce miracle ne fut pas le premier que fit Nostre Seigneur; mais puisque non seulement saint Jean l'atteste, ains encores saint Ambroise, et que la pluspart des autres anciens Peres tiennent cette opinion, nous nous y arresterons et la suivrons.

  A010000064 

 Et cela, non point pour vous l'enseigner, car vous le croyez assez, non point pour vous confirmer et affermir en vostre croyance, car vous voudriez mourir pour maintenir cette verité, mais pour resjouir vostre [3] cœur et luy causer une certaine suavité que l'on trouve en parlant de ces grans mysteres..

  A010000069 

 Ils y allerent; mais comment? O certes, il est croyable que la Sainte Vierge s'y rendit dès la veille, car lors qu'il se fait des noces, les dames et parentes n'y vont pas le jour mesme mais dès la veille, et non seulement pour estre receues, ains encor pour ayder à recevoir les autres invités, et par ce moyen faire honneur à l'espouse.

  A010000069 

 Quelques Docteurs se plaisent à disputer si les Apostres y furent conviés ou non.

  A010000071 

 Mais que fera cette sainte Dame, car elle ne porte point d'argent pour faire acheter du vin? Son Fils n'en a point, non plus qu'elle; sur quoy fonde-t-elle donques son esperance de remedier à cette necessité? O certes, elle sçavoit qu'elle avoit amené avec elle Celuy qui est tout puissant et dont elle connoissoit la grande charité et misericorde, par laquelle il pourvoiroit infailliblement au besoin de ces pauvres gens.

  A010000071 

 Que si ce cher Sauveur de nos ames se plaist à la rencontrer ès maisons des grans et parmi les noces, quel sera son contentement de la voir dans les Religions où l'on fait vœu de la garder! combien se plaira-t-il d'y trouver l'indigence parmi la suffisance, je veux dire, non pas le defaut des choses necessaires, mais neanmoins que l'on y est pauvre des superflues.

  A010000073 

 Priere certes tres excellente, en laquelle cette sainte Dame parle à Nostre Seigneur avec la plus grande reverence et humilité qui se peut imaginer; car elle s'en va à son Fils non point avec asseurance ni avec des paroles pleines de presomption, comme font plusieurs personnes indiscretes et inconsiderées; mais, avec une humilité tres profonde, elle luy represente la necessité de ces noces, tenant pour tout asseuré qu'il y pourvoira, ainsy que nous le dirons bien tost..

  A010000075 

 Je sçay bien toutefois que l'on peut prier Dieu non seulement pour le spirituel mais aussi pour le temporel; il n'y a nul doute que cela ne se puisse et doive faire, puisque Nostre Seigneur le nous a luy mesme enseigné.

  A010000076 

 Il y a deux manieres de les demander à Nostre Seigneur: l'une est en la façon que fit la Vierge; l'autre est de le prier qu'il nous donne telle ou telle chose ou qu'il nous delivre de quelque mal, avec cette condition toutefois, qu'il fasse en cela sa volonté et non la nostre.

  A010000078 

 O non, ne craignez point, faites seulement ce qu'il vous dira et ne vous mettez en peine de rien, car asseurement il pourvoira selon vostre besoin..

  A010000081 

 Ce n'est pas pour cela qu'il s'incarnast devant le temps qu'il avoit preordonné, non; mais en son eternité il avoit.

  A010000081 

 Il est vray aussi que Dieu avoit determiné de toute eternité l'heure et l'instant de faire deux grans miracles: celuy de l'Incarnation et celuy de donner au monde le premier signe pour la manifestation de sa gloire; mais c'estoit d'une façon generale et non point en sorte qu'estant prié il ne peust avancer cette heure.

  A010000084 

 L'esprit humain est admirable! Plusieurs disputent s'il y a des licornes ou non et si la poussiere de leur corne a cette vertu.

  A010000085 

 Mais, mes cheres ames, quel vin demandez-vous? O certes, non autre que celuy des consolations, c'est celuy que nous voulons et pas un autre.

  A010000094 

 L'avare la cherche dans les richesses, [18] mais il ne l'y sçauroit trouver, d'autant que les richesses ne sont qu'amertume; d'autres la cherchent dans les voluptés, mais ils ne l'y peuvent rencontrer, car les voluptés sont plus propres aux bestes qu'aux hommes, et au lieu de contenter le cœur elles l'abrutissent; d'autres recherchent leur felicité dans les honneurs et satisfactions de cette vie, mais ils ne l'y trouvent pas non plus, car tous les playsirs sont sujets à mille vicissitudes et accidens, et ceux qui possedent le plus de ces biens l'experimentent journellement; les plus grans roys et princes le ressentent mesme tous les jours, voire bien souvent avec plus de rigueur que le reste des hommes..

  A010000098 

 Cependant, non seulement celles-là se vendent si cher, mais encores les diamans, qui ne sont point propres à sa santé, ains au contraire y nuisent, lesquels s'achetent neanmoins les quinze cens escus; et cela ne vient que de l'estime qu'on en fait..

  A010000099 

 Et non content de cela, il est venu ça bas en terre comme un divin negociateur pour chercher ces pierres pretieuses, s'exerçant à la prattique des vertus, leur baillant encores un plus [21] beau lustre par ce moyen, à dessein de nous en rendre amoureux, à ce que, les recherchant et nous adonnant à la conqueste d'icelles, nous puissions obtenir la vie eternelle qui leur est reservée; car c'est aux vertus et bonnes œuvres qu'elle se donne, voyla pourquoy tous les Chrestiens les cherchent..

  A010000102 

 Et quelle est cette perle unique, quelle est cette unique perfection? Non autre que la perfection evangelique; il faut vendre tout ce que l'on a à fin de l'acheter, selon le dire de Nostre Seigneur: Va, vens tout ce que tu as et me suis..

  A010000104 

 Le saint Apostre leur dit: O meschans, vous vous reservez une partie du prix de vostre bien; hé quoy, pensez-vous mentir au Saint Esprit? Allez, si vous vouliez faire quelque reserve vous deviez demeurer au monde, car vous y pouviez vivre vertueusement, et non point venir icy pour mentir au Saint Esprit.

  A010000110 

 Une grande dame et princesse m'a souventefois raconté les folies qu'elle faisoit pour se rendre belle; elle me les a racontées, comme je dis, non une fois mais plusieurs.

  A010000113 

 Je feray bien telle chose, mais je vois qu'il seroit mieux autrement; mon Dieu, on me dit que je la fasse ainsy, et cependant je vois que j'en [28] tirerois beaucoup plus de proffït si je la faisois en cette sorte; un tel exercice me seroit bien plus proffitable pour mon avancement que non pas cet autre.

  A010000113 

 On veut bien faire le bon playsir de Dieu, mais non pas en tout, ains en ce qui sera conforme au nostre.

  A010000118 

 Je vous dis derechef que vous serez heureuse, ma chere Fille, si vous vous donnez tellement à Dieu que desormais vous viviez non plus selon vos humeurs et fantasies, mais selon les Regles et Constitutions et la volonté de ceux qui vous gouverneront..

  A010000118 

 O que vous serez heureuse, ma chere Fille, si aujourd'huy que vous voulez vous dedier à Dieu vous vous donnez toute à luy sans aucune reserve, et si, à l'imitation de sainte Brigide, vous quittez et renoncez toutes choses pour acheter cette perle unique de la perfection religieuse! Vous serez bienheureuse si de bon cœur vous venez chercher en cette mayson la vraye paix et tranquillité d'esprit, qui consiste et se trouve non pas dans les consolations ou mignardises, comme plusieurs pensent lesquels se trompent, mais dans le renoncement parfait et absolu de vostre propre volonté et jugement, en la sujetion et sousmission de vostre liberté, vous laissant conduire et gouverner par autruy.

  A010000122 

 Or, quand pour quelque respect humain et estans meus non point de la charité ains de nostre fantasie et caprice, nous refusons de laver celuy qui en a besoin, c'est un grand mal.

  A010000123 

 Elle fit une oraison fervente, en laquelle elle demanda à son Espoux sacré non seulement la veuë corporelle pour Urie, mais beaucoup plus la spirituelle; et il luy accorda l'une et l'autre, car il ne luy refusoit rien.

  A010000136 

 Il ne vous sera point loysible d'ouyr des choses inutiles, non pas mesme ce que vous pouviez bonnement entendre dans le monde; car il faut tout quitter en la Religion pour se dedier tout entiere à la plus grande gloire de Dieu.

  A010000136 

 Vous n'aurez plus aucun souci de vous conserver, ains laisserez tout le soin de vous mesmes; en fin, mes cheres Filles, il vous faudra toutes conformer au bon playsir de Dieu, et non à vos inclinations..

  A010000157 

 Les amours de Nostre Seigneur ont, au dessus de tous les playsirs terriens, une force incomparable et une proprieté indicible pour recreer le cœur humain, non seulement plus que toute autre chose, ains rien n'est capable de luy donner un parfait contentement que le seul amour de Dieu.

  A010000169 

 Les Religieuses que font-elles autre chose sinon de se tenir dans leurs chambres? ains, non contentes de cela, elles s'enfoncent en elles mesmes pour demeurer plus seules, et par ce moyen se rendre plus capables de jouir de la conversation de leur Espoux.

  A010000173 

 Celle des Anges est sterile et ne peut avoir de fecondité; celle de nostre glorieuse Maistresse, au contraire, a esté non seulement feconde en ce qu'elle nous a produit ce doux fruit de vie, Nostre Seigneur et Maistre, mais en second lieu, en ce qu'elle a engendré plusieurs vierges.

  A010000174 

 Et non seulement elle produit elle mesme, mais elle fait encores que la virginité qu'elle engendre en produise des autres; car une ame qui se dedie parfaittement au divin service ne sera jamais seule, ains en attirera plusieurs à son exemple, à la suite des parfums qui l'ont attirée elle-mesme; c'est pourquoy l'amante sacrée dit à son Bien-Aymé: Tirez-moy et nous courrons..

  A010000180 

 Mais si ces deux vertus se peuvent trouver l'une sans l'autre, cette separation ne peut exister entre l'humilité et la charité, car elles sont indivisibles et tellement conjointes et unies ensemble que jamais l'une ne se rencontre sans l'autre, pourvoi qu'elles soyent vrayes et non feintes Dès que l'une cosse de faire son acte, l'autre la suit immediatement; dès que l'humilité s'est abaissée, la charité se releve contre le Ciel.

  A010000187 

 Oh! si la Mere de Dieu eust esté de la nature angelique, combien les Cherubins et les Seraphins s'en glorifieroyent et tiendroyent honnorés! Nostre Dame est bien aussi l'honneur, le prototype et le patron des hommes et des femmes qui vivent vertueusement, et des vefves; mais pourtant nul ne peut nier que les filles n'ayent une certaine alliance avec elle plus particuliere que non pas le reste des hommes, parce que cette ressemblance de la virginité, qui est du sexe et de la condition, y apporte une grande capacité et un grand advantage pour s'en approcher de plus pres..

  A010000188 

 Et pour moy, je pense que ce qu'on a fait de tout temps une feste plus grande pour leur entrée et Profession en Religion qu'on ne fait pas pour les hommes, n'est pour autre rayson sinon que le sexe estant plus fragile et faisant un acte de si grande vaillance comme est celuy qu'elles font entrant en Religion, qu'il requiert aussi plus d'honneur, et Dieu merite plus d'estre honnoré et admiré en cette solemnité, que non pas en la [55] profession que les hommes font de vivre en Religion.

  A010000189 

 Car on ne les trompe point, leur disant qu'estans Religieuses, Nostre Seigneur leur donnera du sucre, comme l'on fait aux petits enfans, pour les amadouer; on ne leur dit point non plus qu'on les conduira sur la montagne de Thabor où elles diront avec saint Pierre: Bonum est nos hic esse; Il fait bon icy.

  A010000212 

 Ouy, ce fruit est non seulement beni, ains c'est luy qui donne toutes benedictions; et vostre venue m'a apporté tant de liesse et de consolation, que l'enfant a tressailli de joye dans mon sein.

  A010000226 

 Il n'y a point de doute que nous ne puissions demander à Dieu, par l'intercession de Nostre Dame, non [73] seulement les biens spirituels, tels que les vertus, ains aussi les temporels.

  A010000226 

 Mais il faut nous prevaloir de leur assistance en des choses qui nous servent pour l'eternité, les priant de nous impetrer la grace de Dieu, les vertus, employant pour ces sujets et autres semblables le credit qu'ils ont aupres de nostre cher Sauveur et Maistre, et non point à fin d'obtenir par leur intercession la beauté, les richesses et telles bagatelles.

  A010000239 

 Ce n'est pas qu'ils fussent despourveus de princes terriens qui leur donnassent des lois et qui eussent soin de leur conduite; non certes, car ils avoyent eu Aaron et le grand Moyse et leurs successeurs.

  A010000242 

 Or, ce que ce roy faisoit à l'endroit des enfans d'Israël nous represente les diverses [80] vocations par lesquelles nostre divin Maistre appelle ses creatures à son service, non point en usant de tyrannie comme ce prince terrien, mais doucement et avec des entrailles pleines de misericorde.

  A010000246 

 Mais quant à cette admirable Magdeleine, nous ne lisons nulle part en l'Evangile aucun trait d'amour propre ni de recherche quelconque; ains elle alla trouver le Sauveur avec une pure et droite intention, non point pour l'aymer, mais pour le mieux aymer.

  A010000247 

 Je sçay bien qu'elle n'estoit pas publique; o non, il ne le faut pas penser, car estant damoyselle de fort bon lieu et ayant le cœur genereux, elle ne pouvoit pas s'estre ainsy abandonnée.

  A010000255 

 Et pour estre sauvé? Non, mais pour estre mieux sauvé; non pour plaire à Dieu, mais pour mieux luy plaire.

  A010000255 

 Et pourquoy? Peut-estre pour aymer Dieu? O non, mais pour le mieux aymer.

  A010000255 

 Non point pour avoir des extases, des revelations, suspensions ou telles autres choses, o non certes; tant de mouvemens, de lumieres, de sentimens sensibles, qui sont presque communement desirés de tous, ne sont pas necessaires à nostre salut ni requis pour entretenir et perfectionner nostre amour.

  A010000258 

 Ne venez donques pas en Religion pour estre consolées, ains pour vous sacrifier, pour estre les panetieres et cuisinieres de Nostre Seigneur, voire ses parfumeuses, quand il luy plaira et non quand il vous plaira.

  A010000260 

 Or, que nous representent-ils, sinon les pensees non seulement mauvaises, mais aussi [89] inutiles, lesquelles il faut couper et retrancher? C'est ce que doivent entendre ces filles quand on les leur coupe; car pourquoy pensez-vous qu'on tonde les Religieuses? On dit que cela est sain; je le crois, mais cette cy n'est pas la principale cause, ains pour leur apprendre que comme elles sont retirées des objets qui leur pourroyent donner des mauvaises pensées, elles ne doivent non plus courir apres les choses vaines et mondaines qu'elles ont laissées, mais oublier tout pour s'appliquér totalement à Dieu.

  A010000260 

 Qu'est ce que les cheveux? C'est ce qu'il y a de plus vil et abject au corps humain, les excremens de la nature, une superfluité et chose de nul prix; on n'en tient aucun compte, non pas mesme de ceux des roys, car on les foule aux pieds comme n'ayant nulle valeur, et neanmoins l'esprit humain constitue sa gloire en iceux.

  A010000261 

 Mais cela n'est encores rien, il faut de plus sacrifier ses yeux; car pourquoy croyez-vous qu'on vous aye mis des voiles sur la teste, sinon à fin de vous apprendre à ne vous plus servir de vos yeux pour voir et pleurer que quand la grace vous y excitera, et non pour les niaiseries et tendretés pour lesquelles les femmes sont sujettes aux larmes, larmes folles et vaines, certes! Je voudrois bien faire telle chose, mais je ne peux.

  A010000267 

 Voyez-vous, la Religion «est un mont de Calvaire,» on ne vous y a pas receues pour vous y donner des consolations; o non certes, car on ne demande rien moins de vous que d'estre crucifiées.

  A010000269 

 Et qui n'aymeroit saint Bonaventure pour sa grande humilité? Qui ne s'estonneroit de celle qu'il prattiqua lors que, ayant eu commandement des Cardinaux d'eslire un Pape tel qu'il voudroit, ou d'accepter luy mesme le siege pontifical, à cause des grandes difficultés qu'il y avoit à se resoudre sur ce choix, non seulement il refusa cette souveraine dignité, mais de plus il ne voulut pourvoir aucun de ses parens ni amis, ains nomma Pape, Thibaut, vicomte de Plaisance, qui estoit à la guerre et parmi les armes.

  A010000273 

 Cherchez-le tousjours et ne cessez jusques à ce que vous l'ayez trouvé; cherchez-le pendant cette vie mortelle, non point glorifié, mais mort et crucifié.

  A010000273 

 Non, mes cheres Filles, ne faites point les contemplatives ni les extatiques; mais bien vous souhaitté-je de demeurer tout le temps de vostre vie aux pieds de Nostre Seigneur, d'avoir un grand courage pour devorer toutes les difficultés qui vous empescheroyent de jouir de vostre Dieu et qui vous pourroyent tant soit peu separer de luy.

  A010000274 

 O qu'en ce temps icy l'on se garderoit bien d'appeller Monsieur un jardinier! Vous rencontrerez parmi le monde des femmes qui sont si coquettes qu'elles font mille difficultés de nommer Monsieur et Madame celuy cy et celle là; il faut tant d'examens, tant de niaiseries pour s'asseurer si celuy cy est monsieur ou non! Or vous, mes cheres Filles, quand vous serez humbles comme Magdeleine vous appellerez tous Monsieur, c'est à dire vous obeirez à tous sans exception de personne, donnant à un chacun le pouvoir de vous commander..

  A010000283 

 Non in commessationibus, etc..

  A010000284 

 Non point dans les desbauches, etc..

  A010000289 

 Or, oyant cette frequente repetition, il prit le livre des Epistres de saint Paul qui estoit aupres de luy, et l'ouvrant, sans aucune pensée ni souci de ce qu'il faisoit, il leut ces paroles que j'ay prises pour mon theme: Non in commessationibus, et ce qui suit.

  A010000292 

 Ses fleurs sont non seulement belles à la veue, ains propres à resister au venin du serpent; et son fruit, qui n'estant encores meur ne laisse de servir à l'usage de l'homme (car c'est d'iceluy que l'on fait le verjus tres utile à sa santé), va tousjours faisant des accroissemens jusques à ce qu'il soit arrivé à sa maturité, en laquelle il nous rend alors du vin tres proffitable [101] et aggreable.

  A010000294 

 Mais non seulement il se monstroit contentieux en cela, ains aussi ès disputes qu'il soustenoit, contrecarrant et refutant avec tant de subtilité et une si admirable eloquence tout ce qui estoit proposé, qu'il se faisoit craindre de tous.

  A010000294 

 Or, quoy que son esprit fust non seulement beau ains encores bon et accompagné d'un excellent naturel, si est-ce qu'il avoit enté sur iceluy une tres mauvaise plante, à sçavoir la vanité et appetit de sa propre gloire, qui le rendoit hautain, querelleur, envieux, contentieux et tellement amateur de son excellence qu'il surpassoit en cecy les Philippe et les Alexandre desquels les humanistes parlent tant, nous les representant esgaux en la vaine gloire.

  A010000298 

 Mais le Saint Esprit luy inspire sa purgation pour faire une entiere conversion, et apres l'avoir sollicité de se retirer de son peché il l'invite non seulement à se despouiller de ses vestemens, mais encores à se revestir des habits et habitudes de Jesus Christ.

  A010000306 

 Je ne fais non plus comparaison de nostre glorieux Pere avec l'Apostre saint Paul, car à celuy-cy la science fut infuse du Ciel par une voye du tout extraordinaire.

  A010000308 

 O non certes, car en ce temps ceux qui sçavent deux ou trois mots de grec ne veulent point employer d'autre langue, et nos predicateurs, comme le dit tres à propos N. ( sic ), pour peu qu'ils en sçachent, le crachent, pour ainsy parler..

  A010000309 

 Saint Hierosme luy fait une correction non point [110] petite ni en le flattant, mais grande et digne de la genereuse humilité du cœur d'Augustin.

  A010000309 

 Secondement, saint Augustin monstra une grande humilité en se sousmettant à la censure de ses escrits et de sa doctrine, censure faite non seulement par ceux qui luy pouvoyent estre superieurs et esgaux, ce qui est la marque d'une tres profonde humilité, mais encores par ceux qui luy estoyent inferieurs et en sçavoir et en dignité.

  A010000310 

 On le souffriroit peut estre encores de quelqu'un qui nous seroit superieur mais des autres, o non certes!.

  A010000312 

 Il fut certes du tout admirable en cecy, comme on le voit par la sincerité et naïfveté avec laquelle il a escrit le livre de ses Confessions, qu'il fit à la fleur de son aage, et où il raconte non en gros, ains par le menu, toutes ses fautes, ses humeurs, ses habitudes et inclinations vicieuses.

  A010000312 

 Pourquoy cette confession? pour la dire peut estre à l'oreille d'un confesseur? O non, car il l'avoit fait avant d'escrire son livre.

  A010000312 

 Seroit ce point pour la faire voir au peuple de sa contrée ou de son diocese lequel, pour l'estime qu'il avoit de sa sainteté, tiendroit pour rien ces actions de son jeune aage, au prix des vertus qui reluisoyent en luy de ce temps-là? Ou bien peut estre fit-il cette confession pour estre loué des justes qui sçauroyent asseurement contrepointer la conduite qu'il avoit tenue despuis sa conversion avec celle de sa jeunesse? O non, ses Confessions ne s'addressent point à telles sortes de gens.

  A010000312 

 Seroit ce point pour la monstrer à ceux de son temps qui, l'ayant conneu, excuseroyent facilement sa jeunesse, ayant esgard à la beauté de son esprit et aux advantages qu'il avoit receus de la nature? Non certes.

  A010000314 

 Non, mes cheres Sœurs, n'ayez point de pretention ni pour le Ciel ni pour la terre que par les merites du sang et de la mort de nostre Sauveur.

  A010000314 

 Oh! je vous en prie, ne dites point cela, mes cheres Sœurs, si vous voulez estre vrayes filles non seulement de la Vierge, car c'est sous icelle que vous estes erigées, mais encores de saint Augustin, puisque vous estes sous sa Regle..

  A010000315 

 Ne dites point: Voyla un homme qui par ses œuvres aura bien du merite; mais plustost: O que Dieu a fait de grandes graces à cette personne là! O que grande a esté sa misericorde en son endroit! N'ayez point d'autre fin que de chercher la gloire de Dieu, car c'est pour cela que vous estes entrées en Religion, et non pas seulement pour vous retirer du tracas du monde; les philosophes payens faisoyent bien ce renoncement, à fin d'avoir par ce moyen plus de temps pour vaquer à l'estude des sciences humaines.

  A010000315 

 Non point pour meriter davantage, cette fin seroit trop basse.

  A010000315 

 Vous n'y estes pas venues non plus pour devenir plus riches; oh! rien de cela, car c'est icy où l'on se fait pauvre.

  A010000324 

 Or, il vous salue en ces deux qualités a fin que vous appreniez et deveniez non seulement medecineuses et guerisseuses, mais encores peintresses, puisque la profession que vous faites et la Religion où vous estes n'est autre chose, comme disent les anciens Peres, qu'une maladiere, une assemblée de guerisseurs et de gens qui ne font que se medeciner et guerir.

  A010000332 

 L'on trouve peu de personnes qui ayent esté exemptes de chanceler en quelque façon; mais au glorieux saint Luc non, ains on l'a tousjours veu reluire en une admirable constance et esgalité en toutes choses emmi ses entreprises et adversités..

  A010000333 

 Il estoit non seulement medecin mais encores peintre; non point pour en tenir boutique et gaigner sa vie par cette profession, o non, il ne faut pas entendre cela, car estant medecin honnorable il avoit [121] assez de quoy s'entretenir honnorablement.

  A010000334 

 O non, mes cheres Sœurs, ains il la peignit aussi fort soigneusement dans son cœur et dans son esprit.

  A010000335 

 C'est à quoy il est requis d'employer toute une année de noviciat pour se purger et purifier; et non seulement cela, mais encor tout le temps de sa vie, laquelle doit estre une continuelle purgation.

  A010000337 

 Devotion imaginaire et niaise, nullement sortable à leur condition, et tellement meslée d'amour propre, que ces personnes mesmes, non plus que les autres, ne peuvent discerner ce que c'est de cela, et ne sçait-on si l'amour propre est leur devotion ou si leur devotion est amour propre; fantasie et niaiserie, devotion fade, molle, effeminée et propre aux femmes de peu de courage.

  A010000337 

 Il se faut donques purger de telles choses, bien que bonnes en apparence, et s'assujettir à la conduite d'autruy, embrassant la simplicité et l'humilité qui se trouvent parmi les considerations basses des choses ordinaires, et non point se complaire dans les subtiles, excellentes et qui sont au delà de la portée de nos esprits..

  A010000337 

 Secondement, il ne suffit pas au peintre de bien nettoyer sa toile de ce qui est mauvais, mais encores faut-il enlever ce qui est bon; car si on prend une estoffe teinte en quelque couleur, elle ne sera nullement susceptible de la peinture qu'on luy veut donner, non pas mesme quand elle seroit teinte en escarlatte, qui est la couleur la plus douce et unie qui se puisse trouver.

  A010000342 

 O mon Dieu, que de suavités receut ce Saint en son interieur, arrestant sa veuë sur le front de la bienheureuse Vierge; et non seulement sur le front, ains aussi sur tout ce doux et beni visage.

  A010000344 

 Mais il rapporte dans le sien des [128] mysteres plus simples, qui peuvent estre entendus par les Anges et par les hommes, pour nous apprendre que nous devons mediter et considerer ces mysteres simples et humbles, et non ceux qui sont au delà de nostre capacité.

  A010000347 

 On en fait de mesme quand on parle du roy, d'autant qu'on dit: Là estoyent les princes, tout le peuple ou l'armée, puis le roy; mais ce n'est pas que le roy pour estre nommé le dernier soit au dessous des autres, o non, car chacun sçait qu'il est plus que tous; aussi le nomme-t-on tout à part.

  A010000349 

 La fidelité du serviteur se connoist en ce qu'il s'acquitte de ses devoirs en l'absence de son maistre aussi bien que s'il luy estoit present; car voit-on jamais un serviteur, pour negligent qu'il soit, ne point faire ce qu'il doit quand il sçait que les yeux de son maistre sont sur ses mains? Or, ne pas faire ce que l'on fait pour les [131] mains du Maistre, c'est agir par amour et non par crainte de chastiment..

  A010000349 

 Mais quand il leur recommande de ne tenir point les yeux fichés sur les yeux de leur Maistre il n'entend pas qu'ils ne fassent pas ce qu'ils font pour plaire aux yeux de Dieu et pour l'imiter, o non; mais que, lors mesme qu'ils ne seroyent pas regardés de leur Seigneur ils ne devroyent pas laisser de faire ce qui luy est aggreable.

  A010000354 

 Mais, comme les anciens Peres remarquent, lors que la divine Majesté eut separé la Mesopotamie et fait le paradis terrestre, il crea l'homme, puis il tira une de ses costes et en fit la femme; et regardant par apres tout son ouvrage, il le trouva non seulement bon, ains plus que tres bon.

  A010000355 

 Or, la sainte Eglise qui non seulement est espouse de Nostre Seigneur, mais encores son imitatrice, se voulant en tout et par tout conformer à luy, celebre les festes des Saints avec un playsir admirable.

  A010000356 

 Ne pensez pas que ce soyent les miracles et les vocations speciales qui ont rendu saints tous ceux qui sont en Paradis; o non certes, car il est vray qu'il y en a un nombre infini qui ont esté ignorés en cette vie, qui n'ont point fait de prodiges et dont on ne fait aucune mention sur la terre, lesquels neanmoins sont au dessus de ceux qui ont operé beaucoup de merveilles et qui ont esté et sont honnorés parmi l'Eglise de Dieu.

  A010000360 

 Or est-il que ces Esprits bienheureux, les Cherubins, les Seraphins et tous les autres Anges nous aymans souverainement, non seulement nous desirent, ains aussi nous procurent les celestes faveurs, poussés par le motif de la charité; car l'amour du prochain procedant et naissant de l'amour de Dieu comme de sa source et origine, il s'ensuit que du grand amour des Bienheureux envers nostre Sauveur et Maistre procede un desir tres ardent qu'il nous donne et departe sa grace en ce monde et sa gloire en l'autre.

  A010000370 

 Les Saints au Ciel ne cessent, comme nous avons dit, de desirer et demander que nous jouissions du fruit de nostre Redemption, et que par ce moyen nous arrivions à la felicité qu'ils possedent; ils sont poussés à ce faire par cette charité vraye et non envieuse qui n'a d'autre objet que la gloire de Dieu; de là vient qu'ils souhaittent que nous la possedions.

  A010000370 

 Nous en devons faire de mesme à l'endroit de nostre prochain, nous employant à son service et l'aydant à se sauver avec une charité non point envieuse ni jalouse, mais qui regarde Dieu seul, n'ayant point d'autre pretention que de le glorifier..

  A010000374 

 Par consequent aucune creature, non pas mesme la sacrée Vierge, quelles que soyent les prieres qu'elle fasse, ne peut parvenir à la gloire sinon par la Mort et Passion de Nostre Seigneur qui nous l'a achetée et meritée par icelle.

  A010000379 

 Et le monde ne dit-il pas tout au rebours? Ne va-t-il pas constituant son bonheur en tout ce qui est contraire aux preceptes de l'Evangile? C'est pourquoy Nostre Seigneur considerant cette statue, non point en songe comme Nabuchodonosor, ains en verité, et voyant qu'elle n'avoit que des pieds de terre, c'est à sçavoir que tout ce que ce siecle prise n'est fondé que sur des choses perissables et transitoires, il jetta, comme nous avons dit, cette pierre des huit beatitudes auxquelles est enclose toute la perfection chrestienne..

  A010000379 

 Oh! [144] que telles sortes de gens sont à plaindre! En fin le Sauveur continue: Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice; bienheureux non seulement ceux qui font justice, mais encor qui sont persecutés pour la justice mesme.

  A010000398 

 Dès l'instant de son Incarnation il fut rempli de toutes sortes de graces et benedictions quant au corps et quant à l'ame par cette estroitte union de l'humanité avec la Divinité, à cause dequoy il fut non seulement comblé de la plenitude des graces, mais son ame fut encores toute glorieuse, jouissant de la claire vision de Dieu, de maniere qu'il n'avoit aucun besoin de s'assujettir à la loy de la circoncision, et neanmoins il n'a pas voulu laisser de s'y sousmettre.

  A010000398 

 Nostre divin Sauveur n'avoit point besoin d'estre circoncis, car non seulement il estoit Legislateur, mais il n'avoit point de tache ni de rouille de peché; il estoit Fils de Dieu, et par consequent tres saint et sans macule.

  A010000404 

 La seconde remarque que je fais est que c'estoit une circoncision et non pas une incision.

  A010000404 

 Or, il faut que je vous dise cecy comme par maniere de preface: tous sont obligés de faire la circoncision, mais differemment, non pas esgalement; car les ecclesiastiques, Prestres, Evesques, Religieux et Religieuses ont une particuliere obligation à la faire et d'une façon toute autre que ceux qui vivent dans le monde, d'autant qu'ils sont plus specialement dediés à Nostre Seigneur..

  A010000406 

 Je dis toute, et non pas seulement une partie d'icelle; c'est pourquoy celuy qui n'aura fait qu'une incision, qui se sera contenté d'observer un commandement ou deux, retranchant la mauvaise coustume qu'il avoit d'y contrevenir, sans se soucier de circoncire les habitudes vicieuses qui le rendent refractaire aux autres preceptes de Dieu, il sera damné.

  A010000406 

 Voyla donc comme il est necessaire qu'un chacun fasse la circoncision spirituelle, non pas tous esgalement et en une mesme façon; mais tous generalement doivent couper et aller avec le couteau non seulement en un lieu, comme ceux qui incisent, ains tout à l'entour, gardant et observant la loy entiere sans en rien omettre.

  A010000407 

 Il se trouve encores aujourd'huy des Religieux et Religieuses qui font cet examen deux fois le jour, à fin de voir et reconnoistre en quel estat est leur cœur, pour puis apres racler avec le couteau de la circoncision tout ce qui est superflu et dangereux; et non seulement ce qui est malade, mais ce qui peut causer quelque petite incommodité ou empeschement en la vie spirituelle.

  A010000407 

 Nous la devons prattiquer non seulement en la façon que font les seculiers, mais encor en une autre maniere à laquelle ils ne sont pas tenus parce qu'ils n'ont pas comme nous les moyens propres à [153] cela, et aussi parce qu'ils ne sont pas si particulierement dediés à Nostre Seigneur.

  A010000407 

 Voyla pourquoy la Religion est appellée une maladiere et hospital auquel on guerit non seulement les maladies perilleuses et mortelles, ains encores les petites et non dangereuses.

  A010000408 

 C'est donc là où l'on jouira, et non en cette vie où il faut souffrir et se circoncire.

  A010000410 

 O non certes, car ce sont des passions naturelles, qui ne sont point peché en elles mesmes.

  A010000412 

 Or, nostre Sauveur, qui se vouloit en tout et par tout conformer aux autres et s'assujettir à la Loy sans aucune exception, voulut aussi estre circoncis non de soy mesme mais par la main d'autruy, et quelle qu'elle fust.

  A010000415 

 Voyez-vous que c'est de l'esprit humain: elle alla non seulement pour regarder, mais certes aussi, comme je crois, pour estre regardée des autres, car elle estoit belle et elle le sçavoit bien.

  A010000416 

 Il n'en est pas ainsy de l'amour de Dieu, car il persevere et ne sort jamais de l'ame où il est une fois entré, laquelle il va unissant et liant avec la divine Majesté, non pour deux ou trois jours comme l'amour mondain, mais pour l'eternité.

  A010000418 

 O Dieu, [159] serons-nous si couards et si lasches de cœur, nous autres, que de fuir nostre circoncision spirituelle, voyant aujourd'huy nostre cher Sauveur s'assujettir à la loy de la mesme circoncision pour nous en donner l'exemple? En respandant son sang il nous semond non point à verser le nostre, mais seulement à respandre nos cœurs et nos esprits devant luy.

  A010000418 

 Quoy, souffrirons-nous qu'il nous invite à cette circoncision interieure, non pour son proffit et playsir mais pour nostre bien, salut et utilité, et refuserons-nous apres cela de faire ce qu'il nous demande? Aurons-nous bien le courage de voir ce peuple de Sichem se sousmettre à une si rude loy uniquement pour donner de la satisfaction au fils du Roy, et nous, d'estre si poltrons et couards que de ne vouloir assujettir nos esprits à des choses si faciles et aysées?.

  A010000419 

 Aussi Nostre Seigneur, se faisant Sauveur et Redempteur des hommes, commence, en prenant ce nom, à payer nos dettes non d'autre monnoye que de son sang pretieux.

  A010000429 

 Cependant Dieu a esté fait semblable à nous autres hommes en esgalité de substance et de nature, mais non pas en esgalité de perfection, car en cela il nous surpasse infiniment..

  A010000432 

 Le sacré corps de Nostre Seigneur ne fut pas spirituel, non plus que ceux des autres hommes, bien qu'il fust plus noble et excellent que les nostres, n'ayant point esté conceu par œuvre d'homme, mais du Saint Esprit, lequel print pour le former le plus pur sang de la Vierge; de sorte qu'en verité ce corps est esgal aux nostres quant à la substance.

  A010000433 

 Quand donc je dis que la Divinité s'attacha d'abord à l'ame de Nostre Seigneur, il ne faut pas s'imaginer qu'elle s'unit à icelle deux ou trois heures avant que de se joindre à son corps sacré; o non, car tout ainsy que le corps de nostre Sauveur fut formé le premier, aussi ne demeura-t-il pas un moment sans estre uni à l'ame.

  A010000435 

 Comment donc va-t-elle aujourd'huy au Temple pour se purifier? Certes, jusqu'à cette heure-là toutes les femmes qui devenoyent meres estoyent souillées, ce qui estoit une des consequences du peché originel; c'est pourquoy non seulement elles, mais aussi les enfans qui naissoyent en peché avoyent besoin de cette purgation, laquelle ils recevoyent en une façon bien rigoureuse.

  A010000435 

 Mais ce divin Enfant, non plus que sa Mere, n'avoit point besoin de purification, car non seulement il n'avoit aucun peché, ains ce qui est davantage, il n'en pouvoit point avoir; il estoit impossible que le peché se trouvast en luy, en luy, dis-je, qui estoit venu pour le destruire; luy mesme l'a protesté.

  A010000435 

 Or, le Fils n'en estant point souillé, la Mere ne l'estoit pas non plus; car bien qu'il ne fust pas impossible que la Vierge n'eust quelque coulpe, et qu'estant née de pere et de mere elle en eust peu estre entachée comme les autres enfans, neanmoins il n'eust pas esté seant que la mere d'un tel Fils eust esté souillée du peché originel.

  A010000437 

 Ils n'avoyent aucune repugnance ni aversion au bien, aucun appetit ni inclination au mal; tout estoit paisible et tranquille, ils jouissoyent d'une douceur et suavité nompareille; ils vivoyent avec une pureté et innocence tres grande, non pas en une pureté et innocence simple, mais revestue de la grace.

  A010000443 

 La seconde tentation ou le second degré de la tentation de desobeissance (j'en pensois dire trois, mais je ne parleray que de deux) est le mespris non seulement du [174] commandement, ains aussi de celuy qui commande.

  A010000444 

 Je sçay bien que l'on peut avoir des degousts et des aversions non seulement pour le commandement, ains encor pour ceux qui commandent; mais de dire quelque chose ou d'entretenir les pensées que ces degousts et repugnances fournissent, c'est ce qu'il ne faut jamais faire.

  A010000444 

 Voyez-vous comme ces paroles ressentent le mespris? car Dieu leur avoit non seulement signifié qu'ils n'eussent point à manger de ce fruit de peur d'encourir la mort, ains il leur avoit declaré tout clairement que [175] s'ils en mangeoyent ils mourroyent.

  A010000445 

 Les uns ayment la discipline, les autres la haire; qui voudra faire les choses de conseil et non celles de commandement; tel voudra jeusner le jour de Pasques, que l'Eglise ne commande pas, et ne voudra pas jeusner le jour des Cendres.

  A010000445 

 Mais nostre nouvelle Eve, à sçavoir la sacrée Vierge, aymoit, comme nous avons desja dit, non seulement le commandement, ains aussi Celuy qui l'avoit fait, c'est pourquoy elle s'en alla en Hierusalem pour se purifier, combien qu'elle ne fust point sujette à la loy de la purification.

  A010000445 

 Neanmoins il se trouve parmi les Chrestiens des heresies, non point certes telles que celles des heretiques qui sont hors de l'Eglise; cependant il y a des Chrestiens qui le veulent bien estre, et qui malgré cela ne veulent obeir qu'aux commandemens qu'ils affectionnent.

  A010000448 

 Or dites-moy, je vous prie, lequel estimez-vous estre le plus heureux, ou saint Ignace qui fut porté entre les bras de Nostre Seigneur, ou saint Simeon le juste qui le porta entre les siens? Dites-moy ce que vous aymeriez le mieux, ou d'estre portées par ce cher Sauveur comme saint Ignace, ou de le porter entre vos bras comme fit Simeon? Certes, tous deux sont bien heureux, et saint Ignace d'estre manié et porté non point où il veut mais où il plaist à Nostre Seigneur, et saint Simeon de porter entre ses bras Celuy qui luy causa tant de contentement qu'il respandit sur ce divin Seigneur une abondance de larmes de douceur et de consolation.

  A010000449 

 Ce sont icy toutes les affections de Dieu, sur lesquelles nous devons marcher, suivant non seulement ses preceptes, mais encores ses intentions au plus pres que nous pourons.

  A010000450 

 Combien que son joug soit doux, si ne faut-il pas pourtant que nous croyions devoir estre exempts de souffrir; o non, mais il faut, comme saint Christophe, porter Nostre Seigneur sur nos espaules, endurant tout ce qu'il luy plaist, comme il luy plaist et autant de temps qu'il luy plaist, nous abandonnant totalement à sa Providence eternelle, pour nous laisser conduire et gouverner selon sa tres sainte volonté.

  A010000457 

 Les anciens philosophes le gardoyent [181] et le recommandoyent: ce n'est pas qu'ils fussent vertueux pour cela, ni qu'ils pratiquassent une vertu en jeusnant, o non, puisque le jeusne n'est vertu sinon entant qu'il est accompagné des conditions qui le rendent aggreable à Dieu; de là vient qu'il proffite aux uns et non aux autres parce qu'il n'est pas fait esgalement de tous.

  A010000459 

 Si je vous rapporte les paroles de saint Bernard touchant le jeusne, vous sçaurez non seulement pourquoi il est institué, mais encores comme il se doit garder..

  A010000460 

 Mais, adjouste ce glorieux Saint, comme ce n'est pas nostre bouche seule qui a peché, ains encor tous nos autres sens, il est requis que nostre jeusne soit general et entier, c'est à dire que nous fassions jeusner tous les membres de nostre corps; car si nous avons offensé Dieu par les yeux, par les oreilles, par la langue et par nos autres sens, pourquoy ne les ferons-nous pas jeusner? Et non seulement il faut faire jeusner les sens du corps, ains aussi les puissances et passions de l'ame, ouy mesme l'entendement, la memoire et la volonté, d'autant que l'homme a peché par le corps et par l'esprit.

  A010000462 

 Et non contens de faire jeusner le corps de la sorte, ils faisoyent jeusner l'esprit et toutes les puissances de l'ame.

  A010000462 

 Ils prattiquoyent en ce temps de grandes et aspres penitences par lesquelles ils matoyent leur corps et faisoyent jeusner tous les membres d'iceluy, et cela d'une franche liberté, non point forcée ni contrainte.

  A010000464 

 Et qu'est-ce que jeusner par sa propre volonté? C'est jeusner comme on veut, et non point comme les autres veulent; jeusner en la façon qui nous plaist, et non point comme on nous l'ordonne et conseille.

  A010000465 

 Vous trouverez des femmes qui veulent jeusner tous les samedis de l'année et non le Caresme; elles veulent jeusner à l'honneur de Nostre Dame et non à celuy de Nostre Seigneur, comme si Nostre Seigneur et Nostre Dame ne tenoyent pas rendu à l'un le culte qui est deferé à l'autre, et qu'en honnorant le Fils par le jeusne fait à son intention l'on ne contentast pas [186] la Mere, ou qu'en honnorant la Vierge l'on n'aggreast pas au Sauveur.

  A010000467 

 Mais quand Nostre Seigneur dit: Faites vostre jeusne en secret, il veut entendre: Ne le faites point pour estre veus ni estimés des creatures, ne faites point vos œuvres pour les yeux des hommes; soyez soigneux de les bien edifier, mais non pas à fin qu'ils vous estiment saints et vertueux.

  A010000467 

 Nostre divin Maistre n'entend pas par cecy que nous ne nous devons point soucier de l'edification du prochain; o non, car saint Paul dit: Que vostre modestie soit manifeste à tous.

  A010000469 

 Dieu luy inspira cette retraitte si extraordinaire à fin de rendre recommandables les deserts qui estoyent pour lors inhabités et qui par apres devoyent estre habités par tant de si saints Peres; mais ce n'estoit pourtant pas à fin que chacun suivist saint Paul, ains seulement pour qu'il fust un mirouer et prodige de vertus, digne d'estre admiré et non imité de tous.

  A010000469 

 Oh! que l'on ne m'apporte point cela, car ce qu'a fait saint Paul a esté par une inspiration particuliere, laquelle Dieu veut estre admirée mais non Imitée de tous.

  A010000469 

 Que l'on ne me rapporte point non plus un saint Simeon Stylite lequel demeura quarante quatre ans sur une colonne, luisant chaque jour deux cens actes d'adoration par des [189] genuflexions; car il agissoit de la sorte, aussi bien que saint Paul, par une inspiration toute particuliere, Dieu voulant faire voir en iceluy un miracle de sainteté, et comment les hommes sont appellés et peuvent mener en ce monde une vie toute celeste et angelique..

  A010000470 

 O non, dit saint Augustin, ne paroissez point plus vertueux que les autres, contentez-vous de faire ce qu'ils font; accomplissez vos bonnes œuvres en secret et non pour les yeux des hommes.

  A010000472 

 Voyez-vous, ces anciens Religieux gaignoyent leur vie du travail de leurs mains, ils s'employoient non point à ce qu'ils vouloyent ou aymoyent, mais ouy bien à ce qu'on leur ordonnoit; ils exerçoyent leur corps par letravail manuel, et l'esprit par la priere et oraison, joignant ainsy l'action avec la contemplation.

  A010000474 

 (Plusieurs Saints en faisoyent un si grand estât qu'ils ne se couchoyent jamais sans en avoir leu un chapitre pour recueillir leur esprit en Dieu.) Il dit donc: Que te proffitera-t-il de faire ce que tu fais pour les yeux des creatures? Rien que vanité et complaisance, qui ne sont bonnes que pour l'enfer; mais si tu accomplis ton jeusne et toutes tes œuvres pour plaire à Dieu seul, tu travailleras pour l'eternité, sans te complaire en toy mesme, ni te soucier si tu es veu ou non des hommes, d'autant que ce que tu fais n'est pas pour eux, et que ce [192] n'est point d'eux que tu attens ta recompense.

  A010000474 

 Il faut donc faire nostre jeusne en humilité et en verité et non en mensonge et hypocrisie, c'est à dire pour Dieu et pour aggreer à luy seul..

  A010000475 

 O non, car nul n'ignore que les enfans n'y sont point tenus, ni les personnes de soixante ans..

  A010000493 

 Bref, qu'elle y pensast ou non, ce jeune prince David commençant à laisser jouer ses yeux la regarda, et par apres perit en la tentation qu'il avoit recherchée par son oysiveté et faineantise.

  A010000497 

 Non autres, mes cheres ames, sinon celles dont parle le Psalmiste dans le Psalme que nous recitons tous les jours à Complies: Qui habitat in adjutorio Altissimi, dans lequel nous apprendrons une doctrine admirable.

  A010000497 

 Non, ni les craintes nocturnes, car vous n'y tresbucherez point; ni les sagettes qui volent en l'air en plein jour, car elles ne vous sçauroyent offencer; ni les negociations qui se font en la nuit, ni moins l'esprit qui marche et se monstre en plein midy..

  A010000498 

 Non, n' allons point de nous mesmes au devant de la tentation par aucune presomption d'esprit, ains seulement repoussons-la quand Dieu permet qu'elle nous attaque et qu'elle nous vienne chercher où.

  A010000499 

 Nostre divin Maistre ne pouvoit avoir la foy, d'autant qu'il possedoit en la partie superieure de son ame, dès l'instant qu'elle commença d'estre, une connoissance parfaite des choses que la foy nous enseigne; cependant il voulut se servir de cette vertu pour rembarrer l'ennemy, non pour autre rayson, mes cheres ames, sinon pour nous enseigner tout ce que nous avions à faire.

  A010000499 

 Tout de mesme qu'un homme qui seroit vestu du haut en bas de fin acier ne pourroit en façon quelconque estre offencé par les coups de pique, d'autant qu'elle glisseroit de part et d'autre sans seulement esgratigner les armes; ainsy la tentation pouvoit bien environner Nostre Seigneur, mais non jamais entrer en luy ni faire aucune lesion à son integrité et à sa parfaite pureté.

  A010000501 

 Les paresseux et couards apprehendent tout et trouvent toutes choses dures et difficiles, et cela parce qu'ils s'amusent plus à penser à la niaise et lasche imagination qu'ils se sont forgée de la difficulté future, que non pas à ce qu'ils ont presentement à faire.

  A010000503 

 Mais Nostre Seigneur ne veut point de ces guerriers en son armée, il veut des combattans et des vainqueurs, et non pas des faineans et des couards; il a voulu estre tenté et attaqué luy mesme pour nous donner exemple..

  A010000507 

 O Dieu, qu'il fut bien trompé quand il se vit si lasche et craintif en l'execution de ses promesses au temps de la Passion de son Sauveur! Il eust bien mieux valu au pauvre saint Pierre de se tenir en humilité et de s'appuyer sur les forces de Nostre Seigneur, que non pas de se confier vainement en la ferveur qu'il sentoit pour lors..

  A010000510 

 Ce qu'il fit non seulement ces trois fois dont l'Evangile fait mention, ains plusieurs autres durant les quarante jours qu'il demeura au desert; mais les Evangelistes se sont contentés de marquer ces trois, comme estans les plus grandes et les plus signalées..

  A010000515 

 Ne pensez pas non plus que la Magdeleine eust la jouissance de cette tant aymable contemplation qui la tenoit en un si doux repos avant d'avoir passé par des espineuses difficultés, par la voye d'une aspre penitence et avant d'avoir avalé les amertumes d'une confusion tres grande; car allant chez le Pharisien pour pleurer ses pechés et en obtenir le pardon elle souffrit les murmures que l'on faisoit contre elle, la mesestimant et nommant pecheresse et femme de mauvaise vie.

  A010000515 

 Ne pensez pas non plus vous rendre dignes de recevoir ces divines suavités et consolations, ni d'estre eslevées par les Anges comme elle l'estoit plusieurs fois le jour, si vous ne voulez premierement souffrir avec elle les confusions, les mespris et censures que meritent tres bien nos imperfections, lesquelles nous exerceront de temps à autre, veuillons-nous ou non; car cette regle est generale, que nul ne sera si saint en cette vie qu'il ne soit sujet à en commettre tousjours quelqu'une..

  A010000516 

 Que Dieu nous face part ou non de ses consolations, il faut nous tenir sousmis à sa tres sainte volonté qui doit estre la maistresse et conductrice de nostre vie; apres quoy nous n'avons rien à desirer..

  A010000517 

 Mais il passe plus outre, et dit qu'il ne craindra non plus les sagettes qui volent en plein jour; et cecy est le quatriesme document que je tire du Psalme sus allegué.

  A010000517 

 Ne voyla pas de belles esperances, lesquelles nonobstant leur vanité ne laissent pas de consoler beaucoup ceux qui les ont? Mais d'autant plus que ces [209] esperances et pretentions portent à la joye du cœur tandis qu'il y a lieu d'esperer, plus aussi la douleur des effects contraires apporte de la tristesse à ces esprits si fervens; car se voyant estre non pas des saints comme ils pensoyent, ains au contraire des creatures prou imparfaites, ils se trouvent bien souvent descouragés à la poursuite de la vraye vertu qui conduit à la sainteté.

  A010000519 

 Les avares ne peuvent non plus dormir, ains sont tousjours apres à resver quels moyens ils pourront tenir pour accroistre leurs biens et remplir leur bourse.

  A010000520 

 Or, je ne parle pas de ceux qui sont eslevés non pas par leur election mais par leur sousmission l'obeissance qu'ils doivent à Dieu et à leurs Superieurs; car ceux-là n'ont rien à craindre, non plus que Joseph en la maison de Putiphar, parce que si bien ils sont au lieu de la tentation ils n'y periront point.

  A010000521 

 Les avares spirituels sont ceux qui ne sont jamais rassasies d'embrasser et rechercher beaucoup d'exercices de piete pour parvenir tant plus tost à la perfection, disent ils; comme si la perfection consistoit en la multitude des choses que nous faisons, et non pas en la perfection avec laquelle nous les faisons.

  A010000522 

 Hé, pauvres gens, qui ne voulez pas qu'il y ayt aucun plus saint que vous, que ne vous contentez-vous de vostre sainteté telle que vous la pouvez avoir, non pas faisant un si grand amas d'exercices, mais en pratiquant bien, et le plus parfaittement possible, ceux auxquels vostre condition et vocation vous oblige.

  A010000523 

 Elle ne voudroit pas que personne vinst troubler son repos, lequel en fin se termine en une vaine complaisance qu'elle prend en iceluy; car elle admire la bonté de Dieu, mais en elle et non pas en Dieu, la suavité de Dieu, mais en elle mesme.

  A010000523 

 La solitude est une chose fort desirable en ce temps là, ce luy semble, pour jouir à souhait de la divine presence sans divertissement quelconque; mais elle la souhaitte non point pour la gloire de Dieu, ains pour la satisfaction qu'elle ressent en recevant en elle ces douces caresses et saintes douceurs qu'elle voit provenir de ce cœur bien aymé du Sauveur..

  A010000525 

 Ces quarante jours, ainsy que nous disions tantost, representent la vie du Chrestien et d'un chacun de nous: ne desirons donques point ces consolations qu'au bout de nostre vie, mais [213] amusons-nous à nous tenir fermes pour resister aux rudes attaques de nos ennemis, car, veuillons-nous ou non, nous serons tentés.

  A010000526 

 Nous n'apprehenderons pas non plus les craintes nocturnes qui sont de trois sortes, ni moins les vaines esperances d'estre ou vouloir estre des saints dans trois moys.

  A010000538 

 Elles sont belles parce qu'elles sont vrayes, car la beauté n'est point sans la verité, ni la verité sans beauté; aussi les beautés qui ne sont point veritables ne sont non plus point belles, d'autant qu'elles sont fausses et mensongeres..

  A010000538 

 En nostre homme exterieur, la bonté est convoitée par nostre concupiscence et la beauté est aymée par nos yeux; de mesme prend-il de l'homme interieur à l'esgard des verités de la foy, lesquelles estans bonnes, douces et veritables, sont non seulement aymées et affectionnées par la volonté, ains encores prisées par l'entendement à [215] cause de la beauté qui se trouve en icelles.

  A010000538 

 Et d'abord, quand le Sauveur dit: Femme, que ta foy est grande, estoit-ce que la foy de cette femme fust plus grande que la nostre? O non quant à l'objet, parce que la foy a pour objet les verités revelées de Dieu ou de l'Eglise, et elle n'est autre chose qu'une adhesion que nostre entendement fait à ces verités qu'il trouve belles et bonnes.

  A010000545 

 Or, quand on dit que cette foy est grande l'on ne veut pas signifier qu'elle a quatorze ou quinze aunes de long; o non, il ne faut pas entendre comme cela.

  A010000547 

 Mais la foy veillante fait non seulement de bonnes operations comme la vivante, ains elle penetre et comprend avec subtilité et promptitude les veités revelées; elle est active et diligente à rechercher et embrasser ce qui la peut aggrandir et fortifier; elle veille et apperçoit de fort loin tous ses ennemis; elle est tousjours aux aguets pour descouvrir le bien et eviter le mal; elle se garde de ce qui pourroit servir à sa ruine, et, comme veillante, elle marche fermement et s'empesche aysement de tomber en des precipices..

  A010000548 

 Sa force est si grande qu'elle ne redoute rien, parce que non seulement elle est forte, mais parce qu'elle connoist cette force et sur quoy elle est appuyée, qui est la Verité mesme.

  A010000549 

 Elle employe la prudence pour acquerir ce qui la peut fortifier et augmenter; elle ne se contente pas de croire toutes les verités revelées par Dieu et declarées par [220] l'Eglise, ce qui necessaire pour estre sauvé, mais elle veille pour, de plus en plus, en descouvrir de nouvelles; et non seulement cela, ains aussi les penetre à fin d'en tirer le suc et la moelle dont elle se nourrit, se delecte, s'enrichit et s'aggrandit.

  A010000550 

 [221] Ils monstrent bien par là qu'ils ne travaillent pas pour eux, ains pour l'amour qu'ils portent à leur maistre; car ils employent toute leur prudence non seulement à remplir leur devoir envers iceluy, mais encores à faire tout ce qu'ils descouvrent luy aggreer.

  A010000551 

 Or, la foy veillante n'agit pas ainsy; elle sert Dieu non en serviteur mercenaire, mais fidelle, car elle employe toute sa force, prudence, justice et temperance à faire tout ce qu'elle sçait et connoist estre aggreable à nostre Seigneur et Maistre.

  A010000554 

 O femme, que ta foy est grande, non seulement à cause de cette attention avec laquelle tu oys et crois ce que l'on dit de Nostre Seigneur, mais encores à cause de l'attention avec laquelle tu le pries et luy presentes ta requeste.

  A010000554 

 Un voluptueux tout de mesme; car bien qu'il escoute, ce semble, ce dequoy l'on devise, nean moins il ne se resouviendra de rien parce qu'il est plus attentif à sa volupté que non pas à ce dont on discourt.

  A010000558 

 Et ne disoit-elle rien autre chose? Non, elle n'avoit d'autres paroles en la bouche que celles cy, et persevera à s'en servir tout le temps qu'elle cria apres Nostre Seigneur.

  A010000561 

 Et la ferons-nous chaque jour, n'en ferons-nous point d'autre? Non, je ne dis pas cela; mais Dieu ne vous en enjoint point d'autre.

  A010000561 

 Je sçay bien que ce mal l'ait de diversifier ses oraisons et meditations, car l'Eglise mesme nous l'enseigne en la varieté de ces Offices; mais outre ces prieres là, vous en ferez une quotidienne, laquelle il faut reciter non seulement apres Laudes, Prime et Vespres, ains souventefois le jour.

  A010000566 

 Mais comme est-ce donques que se doit entendre que Nostre Seigneur est venu pour les Gentils aussi bien que pour les Juifs? Voyez-vous, c'est que, comme il estoit venu pour marcher sur ses propres pieds parmi les enfans d'Israël, il devoit marcher sur les pieds de ses Apostres parmi les Gentils; il devoit guerir leurs malades non de ses propres mains mais par celles des Apostres, leur prescher sa doctrine mais par la bouche de ses Apostres, retrouver la brebis esgarée mais par le moyen et le labeur de ses Apostres.

  A010000567 

 J'adjousteray encores ce mot en passant, puisqu'il me vient dans l'esprit: les confesseurs seroyent bien heureux s'ils pouvoyent tousjours faire confesser à leurs penitens qu'ils sont pecheurs; mais non, encores qu'on leur monstre leurs fautes et que l'on s'essaye de leur faire [231] advouer qu'ils ont tort, bien souvent ils ne le veulent ni ne le peuvent croire.

  A010000567 

 Quant à nostre Chananée, non seulement elle ne s'offença pas pour se voir appellée chienne, mais elle le creut, le confessa et ne demanda que ce qui appartenoit aux chiens; en quoy elle fit paroistre une admirable humilité qui merita d'estre louée de la bouche de Nostre Seigneur, ce qu'il fit disant: O femme, que ta foy est grande! soit fait comme tu veux; et en louant sa foy, il loua toutes les autres vertus qui l'accompagnoyent..

  A010000577 

 verba quœ non licet homini loqui..

  A010000590 

 De mesme en est-il, mes cheres ames, de ce que nous pouvons dire sur la grandeur de la felicité eternelle et des beautés et amenités dont le Ciel est rempli; car il y a encores plus de proportion entre la lumiere d'une lampe avec la clarté de ces grans luminaires qui nous esclairent, entre la beauté de la feuille ou du fruit d'un arbre et l'arbre mesme chargé de fleurs et de fruits tout ensemble, entre tout ce que cet enfant comprend de ce que sa mere luy dit et la verité mesme des choses dont elle parle, que non pas entre la lumiere du soleil et la [234] clarté dont jouissent les Bienheureux en la gloire; entre la beauté d'une prairiediaprée au printemps et la beauté de ces campagnes celestes, entre l'amenité de nos colines chargées de fruits et l'amenité de la felicité eternelle.

  A010000592 

 Je responds que non seulement elles le peuvent comme auparavant, mais beaucoup plus parfaitement.

  A010000594 

 Par exemple, nostre entendement verra, considerera et entendra non seulement une chose à la fois, ains plusieurs ensemble; nous aurons plusieurs attentions, sans que l'une nuise à l'autre.

  A010000597 

 Et pourquoy cela? Non pour autre rayson, mes cheres Sœurs, sinon parce que tout est parfait et consommé dans le Ciel et en la beatitude eternelle..

  A010000599 

 Je ne parleray pas non plus de l'eternité de cette gloire des Saints, mais seulement d'une certaine gloire accidentelle qu'ils reçoivent en la conversation qu'ils ont par ensemble.

  A010000608 

 Quelle delectation admirable pour un chacun des Bienheureux quand ils verront dans ce cœur tres sacré et tres adorable les pensées de paix qu'il faisoit pour eux et pour nous à l'heure mesme de sa Passion! pensées qui nous preparoyent non seulement les moyens principaux de nostre salut, mais aussi tous les divins attraits, inspirations et bons mouvemens desquels ce tres doux Sauveur se vouloit servir pour nous attirer à la suite de son tres pur amour.

  A010000610 

 Non seulement il y aura conversation et entretien entre les Personnes divines, ains encores entre Dieu et les hommes.

  A010000611 

 Et poursuivant elle adjoustera: Meilleur est sans nulle comparaison le lait qui coule de ses cheres mammelles que non pas tous les vins les plus delicieux, et le reste.

  A010000611 

 Quelles divines extases, quels embrassemens amoureux entre la souveraine Majesté et cette chere amante quand Dieu luy donnera ce bayser de paix! Cela sera pourtant ainsy, et non pas avec une amante seule, ains avec un chacun des citoyens celestes, entre lesquels se fera un entretien admirablement aggreable des souffrances, des peines et des tourmens que Nostre Seigneur a endurés pour un chacun de nous durant le cours de sa vie mortelle, entretien qui leur causera une consolation telle que les Anges, au dire de saint Bernard, n'en sont pas capables; car si bien Nostre Seigneur est leur Sauveur et qu'ils ayent esté sauvés par sa mort, il n'est pourtant pas leur Redempteur, d'autant qu'il ne les a pas rachetés, ains seulement les hommes.

  A010000618 

 Les damnés seront contraints de confesser, comme l'escrit saint Denis l'Areopagite, que c'est par leur faute et non par celle de la grace qu'ils ont esté precipités et condamnés aux flammes eternelles, parce qu'ils ont manqué à la grace et non point parce qu'elle leur a manqué; ce qu'ils connoistront fort clairement, et cette connoissance accroistra de beaucoup leurs tourmens..

  A010000620 

 Ce n'est pas que celuy cy n'y fust aussi tenu, mais d'autant que le riche avoit esté favorisé de beaucoup plus de biens que non pas l'autre, il avoit par consequent plus de devoir de servir son Seigneur.

  A010000624 

 Luy, le plus sage de tous les hommes, à qui Dieu avoit si amplement donné son Esprit, sa sapience et la connoissance de toutes choses, luy qui penetroit jusques au centre de la terre, traittant si hautement de tout ce qui s'y trouve, et qui montoit jusques au cedre du Liban, luy qui parloit avec tant de sagesse non seulement des choses corporelles et materielles mais encores des spirituelles! Ce qui se voit en cet admirable Livre de l'Ecclesiaste et en celuy de ses Proverbes qui sont tout remplis de sentences pleines d'une sapience telle que nous voyons clairement que personne n'en a jamais esté doué comme Salomon.

  A010000626 

 Chose estrange que dans l'Eglise triomphante (non pas triomphante pour lors, mais angelique), parmi des esprits si purs, doués d'une si noble et excellente nature, parmi une si sainte compagnie où il n'y avoit aucune occasion de peril, sans tentation ni suggestion des esprits malins, car il n'y en avoit point encores, il y ayt eu un si petit nombre d'Anges qui ayent perseveré, et que la troisiesme partie se soit revoltée contre Dieu et ayt esté precipitée dans les enfers! Chose espouvantable aussi que Judas, qui avoit esté appellé du Sauveur mesme à l'apostolat, ayt commis un si execrable peché et une si estrange trahison que de vendre son Maistre au temps qu'il alloit en sa compagnie, qu'il oyoit sa parole et qu'il voyoit les œuvres merveilleuses [253] qu'il faisoit! Ce sont des exemples qui doivent faire trembler toutes sortes de personnes, de quel estat, condition ou vocation qu'elles soyent..

  A010000626 

 Or, ceux qu'il a placés en quelque bonne et sortable vocation ont un grand sujet de le louer et remercier, il est vray, car ils ont receu un singulier benefice d'estre separés de la compagnie des meschans et associés avec les bons; mais sont-ils hors de danger? O non.

  A010000628 

 Hé quoy, dit la prudence humaine, le ciel, la terre et par consequent tout ce qui se trouve en icelle, n'est-il pas fait pour l'homme, et Dieu ne veut-il pas que nous en usions? Il est vray que Dieu a creé le monde pour l'homme avec intention qu'il usast des biens qu'il trouveroit en iceluy, mais non point à fin qu'il en jouist comme si c'estoit sa fin derniere.

  A010000628 

 Il crea le monde avant que de creer l'homme, car il luy voulut preparer un palais, une mayson et demeure clans laquelle il se peust loger; ensuite il le declara maistre de tout ce qui est en iceluy, luy permettant de s'en servir, mais non pas en telle sorte qu'il n'eust point d'autre pretention, car il l'avoit creé pour une fin plus haute qui est luy mesme.

  A010000633 

 Or, ce ineschant homme Judas (pour ne parler que de luy et laisser à part le mauvais riche) estoit grandement avaricieux et cupide d'amasser de l'argent, mais non pas seulement ce qui estoit requis pour l'entretenement de Nostre Seigneur et de ses Apostres, car il leur failloit peu de chose, d'autant que le Sauveur establissoit son apostolat sur la pauvreté et qu'il devoit envoyer ses disciples apres luy prescher son Evangile avec commandement de ne porter ni bourse, ni besace, ni baston, ni bourdon, et de n'user d'aucune prevision pour le lendemain, ains de se confier en leur Pere celeste qui les nourriroit par sa providence.

  A010000634 

 Aussi, recherchoit-il tousjours d'amasser argent sur argent, non point pour subvenir à l'entretien de la famille dont il avoit le soin, mais pour satisfaire à son avarice et cupidité; si que, d'Apostre qu'il estoit, il devint diable et vendit son Maistre pour avoir quelques deniers..

  A010000634 

 Cependant, comme ils ne devoyent estre envoyés qu'apres avoir receu le Saint Esprit et qu'ils vivoyent tous ensemble avec Nostre Seigneur, il leur permettoit bien d'avoir quelques petites choses à leur usage pour subvenir à la journaliere necessité, mais non point de les posseder en particulier, ains vouloit que l'un d'eux portast la bourse et eust soin de la depense; car luy, qui estoit le modele de toute perfection et sainteté, ne se mesloit point de cela; o non, il n'y vouloit point penser, ni manier les deniers avec ses divines mains.

  A010000642 

 Nous sommes donques enseignés que bien que Judas quittast l'apostolat, neanmoins l'apostolat ne perit pas pour cela, il demeura tousjours en estre; car le college des Apostres dura non seulement pendant la vie de Nostre Seigneur qui les appella et les receut, mais apres sa mort [261] ils en esleurent un autre pour remplacer le traistre.

  A010000656 

 La seconde est l'union qu'il nous faut avoir en nous mesme, au royaume que nous avons en nostre interieur, dont la rayson doit estre la reyne, à laquelle toutes les facultés de nostre esprit, tous nos sens et nostre corps mesme doivent demeurer absolument assujettis; car sans cette obeissance et sousmission nous ne pouvons nous empescher de la desolation et du trouble, [265] non plus que le royaume où les sujets ne sont pas obeissans aux lois du roy..

  A010000657 

 Et cela non sans grand sujet, puisque le bien-aymé du Bien-Aymé, le grand Apostre saint Jean, asseure que quiconque dit qu'il ayme Dieu et n'ayme pas le prochain est menteur; au contraire, celuy qui dit qu'il ayme le prochain et n'ayme pas Dieu contrevient à la verité, car cela ne se peut.

  A010000661 

 Aymez-vous les uns les autres comme Jesus Christ nous a aymés, non pour aucun merite qui fust en nous, ains seulement parce qu'il nous a creés à son image et semblance.

  A010000661 

 C'est cette image et semblance que nous devons honnorer et aymer en tous les hommes, et non pas autre chose qui soit en eux; car rien n'est aymable en nous de ce qui est de nous, puisque non seulement cela n'embellit pas cette divine ressemblance, ains l'enlaidit, souille et barbouille, en sorte que nous ne sommes presque plus reconnoissables.

  A010000661 

 En quoy il nous monstre qu'il veut que nous marchions d'un pas de geant et non de petit enfant.

  A010000663 

 Ce que Marc Antoine ayant sceu, et que non seulement ils n'estoyent pas jumeaux, voire qu'ils ne venoyent pas de mesme païs, et qu'ils n'estoyent pas nés sous un mesme roy, il se mit grandement en colere et fut fort courroucé contre celuy qui les luy avoit vendus.

  A010000670 

 Or, quelles sont ces nouvelles obligations que Jesus Christ a apportées au monde, de nous rendre souples en l'observance de ce divin precepte? Elles sont grandes certes, puisque luy mesme est venu nous l'enseigner non seulement de paroles mais beaucoup plus d'exemple; car ce Maistre divin et tres aymable ne nous a point voulu apprendre à peindre qu'il n'ayt premierement peint devant nous; il ne nous a donné nul precepte qu'il ne l'ayt premierement observé devant que nous le donner.

  A010000671 

 Mais maintenant que nous sçavons non pas qu'il viendra, ains qu'il est venu, et qu'il nous a recommandé tout de nouveau cette sainte dilection les uns envers les autres, combien serons-nous dignes de punition si nous n'ajnrions nostre prochain!.

  A010000676 

 Il faut que nous en fassions de mesme, dit le saint Apostre, c'est à dire que nous fabriquions nostre croix, que nous souffrions les uns des autres comme le Sauveur nous l'a enseigné, que nous donnions nostre vie pour ceux mesmes qui nous la voudroyent oster, comme il fit si amoureusement; que nous l'employions pour le prochain non seulement ès choses aggreables, mais ès [275] plus penibles et desaggreables, telles que de supporter amoureusement ces persecutions qui pourroyent en quelque façon attiedir nostre amour envers nos freres..

  A010000676 

 Nostre divin Maistre nous a donné sa vie non seulement l'employant à guerir les malades, faire des miracles et nous enseigner ce que nous devions faire pour nous sauver ou pour luy estre aggreables; mais il l'a donnée aussi en fabriquant sa croix tout le temps d'icelle, souffrant mille et mille persecutions de ceux mesmes auxquels il faisoit tant de bien et pour lesquels il livroit sa vie.

  A010000678 

 Il s'estoit employé luy mesme toute sa vie, mais à sa mort il se laissa employer et faire tout ce qu'on voulut, non pas par ses amis, ains par ses ennemis qui luy donnoyent la mort avec une rage insupportablement meschante.

  A010000679 

 Il faut non seulement nous employer pour son bien et sa consolation, ains nous laisser employer pour luy par la tres sainte obeissance tout ainsy que l'on voudra, sans que jamais nous resistions.

  A010000683 

 Mais entre tous ses preceptes il n'en est point qu'il ayt tant inculqué ni dont il ayt tesmoigné desirer une si exacte observance que celuy de l'amour du prochain; non pas que celuy de l'amour de Dieu ne le precede, mais d'autant que pour la prattique de celuy de l'amour du prochain la nature ayde moins que pour l'autre, il estoit besoin que nous y fussions excités en une façon plus particuliere..

  A010000685 

 Que si nous faisons cela, o qu'à bon droit nous pourrons bien chanter, et non certes sans beaucoup de consolation, ce Psalme dont la consideration estoit si suave au grand saint Augustin: Ecce quam bonum! O qu'il fait bon voir les freres habiter ensemble en une sainte union, concorde et paix, car ils sont comme l'onguent pretieux que l'on respandit sur le chef du grand Prestre Aaron, lequel par apres couloit le long de sa barbe et sur ses vestemens.

  A010000695 

 Ainsy on dit que Nostre Seigneur entra dans la mayson de saint Pierre, non point que cet Apostre en eust une en ce temps là, mais parce qu'elle avoit esté à luy..

  A010000695 

 O non, car il avoit tout quitté pour suivre son Maistre, et sa mayson, et sa famille, et son art, et tout le soin et pretention que peut avoir un homme.

  A010000696 

 Et non seulement cette communion se fait ça bas en terre, mais elle s'estend jusques à l'autre vie; celuy là est donc bien sot et hebeté qui, voulant croire la communion des Saints en la terre, ne veut pas croire qu'elle passe jusques au Ciel.

  A010000701 

 C'est donques une imagination que nos peintres ont fait qui n'est non plus veritable que celle par laquelle quelques uns peignent le bon larron attaché à la croix avec des doux, ce qu'ils ne veulent pas faire du mauvais, comme s'il ne le meritoit pas; et telles autres suppositions sur la Sainte Escriture, lesquelles sont heteroclites et dangereuses et dont il faut user sobrement; de mesme de ce qu'on pretend des trois Maries..

  A010000703 

 Il n'estoit pas sans commencement, puisque, comme homme, il eut une naissance, et non plus sans fin, d'autant qu'il mourut comme tous les autres.

  A010000707 

 La pluspart sont allés au Sauveur pour estre gueris des maladies qu'ils avoyent au corps, et non point pour celles qu'ils avoyent en l'ame; il n'y a que la Magdeleyne, cette grande Sainte, qui soit venue à luy pour faire traitter son cœur et recevoir la guerison de ses infirmités spirituelles, ce qu'elle fit en une façon admirable lors qu'elle estoit encores en la fleur de son aage..

  A010000709 

 Il leur mande qu'il n'est point loysible aux Freres de saint Anastase de penser aux remedes propres à recouvrer la santé, ni moins de les demander; qu'ils ne doivent point sçavoir quelle medecine il leur faut prendre, ni s'ils ont besoin [290] ou non de la saignée.

  A010000709 

 Mais encores en ce temps cy, que ne feroyent pas nos malades s'ils sçavoyent qu'il y eust un homme de grande experience, pour le prier de les visiter et de remedier à leurs maux? Avec quelle impatience n'attendroyent-ils pas sa venue? O certes, cette inquietude ne procede que d'un amour desreglé de soy mesme, maladie à laquelle sont sujets non seulement les gens du monde, mais aussi ceux qui vivent en Religion.

  A010000710 

 Cecy est bien considerable; car si ce saint Pere leur eust mandé qu'il leur parloit selon son sentiment, il n'eust pas esté si austere; mais non: Je ne vous parle point, asseure-t-il, selon mon sentiment, «mais en ce que je vous dis, il me semble que j'ay l'Esprit de Dieu.».

  A010000711 

 O certes, les Religieux et Religieuses de saint Bernard, non plus que les autres, ne sont plus comme ils estoyent alors.

  A010000711 

 Si vous m'objectez, dit saint Bernard, que l'Apostre enjoignit l'usage du vin à Timothée, je vous respondray qu'il sçavoit bien que Timothée estoit Timothée; «donnez-moy donc un Timothée en ce temps cy, et nous luy permettrons» le vin, voire nous luy en ordonnerons l'usage, et non seulement du vin, mais encores «de l'or potable» s'il en est besoin.

  A010000712 

 Mais il n'en prend pas ainsy en ce temps; car outre que les drogues sont à meilleur prix, les medecins ne sont point non plus si rares; de là vient qu'on les employe plus facilement, si que pour le moindre mal il faut se medicamenter et courir à la haste pour appeller le medecin.

  A010000712 

 Mais l'on ne se contente pas de cela, ains on veut se gouverner selon sa fantasie: on a tant de soin de soy! On s'inquiete et s'empresse à rechercher des moyens pour sa guerison, on voudroit volontiers sçavoir tout ce qui nous est propre ou non, connoistre tous les remedes du monde pour s'en servir, et pretendroit-on que chacun s'y employast.

  A010000712 

 [292] Nostre febricitante n'en faisoit pas ainsy: elle estoit dans son lit sans mener aucun bruit; il luy suffisoit qu'on sceust qu'elle estoit malade, et se contentoit de prendre ce qu'on luy donnoit pour sa santé, sans se mettre en peine de discerner s'il luy seroit profitable ou non.

  A010000714 

 Nostre febricitante est admirable, car non seulement elle ne publie pas son mal, elle ne s'amuse point à en parler ni ne se met en devoir d'envoyer querir le medecin; mais, chose estrange, Nostre Seigneur estant en sa mayson comme un souverain Medecin qui la pouvoit guerir, elle ne luy dit mot touchant sa maladie; voire, elle ne le veut pas regarder en qualité de medecin, ains seulement comme son Dieu à qui elle appartient et en la santé et en la maladie.

  A010000740 

 Plusieurs virent le Sauveur tandis qu'il alloit instruisant et guerissant les hommes, et ne le suivirent pourtant pas; d'autres le voyant le suivirent, mais seulement jusqu'au pied de la montagne, se contentant de l'accompagner en la plaine et ès lieux aggreables et faciles; mais plus heureux mille fois ceux qui le virent et le suivirent non pas seulement jusqu'au pied de la montagne, ains transportés de l'amour qu'ils luy portoyent, monterent avec luy, despourveus de tout autre soin que de luy plaire, car ils meriterent que la divine Bonté prinst soin d'eux, et de leur faire mesme un festin miraculeux de peur qu'ils ne vinssent à defaillir de faim..

  A010000743 

 Je ne dis pas tant cecy pour ce qui est des choses temporelles comme pour les spirituelles; luy mesme l'enseigna à sa bien aymée sainte Catherine de Sienne: «Pense en moy,» luy dit-il, «et je penseray en toy.» O qu'heureuses sont les ames qui sont si amoureuses de Nostre Seigneur que de bien suivre cette regle de penser en luy, se tenant fidellement en sa presence, escoutant ce qu'il nous dit continuellement au fond du cœur, obeissant à ses divins traits et attraits, mouvemens et inspirations, respirant et aspirant sans cesse au desir de luy plaire et d'estre sousmises à sa tres sainte volonté; pourveu toutefois que cela ne soit point sans cette divine confiance en sa toute bonté et en sa providence, car il nous faut tousjours demeurer tranquilles, et non point troublés ni pleins d'anxieté apres la recherche de la perfection que nous entreprenons..

  A010000745 

 Par exemple, on a des poules pour pondre, et des rossignols ou tels autres oyselets dans des cages pour chanter; tous sont nourris, mais non pas à mesme fin, car les uns le sont pour l'utilité et les autres pour le playsir..

  A010000747 

 Mais en verité nous pouvons bien dire ce qui est dans le saint Evangile: Plusieurs sont appelles, mais peu sont esleus; plusieurs aspirent à la perfection, mais peu y parviennent, d'autant qu'ils ne marchent pas comme il faudroit, ardemment mais tranquillement, soigneusement mais confidemment, c'est à dire, plus appuyés sur la divine Bonté et sur sa providence que non pas sur eux mesmes et sur leurs œuvres.

  A010000753 

 Grand cas, que Dieu ayme tant l'humilité qu'il nous tente quelquefois non pour nous faire faire le mal, ains pour nous apprendre par nostre propre experience quels nous sommes, permettant que nous disions ou fassions quelque grande folie ou aucune chose qui nous donne matiere de nous abaisser.

  A010000758 

 Tous donc mangerent de ces cinq pains et de ces deux poissons multipliés miraculeusement, excepté saint Martial qui, ne participant point à ce miracle, mangea là tout seul de son pain et non pas de celuy du Sauveur, d'autant qu'il avoit porté sa provision.

  A010000760 

 Quant à moy je vous diray ma pensée sur la question que je m'en vay vous faire: à sçavoir mon, lequel vous aymeriez mieux, ou d'estre nourries d'un peu de pain cuit sous la cendre avec le Prophete Elie dans le desert de Bersabée, ou bien avec le mesme Prophete, des pains et de la chair qu'il reçoit du bec d' un corbeau pres du torrent de Carith? Je ne puis sçavoir vostre pensée, mais quant à moy je vous diray bien franchement que j'aymerois mieux de la main de l'Ange le pain cuit sous la cendre, que non pas le pain, pour blanc qu'il fust, ni de la chair m'estant apportés au bec d' un corbeau, qui est un oyseau infect et puant.

  A010000761 

 De mesme il ne veut pas que les Religieux retournent dans le monde pour rechercher de la consolation à fin d'entretenir leurs esprits, d'autant que c'est par son inspiration qu'ils sont venus en Religion; ains il veut les nourrir là dans ces deserts non de Bersabée mais de sa divine Majesté..

  A010000762 

 Je veux dire ainsy: Nostre Seigneur veut que ces ames choisies pour le service de sa divine Majesté se nourrissent aucunefois d'une resolution ferme et invariable de perseverer à le suivre parmi les degousts, les secheresses, les repugnances et les aspretés de la vie spirituelle, sans consolations, sans saveurs, sans tendretés, mais en une tres profonde humilité, croyant de n'estre pas dignes d'autre chose, prenant ainsy amoureusement ce pain non de la main d'un Ange ains de celle du Sauveur, qui nous le donne conformement à nostre necessité; car c'est une chose certaine que, si bien il n'est pas grandement savoureux au goust, il est neanmoins grandement proffitable à nostre santé spirituelle..

  A010000770 

 Ce jeune homme estoit fils unique de cette bonne vefve; non seulement son unique parce qu'elle n'avoit que luy, mais aussi parce qu'elle n'avoit point eu d'autres enfans: c'est pourquoy elle estoit grandement affligée de sa perte et pleuroit fort amerement.

  A010000773 

 L'attouchement du Sauveur n'estoit pas necessaire pour ce miracle, non plus que pour aucun autre; il pouvoit bien, sans toucher la biere, faire arrester ceux qui la portoyent et ressusciter cet adolescent sans aucune ceremonie, par sa toute puissance et vertu divine; mais il ne le voulut pas, ains se servit de l'imposition de ses mains pour monstrer qu' aux jours de sa chair, à sçavoir quand il conversoit en sa chair parmi les hommes, il exerçoit sa vertu et puissance divine par l'entremise de son humanité.

  A010000775 

 Cecy est un peu difficile à entendre, car qui appelle-t-il adolescent? Le defunct ne l'estoit pas ni quant au corps ni quant à l'ame, d'autant que l'ame n'est ni vielle ni jeune, elle ne croist ni ne descroist, elle n'est susceptible d'aucun temps; le corps n'estoit non plus adolescent, puisqu'estant mort ce n'estoit qu'une charogne.

  A010000776 

 C'est avec une parole toute puissante que Dieu a creé le ciel et la terre, qu'il a tiré l'estre du non estre, d'autant que cette parole est operative, elle opere ce qu'elle dit, et de ce qui n'est pas, elle fait ce qui est.

  A010000778 

 Donques, si la parole non de plusieurs Anges, ains d'un seul Archange, proferée par le commandement de Dieu est si operatrice qu'elle donne l'estre à ce qui n'est point, pourquoy ne croirons-nous pas à toutes les paroles de Dieu? Pourquoy aurons-nous de la difficulté à croire que par icelles, qu'elles soyent dites par luy mesme ou par ceux à qui il en a donné la charge et le pouvoir, il ne puisse faire ce qui est de ce qui n'est pas, encores que nous ne le comprenions point? Et quelle difficulté y a-t-il en cet article de la resurrection des morts, puisqu'elle se fait par la toute puissance de Dieu?.

  A010000780 

 La premiere est à sçavoir mon, s'il faut craindre la mort ou non.

  A010000784 

 Et que l'on ne me dise point que plusieurs Saints n'ont pas craint la mort, ains qu'au contraire ils l'ont souhaittée et demandée, voire se sont resjouis quand elle est venue, et que par consequent il ne la faut point apprehender non plus d'autant que cette crainte est pleine de frayeur.

  A010000786 

 Je ne desire point la mort pour estre delivré des travaux que j'endure, o non, ce n'est point pour cela; ni moins encores pour estre quitte de la peine que [319] me cause la soif que j'ay de voir mon Seigneur, mais seulement je la souhaitte pour le voir, car je sçay bien qu'apres cette vie je le verray.

  A010000787 

 Ouy, et sçavez-vous bien si estant delivrées des travaux de cette vie vous arriverez au repos de l'autre? O non certes.

  A010000796 

 Il me suffit que je sois tout à luy, non seulement par devoir mais encor par affection.

  A010000801 

 L'on me respondit que non; alors je le retournay voir, mais je le trouvay encores en cette mesme occupation, de sorte que je conclus de là qu'il feroit une heureuse fin..

  A010000808 

 vos non auditis, quia ex Deo.

  A010000809 

 non estis..

  A010000821 

 Pour confirmation de mon dire, je vous raconteray volontiers un bel exemple qui se trouve en la Vie du grand saint Ephrem; je dis grand non seulement parce qu'il fut diacre de deux illustres Docteurs de l'Eglise, mais aussi parce qu'il fut grand Docteur luy mesme, ayant escrit des choses infiniment belles qui causent une merveilleuse suavité à ceux qui les lisent.

  A010000823 

 Lors ce grand Saint fit un tel cas des documens que luy donnoit cette miserable femme, que non content de les recevoir humblement, il luy en tesmoigna mesme de la gratitude, la remerciant bien fort; et despuis, il fit une si grande estime de ce document que non seulement il porta tousjours les yeux corporels bas et regardant la terre, mais beaucoup plus les yeux interieurs et spirituels en la consideration de son neant, de sa vileté et de son abjection, si qu'il fit un continuel progres en la vertu de la tres sainte humilité tout le reste de ses jours.

  A010000827 

 Donques, entant que Nostre Seigneur est Dieu il estoit impossible qu'il peust pecher, et entant qu'il est homme cela ne se pouvoit non plus, parce que son ame humaine fut glorieuse en sa partie superieure dès l'instant de sa conception au ventre sacré de Nostre Dame.

  A010000828 

 Tout le bien de l'homme consiste non seulement à recevoir cette verité de la parole de Dieu, mais à demeurer en icelle, comme au contraire tout le [333] mal des Anges et des hommes provient dequoy ils sont descheus de la verité au lieu d'y demeurer..

  A010000829 

 Mais qu'est-ce que cette verité? Non autre, mes cheres ames, sinon la foy.

  A010000829 

 Quand il est escrit que Nostre Seigneur estoit plein de grace et de verité, cela se doit entendre qu'il estoit plein de foy et de charité; non pas qu'il eust la foy pour luy mesme, car il n'en avoit pas besoin, ayant la claire vision des choses que cette foy nous apprend, mais il estoit plein de foy pour la distribuer à ses enfans qui sont les Chrestiens.

  A010000830 

 Ainsy la grâce, ni moins la foy ne fut pas donnée à Nostre Seigneur pour luy, car il n'en avoit pas besoin, il estoit la grace mesme et c'est à luy de la distribuer; la foy, il ne la pouvoit avoir non plus.

  A010000830 

 Certes, il n'avoit pas besoin de ce lait tres delicieux pour soy mesme, non plus que les femmes du lait qu'elles ont dans leur poitrine, lequel ne leur est donné de Dieu et de la nature que pour la nourriture de leurs enfans.

  A010000832 

 Non, ne pensez pas tant à la mort, car cela vous rendra melancholiques, c'est un sujet ennuyeux.

  A010000833 

 Despuis, tous ses enfans ont esté entachés de cet esprit d'orgueil qui les rend habiles à pourchasser les honneurs, [335] les richesses, les playsirs, et que sçay-je moy, telles choses qui ne sont que folie, puisqu'elles sont plus propres à les destourner de la verité que non pas à les rendre capables de se tenir attentifs à icelle.

  A010000837 

 Nous la croyons bien, pourrions-nous respondre, mais nous ne l'ensuivons pas; en quoy nous ne serons nullement excusables, non plus que les payens, lesquels ayans reconneu qu'il y avoit un Dieu ne l'ont pourtant pas honnoré comme tel.

  A010000838 

 Car tout ainsy que la femme qui n'aymeroit pas davantage son mary que son laquais ne l'aymeroit pas assez ni comme elle doit, non plus que l'enfant qui aymeroit son pere d'un amour esgal à celuy qu'il porteroit à son valet, de mesme celuy qui ouyroit la predication avec le mesme esprit et la mesme attention qu'il feroit un conte de recreation ou tel autre propos, ne l'entendroit pas comme il faut; et s'il prenoit un playsir esgal en l'un comme en l'autre l'on pourroit [338] dire asseurement qu'il n'aymeroit pas assez la parole de Dieu.

  A010000838 

 Premierement, nous devons nous y preparer, et non pas l'entendre avec un esprit de negligence, comme nous ferions quelque vain discours.

  A010000843 

 Il ne faut pas non plus nous mettre en danger de nous perdre en ne demeurant pas en la verité, c'est à dire en ne vivant pas selon icelle, ou en ne nous rendant pas capables de bien l'entendre quand elle nous est proposée ou expliquée de la part de Dieu.

  A010000843 

 Nous ne serons pas non plus excusables si nous doutons que ce qui nous est enseigné soit la verité, d'autant que Jesus Christ, qui est la verité par essence, nous a enseignés luy mesme et s'est rendu nostre tres cher Maistre.

  A010000855 

 Et non seulement elle s'est rencontrée parmi les Anges avant qu'ils fussent confirmés en grace, mais aussi du despuis, d'autant qu'ils n'ont point esté si entierement parfaits qu'il ne leur soit resté une certaine imperfection negative, laquelle neanmoins ne les rend point desaggreables à Dieu; elle ne les peut non plus faire descheoir de la beatitude, ni leur faire commettre aucun peché, car ils sont confirmés en grace.

  A010000856 

 O non, cela n'est pas, ains ils font injustice à ces Bienheureux et à toute la posterité.

  A010000857 

 C'est ainsy que faisoit le grand saint Antoine, lequel s'estant retiré du monde s'en alloit parcourant les deserts dans toutes les grottes des anachoretes pour non seulement remarquer et recueillir, comme une avette sacrée, le miel de leurs vertus à fin de s'en sustenter, ains encor pour eviter et se garder de tout ce qu'il trouveroit de mal ou d'imparfait en eux; de sorte qu'en fin il devint un grand Saint..

  A010000857 

 Il est bon de voir les defauts aux vies des Saints, non seulement pour reconnoistre la bonté que Dieu a exercée en leur pardonnant, mais encores pour apprendre à les abhorrer, eviter et à en faire penitence comme eux.

  A010000858 

 Cependant il se trouve des ames qui font tout le contraire: elles ressemblent non à des abeilles, mais à des guespes, meschans animaux qui vont voirement bien volant sur les fleurs, mais pour en tirer non point le miel ains le venin; que si elles recueillent le miel, c'est pour [346] le convertir en fiel.

  A010000858 

 Certes, il y a des Chrestiens lesquels sont non point comme des abeilles, mais comme des guespes qui voltigent tousjours sur les fleurs, c'est à dire sur les œuvres et actions de leur prochain, non pour mesnager le miel d'une sainte edification par la consideration de leurs vertus, mais pour en tirer le venin, en remarquant les fautes et imperfections soit des Saints dont on leur raconte la vie, soit de ceux avec lesquels ils conversent, en prenant occasion de commettre les mesmes defauts..

  A010000861 

 Il y a des ames tellement malignes et malicieuses, que non contentes de remarquer les fautes d'autruy pour se confirmer en leur malice, elles passent jusques là que de faire tant de regards et d'interpretations sur les œuvres du prochain qu'elles changent le miel en poison, tirant des mauvaises consequences de ses actions; et non seulement cela, mais elles excitent et provoquent les autres à en faire de mesme, tout ainsy que la guespe, par son bourdonnement, attire les autres à venir sur la fleur où elle a trouvé du venin.

  A010000867 

 Le voicy donques qui, tenant le bonnet à la main, est prié en cette sorte par le Saint de luy declarer bien simplement ce qu'il sçavoit: O non, ne m'espargnez pas, je vous supplie, dites-moy bien mes verités, car je suis du tout disposé à vous entendre.

  A010000870 

 Pour moy, je suis l'advis de ceux qui pensent que nostre cher Maistre monta et sur l'asnesse et sur l'asnon; non point sur tous les deux ensemble, mais tantost sur l'un tantost sur l'autre.

  A010000871 

 Il n'a point d'orgueil ni de vanité, il n'est point comme le cheval, qui est orgueilleux; pour cela l'homme vain et superbe est comparé aux chevaux qui sont fiers et morgans, car non seulement ils donnent des ruades, ains encores ils mordent, et il s'en trouve de si furieux qu'on n'ose les approcher.

  A010000872 

 Et en cette gloire il s'est humilié; il a fait son entrée en Hierusalem, non sur un cheval ou autre equipage, mais sur une asnesse et un asnon couverts des pauvres manteaux de ses Apostres..

  A010000872 

 O non certes, nostre beni Sauveur n'eust point fait de tort à son Pere eternel quand, au plus fort de ses mespris et humiliations, il eust dit: Je suis aussi puissant que le Pere, aussi bon que le Saint Esprit, j'ay la mesme puissance, sapience et bonté que le Pere et le Saint Esprit; car il estoit en tout et par tout esgal à eux.

  A010000876 

 Si vous me demandiez qui estoyent ces deux disciples je ne sçaurois que vous respondre, car les Evangelistes n'en disent rien; aussi, puisqu'ils ne les nomment pas je ne pourrais non plus les nommer.

  A010000879 

 Le Sauveur sçavoit bien que ses Apostres trouveroyent des gens qui leur demanderoyent ce qu'ils vouloyent faire de ces bestes et où ils les menoyent; et il arriva [357] ainsy, car non seulement celuy à qui elles appartenoyent mais encores les voysins s'en meslerent.

  A010000881 

 Il faut aussi remarquer qu'il leur commanda de les deslier pour les luy amener, et non sans cause; car si nous voulons aller au Sauveur il faut souffrir qu'on nous deslie de nos passions, habitudes, affections et des liens des pechés qui nous empeschent de le servir.

  A010000882 

 Nostre Seigneur renverse tout cela aujourd'huy, en faisant son entrée en Hierusalem, non comme les princes du monde, qui voulant entrer en quelque ville, le font avec tant de pompe, d'appareil et de frais, ains il ne veut d'autre monture qu'une asnesse couverte des vils et pauvres manteaux de ses Apostres.

  A010000895 

 Ces serpenteaux mordoyent non d'une morseure trop piquante, mais certes grandement dangereuse, car elle estoit si venimeuse qu'infailliblement tous seroyent morts si Dieu par sa bonté et providence infinie n'y eust pourveu..

  A010000900 

 Il nous a apporté du Ciel la redemption, et non seulement cela, mais il a esté fait luy mesme nostre Redemption.

  A010000903 

 O Dieu, que c'est une consideration de grande utilité et proffit que celle de la Croix et de la Passion! Est-il moyen, je vous prie, de contempler en icelle l'humilité de nostre Sauveur sans devenir humble et sans avoir de l'affection aux humiliations? Peut-on voir son obeissance sans estre obeissant? O non certes, nul n'a jamais regardé Nostre Seigneur crucifié, qui soit mort ou resté malade; comme au contraire, tous ceux qui sont morts, ç'a esté pour ne l'avoir pas voulu regarder, de mesine qu'entre les enfans d'Israël ceux là moururent qui n'avoyent pas voulu considerer le serpent que Moyse avoit fait dresser sur la colonne..

  A010000905 

 C'est chose merveilleuse qu'il ayt tellement meslé la nature divine avec l'humaine que, quoy que ce soit tres asseuré que l'humanité seule a souffert et non la Divinité car elle est impassible, neanmoins quand on voit la façon avec laquelle le Sauveur a enduré, l'on ne sçait, pour ainsy parler, si c'estoit Dieu ou l'homme qui souffroit, tant les vertus qu'il prattiquoit sont admirables..

  A010000910 

 Ç'a esté sa vocation que d'estre Sauveur; c'est pourquoy le Pere eternel a tant contesté pour la prouver aux hommes, non seulement par les Patriarches et Prophetes, mais par luy mesme; voire, chose estrange, il s'est mesme servi pour cet effect de la bouche des impies et des plus scelerats qui se puissent trouver, comme nous dirons tantost.

  A010000919 

 O que grande estoit la flamme d'amour qui brusloit dans le cœur de nostre doux Sauveur, puisqu'au plus fort de ses douleurs, au temps auquel la vehemence de ses tourmens sembloit luy oster mesme le pouvoir de prier pour soy, il vint par la force de sa charité à s'oublier de soy mesme, mais non de ses creatures; et pour ce, avec une voix forte et intelligible il dit ces mots: Mon Pere, pardonnez-leur.

  A010000921 

 Il fut donques exaucé non seulement à cause de la reverence que le Pere luy portoit, mais aussi à cause de celle qu'il portoit au Pere et avec laquelle il prioit, d'autant que c'est une chose qui ne peut estre imaginée ni comprise que cette reverence que ces deux divines Personnes se portent reciproquement.

  A010000924 

 Saint Pierre, l'un des Apostres, fit un grand tort à son Maistre, car il le renia et jura qu'il ne le connoissoit pas, et, non content de cela, il le maudit et blasphema, protestant ne pas sçavoir qui il estoit.

  A010000928 

 Je sçay bien que ce furent les regards sacrés de nostre Sauveur qui luy penetrerent le cœur et luy ouvrirent les yeux pour luy faire reconnoistre son peché; neanmoins l'Evangeliste nous dit qu'il sortit pour le pleurer quand le coq chanta, et non point aussi tost que Nostre Seigneur le regarda..

  A010000929 

 Et non seulement cela, ains il receut icy bas des faveurs et des privileges signalés et fut comblé de beaucoup de benedictions en cette vie et en l'autre.

  A010000937 

 La troisiesme parole de Nostre Seigneur fut une parole de consolation qu'il dit à sa sacrée Mere laquelle estoit au pied de la croix, transpercée du glaive de douleur, mais certes non pasmée ni à cœur failli comme la peignent faussement et impertinemment les peintres; car l'Evangeliste dit clairement le contraire et qu'elle demeura debout avec une fermeté nompareille.

  A010000940 

 O non certes.

  A010000940 

 Or, quoy qu'elle aymast ce saint Apostre d'un tel et si grand amour, si ne faut-il pas croire qu'elle l'aymast comme son divin Fils, qu'elle aymoit non seulement entant qu'il estoit son Fils, mais aussi entant qu'il estoit son Dieu.

  A010000941 

 Comme aussi il est question si cette ecclipse fut naturelle ou surnaturelle, et si le soleil agit ou non; mais je ne suis pas en lieu propre pour vuider ce differend..

  A010000942 

 Il n'y a point de doute non plus que cette ecclipse ne fust surnaturelle et qu'en icelle le soleil ne souffrist, car elle arriva en plein midy et quand la lune estoit en son plein.

  A010000945 

 O Dieu, combien estoyent grandes les angoisses de sa tres sainte ame qui estoit delaissée non seulement de toutes les creatures, mais encor du Pere eternel lequel avoit pour un peu retiré sa face de son Fils bien aymé! Ce ne fut point cependant qu'il endurast cette privation en la partie superieure de son ame, car elle jouissoit tousjours de la claire vision de la Divinité, estant bienheureuse dès l'instant de sa creation et n'ayant jamais esté sans cette gloire.

  A010000950 

 Ha! miserables que vous estes, dit nostre Sauveur, vous demandez que je descende de ce bois pour croire en moy; c'est à sçavoir vous voulez un autre moyen de redemption que celuy que mon Pere a ordonné de toute eternité, moyen qui a esté predit par tant de Prophetes et annoncé par tant de figures; vous pretendez donc estre sauvés comme vous voulez et non comme Dieu veut.

  A010000951 

 Cette redemption est si copieuse qu'elle ne sçauroit estre espuisée non seulement par des millions d'années, mais par des millions de millions de siecles.

  A010000952 

 D'autres encores veulent bien obeir, pourveu qu'on ne les contrarie point en leurs caprices; celuy cy se sousmettra à l'un, mais non pas esgalement à un autre; et peu de chose esprouve la vertu de telle sorte de gens qui obeissent en ce qu'ils veulent et non pas en ce que Dieu veut.

  A010000961 

 Voulez-vous que je sois contrariée, que j'aye des repugnances et des difficultés, que je sois aymée ou non, que j'obeisse à celuy cy ou à celle là, et en quoy que ce soit, en choses grandes ou petites? Je remets mon esprit entre vos mains.

  A010000969 

 Sic ergo omnis ex vobis qui non renuntiat.

  A010000970 

 omnibus quae possidet, non.

  A010000984 

 Ce n'est pas toutefois que la prattique de la premiere consideration ne soit suffisante pour acquerir le Ciel: ainsy voyons-nous un saint Louys ne s'estre demis de la couronne royale qu'en esprit d'abnegation, et non reellement, et avoir cependant conquis l'heritage celeste.

  A010000984 

 La deuxiesme consideration est plus relevée et excellente que la premiere et appartient principalement à ceux qui aspirent à une plus haute perfection: c'est de quitter tout ce qu'ils possedent, non point seulement par un esprit d'abnegation, mais aussi de fait, et se despouiller de toutes les choses de ce monde caduc et transitoire.

  A010001003 

 Bien est-il vray que nostre premier pere et Eve aussi furent creés et non pas conceus; neanmoins toutes les conceptions des hommes se font en peché.

  A010001004 

 Il n'est pas de la semence d'Adam, c'est à dire par voye de geneation, car il fut conceu de sa Mere sans pere, comme nous avons dit; il fut bien de la masse d'Adam, mais non pas de la semence..

  A010001018 

 Le troisiesme defaut de saint Thomas et sa cheute entiere fut qu'il se laissa emporter à sa passion jusques à s'opiniastrer et ensuite à exagerer ces paroles: Non, je ne croiray pas qu'il soit ressuscité si je ne mets mon doigt dans les trous de ses playes, de ses mains, de ses pieds, et si je ne mets ma main dans son costè percé.

  A010001053 

 Ne craignez point, dit-il en saint Matthieu, chapitre X, ceux qui peuvent tuer le corps, mais craignez Celuy qui peut condamner l'ame à la gehenne eternelle; Nolite timere eos qui occidunt corpus, animam autem non possunt occidere; sed potius eum timete qui potest et animam et corpus perdere in gehennam.

  A010001054 

 Le don de pieté est une vertu particuliere laquelle depend de la justice, qui n'est autre que l'honneur, le respect et l'amour que nous rendons non seulement à Dieu comme à nostre souverain Createur et nostre Pere tres aymable, mais encores à ceux que nous tenons pour superieurs, soit spirituels ou temporels, comme les peres, meres, prelats et magistrats.

  A010001055 

 Et ne voyons-nous pas que sa divine Majesté se [422] plaint de ce defaut de crainte, d'amour, d'honneur et de respect par son Prophete Malachie, disant: Si je suis vostre Pere, où est l'honneur que vous me rendez? si je suis vostre Seigneur, où est la crainte que vous devez avoir de m'offenser? Si ergo Pater ego sum, ubi est honor meus? et si Dominus ego sum, ubi est timor meus? Le fils sert comme fils, et non point comme serviteur crainte d'estre battu, ni pour la recompense comme mercenaire, mais par amour, d'autant que cet amour est imprimé au cœur filial.

  A010001056 

 Et pour vous monstrer que ce don de pieté, c'est à dire cette crainte filiale, nous est donnée du Saint Esprit, l'Apostre saint Paul escrivant aux Romains leur dit: Non accepistis spiritum servitutis iterum in timoré, sed accepistis spiritum adoptionis flliorum Dei, in quo clamamus: Abba, Pater; c'est à dire que nous devenons comme des petits enfans aupres de Nostre Seigneur.

  A010001057 

 Ils avoyent bien la verité dedans l'intellect, mais non en la prattique, d'autant qu'ils n'avoyent pas l'humilité chrestienne laquelle nous fait prosterner devant le Saint Esprit pour recevoir ce don si necessaire pour operer nostre salut..

  A010001057 

 Le troisiesme don du Saint Esprit, en remontant, est le don de science, non pour sçavoir les choses humaines, comme Aristote, Platon, Homere, Virgile et les autres philosophes qui ont eu cette science qui ne leur a de rien servi.

  A010001058 

 N'avons-nous pas aussi veu plusieurs grans theologiens qui ont dit merveille des vertus, non pour les exercer, comme au contraire il y a eu tant de saintes femmes qui ne sçavoyent pas parler des vertus, lesquelles neanmoins en sçavoyent tres bien l'exercice? car on a veu les unes [424] avec un soin extreme de conserver leur virginité, les autres avec un cœur pur et net en leur viduité, les autres en la chasteté conjugale.

  A010001065 

 Une ame simple, prosternée devant Dieu, entendra le mystere de la tres sainte Trinité, [427] non pour le dire, ains pour en tirer des maximes pour son salut, parce que le Saint Esprit luy a communiqué le don d'entendement.

  A010001068 

 Plusieurs sçavans sont fols, mais la sapience est une science par laquelle on savoure, on gouste et penetre la bonté de la loy et les choses les plus relevées de l'Evangile, non pour en parler ou prescher, ains pour les prattiquer, et, comme l'abeille, l'ame va dessus les fleurs de la loy, sucçant le miel de la bonté de Dieu.

  A010001079 

 Mays je voudrois que si la saison change nous changeassions aussy, mays non pas d'une mesme façon; car ceste serenité du ciel et de l'air, cest'amsenité de la terre n'est pas perdurable, elle [est] sujette a l'inconstance.

  A010001080 

 Je sçay que ceste imitation est difficile, car Deus quis similis tibi? Aussy ne voulons nous pas sinon l'imiter de loin a loin, avec quelque proportion, principalement en l'immortalité aeternelle, non temporelle..

  A010001081 

 Scientes quod Christus resurgens ex mortuis jam non moritur, mors illi ultra, etc.; Ro.

  A010001081 

 [Christus semel mortuus est; mors ultra illi non dominabitur.] Scientes quia vetus homo noster simul crucifixus est, ut destruatur corpus peccati.

  A010001103 

 Il entretient la vie: Nisi manducaveritis non habebitis vitam; Panem quem ego dabo caro mea est..

  A010001106 

 Le pain est changé en nous, mais ce pain nous change en luy, non quand a la substance, mais quand a la qualité: Vivo ego, jam non ego..

  A010001111 

 Le pain corrobore par dedans et nous garde du corrompant interieur, non de l'exterieur; l'Eucharistie, utroque modo.

  A010001115 

 Eadem littera spicam exprimere non valentes.


11-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XI-Vol.1-Lettres.html
  A011000162 

 Ora, pubblicate omai le opere maggiori, fino ai discorsi, e in essi se ne trovarono d'inediti non pochi, come si venne a stampare le [XXX] lettere, notarono gli editori che moltissime ancora ne giacciono ascose nelle biblioteche e negli archivi di pubblici e privati instituti..

  A011000164 

 E però non solamente in mio nome e delle Salesiane d'Annecy, ma in qualche modo anche da parte del Santo Padre, invito e prego gli Ordinariati d'Italia a procurare ricerche nelle biblioteche e negli archivi dipendenti dalla loro giurisdizione, se mai si trovassero lettere od altri Fontes inediti del Santo Vescovo di Ginevra.

  A011000177 

 C'est pourquoi, non seulement en mon nom et au nom des Salésiennes d'Annecy, mais aussi, en quelque sorte, de la part du Saint-Père, j'invite et je prie les Evêques d'Italie de faire faire des recherches dans les bibliothèques et les archives dépendantes de leur juridiction, pour savoir s'il s'y trouve des Lettres ou autres écrits inédits du saint Evêque de Genève.

  A011000221 

 Io non tengo quella nuova nel summo grado di certezza, se ben non ardischo negargli fede per esser così sparsa, et non so quello ch'Iddio de i tramontani voglia fare, poi che i peccati sonno molto grandi..

  A011000221 

 La ringratio dunque que la habbi quella memoria di noi et tanta cura del ben nostro, ch'essendo in messo (sic) d'una città que tanto (se io non m'inganno) si rallegra di quella nuova Navarrescha, lei non sene pigli altramente contentezza per amor nostro; se ben anchora il zelo della fede catholica nostra impediscila principalmente in V. S. allegrezza d'un fatto tanto compassionevole a chi lo [1 bis ] mira sensa occhiali dell' affettione propria.

  A011000222 

 Qui insino a 42 de'nostri Francesi si ritruovano febricitanti; di là, per quanto si dice, avete anchora gran numero di maladie; onde di vostra lettera, che ci assicura de vostra santà (sic), habbiam tirato tuti multo contento, il quale communicherò al primo incontro al segnor Benedetto Pracho, poichè non ci vediamo mai sensa ragionar de V. S., a cui bascio le mani et in nome mio et in nome del segnor Giuanni Monsieur Deage, et parimente nella sua buona gratia mi raccommando et offero..

  A011000288 

 Ingenti te metu perculsum ais ne aliquam in te concepissem indignationem, quod postremis meis litteris stomachari viderer, quasi tu vel in amando me pertinax non esses aut diligens in scribendo; quo magis miror in te eum metum extitisse, qui sane « in constantem virum cadere [9] non possit.

  A011000289 

 Gratius accepi quod posterioribus scribis adduci non posse ut credas in me aliquam tui oblivionem cadere posse; id apud te firmissimum ac omni formidine remota constitutum velim.

  A011000289 

 Profecto scripsi dedique ad te litteras non semel, de quarum appulsu nihil audivi; postea hinc inde ab amicis, modo hoc modo illo, de te exquisivi pæne importune.

  A011000289 

 Te in Galliis esse audio; ad te desino scribere, ab aliis de te sciscitari non desino.

  A011000290 

 Morbo sibi omnibusque amicis suis gravissimo decumbens ipse, ego assidens, de te plurima, quibus plane effectum est ut tui desiderio non minus quam sanitatis langueret..

  A011000291 

 Fratrem meum non adeo mihi dissimilem credo quin semper inter tuos remaneat; quamdiu vero pro ætate ex nobis pendet tanquam accessorium majori fratri cedit.

  A011000291 

 Porro, ad omnes operas jus in me tibi esse non patrinatus sed patronatus existimes quæso.

  A011000302 

 Sachez que, pour n'importe quel service, vous avez droit d'user de moi, non il est vrai en qualité de parrain, mais à titre de maître.

  A011000325 

 Prioribus cur non responderim id fuit causse quod sperarem, cum Episcopo meo Reverendissimo, istuc coram videndi te ocasionem futuram.

  A011000326 

 Quod audiverim plebem illam apud quam sementem ingenii tui facis adeo rudem esse ut te non immunem ab oneribus publicis existimet, ac ego uti immunem te mea non possum authoritate quæ nulla est facere, authoritate sane Imperatoris Constantini efficio.

  A011000347 

 Si qualis in me fuit jam pridem observandi te et amandi propensio, ejus et fuisset aliqua significatio, non tam ad amandum te, ut modestissime loqueris, aliqua provocatione opus mihi fuisse cognovisses, quam concessione libere id agendi ac palam profitendi quod intimis hærebat sensibus.

  A011000348 

 Universo enim orbi litterario cum ex fructu arbor optima et sis et habearis, mihi unus perpetuo propositus es quem noctes diesque respicerem, et ad cujus exemplar quam maxime possem genuine animum meum efformarem, non tantum quod nullibi superiorem, paucos etiam habeas pares, sed quod provincialia, civilia aut, ut ita dicam, domestica exempla nescio quid habeant acutioris energiæ ac efficaciæ..

  A011000349 

 Cum vero non solum speciem, sed ne quidem specimen tam expressee virtutis in me ullum post aliquot annos viderem, mese tenuitatis mihimet satis conscius, videndi [20] te coram et audiendi manebat consilium; ac tuæ in me benevolentiæ, si quo fieri posset modo, promerendæ tanto tenebar desiderio, ut cum illud amplius animus meus capere non posset, omnis modestiæ ruptis repaculis, nisi brevi per aliquam occasionem licentiam impetrassem, opportune, importune, ipse qualis qualis sum tirunculus gravissimum senatorem in suavissimum amandi certamen evocare non dubitassem..

  A011000350 

 Quam occasionem cum præcipue spero, tum vero, nescio quo malo meo, factum est ut non utroque suo pede mihi constet opportunitas.

  A011000351 

 Quare cum jam per litteras ac obsignato veluti rescripto ferventem jam et suapte natura pugnacissimum hoc in genere certandi militem provocaveris, videndum est utique tibi non tam quis prior in aleam descendent observes, quam quis posterior supersit..

  A011000352 

 Ego enim tuarum illustrium virtutum et amator et admirator fui priusquam vel de nomine tibi notus esse possem, nec ante amavi quam in te essent eæ quæ connatæ tibi sunt eximiæ animi dotes, quæ te non amari nullo unquam tempore permiserunt.

  A011000352 

 Quod autem per summam humanitatem prior ipse scripseris, id nimirum [22] causæ fuit et te priorem dare, quod divinius est, et me priorem accipere, quod inferius decebat. Et ego ne potius in te senatoriam dignitatem, quam in senatore consummatissimam virtutem colere existimarer, absentem salutare minime consentaneum videbatur, cum præsertim me non ejusmodi juvenem crederem qui in ore vel aure cujusquam purpuratorum Patrum venissem, in intima videlicet juvenili umbra adhuc delitescens.

  A011000352 

 Quod cum secus evenerit, et lætandum mihi est me tam facile tuam benevolentiam consecutum, quæ non tam superbiam (etsi non levis esset titillatio) excitat ullam quam in melius eundi animos addit..

  A011000353 

 Quare sive mei ad virtutem studii promovendi causa, sive tuæ in eos qui vel exiguum habent ingenii ac probitatis sementem (quorum in te sunt uberrimæ segetes) propensionis sedandæ, non amaveris tantum (quod fide non negata referentibus necesse habebas), sed etiam scripseris, nihil formido quin deinceps amare pergas..

  A011000353 

 Verum id tua moderabitur humanitas, quam ita cum summa [23] prudentia in te conjunctam esse non dubito, ut nullæ bonæ vel malæ famæ exaggeratio, additio, substractio, nulla etiam referentium ornamenta ac locupletationes te decipiant.

  A011000355 

 Interim, dum id expecto, et mihi quam maximæ agendæ gratiæ quod prior scripseris, promitto me in colendo te [24] et observando nullum unquam habiturum superiorem, ac tuæ in me humanitati intima responsurum voluntate, quamvis meæ minus tersæ litteræ jucundissimis et elegantissimis quas dedisti non respondeant.

  A011000363 

 Je le fais non seulement parce qu'il est impossible de rencontrer ailleurs des talents supérieurs aux vôtres, et difficile d'en rencontrer de semblables, mais surtout parce que les exemples que nous trouvons dans nos provinces, dans nos villes, et pour ainsi dire à notre foyer, ont plus de force, d'énergie et d'efficace..

  A011000367 

 J'ai admiré et aimé vos éclatantes qualités avant même que mon nom vous fût connu, mais non point avant que vous ne fussiez enrichi de ces dons éminents innés en votre âme, et qui, en tout temps, ont fait qu'il a été impossible de ne vous pas aimer.

  A011000367 

 Mais puisqu'il en est autrement, je me réjouis d'avoir pu acquérir aussi facilement votre bienveillance, ce qui sera pour moi, non tant un sujet d'orgueil (bien que mon amour-propre ait droit d'en être flatté) qu'un stimulant à mieux faire..

  A011000368 

 Je ne m'informerai donc pas si c'est pour m'exciter à la vertu que, non content de m'aimer, vous daignez encore m'écrire, ou (comme vous vous y croyez obligé par ce qu'on vous a rapporté de moi) si c'est pour satisfaire votre propre inclination envers ceux qui ont en eux-mêmes quelque faible semence de cette probité et de ces talents qui fructifient si abondamment en vous.

  A011000377 

 Amare namque omnes possunt; amicos sibi conciliare permulti, ut ego quidem censeo, aliis vero, non nisi quorum authoritas præcipua atque exundans omnino sit.

  A011000377 

 Necesse (sic) est ea virtus cujus splendor non possessori suo tantum illustrando, sed cæteris etiam satis esse possit..

  A011000377 

 Non enim is sum apud aliquem cujus authoritate [hoc fieri posset].

  A011000378 

 Vere [26] nullam unquam tibi parem me gratiam daturum sperandum est, propterea vel maxime quod, ut ea pollerem authoritate, qui te non colat, non amet, non suspiciat, si quis aliquem invenire velim doctum aut probum virum hemispherii hujus nostri limites deinceps egrediatur necesse est; neque alioqui, si is non esses, Franciscum Girardum, quantum tua docet epistola, accurre foret... Et rursum ut argumenti perspicuitate ac lumine res confici verius quam proferentis opera diceretur..

  A011000379 

 Ecquid enim in me sit juris uti virum longe gravissimum, annorum jam non exiguo cumulo venerandum, disciplinarum ac virtutum omnium ornamentis cumulatissimum, Franciscum Girardum, pro amico (ut ejus retineam verba) provocassem nihil omnino video.

  A011000379 

 Quapropter, ut quod jam proximum est faciam, quoniam nullus qui te non summopere suspiciat, nullus Franciscus Girardus alius superest, quicquid hujus rei fuerit id tibi totum ac integrum me debere profitear.

  A011000380 

 Quare consentaneum uti eum socium appelles qui sua voluntate quidem sed tuo solo me diligat amore, quem tui non sui cognoverit opinione.

  A011000386 

 Il faut pour cela posséder une vertu dont la splendeur non seulement illustre celui qui en est doué, mais encore rejaillisse sur tous les autres..

  A011000398 

 Si tuis virtutibus jam pridem, aut tuæ erga me humanitati me totum non deberem, deberem nunc profecto titulo omni exceptione majore, ob benevolentiam Francisci Girardi, cujus tu mihi author extitisti, tua scilicet, uti litteris ad me suis mandavit, eloquentia et apud eum auctoritate.

  A011000399 

 Neque vero propterea in te quicquam imprudentiæ [29] esse dixerit quispiam, quod num donatarius cum dono sibi certa respondeat proportione parum prospexeris; verum enim est quod Alexander Magnus credidit, satius fore si donatore dignum sit donum, licet alioquin imparem sortiatur donatarium, ut in eo non tam ad quem, quam a quo proficiscatur considerandum sit.

  A011000401 

 Vivet vero semper in pectore meo ardens quoddam desiderium omnes quidem amicitias, sed hanc maxime Francisci Girardi, et cæteras quæ ex tua, Faber optime, prodibunt officina diligenter colendi; quod ut præstare possem, utinam non verbis tantum (qualia solet Franciscus Præpositus, et id genus alia, in quibus nescio quid inter nos est similitudinis), sed re etiam et meritis, quod tu credis, conjungeremur, ut amore præstantissimorum virorum vel eo nomine merito non indignus videar qui me indignum esse agnoscam libenter, et tenuitatem meritorum desiderii amplitudine resarciam..

  A011000402 

 De cætero, quod parum promptus fuerim in respondendo, vel tuis vel Francisci Girardi litteris, causam profero, non meo quidem judicio minus honestam, nec [31] tibi, ut arbitror, minus jucundam, qui familiaritate delectaris, quod scilicet ex media familia deprompta sit.

  A011000415 

 Afin qu'il en soit ainsi, puissé-je vous ressembler non seulement dans la manière d'exprimer mes sentiments (comme a coutume de faire le Prévôt François, et en cela, ainsi qu'en plusieurs autres choses, il existe entre nous un certain air de famille), mais encore en réalité et par le mérite, comme vous vous persuadez que je le fais.

  A011000424 

 Qua absolutus cura, audio charissimam matrem, anno 42 ætatis suæ, decimum tertium propediem parituram filium, acutioribus torsionibus ac adeo non levi [33] mortis suspicione vexari.

  A011000426 

 Etsi enim tanto viro, dicam suavius (quod per summam humanitatem tuam jam mihi licere existimo) etsi tanto amico, suavissime alloquenti non respondere durum fuerit, jucundissimum tamen fuit, interea, inter acerbas nonnullas animi occupationes, mellificium illud tuum degustare ac te ex litteris veluti loquentem subaudire..

  A011000427 

 Quod enim tibi curæ ac cordi non est, jus non est; quod vero cuique juris est, id quoad per te potest integrum est ac tutum.

  A011000428 

 Subolfacio etenim mihi brevi te visendum, cui fœlicitati meæ promovendæ non deero.

  A011000444 

 Appetente et imminente jam tremendo illo ac, uti Chrisostomi verbo loquar, horrendo mihi tempore, quo ex Antistitis placito, id est, Deo volente tantum, non enim alio ad Dei voluntatem explorandam utor interprete, postquam per omnium Ordinum gradus sacratissimos iter hucusque feci, tandem ad augustissimum Sacerdotii apicem evehendus sum, committendum non duxi quominus te de hac mea tanta (sic) tam excellents honoris et boni expectatione admonerem, ne tanta te inscio in re tua fiat mutatio.

  A011000446 

 Atque si ingenii mei imbecillitatem tam probe cognosceres, nihil in te aliud desiderarem quo sorti meæ eam quam a te suo jure quærit misericordiam adhiberes, cum non animo jam indigeo, quem integrum erectumque hactenus sustinui..

  A011000446 

 Et quidem non eram nescius, observatissime vir, magno cum periculo hanc tantam (sic) sacram dignitatem conjunctam esse.

  A011000447 

 Quamvis nescio (ut me sensim teque ab iis cogitationibus substraham quas exposuisse omnino sat est) quanam id ratione fiat ut cum amicus commiseratione malum abesse velit ab amico misero, miser hic contra miseratione amici recreetur, cum miseratione mali particeps [miserens] non fieri nequeat.

  A011000471 

 Si a Sancto Antonio velis non recte dici aliter posse quam Antonianum, appelles quod minime taie sit, cum nullum aliud convivium dicatur Antonius habuisse, [42] præter unicum illud in quo convivator corvus affuit, convivæ Paulus et Antonius, pro lautissimo edulio panis, pro potu aqua..

  A011000474 

 Etiam te non veniente, non intrarem; quomodo enim nuptiis interessem qui vestem nullam habeo nuptialem? Antonianum timeo namque convivalem illum senatum..

  A011000474 

 Te veniente, non committam ut alibi sim quam tecum.

  A011000497 

 Ego namque cum primum scivero adesse te intra Fabricarum limina, non committam quin inter Fabricenses imperitum sed alacrem videas tyronem; succedetque Tulliana deinde casa, quæ omni meliori modo [a te nomen sortietur].

  A011000497 

 Sic enim mea res se habet, ut cum vicariam pro matre præsentiam huic nuptiarum celebritati conferre deberem, quando ipsa interesse posse non crederet, et ego molestissime ferrem præsentiam etiam pro matre vicariam cuiquam tunc [46] conferre cum ex ea ab amantissimo tuo conspectu sequeretur absentia, enimvero factum est ut, rebus aliter succedentibus, mater ipsa vices jam meas expleverit.

  A011000513 

 At vero quonam fieri potest modo ut non sat cito litteras acceperim, qui tam bene excepi quam bene aliud unquam sum excepturus? Non quidem quam bene sunt scriptæ et elaboratæ, (quis enim tuum illud mellificium satis pro dulcedine non dicam collocare sed gustare quidem possit?) sed jam tam eleganter, tam amice! Illud certe mihi accidit percommode ut priores tuæ litteræ cum ad me perlatæ sunt, secederem in avitam [49] Salesiorum domum; ut enim eas excepi tanta legere sum aggressus aviditate ut aviditas saporem omnem præriperet, at ubi mihi ipsum otium itidem relegendi facultatem comparavit, tum vero undique sese mihi effudit voluptas..

  A011000527 

 Quod vix postea faciendum ducebam, cum non præcedentibus tantum sed posterioribus quoque litteris animorum nostrorum vicissim tantam exprimamus unitatem, ut supervacaneum fere crederem te de cogitationibus meis deinceps aliter certiorem facere quam profunda quadam attentione.

  A011000545 

 Cum hesterna die litteras R mi Antistitis quas ad te mitterem accepissem, et non tam scribendi quam litteras mittendi otium occasionemque fecerit mihi nunc bonus hic vir, qui me, in itinere verius quam in urbe, in ipso discessu salutavit, non tantum laconice sed etiam incitate et præpropere potius scribere volui quam non scribere; excusatione dignum ratus si, per hæc jejuniorum tempora, macillentam aliquantulum accipias epistolam, a me præsertim qui vix aliter soleo, et cui non tam edulii quam præsentiæ tuæ recenti privatione arida videantur omnia et insipida.

  A011000554 

 Cependant je préfère vous écrire non seulement d'une façon laconique, mais à la hâte et avec précipitation, que de ne pas le faire du tout; car, dans ce temps de jeûne, j'ai pensé que je serais excusable de vous adresser une lettre un peu maigre, moi surtout qui rarement en écris d'autres, et qui, moins par la suppression des mets, que par la récente privation de votre présence, trouve tout fade et insipide.

  A011000561 

 Jam vero epistola illa tua postrema cum mea quam ad te eodem die scripseram adeo mente convenit, ut eosdem duorum fratrum animorum sensus esse, in amando præsertim, clare commonstret, quamvis non uno quidem ore expressos, cum elegantia longissimo præcedas intervallo.

  A011000561 

 Quo fit ut quod hactenus feci tu quoque vicissim faciendum existimes, ut nimirum qualis unus es in me talem me esse erga te nusquam dubites; sic enim summa mea voluptate conficio omnino te fratrem amantissimum et omni meliori modo meum esse, qui adeo me fratrem tuum esse perspicio ut a me fere alter mihi [55] videar, ne si alter a me non sim, tyro grægarius, idem summo meo incommodo cum tanto fabro esse nequeam..

  A011000576 

 Ego autem, Frater suavissime et optime, his omnibus præteritis diebus, non diligens tantum, sed anxius fui in quærendo uno ex multis qui ad vos iverunt, atque, quæ mea sors fuit, [de suo discessu me facturos] certiorem non inveni.

  A011000576 

 Non enim id, vel a servis D. de [56] Charmoysi, aut D. de Beaumont, vel a D. Porterio, Ecclesiæ nostræ canonico, vel a Chappasio expectabam, uti me inscio discederent, quod vel in primis causæ fuit ut de iis nihil inquirerem.

  A011000576 

 Obruunt me potius tot tantaque beneficia quibus non sine labore Tullianis nostris tuam in Salesios tuos benevolentiam navasti; quæ, qua parte tui in me amoris sunt effectus, recreant illa etiam plurimum, obruunt dum cum tanto otii sacri tui incommodo proficiscuntur..

  A011000577 

 Neque vero cuiquam videri possum causam temerariam fovere velle, si quando ejusmodi tibi per ignorationem commendarem; non enim aurichalcum pro auro dare velle mala fide videri debet qui peritissimo fabro offert.

  A011000585 

 C'est non seulement avec empressement, mon très bon et très doux Frère, mais avec une véritable anxiété que j'ai cherché tous ces jours derniers à rencontrer un des nombreux personnages qui se sont rendus auprès de vous; mais, par un regrettable contretemps, aucun ne m'a prévenu.

  A011000585 

 La seule chose dont je sois accablé, ce sont les bienfaits si nombreux et si grands par lesquels, non sans peine, vous avez montré à nos gens de la Thuille votre amitié pour la famille de Sales; et si d'une part cette preuve d'affection me réjouit, de l'autre je déplore le sacrifice de vos précieux instants de loisir..

  A011000595 

 Etsi namque incommodum est et inopportunum spontaneum omni sane tempore inter fratres silentium (quo me longe ab eo sensu abfuisse scias quem te aliquando secutum esse [59] subverebar), at vero longe nunc acerbius et iniquius esset, cum non modo colloquium, sed garritum verni ipsius temporis leges permittere videantur..

  A011000596 

 Neque tamen velim credas Domini Monodii reditu alia ratione me non usum esse quam quod me inscio discesserit.

  A011000596 

 Quibus ne amantes diligentia cedant, curabo quam potero impensissime ut quod operæ miserandum illud genus hominum suis discordiis ac inimicitiis [non] recte fovendis tam libenter insumunt et turpiter, id amicitiæ ac concordiæ liberaliter simul pariter et honestissime conservandæ, per summam quæ iis bonis inest voluptatem, amantes saltem acerrimi attribuant..

  A011000606 

 Le silence entre frères est toujours pénible, inopportun (voyez que je suis loin du sentiment que parfois je craignais un peu vous voir adopter); mais [59] ce silence serait bien plus amer, plus dur, aujourd'hui que les lois de la saison printanière semblent nous permettre non seulement une conversation sérieuse, mais un babillage amical..

  A011000617 

 Quid facerem jam, mi Frater, aut quo me verterem, qui tam ardenti tuo illi desiderio hactenus nec satisfeci, et jam exclusus penuria temporis in promptu satisfacere minime possum? Ecce namque synodica tempora jam appetentia, clericis omnibus hujus provinciæ celeberrima, cui si non intersim anathemati caput ipsum objicio.

  A011000617 

 Subsequitur deinde de reipublicæ nostræ ecclesiasticæ negotiis per aliquot dies tractatio, quo toto tempore abesse me, quamvis inutilem, omnino non patitur R mi Antistitis et parentis authoritas.

  A011000638 

 Ad Aquas, uti [65] scribis, peregrinationem tertio Spiritui Sancto sacro die institutam, Deo dante, faciemus, non alio apparatu quam quo vidisti nuper cum adesses, easdemque Crucifixi Litanias dicemus.

  A011000638 

 Non tamen totum iter, sed quædam tantum milliaria nudis pedibus conficiemus, ea enim lex non sine causa dicta est.

  A011000639 

 Ita, mi Frater, non poterit ea non esse vera fraternitas quæ ad ejus ligni conspectum jurejurando firmanda est quod cœlites ipsos immortales mortalibus hisce inferioribus conciliavit.

  A011000649 

 Il faut seulement que vous et nous ayons à jamais cette unique loi, d'être non seulement appelés, mais d'être en effet tous frères et enfants de Dieu..

  A011000659 

 De domo quam urbanam in epistola ad D. de Charmoysi appellas nihil est quod cures, habemus enim paratam, non unam tantum aut alteram, sed tertiam quoque; quandoquidem uti mea hoc nomine censeatur velle non debeo, Domini vero de Charmoysi, ut video, tu [69] ipse noluisti.

  A011000659 

 Laconismum non tam verborum quam temporum inopia sequar..

  A011000660 

 Suavissimæ sorori, conjugi tuæ clarissimæ et charissimæ, salutem dicerene debeam non satis scio, qui te illi jam nolim sane addicere nisi tu ipse vicissim eam etiam nobis tecum addicas.

  A011000669 

 Je vise à la brièveté, faute de loisir et non de choses à vous dire..

  A011000669 

 Nous en avons non seulement deux toutes prêtes, mais trois, puisque je ne dois pas vouloir que la mienne porte ce nom, et je vois que vous n'avez [69] pas voulu celle de M. de Charmoisy.

  A011000677 

 Atque nihilo fere minus te inter cænandum apud Dominum de Charmoysi frequentissime [71] salutavimus, quid causæ esse posset, mi Frater, cur non venires, in utramque partem ad multam noctem disputantes.

  A011000678 

 Ergone te accedente discedam? Non facerem omnino nisi scandali vitandi causa subesset, et si te non antea venturum credidissem, nullis rationibus iturum me recepissem.

  A011000679 

 Dolorem quem sentio cohibeo quanto possum maximo conatu, cum qui raptim scribere cogor, [72] cum stomacho et modestia simul non possim.

  A011000679 

 Jam ergo quando venire non vis, salutem plurimam clarissimæ uxori tuæ quam impensissime dico, itemque nobilissimis liberis.

  A011000698 

 In tanta quam feci scribendi cessatione, humanissime et clarissime Girarde, id mihi fere accidit quod probis pueris interdum usuvenire solet, qui si statis collegii horis quibusdam lectionibus per imprudentiam non interfuerint, quamvis in officium gratiamque magistri quam primum redire cupiant, nesciunt tamen inter spem [et] metum nutantes horam sibi ipsis dicere, qua in irati præceptoris conspectum venire debeant; dum præsentem ejus iram declinare cum veniæ speratæ jactura, an veniam [74] cum tanta molestia obtinere satiusne sit, dubia mens pueri vix statuere potest.

  A011000700 

 Est enim undevigesimus hic dies quo cum fratre meo Fabro nostro vitam ago suavissimam, cui ad perfectam fœlicitatem id defuisse unicum videbatur quod te nobiscum non haberemus.

  A011000732 

 Duo maxime nunc præstabo, Amici charissimi: alterum quidem ut vestris litteris quibus non ita pridem auctiorem me sane fecistis et jucundiorem respondeam; alterum vero ut quoniam sentiunt ex iterata lectione detrimentum, hac eadem epistola, recentes a vobis expetam, cum eadem utrumque ratione nitatur..

  A011000750 

 Gratulor sane plurimum sorori de diuturniori illo tuo amœnissimo conspectu; at quorsum eam in causam rogari, suaderi ac propemodum cogi velle, et locum quem omnino tibi selegeris, non nisi post multas aliorum præces, per summam artis aulicæ subtilitatem, more Locatellæo occupare? Bene est.

  A011000751 

 Opportune pœnitentiales Meditationes quibus exercear dum aberis misisti, in quibus quid meum fuerit non [81] video, tot nempe prætiosis tuis illis lapillis intertextum et consitum opus illud est ut fœlici mutatione nomen antiquum et formam omnem perdiderit..

  A011000768 

 Quid autem ju cundius fuerit, an hominem tuum an litteras tuas videre? Non jucundissimum quicquid tuum esse non potest.

  A011000769 

 Sane, quantum conjicere potui, non alia me ratione amare cupiebat Franciscus Chosallius quam quod me amares; alioquin cum in me tam pauca e multis quæ dixeras deprehenderit, neque te neque me jam amaret, nisi amari me abs te, te quidem excusatione, me benevolentia, utrumque admiratione dignum redderet.

  A011000770 

 Audivimus confratrem nostrum, tuum vero in Cruce filium, virum optimum Saldium, centum præcum [83] ad sanctissimi Crucifixi [honorem] ritus penes se habere; nos unde habere possimus non videmus nisi, quoad commodum erit, decem vel duodecim ex ipso accipiamus, quorum prætium....

  A011000785 

 Non arduum est admodum Crucem erectam amplecti dum nemo impellat nitaturve disturbare, at contra pugnantium impetum eam ne labatur sustinere, id confirmates virtutis est.

  A011000786 

 Quæ quidem non eo animo a me esse dicta velim intelligas quo tibi animum addere vellem; non enim est discipulus super magistrum, et importunum omnino foret te veteranum et gravions armaturæ militem a grægario tyrone doceri.

  A011000788 

 Dominus tibi adjutor, non timebis quid facit tibi homo..

  A011000819 

 Non antea potui, mi Frater, suavissimis illis tuis litteris respondere quam hic idem qui tuas attulerat Chamberium versus rediret.

  A011000820 

 Gubernator, cum cæteris his Catholicis, rusticos circum circa, necnon et cives Aquenses, secretis suasionibus ad conciones nostras convocare, rem Christianam recte ac impensissime promovere [non destitit.] Quamprimum vidit dæmon; enimvero, tunc advocato suorum concilio, per summam perfidiam, fidem vicissim Tononienses quotquot sunt ex primariis sibi faciunt, nullis se cæteramque multitudinem unquam adfuturos Catholicis prædicationibus, ne nimirum satis non esset privata cujusque pertinacia nisi nefaria ac communi cohortatione, in suam perniciem, Principis desiderio ac nostris conatibus illudant ac omnino cervices opponant temulentas.

  A011000820 

 Post tuum enim discessum non cessavit animos horum [90] hominum in deterius quodque obvolvere.

  A011000821 

 Quamdiu per inducias et Principis utriusque tum ecclesiastici tum secularis licuerit voluntatem, operi instare, nullum non movere lapidem, obsecrare, increpare in omni qua nos Deus donaverit patientia et doctrina omnino ac firmissime constitutum est.

  A011000821 

 Quid faceres, mi Frater? Induratum est cor eorum; dixerunt Deo: Non serviemus; recede a nobis, viam mandatorum Dei nolumus.

  A011000822 

 Atque non modo conciones imo vero Sacrificia, si quis me judice certare in hac palæstra velit, quamprimum fieri poterit instituenda sunt, uti non tam animos demere nobis quam addere suis artibus sentiat inimicus homo.

  A011000831 

 Je soutiens à quiconque voudra discuter avec moi sur cette affaire, que non seulement les prédications sont nécessaires, mais encore qu'il faut rétablir la célébration du saint Sacrifice le plus tôt qu'il se pourra, afin que l'homme ennemi voie que par ses artifices il nous donne du courage au lieu de nous l'enlever.

  A011000851 

 Et non seulement il faut que nous ostions l'heresie, mais tout premierement l'amour du siecle..

  A011000860 

 Nunc demum mihi de rebus Tononiensibus bene sperare licet, quod te scire par est, Frater suavissime, cum me nudiustertius ex eis quidam tanto [obsequio] prosecutus fuerit quanto nihil jucundius nihil gratius, immutata [95] jam ex parte eorum lege qua cautum fuerat uti ne mecum non beneficiis modo, sed ne quidem verbis agerent.

  A011000861 

 Alioquin et D. Guichardo ut admodum [96] monuisti dedissem, moxque dabo, si tamen receperis te antea bona fide facturum ut et me scripsisse noverit, et tam male quam soleo nesciat; sic enim fiet ut me diligentem sui cultorem agnoscat, tam incultum non omnino existimet.

  A011000862 

 Aquiani, 4 non.

  A011000868 

 Ils ont donc en partie [95] changé de dessein, car ils s'étaient fait une loi non seulement de ne point me rendre de bons offices, mais de ne pas même m'adresser la parole.

  A011000877 

 Lætiores enim fructus in dies allatura mihi videtur verbi hæc divini pluvia, quod ubi paulo pressius deprehendam, non committam quin te, qui rem tantopere consilio, auctoritate et opera promovisti [certiorem faciam]..

  A011000894 

 Cum enim te discessum ad Albienses tuos parare audiverim, non debui committere quin, sin minus sacras illas [100] tuas manus religiose coram uti par est exosculari queam, saltem et veniam a te peterem simul ac, levi licet significatione, testatum facerem me immortali recordatione tuam illam qua me quondam complexus es benevolentiam animo servaturum, tuæque Paternitatis Reverendissimæ perpetuum ac humillimum cultorem futurum..

  A011000895 

 Quod cum ita sit, tuæ erit humanitatis ac amplitudinis, mihi inter tuos ita locum aliquem fixum firmumque attribuere, ut me non minus unquam tuum existimare possis quam esse possim, et quando tuorum Allobrogum numerum inire placuerit, ego ultimus in mentem tandem tibi veniam, qui si propensionem ac erga te observantiam animorum tam probe perspectam haberes quam merita, inter primos facile apparerem..

  A011000902 

 En conséquence, lorsqu'il vous plaira de faire le dénombrement de vos Allobroges, je me présenterai enfin le dernier à votre mémoire; je serai d'ailleurs facilement des premiers si vous voulez bien prendre en considération non pas le mérite personnel, mais l'estime et l'affection dont tous ces cœurs vous entourent..

  A011000948 

 Nam cum inter cænandum cognoverim Tovaysium hunchac ipsa nocte ad vos discessurum, non possum [hora] profecta graviter hispanico more scribere.

  A011000949 

 Mirum ergo non fuerit si, quod per jocum nuper dixeram, nunc reipsa gallice scribendum mihi sit; cum enim Servetanus noster jam discedat et de hæreticorum hujus temporis instabilitate Meditationes animo volvam, vix quidem fieri posse reor ut graviter hispanico more scribere possim.

  A011000949 

 Scripseram tamen nudiustertius litteras quas Tovaysio ad te perferendas darem; at ille, contra quam promiserat, non accepit.

  A011000963 

 At vero in tanta temporis opportunitate, moram hanc culpa purgare non aliter difficile fuit apud te, virum tam religiosum, quam si agnoscere culpam nolim.

  A011000963 

 Mora est, fateor, et quæ culpa non careat; ea tamen ex parte [109] excusationem aliquam habeo, quod me tantopere tuæ delectant litteræ, ut quamvis continua confractatione detrimentum charta sentiat, novara tamen mihi quotidie suggerant voluptatem qua mihi recentes subinde videantur esse, maxime cum nullam temporis habeant notam.

  A011000963 

 Tantæ me sane pudet tarditatis, qui suavissimis illis litteris quibus meas expectabas hactenus non satisfecerim.

  A011001000 

 Lædebar ego a meipso qui ideo lædebar quod tu quoque lædi putarem, cum primos hos animorum motus ratione antevertere fabri sit non tyronis..

  A011001002 

 Non sum nescius, mi Frater, quantopere te meæ litteræ delectent; id enim facile ex ea qua tuæ me vivissima afficiunt voluptate conjicio.

  A011001003 

 At hæc animi gratia dicta sint, cum ego, nec vi ulla ingenii neque [115] aliqua scientia sed patientia fretus, in hanc arenam venerim: Expecta, reexpecta, manda, remanda, utinam, quod sequitur apud Isaiam, non vadant et cadant retrorsum et confringantur..

  A011001003 

 Non miror sane si tam frigido invitatore qualis sum non veniant; at si ab aliquot spectatissimis viris accersiti venire recusent, ego vero tunc in sententiam P. Cherubini descendere non recusabo.

  A011001004 

 Cæterum, velim a te scire quonam [modo] latine exprimere possim commissaire des guerres; et num procurator Principis idem sit quod procurator fisci? vel enim id antea numquam scivi, vel servisse non memini.

  A011001004 

 Etsi enim recuperatores Præfecti et cætera id genus nomina viderim, non tamen mihi constat num huic significationi pressissime conveniant.

  A011001006 

 Tononi, non.

  A011001020 

 J'étais blessé par moi-même, moi qui l'étais parce que je vous croyais aussi blessé; c'est qu'il appartient non à un apprenti, mais à un artisan de prévenir par la raison ces premiers mouvements de l'âme..

  A011001061 

 Et si ce n'estoit que je suys icy engagé en un jeu ou qui la quitte la perd, je me serois desja rendu par devers vous; ce que je me prometz de faire, Dieu aydant, plus tost que je ne vous puys promettre et non jamays si tost que je souhaitteroys.

  A011001077 

 Dicamne, mi Frater, quanta animi voluptate tuas litteras et clarissimi viri Antonii Possevini nudius tertius exceperim? Et cum alterius seorsim recordatio sola animum omnem delectare posset et soleret, quid quæso non recordatio solum, sed utriusque erga me tantum benevolentiæ pignus effecerit? Epistola per se scribentis [122] quædam effigies manualis est; at in selecto illo libello de Poësi et Pictura, tam genuina est Possevini effigies, ut non in messem alienam miserit manum qui tam eleganter et graphice seipsum representant et pinxerit; ac nihilo fere minus se libello mihi præsentem exhibeat quam ipsissima præsentia tibi.

  A011001078 

 Nam tandem aliquando albescunt aliquot hujus tantæ messis spicæ, quæ si tempore tam incommodo non [123] tempestive colligantur, verendum est ne ventis maxime aquilonaribus (nam ab aquilone, ut est in Prophetia, omne malum panditur) vehementius iis in terris flantibus, rectæ fidei grana disjiciantur.

  A011001090 

 Dirai-je, mon Frère, avec quelle joie intime j'ai reçu avant-hier votre lettre et celle du très digne P. Antoine Possevin? Si le seul souvenir de l'un de vous séparément suffît d'ordinaire pour délecter toute mon âme, qu'en a-t-il été, je vous le demande, non du souvenir seulement, mais de ce gage précieux de la bienveillance de l'un et [122] de l'autre à mon égard? Une lettre est déjà comme un portrait de celui qui écrit; mais l'image de Possevin est si naturelle dans ce charmant ouvrage de la Poésie et de la Peinture que, pour se représenter et se peindre soi-même avec tant de grâce et d'exactitude, il n'a certainement pas emprunté les pensées d'autrui.

  A011001102 

 Et qua est statura et voce, ut vides, rodomontea, non ausus sum omnino negare inermis homuncio; quamvis nihil aliud habeam quod iterum scribam, præsertim sic ex tempore, quam Poncetum, de quo superioribus, jam promisisse se in verba Ecclesiæ Catholicæ palam paulo post juraturum, [ac primo] quidem Compesio, [128] qui id ab eo primum expressit, ipsaque eadem hora mihi.

  A011001102 

 Qua in re videbis verbis militaribus non parum sibi gralulari hunc nostrum equitem, quod meam hanc lætitiam anteverterit..

  A011001102 

 Quod non ad dictam diem servum suum in urbem miserit eques Compesius, alia via litteras ad te et ad P. Possevinum nuperrime perferendas curavi; at cum nunc idem ipse iter conficiat, noluit propter moram sine meis ad te litteris proficisci ac ea occasione salutandi te destitui.

  A011001114 

 Nimirum vult hic in canonicum haberi, nos repugnamus; habemus enim Constitutiones decreto Apostolico firmatas quæ cuiquam locum inter nos facere vetant, qui vel nobilis ex utroque parente vel doctor non sit.

  A011001114 

 Solus Pontifex hac nos conscientia potest solvere; at Pontifex non aliter illi in Bulla canonicatum concessit, quam si ad doctoratum intra annum promoveatur.

  A011001115 

 Sed cum in odiosis versemur si Constitutionum nostrarum venerationem, et, si excommunicationis asperitatem spectes, in periculosis, difficile adduci nos ab alio quam a te patiemur, quem non modo ut peritissimum fabrum, sed ut religiosissimum confratrem veneramur..

  A011001115 

 Tu judica; si enim tuta possit fieri conscientia non abnuo, non abnuunt cæteri, imo cupimus omnes eum optimo modo canonicum esse; vir enim est et doctus et pius.

  A011001124 

 En conséquence, nous ne voudrions pas voir la question tranchée par un autre que par vous, en qui nous honorons non seulement un très habile artisan, mais un très religieux confrère..

  A011001124 

 Si la chose peut se faire en sûreté de conscience, je n'y mets pas d'obstacle, les autres non plus; au contraire, nous désirons tous qu'il soit chanoine dans les meilleures conditions, car c'est un homme docte et pieux.

  A011001139 

 Sane tandem exceptio locum habebit; per me non stetit..

  A011001163 

 Gratias autem Deo omnipotenti quantas possum ago maximas, quod amicitiæ nostræ vires hisce conatibus experiri nos non sit passus qui ex amici communis miseria prodire debuerant.

  A011001164 

 Montroterio vero, viro nobilissimo et tui amantissimo, [injuriam faciam] si quid in hanc rem verborum, quando rerum non potuit, et quam enixe contulerit, non referam; vel si tam elegantem et mellitissimam personam referre velim, injuriam insignem, ni fallor, fecero, et tu facilius apud te cogitaveris quam ego memoria repetam..

  A011001165 

 Nec enim sigillatim adhuc singula inspexeram, et nostra laus deinceps, non minus quam mea, si quæ mihi foret propria, in ore meo, verecundiam movet.

  A011001166 

 Quis enim nesciat talia qualia sunt quæ scribis ex paupercula officina mea non prodire, tamque grandes materias ingenia parva sustinere non posse? Et quidem si nonnulla quæ tu procul dubio prius noveras, ego vel prius dixi vel ad memoriam revocavi, esto mea dicas; sed tabulæ sunt rasæ et informes quas tam accuratæ picturæ cedere necesse est.

  A011001166 

 Vel meum ergo tuumque pœnitus inter nos non audiatur, vel candidius tunc proferatur cum me tuum teque meum dicere volueris..

  A011001167 

 Expectabasne pro tanto munere tam gravem expostulationem? Vetus tamen mos est debitorum, cum non sunt solvendo, hac uti solemni diversionis arte.

  A011001172 

 Bene vale, et humillimum fratrem, quod facis, ama; nostrisque omnibus salutem, meo si placet nomine, dicas, seorsim clarissimæ sorori meæ, quæ mihi non aliter....

  A011001187 

 On croit communément que nous travaillons dans cette province en dehors du prince; bon nombre même disent, non sans raison, contre sa volonté.

  A011001195 

 Non enim tu ignotus es vicissim aut obscurus, qui tot recte (ut modestissime dicam) factis, dictis, scriptis pro Christo universis Christi fidelibus innotuisti, ut mirandum non sit eum qui omnibus toties scripsit Christianis, a multis hoc solum nomine quod Christiani sint, litteras item accipiat..

  A011001195 

 Quo minus excusatione indigere nunc me reor quod, ignotus et obscurus homuncio, litteras ad te dare non verear.

  A011001196 

 Cum ergo non longo multum intervallo, et solo fere quod aiunt Lemano lacu a te cognovissem me abesse, rem quidem tibi non ingratam, mihi vero in posterum [141] longe utilissimam facturum existimaverim si qui præsens nequeo, absens per litteras, commodum aliquando de rebus et dubitationibus theologicis interrogarem, et docentem te per litteras item interdum audirem.

  A011001197 

 En igitur nonum jam ago mensem inter hæreticos, et in tanta messe octo tantum spicas in arcam Dominicam inferre potui; summo Dei beneficio, quippe qui non tam sim operarius quam operariorum prodromus.

  A011001197 

 Quem cum antiquitatis authoritate non nihil moveri viderem inter familiaria colloquia, porrexi tuum illud Opus Cathechisticum, cum sententiis Patrum a Busæo fuse descriptis; cujus lectione abduci se ab [142] errore in tritam veteris Ecclesiæ viam passus est, ac manus tandem dedit; quo etiam tibi nomine plurimum plurimum uterque debemus..

  A011001198 

 Cum vero nuper pro libero hominis arbitrio illud urgerem Genes., 4: Sub te erit appetitus ejus, et tu dominaberis illius, objecit ex Calvino voces (ejus et illius) referri ad Abelem, nimirum ut dicatur dominaberis fratris, non peccati.

  A011001198 

 Huic nimirum rationi refellendæ, etiam adhibita Bellarmini opera, satis esse non potui, libris autem in id necessariis hic careo, quod paucos tantum de controverses hujus sæculi, ut fit, mecum attulerim.

  A011001219 

 Comme dernièrement j'appliquais au libre arbitre de l'homme ce passage de la Genèse: Ton appétit sera sous ta puissance et tu le domineras, Poncet objecta, d'après Calvin, que les mots ejus et illius se rapportent à Abel, en sorte qu'on doit interpréter: tu domineras ton frère, et non le péché.

  A011001231 

 Non enim tu vicissim ignotus es aut obscurus, sed tot rebus bene (ut modestissime loquar) hactenus pro Christo gestis, dictis, scriptis, universis Christi fidelibus innotuisti, ut mirandum non sit eum qui universis toties scripsit Christianis, a multis hoc solum nomine quod Christiani sint, epistolas item accipiat..

  A011001231 

 Quo minus excusatione nunc indigere me reor quod, ignotus et obscurus homuncio, litteras ad te dare non verear.

  A011001232 

 Cum ergo non longo admodum intervallo, et solo propemodum quod aiunt Lemanno lacu a te me abesse cognovissem, rem tibi quidem non ingratam, mihi vero in posterum longe utilissimam facturum existimavi, si qui præsens nequeo, familiarius per litteras absens interrogarem, et docentem te per litteras item interdum audirem, pro tua in proximos charitate.

  A011001233 

 Inter rumores bellicos metuunt incolæ ne si iterum Bernensium aut Gebenensium in nos explicentur arma, et non modo ad Ecclesiam redeat aliquis (quod se nunquam facturos pollicentur omnes), sed tantum aures Catholicis theologis dederit, is pessime et crudelissime excipiatur..

  A011001234 

 Non commisi tamen quin, pro mea tenuitate, concionem singulis Dominicis diebus bis saltem haberem et quidem in templo publice, quo veluti prodromus aliis opere et [146] verbo potentioribus viam aperirem.

  A011001235 

 Advexi namque pauca tantummodo, ut fit, præcipua de hujus seculi controversiis volumina, inter cætera quidem Belarmini opus illud illustre Controversiarum quem dum hac in difficultate consulo, non satis loci nodum explicuisse comperio, dum de cohærentia relativi fœminini ad nomen masculinum nihil agit.

  A011001235 

 Ego vero interpretationem Catholicam satis confirmavi, sed objectionem clare refellere non potui, quippe qui libris hic caream necessariis.

  A011001235 

 Is autem cum nuper pro libero hominis arbitrio urgerem locum Genes., 4: Sub te erit appetitus ejus, et tu dominaberis illius, objecit referri voces (ejus et illius) ad Abelem; nimirum, dominaberis fratris non peccati; rationemque ex Calvino reddebat quod in Hebreo relativa illa sint masculina, peccatum vero apud Hebræos fœminina voce exprimatur.

  A011001248 

 L'Illustrissimo, poi, Duca de Nemours, non solo non darà impedimento nessuno, chè più tosto ci giovarà in ogni modo, essendo di coscienza delicatissima et persona molto timorata; conciosiachè egli m'ha detto che se non si trovarà il privilegio della Santissima Sede Apostolica chiarissimo et apertissimo, non ne vuol godere, nè prevalersene..

  A011001289 

 Non sum nescius, suavissime Frater, non mediocriter inter nos hinc inde pariter molestum esse silentium, ac propterea excusationem ullam non affero.

  A011001290 

 Id me non leviter torquebat, torquet autem [153] maxime, tot clades capitibus nostris, mi Frater, imminere, ut interea vix ullus pietatis procurandæ, cum ipsa maxime sit necessaria, superesse locus videatur.

  A011001290 

 Onus messis Tononiensis, meis impar humeris, non nisi te volente, jubente, deponere constitui; in eam tamen rem alios operarios iisdemque commeatum dum artibus modisque omnibus pergo parare, nullum, inter infinitas hostis generis humani versutias, exitum, nullum finem facio.

  A011001291 

 Quid enim [qui] in tanta vicinitate tam audacter mentiuntur non audeant de homine tot intervallis disjuncto comminisci?.

  A011001292 

 Interim, mi Frater, inter hos patriæ nostræ [155] tumultus (dicamne, an tumulos?), dum circum circa oculis nostris ingrata quæque sese offerunt, in patriam illam cœlestem oculos intensissime figamus, cogitemusque perpetuo Heliam illum Thesbitem non aliter quam per turbinem ad cœlum ascendisse..

  A011001292 

 Redeo crastina die ad Spartam meam (utinam si non ornandam saltem aliis præstantioribus conservandam), faciamque deinceps ne integro mense inter nos audiatur silentium.

  A011001294 

 Necii, 4 non.

  A011001312 

 Non tamen bona spe vacuus omnino, itaque cum rem levius transigi audiam, mihi tibique plurimum gratulor; quando infœlix hoc nostrum sæculum, pro faustis solent haberi quæ non sunt infaustissima..

  A011001326 

 Ego hac iterum egi venatione ut promitterem me, sequenti concione, de Scripturis luce meridiana clarius [158] dogma commonstraturum, ac tantis rationum momentis propugnaturum, nullus ut futurus sit ex adversariis qui non cognoscat densissimis se tenebris excœcatum, nisi qui humanitati ac rationi nuntium remiserit.

  A011001326 

 His nimirum rodomonteis propositionibus se ingeniumque suum ad arenam vocari recte cognoscunt, ne videlicet si non veniant existimentur imbelles omnino, qui Catholicam vel homuncionis nescio cujus impressionem reformident..

  A011001344 

 Et ego quidem, mi Frater, tantum posteriores, ad 6 non.

  A011001345 

 Ea est propemodum temporibus calamitas non minima, ut eminus rem spectantibus apud viros probos et, ut sacro dicam verbo, quibus est cor, ipsa calamitate sit calamitosior opinio.

  A011001347 

 Habebis ergo qualecumque id carminis, si placet, amanter; vir enim est admodum hæreticus, quem tamen propter spem melioris mentis et multa virtutum semina non mediocriter dilexi.

  A011001347 

 Interim advocatus de Pres ad me versus quosdam in [162] tuam, quod ipse dixit, laudem misit, ea quantum audivi mente uti ad te quoque, non suo quidem sed meo nomine gratulabundus scilicet, perferre curarem.

  A011001357 

 Son désir serait, si j'ai bien compris, que je vous les fisse parvenir pour vous féliciter non pas en son nom, mais au mien.

  A011001368 

 Ac, ne sine te quidquam [164] hic etiam agatur, peto a te, Frater suavissime, uti ad regulam illam, «aienti non neganti incumbit probatio,» sensum genuinum, rationem a priori et a posteriori adjicias, idque Gallice; nam habeo caput unum in Commentariis quo hæreticos ex hac regula velim ad probationem cogere, quantumvis negativa potius quam affirmativa sit eorum theologia.

  A011001368 

 Habebis a me quam primum caput unum meorum adversus hæreticos Commentariorum, in quo quam veri non Ecclesiæ sed antiquarum hæresum sint reformatores conabor ostendere.

  A011001380 

 Et afin que, même ici, rien ne se fasse sans vous, [164] je vous demande, très doux Frère, de donner son vrai sens à cette règle: « La preuve incombe à celui qui affirme et non à celui qui nie.

  A011001448 

 Sed plurima nihilominus me de te docuerat frater ille propemodum alter Locatellus, quem semel et iterum vidi epistolam de me tuam lectitantem, per quam nobiscum fere colloqui videbaris, si ea de te non dixissemus quæ te præsente dici ipsa tua modestia non pateretur..

  A011001448 

 » At ego, ne igitur spinetum rosa carens ingrediar (non [177] enim me ad sui contemplationem infœlix civitas, sed unius quidem hominis, sed qui instar multorum mihi sit, præsentia pertraxerat), et ut suavissimi complexus jacturam aliquo modo resarcirem, ad Salesios nostros venio, mox ad Baronem nostrum Chivronium, qui me tanta benevolentia quanta maxima dici potest exceptum, per multos dies quibusdam suis cum fratribus et agnatis rebus componendis retinuit, ut litteras illas suavissimas ad 7 calend.

  A011001449 

 Ego vero, mi Frater, quod postea dicis, Genandi nostri fœlicitati invidere, vel potius deinceps niti non invidere, beatius semper existimavi.

  A011001450 

 Quod autem attinet ad prioratus, prior ratus sum egomet nihil ad me spectare; hoc autem ad me spectat uti Chaventius, qui a secretis est Principis, ingratum me non existimet.

  A011001451 

 Duodecimum Conjecturarum librum, mihi quod ais inscriptum, videre non minus cupio quam soleant alii amicorum liberos legitimos; et quod duodecimus sit, universitate numerorum quam universam totius amicitiæ summam inter nos esse commonstrabit, quod nihil mihi gloriosius.

  A011001451 

 Sacrum autem de Eucharistiæ mysteriis poema non video quare non possis Episcopo dicare, cum altius profundiusque sit opus priore, et præterea non semper a supremis ad infima, sed interdum ab infimis ad suprema transcurrere æquissime ordo patiatur..

  A011001452 

 Caput illud de discordi hæreticorum cum hæreticis concordia mecum non attuli, vitio famuli cui cum quæ [180] afferre statueram commissem, omisit.

  A011001490 

 Dicano gli altri quel che gliene pare, ma io dico che alle afflittioni et piaghe de queste chiese savoyane si conveniva un rettor et medico qual non solo fosse sufficiente et prudentissimo, ma anco zelante et pietoso..

  A011001490 

 Dobbiamo quanti siamo de Savoyani, et io particolarmente, laudar Iddio et rallegrarci della felice elettione che fece Sua Beatitudine di V. S. per Nuncio Apostolico [183] presso Sua Altezza Serenissima, poichè più zelante, prudente et pietoso protettore et medico non potevano desiderare queste povere et afflitte chiese di Savoya.

  A011001491 

 Onde mi rincresce infinitamente di non haver in me le altre cose corrispondenti all'opinione che V. S. Ill ma et R ma tiene di me, se non un buon desiderio di servire a santa Chiesa et di ubedire prontissimamente alli commandamenti de'superiori miei, massime di V. S. Ill ma; [184] alla quale, per communicare di quello che mi commanda per la lettera sua, darò quanto più spesso far si possa fedele avviso di quanto giudicarò degno della notitia sua et de Sua Beatitudine, per beneficio spirituale della Savoya.

  A011001492 

 Ma consegliato dall' occasione et da pochi Catholici che v'erano invitato, io incominciai [a] fare alquante prediche, non senza qualche speranza di buon frutto; et da quell'hora in poi, io per lo più, et a varie occasioni altri, parte canonici della Cathedrale, parte curati di questa diocesi, non habbiam mai intermesso l'essercitio di predicatione le feste, se non due volte per certe necessità.

  A011001493 

 Cioè: che bisognava havere modo et entrata certa per molti predicatori, quali in diverse parti di questa provincia heretica potessero spargere la santa parola, et altra entrata per sacerdoti che nelle parrochie convertite si devono lasciare per l'administratione dei Sacramenti; non potendo li predicatori fermarsi in un luogho particolar, ma dovendo esser liberi per transcorrere ove la necessità de'popoli richiederà.

  A011001506 

 Que les autres disent ce que bon leur semble; quant à moi je dis que pour remédier aux maux et aux afflictions de ces églises savoisiennes, il fallait un guide, un médecin qui fût non seulement capable et très prudent, mais encore zélé et compatissant..

  A011001508 

 Cependant, inspiré par l'occasion et invité par le petit nombre de Catholiques qui se trouvaient là, je commençai à faire plusieurs prédications, non sans quelque espérance de leur voir produire d'heureux fruits; dès lors, soit par moi-même le plus souvent, soit par d'autres prêtres, en partie chanoines et en partie curés de ce diocèse, l'exercice de la prédication s'est continué sans interruption tous les jours de fête, si ce n'est deux fois que nous avons été contraints de l'omettre.

  A011001508 

 Son Altesse Sérénissime d'un côté, et Monseigneur notre Révérendissime Evêque de l'autre, voulant remédier à ce mal, je vins ici par ordre de mondit [185] Révérendissime Evêque, non comme médecin capable de guérir tant d'infirmités, mais plutôt comme explorateur et comme fourrier, afin d'examiner les moyens à prendre pour pourvoir le pays de remèdes et de médecins.

  A011001540 

 Oltre che sua divina Maestà richiede adesso questo servitio, poichè permette che fra queste genti vi siano tanti inspiritati et tuttavia se ne scuoprano ogni giorno più, i quali rimedio et refrigerio no sanno trovare se non nel segno della Croce, nell' acqua et candele benedette, nell' Agnus Dei et simili cose sacre che per lo innanzi abhorrivano tanto; il che mi pare un dolce invitamente della Providenza suprema a questo popolo di ritornare al grembo [191] della santa Chiesa, et a quelli che possono di porgergli aiuti convenienti.

  A011001559 

 L'espérance en laquelle je me trouve maintenant de moissonner bon nombre d'âmes dans cette province du Chablais, si l'on donne des ordres conformes au zèle de Son Altesse Sérénissime, me fait prier en toute humilité Votre Seigneurie de daigner intercéder, afin que non seulement ce bien s'effectue, mais encore que ce soit avec cette promptitude si agréable au Seigneur.

  A011001576 

 Si venerit Princeps, ad te propero quamprimum; si, quod Deus avertat, non venerit, non committam quin ad te quoque, si qua fieri possit, ex itinere omnino divertam; namque ecquid in animo habeat, quando per litteras nequeo, coram extorquere in nomine Domini decrevi.

  A011001600 

 Essendo venuto qui appresso Monsignor R mo Vescovo per il sinodo et altri negotii, ho ricevuto tre delle [195] lettere che piacque a V. S. Ill ma scrivermi, due alli 8 di Aprile di medesima sostanza, et una al terzo, delle quali la ringratio con ogni humiltà, et della memoria che hebbe di me nel bisogno ch' io havevo della licenza de' libri prohibiti, la quale io son aspettando ogn' hora, et ancora di quella dispenza nel matrimonio contratto fra parenti, non potendo però mandare a V. S. Ill ma i nomi, cognomi, patria et dioccesi, come mi commandò, per non haver ancora risposta del loro curato che sta un pezzo lontano.

  A011001602 

 Et per conto degli beneficii, no credo esser espediente di restituirli a quelli che anticamente ne hanno [havute] le provisioni etiandio di Sua Santità, perchè ancora che fossero capaci per la cura dell'anime in luoghi pacifici, moltissimi tuttavia, per luoghi di guerra et contrasto non sono sofficienti, se non mettessero altri capaci in luogo loro.

  A011001603 

 Non è tempo di dar quelli avisi ch' io promisi, sin tanto che sii in pace questo desolato paese; et allora no mancarò di farlo con ogni studio et colla divotione ch' io devo al servitio di santa Chiesa, et forse portandoli [197] io stesso a V. S. Ill ma, allaquale priegho continuamente dal Signore Iddio ogni contento, essendo,.

  A011001653 

 Licet quidam huic expositioni contradicant, asserentes etiam post interitum excrescere nos posse et decrescere, et in eo quod nunc ait: Et pars non erit eis adhuc in seculo, in omni quod factum est sub sole, ita intelligunt ut dicant eos in hoc seculo, et sub hoc sole quem nos cernimus, nullam habere communionem, habere vero sub alio seculo (de quo Salvator ait: Non sum ego de hoc mundo ) et sub sole justitiæ; et non excludi opinationem quæ contendit, postquam de hoc seculo migraverimus, et offendere posse creaturas rationales et promereri.

  A011001654 

 Perspicuum est autem quod et pars eorum non est in sæculo; non enim possunt dicere: Pars mea Dominus.

  A011001654 

 Sed quia nobis hæc expositio non placet, ad majora tendamus; et Chananæam illam cui dictum est: Fides tua te salvam fecit, canem esse juxta Evangelium dicamus, leonem vero mortuum circumcisionis populum, sicut Balaam Propheta dicit: Ecce populus ut catulus leonis consurget, et ut leo exultavit. Canis ergo vivens nos sumus, ex nationibus; leo autem mortuus Judæorum est populus, a Domino derelictus: et melior est apud Dominum iste canis vivens quam leo ille mortuus.

  A011001663 

 Ma, per quanto mi ha detto, fu avertito che non mancavano calomniatori in quella corte, et della sua conversione alla santa Chiesa, et della mia intentione in queste mie poche [202] fatiche; et per questo hebbe opinione di non poter commodamente esser creduto, sì che lasciò di parlarne più.

  A011001664 

 Et se si darà l'ordine pronto come si conviene, ritornarò certo et sicuro di veder ben presto lieta raccolta di migliaia d'anime; se per contrario no si darà, pigliarò la benedittione di V. S. Ill ma et R ma et licentia di abandonnar questa impresa per altri più capaci, chè mi sento spezzar il cuore di veder le parrochie intere desiderar di esser satiate della santa dottrina catholica et non poterli (sic) provedere, per non havere il modo per inviare a quest' opra numero sofficiente de predicatori et pastori.

  A011001664 

 Nò posso più io solo restare qui per esser favola delli nemici, i quali vedendo non si dar altr' ordine, sprezzano tanto più il mio ministerio, del quale nientedimeno io ad ogni modo devo esser zeloso..

  A011001665 

 Quanto poi alli calomniatori, spero che in fine si cognoscerà, et lo sa Iddio benedetto, che quanto a questo [203] io da ogni ambitione sono libero, nè con queste poche fatiche cerco di esser cognosciuto da' superiori se non quanto basta per esseguire questo servitio et altri così fatti.

  A011001666 

 Della conversione di monsieur d'Avully già ne scrissi ultimamente a V. S. Ill ma et glie ne darò conto più particolar; chè invero non a luy (sic) solo et a me, ma ancora al general di questo negotio, fanno gran prejuditio questi tali maledicenti; et in questo sonno favorevoli agli hæretici, quali vanno calomniando tutte le conversioni che si sonno fatte a' tempi nostri, per impedir l'effetto che suol far l'essempio dei primi nelle conscientie del popolo.

  A011001680 

 Mais pour ceci et beaucoup d'autres choses qui regardent le service de Dieu et de la sainte Eglise, j'espère que bientôt Votre Seigneurie me donnera audience selon cette bienveillance avec laquelle elle daigne m'inviter en son palais, afin que je puisse [204] m'honorer non seulement d'être, comme je le suis, votre très humble et tout dévoué, mais encore votre serviteur familier.

  A011001693 

 Et in questo, ad ogni modo non ciè altro pericolo se non di tralasciare l'impresa et fugire di Bethleem, in caso che questo trattato di pace se terminasse in guerra; il che no solo nel Chiablais, ma in molti altri luoghi di questa diocesi traverrebbe.

  A011001712 

 Et en cela, il n'y a de toute façon aucun péril à courir, si ce n'est celui d'abandonner l'entreprise et de fuir de Bethléem, au cas où ces négociations de paix aboutiraient à une guerre; ce qui traverserait [les intérêts de la religion] non seulement en Chablais, mais dans plusieurs autres lieux de ce diocèse.

  A011001725 

 Nunc vero in profectionis articulo, quod a mora non potui, ab ipso discessu otium hoc scribendi quale quale est expressi..

  A011001726 

 In Ducis nostri Gebennensium mente et ore eo es imprimis loco ut meliore vix esse possit quisquam, et si permittas intelligi te (sic enim de more aulico loquor) [208] Præsidem, hic non optatissimum modo, sed his temporibus necessarium sumus habituri.

  A011001738 

 [208] Si vous permettez que l'on vous considère comme Président (c'est ainsi que je parle à la façon des hommes de cour), nous aurons un Président non seulement très désiré ici, mais tel qu'il nous le faut dans les circonstances où nous nous trouvons.

  A011001784 

 Hora essendovi, per quanto si dice, un statuto in Roma che i legati ad piam causam che no si pagano fra l'anno si riduccano ad utiltà della fabrica di Roma, gli soprastanti di quella fabrica, vedendo quelli legati non essersi pagati nel tempo prescritto, vogliono ritirarli di là.

  A011001784 

 L'una, che i curati di queste chiese non han havuto noticia de'detti legati se non da poco tempo in qua, et manco di detto statuto romano, in che sonno stati in ignorantia invincibile; l'altra, che se bene vi fosse crassa ignorantia de'detti curati, le parrochie nè le chiese non hanno da patirne il danno et castigo.

  A011001786 

 Non son ancora stato in Necy per il sospetto, se ben adesso no vi è male alcuno.

  A011001815 

 Faxit Deus optimus maximus uti tantæ felicitatis spem peccata nostra non antevertant..

  A011001815 

 Quod si urbanorum pastorum colloquia cum [217] rusticanorum societate non facile commutaveris, at saltem te cum Orientalibus Dynastis venturum expectabimus.

  A011001816 

 Hos ut imprimis tua opera et authoritate hoc in negotio juves etiam atque etiam obtestor; quanquam tam sedulus Crucis discipulus, hac in causa, cohortatione non indiget.

  A011001837 

 Et particolarmente da Berna è stato minacciato acciò no sollecitasse altri alla fede; il che nientedimeno egli fa ad ogni sorte di occasione, molto più consolato in queste tribolationi catholiche che egli non era nelle prosperitade heretiche.

  A011001837 

 Ma non voglio mancare di dire a V. S. Ill ma che no manca punto il nemico di far a questo cavagliere tutti gl' assalti che egli può per oscurare il lume che si era acceso della sua conversione, suscitandogli molti odii, sì dalla parte heretica come della catholica.

  A011001838 

 Ma per quanto vedo, non sarà troppo necessaria questa informatione, poichè si ha da dar la badia ad un altro.

  A011001838 

 Mando qui alligata la informatione secretta fatta per [222] commissione di V. S. Illma, la quale io supplico di perdonarmi se no sarà così ben acconcia, sì perchè questa è la prima che io feci, sì perchè non ho potuto haver secretano molto a proposito.

  A011001893 

 Ho voluto più presto scriver così in fretta ch'a non darglie avviso delle nostre necessità.

  A011001893 

 Supplico adunque V. S. Ill ma di perdonarmi se io glie son importuno, poichè non ho altro refugio humano di là che appresso la sua bontà et sollecitudine, alla quale, inchinandomi humilissimamente, bascio le mani reverendissime..

  A011001954 

 Già che il signor cavaglier Bergera se ne ritorna, così non ho bisogno di dargli (sic) avviso particolar di quello che si è stabilito qui, per ordine delle Sig rie V. Ill me, ad [232] honor d'Iddio et propagatione della santa fede catholica.

  A011001955 

 Pur vedendo che a me è toccato la sorte di essere il forriero et procuratore de molti predicatori et altri honorati ecclesiastici che sonno per venir qua combattere li combattimenti del Signore delle armate, et che non potrò far di manco di esser forse importuno a Sua Santità, alle Loro Altezze et alle Sig rie V. Ill me, per addimandar aiuto per le spese che di giorno in giorno andaranno [233] crescendo, secondo il numero di lavoranti che per progresso di questo negotio saranno necessarii, mi è parso di dover in una volta proporre alle Sig rie V. Ill me quello espediente che, essequendosi, tagliarà la strada alla necessità in questa opera, et alla importunità che esse riceveranno delli aiuti che di tempo in tempo sariamo costretti di addomandargli.

  A011001956 

 Et per questa propositione non ho bisogno d'altro procuratore, poichè vi è tanta ragione et che non mancarà il zelo et integrità delle Sigrie V. Illme, alle quali basciando humilissimamente le mani et pregando dal Signore Iddio ogni vero contento, le prego di accettarme per essere,.

  A011001978 

 Et in vero hebbi dette lettere di V. S. Ill ma quello istesso giorno nel quale io mandai le mie; et aspettando il mio ritorno qua, et essendo ritornato, aspettando di giorno in giorno che si desse principio all'ordine stabilito per li sei curati (che non si è dato sin adesso), son stato così tardo a scrivergli, d'il che, se peccato vi fosse delli reservati, ne chiedo perdono a [235] V. S. Ill ma con ogni humiltà.

  A011001978 

 Et non era bisogno, per quanto mi pare, che V. S. Ill ma usasse meco il precetto in virtute sanctæ obedientiæ per far che io più spesso glie dia avvisi delle cose di qua, poichè la semplice volontà di V. S. Ill ma mi stringe tanto quanto basta per farme far ogni gran cosa possibile..

  A011001978 

 Vedo, per l'ultima sua del 4 di Febraro, V. S. Illma stupirsi ch'io non havessi ricevute le ultime sue delli 4 et 6 di Genaro quando io glie scrissi l'ultima volta del 27 de Genaro.

  A011001979 

 Ad ogni modo, sia che se faccia, sia che non se faccia questa conferenza, supplico V. S. Ill ma che con l'authorità [236] sua habbiamo qui in Chiablais per questo anno detto P. Cherubino et il P. Spirito, dello stesso Ordine, et altri quanto più si potrà, sì di quell' Ordine come della Compagnia di Gesù, acciò che uniti quelli con altri secolari che verranno, possiamo far un vivo assalto all'heresia in questi paesini, chè pian piano se ne sentirà l'odor in tutta la vicinanza, sì de'Bernesi come de'Genevrini.

  A011001979 

 Et per farglie le spese (chè in vano cercarebbero la limosina fra queste genti), bisognarà far una di queste due cose: o risserbar a questo effetto per un poco di tempo due pensioni delle sei, o vero pigliar per via di contributione qualche parte delle intrate che i particolari cavano delli beni ecclesiastici di questo balliagio, già che da' Cavaglieri non bisogna sperar altro.

  A011001979 

 Son stato consolatissimo vedendo che V. S. Ill ma gusta la cosa della conferenza, purchè si faccia con debito modo; chè persevero io a dire che maggior cosa che quella non si è fatta ad honor d'Iddio da un pezzo, se perseverano i Genevrini in questa intentione, sì come da una lettera scritta da un citadino di Geneva, del 19 Febraro, al P. Cherubino, me par che si possa sperare.

  A011001980 

 Così ancora non ho dato altro raguaglio a V. S. Ill ma delli trecento scudi ordinati per pagar [238] le spese fatte sin adesso, per non esser ancora finito il pagamento di essi; et tuttavia, et quello et ogni altra grati a venuta di là, la devo et ricognosco dalla bontà di V. S. Ill ma ....

  A011001980 

 Esso ha ancora voluto che io ne scriva a Sua Altezza et al Consiglio de' Cavaglieri, il che ho fatto per non pretermettere dal canto mio quel poco che da me si può addimandare.

  A011001980 

 Et sopra questa sua intentione mi ha sollecitato di scrivere a V. S. Ill ma; il che io faccio molto volontieri, per esser la cosa et giusta et molto a proposito per conto di questa impresa, acciò non habbiamo da esser cortegiani de' Cavaglieri et loro pensionarii, che è cosa, se m'è lecito di dirlo, molto disdicevole et di gran danno al frutto che si può sperare.

  A011001980 

 Voleva ancora che io ne scrivessi a Sua Santità; ma quanto a questo non me basta l'anima di far volare le lettere mie così alto immediatamente, massime che in questo particolar V. S. Ill ma può et vuole tutto il necessario.

  A011001980 

 È vero che il signor cavaglier Bergera, lator di queste, mi ha promesso, mediante l'authorità di V. S. Ill ma, di far ogni sforzo appresso il Consiglio della Religione de'Cavaglieri acciò ci sian lasciate affatto tutte le cure di questo balliagio, per far poi il servitio compito, con questa conditione, che altro da loro non cercassero.

  A011002003 

 Ma quanto alla prima, nella quale V. S. Ill ma mi comandava di ritornar qui in Tonone, non ho da farglie altra risposta colla carta, poi che già l'ho fatta alla sua intentione col l'effetto..

  A011002004 

 Quanto alla seconda, ho da ringratiare quanto più posso humilissimamente V. S. Ill ma qual si degna pigliarsi così volontieri in protettione le nostre cose di questa diocæsi, et particolarmente nel procurar che quel legato lasciato in Roma ci sia riservato, non ostante la prætentione della fabrica di San Pietro; et già che per l'ultima sua V. S. Ill ma mi commanda che se ne scriva a qualche savoyardo stante in Roma, acciò ne tratti con li deputati della fabrica et habbia ricorso al signor Cardinale Aldobrandino, così si farà..

  A011002005 

 Et sia laudato Iddio æterno della patientia et zelo che ha dato a V. S. Ill ma per far infine spontar questa benedetta impresa con questo principio, del qual, per dar distinto raguaglio a V. S. Ill ma, dirò che ciè un pezzo che il signor cavaglier Bergera è giunto qui con quel ordine che mi scrisse V. S. Ill ma; et essendo allhora in Annessi per certo negotio, ritornai quanto prima per non esser cagione della retardatione di così importante servitio, quantumque io fossi certo che questo cavaglier saria qui un pezzo, per haver a riscuotere da sette millia ducati per la sua Religione, che è una summa laquale no si fa così presto fra questi travagli di guerra.

  A011002005 

 Onde essendo venuto, ho trovato questo gentilhuomo tanto ben disposto, che io son ubligato di dar testimonio a V. S. Ill ma che se tutti gli altri di quella Relligione fossero così fatti, V. S. Ill ma non fosse stata tanto travagliata.

  A011002005 

 Vedo poi la gran fatica che V. S. Ill ma havrà durata per haver la provisione per li sei curati, et no posso ch'io non ammiri il poco zelo de chi, in questo negotio, havrà [240] fatto le difficoltà.

  A011002007 

 Ma no si possono [242] ben introdurre sensa far un poco de preparatione con il far qualche sermoni cathechistici; il che si deve far da qualche predicatore prattico, et adesso non è possibile haverne per esser impediti tutti nelle quadregesimali prediche.

  A011002008 

 D'il che trattando col signor cavaglier Bergera et non havendo egli carico di lasciarci denari per questi servitii, si è contentato di spender da otto o dieci ducatoni per la chiesa di Tonone, dove ogni cosa era sotto sopra, sensa altra commodità se non d'un semplice et mal fatt'altare de legno che s'era fatto questo Natale.

  A011002008 

 Non v'è poi nè chiesa ristaurata, nè altare drissato; manco habbiam calici, messali et altre simili commodità necessarie per le sei parrochie.

  A011002009 

 Quanto alla polizza del signor di Ruffia, nella quale desiderano li Cavaglieri che alcuni curati che prestano il nome a' laici che tengono cure ne'balliagi rimettessero esse cure alla Religione, come proprietaria, per concessione di Sua Santità, de'beneficii de'balliagi, quando tai curati non siano habili a far servitio, et essendo habili, che siano admessi al numero delli sei, il signor cavaglier Bergera no m'ha proposto questo particolare; nè posso intendere come vogliono questi clerici armati che un [244] curato confidentiario possa esser habile per esser admesso nel numero delli sei, che devono esser un poco più costumati che non sogliono esser li confidentiari..

  A011002010 

 Et io ho in questo un poco de l'interesse particolare, per esser Evian una terra vicina, catholica quanto si può dire, et ha gran bisogno di buon predicatore, quale non può havere senza questa pensione.

  A011002011 

 Vedo poi il dispiacere che ha sentito Sua Altezza dell'oppositione che fecero questi di Thonone all' erettione dell' altar, et ne ho ricevuto una lettera qual mi consola assai; non havendo però lasciato di eriger l'altar nonostante l'oppositione fatta, perchè no si faceva dal consenso publico della terra, ma dalla sola passione de certi particolari....

  A011002023 

 Pour moi, je suis contraint de passer le Carême ici; je ne puis non plus beaucoup me déplacer, étant désormais obligé, à défaut d'autres, d'entendre les confessions pascales..

  A011002038 

 Dalla partenza del signor cavaglier Bergera in qua, non ho havuto nè danari, nè altro che quelle trenta coppe di fromento che lasciò.

  A011002038 

 Nè questo è mancamento de detto cavaglier, qual è buon et di buona intentione; [247] ma è mancamento di quelli che hanno tolto in affitto li beni de quella Religione, alli quali haveva datto ordine di pagare, et essi van differendo di giorno in altro quanto possono: et per questo non posso chiamare i sacerdoti et curati, non havendo danari da dargli per principiar le loro residentie qui in questo balliagio.

  A011002038 

 Sì che io non ho speranza di veder grand' effetto de queste pensioni avanti Quaresima passata, si perchè io non ho ancora denari, sì perchè no potremmo cavare horamai li sacerdoti che devono venire dalle chiese dove sonno, per le confessioni et altre necessità; et io no posso accompagnarli et collocarli, restando ancora qui impedito per l'istessa ragione..

  A011002040 

 Domenica passata, terza di Quaresima, havendo prædicato secondo il solito la matina a buon hora nella parrochia dell'Alinges, passai in una altra parrochia di là tre millia, dove sin allhora non ero stato, chiamata Cervens; et havendo dato aviso al popolo che io desideravo di predicare, mi fecero una numerosa et gratissima audientia, et all' uscir della prædica mi diedero segno di haver desiderio grande di quel pane de figlioli.

  A011002040 

 Ma io non son risoluto di ricevere [249] a l'abiuratione se non quelli che saranno ben instrutti, et da dovero, per quanto la loro capacità comportarà.

  A011002041 

 No voglio lasciar di dire a V. S. Ill ma che monsieur d'Avully essendo per lo inanzi giudice del consistorio supremo delli hæretici, volendo questi giorni passati essi heretici ricusarlo, non lo ha voluto patire, allegando che non essendo questo consistorio per altro salvo per la correttione de' vitii, facendosi catholico non solamente non gli era mancato il zelo et giudicio necessario per quella correttione, ma gli era augmentato di gran lunga, sì che non doveva esser tenuto per incapace..

  A011002043 

 Dove non occorrendo altro particolar degno di essergli scritto, priegho Nostro Signor le dia ogni vero contento, et sarò sempre,.

  A011002053 

 Je supplie très humblement votre bonté de croire plutôt toute autre chose d'un serviteur qui vous a tant d'obligations et qui vous est si attaché, et d'être persuadé que c'est l'occasion et non la volonté qui m'a manqué.

  A011002090 

 Credo che tutti quelli ai quali ho dato lettere per essere appresentate a V. S. Ill ma fanno a gara per farmi parere negligentissimo, poiché il signor cavaglier Bergera non è ancora partito di Chamberi, per quanto mi vien detto, et a questo gentilhuomo, il quale doveva inviarsi la settimana passata, fu dato tempo di far questa giunta alle precedenti mie..

  A011002091 

 Ho ricevuto cento fiorini delle pensioni et non più, dei quali parte ne ho data per certe provisioni necessarie, parte ne darò a quello sacerdote di Cervens postdomani, acciò cominci la sua residentia.

  A011002121 

 Et credo che tutti quelli alli quali io do le mie lettere per farle appresentare a V. S. Ill ma fanno a gara per farme parere negligentissimo; poichè uno, tre giorni fa, me ne mandò una che già molti giorni sono haveva tolto per portar in Piemonte, dicendo che egli non poteva passar; [256] et il cavaglier Bergera, quale ne ha una altra, era ancora fa poco in Chamberi, per quanto mi vien detto.

  A011002121 

 Supplico humilissimamente V. S. Ill ma per amor di Dio si degni perdonarme se così spesso non haverà ricevute lettere da me, perchè la poca commodità che havemo qui, et massime io, di inviare le lettere in Chamberi, overo in Aousta, ne è stata la causa principale.

  A011002122 

 Ma non vorria che i Cavaglieri havessero il jus patronatus sopra queste cure, chè questo sarebbe rovinar il concorso, et col tempo se vederiano nominationi da non dire; et essi non sonno nè fondatori, nè restauratori de queste cure..

  A011002122 

 Ma perchè io no so chi voglia dar tanta intrata necessaria a tante persone, ho sempre havuto opinione che basterebbero da 18 curati, li quali, per dire quanto io credo, devono havere honorata provisione per sè et per un vicario che [257] potesse aiutarli, già che le parrochie sariano molto grandi, et acciò possano con decentia far l'officio loro et no piglino le limosine per le confessioni, sepulture, Messe et altre cose; chè se ben questo sarà forse lecito, tuttavia non è per nessun conto espediente.

  A011002124 

 Dirò ingenuamente il mio parer: no potrà meglio far Sua Beatitudine che di lasciar in questo et simili negotii l'assoluta libertà et authorità fra V. S. Ill ma et Monsignor R mo, perchè questa guerra devesi fare con l'occhio [259] et non coll'orecchio, perchè le occasioni si appresentano bene spesso, et passano senza ritornar più da quelli che non le pigliano.

  A011002127 

 Dico in verità che cento scudi per huomo sonno necessarii, perchè bisognerà che habbino un compagno per uno, et quelli [261] che non saranno Cappucini, ancora un cavallo per trascorrere di luogho in luogho; ma le cure faranno questa spesa sin tanto che siano stabiliti i curati, purchè ci sian lasciate.

  A011002142 

 Je dirai ingénuement mon avis: Sa Sainteté ne pourrait faire mieux que de laisser toute autorité et liberté d'action en cette affaire et en d'autres semblables à Votre Seigneurie et à M gr notre Evêque, puisque [259] cette guerre doit se diriger par l'œil et non par l'oreille; car bien souvent les occasions se présentent et passent sans retour pour ceux qui ne savent pas les saisir.

  A011002171 

 Nè sin adesso ho ricevuto altro per li curati se non cento fiorini et 30 coppe di fromento, come scrissi a V. S. Ill ma delle quali ne darò buon et fedel conto, acciò sappiano i Cavaglieri che la nostra povertà no ricerca i loro beni per farsi ricca o grassa.

  A011002172 

 Ho scritto a V. S. Ill ma della giudicatura del consistono di Chiablais qual vogliono levar a monsieur d'Avully, et non è ragionevole.

  A011002192 

 Jamais non plus je ne cesserai de presser, voire même de crier afin d'obtenir par les entrailles de Jésus-Christ, que l'on prenne des mesures pour la réforme ou le changement des Religieux des abbayes d'Aulps, d'Abondance, et d'autres encore qui sont en cette province des séminaires de scandales..

  A011002208 

 Cum anno præterito de Bezæ, primarii inter Calvinianos hæretici, ad Ecclesiam Catholicam reditu ac conversione, tum Pater Spiritus Balmensis, ex Ordine Cappuccinorum concionator, tum ego ipse quoque, non [268] levibus multorum permoti sermonibus, bene sperare cœpissemus, ne in re tam optata aut industria nostra aut adminicula cætera desiderarentur, ita inter nos convenit, uti nimirum ille quidem, qui ad Capitulum, quod vocant, generale sui Ordinis, Romæ indictum, properabat, de re tota cum Beatitudinis Vestras clementia coram dissereret, peteretque ne redeunti hæresiarchæ (si videlicet rumorem sequatur eventus) Apostolica desit providentia.

  A011002209 

 Id autem ut facerem, varia prætexens negotia, sæpius Genevam ingressus, nullus unquam mihi ad hominis quem quærebam privata ac secreta colloquia patuit aditus, præterquam hoc ultimo tertio Paschali die, cum et solum et satis primo quidem accessu facilem inveni; sed tandem aliquando in recessu, postquam extorquendæ [269] ab eo animi sententiæ modos omnes tentassem, omnemque, quoad per me fieri potuit, lapidem movissem, lapideum deprehendi cor ejus immotum hactenus, aut sane non omnino probe commotum, inveteratimi scilicet dierum malorum.

  A011002210 

 Hæc ita fusius Beatitudini Suæ exhibere sum ausus, quod non sim nescius quam fidei ac disciplinæ [271] Christianæ instaurandæ Clementia Sua libenter animum adjiciat, et absentia (quæ hujus mortalitatis est conditio) non nisi per præsentes cognosci possint..

  A011002210 

 Quin etiam si paulo pressius idem ipse Rex a Genevensi Republica contenderet ut libertatem, quam vocant, conscientiæ in civitate ipsa admitteret, non omnino improbabile esset rei gerendæ argumentum.

  A011002210 

 Verum, quando per tantam benignitatem licet, committendum non existimo quin dicam passim finitimos undequaque Genevensium populos, hactenus hæreticos, ballivagiorum ut loquuntur de Gex et Gaillard, restitutionem fidei reique Catholicæ infimis postulare precibus, quo deinceps Catholice vivere queant; atque plurimorum [270] inter eos quotidianam audivi quærimoniam quod Catholici cum sint, ritu tamen Catholico vivere Reipublicæ Genevensis tirannide prohibeantur, cum alioquin ea Respublica non suo, sed Francorum Regis Christianissimi nomine in ejusmodi populos violentum illud exerceat imperium; neque probabile sit ejus tyrannidis qua Catholicorum conscientiæ opprimantur conscium esse Regem, qui nuperrime tanta contentione Catholicam communionem expetivit.

  A011002230 

 J'ai entendu bon nombre d'hommes de ces pays se plaindre chaque jour de ce qu'étant [270] catholiques, ils sont empêchés par la tyrannie de la république de Genève de remplir leurs devoirs de catholiques, d'autant plus que cette république opprime ces peuples non pas en son nom, mais au nom du très chrétien roi de France.

  A011002246 

 Cum anno præterito de Theodori Bezæ, primarii inter Calvinianos hæretici, ad Ecclesiam Catholicam reditu et conversione, tum Pater Spiritus Balmensis, ex Ordine Cappuccinorum, insignis et probitate et doctrina concionator, tum etiam ego ipse, multorum non levibus permoti sermonibus, bene sperare cœpissemus, ne in re tam desideranda aut industria nostra aut adminicula cœtera desiderarentur, ita inter nos conventum fuit, uti scilicet ille quidem, qui per ea tempora ad Capitulum, quod vocant, generale sui Ordinis, Romæ indictum, properabat, de re tota coram Beatitudine Tua dissereret, peteretque ne (si rumorem sequatur eventus) redeunti hæresiarchæ Apostolica providentia desit.

  A011002247 

 Id autem ut facerem, varia prætexens negotia, sæpius Genevam eam ob causam ingressus sum; sed nullus mihi patuit aditus ad hominis quem quærebam privata et secreta colloquia, præterquam hoc ultimo tertio Paschatis die, cum et solum et satis primo accessu facilem inveni; sed tandem aliquando, postquam extorquendæ illius animi sententiæ gratia, omnem, quoad per me fieri potuit, movissem lapidem, lapideum tamen cor ejus immotum adhuc, aut sane non omnino conversum deprehendi, inveteratum scilicet dierum malorum.

  A011002249 

 Hæc ita, Beatissime Pater, fusius explicare sum ausus, quod non sim nescius quam fidei ac disciplinæ Christianæ instaurando Clementia Tua libenter incumbat, et absentia nonnisi per præsentes possit cognoscere..

  A011002249 

 Verum, quando per Beatitudinis Tuæ clementiam licet, committendum non duxi quin eam certiorem faciam, undequaque passim finitimos Genevensium populos, hactenus in hæresim abductos, ditionum Gexensis et Galliardensis, ritusque et rei Catholicæ restitutionem demississime postulare, quo deinceps Catholicam vitam agere queant; atque quotidianam plurimorum inter eos audiri querimoniam, qui, Cattolici cum sint, Genevensis Reipublicæ tyrannide prohibeantur ritu Catholico vivere: cum alioquin Genevenses, non suo sed Christianissimi Francorum Regis nomine, in ejusmodi populos imperium ac vim exerceant; neque probabile sit ejus tyrannidis qua conscientiæ Catholicorum opprimantur conscium esse Regem, qui tanta contentione Catholicam communionem nuper obtinuit.

  A011002265 

 Basta: che se si farà, sarà fruttuosa; [275] se non si farà per mancamento loro, sarà cosa gloriosa per la causa catholica.

  A011002265 

 Ma non patendo cavar da' nostri certa risposta, la quale non si poteva dar, mi par di vederli un poco ritirati sopr' il freddo.

  A011002266 

 Ma V. S. Ill ma si farà un gran merito se incolcarà molto bene a Sua Santità quel particolar di Gex et Gaillard, chè in vero la cosa è vituperosissima che [276] [i] Genevrini occupando quelli luoghi a nome del Re di Francia, sforsino li Catholici a viver malamente; et non è dubbio che il Re sapendolo, darà ordine che si usi almanco libertà di conscientia o l' Interim, che vogliono dire..

  A011002267 

 Così foss' inspirato detto Re di addomandare l'istessa libertà nella città medesima di Geneva, che forse non saria cosa impossibile da ottenersi, purchè si trattasse un poco vivamente.

  A011002268 

 Queste feste i nuovi Cattholici mi hanno straccato col le loro confessioni generali, ma con incredibil mia consolatione di vederli molto divoti, con monsieur di Avulli in capo, il qual non ha tralasciato un sol punto di buon essempio.

  A011002324 

 Da San Giuliano, poco più discosto di Geneva, mi furono indrissate lettere dal giudice maggiore di Gex et altri, in favore del curato di detto luogho (il quale fu stabilito là fa poco et haveva molto ben esseguito il suo carico sin adesso), che non havendo modo di viver, è costretto di lasciar il luogho senza pastore.

  A011002324 

 La cura [283] è della Religione di San Lazaro, et sin hora si dava certa pensione al curato, laquale adesso gli è stata tolta; onde ne riesce questo scandalo che maggior non può esser.

  A011002325 

 Glie mando ancora le lettere del signor giudice majore [284] di Gex et del signor Barone di Viri, persona honorata et importante, acciò vedano i Cavaglieri ch'io no son parte, ma avvocato della parte, et che la parte non è altro salvo che il ben publico.

  A011002325 

 Sonno [in] francese, ma V. S. Ill ma se le potrà far leggere o dal signor de Lulino o da altri; ma la priegho bene di non perder dette lettere, acciò mi servano contra quelli che potriano haver per male ch'io di tante cose m'impacci.

  A011002326 

 Io fra tanto son andato a visitar la nuova parrochia di Cervens dove ancora ho havuto consolatione; et tuttavia si vederà maggior frutto quando questi ed altri predicatori veneranno qui et si fermeranno alquanto, il che adesso detto Padre non ha potuto far, chiamato dal Padre Provinciale.

  A011002327 

 Ma uno della terra, dei più ostinati, vedendo che la cosa non poteva riuscir per il ministro, lo tolse con violentia del luogho, con dire che Sua Altezza Serenissima non intendeva che essi trattassero con noi delle cose della religione.

  A011002327 

 Onde, dicendo noi che pur in queste bande non eravamo venuti per altro, dissero molti fra gli altri ch'io questo non potevo provar, et non volevano sopra di ciò darmi fede, et che quando Sua Altezza gli dess' avviso della sua intentione saria altra cosa..

  A011002328 

 Egli è gran cosa, ma non miracolosa perchè è ordinaria, che questi nefandi figli di tenebre sono più accorti et prudenti nelle loro generationi che non sono i figli di luce.

  A011002328 

 Questa è la scusa de certi pochi ostinati della terra (che quanto alla campagna non ci sono queste difficoltà), li quali poi, con diversi modi et prætesti, impediscono [287] gli altri di ridursi.

  A011002329 

 Dubitavo molto che la conferentia di Geneva non fosse andata in fumo con queste [289] ritardationi; ma, per quanto vengo avvisato, si potrà haver, et in modo debito: la cosa sarà fruttuosissima..

  A011002329 

 Il [288] signor Rogetio venera qui fra pochi giorni, comme V. S. Ill ma glie commandò, et già saria venuto se non fossero certi negotii del clero che lo trattengono.

  A011002329 

 Io dirò poi a V. S. Ill ma che le cose di queste pensioni van male; io sin adesso non ho potuto cavarne altro senon 160 fiorini et trentacinque coppe di fromento.

  A011002329 

 È vero che me ne sonno state appresentate da 75, ma tanto cattive che io non potevo accettarle.

  A011002349 

 Je vous adresse aussi les lettres [284] du juge-mage de Gex et du baron de Viry, personnage distingué et influent, afin que les Chevaliers voient que je suis seulement avocat et non point partie, car la partie n'est autre que le bien public.

  A011002352 

 Chose étrange, mais non point miraculeuse, car elle est ordinaire: ces misérables enfants de ténèbres sont plus avisés et prudents dans la conduite de leurs affaires que les enfants de lumière! Pour mon compte, j'ai été très consolé de voir ici ce bon P. Esprit qui pourra certifier de l'état des choses..

  A011002368 

 Et per haver scritto nella precedente il stato delle cose del Chiablais, non occorre adesso di farglie altra risposta, salvo sopra il particolar del prædicator di Eviano.

  A011002369 

 L'Abbate d'Aux, il qual non v' è tanto ubligato, dà una pensione intera [292] alla scuola de'fanciulli.

  A011002369 

 Quanto all'altro prædicator ch'il signor Abbate dice di dover mantener nella sua badia, credo che si deve far, ma so et credo che non si fa; nè saria troppo caricato l'Abbate havendo per lui duoi prædicatori, anzi mi par molto caricato non havendoli..

  A011002369 

 Quella terra è in faucibus hæreticorum, non ha altro modo di haver prædicatore; l'Abbate cava tutte le loro decime, et è ragionevole ch' egli pasca la pecorella della quale egli si piglia la lana.

  A011002369 

 Questo prædicator moderno è persona honoratissima; et quantumque sia vicario generale nella provincia Gallicana del suo Ordine, non ha lasciato quest'anno le prædiche dell'Advento et Quaresima, et essendo scaricato di quel ufficio farà ancora maggior beneficio.

  A011002370 

 Le religiose Monache di Eviano sonno non solo poverissime, anzi fameliche, et so ch'il signor Abbate [293] glie fa limosina; ma quanto a darglie una præbenda, come egli dice, credo che questo si debba intendere con distintione di præbende.

  A011002371 

 Ch'egli pur si sforsi di far queste suasioni, ch' io son certo di far con effetto contraria persuasione: cioè ch'io, in questo nè in altro, non uso nè bugia, nè tratto sinistro appresso V. S. Ill ma, nè domando un solo baggatino della sua badia.

  A011002371 

 Quanto a quella suasione ch'il signor Abbate, per gratia sua, desidera di far a V. S. Ill ma, che non dia fede a Savoyardi in generale, io l'ho per una impertinentia tale che non merita risposta.

  A011002372 

 Monsignor Reverendissimo chiamò subito il P. Provinciale de'Cappucini, quale era qui, acciò scrivesse al P. Cherubino, che era in Mommelliano, per farlo venire qui acciò dia assoluta risposta a quelli di Geneva, la quale sin adesso non si è potuta dare, et si pigli quanto prima, di banda et d'altra, qualche risoluta conclusione.

  A011002372 

 Non dormiremo punto in questo negotio, et sarà et diligentissimamente et minutissimamente avisata V. S. Ill ma.

  A011002373 

 Monsignor Reverendissimo è stato da vinti giorni in qua nel letto molto ammalato, et havendo ricevuto in questo mentre due lettere di V. S. Ill ma, una il 26 et l'altra hieri per le mani del signor Floccardo, canonico, glie rincrebbe infinitamente di non potergli far risposta per allhora perchè il medico non lo volse permettere.

  A011002373 

 Spera nientedimeno che fra pochi giorni, havendo ricuperato un poco più di vigore, egli darà piena et compita sodisfattione sì alle lettere di V. S. Ill ma, sì ancora a quelle [296] del signor Giustiniano, il quale non è certo ben informato delle cose di qua, nè de li cunti del R mo Monsignor suo zio.

  A011002374 

 E ben vero ch'il prevostato non havendo neanche un quattrino d'intrata, et il canonicato che si dà al Prævosto non havendo un anno per l'altro sessanta scudi, io stimo più giovevole di esser [297] commodo curato che povero Prævosto, se non fosse la speranza del ritorno nostro in Geneva, laquale sin adesso pasce molti honorati dottori et nobili che sonno stati nella Chiesa nostra.

  A011002374 

 Io son sollecitato da varii amici, etiamdio spirituali, di prevalermi di questa occasione, che maggior non habbiamo di qua.

  A011002374 

 Io veramente ho vissuto sin adesso, et meglio di quello ch'io non merito, ma egli è stato precario; onde, ponderando bene ogni cosa, mi risolvo alla cura, che è il più ricco beneficio di questa diocesi, fra quelli ch'io posso et mi è lecito sperar..

  A011002374 

 Io, per non spregiar l'aviso loro, lo farò, ma con questa conditione, di non riservare quel beneficio se non con il beneplacito et giudicio di V. S. Ill ma, poichè io non posso haver et ritener insieme con quella cura il prævostato della chiesa Cathedrale.

  A011002375 

 Et così, havendo da vivere quanto basta per la mia conditione, io altro non cercarò senon, con quelle poche fatighe nelle quali sarò adoprato, servire al Signore et [298] alla Chiesa di questa diocaesi.

  A011002376 

 Non so ancora se Sua Beatitudine si sarà compiaciuta di dar la licentia de'libri prohibiti alli signori Grandis et Rogetio, dottori de theologia; so bene che non bisogna impacciarsi di prædicar fra gl'hæretici sensa quella.

  A011002384 

 Doppo questa scritta et non mandata, il P. Spirito mi ha mandata una, quale io [ho] giunta qui, et credo che glie darà aviso delle cose di Tonone..

  A011002398 

 Les Religieuses d'Evian sont non seulement pauvres, mais elles [293] endurent la faim, et je sais que l'Abbé leur fait l'aumône; pour ce qui est de leur donner une prébende, comme il le prétend, je pense qu'il faut distinguer entre prébende et prébende.

  A011002411 

 Cette lettre était écrite et non encore expédiée, quand le P. Esprit m'en a fait remettre une que je joins à celle-ci; je crois qu'il vous renseignera sur les affaires de Thonon.

  A011002421 

 Quanto all'ordine il quale il signor Ripa fa intendere essersi dato, sì per la conservatione del luogho di monsieur di Avulli nel consistono di Chiablais, sì anche [301] per la restitutione dell'intrata al curato di San Giulino, non ne ho sin adesso sentito nuova veruna..

  A011002422 

 Quanto poi a quello che è stato promesso dalli Cavaglieri, è vero che il signor cavaglier Bergera mi obligò gl' affitauoli, ma è vero ancora ch' io protestai di non voler litigar con essi, che eran tutti habitatori di Tonone; et non fa bisogno che quelli i quali cercano di ridurli habbiano questi intrighi con loro, massime in questi calamitosissimi tempi et paesi dove ogn' uno è povero..

  A011002423 

 Circa l' accrescer li curati, persisto io a dire che è convenientissimo che non solo li Cavagiieri, ma quanti sonno che si ritruovano haver beneficii in Chiablais, li lascino in mano di Monsignor Reverendissimo per darli a capaci.

  A011002423 

 Et io non ne so senon uno, de quelli cinque, [302] il quale non sia querelato dall'istessi Cavaglieri, et quello sin adesso non ne ha cavato un sol quattrino per esser stato impedito dalli Genevrini; et nel resto ha speso del suo et delli suoi amici, nell'opra di Chiablais, quanto basta per non essergli rimproverato quel beneficio..

  A011002423 

 Ma non mi par che debbano li signori Cavaglieri, con questi prætesti, ritardar l'opra et dire che quasi tutte le cure siano nelle mani de'præti, perchè non saranno cinque præti che godano pacificamente detti beneficii.

  A011002425 

 Et già che mi [303] domanda quale fia più utile, o vero il Rettor de Turino, o vero il theologo francese che legge in Milano, stimo ch' il francese tornarà più a commodo, sì per il commercio della lingua, sì ancora per parer minor affettatione dalla banda nostra, già che questa conferentia non ha da farsi se non sotto nome di Monsignor Reverendissimo nostro.

  A011002425 

 Ma saria bisogno di tenerlo avvertito acciò che venga al primo avviso senza dilatione, perchè il differire non potrà esser senon nocivo.

  A011002425 

 Temo che li movimenti della Maurianna non ci diano gran disturbo, massime alla venuta del Padre Giesuito che V. S. Ill ma vuol far venire.

  A011002426 

 Quanto alla parrochia per laquale desideravo di haver dispensa, il fratello del defunto curato pretende di esserne proviso, per resignatione, da Roma; il che se sarà vero, non vorrei esser importuno con V. S. Ill ma indarno.

  A011002437 

 Pour ce qui est d'augmenter le nombre des curés, je persiste à dire qu'il est très convenable que non seulement les Chevaliers, mais encore tous ceux qui détiennent des bénéfices en Chablais les remettent à M gr le Révérendissime afin qu'il les donne ensuite aux plus capables.

  A011002476 

 Mentre son stato differendo di giorno in giorno di scriver a V. S. Ill ma sin tanto che io potessi concorrere col P. Cherubino per scrivergli più compitamente, sonno occorse tante cose degne di esser scritte ch' io non so se le potrò ben tutte ridurre nella memoria..

  A011002477 

 Et acciò che gl' habitatori non ne havessero ramarico verso detti Padri, il che impedirebbe assai il progresso della loro conversione, fu avisato che saria preghata Sua Altezza di voler dar a detta communità, in vece del priorato, un datio o taglione che si cava di detta terra di Tonone.

  A011002478 

 Et perchè il P. Cherubino mi ha detto che V. S. Ill ma proponeva di prieghar Sua Santità che ci facesse gratia di scriver al signor Cardinale Legato di Francia acciò procuri ch' il Re commandi a' Genevrini di venir a conferentia, non posso tralasciar di dire che a questo modo si farebbe detta conferentia et più fruttuosamente et con conditioni più avantaggiose..

  A011002480 

 Annemasse è una parrochia nel contado, vicina a Geneva tre millia, dove non ciè commodità di allogiare quattro persone.

  A011002520 

 Visitato dalla bontà d'Iddio Signore nostro con una febre continua et una ricaduta tanto vehemente che sette giorni continui poco da me si sperava altro che la [313] morte, adesso che per la medesima bontà sono convalescente, mi è restata una tanta debolezza, massime di gambe, che io non so se devo sperare di poter fare il viaggio di Roma avanti Pasqua, quantunque desiderarei infinitamente di ritrovarmi costì per li giorni santi, et farò ogni sforzo di farlo..

  A011002521 

 Ma già ch'io vedo le dette lettere invecchiarsi et dubito che vi sia pericolo nella retardatione, mi è parso bene di mandarle a V. S. Ill ma et R ma, protettrice amorevolissima di tutto questo negotio, acciò che overo le trattenga se cosi glie parerà, overo le mandi per accelerare il negotio, il quale non si terminarà giamai così presto quanto si ha da desiderare..

  A011002522 

 Spero che Sua Santità non haverà in questo difficoltà; ma Sua Altezza in particolare mi disse che questa opera haveva da farsi senza communicarne una sola parola col signore Arconato, suo Imbasciatore appresso Sua Santità, perchè egli l'impedirebbe per il proprio interesse.

  A011002524 

 Et io in questo non posso altro se non ricorrere alla bontà di V. S. Ill ma, acciò possino impetrare la consolatione dell' assolutione.

  A011002524 

 Ma non posso finirla senza domandare a V. S. Ill ma qualche gratia secondo il solito.

  A011002531 

 Li medici, quali non hanno per bene che io scriva, m'hanno fatta usare la man d'altri, il che V. S. Ill ma me perdoni..

  A011002557 

 Or pensois je que ceste annee ilz envoieroient les commandementz necessaires a leurs fermiers pour faire delivrer tout entierement les six pensions [319] promises, affin non seulement de conserver l'exercice commencé en trois lieux par les trois ecclesiastiques dejaz establys....

  A011002586 

 Ho ricevuto lettere dal P. Cherubino et di monsieur di Avulli sopra un concetto che han fatto insieme di far [322] le 40 hore di oratione in Tonone, con la maggior decentia che far si possa; et passate le 40 hore, di proporre delle dispute theologique (sic) authenticamente, et invitarvi gl'hæretici d'ogni intorno, acciò che non si lascii cosa veruna da tentar per scuotere quest'anime apestate dall' heresia..

  A011002587 

 Mando adunque queste lettere loro a V. S. Ill ma; et insieme, per dire quanto me ne pare, priegho V. S. Ill ma di credere che quanto alle Quarant' hore egli non può esser senon cosa fruttuosissima.

  A011002588 

 Nè la cosa è nuova di invitare gl'heretici alle dispute, poiché dal collegio di Turnone spessissime volte sonno stati invitati li ministri di Vivares et Linguadocha; et per haver trattato in particolar col Beza, Faïa, Perrotto, Belcastello et altri principalissimi ministri, non vedo [324] che vi sia gran pericolo.

  A011002588 

 Quanto poi alle dispute, spero certo che saranno di grandissima ædificatione, non ostante tutte le ragioni quali puotrebbono parer in contrario: perchè o no verranno, et la vittoria ci resta; o vero verranno, et in questo [323] caso, oltra la ragione et verità, haveremo queste grandi prærogative, che staremo sopra la defensiva et si potranno fare, nelle risposte, delle piccole essortationi.

  A011002624 

 Essendo avisato da Roma che le speditioni della cura di Bornando in favor mio sonno nelle mani del Favretto ciè già un gran pezzo, et havendo mandato li dinari necessarii per due vie senza che per questo sin adesso habbia potuto ricuperare le dette speditioni, nè un solo avviso di detto Favretto, et che fra tanto il fratello del defunto curato sta nel beneficio, litigando per non lasciarlo sin tanto che vengano dette speditioni, etiamdio [328] administrando li Sacramenti contra l'espressissima prohibitione del R mo Ordinario, il che non si fa senza scandalo; dubitando che detto Favretto trattenga dette provisioni per qualche summa dovutagli dal suo commettente o rispondente di qua, son costretto di ricorrere alla sua amorevolissima bontà, acciochè io non tenga detto benefìcio nè in parte, nè in tutto senon dal suo favore; priegando humilissimamente Sua Signoria Ill ma et R ma di commandar in Roma al suo agente che glie mandi dette speditioni, pigliandole dal Favretto.

  A011002625 

 Ho nuova che egli sta benissimo et allegramente, ma non senza pericolo.

  A011002625 

 Speravo di inviarmi ben presto costì et fare queste cose; ma la peste travenuta in Annessi doppo mia partenza, poichè Monsignor Reverendissimo nostro non [329] ha voluto uscirne, mi fa gran dubio che non potremo partire così presto, non havendo le carte necessarie dalla banda di detto Monsignore Reverendissimo.

  A011002626 

 Per quanto vedo, non mancarà dalla banda de' signori Cavaglieri che le cose del Chiablais non vadano in rovina, poichè non tengono conto di far pagar le pensioni promesse, senza lequali non si può continuare l' essercitio comminciato nelle tre parochie, et molto manco augmentarlo.

  A011002628 

 Et essendosene data la nuova nelli luoghi circonvicini, da ogni banda si dispongono le persone di concorrere a questa divotione, non solo dalla banda catholica, come di Fribourgo, de Sguisseri et del Valeise, ma anco dalla banda hæretica, come del Bernese et Genevrino; il che ci fa una grandissima speranza di molto frutto et grande confusione per [i] ministri.

  A011002630 

 In vero egli è zelantissimo, ma non può esser ubedito.

  A011002630 

 Ma gl' inferiori fanno poi tante considerationi di non offendere questo et quell'altro, che fra tanto si offende gravemente il Signor..

  A011002630 

 Non habbiamo quasi altro amico nella corte senon Sua Altezza Serenissima, laquale ci giova poco per mancamento di essecutione de' suoi commandamenti.

  A011002648 

 J'ai su qu'il se porte très bien, sans éprouver aucune appréhension, mais non sans courir quelque danger.

  A011002651 

 La nouvelle s'en étant répandue dans les environs, on se dispose de tous côtés à venir assister à cette dévotion, non seulement des régions catholiques, comme de Fribourg, de Schwitz et du Valais; mais aussi des territoires hérétiques, comme de ceux de Berne et de Genève, ce qui nous donne une très grande espérance de recueillir beaucoup de fruits, à la grande confusion des ministres.

  A011002668 

 [334] Ma Monsignor R mo Vescovo non havendo fatta la quarantena che si usa per il contagio, non ha volsuto far li Fontes necessarii al viaggio, nè addimandare licentia a, Sua Altezza per il passagio, per non dar alcun sospetto nò a Sua Beatudine, nè a V. S. Ill ma..

  A011002669 

 Havendo adunque le lettere che Sua Altezza scrisse a Sua Santità et alli Signori Cardinali, nelle quali prieghava instantissimamente la Santa Sede di restituire le cure delli balliaggi ad uso delli sacerdoti che vi facciano il servitio santo, et non havendo voluto esponerle al pericolo che sin adesso è stato nelle strade, massime credendo di esserne latore di giorno in giorno: hora ch' io vedo dette lettere invechiarsi, et che se la provisione di Sua Santità circa detta restitutione non viene inanzi la raccolta le cose saranno ritardate sin all' altr' anno (et Dio [335] solo sa se saremo vivi), per questo ho dato dette lettere a questo mio signore Præsidente, acciò le dia a V. S. Ill ma, protettrice di tutto questo negocio, la quale accompagnandole di una strettissima et caldissima ricommandatione, potrà farne latore l'istesso signor Presidente, chè più fedele et zelante non si può trovare..

  A011002670 

 Che si (sic) con queste nuove di pace si stabilisce da dovero l'essercitio catholico in quelli balliagi, si farà presto un effetto tale che ritardandosi poi non seguirà.

  A011002670 

 Et per conto delle sei pensioni promesse l'anno 1596 dalli Cavaglieri, non si è dato ordine se non per tre l' anno passato et questo per nulla.

  A011002671 

 Gl' hæretici mandano fuora ogni hora libretti pestilentissimi, et restano molte oprette catholiche nelle mani de gl'authori per non poterle sicuramente inviare in Lione et non haver commodità di stampatore.

  A011002671 

 Se dalle badie et altri maggiori beneficii della diocæsi si cavasse un certo che per anno, sino alla Mimma di scudi cento, non saria cosa grave ad alcuno et saria una sufficiente provisione per un stampatore..

  A011002672 

 Già tre volte ho inviato queste altre lettere, le qual adesso io glie mando, et non han potuto passare..

  A011002672 

 È necessario primo modo che non ci manchino, perchè ogni hora cie n'è bisogno in questi paesi.

  A011002710 

 A me, il quale in tale occurrentie non hó altro valore se non nelli sospiri et desiderii, basta di aprirne il cuore inanzi di V. S. Ill ma; et mentre sto aspettando quel giorno nel quale io possa farglie in præsentia la debita riverentia, glie bascio humilissimamente le mani reverendissime, prieghando il Signore che la conservi moltissimi anni a servitio dell' honor suo divino..

  A011002742 

 Que si je puys, a la prochaine je me rendray par dela, et sans honte ni autre apprehension je prendray logis chez vous, comme vous me commandes; car puysque je suis des-ja tant insolvable des obligations que je vous ay, il ne m'importe meshuy de rien de l'estre tous-jours [341] plus; et quoy qu'on me juge importun, je ne lairray d'estre bien glorieux si par la je me puys faire connoistre tel que je suis, Monsieur, non seulement vostre tres et tres obligé, mais encores.

  A011002801 

 Siamo in procinto di celebrar la oratione delle Quarant'hore in questa terra Domenica, 23 di questo mese, secondo il beneplacito di Sua Santità et di Sua Altezza, havendo procurata la præparatione necessaria a cotesta impresa non senza grandissima spesa, parte fatta dalla limosina concessa dalla Santa Sede, parte di quella di Sua Altezza.

  A011002802 

 Hora ci vien detto che Vostra Eccellenza, con le sue forze, era per pigliar la strada del suo ritorno costì; il che se facesse, è cosa certissima che detta celebratione delle 40 hore non potrà farsi per nessun conto, poichè gl'habitatori, carghi de soldati, non potran assistere; anzi, per quanto si risolvono, lasciaranno le case vode et passaranno il lagho, et li forestieri non verranno.

  A011002802 

 Sì che questa divotione, præparata con tante spese et fatighe, con tanta speranza di buon frutto, con particolar licentia di Sua Santità et di Sua Altezza et con tanta fama appresso li nemici della santa fede, si resolverà in fumo; non senza cattivissimo essempio et grandissimo scandalo [348] et alli Catholici et agli hæretici, et perdita di una occasione, quale forse non ci ritornarà mai nelle mani, de fruttificar fra questa gente, con un disgusto grandissimo di Sua Beatitudine et Monsignor Nuntio..

  A011002803 

 Diremo bene ancora che non sappiamo chi l'habbia avvisata di questa strada, ma che v' è un passo appresso il lagho, fra Evian et San Mauritio, il più horribile et pericoloso, in questo tempo nel quale le acque di detto lagho crescono, che si possa imaginare.

  A011002803 

 Et fra tanto staremo certi che, per honor d'Iddio et della Corte cæleste, Vostra Eccelentia concederà quanto addimandiamo con tanto ardore et humiltà che maggior non si può truovare, restando in seterno, sì per li suoi meriti, sì per questo beneficio et atto di zelo tanto segnalato,.

  A011002828 

 Accepi litteras, quas ad me postridie Assumptionis Beatæ Virginis dedisti, incredibili cum animi mei voluptate, quod ex iis non mediocrem in te erga Deum pietatem et erga nos benevolentiam perspexerim, cum hanc precum nostrarum destinatam celebritatem, non tuis tantum sed etiam populi cui præes precibus cumulasse significas, eam utique, si res tulisset, tua præsentia exornaturus.

  A011002830 

 Qua de re tecum primis monitum volui, ac tantam tibi salutem, tum meo tum P. Cherubini nomine, dico quantam non possim majorem..

  A011002847 

 D'après vos paroles, je vois que vous avez mis le comble à la solennité projetée de nos fêtes, non seulement par vos prières, mais encore par celles du peuple qui vous est confié.

  A011002905 

 Hora, se questo bene non ci viene per mezzo di V. S. Ill ma et R ma, non vedo per qual strada possa venire..

  A011002905 

 Ma è forza ch'io glie dica che Monsignor di Geneva et di San Paolo et [356] quanti siamo qui de suoi divoti havevamo non poca maraviglia et altro tanto di ramarico in non haver nuova veruna della sanità sua, laquale se mai ci è stata cara, adesso ci deve esser carissima, quando sonno le cose nostre venute in tal stato che più che mai han bisogno di un tale protettore et promotore quale si è sempre mostrata V. S. Ill ma et R ma.

  A011002905 

 Poichè dal canto di Sua Altezza altro nè sperare, nè desiderare si può nè deve, senon la perseveranza delle christianissime opre quali ha già fatte, et non ciè altro da domandare senon un favor fervente, pronto et liberale dalla Santa Sede Apostolica, acciò abbracci questa impresa con quelle favorevole (sic) braccia colle quali suole stringer le cose del Signore.

  A011002906 

 Così anco habbiam bisogno di qualche authorità da communicarsi, secondo le particolari occurrentie, ad uno o più persone; et se non fossimo così vicini dell' anno del Giubilæo, io diria una parola, che per noi saria bisogno per un anno di un perfetto et gran Jubilæo..

  A011002906 

 Habbiam bisogno di gratie spirituali per le assolutioni, acciò si possano far con ogni libertà fra questi rozzi et novitii popoli, non solamente da Monsignor et R mo Vescovo et da me, ma da quanti sarà bisogno di commettere, [357] non bastando a tanta messe se non gran numero di messori.

  A011002907 

 Et non solamente per le gratie spirituali, ma per le temporali, habbiam bisogno di Giubilæo; et questo non si può differire senza un gran danno della conscientia.

  A011002908 

 Bisogna, si (sic) fia necessario, vender i calici et altre gioie non necessarie dell' altre chiese, per fare queste spese et dar da mangiar a queste anime fameliche, lequali altrimente sonno hora per hora per morire, acciò non si possa dire di noi: Quem non pavisti occidisti.

  A011002908 

 Ecco restituita poco meno la santa fede per tutto generalmente; ma le chiese sono rovinate, senza paramenti, senza calici, senza croci: dove ne pigliaremo? Li curati da stabilire qui non devono esser persone di cinquanta ducati; devono haver compagnia di un altro sacerdote.

  A011002908 

 Mi perdoni per bontà sua V. S. Ill ma se io, rapito dal desiderio di veder questo principio glorioso capitar in un fine gloriosissimo, glie scrivo con questa gran libertà et forse importunità; è avezza alli miei sconci et semplici concetti, et non li haverà per male..

  A011002909 

 Lascio il Padre Cherubino, il quale è tanto consolato sin adesso, che se non fossero le fatighe grandissime che sente, crederebbe che Tonone fosse Paradiso, vedendo tante conversioni et il frutto maturo delli suoi sudori..

  A011002910 

 Direi ancora di me che sto consolatissimo, se un rumore sparso di qua non mi desse noïa: cioè, che il Re Christianissimo vuole che nell'honorata pace fatta dalla Santa Sede fra li potentati catholici vi sia compresa la vituperosa Babilonia di Geneva.

  A011002910 

 Non la posso creder, perchè l'ho per troppo disdicevole che quella terra maledetta habbia pace per mano della Santa Sede; senza altro, assolutamente non la posso capire.

  A011002911 

 Supplico V. S. Ill ma et R ma di perdonarmi l'altra volta et credere che la libertà col laquale effundo animam meam inansi di lei, non nasce senon dal vivo et candido affetto col quale io sono,.

  A011002927 

 Mais je suis contraint de dire que Nosseigneurs de Genève et de Saint-Paul et [356] nous tous qui vous sommes dévoués ici, avions été fort étonnés et non moins affligés de ne recevoir aucune nouvelle de votre santé.

  A011002928 

 Nous avons besoin de grâces spirituelles relativement aux absolutions, afin qu'elles puissent être accordées en toute liberté à ces peuples grossiers et nouvellement convertis, non seulement par M gr notre Révérendissime Evêque et par moi, mais aussi par tous [357] ceux qu'il sera nécessaire de déléguer à cet effet; car pour recueillir une telle moisson un grand nombre de moissonneurs peut à peine suffire.

  A011002929 

 C'est non seulement pour les grâces spirituelles, mais encore pour les temporelles que nous avons besoin d'un Jubilé, et ceci ne se peut différer qu'au grand détriment des consciences.

  A011002930 

 Malheur à l'homme seul, surtout dans le voisinage des léopards, des ours et des loups! Il faut même, au besoin, vendre les calices et objets précieux non nécessaires aux autres églises, pour faire ces dépenses et nourrir ces âmes affamées, qui autrement sont exposées d'heure en heure à périr, afin qu'on ne puisse pas nous appliquer ces paroles: « Vous avez tué ceux que vous n'avez pas nourris.

  A011002946 

 Quæ res incredibilem hæreticis omnibus audaciam addit, fidei Catholicæ aditum præcludit, novissime conversos animos, si non abjicit omnino, at sane perturbat quam maxime; mihi ac canonicis meis bonorum ecclesiasticorum recuperandorum, quæ per summam iniquitatem a Genevensibus detinentur, spem omnem funditus evellit..

  A011002963 

 Ac quidem, quando res propter quam abiit nullam sine summo periculo moram patiebatur, nec omnia tunc haberem præ manibus quæ visitationi sanctorum liminum necessaria sunt, ea nunc duxi mittenda, quo vices meas hac in re apud Sanctitatem Vestram agat meo nomine; ratus Clementiæ suæ id acceptum iri, tum ut [367] difficillimo tempore quæ fieri possunt per pauciora, per plura nequaquam fiant, tum ut hic meus procurator, qui non inutilem omnino hoc in agro operam navare consuevit, variis peregrinationibus ab opere abstrahatur..

  A011003024 

 Est omnino virtuti hoc insitum et peculiare, vir clarissime, ut possessores suos non illis tantùm quos et ipsa possidet, sed iis quoque omnibus quibus amabilem se exhibet, sola sui contemplatione et admiratione reddat amabiles.

  A011003024 

 Sic enim præfari lubet, non quomodo plerique solent, qui cùm primùm eos quos numquam viderint aut coràm aut per literas salutant, ab excusationibus initium sumunt, ac si vel suspecta minusque laudabilis videri possit honesta illa ineundæ amicitiæ provocatio, vel in eo quod per se honestum atque laudabile sit exequendo, aliam quàm debiti officii rationem exquiri constareve oporteat..

  A011003025 

 Tu vixdum equidem mihi de facie notus, sed nominis tui fama pro singulari qua excellis virtute, probitate ac eruditione notissimus, tanta me fruendi tui cupiditate allectum devinctumque habes, ut jam inde à quo tempore mihi ad eadem ista bonarum literarum et jurisprudentias studia, licet minus feliciter, incumbere contigit, de amando te et observando non tantùm consilium cepisse videar, sed [371] etiam obligationis perpetuæ vinculum contraxisse.

  A011003026 

 Nam quod iis usu venire solet qui longiore absentis aut defuncti alicujus desiderio torquentur, ut ea demùm ratione recreari se sentiant, si non solum amici memoriam diligenter et religiosè, ut par est, colant, sed etiam exactissima naturæ imitatione, quantùm arte effingi potest, ejus quasi præsentis imaginem oculis suis intuendam objiciant, id ipsum nobis, quotquot ad virtutem contendimus, faciendum existimo; ut quoniam admirabilem ejus pulchritudinem, qualis quantaque est, ne animi quidem cogitatione assequi possumus, eos saltem nobis ad amandum et imitandum proponamus in quibus vivam illa sui effigiem elegantioribus et aptioribus, ut ita dicam, coloribus depinxerit.

  A011003028 

 In quibus si te unum esse dicam, qui hodie mihi instar omnium esse possis, in ista præsertim vixdum virili ætate, in qua tot tantaque virtutum ac scientiarum omnium, non argumenta modò sed clarissima lumina proferas ut à quo superari in posterum queas alium quàm te habeas neminem, vereor ne adulatorem me potiùs quàm probum amicitiæ Fabrum suspicêre.

  A011003028 

 Non quod non sis tu tibi ipsi mihique testis optimus, nisi tua te fallit modestia, majorem tibi laudem deberi quàm ex commendatione mea possit accedere; sed quia minus fortassis credibile tibi futurum sit tale jam meum de te judicium esse quale esse deberet, si mihi tam perspecta probataque foret virtus tua quàm frequentissimis omnium quos de te loquentes audio sermonibus est commendata.

  A011003029 

 Itaque quod superest, ne longiori epistola fiât importuna salutatio, rogo te et, si pateris, etiam atque etiam peto, ut hanc perexiguam quidem, sed promptissimam et liberalem singularis meæ erga te voluntatis significationem sic excipias, tanquam ab eo profectam à quo omnia devotissimi et amicissimi hominis officia, non tam expectare debeas quàm pro jure et arbitriotuo, quoties videbitur, vindicare..

  A011003045 

 Quo nomine non solùm mirabiliter gaudeo, sed etiam, si tua causa id facis, ut facere debes, et tibi et jurisprudentiæ gratulor: tibi, cui amplissimam gloriæ messem ex eo consilio paratam esse prospicio; jurisprudentiæ, quam mira ingenii tui felicitate ornatam maxime et illustratam iri confido si, quod facturum te non dubito, ad eam sic voles incumbere ut quæ te prior disciplinæ suæ alumnum habuit, ejus laudem cum tua putes esse conjunctam.

  A011003045 

 Sin ut ais, et ego ut mihi magis placeam credere volo, mea potiùs causa et quoniam ita suadeo idipsum facere voles, equidem perinde gratulabor jurisprudentiæ, cùm jam sic affectus esse debeam ut in eo quôd mea causa facies, non minorem quàm si tua diligentiam et industriam collaturum te persuasum habeam; sed mihi potissimùm, cui tam [373] præclara ista tamque facilis obtigerit benè de jurisprudentia merendi occasio, vel hoc solo quôd te induxerim uti de ea benè merereris..

  A011003046 

 Utcumque verô sit, est quôd quantas possum tibi referam gratias, qui meis sive precibus sive consiliis tantùm indulgere te profitearis ut studiorum tuorum legem ex arbitrio meo non solùm instituere, quod esset facilius, sed etiam institutam et compositam immutare non recuses.

  A011003047 

 Atque utinam eadem mihi quas tibi in eam rem opportunitas adesset! non voluntas, mihi crede, abesset, non animus.

  A011003047 

 Neque tamen despero quin, si quando una nos vivere et securiore plenioreque otio frui Deus volet, et exemplo et auxilio tuo, theologiæ quoque degustandæ desiderium non parvum subeat, quo jampridem titillari me sentio, in eaque, ut in Domino mori discam, qui Christianæ vitæ scopus esse debet, tandem aliquando consenescam..

  A011003047 

 Sed extra jocum, placere tibi imprimis theologiam nec miror nec doleo: est enim propria illa et peculiaris illorum scientia quos Deus optimus maximus, non tam ad amplissimas quasque Ecclesiæ dignitates, quas jam tibi sua spontè obvias video, quàm ad pietatem informaverit, cujus te gravissimum et sanctissimum, non nomen, sed numen præcipuo cultu habere certô scio.

  A011003050 

 Quid ergo? Ad nostrum ego te, ad nostrum, inquam (vereor enim ne non exaudieris), collegium voco, et quanta possum contentione [374] hortor ut senatoriam dignitatem, non jam ambias, sed summis meritis tuis tam honorificè novoque exemplo oblatam alacriter suscipias, præsentemque urgeas occasionem: non quôd verendum sit, si te respicis, ne invitum te unquam effugiat, sed ut tantò longiores dulcioresque dignitatis tuæ fructus percipias, cujus nec minima pars illa futura sit quôd, in tanta rerum omnium perturbatione tamque perdita temporum conditione, tam citô vereque dignus habitus sis qui ad eam promovereris..

  A011003051 

 Quid verò esse potest quôd te remorari aut ad cunctandum movere debeat? An non et Episcopos et Abbates habemus, et, ut de re judicata præscribam ne dubitationi locus relinquatur, nonne ipsum quoque Ecclesiæ vestræ Præpositum, decessorem tuum, virum clarissimum, mihique præ cæteris omnibus, nescio quo bono fato, familiarissimum, eumdemque Imperatorem et theologiæ deditissimum, senatorem habuimus? An non et sacerdotes sumus, et sacrosancta divinarum et humanarum rerum mysteria tractamus? An non denique et breviarium (si inter seria jocari me pateris), quoties in secreto auditorio lites ex breviario, recitamus? Quid autem vel tibi gloriosius, vel amplissimo ordini honorificentius, vel denique bonis omnibus optatius, quàm inter eos te sedere, quorum dignitas tibi communis, et illustriorem tuam reddere et ex tua accessione illustrior ipsa fieri possit?.

  A011003054 

 Non te hortor ad vanam illam gloriam, quam à te tantùm abesse scio quantùm à Christiano pioque viro, ad veram gloriam nato, abesse debeat, quæque, etiamsi ex hominum existimatione aucupanda esset, sequi tamen, non appeti deberet: sed hoc unum contendo, nihil esse quod tu, vel tua vel mea vel denique publicæ utilitatis causa, libentiùs concedere et præstare debeas; quo magis mihi sperandum est, non commissurum te uti minorem dignitatis tuæ quàm voluntatis rationem habuisse videaris....

  A011003066 

 Peropportunè autem anxio mihi obtigit adventus D. Porterii, viri optimi mihique jam inde à multis annis cogniti; qui primo statim congressu rogatus à me quàm benè haberes et num quid à te literarum, respondit valere te optimè, literasque pro salutatione missurum fuisse confirmavit, si non eodem fere instanti ab urbe fuisset tibi decedendum.

  A011003067 

 In quo si me tu minus verecundum putas, ne dicam impudentem, qui tantùm mihi arrogem ut magnum aliquod Reipublicæ detrimentum illatum existimem si eas non acceperis, scito non tanti me nugas et ineptias meas facere, nisi quoniam et ad te scriptas fuerunt et [376] de re ad publicam, ni fallor, utilitatem spectante.

  A011003067 

 Itaque mihi gratissimum erit si me ab hac suspicione et dubitatione liberaveris, sed longè gratius ( non enim dimittam te donec benè dixeris mihi ) si voluntatem tuam à judicio meo nihil discrepare testaberis, deque eo interim, ut desideria mea spe aliqua sustentem, aliquid ad me, si lubet, rescribes.

  A011003085 

 Quando tamen ita res fert, volo ego mihi quoque ipsi illudere, et in longioris augurium felicitatis accipere si te in anni principio quàm si in fine videbo; quamquam si quæ mihi, quod nondum despero, ad te citiùs convolandi nascetur occasio, non ero tam superstitiosus ut non malim incipere à fine: quod prudentiores, ex vulgari sapientiæ præcepto, scis facere debere.

  A011003087 

 Quod si ita est, patere, obsecro, me in hoc uno à te dissentire: non quoniam ea me ratio litigatoribus asquiorem faciat, quòd inter eos et in mediis litium anfractibus assiduè versari me sit necesse (tantò magis enim odisse deberem, cùm vel pulcherrimarum rerum oblectatio satietate sordescat), sed quia multùm iis debere me sentiam qui, ut mihi per te commendentur, literas ad me tuas deferre volent.

  A011003088 

 Faciam si potero ut ad te redeant testes animi erga te mei, easdemque tibi gratias referant quas à me acceperint, cùm sic habitos se videbunt ut negare non possint præcipuum apud me pondus commendationem tuam habuisse..

  A011003089 

 Sic, obseçro, tibi persuade, in iis omnibus quæ tu me præstare voles, id est, ut teipsum interpretari video, quæ salvo pudore et officio præstari ab amicissimo viro possunt, non magis me tibi tuisque familiribus quàm mihi defutprum.

  A011003089 

 Sunt enim nonnulla quæ vel à severissimo judice amicus flagitare honestè ac pro suo jure possit, quale illud imprimis ut bonam amico causam judex optet; quod ipsum non parvi momenti est ad impetrandum ut, si revera sit bona, [378] defendatur pertinaciùs, nec tam facilè per imperitiam aut timiditatem deseratur.

  A011003090 

 Facis tamen tu injuriam, non probitati meæ, sed necessitudini nostræ et, si dicere audeam, existimationi, qui ad me ita scribis quasi existimes Salesios ullos, quicumque tandem illi sint, nedum patrueles tuos, aliqua egere apud me commendatione.

  A011003090 

 Sed me ab hac ego injuria non improbè vindicabo, et quibus officiis potero enitar ut se mihi commendatissimum fuisse gloriari possit, non quia fuerit per te commendatus, sed quoniam is sit quem, cùm ex tuis esset, hoc ipso mihi commendare non debueras quòd aliis minùs tuis commendare illum pro officii necessitate debuisses..

  A011003109 

 Ego verò non solùm non misereor, sed etiam planè mihi gaudeo tibique ex animo gratulor, de tam excellenti ista sacerdotalis dignitatis accessione.

  A011003110 

 Sed tamen non potest ea res facere quominùs tibi gratulandum putem, quamvis ita me affectum esse deceat ut in quo salutis tuæ periculum versari dicis, perinde ego debeam ac tu ipse laborare.

  A011003111 

 Te tamen maximè commotum esse, ut scribis, non solùm patior libentissimè sed etiam lætor.

  A011003112 

 Non essent in sanctissimo sacerdotum ordine tam multi qui, pròh indignissimum facinus lachrymisque sanguineis expiandum! ad ambiendum sacerdotium tam inconsiderato ferrentur impetu, idque assecuti tam irreligiosè tractarent ut dici nihil possit indignius.

  A011003112 

 Putes aut nescire eos quis Ille sit quem quotidie habent in manibus, aut non satis compertum habere nihil sacerdotio majus ac divinius à Deo optimo maximo mortalibus datum esse.

  A011003113 

 Ac sanè quid esse potest quod te tantopere debeat conturbare? An humanæ naturæ infirmitas? An non verò et hominem te nasci Deus voluit et homines illos esse per quos juge illud tremendumque sacrificium offerretur? An ergo indignitas tua cum sacerdotii dignitate collata? At hoc ipso dignum te facis quod indignum esse agnoscis, nec tuæ est pietatis tam inverecunda verecundia obsistere ne quò te Deus vocat trahitque ultrò evehi patiare.

  A011003113 

 Gaude potiùs quòd non cum terrestri principe tibi res est, qui quos ad dignitatem aliquam immeritos provehit sic ornare nequeat ut ex imperitis eruditos faciat aut ex balbis oratores; sed cum Deo illo cui non sit difficilius dignum te sacerdotali dignitate facere quàm dignitatem ipsam conferre.

  A011003113 

 Idem ille per quem tam sanctus fortisque Rex factus est qui anteà non nisi belluis imperare didicerat.

  A011003115 

 At ridiculus planè sum qui theologum ago, leviaque hæc mitto ad te cui longè preciosiora domi nascuntur; quamquam ut ineptire audeam cogis tu qui, in tanta celestium beneficiorum abundantia quantam tibi jam obtigisse credendum est, non solùm participem me habere vis consiliorum tuorum et, quod amicius est, intimiorum (sic) affectuum, verum etiam adjutore met quasi consolatorem.

  A011003115 

 Igitur, quod facere et possum et debeo, non te hortabor ad istam dignitatem sic tuendam tractandamque ut appareat dignitatis functionem tibi cum multis communem esse functionis verò dignitatem cum paucis (neque enim tu is es qui moneri aut excitari debeas), sed illum ipsum Christum qui sacrificator tecum erit supplex orabo, ut qui tam sancti propositi autor fuit idem sit et adjutor perpetuus et remunerator, tantæque pietatis fructus in dies tibi præstet uberiores et cumulatiores, in annos longissimos sola æternitatis commutatione finiendos..

  A011003115 

 In quo etsi nihil me præstare posse sentio quod vel tua erga Deum pietate vel mea in te voluntate dignum videri debeat, putavi tamen faciendum uti quantum in me esset animum tibi declararem meum, ut intelligeres [381] si quantum tibi me hoc nomine pro tanta benevolentiæ significatione debere agnosco, tantundem referre possem non magis voluntatem mihi quàm facultatem defuturam.

  A011003116 

 Invidendi verò causa non suberit si cogitabis eodem prorsus jure quæcumque mea erunt tibi etiam fore communia.

  A011003116 

 Quod si accidet, non tantùm in felicitatis tuæ partem venisse me putabo, verùm etiam pro animorum nostrorum conjunctione felicitatem tuam quanta tota erit in me transfudisse si non invidebis.

  A011003136 

 De Tullianorum negotio quod habes, gratiam facis tu liberaliter, qui in beneficiorum loco ponis officia quæ à me sine scelere prætermitti non potuerunt.

  A011003157 

 Non possim ad te aut scribere breviùs, aut ire citiùs.

  A011003158 

 Ex urbe, 4 non.

  A011003159 

 Ad literas tuas quia non rescribo, quàm primùm ex ore respondebo..

  A011003176 

 Cur enim certiorem te faciam quantum ex absentia tua mœroris contraxerim? Id ita futurum esse, et ego jam tibi prædixeram, et tu, etiam tacente me, credere non solùm potes sed etiam debes..

  A011003178 

 Mitto ad te versiculos quibus ex itinere in hæreticos seriò jocatus sum; si e re videbitur ut eos Baroni nostro legendos exhibeas, non recuso.

  A011003178 

 Prætermittebam quòd scire te non nihil interest, quamquam nec erit novum: hodie, si Deus volet, senator noster D. Rogetus, qui te salvere et bono animo esse jubet, mecum ad parentes nostros Salesium versus proficiscitur.

  A011003178 

 Rem faciemus, ut confido, parentibus gratissimam, mihi verò tanto jucundiorem quanto suaviorem apud vos experiar, non tantùm nominis tui recordationem, sed ipsam quoque penè expressam in materna facie vultus tui imaginem..

  A011003198 

 Nam quæ de sacrosancti Episcopi nostri optimorumque omnium gratulatione scribi possunt, ea tu et reputare tecum pro prudentia tua debes et ex consobrini tui fidelissimi relatione jam cognoscere potuisti; quæ verò proprie mea sunt, id est, quàm ex absentia tua dolorem capio, etsi non ab alio quàm à meipso te intelligere æquum est, vereor tamen ne videar importunus si hanc amoris erga te mei significationem adferam, quæ tam insigne pietatis tuæ officium aut quam ex officio percipis voluptatem incommodè interpellet..

  A011003199 

 Illud scito in summa omnium expectatione esse quid præclarus iste conatus enixurus sit; non quòd quisquam verendum existimet ne tu ea omnia præstare non possis quæ ab eximio et omni ex parte præstantissimo viro expectari debeant, sed quoniam tibi cum eo genere hominum res est ut verendum sit potiùs ne, cùm omnia præstiteris, margaritas ante porcos sparsisse videaris.

  A011003199 

 Itaque, sic plerosque omnes affectos video: ut si feliciter res cedet, laudatores habiturus sis etiam improbos et perditos viros, non laudandi tui studio vel impetu elatos, quod esset infamiæ proximum, sed virtutis veritatisque viribus fractos; sin, quod abominor, aliter eveniet, boni sanè conatum laudabunt nec nisi hæreticorum insaniam accusabunt, pessimi temeritati tribuent quòd industriæ potiùs et charitati Christianæ acceptum ferre deberent: omnes planè fatebuntur, neque animum tibi defuisse ad audendam rem maximam neque ingenium ad agendam, sed seculi potiùs felicitatem ad peragendam.

  A011003199 

 Nec ullos ferè puto tam iniquos bonarum rerum et alienæ solertiæ æstimatores, ut non plus tibi laudis ex propria industria quàm opprobrii ex aliena infamia accedere debere existiment..

  A011003200 

 Confirmo tamen, quantum in me est, et bono animo esse jubeo, id sæpissime adseverans, de quo te non puto dubitare, numquam me abs te discessurum fuisse si quam tibi vel minimam suspicandi periculi causam relictam existimassem..

  A011003201 

 Quid tamen hactenus profeceris, aut in posterum profici posse speres, vellem jam ex tuis literis intellexisse; gratissimum erit si quod tuo commodo facere poteris nonnihil ad me de eo rescribes; versor enim in maxima animi, non solùm anxietate sed etiam perturbatione, non tam quòd hinc absis, quàm quia tibi adesse non possim, tecumque et diligentiæ et periculi societatem inire, ne alioqui leoninam contraxisse videar, si nulla laboris et incommodi parte suscepta laudis tuæ particeps fieri velim..

  A011003202 

 Mitto ad te Locatelli nostri literas, tui meique amantissimas, ut quando aliter non possum amicissimi fratris memoria te oblectem.

  A011003220 

 Primum illud est quòd tuas accepi literas dulcissimas, suavissimas et, ut meis mala fide tametsi bona mente objicis, Ciceronianas planè, quando non pateris ut dicam Athenienses; quid enim mihi potuit esse jucundius? Præsertim ex illa parte qua significas id, de quo non dubitabam, nec ullam te scribendi occasionem prætermissuram nec amandi mei finem umquam facturum esse; nam cætera quæ tu tam faciliter et eleganter de vale nostro gallicè latineque rescribis, etsi demulcent mirum in modum, ne tamen tam jucunda esse possint illud facit quòd absentiæ nostræ memoriam efficaciùs renovant, nec patiuntur ut tam facile mihi possim imponere cùm te præsentem videri volo..

  A011003221 

 Quòd nobis non mihi natum dico, quamquam mirari non potes qui omnia mea tecum communia esse jampridem voluisti, minus tamen miraberis cùm pulcherrimum et suavissimum (sic enim adrelatum est) videbis; patrem namque in eo ut te habeat necesse est qui me habere non potest.

  A011003222 

 Faciam ut Rolandus noster intelligat non solùm peracta feliciter omnia, sed etiam quantum tibi hoc nomine debeat, quantum etiam patri, qui Domini de Sacconex precibus urgebatur ut fratrem suum Comitem Lugdunensem honore isto dignaretur.

  A011003222 

 Non te pœnitebit collati in amicissimum tuique amantissimum virum beneficii; qui sicut de tuo erga se studio numquam dubitavit, ita sibi facile persuasit neque alio quàm te apud patrem intercessore neque ullo sibi apud te adjutore opus esse; officium tamen meum imploravit ideo fortasse ne inviderem si tuus magis esse vellet quàm meus, aut potiùs ut socium obligationis sibi quæreret, nimis (minus?) suis fidens facultatibus quàm ut tantum tibi solus debere vellet..

  A011003223 

 Vale enim non dicam, ut agendum aliquid supersit quod me huc proximo quoque tempore reducem faciat.

  A011003224 

 Faciam te de omnibus certiorem, habeboque ut spero crebriores post hac tabellarios, qui meas ad te literas perferant, non in istam solitudinem in qua nunc degis, sed in urbem hanc, ad quam te brevi ut prævideo revocabit, non solùm parentis nostri observantissimi votum, sed etiam et Episcopi amantissimi jussus.

  A011003225 

 Dixi tandem videri mihi totam rem istam tui esse debere consilii et judicii, ut si nihil istic profici posse [388] videres, majorem salutis tuæ paternique desiderii quàm tuæ laudis rationem haberes (neque enim dubito quin ex conatibus istis, tametsi, quod abominor, irriti forent, eo major tibi laudis materia paretur quo longiores erunt et, ut ita dicam, quando tibi cum obstinatissimis res est, obstinatiores), sin verò benè sperares, non committeres ut ex præcipuis laboribus et victoriis tuis successori tuo, quisquis ille futurus sit, triumphus quæreretur, sicut etiam quod te magis ut scio movebit, ut tanti momenti res prosperè inchoata successoris tui sive inscitia sive minùs felici industria concideret..

  A011003225 

 Ego verè, cujus maxime interest non tantùm te salvum esse, sed etiam sic de me sentire ut neque minùs te amare videar quàm à parente ipso ameris, neque minùs prudens providensque quàm senatorem deceat, id unum verebar: ne aut minùs amare viderer parenti nostro si cum Episcopo sentirem, aut minùs prudens Episcopo si parentis consilium adprobarem.

  A011003247 

 Est sanè quòd iis habeam gratiam de meis literis tam fideliter tibi redditis; nam cùm vix ignorare possint quanta sit inter nos animorum voluntatumque consensio, credibile est non valdè tibi infestos esse qui erga me adeo fuerint officiosi..

  A011003247 

 Facis tamen tu non solùm liberaliter, sed etiam Christianè, utrumque autem ex bona fide, qui et magna putes omnia quæ à me ad te proficiscuntur, nec prius de perditissimorum hominum salute desperare velis quàm desperandi finem perditio ipsa afferat.

  A011003248 

 Non patiuntur temporis angustiæ quibus premor ut vel repetam vel pluribus me explicem, præsertim cùm nec sit necesse: neque enim dubito quin tibi literæ meæ redditæ sint, tuque pro singulari prudentia tua jam ex te constitueris quid me tibi consulere, hoc est, quid te facere opporteret, prius etiam quàm literas meas accepisses.

  A011003248 

 Scripsi ad te non ita dudùm quid de toto isto negotio parens noster suspicaretur, quid Episcopus speraret, denique quid ego sentirem.

  A011003249 

 Reddes, si placebit, cùm perlegeris, et mittes quas ad Guichardum nostrum dare te velle profiteris; eas ut ille accipiat curabo majore quàm anteà, non fide, sed diligentia.

  A011003249 

 Ut verò gratas habeat, facile impetrabit non tantùm summus erga te amor suus, sed etiam mellitissima illa eloquentia quæ Thononiensium quoque barbaros licet animos alliceret et conciliaret, si tam faciles illi se auditores præberent quàm te disertum et efficacem oratorem experirentur..

  A011003250 

 Uxor mea et filioli omnes benè valent, teque salutant quotquot loqui sciunt; ego pro me meisque omnibus tantam tibi salutem dico quanta non possim mihi meisque omnibus majorem, consobrino nostro, quando per te licet, nec minorem.

  A011003269 

 Etsi namque subverebar ne qua temporis prorogatio et desiderio meo et labori tuo accederet, malebamque te ubivis gentium quàm inter perditos et desperatos istos helluones vivere, tamen non dubitabam quin si quid aut jam proficeres, aut longiore molestia profici posse sperares, nihil tibi adeò durum aut difficile videretur quod non facilè concoqueres, ne tam præclari instituti te umquam pœniteret..

  A011003269 

 Occurrebat enim quod de Attilio Regulo apud Pomponium nostrum quodam loco legere memineram, cùm à Carthaginensibus Romam missus esset, non visum eum postliminio rediisse, quia dixerat se reversurum nec animam habuerat Romæ remanendi.

  A011003270 

 Nunc verò mirificam capio voluptatem ex constantia consilii tui, cujus audio majores quotidie fructus tibi totique Reipublicæ Christianæ constare, inclinata jam ad partes nostras Victoria, paratoque triumpho de Avullæo cæterisque non minorum dumtaxat gentium, ut sibi videntur, diis, sed melioris etiam notas adversariis; quorum alios intelligo, argumentorum tuorum sola recitatione fractos, aspectum congressumque tuum fugere, (quid verò, Deus bone! si dicentem et disserentem audissent?) alios, oblatæ disputationi impares, scripto agere decrevisse, hoc ipso impudentes quòd chartam, quamtumvis mendacem et impudentem, non putant erubescere posse..

  A011003271 

 Sed hæc omnia, cæteraque hujus generis quæ me singulari oblectatione afficiunt, essent multo jucundiora si mihi per te, non per alios, essent explorata.

  A011003273 

 Malo te ista vel omninò nescire, vel ex verbis quàm ex literis meis intelligere, ne tu pro singulari tua erga me voluntate, magis mea causa commoveare quàm ego ipse, qui fero, non dicam omninò constanter et indolenter, sed tamen ita moderatè ut appareat « nihil me humani à me alienum » putare; nam præter id quòd jam inde à multis annis omnimodo eventura ista prævideram, nisi Deus à nobis averteret quem ipsum nos à nobis avertimus, illa quoque me non parùm juvat consolatio, miserrima quidem sed tamen efficacissima, tot tantisque nos infortuniis premi non posse ut non plura gravioraque, et pati possimus et expectare debeamus..

  A011003274 

 Magis me illud afficit et perturbat quôd nos omnes video in communibus maximisque periculis versari, ipsamque rempublicam, cujus malis et incommodis non moveri tam sit insipientis quàm moveri propriis.

  A011003294 

 Penè accidit, mi Frater, ut proficiscenti ad te Locatello nostro nullas dederim literas, non ob id solùm quòd earum usus minus necessarius videretur præsente te, quem tu alterum me existimare hoc ipso debeas quòd alterum te esse scis, sed etiam ne amantissimi et disertissimi fratris aut voluntati aut eloquentiæ diffidere viderer.

  A011003295 

 Quæ res me movet ut beneficii hujus amplissimi, licet tacitam conditionem habeat: si quis filius mihi nascitur, tamen non tam spem quàm præsentem fructum animi cogitatione hauriam.

  A011003296 

 Tuas de hæreticis præclaras victorias plures majoresque in singulos dies audio, tibique eo nomine ut et toti Christianæ religioni mirificè gratulor, vel ob id maximè quòd ex ipsis Episcopi nostri literis intellexi conatus istos Serenissimo Principi nostro, non tantùm perspectos esse, sed etiam probatos dignosque visos quos omni studio ac voluntate prosequi et adjuvare deberet..

  A011003299 

 Ex urbe et ex tempore, 3 non.

  A011003317 

 Unum illud facere poterat me Thononiensibus qui te fruuntur invidere, unaque succensendi non minor quàm invidendi causa esset, [394] quòd te cùm habeant, frui tamen nesciunt, nisi scriberes incipere eos sapere, tuisque conatibus favere; quo nomine, quantùm tibi totique Reipublicæ Christianæ gratulor, potes tu faciliùs ex gratulandi ratione et necessitate conjicere quàm ego verbis aut vultu explicare.

  A011003318 

 Id qua ratione, aut ut veriùs dicam, cujus culpa factum sit, si ex eo cognovisti, non excuso tam improbabilem hominis negligentiam, sed ignosco culpæ, satis enim mihi fuerit quòd culpa me vacare intelliges; sin fuit ille in hoc ipso negligens ne se accusaret, neque excuso, neque ignosco, tametsi querelas omnes et injurias à me hodie, ut par fuit, remissas esse non nesciam; adeò mihi constitutum est perpetuas cum iis inimicitias gerere si qui erunt quorum culpa fiet ut de mea, non dicam voluntate, (qui enim facere posset?) sed diligentia malè suspicandi quæsita tibi occasio videatur..

  A011003320 

 Habeo alia in promptu mutuæ nostræ necessitudinis dignitati aptiora, quæ etsi nunc dare non possim, brevi tamen hoc ipso die sibi à me data fuisse intelliges.

  A011003320 

 Sic fiet ut gallicè latineque me tibi et fratrem et amicissimum, si non omnes, certè quamplures intelligant.

  A011003321 

 Singularem ejus erga me benevolentiam etsi perspectissimam habeo, per te tamen non tantùm conservatam, sed etiam auctam iri, et spero et cupio.

  A011003339 

 An non autem tibi nescio quo fato factum videtur, quod eodem tempore typographo quoque nostro charta defuit, ne poëticas illas meas Meditationes adhuc excudere potuerit? Id tamen propediem facturum se pollicetur, et ut faciat quantum possum urgeo, non tam quòd meæ sint, quàm quòd tibi jampridem nuncupatæ.

  A011003340 

 Sed charta mihi quoque defuerit, si longioris epistolæ argumentum petere velim ex magnitudine mutui amoris nostri, quæ licet mihi æquè ac tibi perspectissima, non aliâ tamen quàm tua eloquentia ex dignitate commendari se aut exprimi patiatur..

  A011003359 

 Cujus sola spe non possis credere quantoperè delector..

  A011003359 

 Ex quibus et ex Servetani sermonibus cognovi te et optimè valere, quod fuit præcipuum, et absentis mei præsentem memoriam, de quo dubitare non poteram, constantissimè retinere.

  A011003360 

 Cum typographo nostro nondùm agere potui, nec agam priusquàm à te aliquid accepero cujus exhibitione possim hominem, alioquin minus liberalem, permovere ut impensam excudendo operi [397] necessariam prorogare non recuset.

  A011003360 

 Moram hanc fero impatientissimè, meo certè nomine potiùs quàm tuo, neque prius conquiescam quàm meo erga te officio studioque hac saltem parte satisfecero; adeò mihi videor nihil non benè posse facere si te vel authorem habeam, vel motorem, vel adprobatorem..

  A011003360 

 Vereor etiam ne illam excusationem afferat qua uti solet cum urgeo ut poësim meam gallicam excudendam aggrediatur, quòd chartam non habet; quamquam jubet me sperare futurum ut brevi habeat.

  A011003361 

 Non potui tamen facere ut is sine literis ad te meis proficisceretur, præsertim cùm haberem à Girardo nostro quas ad te perferendas curarem; ut taceam quòd politior illa scribendi ratio quàm tu, vel invitis hæreticis et barbaris, tam constanter retines, mihi jam tecum familiarius et ut inter fratres par est agenti, sicuti non necessaria ita minùs curanda videtur..

  A011003363 

 Ex tempore, sine tempore, 3 non.

  A011003386 

 Ille, ut est ingenii non minùs quàm animi impetu potens, ex tempore conscripsit epistolam, si quid mei judicii est, non inelegantem, quam post dies aliquot discedenti mihi tradidit ut curarem ad te perferendam.

  A011003386 

 Mihi, qui majorem et jucundiorem legendis tuis quàm conscribendis aut poliendis meis diligentiam adhibere soleo, melius visum est et commodius differre rescriptionem in id usque tempus quo in hæc loca rediissem, præsertim cùm nec haberem ad manum per quos possem scribere; quamquàm non parum diligentiam meam illud expectabat, quòd tardius quàm putaram ad Sebusianos meos profectus, videbam ex eo futurum ut longiorem quoque scribendo moram facerem quàm sperares..

  A011003387 

 Neque verò possum negare, tametsi ad meos profecturus sic me comparassem ut quem misera quæque et videre et perferre oporteret, me tamen non leviter commotum esse, cùm multò graviora et deploratoria vidi omnia quàm timueram..

  A011003387 

 Teterrimum prorsùs et miserrimum spectaculum! oppressa præcepsque in ruinam patria, cui opitulari non possis.

  A011003388 

 Fero licet ista minùs æquo fortasse quàm deceret, tamen satis erecto animo; non quòd ad eum sapientiæ gradum pervenerim quem tu mihi ob oculos ponis (nimirùm, ut astutè quidem sed benevolè mihi imponas, ne cunctari possem quin talem me præstare debeam qualem me tibi videri fingis), sed quia [399] nihil tam durum aut calamitosum accidere potuit quod non jam inde à multis annis eventurum præviderim, quòdque ridendus mihi ipsi videar magis quàm miserendus, si in tantis totius reipublicæ calamitatibus, cùm in eadem sim navi in qua cæteri, præcipua quadam immunitate vitæque conditione gaudere velim..

  A011003388 

 Nihil de privatis meis rebus conqueror, quarum perturbatio non mediocris animum meum longè graviùs perturbaret, si à meipso, ut eleganter ais, lædi vellem.

  A011003389 

 Et nihil me æquè ac illud confirmat, quòd quoties de te cogito (facio autem ferè assiduè), agnosco indignum fore me quem tu fraterno amore prosequi deberes, si ab ea desciscerem animi magnitudine quam in te admirabilem et propemodùm singularem, non modo vultu et oratione præ te fers, quod tibi cùm multis commune est, sed etiam, quod paucis contigit, facto ipso totaque institutæ vitæ ratione testaris..

  A011003390 

 Quàm, putas, animo meo hæret hærebitque semper, quod te nuper cùm una essemus dicere memini, cùm quidam ad te retulissent me, levissimo implicitum morbo, graviore quàm par fuerat mortis metu cruciatum fuisse, id te de eo qui se fratrem tuum diceret et gloriaretur non temerè credere potuisse! Nam qui, te potissimùm magistro, didicerit mortem non pertimescere, quam ego nunquam sanè pertimescendam existimavi, an non multò stultior sit, si iis rebus moveatur quæ non aliam ob causam acerbæ videri possint quàm quia mortem, vel quod adhuc insanius fuerit, vitam quoque ipsam reddere soleant acerbiorem? Sed tamen facere non possum quin me communes miseriæ conturbent, quibus non valdè affici vereor ne inhumani potiùs quàm constantis hominis esse videretur.

  A011003391 

 Ego, si quid hoc ad rem pertinet, votis saltem et quantis potero ad Deum optimum maximum precibus adjuvare te non desinam, faciamque ut confratrum nostrorum, quorum omnium propensissimus est ut esse debet erga te animus, idem quoque studium experiare..

  A011003391 

 Reliquum est, mi Frater, ut te non jam horter ad pugnam istam quam te adversùs hæreticos tanta contentione capessere video, sed moneam potiùs et rogem ut salutis et incolumitatis tuæ rationem habeas, tibi parcas, caveasque ne tenuiores corporis vires et animi viribus impares, jamque tot jejuniis attritas, dicendo scribendoque exhaurias, quas tibi integras salvasque conservari non minùs reipublicæ quàm mea scis interesse, quandoquidem tibi cum eo hoste res est quem nonnisi longo lentoque, ut vides, bello possis ad deditionem compellere.

  A011003392 

 Faxit Deus optimus maximus ut brevi convalescat, quem diutissime sospitem salvumque esse, non tua solum et mea, sed totius quoque reipublicæ causa cupio.

  A011003392 

 Non possis credere quàm id me malè torqueat, pro arctissima quæ inter nos, non tantùm dignitatis et ordinis, sed etiam, quod primum est, animorum conjunctione.

  A011003411 

 Nunc verò, majorne dicam nescio voluptas an admiratio est, non eerum dumtaxat qui negotio magis quàm tibi diffidebant, sed illorum etiam qui, cùm eam probarent, vix tamen persuaderi poterant futurum ut jam citò tam uberes diligentiæ et contentionis tuæ fructus constarent, quòd minùs tibi opis et auxilii parari viderent ab iis quorum authoritate præcipuè geri res debebat quàm necesse esset [401] ad tantam rem feliciter aggrediendam gerendamque; sic enim jam omnibus ferè persuasum est fore brevi ut sacrosancta religio per tot annos ab istis populis explosa pristinam suam per te recuperet dignitatem, indeque tamquam ex armario munitissimo potentissima ad expugnandam Babylonem machina tandem depromatur..

  A011003412 

 Mihi sanè non parvi momenti esse videtur quod de Ponceto recuperato scribis; fuit enim ille hucusque præcipui, ut audio, inter hæreticos nominis pro ea qua præstat juris nostri rerumque agendarum scientia, ut liceat sperare non defuturos permultos qui exempli authoritate movebuntur, ut ratione tandem vinci se patiantur.

  A011003413 

 Possevinus noster, cùm hic esset superioribus diebus in eumque sermonem incidissemus, testabatur nihil se aut antiquius, aut optatius umquam habuisse quàm ut te videret deque toto isto negotio alloqueretur, non solùm ne dubitare posset quin ad consilii capiendum esset quòd optimum uterque vestrum probaret, sed etiam ut quantum haberet ingenii, virium et authoritatis, totum id conatibus istis adjuvandis fovendisque conferret.

  A011003413 

 Quando rediturus sit, planè adhuc in incerto est, etsi Bonaldus ille noster, cui tuas ad se et ad Possevinum literas reddidi, sperat non diutiùs abfuturum, quod ex ejus rescriptione commodiùs cognosces..

  A011003414 

 Nam quòd me interpellas ut ego ad te potiùs, etsi concedo libentissimè præstare, tamen mihi paulô difficiliùs est quàm velle, tametsi non despero fieri posse ut in eos dies profectio conferatur quibus possem desiderio meo non minus quàm tuo satisfacere.

  A011003415 

 Nam ut ea taceam quæ mutuam nostram necessitudinem jam tot vinculis constringunt, ut neque addi quicquam neque diminui posse videatur, placet mihi ratio illa quam tu proponis inducendæ accessionis, quòd Senatore nostro vita functo, quem nos singulari quidem sed tamen communi studio et voluntate prosequebamur, sic nos agere par est, ut quodam veluti accrescendi jure, viriles nostras amicitiæ partes augeri sentiamus: quamquam non improbarem, si jus hoc non tam accrescendi diceres quàm non decrescendi, ne qua incomparabili conjunctioni nostræ fiat injuria, si quid ad ejus magnitudinem accedere posse fateamur.

  A011003416 

 Pervenerat ad nos superiore mense nec varius nec inconstans rumor, defunctum apud Salinates virum clarissimum; hoc solo incertus, quòd alii ferro hostium, alii veneno inter pocula propinato necatum mentiebantur; mirus ex eo stupor dolorque optimorum omnium animos occupaverat, me verò, licet non sim ex optimis, tantò gravior quantò major jactura fuisset mea, defuncto illo cujus probitate et summo in me studio possim aliquando, si non optimus, quod propemodùm despero, saltem bonus fieri, aut minus malus quàm sim.

  A011003416 

 Quo tamen nomine, ne tibi gratulari possim illud facit quòd mihi jam doleo qui tecum non ero.

  A011003438 

 Venio ad posteriores tuas literas, in quibus jucundissimum illud fuit quòd te video nihil de pristina ista animi alacritate remittere, nihilque non tentare ut, si (quod abominor) minùs feliciter res succedet, ea sola tibi culpa objici possit quòd plus animi et ingenii [404] habueris ad audendum, quàm ii omnes, quorum hac parte præcipua authoritas est, voluntatis ad adjuvandum..

  A011003439 

 Habebis tuæ fortitudinis virtutisque, non modò testes sed etiam admiratores, eos ipsos quos fautores habere, ut decebat, non potuisti; Deum verò optimum maximum retributorem, qui laborum tuorum æstimationem non ex perceptis fructibus, sed ex iis qui percipi potuerunt et debuerunt pro pietate sua initurus est: quamquam vix mihi in animum cadere potest ut de tam piis et, quod præcipuum est, pie habitis conatibus desperandum putem..

  A011003439 

 Sed tamen si tibi mihique credis, perge ut cœpisti in id usque tempus quo desperatio non minùs probatam omnibusque cognitam quàm justam habitura sit excusationem.

  A011003440 

 Inter hæc scribendum, opportunè advenit frater ille noster Hierosolymitanus, scis quem intelligam, Locatellus, faustus lætusque; hoc uno minùs, ut sibi mihique videtur, felix, quòd superioribus diebus Necium profectus, videre te non potuit.

  A011003440 

 Quo nomine mirum est quantis eum onerem ludibriis, quòd ille non ita dudum gloriaretur hanc sibi præcipuam fore oblectationem si, absente me, solus te frueretur; ego verò tantam felicitatem, fateor enim liberè, etiam fratri inviderem..

  A011003461 

 Etsi tam longo inter nos, mi Frater, silentio non magis delector quàm tu, dicam tamen ingenuè, me meæ pudet pœnitetque diligentiæ; audio enim te, si posteriores meas literas paulò tardiùs accepisses, ad nos venturum fuisse ut clarissimum Patrem Possevinum videres, quem si videre non potuisses, ego sanè te vidissem.

  A011003461 

 Sed quando ita res tulit, ut neque tu illuin, neque ego te videre potuerim, utrumque nimia et illius in discedendo et mea in scribendo diligentia, erit quòd meæ posthac ignoscas negligentiæ, si quid à me hac in re peccabitur; licet non ignorem vix fieri posse ut damnum contingens ex diligentia per negligentiam sarciatur, mihi præsertim, cui hoc unum restat absentiæ tuæ solatium, si per literas tuas te videam, per meas te alloquar..

  A011003462 

 Quòd verò tam opportune Spondæus advenerit, non tantùm tibi, sed etiam mihi summoperè gratulor; nihil enim est quod feram molestiùs quàm, cùm nebulones istos audio de suis ineptiis tam magnificè sentire et gloriari, de nostris verò nostrorumque egregiis meritis tam audacter et impudenter mentiri..

  A011003463 

 Baronem nostrum qui, ut scis, nunc adest, iterum atque iterum conveni, primùm ut viro nobilissimo meique amantissimo grati animi testimonium exhiberem, deindè ut ex ejus potissimùm sermonibus intelligerem quid ille de tuis conatibus, non tam sentiret quàm speraret.

  A011003463 

 Quòd si ita est, non video quid te malè jam habere debeat, nisi quòd in re tanti momenti vix est ut Christiana impatientia longioris moræ incommoda concoquere possit.

  A011003464 

 Id unum nobis benè cedit, quòd cùm nihil sit in tanta rerum omnium perturbatione quod non ducat ad desperationem, de omnibus tamen benè et in dies meliùs ac meliùs sperare non desinimus; sed cedet multò faciliùs si, quòd tecum precari faciliùs est quàm ominari, una cum Elia illo tuo per turbinem in Cœlum rapimur..

  A011003466 

 Ex urbe, 3 non.

  A011003483 

 Non que j'estime quil y aye en tous de la malice (j'en ay congnu qui, hors le faict de la religion, pouvoient passer en monstre pour honestes hommes); mais je ne peux les excuser que je ne les accuse tous, et tant plus ceux qui sont les plus habiles entre eux, d'un grand deffaut de jugement et de trop de presomption en ce quilz osent faire plus d'estat de leur jugement particulier que de celuy de l'Esglise universelle, fondés seulement sur l'opinion d'un homme, lequel sil eust esté de moins ilz seroient maintenant des nostres..

  A011003484 

 Si ainsy estoit nous aurions tout gaigné, puis qu'elle sera toute en l'honneur du Sainct Sacrement; et non moins sil fait estat de la troisieme, laquelle je pretens faire, Dieu aydant, en l'honneur de Nostre Dame..

  A011003486 

 Ilz se fondent sur la reigle qui dit que aienti, non neganti, incumbit probatio; mais vous sçavez mieux que moy comment telle reigle est [408] entenduë en nostre jurisprudence, a laquelle proprement elle appertient.

  A011003508 

 Movet me etiam non parùm quòd, postremis qui mihi cum illo ante morbum intercesserunt sermonibus, videbatur in eam potissimùm curam velle in posterum incumbere ut sacrosancta religio [410] nostra, tuis potissimùm præclaris conatibus adjuta, per totam istam provinciam quàm latissimè et vivissimè diffunderetur.

  A011003508 

 Non est quod ex me nunc, mi Frater, aut longas aut suaves literas expectes, adeò me conturbat repentinus sic obitus Baronis nostri Hermanciani, sivè privatam jacturam meam considero sivè totius reipublicæ nostræ causam, quæ tot jam adversis casibus cladibusque miserè conflictatam spes erat maxima, hujus potissimùm viri opera vehementique pacis studio quo flagrabat, restitui posse et recreari.

  A011003509 

 Etsi enim ea ingenii tui vis est, ut ubi voles esse gentium non possis aut tui similis non esse aut extrinsecis hujusmodi subsidiis indigere, conducet tamen non parùm ad edendum feliciter partum hunc quem jampridem parturis, ut in eo loco sis in quo favorabilior tibi gratiorque Lucina adfutura sit.

  A011003509 

 Id ego incredibiliter fieri cupio ut ita saltèm publicum extet singularis meæ erga te voluntatis monumentum si facere posthac non potero ut majus quidpiam à me proficiscatur..

  A011003529 

 Non minùs ex Avullæi, tandem nostri, sermonibus quàm ex literis tuis, mi Frater, cognovi quod maximè cupiebam, præclarè illum de religione sentire nec magis quidquam in votis habere quàm [411] ut publicè id testatum faciat.

  A011003530 

 Libris illis de politica, ut eleganter inscribis, auscultatione id præscribentibus, hoc mihi quàm dulce optatumque fuerit, etsi facilè æstimare potes qui optimus testis es nihil me umquam ardentiùs desiderasse, vix tamen possis credere ni tibi persuadeas eum esse me qui factis laudibusque tuis magis delecter quàm tu ipse, in ea præsertim re in qua nominis tui laus cum Dei gloria non possit non esse conjuncta.

  A011003531 

 De Pare Cherubino facere non potui ut eum Avullæus tam citò conveniret.

  A011003531 

 Non gratiora mihi aut melioris ominis xenia possis mittere; ne (sic) si fragmentum illud quòd polliceris, et quo tamen scito nihil mihi advenire posse optatiùs..

  A011003531 

 Sed quando id hactenus factum non est, cura si placet ut quamprimùm fiat.

  A011003533 

 Ex urbe et ex tempore, 4 non.

  A011003550 

 Nunc mihi planè satisfactum est iis literis quibus ad omnia mearum capita tam diligenter et accuratè respondisti, nisi quod subticuisti (dolone bono an malo non ausim dicere), quod maximè significare debueras, quodque ex Chaventio cùm ei tuas darem intellexi, habere te nunc Principis nostri, non voluntatem solùm, quæ tibi numquam defuit, sed eam quæ tamdiu desiderata et expectata est subscriptionem.

  A011003550 

 Quo nomine si tibi et mihi totique reipublicæ nostræ non gratuler, indignus sanè sim quem boni ament, nedum tu qui es optimus.

  A011003550 

 Sed id mallem coram et in fraternis amplexibus quàm in literis, præsertim quas aut longiores aut politiores facere ocium nunc non detur..

  A011003555 

 Dominum de Lullin, à quo tempore tuas accepi literas, non vidi; faciam ut intelligat se mihi per te commendatum..

  A011003572 

 Id si ita erit, non dubitamus quin ad nos Princeps quoque statim sit advolaturus.

  A011003572 

 Nunc certioribus quàm anteà rerum argumentis erectæ sunt spes nostræ reditu Præsidis Rochetani, qui affirmat esse omnia non solùm in expedito, sed etiam in tuto, et ante festa Paschalia venturos à Rege in hanc urbem legatos, qui perpetuum inter Principes fœdus sanciant et jurejurando devinciant.

  A011003573 

 De Avullæo nostro doleo mirum in modum quod longioribus eum sermonibus tenere, ut sperabam et cupiebam, non potuerim.

  A011003573 

 Recessit enim postridie quàm Necio veni, cùm tamen non priùs recessurum putarem quàm Principem vidisset.

  A011003574 

 Si ocium erit, scribe; at etiam si ocium non erit, quod tamen sine ocio facere potes, me ama; et vale, mi Frater, iterum atque iterum suavissime, iterùm atque iterum vale..

  A011003610 

 Nous sommes de par deça assez asseurés, mais non pas entierement, parce quil y a deux villages ausquelz le mal va encores s'entretenant..

  A011003629 

 Je sçay qu'ilz ont esté depechés a leur contentement, mais non pas sans beaucoup de despence: en quoy peut estre que j'eusse peu leur apporter quelque soulagement, si leur procureur m'en eust parlé avant que l'argent eust esté deboursé, s'estant aussy en cela comporté plus nonchalamment qu'il ne devoit; combien qu'a la verité, en semblables matieres d'argent, si peu de gens ont le credit d'en faire rien rabbattre..

  A011003651 

 Estant au plus fort des Meditations poetiques que j'ay commencées despuis quelques jours sur les misteres du tressainct Rosaire, pour faire quelque provision de devotion pour ces bonnes festes, j'ay sceu par monsieur l'advocat Salteur, lequel m'a remis voz dernieres lettres, quil y avoit commodité de vous faire responce par le [419] greffier de Thonon; et a l'instant, sans poser la plume, j'ay seulement changé de papier pour vous faire ce mot, non moins pour accroistre en moy cet esprit de devotion par l'imagination que je conçoy de vostre conversation, que pour vous advertir comme du jour mesme que je receus vostre pacquet, ou, pour ne mentir, du lendemain, je le remis a la poste avec les autres que le Conseil d'Estat depechoit par courrier expres a Son Altesse et soubs une mesme couverture, de sorte que je m'asseure quil aura esté bien et seurement rendu; dequoy je n'eusse pas tant tardé de vous advertir si j'eusse heu la commodité d'un porteur..

  A011003652 

 » Toutefois, je n'ay encor point receu de lettres de Son Altesse, non plus que de Leurs Excellences, tellement que, non sans beaucoup de peine, je suis contraint de dissimuler et ne faire pas semblant que je desire de voir la chose executee, quand ce ne seroit que pour empecher que noz confreres ne vous veullent mal, pour l'asseurance quilz ont que la force de nostre amitié m'attire a ceste resolution autant qu'autre chose quelconque.

  A011003673 

 Despuis, j'ay receu une des vostres datee du jour de Sainct Thomas, non toutefois l'autre laquelle vous dites m'avoir escrit par autre voye..

  A011003694 

 Mais, graces a Dieu, tout va bien puisque vous avez reintegré la Messe en sa possession en un jour si solemnel, quoy que non pas si solemnellement que vous et moy eussions desiré..

  A011003760 

 Dieu sçait combien je desireroys de vous y treuver, et pour combien de raisons; mais je prendray bien patience pour quelques jours, pourveu que je sois bien adverty de vostre bon portement, et que la conversation du Pere Esprit vous console parmy tant de travaux que vous continuez de prendre a cultiver ceste barbarie huguenotte, si cultiver se peut dire pour deraciner; mais je parle du terroir, non pas de la semence..

  A011003797 

 Et per non defraudarle del suo merito, io di novo ne ho fatto testimonio a Sua Santità, et le ho mandata la medesima sua lettera per ottener la licentia delli libri prohibiti et per poter assolvere quelli che ha trovato haver contratto matrimonio senza dispensa; et dell' uno et dell'altro se ne haverà tra pochi giorni risposta..

  A011003814 

 Mi è stato gratissimo di haver inteso che V. S. sta per venire a Torino, et venendo non ha da pensare ad altro hospitio che a questo mio, poichè questa casa è sua.

  A011003829 

 La lettera di V. S. di 14 di Novembre, scrittami da Sales, non mi è capitata prima che a' VI di Decembre, et però non si maraviglerà della tardità della risposta.

  A011003829 

 Però non ha da perdere la speranza, per l'ottima intentione di Sua Altezza et per il carico che io ho di sollecitarla.

  A011003830 

 Et almeno V. S. sia certa che io non pretermetto un punto di diligentia, come le potrà far fede monsignor della Bastia, il quale anchor si adopra gagliardamente per la sua parte, acciò quanto prima ne segua l'effetto..

  A011003830 

 Il contrasto dei Cavallieri di San Lazaro è causa di questa dilatione, perchè pretendono di cavar tanto poca somma di denari da quelli beni ecclesiastici che non possono concorrere a questa spesa dei curati.

  A011003848 

 Io non intendo la moneta nè le misure di Savoia, ma monsignor di Lullin, che è stato presente alla trattatione, mi ha assicurato che un anno per l'altro sarà di cento scudi et forse davantaggio.

  A011003849 

 In questa medesima polizza mi ricercano li suddetti Cavallieri un altro particolare circa li curati che prestano nome ai laici; et non intendendo bene questo negotio, lo rimetto a V. S. et le do la mia authorità acciò che in tutto quel che honestamente si può, si dia satisfattone alla Religione..

  A011003850 

 Non voglio dire a V. S. la fatica che ho trovata in concludere questo negotio, con tutta la pietà di Sua Altezza che in cose di religione non può essere più ardente; ma le dico bene, che se l' havessi durata cento volte più la fatica, devo reputarmi inutile in servitio d'Iddio benedetto.

  A011003851 

 L'abbadia dell' Abondantia non è anco data per certi degni rispetti, et Sua Santità ha qualche intentione di levarne quelli monaci et mettervi in suo loco li riformati di San Bernardo, et al novo Abbate credo che sarà data questa commissione.

  A011003867 

 Io sarò domani a [audienza] et soggiungerò quel di più che sarà necessario; et V. S. stia di buon animo, che Dio benedetto concorrerà con la sua santa gratia, et Sua Altezza non mancarà della sua solita pietà et zelo, et io sarò diligentissimo procuratore..

  A011003883 

 Per assicurarmi del mal recapito, a 4 di Febraro, sotto coperta di Monsignor di San Paolo, rispondendo all' ultima di V. S. di 27 di Gennaro sopra la conferentia di Geneva, le mandai il duplicato di tutte le lettere antecedenti; et perchè da Monsignor di San Paolo in capo di vinti giorni non ho nè anco havuta risposta, mi sono risoluto di mandarli il triplicato, acciò in un negotio tanto grave sappia tutto quello che si è trattato et stabilito in quel spatio passato..

  A011003883 

 Resto admiratissimo di non havere havuto risposta a due o tre lettere che io ho scritte a V. S. sopra la risolutione che si prese delli sei curati di Ciables, et non è possibile che qualcuna non vi sia capitata, et massime con l'arrivo del signor cavalliero Bergera, mandato dalla Religione per questo et per altro effetto.

  A011003884 

 Et potrà mandar le lettere a Ciamberi, dirette al signor Presidente Pobel, perchè mi verranno presto et a buon recapito; et la medesima farò io in scriverle, perchè non mi assicuro che Monsignor di San Paolo stia a Ciamberi..

  A011003885 

 Sua Santità preme tanto in domandar i progressi di Ciables, che V. S. farebbe torto a sè medesimo a non tenerme avvisato giorno per giorno, se fusse possibile, come spero che farà per l'avvenire, posponendo tutte le altre occupationi a quest' una.

  A011003891 

 Non incaricarò più V. S. di quel che fo a scrivermi continuamente [435] li progressi delle sue fatiche, et se Ella sapesse quanto Sua Santità preme nella conversione di Ciables, son certo che mi haverebbe scritto più spesso..

  A011003898 

 Et non sapendosi li particolari di quel paese, non vedo che Nostro Signore possa fare altra risolutione, se bene io gli habbia mandata la medesima lettera di monsieur d'Avully, che è brevissima..

  A011003898 

 Monsieur de Avully, con una sua di 8 di Febraro, mi ha scritta la gran conversione che si fa in Ciables, et Monsignore non discende alli particolari, rimettendosi a V. S., ma dice solamente che vi sarebbono necessarii vinti duoi curati.

  A011003898 

 Resto il più admirato huomo del mondo di non haver lettere di V. S. et non so a che attribuirne causa.

  A011003901 

 Se V. S. per qualche impedimento non potesse andare a trovar Monsignor di Geneva, li mandarà questa mia istessa lettera; et mi rispondino subito..

  A011003916 

 Accetto la scusa di V. S. di non havermi scritto per il passato; ma, per penitentia, le impongo che per l'advenire mi scriva più spesso, poichè le occupationi saranno minori dopo la Quaresima et le giornate più lunghe; et tanto più, quanto che Ella potrà vedere dall'alligata copia di lettera del signor Cardinal Aldobrandino, quanta consolatione senta Nostro Signore del progresso di Ciables et quanto habbia gradito l' opera et diligentia di monsieur d'Avully..

  A011003916 

 L' altra che Ella mi dice di havermi scritta per il cavallier Bergera non l'ho ricevuta, non essendo esso mai comparso a Torino, nè preso pensiero di mandarmela.

  A011003918 

 Non rispondo capo per capo alle lettere di V. S. per non esser [437] troppo lungo, ma sappia solo che a tutto quello ch' Ella propone io darò la mano con ogni cura possibile.

  A011003932 

 Non mi sono capitate le lettere di V. S. di 23 di Aprile se non alli otto di Maggio, et venendo ogni giorno corrieri di Savoia mi maraviglio che tardino tanto per cammino..

  A011003933 

 Mi è piaciuta infinitamente la lettera che V. S. ha scritta a Sua Santità, la qual con questo ordinario gli ho mandata con l'altra del Padre Spirito et tutto il resto delle scritture alligate; et non dubito punto che Sua Santità darà ordini efficaci al Signor Legato che tratti col Re di Francia per la restitutione della Messa nelli balliagi di Gex et Galliard, et spero anco che si habbia da ottener secondo il desiderio di quelle povere anime.

  A011003934 

 Io ho scritto efficacemente a monsignor della Novalesa che faccia proveder della sua prebenda il predicatore di Eviano, et non lasciarò l'instantia finchè realmente sia satisfatto.

  A011003935 

 Aspetto con desiderio che V. S. mi avvisi spesso delli progressi di Ciables, et creda certo che io non manco di ricordare perpetuamente a Sua Santità che si trovi qualche modo d'accrescere li predicatori [438] et li curati.

  A011003940 

 Et perchè io non sono informato di questo fatto, V. S. mi potrà rescrivere tutto quel che passa et quel che sarà conveniente che si dia di elemosina al predicatore..

  A011003949 

 Et perchè la mia lettera a Monsignor Vescovo, con la suddetta copia del signor Cardinale di Santa Severina, haverà da esser partecipata a V. S. et alli Padri Cappuccini, io non mi estenderò in altro se non in dire a V. S. che vorrei ogni giorno, se fusse possibile, avviso di tutto quel che pensano di fare in questo negotio et di quel che hanno in animo, con fondamento.

  A011003949 

 Ma non sono per movermi senza haver raguaglio minutissimo da V. S. et dalli Padri Cappuccini, perchè così ricerca la qualità del negotio..

  A011003950 

 V. S., di gratia, si sforzi di scrivermi il più spesso che sia possibile, per mostrare a Sua Santità che non si perde tempo in un negotio di tanto momento..

  A011003965 

 Monsignor di Blonay mi ha mandato le lettere di V. S. delli 11 di Aprile, le quali son capitate ben tardi, poichè non le ho havute se non all' ultimo di Maggio.

  A011003965 

 Questo gentilhuomo non ho anchor veduto, et venendo da me non mancarò di fargli ogni sorte di servitio per le sue qualità et per amor di V. S. che lo desidera..

  A011003966 

 Circa l'abbadia d' Aux et d' Abondantia è già deputato il Visitatore da Nostro Signore, [e] per il decanato di Ciamberi; ma non si può mettere in cammino per aspettare l' esito della guerra.

  A011003966 

 Quanto all' accrescere li curati nel balliagio di Ciables, li Cavallieri dicono che non ci è tanta conversione che sia necessario maggior numero; et però io vorrei da V. S. un poco più distinto raguaglio per disponer Nostro Signore a concederci quel che si pretende.

  A011003981 

 Hebbi il plico di V. S., con tutte le lettere et scritture alligate, di 27 di Maggio, et di mia mano presentai quella che era scritta a Sua Altezza, la qual la lesse con molto suo gusto et mi usò parole verso di lei di tanta amorevolezza che non si può desiderare maggiore.

  A011003982 

 Et il cavallier Bergera dice in sua giustificatione che obligò a V. S. gli affitavoli per la suddetta somma, et che però, se non le danno roba buona, Ella li astringa avanti il giudice o governatore, chè con poca fatica haverà quanto l'è stato promesso..

  A011003982 

 Quanto al grano et al vino promessi dalli Cavallieri alli quattro curati et non accettato da lei per esser cattivo, io ne ho fatto gran risentimento con questi signori del Consiglio, li quali mi hanno risposto che non è colpa loro.

  A011003983 

 Circa l'accrescere li curati, persistono li medesimi Cavallieri a volerme dare ad intendere che dalle cure loro non ne cavano ducento scudi, et che quasi tutte sono in mano di preti cattolici li quali non vogliono resedere; et che però tocca a Monsignor di Geneva, per la sua authorità ordinaria et per quella che io gli communico per ogni bisogno, di constringere li suddetti curati a resedere, et non volendo, [441] proveder d'altri in suo loco; perchè usando questo rimedio, li balliaggi verranno provisti di curati a sufficentia..

  A011003984 

 Mando a V. S. un Breve di Nostro Signore in risposta della lettera che Ella gli scrisse, et per sua consolatione non lasciarò di dirle che Sua Santità l'ama assai et dalla lettere mie vedo che l' ha in ottimo concetto..

  A011003985 

 V. S. gli basci le mani da mia parte, et gli dica che procuri di conservarsi sano per beneficio della sua Chiesa et contento de' suoi amici et servitori, fra quali io non cedo a nissuno..

  A011003986 

 Et perchè il Rettore di questo collegio di Torino, che è un valente theologo, è italiano et non ha la lingua francese, desidero d'intendere da V. S. se sarà a proposito d'inviarlo, o pur sarà più utile che sia francese; perchè nel collegio di Milano ve n'è uno che legge la Scrittura et è un valenthuomo, et io lo farò venire quando farà di bisogno..

  A011003986 

 Quanto alla conferentia, poichè hanno ricevuta la copia della lettera del signor Cardinale di Santa Severina et chiamato il Padre Fra Cherubino per concertar del modo, io non replicarò altro se non che starò aspettando d'intender quando doverò mandar li Padri Gesuiti, senza li quali in nissuna maniera desidero che si faccia questa disputa.

  A011003987 

 Aspetto l'informatione circa il predicatore di Eviano, la quale sia chiara et distinta, per poter constringere l'Abbate della Novalesa, il quale fugge quanto può di non (sic) far la spesa, non ostante che sia moribondo..

  A011003988 

 Quanto al pensiero che V. S. mi ha communicato di voler concorrere a quella parocchia che rende 200 scudi, io non posso se non rimettermi a quello che Ella deliberarà col consiglio di amici, sapendo che a lei non manca nè bontà, nè spirito, nè prudentia.

  A011003989 

 Circa la licentia di leggere libri prohibiti per il signor Grandis et Roget, io ne scrissi già al signor Cardinale di Santa Severina, ma poi, a confessar la verità, per molte occupationi non ho havuto memoria di sollecitarla.

  A011004006 

 Il portator che mi ha consegnata la lettera di V. S. non mi dà tempo se non hoggi a rispondere, di maniera che non ho havuto commodità di trattare con questi signori della Religione per conto di pagare lo stipendio promesso alli curati; ma lo farò quanto prima et procurarò di mandare a V. S. le provisioni necessarie.

  A011004012 

 Io ho [443] facilità di assolvere dalle censure et dispensar per l' irregolarità di questi duoi Religiosi dummodo non insorduerint per annum, perchè in questo caso bisognarebbe andare o mandare a Roma..

  A011004012 

 Spero che non farà bisogno che V. S. arrivi a Roma, perchè la Sua Santità ha risoluto di venire a Ferrara dopo Pasqua.

  A011004023 

 Quanto poi alle conclusioni che Ella giudica che sarebbono utili proponere alli ministri heretici, bisogna che in questo caso si cammini con gran prudentia et con altrettanta sicurezza, et sopra tutto che si venga alla disputa non di commissione o authorità di Sua Santità et della Sede Apostolica, ma di Monsignor Vescovo di Geneva, come pastore; avvertendo però che vi sia almeno un theologo Gesuita, chè a questo fine scrivo le alligate al Padre Rettore di Ciamberi et di Friborgo, acciò da un collegio o l'altro si mandi un Padre a richiesta di V. S. et del P. Fra Cherubino: et con la sua assistentia si potrà venire alla suddetta disputa, rimettendomi in tutto, di farla o non farla, alla prudentia sua et del suddetto P. Fra Cherubino..

  A011004030 

 La lettera di V. S. mi è giunta tardi, et però V. S. non si maravigli [444] della tardità della risposta.

  A011004039 

 Mi fu bene di gran dispiacere che non li fosse permesso d'intrare nella cità, per non haverlo potuto honorare nel mio hospitio conforme al suo merito et al mio desiderio..

  A011004041 

 Per le quali ragioni spero che Sua Santità se degnerà di liberarmene, et che la sua infinita benignità non permetterà che io perda questa poca [445] sanità che mi resta et mi renda per sempre inabile al suo servitio.

  A011004143 

 Si aultre ne retarde le Legat, il s'y treuvera des mardy prochain en six jours, non compris le mardy, et Nous un peu auparavant, ne le desirant pas moingtz que vous..

  A011004192 

 Speramus enim quod labor tuus non erit inanis in Domino..

  A011004192 

 Tuam, Fili, diligentiam et sedulitatem in Domino commendamus, et quamvis ea res, cujus felicem exitum valde optavimus, non mediocrem, ut scribis, difficultatem habeat, quia tamen Dei opus est, cujus gloriam quærimus et cujus misericordia atque auxilio nitimur, te propterea magnopere hortamur ne eam curam deseras, neve cesses quod semel inchoasti, Dei adjutrice gratia, urgere.


12-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XII-Vol.2-Lettres.html
  A012000233 

 Basta che per amor suo son stato conosciuto et accarezzato di quelli duoi segnalati Prælati, la memoria delli quali non può se non promovere in me li desiderii del ben vivere..

  A012000233 

 In Bologna parimente mi abbracciò con molta carità Monsignor [8] l' Ill mo Arcivescovo, non senza moltissimi favori, se ben non hebbi modo di salutarlo senon in ipso profectionis articulo, perchè la sera et mattina precedente si ritruovò travagliato dal catarro in modo che non se glie poteva domandar audientia senza grande indiscretione.

  A012000233 

 Monsignor Vescovo non hebbe commodità di favorirme delle sue Opre per non haverne altro essemplare ch' il suo familiare; ma ne hebbe desiderio, et mi diede in carico che occorrendomi l'occasione di qualche latore, lo facessi ricordare di mandarmene.

  A012000233 

 Se ben non ho ancora finito il viaggio del mio ritorno per esser stato miseramente inchiodato in questa corte un mese intero, devo tuttavia dar raguaglio a V. P. molto R da delli molti favori ricevuti da me per mezzo et [7] merito suo.

  A012000234 

 Et fra molti quæsiti venne in proposito di V. P. con quelle honorevoli [9] parole che da tal Prencipe si devono aspettare, non però senza un amoroso rissentimento del ricusato vescovato,.

  A012000236 

 ma, comme dico, con amoroso et non con amaro rissentimento; là dove io dissi quel tanto che da V. P. haveva sentito, et si quietò nelle honorevoli parole nelle quali si era comminciato il ragionamento..

  A012000256 

 Entre autres discours, Son Altesse vint à me parler de Votre Paternité en des termes aussi honorables qu'on peut l'attendre d'un [9] tel prince, non cependant sans un affectueux ressentiment au sujet de l'évêché refusé,.

  A012000258 

 mais, comme je dis, ce fut un ressentiment affectueux et non point amer; alors je lui fis connaître ce que j'en avais appris de vous, et l'entretien se termina dans les mêmes termes honorables avec lesquels il avait été commencé..

  A012000279 

 Restarà che anco V. S. molto Illustre non tardi a venire per spedire quel tanto [13] che tocca al servitio d'Iddio et delle anime in quelli balliagii di Thonone et Ternier, già che, per quanto vedo, V. S. molto Illustre è nominata per esser præsente all'essecutione del Breve della Sede Apostolica..

  A012000280 

 Onde è ubligatissima in conscientia di non tardare a venire, poichè dalla sua venuta dipende il negotio et senza lei non si può far altro.

  A012000280 

 Supplico adunque V. S. che si degni considerare che tanto è in questa occurrentia la ritardatione dell' opra quanto la destruttione, poichè essendo gl'operatori senza provisione, non possono star così se non brevissimo tempo.

  A012000343 

 Et non si può negare che in ciò non vi sia colpa, o di estrema negligentia, o di affettata ritardatione per mantenere l'indebita possessione de' Cavaglieri circa quelli beneficii, delli quali se ben si va cavando parte dell' entrata per l'essercitio catholico, la cosa tuttavia si fa con tanta incommodità che non riesce..

  A012000343 

 Il che avviene perchè Sua Altezza Serenissima havendo deputati il signor primo Præsidente di questo Senato et il signor cavaglier di Ruffia, per assistenti di Monsignor Vescovo nell' assignatione da farsi delle portioni necessarie alli curati sopra li beneficii delli balliagii, secondo l'ordine della Santa Sede, detto Cavagliere, il qual doveva venire subito quando io partii di Turino, non è mai comparso.

  A012000343 

 Potendo adesso scrivere per ritrovarme qui in Chiamberi, dirò a V. S. Ill ma et R ma che le cose della conversione in Chiablais et altri balliaggi, sì come non vanno in dietro, così non vanno nè anco molto inanzi, perchè il progresso dipende delli servitii et essercitii catholici, liquali non si ponno fare con quella decentia et splendore [17] che converria in questi principii, per mancamento de denari et altri mezzi necessarii; poichè nè anco li sacerdoti stabiliti in quelle parti hanno le provisioni necessarie alla necessaria sustentatione, sì che se Monsignor R mo Vescovo non li havesse incantati con varie lusinghe et belle parole, non cie ne saria restata la mezza parte.

  A012000344 

 Et dell'altro canto, non mancano li Genevrini et altri [18] nemici vicini di opporsi al progresso della santa negotiatione con spargere diverse minaccie et rumori di guerra, con spargere anco libri et Fontes, et mandare secretamente spioni et corruttori delle anime fra quelli popoli; et in ogni modo la loro diligentia nel male riprende la negligentia delli Catholici nel bene.

  A012000345 

 Veramente, se nella risolutione della pace si farà un sforzo in far splendidamente rilucere l'essercitio et dottrina catholica in questi paesi, son certo che videbimus gloriam Dei et che in questo Giubilæo forse si restituiranno le possessioni alii antichi padroni, secondo la Legge, perchè si vede chiaro che quel tanto di resistentia che li ministri Genevrini fanno, non nasce tanto d'animo o cuore che glie resti, quanto di rabbia et disperatione; et se li premeremo un poco gagliardamente, saranno spediti, et il popolo loro, già stracco delle loro ciancie, facilmente darà orecchio alla verità.

  A012000347 

 Ci sonno certi poveracci quali hanno havuto copula carnale et contratto sponsalitio; et credendo di venir in matrimonio, si è scoperto che erano in terzo et quarto gradu consanguinitatis, il che sin alhora non sapevano.

  A012000347 

 Non voglio perdere il possesso, quale sin adesso mi son conservato, di farglie sempre qualche richiesta.

  A012000348 

 Mi perdoni V. S. Ill ma et R ma se io eccedo le regole di modestia in scriverglie con tante importunità, perchè veramente non ho altro da chi ricorrere senon alla sua bontà, laquale ha usata meco tante volte ch'io non ne sò [21] più fare difficoltà.

  A012000348 

 Non lasciarò di domandarglie ancora avviso della mente di Sua Santità circa la riformatione delli monasterii di Savoya, opra necessaria quanto possa essere..

  A012000394 

 Egli adunque glie manda la sua informatone, oltra alla quale non mi occorre altro se non che le cose vanno assai bene di qua et si sperano molto maggiori progressi, massime vedendo che Sua Beatitudine se le piglia a petto et ci vuol aiutare, cosa della quale ciè grandissimo bisogno.

  A012000394 

 Nè si potrà mai far tanto che meglio non fosse di fare più, per sradicar l'infelice [24] albero, il quale, stendendo in tante parti del Christianesimo le velenose foglie, sta però quivi vicino radicato et piantato.

  A012000395 

 Ma incontrando per strada il signor Governatore di questa provincia insieme con monsieur d'Avulli, liquali gli hanno dato nuova del dono di dodeci millia scudi dati da Sua Altezza per riscuotere il priorato di Sant' Hipolito di questa terra, con altri beni ecclesiastici per dotar il collegio già destinato de' Reverendi Padri Giesuiti, [25] onde egli è ritornato per farne fare la cessione alli possessori et spedir il negotio; il che havendo fatto molto bene, parte domani per la prima impresa, lasciandome qui, sì per prædicar, già che non ciè altro predicatore, sì anco per darglie raguaglio delle occurrentie et servire Monsignor di Vienna..

  A012000395 

 Perchè (sic) non comparendo il signor cavaglier Rufia, non si è potuto essequire il Breve di Sua Santità sin adesso; per questo, et per altri importantissimi negotii, Monsignor R mo Vescovo nostro si partì Domenica passata per andarsene alla volta di Annessi, credendo di passar quindi in Chiamberi per trattar con Sua Altezza Serenissima acciò si finisca horamai quello negotio fundamentale per questa opera, et che li curati, huomini di pezzo (sic) che qui s'affaticano, non habbino più quelle incommodità et bisogni che sin adesso han patito.

  A012000396 

 Questo sarà di giovamento singolarissimo per dar principio al collegio disegnato da [26] Sua Altezza, sin tanto che sia perfettamente stabilito et di edifitii et d' altre commodità senza lequali non si può dar così presto di mano nè alle lettioni, nè ad altri essercitii necessarii; ma verrà supplita intanto la defettuosità con questa opportunissima missione.

  A012000396 

 È vero che il P. Bernardino Castorio, il quale havendo predicato qui un pezzo partì la settimana passata, et è pur ritornato con Monsignor R mo et se ne parte anco domani insieme con Sua Signoria R ma, mi ha detto che non solo saria bisogno di haver li denari nello istesso tempo che giungeranno qui li Padri della missione, ma sarebbe espediente che cie ne fosse prima per farglie il viatico dalli luoghi di donde partiranno sin qui..

  A012000397 

 Non scriverò per ancora a V. S. Ill ma circa le circostanze necessarie da sapersi per la supplica præsentata da me concernente le præbende theologali, per non haver nè in carta, nè in memoria quante siano le badie et monasterii atti a supportar questa spesa; ma essendo Monsignor R mo in Annessi me ne mandarà essatta instruttione cavata dalli suoi libri di visita, et io subito ne darò distintissimo raguaglio a V. S. Ill ma et R ma, la quale io [27] supplico di perdonarme s'io glie scrivo così sconciatamente per esser distratto a moltissimi negotii..

  A012000404 

 Supplico a V. S. Ill ma di perdonarmi s'io ardisco di inviare l'alligata a Roma per mezzo suo, non havendo altro modo per la difficoltà de' passi..

  A012000419 

 Ce Père m'a dit, il est vrai, que non seulement il faudrait avoir l'argent au moment de l'arrivée des Pères de la mission, mais qu'il serait bon d'en avoir d'avance pour fournir aux frais de voyage depuis le lieu de leur résidence jusqu'ici..

  A012000470 

 Essendo poi giunto qui son andato ritardando di giorno in giorno di mandarglie le lettere et cose qui alligate, sperando di poterle inviare per mezzo del signor figluolo del Barone di Chivron, il quale si credeva di partir ogn' hora; sin tanto che vedendo passar via il tempo, mi son risolto di non aspettar più, anzi dar più presto il plico alle mercè de' corrieri..

  A012000470 

 Non perchè in detto luogho di Annessi sia contaggio veruno, per gratia del Signore; ma per solo rispetto della persona ducale, il qual richiede che nè anco da luoghi dove sia stato contagio, quantumque purgatissimi, debbano venir gente, per un pezzo doppo la quarantena, nella corte.

  A012000470 

 Venendo di Tonone in Chiamberi con speranza di far servitù a Monsignor R mo di Geneva, son stato sforzato di fermarmi alquanto per strada per aspettar li memoriali, liquali erano necessarii per trattar varie cose in [31] questa corte, attinenti al servitio d'Iddio; poichè detto Monsignor non poteva venire, per esser Annessi, dove si truovava, bandito del commercio di Chiamberi et altri luoghi dove sarà la persona del Prencipe.

  A012000472 

 Et se bene Sua Altezza va in Francia, io però stimo che haverà altri negocii senza pensar a questo particolare; ma credo bene che non ripassarà i monti senza farlo..

  A012000472 

 L'altra parte, qual consiste nel riscuotere un decanato, non si può far realmente sin tanto che un gentilhuomo, il quale l' haveva comperato, sia venuto di Parigi; il che si spera presto.

  A012000474 

 Dal P. Fra Cherubino non hò havuta lettera veruna sin adesso, ma solo dal R. Clerico, quale mi ha dato raguaglio delle cose che si trattano in Roma con molto fervor; et sò che al zelo, bontà et prudenza di V. S. Ill ma se ne deve in ogni modo attribuire [34] il successo, il quale se sarà tale come io spero, sarà gloriosissimo a Sua Santità, honorevolissimo a V. S. Illma, instrumento massimo di tant' opra, utilissimo alla santa Chiosa, et massime a questi popoli, et quel ch'importa, gratissimo al Signor Iddio, se altro mai se ne vidde: Mons excelsus cervis, petra refugium herinaceis..

  A012000475 

 Di Monsignor R mo di Vienna non si può dire se non che, per mezzo della antiperistasi, piglia ogni hora nuovo vigore et si riscalda tuttavia più in questa nostra battaglia con ministri et hæretici, tanto più quanto gli è stato di gran sodisfattione di haver ricuperato a Christo un gentilhuomo suo nipote, il qual per tanto egli si è pigliato in casa..

  A012000476 

 Ho ottenuto da Sua Altezza una limosina di trenta scudi d'oro per viatico di una donna milanese laquale, uscita di Geneva con tre figluoli (sic) maschi et quattro figluole già nubili, vuole ritornarsene catholica in Milano; ma non credo che possa così presto passare.

  A012000477 

 Quì, se ben siamo in corte, non habbiam altre nuove senon che Sua Altezza parte per Francia al 25 di questo mese; però con libertà di mutatione se occorrerà.

  A012000478 

 Solo mi resta a dire a V. S. Ill ma con quella confidentia che mi ha concessa per bontà sua et prieghandola di non farne consapevole altri, che a Sua Altezza è parso un poco strano di non esser avvertita prima d' ogn' altro delle cose di Tonone come passano in Roma, con raguaglio minutissimo, et così me ne son avveduto dalle sue [36] parole circa questo negotio; del restante, egli mostra di esser affettionatissimo a quella impresa.

  A012000493 

 Non pas que la contagion soit à Annecy, par la grâce de Dieu; mais le seul respect dû à la personne du prince exige que nul venant des lieux qui ont été infectés, encore qu'ils soient entièrement purifiés, ne se présente à la cour que longtemps après la quarantaine.

  A012000517 

 Doppo l'ultima mia scritta a V. S. Ill ma et R ma non è succeduto altro circa le cose nostre de Chiablais, da quel in poi che Sua Altezza ha commandato al suo Senato et alla Camera di verificare tutti gl' ordini dati da lei un anno fa, ad istanza del Padre Fra Cherubino, per la casa di refugio di Tonone; et ha grandissima intentione di voler abbracciare quell' opera con ambedue le braccia, havendo dato carico a monsieur d'Avulli di haverne cura.

  A012000518 

 Io non credo che per questo Sua Santità voglia suspendere li nostri, essendo che sono non meno necessarii, anzi più questo anno che in ogni altro tempo, et le parole nelle quali ci sono concessi non patiscono derogatione generale; onde li usarò senz'altro dubbio, nel nome del Signore.

  A012000519 

 Dove questo nostro Senato mi ha condemnato nel possessorio questa mattina, con quel solo fundamento che la resignatione, non ostante la morte præcedente et il diffetto del consenso, era nientedimeno buona.

  A012000519 

 Il che mi è parso di dover scrivere a V. S. Ill ma perciochè, sì come per mezzo della bontà sua hebbi la gratia di Nostro Signore, così anco haverò bisogno delli suoi favori nel progresso del processo, il quale io mi risolvo di promovere per non lasciar la porta aperta alle fraudi che si fanno in pregiudicio del concorso, a che poco attende questo nostro buon Senato.

  A012000519 

 Ma vedo che sarò constretto di mandare a V. S. Ill ma amplissima instruttione delle mie ragioni, onde per adesso non occorre di farne più altra mentione..

  A012000535 

 Je ne crois pas pourtant que Sa Sainteté veuille suspendre les nôtres, qui non seulement ne sont pas moins nécessaires cette année qu'en tout autre temps, mais qui le sont même davantage.

  A012000550 

 Se la difficile et laboriosa impresa della conversione di queste provincie non procedeva da Dio, già un pezzo fa che sarebbe andata in ruina, essendo che non sonno mancati impedimenti et ostacoli, di numero et qualità [42] tali, che da consiglio humano non potevano esser superati.

  A012000551 

 Et in questo divino beneficio si scopre ancora particolar saggio della suprema Providentia in quella che Sua Beatitudine è stata inspirata di stabilire V. S. Ill ma et R ma per protettore di questa importantissima opera; poichè più vivo et animato difensore et promotore non si poteva desiderare fra quelli fortissimi et valorosi che circondano il santo letto di Salomone: sì che è chiaro horamai che Christo, per mezzo della Santa Sede, ci vuole essere Dio protettore et casa di refugio.

  A012000552 

 Onde, vedendo il dissegno efficace et il saldo fondamento di questo muro per la casa d'Israele in questi confini de' Philistei, ne laudo prima sua divina Bontà, et ringratio con ogni humiltà V. S. Ill ma et R ma delli tanti aiuti colli quali s'è adoperata et se adopra tuttavia per questo santo edificio; de' quali favori suoi io hebbi non solo speranza buona, ma etiandio certissima caparra, quando Ella si degnò di abbracciare con tanta efficacia quelli altri negotii, pur santi essi, quali io trattai poco fa appresso di Essa..

  A012000566 

 Pour moi, non seulement j'ai beaucoup espéré ces faveurs, mais j'en ai reçu même le gage très assuré lorsque, traitant naguère auprès de vous d'autres affaires également saintes, vous daignâtes les embrasser avec tant d'ardeur..

  A012000579 

 Mi vennero insieme due lettere di V. S. Ill ma et R ma l'ultimi giorni de l'anno passato: una del 7 di Decembre et l'altra per duplicato di una præcedente del 20 di Ottobre, colla copia della lettera scrittagli dal P. Fra Cherubino da Roma alli 2 dell'istesso mese di Ottobre (delli quali duplicato et copia, li originali non mi sonno mai giunti nelle mani), et una altra del 7 di Decembre, pur nell'istesso plico, et mentre mi ritrovai ammalato di un poco di febre, della quale però io son stato libero in poco tempo..

  A012000580 

 Nella lettera del Padre Cherubino vedo due cose: una [45] è la risposta che egli fa alli punti ricercati da Nostro Signore, circa laquale, già che la rilatione mandata da Monsignor Arcivescovo di Vienna è assai più distinta et copiosa, non mi par di poter dire altro senon che intorno all'articolo delli sogetti ecclesiastici, cie ne sonno moltissimi altri valenti, delli quali parte si è scordato il Padre Cherubino, et parte non li conosce per esser venuti doppo la sua partenza: come sonno li canonici Deagio, Grandis, Gottrio, Bochuto, tutti dottori et letteratissimi; oltra alli quali ne habbiamo altri che se ben non sonno dottori, sonno però molto letterati, et altri in numero che quest' anno si addotoreranno in Avignone; atalche, circa questo, non mi par che vi fosse difficoltà veruna..

  A012000581 

 Ma in questo restiamo inchiodati, che non ciè modo nessuno di dar a questi valenti huomini ricapito conveniente alle loro qualità et essercitii; sì come per esperienza [46] si vede nel signor Nouveletto, del quale scrive il P. Cherubino, il quale havendo fatto venir per mille scudi de libri, con intentione di usar il restante de gl'anni suoi a benefìcio della patria sua, non ha potuto ancor aprire detti libri, nè adoperar il suo valore, per mancamento de commodità; perchè, con tutto ciò che sia canonico della Chiesa di Geneva, essendo valetudinario et già di cinquanta cinqu'anni, nientedimeno, eccetto la fame, patisce gran povertà, sì come farebbono tutti gl' altri se non havessero ricorso dalle loro case paterne.

  A012000581 

 Ma tutti questi favori non sonno altro che segni della bontà del Prencipe, et del restante cibi de cameleone..

  A012000622 

 Et in questo si conchiude la maggior sollecitudine c'habbino li pastori destinati per quelle pecorelle; già che l'altre cose non sonno sottoposte alla loro consideratione..

  A012000622 

 Fra tante afflittioni con le quali si è compiaciuto Iddio di castigare i peccati nostri, non mi resta per scrivergli altro senon che in questa infermità si è mostrata la virtù divina nella costanza delli nostri convertiti di Tonone, liquali, minacciati hora dalle scorrerie di Geneva, hora da Berna, sonno però restati saldi nella religione santa.

  A012000622 

 Ma la paura che si ha che dal Ré non vengano [50] adoprati quelli infedeli, era bastevole a far ogni gran commotione nelli deboli petti de' convertiti.

  A012000622 

 È vero che sin adesso non han patito se non minaccie, poichè non si sonno dati in campagna quelli heretici.

  A012000624 

 Li passi stando occupati come stanno, sarà cosa [51] difficilissima di scrivere a V. S. Illma tanto spesso come si converrebbe; tuttavia io ne cercarò ogni occasione, non stimando poca consolatione in queste miserie se io posso rappresentarme spesso nella sua memoria et gratia..

  A012000676 

 Ho sentito una grandissima consolatione dalla lettera che Vostra Paternità molto R da si degnò inviarmi per il [54] signor Philippo de Quoex, et ciò per più ragioni; ma particolarmente perchè da quella ho conosciuto che non solo di me, ma di tutta questa provincia tiene singolare memoria et sollecitudine, laquale non può esser senon molto giovevole, sì come sin adesso è stata, et massime in questi tempi tanto calamitosi nelli quali sedet quasi vidua et oppressa amaritudine, nec est qui consoletur eam ex omnibus caris ejus..

  A012000677 

 Li ministri di Geneva non hanno punto mancato di voler occupar le chiese; ma Monsignor R mo Vescovo essendosene lamentato appresso il Re di Francia, egli commandò che non havessero da [55] far simili dissegni.

  A012000677 

 Non si può [dire] quanti travagli di spirito habbiam sentito in veder pericolar questa povera barchetta, già pur troppo rovinata fra tanta peste di guerra; et tuttavia, laudato sia Iddio che nè fra gl'antichi Catholici, nè fra li nuovamente ridotti, non si è fatto altro movimento che di maggior ardore et fervore.

  A012000677 

 È vero che non è stato senza fatighe che le cose si sonno così conservate..

  A012000678 

 La speranza della vicina pace ci rallegra tutti; ma se non succedesse per peccati nostri, in quel caso haveressimo bisogno di grande aiuto della Santa Sede appresso il Ré, per non havere da esser mal trattati da quelli de Geneva.

  A012000685 

 Non lasciarò di darle avviso che la cosa della coadjutoria non ha pigliato nè successo, nè progresso veruno doppo l'essame; onde se mi favorirà delle sue lettere, io la supplico di non darme quel titolo del quale io sono indegno..

  A012000696 

 J'ai éprouvé une très grande consolation de la lettre que Votre très Révérende Paternité a daigné m'adresser par M. Philippe de [54] Quoex, et cela pour plusieurs raisons; mais particulièrement parce que j'ai compris par son contenu que non seulement vous me conservez un spécial souvenir, mais aussi que vous avez pour toute cette province une singulière sollicitude.

  A012000716 

 Andando costì il signor di Viletta mio zio, maestro di casa di Sua Altezza, mi è parso di dover rompere questo lungho et violento silentio con far humilissima riverentia a V. S. Ill ma et R ma per mezzo di queste righe, colle quali [57] ancora glie darò questa consolatione, assicurandola che se bene in Tonone et Ternier, di donde io venni solamente la Domenica di Quinquagesima, si è patito assai sotto il governo del signor di Monglat, huguenotto, et per le varie insidie de' Genevrini liquali, massime in Ternier, han usate tirannie et vituperii da non dirsi circa le cose sacre, tuttavia, con tutto ciò, fra quel gran numero de convertiti non se ne trovaranno quattro che siano ricaduti, et questi infimi di qualità.

  A012000717 

 Il signor di Viletta supplicarà V. S. Ill ma di usare la [58] carità sua solita in far havere le præbende promesse dal signor Abbate di Abondanza al signor Noveletto, non già per questo anno passato, poichè il signor di Sanci ha pigliato tutta l'intrada di quella badia, ma per l'anno seguente.

  A012000736 

 M. de Villette suppliera Votre Seigneurie d'user de sa charité accoutumée pour obtenir à M. Nouvellet les prébendes promises par l'Abbé d'Abondance, non pour cette année passée, puisque M. de Sancy a saisi tout le revenu de cette abbaye, mais pour l'année prochaine.

  A012000770 

 Ho sentito con incredibile dispiacere che V. S. Ill ma et R ma stava per dar fine alla sua fruttuosa nunciatura; et per questo devo prima ringratiarla, sì come io faccio humilissimamente, delli infiniti favori che mi a (sic) fatti per gratia sua, a consolatione mia et aiuto di questa provincia, della quale Ella è non solo segnalato benfattore, ma padre amorevolissimo (sic). Io la supplico poi che si degni continuar la gratia sua verso di me douvunque li meriti suoi la portino, et di creder che non haverà giamai servitore più dedicato alla sua ubedientia di quello che io sono, se bene inutile..

  A012000771 

 Io son stato in Tonone et nel balliaggio di Chiablais questo mese, per visitare tutte le chiese et sapere in che stato si ritruovavano et che modo vi sarebbe de dotarle, sì come m'era stato commesso da Monsignor Vescovo; et ho ritruovato che quanto all' anime, non obstante la guerra, il numero era cresciuto da Natale in qua, se bene, perchè il luogotenente del governatore dato dal Ré di Francia, mentre vi stette, era hugonotto in grado supremo, alquante pecorelle si erano smarrite, poche in quantità et nulle di qualità.

  A012000771 

 Non lasciarò tuttavia di dar raguaglio a V. S. Ill ma et [62] R ma delle cose nostre intorno a Geneva.

  A012000772 

 Ma quanto al modo di dotar le chiese, v' è grandissima difficoltà [per le] ragioni che sin adesso vi son state, cioè: Omnes quærunt quæ sua sunt, sino al signor Prævosto del Gran San Bernardo, il quale, sotto certe [63] prætentioni di nominationi che hebbe avanti l'heresia, viene ad inquietare l'opra dove può, et non essendo mai comparso nel tempo della fatica, vuole adesso pigliar li beneficii: sì che, foris timores, intus pugnæ.

  A012000772 

 Quanto poi alli signori Cavaglieri, non si ha da dire altro senon che li loro agenti ancora essi stanno a voler contrastar, sì che non ciè mai fine in questo negotio; et nientedimeno sarebbe necessario che vi si ponesse fine per dar principio a questo altro..

  A012000773 

 Düoi Padri della missione et duoi altri curati del Chiablais vicini del balliaggio di Gagliardo, sentendo che Sua Altezza era in possesso di detto balliaggio et che vi era un cappitano molto catholico, andorono da lui, offerendosi di dar principio alla predicatione evangelica et essercitio catholico, il quale non era stato in quel [luogo] perchè li Genevrini, a nome del Ré di Francia, sino all'hora l' avevano occupato.

  A012000773 

 È vero che per esser detto balliaggio non molto discosto delli novi Catholici di Chiablais da una banda, et dalli vecchi di questa nostra banda del (ìenevois, erano mezzo instrutti della santa religione. Ecco adunque una nuova fatica a Monsignor Vescovo in mandar operarii in quella vigna et procurarli le provisioni necessarie..

  A012000774 

 Succederà poi, per quanto si dice, una molto maggior fatica nel balliaggio di Gex col l' Interim, il quale dal Re di Francia si introdurrà; dove bisognarà anco provedere de pastori, essendo adesso detto balliaggio tutto hugonotto et occupato da' Genevrini, li quali restaranno molto interessati dal l' Interim se saranno costretti di restituire li beni ecclesiastici, sì come io credo che debbano [65] esser, non ostante la clausula della pace che ognuno debba ritornare nelle possessioni nelle quali era inanzi la guerra; perchè no stimo che la Santa Sede, facendo la pace, habbia inteso che li ugonotti guardino li beni della Chiesa, delli quali sonno sacrilegi et non possessori..

  A012000776 

 Di più, habbiamo in questa diocæsi una damigella laquale essendo molto giovane fece voto di castità; et essendo molto divota, nientedimeno non vuol entrar in Religione, et nel mondo si ritruova in gran difficoltà nell'osservare detto voto.

  A012000795 

 C'est pourquoi je dois vous remercier d'abord, comme je le fais très humblement, des faveurs infinies dont, par votre bonté, vous m'avez comblé pour ma consolation et pour le bien de cette province, de laquelle vous êtes non seulement le bienfaiteur signalé, mais aussi le père très aimant.

  A012000799 

 Je crois qu'ils doivent l'être, malgré [65] cette clause du traité de paix, que chacun doit rentrer dans les domaines qu'il possédait avant la guerre; car je ne pense pas que le Saint-Siège en faisant la paix ait entendu que les huguenots gardassent les biens de l'Eglise, dont ils sont usurpateurs et non possesseurs..

  A012000814 

 Non sum nescius quanta vos alacritate de meo transitu admonebit mater optima, quæ me et tam effusa [68] animi lætitia complexum dimittendum non existimasset, nisi causam discessus attulissem quam omni exceptione majorem non potuit non agnoscere.

  A012000830 

 Se bene per relatione del signor Presidente Fabro et anco del signor Barone de Chivron so che forse questa mia lettera non glie capitarà in mano nella sua nuntiatura, tuttavia non ho lasciato di volerglie dar raguaglio di due cose, al successo delle quali sua authorità et bontà potrà dar molto aiuto nelle occurrenze..

  A012000831 

 Ma perchè l' Interim francese vuole che si rendano li beni ecclesiastici et le chiese alli sacerdoti, Vescovi et altri, li Genevrini, che occupano le terre [ed] entrate di Monsignor Vescovo di Geneva, del suo Capitolo et altre chiese, protestorno che quello Interim non gli dovesse pregiudicare; et per questo detto signor Barone di Lux, molto catholico, ha mandato dal Re per havere risolutione circa questa difficoltà, et Monsignor Vescovo pur anco, dal canto suo, scrisse a Sua Maestà et al signor Nuncio di Francia acciò che le sue ragioni et le nostre fossero conservate..

  A012000832 

 Ma questo è poco se la Santa Sede non adopra vivamente la sua authorità appresso quella Maestà, acciò che [71] senza rispetto a' Genevrini si esseguisca detta restitutione de'beni della Chiesa, colla quale si farà un smacco a quelli heretici, il maggior che sin adesso gli sia stato fatto, et senza la quale non si potrà stabilire la santa religione, non potendosi provedere di pastori a quel paese se alli pastori non [si] provede di vitto et di chiesa.

  A012000833 

 Et è che per l'ingiuria delli tempi passati havendo assai patito la casa mia, et ritrovandomi da tre mesi in qua privo del mio padre, non ho modo di fare grande spesa, la quale se sarà necessaria, non posso seguitare questa impresa, massime non trattandosi di cosa presente, ma di futura, nè di commodità, ma di fatica incredibile; essendo questa Chiesa privata della maggior parte della sua dote, la quale è in mano delli nemici della fede, et con tante occasioni di faticare che il poco pane che ella dà al suo Vescovo non si può mangiare senza molto sudore..

  A012000833 

 L'altra cosa è che io vengo tanto sollecitato da Monsignor Vescovo di Geneva et anco, per dirla liberamente, da tutti i più notabili et risguardevoli della diocesi, non solo ecclesiastici, ma anco laici, che insomma, vinto dalla istantia fattami da loro, ho dato il mio consenso che si ripigliasse il negotio della coadiutoria di questo vescovato, con futura successione in favor mio.

  A012000833 

 Non certo perchè io desideri quella dignità, il peso della quale mi è stato sempre formidabile, massime in questi tempi tanto torbulenti et torbidi, ma per non far resistenza al [72] parere di tanti huomini da bene et li quali hanno giudicato che io non dovevo più ritardar questo negotio.

  A012000834 

 Per questa ragione Monsignor Vescovo scrive al suo agente che vada scuoprendo per mezzo delli amici, et particolarmente dell' Ill mo signore Cardinal Baronio, se si potesse sperar qualche gratia di Sua Santità, et io [73] anco ne supplico humilissimamente V. S. Ill ma et R ma acciochë non dandosi simili gratie io non entri in questo negotio, il quale non riuscendo per mancamento del modo, potrebbe dar sinistra opinione di qualche altro difetto a questi miei paesani.

  A012000834 

 Se poi la cosa deve riuscire, io non cessarò di prevalermi della benevolentia et bontà di V. S. Ill ma et R ma dove io ne vederò l'opportunità, desiderando in questo et in ogni altro disegno esser sempre sotto le ali della sua protettione..

  A012000849 

 L'autre chose est que, en étant vivement sollicité par M gr l'Evêque de Genève et aussi, pour le dire franchement, par toutes les personnes les plus notables et les plus distinguées du diocèse, non seulement ecclésiastiques mais encore laïques, cédant enfin à leurs instances j'ai consenti à ce que l'on reprit les négociations commencées pour m'obtenir la coadjutorerie de cet évêché avec future succession.

  A012000861 

 Ma perchè detto Interim fa che si rendano le chiese et beni ecclesiastici alli Catholici, li Genevrini, li quali in quel balliagio occupano molte terre, decime et altri beni di Monsignor Vescovo di Geneva, del suo Capitolo et altre chiese, protestorono che quel Interim non glie dovesse pregiudicare.

  A012000923 

 Et perchè detto signor Re domandava il numero tale quale verrebbe significato dal signor Barone di Lux, luoghotenente nel governo di Borgogna, Bressa et altri paesi nuovamente uniti al regno, io sono venuto qui per sapere più particolarmente come haverebbe da passar questo negotio; il che non è ancora conchiuso..

  A012000924 

 Et per quanto ho potuto scuoprire, il Re vorrebbe in ogni modo haver qualche buon colore per levare dette intrate a quella città, senza offendere li cantoni hæretici de' Sguizzeri et la Regina d'Inglaterra li quali fanno molta instanza in favore de' Genevrini; et il che egli vorrebbe, è di esserne sollecitato in nome della Santa Sede, alla quale non haverebbe [da] ricusare tanto giusta petitione..

  A012000925 

 Mi pare che sarebbe molto bene che V. S. Ill ma [scrivesse] lettere al signor Vescovo di Geneva, approbando che ricerchi tal cosa, et insieme, al signor Nuntio di Francia, ordinando che habbia da trattare caldamente appresso quella Maestà; che in questo modo la cosa riuscirebbe molto bene et non saria [83] poca incommodità a' Genevrini, che restarebbono poverissimi, nè poco splendore alla religione catholica, et sarebbe aprire pian piano la strada per ridurre la stessa città di Geneva a qualche maggior bene..

  A012000926 

 Il che tutto, doppo il Signore Iddio, non habbiamo da sperare senon dalla Santità et bontà di Nostro Signore et dal zelo di V. S. Ill ma et R ma, alla quale bascio humilissimamente le mani..

  A012000950 

 Saches au reste que nous sommes fort en affaires pour ce respect, monsieur Rogex et moy, et des fondemens que nous voyons ne pouvons conclure sinon que si nous sommes aydés de ceux qui peuvent et doivent le faire, non seulement cela se fera, mais de plus grandes choses.

  A012000974 

 Car ayant pieça beaucoup honnoré vostre nom, sous lequel tant de beaux ouvrages, marqués d'une rare vertu et doctrine de leur autheur, paroissent aux yeux du monde, j'ay aussi des lhors fort souhaitté lhonneur d'estre en vostre connoissance; non que je cuyde y pouvoir entrer que pour fort peu de chose, mais parce que ça tous-jours esté une honneste ambition a ceux qui ont la vertu en reverence, de rechercher la bienveuillance de ceux qui en ont la possession.

  A012000987 

 Quantunque dalle honorate relationi fatte di me a V. S. Ill ma et R ma nasce nell'animo mio non poca confusione, sentendomi privo del bene che presuppongono, mi porgonno (sic) nientedimeno dall'altro canto molta consolatione, aprendomi l'occasione di proferirmi a V. S. Ill ma per humilissimo et divotissimo servitore, sì come io lo adesso, supplicandola che si degni accettare l'intensissimo affetto col quale così poca cosa glie vien dedicata.

  A012000989 

 Et perchè Monsignor l' lllmo Nuntio di Francia scrive che di ciò l'ordine gli è arrivato da Nostro Signore et che no glie manca se non uno de' nostri per darglie particolare raguaglio delle nostre ragioni, spero di partire la terza festa di Natale per andare in Parigi per questo servitio, con proposito tuttavia di ritornare quanto prima al santo Jubileo di Tonone, et massime se sarà vero quel che ci vien detto, cioè, che haveremo in quel tempo il beneficio della presenza di V. S. Illma, laquale sarà in ogni modo utilissima et fruttuosissima..

  A012000991 

 Et se non si puoi fare in un tratto, si faccia poco a poco, cominciando dalle parti più necessarie: collegio, seminario, et così di mano in mano..

  A012000992 

 Di Giulio Cæsare Paschali ho da dire che è stato moltissimi anni in Geneva, intorno alla quale non hebbe mai fundo nè cosa stabile, anzi era povero et si aiutava col faticare alla stampa, dove era correttore de libri, et colli denari della cassa et borsa della natione Italica, come si suole far dalli poveri secreti in quella Babilonia, dove, in questo particolare, prudentiores sunt filiis lucis in generatione sua.

  A012000992 

 Ha composto libri, ma poco stimati et non stampati.

  A012000992 

 Si stima morto, perchè essendo scampato da una grande malatia uscì di Geneva et non è più comparso.

  A012000993 

 Onde non occorrendomi altro per rispondere alla lettera di V. S. Ill ma del VI di Novembre, glie bascio per fine humilissimamente le mani reverendissime, supplicandola di darmi la sua gratia et priegando Iddio che a beneficio dell' anime la conservi sana et salva a molti anni..

  A012001007 

 Je vais maintenant rendre compte à Votre Seigneurie des progrès [de la religion] dans ce diocèse, en lui disant qu'ils sont très heureux, non seulement à Thonon et Ternier, car cela est désormais ancien; mais aussi, tout récemment, dans les bailliages de Gex et de Gaillard, qui s'étendent jusqu'aux portes de Genève.

  A012001008 

 Il reste que non seulement en trois paroisses, mais en toutes, qui sont au nombre de vingt-six, on rétablisse le saint exercice [du culte] et que les revenus ecclésiastiques soient enlevés aux ministres hérétiques et aux Genevois; car, lorsque le peuple sera obligé d'entretenir les ministres à ses frais, il s'en lassera bientôt, et d'autant plus qu'il verra de bons prêtres lui offrir gratuitement de salutaires pâturages.

  A012001011 

 Il a composé des ouvrages, mais peu estimés et non imprimés.

  A012001046 

 Nous ne sommes pas contens de si peu, car nous demandons tout, tant pour l'exercice, qui va premier, que pour les biens; non seulement par ce que cela nous accommodera, mais encor plus par ce que cela incommodera la religion huguenotte, laquelle devant estre entretenue aux despens du peuple, manquera bien tost et indubitablement.

  A012001054 

 Monsieur Desdiguieres se treuv'a Gex le jour que nous y fusmes; [100] les ministres recoururent a luy, ausquelz il dit quil ni avoit remede, que le Roy le vouloit, mais quilz gardassent tant quilz pourroyent les biens d'Eglise, car cela maintiendroit leur religion non obstant nostr'exercice..

  A012001089 

 Mays pour le second, la resolution ne s'en est encor pas peu prendre; ce sera neantmoins dans peu de jours, si mon credit ne manque en ceste ville, si non pour le tems que nous desirerions, au moins sera ce quelque chose autour.

  A012001174 

 De moy, je confesse n'y avoir contribué que ma foible enonciation et ma voix pour servir d'echo, dans l'estendue d'une petite heure, a la reputation de ce grand prince, qui parloit [111] asses d'elle mesme et qui esclatera a jamais par les beaux exploitz dont non seulement la France et l'Allemaigne, mays toute l'Europe, voire toute la chrestienté, ont esté tesmoins.

  A012001189 

 J'ay receu vostre lettre du 17 avril, et, pour response, je vous diray que nous allons avançant le plus que nous pouvons aupres de Madame, affin que vous puissies recevoir la consolation de vostre retour que vous desires; non que j'y puisse guiere, mais j'y contribue et contribueray le soin que je pourray, et voy Madame asses disposee; niais les executions des desseins sont un petit lentes et tardifves, non seulement en cela, mais en tout le reste.

  A012001191 

 Au demeurant, je crains beaucoup que ma negociation ne me soit guere utile, non obstant beaucoup de faveur que je reçois de presque tous les grans, et mesme du Roy despuis que j'ay eu presché devant Sa Majesté; car auparavant je ne luy avois pas parlé..

  A012001212 

 Mais je pense bien avoir asses de vraye et franche affection pour correspondre a la faveur que vous me faittes de m'aimer, si ell'est mesuree par l'estendue de son acte et non pas par le merite de l'agissant; car a ce prix, toute mon ame demeureroit bien bas et hors des prises de la comparaison..

  A012001280 

 Je suis tous-jours celuy d'autrefois; je ne desire non plus l'evesché que je l'ay desiree.

  A012001318 

 Quod autem ad caetera spectat, Rex ipsemet duram temporum conditionem objecit: tum se plus omnibus Catholicæ religionis in integrum restitutionem expetere, sed non id omne sibi licere quod libet, et id genus multa; ita ut, exactis plane mensibus novem, re propemodum infecta redire coactus sim..

  A012001320 

 Jam vero, Pater Beatissime, hic tantus vir non ita piidem me, nullo carnis aut sanguinis vinculo sibi charum, in adjutorem et successorem postulaverat, ac etiam, per summam Beatitudinis Vestræ humanitatem et beneficentiam, suo ingenti gaudio obtinuerat; quare Litteras Apostolicas accepi, quibus me Episcopum in defuncti locum suffectum esse Sancta Sedes Apostolica sancivit.

  A012001321 

 Id omnium mihi reliquum est, ut Providentiæ divinæ me et rem universam expansis velis committam; et tibi, Pater Beatissime et Clementissime, quantas possum maximas gratias agam, ob illa immensa beneficia quibus me Apostolica tua munificentia cumulasti; cum non tantum episcopatum concessisti, sed ea omnia quæ de more ad ærarium sive censum Apostolicum ex ea concessione manare debuerant, summa et tanto culmine digna liberalitate remisisti..

  A012001331 

 Non content de m'élever à l'épiscopat, Elle a voulu, par une libéralité souveraine, bien digne de la suprême grandeur, me remettre les droits qu'à cette occasion j'aurais dû payer, d'après la coutume, au trésor apostolique..

  A012001341 

 Cum essem Lutetiæ Parisiorum, ejus rei gerendæ gratin de cujus exitu non ita pridem ad Beatitudinem Vestram litteras dedi, facere non potui quin plures conciones haberem, cum ad populum, tum ad Regem ipsum et Principes.

  A012001341 

 Ea autem occasione, Catharina Aurelianensis, Princeps a Longavilla, virgo non tantum magnorum Principum sanguine, sed etiam, quod caput est, [131] Christi charitate perillustris, quæ per id tempus monasterium fœminarum Ordinis Carmelitarum reformatarum in ipsa Parisiensi civitate fundare animo moliebatur, me aliquot excellenti pietate et doctrina theologis adjungendum duxit, quorum sententiis animi sui consilium et sensum expenderet et probaret.

  A012001342 

 Angebat tamen quod fieri posse non videbatur, ut Fratres ejusdem Ordinis, qui monasterii hujusmodi gubernacula susciperent, in Galliam facile inducerentur.

  A012001343 

 Ita factum est satis, ut aliud superesse non videretur quam ut sacrum hoc negotium Sanctæ Sedis Apostolicæ judicio fulciretur, et Regis voluntati permitteretur: ac Regis quidem, præter multorum spem, statim consensus accessit.

  A012001344 

 Ego vero, Beatissime Pater, qui omnibus propemodum hac de re consiliis interfui, etsi dignus non sum cujus testimonium audiatur, non possum mihi temperare quin, quemadmodum facturum me recepi, testatum faciam, quoad per me fieri potest, e re Christiana fore ut hi cælestes motus, hoc tempore et eo præsertim loco, Vestræ Beatitudinis Apostolicis benedictionibus promoveantur.

  A012001351 

 A cette occasion, madame Catherine d'Orléans, princesse de Longueville, très illustre non seulement par la noblesse des [131] princes de sa maison, mais encore, ce qui est le principal, par son amour pour le Christ, ayant projeté de fonder à Paris un monastère de femmes de l'Ordre des Carmélites réformées, jugea bon de m'adjoindre à d'autres théologiens d'une piété éminente et d'un profond savoir pour délibérer ensemble sur ce projet de fondation.

  A012001387 

 Mais [ne] penses [pas], je vous supplie, que ce fut un vent [de quelque rapport leger, envieux, ou mesdisant; non, a la verité, ce fut un vent venant] du midy d'une entiere charité; ce fut un rapport auquel je fus obligé de donner creance par la consideration de toutes les circonstances.

  A012001388 

 Mais n'ayant pas deu arrester pour cela, estant appellé icy pour un bien plus grand, je me suis mis a vous escrire sur ce sujet, bien que j'aye quelque tems desbattu en moy mesme si cela seroit a propos ou non; car il me sembloit presque que cela seroit inutile, d'autant que ma lettre seroit sujette a recevoir des repliques, et m'en feroit donner; qu'elle arriveroit peut estre hors de sayson; qu'elle ne vous representeroit pas naifvement ni mon intention ni mon affection; que vous estes en lieu ou vous seres conseillees de vive voix par un monde de personnes qui vous doivent estre en plus grand respect que moy, et que si vous ne croyes a Moïse et aux prophetes qui vous parleront, malaysement croires vous a ce pauvre pecheur qui ne peut que vous escrire, et que, outre cela, a ce que l'on m'a dit, quelques autres predicateurs, meilleurs et plus experimentés a la conduitte des ames [138] que je ne suys, vous en ont parlé sans effect.

  A012001391 

 Prenes moy, dit le Cantique, ces petitz renardeaux qui ruinent les vignes; ilz sont petitz, n'attendes pas qu'ilz soyent grans, car si vous attendes, non seulement il ne sera pas aysé de les prendre, mais quand vous les voudres prendre ce sera lhors qu'ilz auront des-ja tout gasté.

  A012001397 

 Mays ce sont les pensions d'une telle Seur et non pas d'une autre: voyla l'idole de la proprieté.

  A012001398 

 Le vray amour de nos maysons nous rend jaloux de leur perfection reelle, et non de leur reputation seulement.

  A012001402 

 Mais ne nourrit il pas aussi les autres animaux? Si fait, mais non pas de la [mesme] sorte ni si immediatement, d'autant que les autres sont aydés de leurs peres et meres [et de leur travail; mais par ce que la condition naturelle de ces petitz poussins porte qu'ilz sont abandonnés de leurs peres et meres,] et n'ont d'ailleurs moyen de travailler, nostre Seigneur les nourrit presque miraculeusement.

  A012001408 

 Donnes moy, je vous prie tres humblement, ceste consolation de lire ceste lettre en repos et tranquillité d'esprit, et de la peser non au poids vulgaire, mais au poids du sanctuaire et de la charité.

  A012001503 

 V. S. R ma mi faccia favor di raccommandarme a Monsignor Nuntio moderno con quattro delle sue parole, perchè importa assai per moltissime occorrenze che egli mi voglia bene; il che non si può fare senon per mezzo della carità di V. S. R ma..

  A012001504 

 Spero questo anno di far un viaggio in Piemonte per visitare la chiesa della Madonna del Mondovì, et con questa occasione non mancarò di andar dove V. S. R ma si ritrovarà, acciò che, consertis manibus et os ad os, rinoviamo l'affetto che se bene no si può inveterare, cresce nientedimeno almanco nelli sentimenti per la presenza.

  A012001536 

 Il condescend a nostre infirmité: il voit nostre goust spirituel affadi, il nous donne un petit de saulce, non affin que nous ne mangions que la saulce, mais affin qu'elle nous provoque a manger la viande solide.

  A012001538 

 Bref, le bon ne desire point d'estre aymé, mais seulement que l'on ayme Celuy qui le donne, non qu'il ne nous donne sujet de l'aymer, mais ce n'est pas cela qu'il cherche; la ou le mauvais veut que l'on l'ayme sur tout.

  A012001540 

 Neanmoins vous deves croire que, quand Dieu vous envoyera ces sentimens, c'est pour vostre imperfection, laquelle il faut combattre, non pas les sentimens qui servent contre elle.

  A012001543 

 N'examinés donq pas si soigneusement si vous estes en la perfection ou non.

  A012001564 

 Sur tout, je vous supplie, prevales vous de l'assistence de quelques personnes spirituelles, desquelles le choix vous sera bien aysé a Paris, la ville estant fort grande; car je vous diray, avec la liberté d'esprit que je dois employer par tout, mays particulierement en vostre endroit: vostre sexe veut estre conduit, et jamais, en aucune entreprise, il ne reuscit que par la sousmission; non que bien souvent il n'ayt autant de lumiere que l'autre, mais parce que Dieu l'a ainsy establi.

  A012001624 

 Mais j'estime que vous aves tant de charité et de crainte de Dieu, que, voyant son bon playsir et sainte volonté, vous vous y accommoderes, et adoucirés vostre desplaysir par la consideration du mal de ce monde, qui est si miserable que, si ce n'estoit nostre fragilité, nous devrions plustost louer Dieu quand il en oste nos amis que non pas nous en fascher.

  A012001667 

 Je n'oublie point non plus la bonne Seur Anne Seguier, que je cheris tendrement en Jesus Christ.

  A012001679 

 Ce m'est un extrem'honneur d'estre si avant en vostre souvenance que non seulement vous ayes daigné [184] m'escrire le 16 avril, mais aussi il vous aye pleu de tesmoigner que vous auries aggreable de recevoir de mes lettres.

  A012001718 

 Il faut peu de chose pour bien prescher, a un Evesque, car ses sermons doivent estre des choses necessaires et utiles, non curieuses ni recherchees; ses paroles simples, non affectees; son action paternelle et naturelle, sans art ni soin, et, pour court qu'il soit et peu qu'il die, c'est tous-jours beaucoup.

  A012001787 

 J'ay encor voulu sçavoir sil desiroit plus de soin et d'obligation de vostre Chapitre a la conservation du fondz et des revenuz de sa fondation que vous n'en aves au demeurant des biens de vostre eglise; il m'a semblablement dit que non, et que son intention n'estoit que de vous obliger d'avoir un pareil soin de la maintenance et conservation de sa fondation que celuy que vous estes obligés d'avoir du reste de vos revenuz et autres fondations.

  A012001804 

 Il me reste a vous en ramentevoir aux occasions, qui m'a fait maintenant vous en rafraischir la premiere supplication que je vous en ay faite, laquelle vous gratifieres, je m'en asseure, non seulement pour l'humble et entiere affection de laquelle je vous honnore, mais aussi en contemplation de ce bon Prælat decedé, duquel les merites vivent devant Dieu et en vostre souvenance..

  A012001823 

 Tenés pour suspectz tous ces desirs qui, selon le commun sentiment des gens de bien, ne peuvent pas estre suyvis de leurs effectz: telz sont les desirs de certaine perfection chrestienne qui peut estre imaginee mais non pas prattiquee, et de laquelle plusieurs font des leçons, mais nul n'en fait les actions..

  A012001824 

 Il faut souffrir nostre propre imperfection pour avoir la perfection; je dis souffrir avec patience, et non pas aymer ou caresser: l'humilité se nourrit en cette souffrance..

  A012001826 

 On peut mortifier la chair, mais non pas si parfaittement qu'il n'y ayt quelque rebellion; nostre attention sera souvent interrompue de distractions, et ainsy des autres..

  A012001827 

 Et faut il pour cela s'inquieter, troubler, empresser, affliger? Non pas, certes.

  A012001827 

 Faut il appliquer un monde de desirs pour s'exciter a parvenir a ce signe de perfection? Non, a la verité.

  A012001827 

 Il faut, pour bien cheminer, nous appliquer a bien faire le chemin que nous avons plus pres de nous, et la premiere journee, et non pas s'amuser a desirer de faire la derniere pendant qu'il faut faire et devuider la premiere..

  A012001831 

 Il faut faire provision de manne pour chasque jour, et non plus; et ne doutons point, Dieu en pleuvra demain d'autre, et passé demain, et tous les jours de nostre pelerinage..

  A012001857 

 Ce que je vous supplie humblement de faire, non seulement pour lhonneur et service de Dieu, qui vous est le plus cher, mais encor pour lhonneur de la premiere action que vous aves faitte en ce sujet et qui a servi de fondement a toute cette suitte.

  A012001872 

 Dont je n'ay plus le choix, sinon pour aller ou n'aller pas a la procession, mais non pas pour y aller autrement qu'avec l'entiere praecedence de la cathedrale..

  A012001873 

 Aussi, a la verité, les exemples de la Sainte Chapelle et Sainte Geneviefve ne reviennent nullement a ce sujet, dautant que ni la Sainte Chapelle ni Sainte Geneviefve ne sont point eglises sujettes a l'Evesque, mais exemptes, et partant n'ont autre devoir que de reverence a l'eglise cathedrale du diocaese ou elles se treuvent, mais non pas d'aucune subordination ni dependence.

  A012001952 

 Vous aures sceu comme le seigneur Dom Amedeo de Savoye a remporté gain de cause contre Son Excellence pour Conflens, non obstant tout l'essay que je fis en mon voyage de Piemont de faire retarder l'issue du proces, dont ledit seigneur Dom Amé m'a sceu fort mauvais gré.

  A012001972 

 Ce sera pour l'Advent que j'auray beaucoup a debattre pour m'eschapper des grandes incommodités qui se presentent contre l'extreme desir que j'ay de vous contenter; et neanmoins, plus tost que de vous donner aucun sujet de croire que je veüille user d'aucune exception a vos volontés, je vous asseure des maintenant que si vous mesme ne me donnés le pouvoir de demeurer icy l'Advent, je n'y demeureray non plus que le Caresme, mays forceray tous les empeschemens pour me treuver en tous deux les tems en vostre ville.

  A012002026 

 Non dubito punto che dal P. Cherubino haverà inteso V. S. Ill ma et R ma con quanta diligentia si sonno fatti i conti della Santa Casa di Tonone per quello che di qua dei monti si è trovato.

  A012002082 

 Quam ob causam, cum in hac diæcesi quæ Sedis Apostolicæ [228] voluntate mihi commissa est, maxima facta sit iis nostris temporibus rerum in melius mutatio, non debeo committere quin de vero illarum statu quam potero clare ac distincte, omnino autem ex ventate, apud Sedem Apostolicam narrationem deferam.

  A012002083 

 Adduci tamen non potuerunt ut omnia quæ ceperant redderent, nec ut ea quæ restituere parati erant sine injusta conditione dimitterent.

  A012002083 

 Quare, cum res non ferret ut tunc cum eis armis decerneretur, actum factumque est ut Dux reciperet quatuor illa quæ vocant balliagia Tononense, Terniense, Galliardense et Gayanum, sive Gexense, quæ quatuor ex partibus civitatem Gebennensem cingunt illique circum circa obvolvuntur; hoc tamen addito pacto, nulla ut in eis Catholicæ religionis officia celebrarentur.

  A012002083 

 Quo tempore Gallorum Rex, Franciscus primus, omnem propemodum Sabaudiam occupavit, Bernenses Helvetii, Lutherana ac Zuingliana lue non ita pridem infesti, in partes Sabaudiæ sibi viciniores irruptionem fecerunt, animosque civibus Genevensibus addiderunt ut Christi suavissimum jugum ac proprii Principis imperium excuterent, ac in istam seditionem democraticam qua nunc vexantur, speluncam scilicet latronum et exulum, infœlici mutatione degenerarent.

  A012002084 

 Cui tamen operi ne multorum hominum merita deessent, illud sine multis et diuturnis bellorum laboribus, multoque sparso hinc inde sanguine perfici non potuit, dum pro armorum vicissitudine varie ab utraque parte decertatum sit..

  A012002084 

 Inter hæc, Emmanuel Philibertus Dux, ut erat apprime Catholicus, nullum cogitandi finem facit quanam demum ratione illius conditionis vexationem redimere queat; sed frustra, cum Divina Providentia non illi tantum honorem, sed Carolo Emmanueli, filio, destinasset.

  A012002087 

 Nostri tamen rem pro virili promovent, ac primarios primum viros aliquot ex hæresis vorticibus in communionis Catholicæ portum recipiunt, sexque variis locis erectæ [sunt] Catliolicorum parrochiæ: tres in Tononensi, tres item in Terniensi agro (cur autem plures non erigerentur, partim operariorum paucitas, partim quod non suppeteret unde sustentari possent, partim quia pace nondum firma, res adhuc incertæ videbantur), et e Patrum Capuccinorum Ordine novi et strenui adveniunt messores, qui alacritate et zelo multorum vices supplebant..

  A012002090 

 Nam et recte memini interfuisse me Consilio super ea re habito, speciali nimirum mandato Principis accersitus, in quo plerique consiliariorum rem illam tunc aggredi tempus non esse, resque non ferre mordicus asserebant, neque sane sine probabili illarum quas Status appellant rationum momento, quibus tamen omnibus unam religionis rationem Dux sanctissime præposuit ac prætulit, idque videntibus, spectantibus ac frementibus Bernensium legatis, qui illis ipsis diebus ut id averterent solemnem egerint legationem.

  A012002090 

 Quibus cum mederi aliter non posset Dux, ne reliquam plebem inficerent eos demum edicto publico discedere præcepit.

  A012002090 

 Ut nullum lapidem relinqueret Dux religiosissimus quem ipsemet suis, ut ita dicam, manibus non moverit, per blanditias, per minas, ut quoad per eum fieri posset populi illi converterentur; et quod laude dignius est, magna consilii sui parte contra sentiente et consulente.

  A012002093 

 Ut autem omnia quæ hic scripta sunt omnino ex veritate et sincera religione narrata esse non sit dubium, iis subscripsi sigillumque hujus episcopatus Gebennensis imprimendum curavi.

  A012002128 

 Et per scacciare ogni sorte di modo di scampare, sarebbe bisogno che Sua Altezza Serenissima [facesse] a ciò convenire il suo Senato di qua de' monti, chè senza quella interventione non si farebbe niente; et questo potrebbe farsi senza prejudicio delle giurisditioni [240] ecclesiastiche, poichè quello braccio secolare non concorrerebbe che per provedere all' essecutione necessaria, dove fosse di bisogno..

  A012002128 

 Per questo sarebbe bisogno che il riformatore fosse di grande authorità et prudentia, et che havesse una amplissima facoltà di fare secondo le occurrenze; et non solamente amplissima, [ma] absoluta et senza appellatione, perchè li monaci nel litigare sonno avvezzi et potenti.

  A012002128 

 È certo tanto inveterata [la rilassatezza] de tutti li monasterii di Savoya, eccettando però quelli delli Certosini, che un ordinario rimedio non sarebbe bastante a risanarli.

  A012002129 

 Et la ragione di questo mio parere è che parte delli monasterii sonno sottoposti a superiori i quali non essendo riformati, quantunque si riformassero li sudditi la reformatione durarebbe poco.

  A012002129 

 Hora, tutti questi superiori et li loro monasterii, come potranno conservare la disciplina et riformatione nelli sudditi, poichè essi non la osservano, neque quid sit reformatio sciunt?.

  A012002130 

 Gli altri sarà necessario secolarizarli, come il monastero di Six, quello di Pellionex, del [242] Sepolcro, di questa terra, et simili; perchè li Frati sonno Canonici regolari di Sant'Agostino, ma d'una certa Congregatione che non ha nè generale, nè provinciale, nò Capituli, nè visita, nè forma di fare voto espresso, nè Regola, nè Constitutioni.

  A012002130 

 È vero che dal Vescovo sonno visitati quelli di Six et di Pellionex, et così li ho visitati, ma non ho potuto ridurli a Regola, poichè non ne hanno; solamente li ho fatto osservare le Constitutioni ordinarie, come se fossero canonici secolari, aspettando che si possa pigliar conclusione migliore dell' essere loro....

  A012002138 

 Pour réussir, il faudrait un réformateur de grande autorité et prudence, muni de tres amples pouvoirs dont il userait selon les occasions; je dis non seulement très amples, mais absolus et sans appel, car les moines sont très expérimentés et habiles dans la chicane.

  A012002139 

 Voici la raison qui me porte à désirer cette mesure: une partie des monastères étant soumis à des supérieurs non réformés, la réforme, quand bien même leurs inférieurs l'accepteraient, ne pourrait être durable.

  A012002158 

 Vengo ogni giorno tuttavia tanto affaticato delle difficoltà et inconvenienti che nascono della (sic) necessità da poco tempo in qua posta, di non lasciar passare le semplici signature senza spedire le Bolle per li beneficii minori, che io sono sforzato di ricorrere di nuovo alla carità di V. S. Ill ma et R ma, supplicandola che si degni....

  A012002178 

 Dissimile, sed non inæquale malum, exilium et carcer, ut me tibi jure Christiano visitationis, te mihi hospitalitatis officia persolvere sit æquum.

  A012002178 

 Ea ergo mihi primo causa scriptionis satis esse visa est, quæ majoribus unica propemodum esse solebat; præsertim cum non tantum dignitatis ecclesiasticæ, sed etiam afflictionis (contrario licet genere) communione conjungamur.

  A012002180 

 Cum ergo discessurus addidisset hic tuarum virtutum cultor, existimare se, si aliquod vitæ suæ apud nos laudabiliter actæ testimonium ad te deferret, plurimum hoc illi in omni vitæ genere subsidii allaturum; ego, pro ea qua præsentem complexus sum amicitia, non potui quin et discedenti hoc amoris officium lubens impenderem, eumque tibi, quanto possum studio, commendarem.

  A012002180 

 Quod et tibi, Reverendissime Pater, gratissimum fore non ambigo, et hominis plurimum diligendi causam per se acceptissimam.

  A012002218 

 Vostre seconde lettre me donne advis de quelques bons offices qu'avés pris la peyne de faire pour les affaires de Gex en mon nom, lesquelz ont esté faitz si a propos que non plus, sur les difficultés que Monsieur Fremyot, Archevesque de Bourges, me fait au relaschement des biens ecclesiastiques qu'il avoit obtenuz du Roy par surprise, au prejudice de la concession que Sa Majesté en avoit faitte precedemment a l'Eglise et aux curés.

  A012002263 

 Et da questa diversità de Principi nasce in me una necessità di trattar et star bene con ambidue, et con li loro luogotenenti et Parlamenti, o vero Senati; nel che non ho poca difficoltà, massime dalla banda di Francia, essendo che loro sanno ch' io [257] sonno Savoyardo et che della Savoya sonno feudatario.

  A012002264 

 Et la quinta, che molti Catholici di Gex che per via dell'editto della libertà, che chiamano, potrebbono haver l'essercitio catholico nelle loro parrochie, non hanno chi proponga le loro suppliche, nè chi ne faccia la sollecitatione..

  A012002264 

 La quarta, che se bene per li ufficii fatti con diligentia dall' Ill mo signor Nuntio Apostolico di Francia non si tratta più di stabilir l'essercitio heretico nel luogo di Sessel, tuttavia vengo avvertito che se io [258] non dò particolare informatione delle circonstanze che debbono impedire tal stabilimento, non sarà la cosa sradicata, ma solamente quietata.

  A012002265 

 Nientedimeno non ho voluto lasciar di dirne conto a Vostra Santità, sì come io desidero di fare di tutte le mie attioni, lequali dal beneplacito Apostolico in tutto et per tutto hanno da esser regolate..

  A012002265 

 Non crederò giamai che Vostra Beatitudine debba riprovar questa poca absentia che son sforzato di fare per li bisogni della diocesi, laquale io lascio molto ben provista nelle cose spirituali et spero di rivedere fra duoi mesi; massime perchè quelli signori di quella città, sapendo la necessità mia di andare costì, mi hanno pregato di volervi fare le prediche quadragesimali, et stimando [259] che quella fatica giovarebbe a cavar con più prestezza et favore li negotii miei dalle mani loro, ho liberamente acconsentito.

  A012002286 

 Je n'attendis pas, croyés le bien je vous supplie, de recommander son ame a Nostre Seigneur que vous m'en eussies adverti, mais luy rendis ce devoir sur le champ a la premiere nouvelle; et n'eusse pas retardé non plus a vous escrire pour vous faire la ceremonieuse offrande du service de nostre mayson et du mien en particulier, si je n'eusse sceu que vous nous croyes tout vostres pour une bonne fois, sans qu'il soit necessaire d'en renouveller si souvent [261] les reconnoissances.

  A012002303 

 Jettés doucement vostre cœur es playes de Nostre Seigneur, et non pas a force de bras; ayés une extreme confiance en sa misericorde et bonté qu'il ne vous abandonnera point, mays ne laissés pas pour cela de vous bien prendre a sa sainte Croix..

  A012002305 

 Je l'ay dressé non pour vous, mays pour plusieurs autres; neanmoins vous verrés en quoy vous le pourrés faire valoir pour vous.

  A012002319 

 Les moyens de parvenir a la perfection sont divers selon la diversité des vocations; car les Religieux, les vefves et mariés doivent tous rechercher cette perfection, mais non pas par mesme moyen.

  A012002345 

 J'ay envoyé a madame la presidente Brulart, vostre seur un escrit que je desire vous estre communiqué; non pas que celuy que je vous ay donné ne suffise pour vous et pour ce tems, mais affin que vous ayés tous-jours plus d'esclaircissement en vostre esprit, a l'advancement duquel je me sens tant obligé que je ne suis de rien plus desireux en ce monde, non seulement pour cette grande confiance que Dieu vous a donnee en mon endroit, mays [271] aussi pour celle qu'il me donne que vous servires beaucoup a sa gloire.

  A012002367 

 Il ne seroit pas possible de faire avec proffit des conferences par escrit entre nous, nous sommes trop esloignés de sejour; et que pourrions nous escrire qui n'ait esté repeté cent fois? Si la commodité le permettoit, croyes que je ne la refuserois pas, non plus que je ne la refuseray pas aux sieurs ministres de Geneve, mes voysins, quand il la desireront en bons termes..

  A012002398 

 Et quant au scrupule que vous aviés de m'avoir demandé mon advis pour l'addresse de toute vostre vie, je vous dis que vous n'aviés non plus contrevenu aux loix de la submission que les ames devotes doivent a leur pere spirituel, par ce que mes conseilz ne seroyent rien plus qu'un escrit spirituel duquel la pratique seroit tous-jours mesuree par le discernement de vostre directeur ordinaire, selon que la presence de son œil et la plus grande lumiere spirituelle, avec la plus entiere connoissance qu'il a de vostre capacité, luy donnent le moyen de le mieux faire que je ne puis, estant ce que je suis; joint que les advis que je pensois vous donner seroyent telz quilz ne pouvoyent estre que bien [278] accordans avec ceux du Pere directeur.

  A012002400 

 Mais je laisse cela a vostre discretion, de luy proposer ou non; bien vous supplieray-je de le saluer a mon nom et l'asseurer de mon service.

  A012002437 

 J'y ay fourré [282] beaucoup de choses pour empescher le soupçon qu'il eut peu prendre qu'elle fut escritte a dessein, et l'ay neanmoins escritte avec toute verité et sincerité, ainsy que je doy tous-jours faire; mais non pas avec tant de liberté comme cellecy, en laquelle je desire vous parler cœur a cœur..

  A012002439 

 Que vous importe-il de sçavoir si vous me pouves tenir pour vostre pere spirituel ou non, pourveu que vous sachies quell'est mon ame en vostre endroit et que je sache quell'est la vostre au mien? Je sçai que vous aves une entiere et parfaitte confiance en mon affection; de cela je n'en doute nullement, et en reçoi de la consolation.

  A012002441 

 Toutefois, un autre coup, demeurés ferme, et tenes pour non dit et totalement tëu ce qui est couvert du voyle sacramentai.

  A012002443 

 Nos ames doivent enfanter non pas hors d'elles mesmes mais en elles mesmes, un enfant masle, le plus doux, gracieux et beau qui se peut desirer.

  A012002461 

 Nè questo desidero per interesse mio particolare, poichè non ho conosciuto quel personaggio se non doppo che da [290] un anno in qua egli ha fatto alquante prædiche in questa dioæsi di Geneva, con molto gusto et frutto degli uditori..

  A012002517 

 Mais non plus sur ce sujet; nostre communication doit estre franche, entiere et familiere..

  A012002517 

 Ne croyés jamais, je vous supplie, Monsieur, que ni la memoire ni la reconnoissance du devoir que j'ay a la bienveuillance quil vous a pleu de me promettre me puisse defaillir: non, sans doute.

  A012002519 

 Il s'y est fait quelque fruit, nonobstant mon indignité, non seulement pour ceux qui m'ont attentivement escouté, mais aussi pour moy, qui ay reconneu en plusieurs personnes tant de vraye pieté que j'en ay esté esmeu.

  A012002521 

 Il laisse a part la grande multitude de mes imperfections, qui sont sans doute blasmables, et ne me censure que de celles que je n'ay point, par la grace de Dieu: d'ambition, d'oysiveté exterieure, luxe en chiens de chasse et escuries, et semblables folies, qui sont non seulement esloignees [296] de mon affection, mays incompatibles avec la necessité de mes affaires et la forme de vie que ma charge m'impose.

  A012002560 

 Je ne dis rien de la mission ou vocation; seulement je remarque que les Evesques ont non seulement la mission, [300] mais ilz en ont les sources ministerielles, et les autres predicateurs n'en ont que les ruysseaux.

  A012002562 

 Quant a la bonne vie, elle est requise en la façon que dit saint Paul de l'Evesque, et non plus; de façon qu'il n'est pas besoin que nous soyons meilleurs pour estre predicateurs que pour estre Evesques.

  A012002563 

 Mays je remarque que non seulement il faut que [301] l'Evesque et predicateur ne soit pas vicieux de peché mortel, mays de plus qu'il esvite certains pechés venielz, voire mesme certaines actions qui ne sont pas peché.

  A012002572 

 Non sectamur lenocinia rhetorum, sed veritates piscatorum..

  A012002577 

 Mais des histoires des Saintz s'en peut on pas servir? Mais, mon Dieu, y a il rien de si utile, rien de si beau? Mais aussi, qu'est autre chose la vie des Saintz que l'Evangile mis en œuvre? Il n'y a non plus de difference entre l'Evangile escrit et la vie des Saintz qu'entre une musique notee et une musique chantee..

  A012002583 

 Et Nostre Seigneur mesme: Doctrina mea non est mea, sed ejus qui misit me.

  A012002588 

 Mais on peut bien apporter plusieurs interpretations, les louant et faysant valoir toutes l'une apres l'autre, comme je fis, le Caresme passé, de six opinions et interpretations des Peres sur ces paroles: Dicite quia servi inutiles sumus, et dessus ces autres paroles: Non est meum dare vobis; car, si vous vous en resouvenes, je tiray de chacune de tres bonnes consequences, mais je teus celle de saint Hilaire, ce me semble; ou si je ne le fis, je fis faute, et le devois faire, parce qu'elle n'estoit pas probable..

  A012002590 

 Secondement, ou il n'y a pas une tres grande apparence que l'une des choses ayt esté la figure de l'autre, il ne faut pas traitter les passages l'un comme figure de [309] l'autre, mais simplement par maniere de comparayson; comme, par exemple, le genevrier sous lequel Helie s'endormit de detresse est interpreté allegoriquement par plusieurs de la Croix; mais moy j'aymerois mieux dire ainsy: Comme Helie s'endormit sous le genevrier, ainsy nous devons reposer sous la Croix de Nostre Seigneur par le sommeil de la sainte meditation; et non pas: Ainsy qu'Helie signifie le Chrestien, le genevrier signifie la Croix.

  A012002600 

 Les courtes sentences et fortes sont comme celle de saint Augustin: « Qui fecit te sine te, non » salvabit « te sine te; » et l'autre: Qui pœnitentibus veniam promisit, tempus pœnitendi non promisit; et semblables.

  A012002618 

 Mais il y a d'autres sentences ou le sujet n'est pas si descouvert, comme: Quomodo huc intrasti non habens vestem nuptialem? Voyla la charité; mays vous la voyes couverte d'une robbe, car la robbe nuptiale c'est la charité.

  A012002626 

 Ce que je dis, non pour m'en estre fort servi, car je ne l'ay veu qu'apres beaucoup de tems, mays parce que je le connois tel, et me semble que je ne me trompe pas.

  A012002629 

 Il faut que nos paroles soyent enflammees, non pas par des cris et actions desmesurees, mais par l'affection interieure; il faut qu'elles sortent du cœur plus que de la bouche.

  A012002630 

 J'ay dit genereuse, contre ceux qui ont une action craintifve, comme s'ilz parloyent a leurs peres, et non pas a leurs disciples et enfans.

  A012002635 

 J'ayme la predication qui ressent plus a l'amour du prochain qu'a l'indignation, voire mesme des huguenotz, qu'il faut traitter avec grande compassion, non pas les flattant, mais les deplorant..

  A012002640 

 Je me suis allegué moy mesme; mais c'est, Monsieur, parce que vous voules mon opinion et non celle des autres.

  A012002658 

 Non, Monsieur, je n'apporte plus nulle consideration a ce que je suis moins que luy, ni a ce qu'il est plus que moy et en tant de façons: « Amor æquat amantes.

  A012002662 

 Ceux qui partent a l'improuveuë sont excusables de n'avoir pas pris congé des amis et de partir en mauvais equipage, mais non pas ceux qui ont sceu l'environ du tems de leur voyage.

  A012002664 

 Saint Hierosme a plus d'une fois rapporté a la sapience des vielles gens l'histoire d'Abisag, Sunamite, dormant sur l'estomach de David, non pour aucune volupté mais seulement pour l'eschauffer.

  A012002685 

 Faites tous-jours l'entree de l'orayson en vous mettant en la presence de Dieu, l'invoquant et proposant le mystere; et apres les considerations, faites tous-jours les actes des affections, non pas de toutes, mays de quelques unes, et les resolutions; apres cela l'action de graces, l'offre, la priere; en fin lisés bien le petit memorial que je vous envoye et le prattiqués..

  A012002686 

 Mais, ma Fille, je vous prie, que toutes ces meditations la des quatre fins se finissent toutes par l'esperance et confiance en Dieu, et non pas par la crainte et l'effroy; car quand elles finissent par la crainte elles sont dangereuses, sur tout celles de la mort et de l'enfer.

  A012002691 

 Au demeurant, ma chere Dame, sur tout il faut que vous la premiere, et puis les autres, tenies un ordre non seulement pour les Offices, mais aussi pour s'aller coucher et lever; autrement vous ne pourres pas continuer en santé: et cela s'observe en toutes assemblees.

  A012002698 

 Item, parler souvent de l'obedience, non pas comme la desirant d'elles, mays comme desirant de la rendre a quelqu'un.

  A012002743 

 N'ayés pas crainte non plus de n'avoir pas apporté tant de diligence qu'il failloit a vostre confession generale; car je vous redis fort clairement et asseurement que si vous n'aves point fait d'omission volontaire, vous ne deves nullement refaire la confession, laquelle, pour vray, a esté tres suffisamment faitte; et demeurés en paix de ce costé la.

  A012002744 

 Toutes les regles du Rosaire et du Cordon n'obligent nullement ni a peché mortel ni a veniel, ni directement ni indirectement; et, ne les observant pas, vous ne pecheres non plus que de laisser une autre sorte de bien a faire.

  A012002749 

 C'est, en un mot, que nous voulons servir Dieu, mais a nostre volonté et non pas a la sienne.

  A012002749 

 Dieu me commande de servir aux ames, et je veux demeurer a la contemplation: la vie contemplative est bonne, mais non pas au prejudice de l'obeissance.

  A012002749 

 La deuxiesme consideration c'est de penser a la nature des commandemens de Dieu, qui sont doux, gratieux et souëfves, non seulement les generaux, mays encores les particuliers de la vocation.

  A012002750 

 C'est nostre chetifve nature qui veut tous-jours que sa volonté soit faitte, et non pas celle de Dieu.

  A012002752 

 Il faut non seulement vouloir faire la volonté de Dieu, mais pour estre devot, il la faut faire gayement.

  A012002752 

 Si je n'estois pas Evesque, peut estre que, sachant ce que je sçay, je ne le voudrois pas estre; mais l'estant, non seulement je suis obligé de faire ce que cette penible vocation requiert, mais je doy le faire joyeusement, et doy me plaire en cela et m'y aggreer.

  A012002753 

 Vostre meditation ne doit estre que d'une grosse demi heure, et non plus, au bout de laquelle adjoustés tous-jours une consideration de l'obeissance que Nostre Seigneur a exercee a l'endroit de Dieu son Pere, car vous treuveres que tout ce qu'il a fait il l'a fait pour complaire a la volonté de son Pere; et la dessus, esvertues vous de vous acquerir un grand amour de la volonté de Dieu..

  A012002775 

 Ce grand mouvement d'esprit qui vous y a porté presque par force et avec consolation; la consideration que j'y ay apporté avant que d'y consentir; ce que ni vous ni moy ne nous en sommes pas fiés a nous mesmes, mais y avons appliqué le jugement de vostre confesseur, bon, docte et prudent; ce que nous avons donné du loysir aux premieres agitations de vostre conscience pour se refroidir si elles eussent esté mal fondees; ce que les prieres non d'un jour ni de deux, mais de plusieurs mois ont precedé, sont indubitablement des marques infallibles que c'estoit la volonté de Dieu..

  A012002778 

 Non, je n'adjouste pas un seul brin a la verité, je parle devant le Dieu de mon cœur et du vostre.

  A012002782 

 Non, je ne disputeray point, ni contesteray.

  A012002783 

 Je veux dire qu'il faut se revancher avec des affections et non pas avec des raysons, avec des passions et non pas avec des considerations.

  A012002793 

 Je vous laisse l'esprit de liberté, non pas celuy qui forclost l'obeissance, car c'est la liberté de la chair; mais celuy qui forclost la contrainte et le scrupule ou empressement.

  A012002794 

 Je desire que vous ayes une traduction françoise de toutes les prieres que vous dires; non pas que je veuille que vous les disies en françois, ains en latin, car elles vous rendront plus de devotion; mais c'est que je veux que vous en ayes aucunement le sens, mesme les Litanies du Nom de Jesus, de Nostre Dame et des autres.

  A012002796 

 J'appreuve qu'on la matte le long de la semaine, non tant au retranchement des viandes (la sobrieté estant gardee) comme au retranchement du choix d'icelles.

  A012002799 

 Ce pendant prenes garde, non seulement pour luy, mais pour ses seurs, qu'ilz ne dorment que seulz, le plus qu'il se pourra, ou avec des personnes esquelles vous puissies avoir autant de juste confiance comme en vous mesme.

  A012002803 

 Je luy propose cela, a mon advis, asses clairement et doucement, et avec ce terme, qu'il faut non pas du tout rompre les liens d'alliance qu'on a aux affaires du monde, mais les descoudre et desnoüer.

  A012002812 

 Si cependant je deviens malade ou que je me rompe la jambe, je n'ay que faire de regretter et m'inquieter de ne point prescher, car c'est chose certaine que la volonté de Dieu est que je le serve en souffrant et non pas en preschant.

  A012002815 

 Le pelerin n'en vouloit pas manger, non obstant sa necessité; Spiridion, qui n'en avoit nulle nécessité, en mange luy le premier par charité, affin d'oster par son exemple le scrupule du pelerin.

  A012002819 

 J'ay oublié a dire que non seulement la volonté de Dieu se connoit par la necessité et charité, mais par l'obedience; de façon que celuy qui reçoit un commandement doit croire que c'est la volonté de Dieu.

  A012002838 

 Quo nomine eo magis dolendum est, inter multa Monasteria variorum Ordinum quæ in hac diæcesi sunt ædificata, vix unum reperiri in quo religiosa disciplina labefactata, imo potius conculcata penitus non fuerit; ut ne quidem vestigium veteris illius cœlestis flammæ appareat, adeo obscuratum est aurum et mutatus color ejus optimus..

  A012002839 

 Hoc Consilio adductus est Vespasianus Agacia ut Monasterium Sanctæ Mariæ de Abundantia, cujus ille Abbas commendatarius existit, Religiosis Sancti Bernardi Fuliensibus, quorum bonus odor multis jam in locis manavit, si qua fieri posset opera attribueret et committeret, amotis inde sex monachis, omnibus propemodum senio ac disciplinæ religiosæ crassissima ignorantia, non laborantibus modo, sed pene confectis.

  A012002840 

 Cum autem hujus rei utilitas in hanc ovilis Dominici partem cujus curam Apostolica vestra providentia mihi demandavit primum derivanda sit, non debui committere quin ego quoque humillimis ad pedum oscula precibus a Beatitudine Vestra efflagitem, ut suam paternam et [373] Apostolicam gratiam huic negotio liberaliter impertiri dignetur..

  A012002888 

 C'est quil s'agist non de mes actions, mais de celles de feu Monsieur mon prædecesseur, que Vostre Allesse a tous-jours jugé fort homme de bien; je suis defendeur et en possession, et mon adversaire en cette cause a esté tous-jours condamné jusques a present.

  A012002905 

 J'ay de l'advantage par tout, car ledit sieur de Montjou a esté condamné devant les officiers de Son Altesse, et je suis defendeur et en possession, et respons non de mes actions mais de celles de feu Monsieur de Geneve mon prædecesseur, et en faveur d'un curé qui, des le fin commencement, a servi fort utilement a la gloire de Dieu en cette parroisse la.

  A012002942 

 Que si il ni avoit nul droit en ce tems-la, il n'en aura non plus maintenant..

  A012002950 

 Et qu'est cela, ma Fille tres aymee? Ah non, je desire que vostre croix et la mienne soit entierement croix de Jesuschrist et quand a l'imposition d'icelle et quant au choix.

  A012002952 

 Je ne pense pas qu'il y ayt aucun mal de dire a Nostre Seigneur: Venes dans nos ames; non, cela n'a nulle apparence de mal..

  A012002953 

 Ce Seigneur sçait si j'ay jamais communié sans vous des mon despart de vostre ville... Dieu veut que je le serve en souffrant les sterilités, les angoisses, les tentations, comme Job, comme saint Paul, et non pas en preschant.

  A012002954 

 Cela donq s'entend en observant la vraye discretion, et, en ce cas la, ce n'est [387] non plus que de dire que vous aymeres bien Dieu et vous accommoderes a vivre, dire, faire et donner selon son gré..

  A012002986 

 Je le dois, je le feray, et seray en esprit pres de vous pendant tout vostre mal; non, je ne vous abandonneray point.

  A012003006 

 Non, car Dieu y est aussi bien qu'en la ville.

  A012003021 

 Il est vray que c'est un grand abus de tellement se lier a un confesseur que sil advient de n'en avoir pas la commodité, pour cela on s'en inquiete ou trouble; car c'est s'attacher a l'instrument de nostre bien et non pas a l'ouvrier d'iceluy, qui est Dieu, et par consequent perdre la vraye liberté.

  A012003084 

 J'ay receu vostre lettre par les mains de ce mesme porteur, duquel le droit sera conservé fort soigneusement, non seulement pour le devoir que j'ay de rendre cet office a tous ceux de ce diocæse, mais aussi pour la recommandation que vous m'en faites, laquelle aura tous-jours autant de pouvoir sur moy que null'autre.

  A012003114 

 Je vous confesse que je n'ay point de scrupule de me desregler de mon reglement quand c'est le service de mes brebis qui m'occupe, car alhors il faut que la charité soit plus forte que nos propres inclinations, pour bonnes que nostre amour propre nous les face voir; et, en faysant cet escrit que je vous envoye, mon dessein a esté, non de me gesner, mais ouÿ bien de me regler, sans m'obliger a aucun scrupule de conscience, car Dieu me fait la grace d'aymer autant la tressainte liberté d'esprit que haïr la dissolution et le libertinage.

  A012003148 

 Quod nos oves non ita pridem errantes, nunc autem ad caulas Christi reversas, tanta sollicitudine ac charitate complectatur Sanctitas Tua, sicuti ex litteris amantissimorum nostri virorum qui in Urbe versantur, ac præsertim ex Archiepiscopi Viennensis ad nos adventu [406] cognovimus, illud ipsum est procul dubio, quod ab iis qui nos per Evangelium in Christo genuerunt statim initio audivimus: unum esse nimirum in terris Pastorem maximum, cui sic absolute, sic indistincte suas oves Christus commiserit, ut planum sit « non aliquas designasse, sed assignasse omnes, » cuique proinde, præter instantiam quotidianam, sollicitudo sit omnium Ecclesiarum..

  A012003149 

 Principatum namque Apostolici sacerdotii et zelum tali congruentem fastigio in Beatitudine Tua agnoscimus, quam propterea Petri, cujus tenes sedem, vices etiam in eo vel maxime sustinere lætamur, quod ovibus non præesse tantum, sed præsertim prodesse velie videamus; omnibus sane, nobis autem seorsim quam impensissime.

  A012003161 

 Ainsi, non seulement en vertu de votre charge, mais encore par vos immortels mérites, vous aurez droit à la bienheureuse félicité..

  A012003176 

 Onde si supplica V. S. Ill ma et R ma che si degni trattarne colla Maestà del Re Christianissimo, acciò si degni [410] far gratia a quelli popoli di non darli nelle mani di quelle republiche heretiche; o se in ogni modo li vuol dare, li dia con questa conditione, che per conto della religione non vi sia fatta innovatione veruna, ma siano lasciati nel stato nel quale si ritrovano adesso....

  A012003196 

 De laquelle reduction, Monseigneur le Cardinal de Medicis, pour lhors Legat a latere, a esté non seulement tesmoin, mais fut encor luy mesme instrument, en ayant conferé l'absolution a un tres grand nombre des convertis.

  A012003215 

 Qui me fait vous supplier, Monsieur, de prendre en bonne part si je ne rapporte au contentement de monsieur du Villars ce que vous desiries, puys quil tient au pouvoir que je n'ay plus et non a l'affection, laquelle j'y ay tres entiere, quand ce ne seroit que pour lhonneur que je porteray tous-jours a tout ce qu'il vous plaira me recommander..

  A012003248 

 Les huguenotz, sachans bien quilz n'oseroyent en vostre præsence user de la violence quilz ont accoustumé d'employer a l'advancement de leur hæresie, ne vous eurent pas si tost perdu de vëue qu'ilz font sortir de Geneve des ministres et autres telles gens, non seulement pour precher publiquement, mais aussi pour honnir et profaner nos eglises, renverser nos autelz et desrobber les cloches et autres meubles sacrés, comm'ilz ont fait a Veyri, Saint Julien et en deux lieux de Chablais, injurians et menaçans les personnes.

  A012003259 

 Etsi rem Christianam quæ in hac provincia fœlicissime promovebatur bellorum nuper grassantium sevitia non [420] mediocriter turbaverit, tamen quamprimum, Beatitudinis Vestræ Apostolicis auspiciis, tot malorum hiems et imber abiit et recessit, vinea hæc longe suavius dedit odorem suum, ficusque uberiores protulit grossos suos.

  A012003259 

 Ex iis duo, ipso Pentecostes sacro die, adjunctis aliquot ex secularibus sacerdotibus qui jamdudum in agro Tononiensi operi evangelico incubuerant, in loca Genevæ viciniora (quæ omnia balliagii de Gagliard nomine veniunt), non minus opportuno quam fœlici ausu irruptionem fecerunt, tanta [421] Dei optimi maximi voluntate et animorum contentione ut quinque hebdomadarum spatio plus quam quingenti utriusque sexus hominibus ex hæresis horrendo baratro sint erepti et in album Catholicorum restituti..

  A012003260 

 Et quidem, si quo modo fieri queat, nihil utilius huic provinciæ contingere potest [422] quam si collegium Societatis Jesu in oppido ipso Tononiensi construatur et erigatur; ex eo namque, non modo nunc aliquot Religiosi in omnes hujus diocæsis partes excurrere possent, sed etiam deinceps plerique et sacerdote * et juvenes veluti ex Seminario prodirent, qui circum circa per vicos et oppida Evangelium inferrent; atque ita validam haberemus arcem ex qua veluti ex opposito contra Genevensis et Lausanensis collegiorum insanos impetus dimicaremus.

  A012003260 

 Pro quibus sane successibus, tibi in primis, secundum Deum, gratias quantas possum maximas agere debeo, Pater Beatissime; quandoquidem non tua tantum cura, quæ semper erga hanc dicecesim magna fuit, sed etiam tua liberalitate et Apostolica charitate tuisque impensis manipulum illum Societatis Jesu, [quem] Missionem appellant, habemus, illiusque opere biennio integro fruimur et gaudemus.

  A012003261 

 Quod quam e re [423] hac Christiana futurum sit, ex eo satis manifestum est quod non modo parta tueri, sed pedetentim perdita quærere neque jam quæsitas arces tantum propugnare, sed quærendas expugnare hoc tempore debemus.

  A012003271 

 Non seulement, en effet, nous devons en ce moment garder les positions acquises, mais chercher à regagner pied à pied le terrain perdu; non seulement défendre les citadelles conquises, mais tâcher d'en enlever de nouvelles.

  A012003340 

 Et certo, se le fatighe da lui fatte da molti anni in qua nella conversione de gl' hæretici et quelle che egli è per fare in questo faticoso campo saranno poste in consideratione, credo che la Santa Sede glie moltiplicarà le gratie et sminuirà le spese che altrimente sarebbono da farsi et che egli non può fare..

  A012003340 

 Nientedimeno, parte per l'ingiuria della guerra che sopragiunse, parte anco perchè detto Prævosto non ha le commodità necessarie a tal impresa, l'essecutione di quella gratia si è ritardata sin adesso, che non dubitando punto che quello che una volta piacque a Sua Santità glie sia anco sempre grato, et vedendo ogni hora aggravarsi l' età mia et moltiplicarsi [431] le occasioni di faticare in questa vigna, ricorro l'altra volta alla bontà di V. S. Ill ma et R ma, acciò si degni adoprar il suo santo zelo nell' aiuto mio per vincere la difficoltà del mancamento della commodità di detto Prævosto, la qual sola ci resta.

  A012003341 

 Dal canto mio, è chiaro che alla elettione di tal coadiutore non son mosso da alcun rispetto humano di sangue o parentela, nè da preghiere che me ne siano state fatte; ma solo da puro desiderio della maggior gloria d'Iddio et servitio della santa Chiesa.

  A012003371 

 Et perchè so che la Santità di Nostro Signore haverà a caro questo negotio, et che V. S. Ill ma et R ma si adopra sempre con gran zelo in simili disegni, io la supplico humilmente che si degni dar ordine a detto Signor Nuntio acciò che faccia quest'officio caldamente et con fervore; [434] poichè il signor Barone di Lux mi fa dire che non solamente questa sollecitatone sarà molto fruttuosa, ma che sarà gratissima ad esso signor Ré, il quale ha dichiarato di volerlo fare in ogni modo, se ben per certi rispetti soprasede a l'essecutione sin tanto che glie ne sia fatta instantia..

  A012003387 

 Comme je sais que Sa Sainteté agrée fort cette négociation, et que Votre Seigneurie Illustrissime et Révérendissime intervient toujours avec beaucoup de zèle en semblables rencontres, je la supplie très humblement de donner ordre audit M. le Nonce de presser vivement et chaleureusement cette poursuite; car M. le baron de Lux me fait dire [434] que non seulement elle sera très fructueuse, mais encore très agréable au roi.

  A012003456 

 Mays voyant qu'apres avoir tant retranché du premier dessein, que je ne pouvois plus restraindre le nombre sans faire grand præjudice au service divin, et que non obstant tout cela il ne se trouvoit pas asses de moyens pour assortir ladite eglise de Thonon, je suis contraint de laisser en arriere cest article particulier au proces verbal que j'envoÿe au Saint Siege Apostolique pour le regard de tout le reste; et cependant recourir a la bonté de Vostre Altesse, la suppliant tres humblement de ne vouloir pas abandonner ce bon œuvre en ceste derniere necessité, a laquelle je ne pense pas qu'on puysse donner remede que prenant encor le reste de l'abbaÿe [441] de Filly pour l'y appliquer.

  A012003504 

 Et perchè vi sonno molti tali li quali non hanno ardimento di comparire o vero venire inanzi del Vescovo, comme sonno per lo più gli huomini vecchi et le donne, massime gravide, per tanto si supplica che havendoli (sic) compassione, detto Vescovo possa ancora communicare detta facoltà di assolvere li heretici ad alquanti giudicarà da lui degni, in diversi luoghi della sua diocesi..

  A012003507 

 Ma tale dissegno et espediente, suggerito et inspirato dalla carità, non può senza gran carità riuscire in effetto, essendo impossibile di fondar detto albergo se non per mezzo di limosine o vero di applicatione di qualche intrate ecclesiastiche.

  A012003507 

 Per tanto il signor Duca di Savoya vedendo quanto pia sia questa opra, havendo già speso parecchie migliaia di scudi per le cose sacre in quelle bande, ha di più dato per questo particolare dieci millia scudi di limosina; et uno delli nuovamente convertiti, gentilhuomo honorato, spinto dalla vera compassione verso quelli che, tocchi dal Spirito Santo, abbracciano la santa fede, ha dato otto miglia scudi di limosina, et alcuni altri certe piccole somme secondo la loro capacità; tutte le quali somme non arrivano a quello che si richiede per dar un saldo fondamento a questa piissima impresa.

  A012003528 

 Et che in summa, quelli popoli petunt panem, dandi sunt qui frangant eis; et non è modo più conveniente che applicandovi le decime et primitie che essi a questo effetto pagano: Et quos non pavisti occidisti..

  A012003528 

 Quanto all' applicatione delli beneficii per sustentatione de'pastori necessarii alle parrochie ridotte alla fede: Che li beni delle cure son in parte alienati con authorità Apostolica, et in parte rovinati et deserti [451] per la poca cura che li possessori ne han havuta; per tanto non bastariano in modo nessuno per stabilir detti pastori.

  A012003529 

 Quanto alle præbende theologali: Che se bene il Concilio non obliga che si stabiliscano altrove che nei luoghi insigni, obligando al meno, però non esclude il più, anzi lo desidera et lauda.

  A012003530 

 Quanto alla dispensatione colli canonici di Geneva per haver una parrochiale: Che potranno a vicende servire in dette chiese; che questa gratia si è usata con loro da altri Pontefici in simile occasione; et questo non succedendo, bisognarà dispensar con loro sopra il statuto loro confirmato et stabilito da Martino Papa, di non dover esser ricevuto per canonico chi non è nobile ex utroque parente, o dottore, o provedergli con altro modo di decente sustentatione sin tanto che si restituiscano li beni occupati dalli hæretici.

  A012003531 

 Quanto alle decime del Vescovo: Che per haver lui solo, senza altro, ottenuto dal signor Duca di Savoya che li dodeci millia scudi d' oro che si danno dal clero di Savoya a detto signor Duca si riducessero in scudi di moneta, non ha devuto premerlo più per suo bisogno particolare; et che detto clero godendosi del favore ottenuto da lui, non sentirà molto incommodo di sgravarlo della sua parte del pagamento, il quale non eccede cento scudi..

  A012003619 

 Et d'aultant qu'il faut faire le boclier de ladit'attestation contre ce que l'on a donné a entendre a Sa Sainteté, il est necessaire que non seullement elle soit signee de vous, mais de vos chanoines qui en peuvent avoir eu notice, et de quelques autres notables ecclesiastiques qui pourront servir a la foy indubitable de ladicte attestation, comme aussi pour son ampliation, a laquelle Nous nous asseurons que n'oblierez rien; non plus que du bon ordre que l'on tint, moy present, pour appeller ceux qui estoyent esgarez a la vraye foy, et combien d'ames l'on y gagna pour lhors et jusques a present, et si l'on y continue l'œuvre et quel fruit s'en ensuit, et plus amplement, comme trop mieux vous sçavez convenir, pour me l'envoyer au plus tost a l'effait que dessus..

  A012003655 

 Et se V. S. mi havesse dato avviso in tempo di questa sua risolutione, non haverei mancato d'accompagnarla con lettere alli signori Cardinali di Santa Severina et Aldobrandino, se ben per diverse mie relationi sia notissimo a Sua Santità et alli suddetti Signori il merito della persona sua..

  A012003656 

 Io spero che V. S. a quest' hora haverà riportato qualche buona risolutione delli negotii delli quali mi scrive; ma con tutto ciò io non ho voluto lasciare, conforme alla sua dimanda, di raccommandarlo vivamente al signor Cardinal Aldobrandino et Santa Severina con alligate mie lettere, le quali V. S., secondo il suo bisogno, potrà presentare..

  A012003658 

 Haverebbe Sua Altezza desiderio che Nostro Signore mi commandasse che io andassi, fatto Pasqua, a visitare li cleri di Savoia, et massime li regolari; ma stante il contagio et la desolatione del paese, io non so che frutto si potrebbe fare, se ben dal canto mio io sarò sempre pronto di esseguir quello che mi sarà commandato.

  A012003673 

 Con tutto ciò, se il negotio verrà commesso a me, io non mancarò di darle tutto quell'aiuto che humanamente per me sarà possibile.

  A012003673 

 Io vorrei che gli ordini di Sua Santità venissero precisi et precettivi, perchè venendo commessi a me Ella sa le difficoltà che si passano con li ministri di Sua Altezza, laquale se ben sia zelantissimo Principe, nondimeno, per opera di ministri, molte volte l'essecutione non è conforme alla intentione.

  A012003690 

 Son restato maravigliato che dopo la partita di V. S. da Piemonte io non habbia havute più lettere sue, le quali desideravo principalmente per intendere la sua salute et di Monsignor R mo di Geneva, et per sapere qualche progresso delle cose di Tonone, et che risolutione Ella habbia riportata dal Parlamento di Ciamberi circa l'entrate che si dovevano applicare alli curati dalla Religione di San Lazaro..

  A012003692 

 Di più, perchè V. S. dice che questi canonici theologali sono necessariissimi in molti luoghi, si desidera sapere in quanti luoghi sono erette queste chiese collegiate; perchè altre volte si dice che la diocesi di Geneva è copiosa di cure, ma non di chiese collegiate dove ci siano canonici theologali, non potendone essere più di uno per chiesa con l'assegnamento della prebenda theologale..

  A012003692 

 Tra li suddetti capi ce n'è uno, del quale mando a V. S. copia, che patisce difficoltà per essere assai oscuro, et sopra il quale io non ho potuta dare altra informatione.

  A012003711 

 Aspetto con le prime lettere la facoltà di poter dispensare a quelli poveri huomini che contrassero matrimonio non sapendo che fussero parenti, et ne darò subito avviso a V. S., alla quale ricordando secondo il solito l'infinita affettione che le porto, me le offero et raccommando di cuore..

  A012003725 

 Io me ne rallegro con V. S. di cuore, et l'assicuro che mentre mi fermarò qui non lasciarò di far appresso Sua Santità tutti gli officii possibili, come ho fatto per lo passato..

  A012003754 

 Et acciò Ella l'intenda meglio, le mando copia di quella lettera che il Padre Cherubino scrisse a me, non ostante che io veda che le potrà esser capitato appresso l'originale..

  A012003754 

 Ho anco veduto, con mio dispiacere, che un altro mio piego di 20 di Ottobre, con una lettera di Fra Cherubino scritta a me, non le sia capitato, nel quale si contenevano le gratie concedute da Nostro Signore, quali io scrissi in compendio con la mia di 2 di Novembre.

  A012003755 

 Circa quel punto che V. S. mi ha communicato confidentemente, che a Sua Altezza sia parso strano di non essere stata avvisata prima di ogni altro di quello che si è risoluto in Roma circa le cose di Tonone, io rispondo che il Padre Fra Cherubino non ha mossa parola senza partecipatione del Ambasciador di Sua Altezza, al qual toccava di darne conto al suo Principe; perchè io, in questo particolare, non havendo ricevute altre lettere che quelle del Padre Cherubino, stavo aspettando l'avviso più sicuro per lettere del signor Cardinale Aldobrandino, senza le quali non mi soglio movere a dar avviso, nè spendere il nome di Nostro Signore, et senza espressa commissione.

  A012003755 

 Et quando quelle gratie mi fussero state scritte dal suddetto Cardinale, io non haverei mancato di darne avviso a Sua Altezza, come soglio [467] fare in tutte le occorrenze; laquale, in cinque anni che io son qua, ha potuto conoscere la mia osservanza..

  A012003756 

 Io non ho mancato di supplicare instantemente Nostro Signore così di questo come di tutti li altri capi che Ella mi lasciò nel suo memoriale per servitio di Monsignore di Geneva; et se qualche uno sollecitasse appresso il signor Cardinale Aldobrandino, che si trova oppresso di occupationi, si haverebbono più presto le speditioni per le quali V. S. sia certa che io fo caldissimo officio..

  A012003757 

 Dico di più a V. S. che bisogna tenermi avvisato più spesso delle cose di là, perchè non è mezzo più efficace di tener scaldato Nostro Signore che andarlo raguagliando del frutto che si fa alla giornata..

  A012003757 

 Il Padre Bartolone mi ha scritto di haver mandato un predicatore in Tonone et sollecitato il Padre Provinciale, che sta in Avignone, a mandar li altri cinque; ma perchè mostra che non poteranno venire così presto, bisogna che V. S. lo tenga sollecitato et si sappia servire a tempo della gratia di Nostro Signore.

  A012003773 

 Et perchè Sua Santità desidera di esser raguagliata minutamente di tutte le mutationi et accidenti di quella città, V. S. non mancarà di tenermene avvisato et scrivermi distintamente, perchè io mandarò le medesime lettere sue in mano di Sua Santità..

  A012003773 

 Mi è dispiaciuta la sentenza del Senato di Gamberi con laquale ha confermato il possesso all' avversario di V. S., et son di parere che Ella proseguisca le sue ragioni in Roma, dove io non mancarò di aiutarla con tutte le mie forze, come son obligato.

  A012003773 

 È venuto avviso qua che Beza sia stato cacciato da Geneva, ma non havendomene scritto V. S. altro con questa sua, credo che non sia vero.

  A012003788 

 Il Padre Fra Cherubino era buono instrumento per scaldare et sollecitare, ma li suoi Superiori con lo tenendo lontano da Roma mi fanno dubitare che non lo tengano del tutto risanato del suo humore malinconico; onde, in absentia sua, sarebbe manco male di darne carico al signor Presidente Fabro, che tirasse inanti l'unione delli priorati conceduti da Nostro Signore alla Casa di Tonone: che havuta questa gratia, si potrebbe appresso tentare qualche altro aiuto da Sua Beatitudine..

  A012003788 

 Io ho un dolore intensissimo d'intendere che il signor Novelletto et altre persone ecclesiastiche di valore non si possino trattenere costì per mancamento di commodità, et se bene la volontà di Nostro Signore sia ottima, nondimeno si vada dilatando per puro difetto di persone che sollecitino a Roma.

  A012003788 

 Io non manco di prendere qual si voglia occasione per sollecitare et importunare; ma finalmente le lettere non operano come fa la viva voce et come farei con la presenza se mi trovassi in Savoia.

  A012003789 

 Quando la Sua Santità lo me commandi, [470] io sarò prontissimo a obedire; et in quel caso, li Cavallieri di San Lazaro credo che si risolverebbono di rendere più facilmente le loro commende, perchè io [non] vorrei se non una facoltà assai ampia da Sua Santità, et se non la sapessi mettere in essecutione sarebbe mia colpa..

  A012003789 

 Quanto alla visita di Savoia, io, se ben sia stracchissimo et poco atto, non son per ricusar mai nissuna fatica in servitio di Dio benedetto et della religione cattolica; ma non conviene che io sia quello che lo propona o lo ricordi.

  A012003806 

 Io ho ricevuto due lettere del Padre Bonaldo che non contengono altro se non che si fa frutto; ma perchè Nostro Signore non si contenta delle cose universali, et V. S. è anco informata della diligentia esquisita del signor Cardinale di Santa Severina, io essorto il Padre a scrivermi più spesso et più minutamente di tutto quello che passa così circa le scole come circa la conversione degli heretici et devotione delli Cattolici.

  A012003806 

 Mando al Padre Rettore di Gamberi un' altra polizza di cento et otto scudi d'oro per l'altro trimestre, et mi contento che l'altro sia comminciato al primo di Novembre, se ben loro non giunsero se non verso la fine di Decembre; et questi 108 scudi serviranno per Febraro, Marzo et Aprile..

  A012003807 

 Et perchè presuppongo che in questo tempo V. S. si trovi molto occupata nelle solite sue fatiche delle prediche non aggiungerò altro, se non assicurarla ch' io la tengo sempre scolpita nel cuore, sì come merita la singolare sua virtù et bontà.

  A012003822 

 V. S. gli basci caramente le mani da mia parte, chè io non gli scrivo per non darli gravezza di leggere la lettera et di rispondere.

  A012003836 

 Dal signor Barone di Civrone mi fu mandata pochi giorni sono una lettera di V. S. di 20 di Aprile, con un'altra inclusa di Sua Altezza per il signor Abbate della Novalesa, nella quale si ricercava a voler dar tre prebende della sua badia dell'Abondanza al signor dottor Novelletto; et conforme a l'instantia di V. S., non mancai anchor io di scriverli efficacissimamente, se ben non era necessario che io m'interponessi dove concorreva l'authorità di Sua Altezza.

  A012003852 

 Et perchè in quella lettera V. S. proponeva il caso di quella damigella [474] che haveva fatto voto di castità et non li bastava l'animo di osservarlo, Sua Santità mi ha commesso di dar facultà a V. S. in nome suo che, parendoli espediente, col parer dei Padri Gesuiti, di dispensarla o commutarla, faccia quello che giudicarà più a proposito..

  A012003852 

 Nel mese di Luglio hebbi una lunga lettera di V. S. nella qual mi dava particolare avviso del frutto che havevano fatto li Padri Gesuiti nel balliaggio di Galiart; ma da tre mesi in qua mi son trovato sempre in letto, tanto gravemente indisposto che non è stato possibile di farli risposta.

  A012003853 

 Ho poi ricevuta l'altra di V. S. di 20 di Agosto scrittami da Ciamberi, et non mancarò di mandar subito le lettere di Monsignor Vescovo di Geneva a Nostro Signore et al Cardinal Aldobrandino; et aggiungerò io per lettere quelli officii che sono obligato per la ricuperatione delli beni ecclesiastici nel balliaggio di Gex, et giunto a Roma ne farò tanto più viva instantia con Sua Santità in voce..

  A012003854 

 Io sto aspettando il mio successore per la settimana seguente, al quale non lasciarò di raccommandare con ogni caldezza possibile la missione di Tonone et raguagliarlo particolarmente della qualità di Monsignor Vescovo et di molti meriti di V. S.; et se le forze me lo permetteranno, io partirò subito di qua per dar fine a questa nuntiatura, laquale ha durato sette anni, con infiniti miei travagli.

  A012003888 

 Je les receuz quelques jours advant les festes de Noel passé, et me disposoy apres au sacre, que je receuz le jour de la feste des Roys de la main de Monsieur l'Archevesque d'Aix, assisté de Messieurs de Bologne et de Mascon, aiant auparavant usé de la preparation dont vous me fistes ce bien de m'advertir, le mieux qu'il m'a esté possible; non pas toutes fois si bien que j'eusse desiré..


13-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XIII-Vol.3-Lettres.html
  A013000034 

 — Soyons ce que Dieu veut et non ce que nous voulons, contre son gré.

  A013000096 

 — Se confier à la providence de Dieu, « non de bouche seulement, » pratique très fructueuse.

  A013000097 

 — Il faut s'attacher à la gloire de Dieu et non à ses créatures.

  A013000267 

 » Est-ce que de telles paroles sont inspirées par la molle complaisance d'un fade attendrissement? Dans le retranchement des vaines consolations, le Saint va plus loin encore; sachant que toute douleur se soulage à être racontée, il n'hésite pas à lui déconseiller [XVI] même cette innocente consolation: « Vous feres bien de regarder simplement Nostre Seigneur... sans vous amuser a considerer vostre mal, non pas mesme pour me le dire.

  A013000346 

 Maintenant, au sortir de ma maladye, j'ay receu vostre lettre du quinziesme janvier que monsieur Grenaut m'a envoyé; mais non pas encor celle que vous m'avez escripte precedemment, en laquelle, comme vous me distes, vous m'escriviez fort particulierement de l'estat interieur de vostre ame.

  A013000352 

 Mais (listes luy, je vous supplie, que cela ne se peut en aucune façon; je trahiroys son ame si je luy permettoys cest abbus. Il faut qu'a la fine premiere confession qu'elle fera, que tout au commencement elle s'accuse de ce peché oublié (j'en dis de mesme sil y en a plusieurs), purement et simplement, et sans repeter aucune autre chose de sa confession generalle, laquelle fut fort bonne; et partant, non obstant les choses oubliees, cett'ame la ne se doit nullement troubler. Et ostez luy la mauvaise apprehension qui la peut mettre en peyne pour ce regard; car la verité est que le premier et principal point de la simplicité chrestienne gist en ceste franchise d'accuser ses pechés quand il en est besoing, purement et nuëment, sans apprehender l'oreille du confesseur, laquelle n'est la presente que pour ouyr des pechés et non des vertus, et des pechés de toute sorte..

  A013000354 

 Je veux bien qu'elle le nourrisse, mais non pas qu'il croisse; car, croyez moy, il sera tousjours meilleur d'ouyr Nostre Seigneur avec indifference et en l'esprit de liberté, ce qui ne se pourra faire si ce desir grossit, car il assujettira toutes les facultés interieures et tyrannisera la rayson sur le choix.

  A013000355 

 Il est encor nuict, mais le jour s'approche; non, il ne tardera pas.

  A013000356 

 Mais qui vous a jamais enseigné que Dieu en fust autheur? Bien des tenebres, bien des impuissances, bien du liement a la perche, bien de la dereliction et destitution de vigueur, bien du devoyement de l'estomach spirituel, bien de l'amertume de la bouche interieure, laquelle rend amer le plus doux vin du monde; mais des suggestions de blaspheme, d'infidelité, de mescreance, ha non, elles ne peuvent sortir de nostre bon Dieu: son sein est trop pur pour concevoir telz objetz..

  A013000378 

 Il se trompe toutesfois bien fort, car si j'avois autant de pouvoir que j'ay de vouloir pour servir a l'entiere reformation de vostre Monastere, non seulement je ny mettrois pas de la rigueur exterieure, mais y mettrois une bien grande douceur; ce seroyt a l'interieur ou j'applicquerois toutes mes pensees..

  A013000430 

 Les arbres ne fructifient que par la presence du soleil, les uns plus tost et les autres plus tard, les uns toutes les annees et les autres de trois en trois, et non pas tous-jours esgalement.

  A013000431 

 Or sus, vous sçaves bien en quelle saulse il vous a mise, en quel estat et condition; et dites moy, vous est il tout un? Vous n'ignores pas non plus qu'il veut que vous payes cette dette journaliere de laquelle vous m'escrives, et neanmoins ce ne vous est pas tout un.

  A013000432 

 Il faut regarder ce que Dieu veut, [20] et, le reconnoissant, il faut s'essayer de le faire gayement, ou au moins courageusement; et non seulement cela, mais il faut aymer cette volonté de Dieu et l'obligation qui s'en ensuit en nous, fust ce de garder les pourceaux toute nostre vie et de faire les choses les plus abjectes du monde; car, en quelle saulse que Dieu nous mette, ce nous doit estre tout un.

  A013000444 

 Que le lict de vostre douleur est bien meilleur que le lict des delices, el que je l'honnore du fons de mon ame! Il me sera advis, en l'imagination [que] j'en feray souvent, de vous voir presser cette croix sur vostre cœur, et dire au [Sauveur crucifié,] comme saint Pierre: [Hé, Seigneur, ] non seulement les jambes, mais ....

  A013000472 

 Non seulement vostre laquais, mais monsieur nostre bon et cher pere m'a fait sçavoir combien de maux vous aves souffertz et de quelle sorte luy en est compassionné.

  A013000474 

 Mais quoy, pour cela se faut il troubler, ma chere Fille? Non, sans doute; c'est lhors qu'il faut esmonder et espurer davantage nostre esprit, et se servir avec plus de force de la confession que jamais..

  A013000479 

 Qui a Dieu pour object de ses intentions et qui fait ce qu'il peut, pourquoy se tourmente il? pourquoy se trouble il? qu'a il a craindre? Non, non, Dieu n'est pas si terrible a ceux qu'il ayme; il se contente de peu, car il sçait bien que nous n'avons pas beaucoup.

  A013000480 

 Dequoy Nostre Seigneur nous donna l'exemple au Jardin; car, tout accablé d'amertume interieure et exterieure, tout son cœur se resigna doucement en son Pere et en sa divine volonté, disant: Mais vostre volonté soit faite et non la mienne, et ne laissa pour toutes ses angoisses de venir troys fois voir ses disciples et les admonester.

  A013000485 

 Non, sans doute, car il est mieux d'estre sur la croix avec Nostre Seigneur, que de la regarder seulement.

  A013000489 

 Quant a cet autre bon Pere, j'appreuve que vous l'oyes et l'escouties, et qu'encores vous vous prevalies de ses conseilz en les executant; mais non en ce qu'ilz se treuveront contraires aux projetz que nous avons faitz de suivre en tout et par tout l'esprit de suavité et de douceur, et de penser plus a l'interieur des ames qu'a l'exterieur.

  A013000490 

 Non, ma chere Fille, je n'ay jamais creu qu'il fust a propos que les Religieuses eussent aucune chose en particulier, tant qu'il sera possible; mays je peux avoir dit que, tant que les Superieures le permettent, les particulieres peuvent user de cette liberté la, avec preparation d'esprit de tout quitter et mettre en commun quand les Superieures l'ordonneront.

  A013000506 

 Au demeurant, Monsieur mon tres honnoré Pere, j'ay une jeune seur que je desirerois mettre aupres de cette aisnee et plus chere en son Monastere, non pour estre Religieuse, si Dieu ne luy en donne l'inspiration, mais seulement pour avoir cet honneur d'estre aupres d'elle et d'apprendre la vertu en une si bonne compaignie.

  A013000522 

 Pour vous, ma chere Seur, je vous ay des-ja dit en une autre lettre que non seulement j'appreuvois le choix que vous avies fait d'iceluy pour estre vostre confesseur, mais que je m'en consolois; et vous disois que vous pourres apprendre de luy ce qui sera convenable touchant les aumosnes et autres charités que vous voules et deves faire.

  A013000523 

 Embrassés avec sincerité ses saintes volontés, quelles [38] qu'elles soyent, et ne pensés jamais avoir atteint a la pureté de cœur que vous luy deves donner, jusques a ce que vostre volonté soit non seulement du tout, mais en tout, et mesme es choses plus repugnantes, librement et gayement sousmise a la sienne tres sainte; regardant a ces fins, non le visage des choses que vous feres, mais Celuy qui vous les commande, qui tire sa gloire et nostre perfection des choses les plus imparfaittes et chetifves, quand il luy plaist..

  A013000524 

 Non, plus de ceremonies entre nous; nos liens ne sont pas faitz de ces cordes-la.

  A013000542 

 Le plus que vous pourres apporter d'abnegation ou indifference de vostre propre volonté, c'est a dire de desir et resolution de bien obeir aux inspirations et instructions que Dieu vous donnera, quelles qu'elles soyent, ce sera le mieux, car Nostre Seigneur agit es ames qui sont purement siennes et non præoccupees d'affections et de propres volontés.

  A013000559 

 Or, Monsieur, il n'est possible que de cette privation de gens d'Eglise, il n'arrive beaucoup d'inconveniens, et seroit bien plus raysonnable [43] que messieurs les Chevaliers de Saint Maurice fussent sans biens ecclesiastiques que non pas que les peuples fussent destituëes (sic) de l'office requis a leur salut..

  A013000604 

 Neantmoins, par tout deça les monts, ou les dioceses sont extremement grandes et embroulliees, la coustume porte que les Evesques puissent deputer digniorem sacerdotem; com'il est expressement declairé in Institutione Parrochorum Petri de Villars, Metropolitani nostri, a l'authorité duquel [48] je m'arreste non seulement par ce qu'il est nostre superieur, mais par ce quil est tres-docte et grand personnage.

  A013000605 

 Prenez donques la peine, Monsieur, in nomine Domini de faire la benediction requise en vostre parroisse, non seulement pro hac vice tantum, neque pro hac re tantum, sed pro omnibus similibus in quibus, aut de jure, aut de consuetudine, Episcopus delegare potest.

  A013000628 

 Non, il ne sera jamais possible que chose aucune me separe de vostre ame; le lien est trop fort.

  A013000629 

 Mon Dieu, ne craignés point que la providence de Dieu vous defaille; non, s'il estoit besoin, il envoyeroit plustost un Ange pour vous conduire que de vous laisser sans guide, puisqu'avec tant de courage et de resolution vous voules obeir.

  A013000640 

 N'aymés rien trop, je vous supplie, non pas mesme les vertus, que l'on perd quelquefois en les outrepassant.

  A013000653 

 Pour me tenir en possession de vous escrire a toutes les commodités qui s'en presenteront, je vous diray ces trois ou quatre choses lesquelles j'ay dittes a madame de Chantal nostre bonne seur, mais non pas si clairement quil ne soit encor utile de vous les representer icy.

  A013000654 

 Je me contente infiniment de ce que vous m'escrives que, non obstant toutes difficultés, en fin en fin vous passiés outre.

  A013000654 

 Or, ma Fille, ni a-il pas moyen de dissoudre petit a petit ces difficultés? Il le faut sans doute, et procurer d'avoir une vraye simplicité chrestienne, delaquelle le principal effect consiste a naifvement se declairer en confession, et bien plus encores; car je ne doute point qu'un jour Dieu vous fera la grace d'estre si humble que vous desireres que non seulement vos peres spirituelz, mais les autres aussi sachent toutes vos imperfections.

  A013000656 

 Nostre seur de Chantal me dit quelque chose de certaines craintes et ombres qui se presentent quelquefois a vous en vos prieres; et je luy dis que vous ne deviés pas seulement arrester un seul moment vostre esprit a considerer si cela estoit ou non, ni que cela peut estre ou que c'est; car je vous asseure, ma chere Seur, que cela n'est rien du tout, sinon une divagation d'imaginative que l'apprehension de la solitude, ou l'ennuy et difficulté de ces commencemens engendre en vostre esprit.

  A013000677 

 Je n'avois garde d'esconduire monsieur Mondon en sa demande, puisque non seulement elle tend a une bonne et charitable execution, mais aussi elle m'a occasionné le bien de recevoir de vos lettres et lettres pleines de bonnes nouvelles..

  A013000678 

 Non sans doute, il n'est pas possible d'arriver en un jour ou vous aspires: il faut ores gaigner ce point, demain un autre, et pied a pied nous nous [58] rendrons maistres de nous mesmes, qui ne sera pas une petite conqueste..

  A013000679 

 Je sçai que l'entreprise est grande, mais non pas tant que la recompense.

  A013000701 

 Non, ma Fille, je ne crain (sic) point les liens et chaisnes qui m'obligeront a vous, car le grand lien spirituel me serre si fort, que tous les autres me semblent des filetz d'araignees en comparayson.

  A013000702 

 Vous m'aves bien mis plus en peine quand vous m'aves parlé de sortir de cette Mayson-la, mais non pas sans m'en parler.

  A013000791 

 In tanta salutantium contentione qui, hoc Pontificatus initio, ad pedes Sanctitatis Tuæ venerabundi accesserunt, [69] non debui, credo, meam ingerere tenuitatem, quæ etsi obedientia, fide ac pietate erga Beatitudinem Tuam nulli inferior est, meritis tamen adeo depressa jacet, ut vix in comparatione conspici ac notari potuisset..

  A013000792 

 Sed nunc, Beatissime Pater, cum majorum omnium ardor expletus deferbuit, non recte faciam, si tacuero et noluero nuntiare quam boni nuntii dies assumptionis Tuæ fuerit, et me totamque hanc diæcesim maxima perfuderit lætitia.

  A013000793 

 Tu autem, Beatissime Pater, cor es et sol totius ministerii ecclesiastici: non dubium igitur quin, præter omnium Ecclesiarum sollicitudinem, singularem providentiam huic diæcesi instaurando adhibeas, quæ omnium maxime et pessime ab hæreticis vexatur; idque tanto uberius præstes, quo altius nobis præes et immines.

  A013000821 

 Dequoy pleures-vous, o femme? Non, il ne faut plus estre femme, il faut avoir un cœur d'homme; et, pourveu que nous ayons l'ame ferme en la volonté de vivre et mourir au service de Dieu, ne nous estonnons ni des tenebres, ni des impuissances, ni des barrieres.

  A013000821 

 Et a propos de barrieres: Magdeleyne vouloit embrasser Nostre Seigneur, et ce doux Maistre met une barriere: Non, dit-il, ne me touche point, car je ne suis pas encor monté a mon Pere.

  A013000852 

 Je crains extremement de me rendre importun, mais non pas en cett'occasion, en laquelle vous jugés bien, Monsieur, que mon desir est raysonnable, pour fort et pressant qu'il puiss'estre..

  A013000880 

 Non, de par Dieu, ma tres chere Fille, non, je ne seray point en peyne, je ne craindray point, je ne douteray point pour vos impuissances, ni pour le mal qui est dans vostre teste.

  A013000880 

 Qu'est ce que je puis craindre de vous a cette heure? Non, j'ay je ne sçai quoy qui me respond en bien de l'estat de vostre ame..

  A013000883 

 Non, sans doute, il n'a jamais dit: Parlés a la teste de Hierusalem, mays ouy bien: Parlés au cœur de Hierusalem.

  A013000885 

 Mais mon Dieu, commenceray je par la a vous parler de moy, puisque vous le desires? C'est la verité; hier tout le jour et toute cette nuit, j'en ay porté une pareille, non pas en ma teste, mais en mon cœur; mais maintenant elle m'est ostee par la confession que je viens de faire.

  A013000892 

 Ma response est devant Dieu: non, ne doutés point, ma Fille, je ne ferois pas un seul clin d'œil [84] pour tout le monde, je le mesprise de bon cœur; si ce n'est la plus grande gloire de nostre Dieu, rien ne se remuera en moy.

  A013000923 

 Non, non, ma Fille, laisses courir le vent, ne penses pas que le frifillis des feuilles soit le cliquetis des armes..

  A013000924 

 Non, ce me dit un paisan, n'ayés point peur et ne les touchés point, et elles ne vous piqueront nullement; si vous les touchés, elles vous mordront.

  A013000960 

 Non: que Nostre Seigneur nous tourne et vire a gauche ou a droitte; que, comme avec des autres Jacobs, il nous serre, il nous donne cent entorses; qu'il nous presse tantost d'un costé, tantost de l'autre; bref, qu'il nous face mille maux, nous ne le quitterons point pourtant qu'il ne nous ayt donné son eternelle benediction.

  A013000961 

 Non, nous n'avons pas encor les bras asses larges pour atteindre aux cedres du Liban, contentons nous de l'hyssope des.

  A013000975 

 Non, ma Fille, demeurés ferme (mais je vous l'ordonne au nom de nostre Maistre), demeurés ferme a ne point dire vos Heures ni l'Office, tant que les medecins vous diront que le recit vous seroit dommageable.

  A013000977 

 Courage, ma Fille, courage; a quoy sert il de desguiser nostre bonheur? Non, sans doute, Dieu nous donne des grandes conjectures qu'il est nostre et que nous serons un jour du tout a luy.

  A013000993 

 Non, dit saint Bernard, il ni a nul (sic) douleur esgale a la douleur des dens; il ni a aussi mal comparable au mal d'un monastere gasté.

  A013000994 

 Non seulement vous jouires du bonheur que la vie vrayement religieuse donne aux ames qui l'embrassent, mais vous en aures encor cette particuliere consolation: c'est, mes Dames, que non seulement vous receves cette benediction pour vous, mais vous la feres couler a vostre posterité spirituelle, et laisseres dedans vostre Mayson des plantes apres vous, qui rendront le mesme fruit, Dieu [96] aydant.

  A013001031 

 Et s'il vous falloit immoler vostre fille comm'Abraham voulut faire son enfant, et Jephté le fit reellement, n'auries vous pas le courage de le faire pour Dieu? Or, voyla une douce et non sanglante immolation de vostre fille que Dieu desire de vous; en cela connoistra-il combien vous l'aymes, si vous exposés l'ame de cette fille, qui est vostre ame, pour l'amour de sa divine Majesté, laquelle vous a tant aymè que de donner son Filz pour vous..

  A013001060 

 Era in Padoa un giovane gentilhuomo Savoiano, [106] nominato il signor di Sales, il quale voi favorivate singolarmente et gli davate molto libero accesso, non solamente al Sacramento di Penitenza, ma anco alla vostra conversatione.

  A013001061 

 Sì che io mi vidi Vescovo di Ginevra in un momento, caricato della condotta di questa miserabile barca, tutta fracassata et dentro aperta, nella quale bisogna che io confessi, mio Reverendo Padre, che ho bene della pena et del travaglio, ma non senza mistura di consolatione; poichè, per la gratia del nostro buon Dio, veggo ogni giorno uscire molte anime della heresia per rendersi dentro il seno della santa Chiesa.

  A013001063 

 Se io havessi avuto la commodità, io ve ne havrei fatto parte, non per giudicarlo degno de'vostri occhi, ma per rendere il debito mio et sottomettere alla vostra censura le cose mie, come già sottomisi la mia propria anima; di che sarò glorioso in tutta la vita mia..

  A013001075 

 Il y avait à Padoue un jeune gentilhomme savoisien, M. de Sales; [106] par une faveur singulière vous lui donniez un très libre accès auprès de vous, non seulement dans le Sacrement de Pénitence, mais encore dans votre commerce intime.

  A013001078 

 Je composai depuis un autre livret qui a reçu l'approbation de plusieurs; si j'en avais eu la commodité, je vous l'aurais offert, non certes que je le juge digne de tomber sous vos yeux, mais pour vous rendre mon devoir et soumettre à votre censure toutes mes affaires, tout ainsi que jadis je vous soumettais mon âme elle-même, et c'est de quoi je serai fier toute ma vie..

  A013001091 

 A cette intention je vous escriray asses souvent, non pour vous provoquer a me faire des responses (ce vous seroit peut estre trop de peyne), mais pour me ramentevoir en vostre bienveuillance et vous tesmoigner, tant que je pourray, combien j'en cheris l'honneur..

  A013001112 

 Non, je n'en veux point parler; Dieu nous veuille bien esclairer et faire voir son bon playsir, car, au peril de tout ce qui est en nous, nous le suivrons ou qu'il nous conduise.

  A013001113 

 Non, ma chere Fille, pendant que nos resolutions vivent, je ne me trouble point.

  A013001113 

 Vray Dieu! que devoit-elle penser en descendant et voyant ces abismes devant ses yeux interieurs? Je croy qu'elle disoit avec Job: Qui me fera la grace, o mon Dieu, que tu me conserves et defendes en enfer? Et avec David: Non, je ne craindray nul mal, car, Seigneur, tu es avec moy.

  A013001170 

 Quel bonheur que sa divine Majesté vous veuille employer a son service non seulement agissant, mays patissant! Ayés soin de conserver la paix et la tranquillité de vostre cœur; laissés bruire et gronder les vagues tout autour de vostre barque et ne craignes point, car Dieu y est, et par consequent le salut.

  A013001182 

 C'est nostr'Espoux moderne, ma chere Fille, car non seulement la mort ne dissoult point nostre mariage avec luy, ains elle le parfait, elle le consomme..

  A013001182 

 Mais que diray-je de nostre Espoux moderne? Quelle douceur exerça-il a l'endroit de ceux qui le tuerent, et non pas par disgrace et mesgarde, mais par une pleyne malice.

  A013001186 

 Non, je vous prie, ma Fille, ne violentes point vostre teste pour la faire franchir les barrieres; demeures tranquille en vostre orayson, et quand les distractions vous attaqueront, destournes-les tout bellement si vous pouves; sinon, tenes la meilleure contenance que vous pourres, et laisses que les mouches vous importunent tant qu'elles voudront, pendant que vous parles a vostre Roy.

  A013001186 

 Vous pouves les esmoucher avec un mouvement civil et tranquille, mais non pas avec un effray ni impatience qui vous face perdre contenance..

  A013001188 

 Pour ma seur, je suis de vostre advis; non que je ne voulusse bien qu'elle fut auprès de vous, puisqu'elle n'a pas son cœur contourné a la Religion, mais pour condescendre a l'amitié de madame l'Abbesse, qui merite bien qu'on ne la contrechange pas de desplaysir en ses faveurs.

  A013001207 

 Ah! que j'ayme ces oyseaux qui sont environnés d'eaux et ne vivent que de l'air, qui se cachent en mer [127] et ne voyent que le ciel! Ilz nagent comme poissons et chantent comme oyseaux; et, ce qui plus me plaist, c'est que l'ancre est jettee du costé d'en haut et non du costé d'en bas, pour les affermir contre les vagues.

  A013001220 

 A quoy il me semble que vous pouves et deves contribuer non seulement vos voix, mais vos remonstrances et persuasions, puisque l'erection et establissement de ce college servira tant a la gloire de Dieu et de l'Eglise, comme vous pouves juger et croire.

  A013001234 

 C'est pourquoy je vous y veux saluer par cette commodité, pour non seulement me ramentevoir en vostr'amitié, mais aussi pour demander, par vostr'entremise, la faveur d'estre continué en la bienveuillance de madame nostre mere, a laquelle mon obeissance filiale est entierement dediee.

  A013001269 

 Je finis cette annee, ma chere Fille, avec un desir non seulement grand, mais cuisant de m'advancer meshuy en ce saint amour que je ne cesse d'aymer, quoy que je ne l'aye encores point gousté.

  A013001286 

 Je sçai ce que dit saint Paul: Mulier in ecclesia taceat; mais il [135] parle tout ouvertement de la doctrine et non des cantiques, comme monstre le texte: Si quid autem volant discere, domi viros suos interrogent..

  A013001322 

 Je me sens un peu plus amoureux des ames que l'ordinaire; c'est tout l'advancement que j'ay fait despuis vous, mais au demeurant, j'ay souffert des grandes secheresses et derelictions, non toutefois longues, car mon Dieu m'est si doux, qu'il ne se passe jour qu'il ne me flatte pour me gaigner a luy.

  A013001329 

 Je pense que non, car mille liens me tiennent attaché si court et serré que je ne puis remuer pieds ni mains, si Dieu de sa sainte main ne m'en delivre.

  A013001355 

 O mon Dieu, que nous serons heureux si nous vivons et mourons en ce saint tabernacle! Non, rien, rien du monde n'est digne de nostre amour; il le faut tout a ce Sauveur qui nous a tout donné le sien..

  A013001356 

 Vrayement, j'ay eu de grans sentimens ces jours passés, des infinies obligations que j'ay a Dieu, et, avec mille douceurs, j'ay resolu derechef de le servir avec plus de fidelité qu'il me sera possible et de tenir mon ame plus continuellement en sa divine presence; et avec tout cela, je me sens une certaine allegresse, non point impetueuse, mais, ce me semble, efficace pour entreprendre ce mien amendement.

  A013001372 

 Il y a un autre exemple es gens mariés, qui, ce jour la, peuvent ains doivent rendre leurs devoirs, mais non pas les exiger sans quelque indecence, laquelle neanmoins ne seroit peché mortel.

  A013001372 

 Non, je ne voudrois pas m'abstenir d'aller en un honneste festin ni en une honneste assemblee ce jour la, si j'en estois prié, bien que je ne voudrois pas les rechercher.

  A013001373 

 Nos premiers Chrestiens estoyent au monde de cors et non de cœur, et ne laissoyent pas d'estre tres parfaitz..

  A013001375 

 On peut fuir de donner bonne opinion de soy, mais non pas rechercher de la donner mauvaise, sur tout par des fautes faittes expres.

  A013001376 

 Comme le sçaves-vous bien, ma chere Sœur? En quoy prefere-je les autres? Non, croyés-moy, vous m'estes chere et tres chere; et je sçai bien que vous ne prefereres pas les autres a moy, bien que vous le deussiés.

  A013001388 

 Non, je ne suis nullement en crainte pour les colomnes de nostre tabernacle, car Dieu en est le protecteur.

  A013001472 

 Pleut a Dieu que les hommes qui n'entrent en cette Mayson-la que par curiosité et indiscretion, en fisse (sic) bien scrupule, car ilz auroyent bon fondement pour cela; mais non pas vous, jusques a ce que, comme je dis, la clausure y soit establie, qui ne sera jamais si tost que je le desire..

  A013001473 

 Mais je ne pense pas que cela se puisse aysement; qui me fait dire qu'elles n'employent pas bien ce bon exemple, qui leur devroyt servir pour les animer a bien embrasser la perfection de leur estat, et non pas a les troubler et faire desirer celuy auquel elles ne peuvent arriver.

  A013001489 

 Non pas, peut estre, a ceux qui sont des-ja fort advancés en la montaigne de la perfection; mais pour nous autres qui sommes encor es vallees, quoy que desireux de monter, je pense qu'il est expedient de se servir de toutes nos pieces, et de l'imagination encores.

  A013001491 

 Et voyés-vous, ma chere Fille, en ces choses non necessaires, ou au moins desquelles je ne puis * pas bien discerner la necessité, ne prenés point mes paroles ric a ric; car je ne veux point qu'elles vous serrent, mais que vous ayes liberté de faire ce que vous croirés estre meilleur.

  A013001529 

 Vous me faites tous-jours des excuses; pour l'honneur de Dieu, non plus, car il semble que vous ne sçachies pas quelle ame sa divine bonté m'a donnee en vostre endroit..

  A013001577 

 C'est, Madame, qu'il vous playse commander a Pensabin de ne point vouloir exiger de luy, [170] ni le charger d'interestz et accessoires pour les sommes qu'il doit a Vostre Excellence, sinon a la mesme mesure et quantité que Sa Grandeur en veut retirer, affin que non seulement l'un, mais l'autr'aussi participe a sa charité et liberalité, et que l'un des debiteurs use a l'endroit de l'autre de la debonnaireté et gratification qu'il a obtenue de son seigneur et creancier, selon l'Evangile..

  A013001649 

 Que si Vostre Altesse n'use de sa providence et pieté ordinaire a commander audit Conseil et sieur Bergeraz que, sans delay, il (sic) satisfacent a leur devoir, je n'espere pas d'en voir jamais aucune bonn'issue, laquelle j'affectionne extramement, non seulement pour mon devoir et le salut de plusieurs ames qui manquent d'assistence faute de pasteurs, mais encor par ce que ce sera le comble de lhonneur, qui est deu a la bonté et pieté de Vostre Altesse, de la reduction de ces peuples; qui me fait la supplier tres humblement, et par l'amour de Nostre Seigneur, quil luy playse employer sa bonne et puissante main a l'execution d'une si saint'œuvre, de laquelle la recompense sera immortelle au Ciel, que je desire a Vostre Altesse de tout mon cœur, apres que, par une longue suite d'annees, ell'aura heureusement regné en terre, pour le bien de son peuple et la gloire de son Dieu..

  A013001682 

 Je garderay donques comme vous l'ordonnes les cent escus, et y feray joindre le reste que ma bonne mere vous doit, laquelle, avec tous ses enfans, non seulement se sentent obligés de vous rendre vostre bien a vostre besoin, mais de fondre tout le leur pour vostre service..

  A013001683 

 Vous ne sçauries sans doute, Madame ma chere Cousine, communiquer vos desplaysirs petitz ou grans, non plus que vos contentemens, a un'ame plus sincere en vostre endroit ni plus entierement vostre que la mienne; et ne doutes nullement que je n'observe avec toute fidelité le secret auquel, outre la loy commune, la confiance que vous prenes en moy me lie indissolublement.

  A013001684 

 C'est bien dit, ma chere Cousine, il le faut tous-jours faire et en toutes occurrences; et quand vous vous accoustumeres de faire souventefois cette remise, non de bouche seulement, mais de cœur, et profondement et sincerement, croyes que vous en ressentirés des effectz admirables.

  A013001685 

 Alles cependant tout bellement aux exercices de l'exterieur, et ne vous charges pas d'aller a Saint Claude a pied, non plus que ma bonne tante madame du Foug, laquelle n'est plus de l'aage auquel ell'y alla, quand je l'accompagnay.

  A013001704 

 C'est donq a la gloire de Nostre Seigneur que vous estes attachee, non pas a ses creatures.

  A013001710 

 J'appreuve encor plus que vous facies ces ouvrages de vos mains, comme le filer et semblables, aux heures que rien de plus grand ne vous occupe, et que vos besoignes soyent destinees ou aux autelz ou pour les pauvres; mais non pas que ce soit avec si grande rigueur que, s'il vous advenoit de faire quelque chose pour vous ou les vostres, vous voulussies pour cela vous contraindre a donner aux pauvres la valeur; car il faut par tout que la sainte liberté et franchise regne, et que nous n'ayons point d'autre loy ni contrainte que celle de l'amour, lequel, quand il nous dictera de faire quelque besoigne pour les nostres, il ne doit point estre [184] corrigé comme s'il avoit mal fait, ni luy faire payer l'amende comme vous voudries faire.

  A013001716 

 Ce pendant, vous fileres vostre quenouille, non point avec ces grans et gros fuseaux, car vos doigtz ne les sçauroyent manier, mais seulement selon vostre petite portee: l'humilité, la patience, l'abjection, la douceur de cœur, la resignation, la simplicité, la charité des pauvres malades, le support des fascheux et semblables imitations pourront bien entrer en vostre petit fuseau, et vos doigtz le manieront bien en la conversation de sainte Monique, de sainte Paule, de sainte Elizabeth, de sainte Liduvine et plusieurs autres qui sont aux piedz de vostre glorieuse Abbesse, laquelle, pouvant manier toute sorte de fuseau, manie plus volontier ces petitz, a mon advis, pour nous donner exemple..

  A013001717 

 Cela pourtant, sans bruit, sans incommoder nos affaires, sans laisser de filer non plus l'une que l'autre quenoüille.

  A013001720 

 Je ne revoque point en doute si je la vous dois donner ou non; car, outre mon inclination, ma mere le veut si fort qu'elle le veut avec inquietude, des qu'elle a sceu que cette fille ne vouloit pas estre Religieuse; si que, quand je ne le voudrois pas, il faudroit que je le voulusse.

  A013001730 

 Les octaves de Pentecoste et de la Feste Dieu ont esté miennes, ma chere Fille, mais seulement pour demeurer icy, et non pas pour y avoir aucun loysir.

  A013001741 

 Je m'y en vay de grand courage, et des ce matin, j'ay senti une particuliere consolation a l'entreprendre, quoy que auparavant, durant plusieurs jours, j'en eusse eu mille vaines apprehensions et tristesses, lesquelles neanmoins ne touchoyent que la peau de mon cœur et non point l'interieur: c'estoit comme ces frissonnemens qui arrivent au premier sentiment de quelque froidure.

  A013001828 

 Certes, vous feres bien de regarder simplement Nostre Seigneur crucifié, et de luy protester vostre amour et absoluë resignation, toute seche, aride et insensible qu'elle est, sans vous amuser a considerer ni examiner vostre mal, non pas mesme pour me le dire..

  A013001839 

 Non, ma Fille, ces impuissances ne vous empeschent pas d'entrer en vous mesme; mais elles vous empeschent bien de vous plaire en vous mesme..

  A013001839 

 Ou est ce que Dieu faisoit resider la force divine qu'il avoit mise en Samson, sinon en ses cheveux, la plus foible partie qui fust en luy? Que je n'oye plus ces paroles d'une fille qui veut servir son Dieu selon son divin playsir, et non selon les goustz et agilités sensibles.

  A013001841 

 C'est assés dit, ma Fille, et plus que je ne voulois, sur ce sujet des-ja tant discouru entre nous: non plus, je vous prie.

  A013001843 

 Or, le haut point de l'humilité, c'est de non seulement reconnoistre son abjection, mais l'aymer; et c'est cela a quoy je vous ay exhorté..

  A013001849 

 Encor faut-il avoir esgard a la charité, laquelle requiert quelquefois que nous ostions l'abjection pour l'edification du prochain; mais en ce cas, il la faut oster des yeux du prochain qui s'en scandalizeroit, mais non pas de nostre cœur qui s'en edifie.

  A013001851 

 Mais non, je ne vous avois pas dit que vous n'en eussies nulle esperance ni nulle pensee, ouy bien que vous ne vous y amusassies pas; parce que c'est chose certaine qu'il n'y a rien qui nous empesche tant de nous [206] perfectionner en nostre vocation que d'aspirer a une autre, car, en lieu de travailler au champ ou nous sommes, nous envoyons nos bœufz avec la charruë ailleurs, au champ de nostre voysin, ou neanmoins nous ne pouvons pas moissonner cette annee.

  A013001851 

 Non, ma Fille, jamais Jacob n'ayma bien Lia pendant qu'il souhaitta Rachel; et tenés cette maxime, car elle est tres veritable..

  A013001853 

 Entendés bien, pour l'amour de Dieu; je ne dis pas que non, mais je dis que mon esprit n'a encor sceu treuver dequoy dire ouy.

  A013001853 

 Et sachés qu'en cette enqueste, je me suis tellement mis en l'indifference de ma propre inclination pour chercher la volonté de Dieu, que jamais je ne le fis si fort; et neanmoins, l' ouy ne s'est jamais peu arrester en mon cœur, si que jusques a maintenant je ne le sçaurois dire ni prononcer, et le non, au contraire, s'y est tous-jours treuvé avec beaucoup de fermeté..

  A013001853 

 Je prieray de plus en plus Nostre Seigneur affin qu'il me donne plus de [207] lumiere pour ce sujet, affin que je puisse voir clairement l' ouy, s'il est plus a sa gloire, ou le non, s'il est plus a son bon playsir.

  A013001853 

 O doux Jesus, que vous diray-je, ma chere Fille? Sa toute Bonté sçait que j'ay fort souvent pensé sur ce point et que j'ay imploré sa grace au saint Sacrifice et ailleurs; et non seulement cela, mais j'y ay employé la devotion et les prieres des autres meilleurs que moy.

  A013001854 

 Et quand j'en serois tout resolu, encor ne voudrois je pas contester et preferer mon opinion ou a vos inclinations, quand elles seroyent fortes en ce sujet particulier (car par tout ailleurs je vous tiendray parole a vous conduire selon mon jugement et non selon vos desirs), ou au conseil de quelques personnes spirituelles que l'on pourroit prendre..

  A013001855 

 Ne preoccupés point vostre esprit par des vaines promesses de tranquillité, de goust, de merites; mays [208] presentés vostre cœur a vostre Espoux, tout vuide d'autres affections que de son chaste amour, et le suppliés qu'il le remplisse purement et simplement des mouvemens, desirs et volontés qui sont dedans le sien, affin que vostre cœur, comme une mere perle, ne conçoive que de la rosee du ciel et non des eaux du monde; et vous verres que Dieu nous aydera, et que nous ferons prou et au choix et a l'execution..

  A013001861 

 O Fille de peu de foy, qu'est ce que vous craignés? Non, ne craignes point; vous marches sur la mer, entre les vens et les flotz, mais c'est avec Jesus: qu'y a-il a craindre la? Mays si la peur vous saysit, criés fort: O Seigneur, sauvés moy.

  A013001862 

 Non, Dieu ne sçauroit vous perdre pendant que, pour ne le point perdre, vous vivres en nos resolutions.

  A013001883 

 Je dis que vous l'aymies et cherissies, non point pour ce qui est exterieur et qui peut regarder la sensualité en elle mesme, mais pour l'interieur, par ce que Dieu l'a ordonné, par ce que, sous cette vile escorce, la sainte volonté de Dieu s'accomplit.

  A013001884 

 En la mayson d'un prince, ce n'est [214] pas tant d'estre souillon de cuisine comme d'estre gentilhomme de la chambre; mais en la mayson de Dieu, les souillars et souillardes sont les plus dignes bien souvent, par ce qu'encor quilz se souillent, c'est pour l'amour de Dieu, c'est pour sa volonté et son amour; et cette volonté donne le prix a nos actions, non pas l'exterieur.

  A013001885 

 Mais la partie qui recherche peche-elle point, si elle sçait que l'autre aÿe communié? Et je vous dis que non, nullement, sur tout quand les Communions sont frequentes; ce que j'ay dit de l'Eglise primitive en fait foy, et la rayson y est toute claire.

  A013001886 

 Et par ce quil me semble que vous m'aves dit qu'ouÿ, il ni a nulle difficulté non seulement que vous les pouves, mais que vous les deves faire.

  A013001887 

 Les confessions annuelles sont bonnes, car elles nous rappellent a la consideration de nostre misere et nous font reconnoistre si nous avançons ou reculons, nous font rafraichir plus vivement nos bons propos; mais il les faut faire sans inquietude et scrupule, non tant pour estre absous que pour estre encouragé, et n'est pas requis de faire si exactement l'examen, mais seulement de gros en gros.

  A013001961 

 O Dieu! un de ses voysins se fit devaler avec une corde pour le chercher, et il le treuva non seulement mort, mais tout presque converti en glace; et, en cet estat, il l'embrasse, et crie qu'on le retire vistement, autrement quil mourra du gel.

  A013001961 

 Quelz esguillons pour moy, ma chere Fille! Ce pasteur qui court par des lieux si hazardeux pour une seule vache; cette cheute si horrible que l'ardeur de la poursuite luy cause, pendant quil regarde plus tost ou est sa queste et ou ell'a mis ses pieds que non pas ou il est luy mesme et ou il chemine; cette charité du voysin qui s'abisme luy mesme pour oster son ami de l'abisme: ces glaces me devoyent elles pas ou geler de crainte ou brusler d'amour?.

  A013001975 

 Selon ce que vous me proposes par la vostre du 26 septembre, j'appreuve que nostre bonne Abbesse commence a bien establir ces petites regles que nostre pere a dressees, non pas pour s'arrester-la, mais pour passer par apres plus aysement a plus grande perfection.

  A013001977 

 Mais non obstant tout cela, il faut beaucoup condescendre a leurs volontés, supporter leurs petites affections et plier le plus quil se pourra, sans rompre nos bons desseins.

  A013001978 

 Non, je ne me puis contenir, ma chere Fille, que je ne vous die ma pensee; je sçai que vous treuveres tout bon [226] ce qui vient de ma sincerité.

  A013002024 

 Hunc ergo mitto fratrem meum germanum, Ecclesiæ mese canonicum, qui meo nomine id muneris exequatur, et statum diæcesis, quam potui distinctissime ac accuratissime descriptum, deferat, cujus summa hæc est: provinciam vastam, pariter et vastatissimam, multa proinde ad ejus instaurationem requiri quæ non nisi a Sedis Apostolicæ authoritate manare queunt; ejus propterea opem et operam enixe ac summis votis exposco, cum paterna illa benedictione ac [232] benevolentia quam Vestra Sanctitas his libenter impertitur quos habet filios subditos cum omni timore..

  A013002048 

 Mandando in Roma questo mio fratello ad visitando, Apostolorum limina, vengo con questa a ricordameglie (sic) affettionatissimo servitore, et supplicarla poi che a detto fratello mio si degni usar il favore di farglie vedere gli essercitii della divotissima vostra Congregatione, laquale, con osservanza particolar, io riverisco molto; et in essa, il R. P. Thomaso Bozio, il quale [234] tuttavia non si ricordarà forsi delle carezze fatteme da luy mentr'io fui in Roma, et che Monsignor nostro, di buona memoria, me condusse tante volte nell'Oratorio..

  A013002049 

 Il nostro Priore de Bellevalle mi ha detto un pezzo fa che egli havea inviato il denaro per il quale Vostra Paternità mi scrisse, et mi rincresce che il povero huomo habbi tanti contrasti colli suoi monaci che veramente l'impediscono di far frutto; non litigiosum..

  A013002089 

 Paucis dicam: cum Genevam, filiam illam Babilonis miseram conspicio, aliaque circum oppida hæreticorum faucibus absorpta, non possum non cogitare missum me ad gentem apostatricem, duram facie, indomabilem corde, ad domum exasperantem et ad scorpiones.

  A013002090 

 Vale, Illustrissime ac Reverendissime Cardinalis, et me cultorem tuum addictissimum tua benevolentia [238] complecti ac fovere non desine, Christumque in omnibus habeto propitium..

  A013002108 

 Porro velle quidem adjacet mihi, perficere autem non invento nisi mittat Dominus auxilium de Sede Sancta sua, in cujus obsequium ac gloriam, te, quam diutissime idem Christus et Dominus incolumem servet, Illustrissime ac Reverendissime Domine, cujus purpuram exosculans....

  A013002124 

 Oh! qu'il tienne le second rang apres celuy de nostre Baptesme: jour du renouvellement de nostre temple interieur; jour auquel, par un eschange favorable, nous consacrasmes nostre vie a Dieu pour ne plus vivre qu'en sa mort; jour fondement, Dieu aydant, de nostre salut; jour presage de la sainte et desirable eternité de gloire, jour duquel le souvenir nous res-jouira non seulement en la mort temporelle, mais encor en la vie immortelle.

  A013002125 

 Ce n'est rien de ressentir ces mouvemens de cholere et d'impatience, pourveu qu'ilz soyent mortifiés a mesure que vous les voyes naistre; c'est a dire que vous taschies de vous remettre au lien et pacification du cœur, car cela estant, encor bien que le combat durast tout le jour, ce seroit de l'exercice, mais non pas de la perte pour vous..

  A013002190 

 Soyés esgale, ma tres chere Fille, envers toutes ces bonnes filles; salués-les, honnorés-les, ne les fuyés point; ne les suivés non plus qu'a mesure qu'elles tesmoigneront de le desirer.

  A013002191 

 Et je dis excellentes, parce que ces petites resolutions de ne faire pas mal ne sont pas suffisantes: il en faut une de faire tout le bien qu'on pourra et de retrancher non seulement le mal, mais tout ce qui ne sera pas de Dieu et pour Dieu..

  A013002200 

 Alioquin non sum adeo stupidus quin sentiam quam multum tuæ benevolentiæ debeam, quæ mihi, viro prorsus ignoto, et si ordinis episcopalis caracterem (qui mihi cum multis communis est) non observaveris, [250] nullo prorsus nomine conspicuo, librum illum aureum addicere cogitavit et voluit....

  A013002216 

 Quanto a questo ultimo, non vi vedo altra difficultà, poichè così si è usato per lo inanzi....

  A013002270 

 Il che havendo io veduto et saputo, non ho potuto né [256] dovuto lasciarlo partire senza darle queste poche righe in testimonio della verità..

  A013002285 

 De cette même foi, lui-même, il y a sept ans, a fait une vraie et sincère profession, non seulement avec beaucoup de constance, mais aussi avec beaucoup de piété et de ferveur.

  A013002285 

 Et non seulement il a sacrifié ses biens, mais, on peut le dire, il a même renoncé à sa femme et à ses enfants.

  A013002304 

 Mais quant a vostre fille, l'ay-je jamais veuë? Je croy que non, et qu'elle estoit avec la seur de monsieur vostre mary en un Monastere pendant que j'estois a Dijon.

  A013002322 

 Il faut, a l'exemple de nostre saint Bernard, estre bien net et bien propre, mais non pas curieux ni miste.

  A013002323 

 Vous voudries bien que tout fut en printems et esté; mais non, ma chere Fille, il faut de la vicissitude en l'interieur aussi bien qu'en l'exterieur.

  A013002324 

 Non, ma tres chere Fille, il n'est pas besoin pour l'exercice des vertus de se tenir tous-jours actuellement attentive a toutes; cela, de vray, entortilleroit et entreficheroit trop vos pensees et affections.

  A013002328 

 Ce sont advis bons et propres pour vous, mais non point commendemens; quand on commande on use de termes qui se font bien entendre.

  A013002328 

 Non, vous ne contrevenes pas a l'obeissance n'eslevant pas si souvent vostre cœur a Dieu et ne prattiquant [264] pas si a souhait les advis que je vous ay donné.

  A013002510 

 Mais faites voir donques que ces bonnes Meres prient fort a cett'intention, car hoc genus demoniorum non ejicitur nisi in oratione et eleemosina; et puis que nous avons des-ja une Prieure eslëue, c'est a elle de solliciter ce proces, et je l'en supplie bien fort..

  A013002532 

 A Dieu donq, ma tres chere Fille, jusques a ce tems la; et en ce tems la et en l'eternité, a Dieu soyons nous, et a Dieu sans plus, puisque hors de luy et sans luy nous ne voulons rien, non pas mesme nous mesmes, qui aussi bien, hors de luy et sans luy, ne sommes que des vrays riens.

  A013002541 

 Mais sçaves vous pas que je vous ay dit mille fois que je sçavois que vous m'aymies et que j'aymois bien fort nostre mutuelle amitié, non seulement pour le bien qu'elle me donnoit, mais parce que son fondement estoit eternel? Je me plais bien fort sur ce sujet..

  A013002541 

 Non, a la verité, je ne doute nullement que vous ne m'aymies fort estroittement; j'aurois bien peu de sentiment si tant de tesmoignages que vous m'en aves rendus ne m'en asseuroyent, outre lesquelz j'en ay un dans moy mesme qui me suffiroit pour cela; car il ne me semble pas que mon cœur vous peust aymer comm'il vous ayme si, par une secrette correspondance, le vostre ne l'attiroit; car l'on a beau dire que la connoissance des merites force a l'amour (je dis a l'amitié); c'en est vrayement un grand motif, mais inutile si on n'espere pas une reciproque affection.

  A013002561 

 Mais si elle n'a point d'autre chalaur qu'a la Communion et non point a la mortification des petites imperfections de la jeunesse, je pense qu'il suffiroit de la faire confesser tous les huit jours et communier tous les moys.

  A013002586 

 Et vous aussi, ma bien aymee Fille, non pas? Ouy, sans doute.

  A013002587 

 Ne regardés ni a droitte ni a gauche; non, cettuy-ci est le meilleur pour nous.

  A013002588 

 Dieu, qui void les intimes replis de mon cœur, sçait qu'il n'y a rien en ceci que pour luy et selon luy, sans lequel je veux, moyennant sa grace, n'estre rien a personne et que nul ne me soit rien; mais, en luy, je veux non seulement garder, mais je veux nourrir, et bien tendrement, cette unique affection.

  A013002589 

 Maintenant donq, y ayant pensé, je vous dis qu'il n'y a point de danger d'en parler quand l'occasion s'en presente, car cela ne tesmoigne que la memoire que vous en deves avoir; mais je croy qu'il seroit mieux, parlant de luy, d'en parler sans paroles et souspirs qui tesmoignassent un amour attaché et engagé a la presence corporelle; et parlant, en lieu de dire: feu mon pauvre mary, je voudrois [295] dire: mon mary, que Dieu ayt en sa misericorde; et ces dernieres paroles, les dire avec sentiment d'un amour non point affoibli par le tems, mais bien affranchi et espuré par l'amour superieur.

  A013002593 

 Humilies vous bien fort, mais, ma Fille, tous-jours d'une humilité douce et non empressee; car encor en cela y peut-il avoir de l'empressement..

  A013002604 

 Non, ce ne sont que des petites imaginations des vertus que mon cœur fait pour se recreer; car, quand c'est a bon escient, je ne suis pas si brave.

  A013002617 

 Ne vous empresses point, non, croyés moy; exerces-vous a servir Nostre Seigneur avec une forte et soigneuse douceur: c'est la vraye methode de ce service.

  A013002617 

 Sans doute, [298] ma chere Seur, c'est le cantique de l'Aigneau; il est un peu triste, mais il est harmonieux et beau: Mon Pere, qu'il soit fait, non point selon que je veux, mais selon que vous voules..

  A013002618 

 Elle le vouloit voir en son habit de gloire, et non pas en un vil habit de jardinier; mais neanmoins, en fin elle conneut que c'estoit luy quand il luy dit: Marie..

  A013002619 

 Croyes vous pas qu'il vous dit: Marie, Marie? Non, avant que vous le voyes en sa gloire, il veut planter dedans vostre jardin beaucoup de fleurs petites et basses, mays a son gré: c'est pourquoy il est ainsy vestu.

  A013002633 

 Non, ne vous estonnes de rien; mocqués-vous de ces assautz de nostre ennemy: je dis de ces assautz desquelz vous m'aves fait les monstres pendant vostre sejour en ce païs.

  A013002634 

 Non, ma chere Fille, si vous esties icy, encor ne voudrois-je pas pour cela entreprendre de faire taire les grenouilles; mais ce vous dirois-je bien qu'il ne les faudroit pas craindre ni s'en inquieter, ni ne penser pas a leur bruit.

  A013002647 

 Non, ma Fille, ne marqués plus ainsy par le menu vos defautz, remarqués-les seulement en bloc; car cela suffira abondamment pour vous faire connoistre a qui vous desires et pour vostre direction..

  A013002650 

 Non, de vray, je ne suis nullement simple; mais j'ayme si extremement la simplicité que c'est merveille.

  A013002663 

 Je vous souhaite un courage grand, et non point chatouilleux; un courage lequel tandis quil peut dire bien resolument: VIVE JESUS! sans reserve, ne se soucie point ni du doux ni de l'amer, de la lumiere ni des tenebres.

  A013002663 

 Non, [306] ma Fille, regardons a nostre Sauveur qui nous attend au dela de toutes ces fanfares de l'ennemi.

  A013002733 

 Ma perchè questa virtù et carità di quelli gentilhuomini crescerebbe et s'infiammarebbe non poco se venesse (sic) lodata, massime da tanta degnità et grandezza come è quella di V. S. Ill ma et R ma, per questo, confidatomi nella generosa bontà et amorevole carità di essa, io la supplico con ogni reverenza et humiltà, che si degni con mezzo di una sua lettera, dar animo a detti duoi gentilhuomini acciò siano consolati nel loro buono proposito.

  A013002775 

 Mais le tort de sa dote confessee et non receue reviendroit a messieurs vos parens plus proches, si vous mouries sans enfans; car il [319] faudroit quilz ramboursassent la somme de la dote a ces messieurs qui seroyent substitués, ou au moins cela le (sic) mettroit en proces.

  A013002831 

 Ma quella copia sarà restata sopra la tavola del signor suo Secretano, poichè con la lettera di lei non l'ho ricevuta; anzi, in vece di essa, ho ricevuta l'alligata, laquale credo sarà stata tolta in fallo, poichè nè viene dal Cardinale, nè di quella disputa de Auxiliis tocca in nissun modo.

  A013002868 

 Non, ma chere Fille.

  A013002869 

 Aussi ne ferons-nous, non pas? Non, ma Fille, moyennant la grace de sa divine Bonté..

  A013002870 

 Je luy en sçai bon gré; car ces cœurs a demi mortz, a quoy sont-ilz bons? Mais il faut que nous fassions un exercice particulier, toutes les semaines une fois, de vouloir et d'aymer la volonté de Dieu plus vigoureusement, je passe plus avant: plus tendrement, plus amoureusement que nulle chose du monde; et cela, non seulement es occurrences supportables, mais aux plus insupportables.

  A013002871 

 Et bien, si Dieu vous ravissoit tout cela, n'auries vous pas encor asses d'avoir Dieu? N'est ce pas tout, a vostre advis? Quand nous n'aurions que Dieu, ne seroit ce pas beaucoup? Helas, le Filz de Dieu, mon cher Jesus, n'en eut presque pas tant sur la croix, lhors qu'ayant tout quitté et laissé pour l'amour et obeissance de son Pere, il fut comme quitté et laissé de luy; et le torrent des passions emportant sa barque a la desolation, a peyne sentoit il l'esguille, qui non seulement regardoit, mais estoit inseparablement unie a son Pere.

  A013002873 

 Nous n'envoyerons point a son quarantal; non, ma Fille, il ne faut pas tant de mysteres pour une fille qui n'a jamais tenu aucun rang en ce monde, ce seroit se faire mocquer.

  A013002888 

 Non, ma chere Fille, vous confessant a des bons confesseurs, ne doutés nullement; car s'ilz n'avoyent le pouvoir de vous ouÿr, ilz vous renvoyeroyent.

  A013002918 

 O Dieu, non: ni la mort, ni les choses presentes ni les futures, ni les prosperités ni les adversités, ne nous separeront jamais de la charité qui est en Jesuscrist.

  A013002924 

 Non, ma chere Fille, quand je vous destinay le chapelet de saint François, je le fis a rayson de la dignité de sa matiere; mais sur le champ, il me vint en l'esprit que vous en seriés mortifiee, et sur cela je dis: Et bien! tant mieux.

  A013002926 

 Failloit il pas que je vous disse cela? Mais non, ce n'est pas par vantance; oh! ce n'est que par liberté..

  A013002926 

 J'ay presché sur les paroles de Dieu recitees par Hieremie: Je pense des pensees de paix et non point d'affliction.

  A013002946 

 En mon particulier, Monsieur, permettes moy que je dise que l'amitié non seulement fraternelle, mais encor paternelle, que je portois a ma petite seur, m'est demeuree en l'esprit pour la donner a cette autre encor plus petite seur que, ce me semble, me preparés; et si, la luy donneray avec un surcroist de respect et d'estime tout singulier, en consideration de l'honneur extreme que je vous porte, Monsieur, et a Monsieur de Bourges et a monsieur le President, sans y comprendre ce que je pense de la dilection que je dois a madame sa mere, vostre chere fille..

  A013003017 

 Cum de moribus et origine Petri Fenoilleti ad Montispessulanensem Ecclesiam a Rege Christianissimo nominati locupletissima collegissem testimonia quæ de more ad Sedem Apostolicam deferrentur, non potui cohibere animum quin ad Sanctitatis Vestræ pedes, tanquam ad omnium Ecclesiarum Patrem amantissimum pariter et amatissimum, gratulationis significationem exhiberem..

  A013003018 

 At Ecclesia illa Montispessulanensis eo meliore sponso indigebat quo deteriora ab hæreticis jampridem patitur incommoda, cui propterea non abs re dici possit: Magna est velut mare contritio tua; quis medebitur tibi? Quare consentaneum est ut Ecclesiæ iIli primum de qua tam recte collocanda agitur, tum etiam Ecclesiæ Romanæ, quasi matri optimæ, domestici Dei gratulentur..

  A013003019 

 Cumque propterea parrochialis ecclesiæ curam a me suscepisset mox ad canonicatum majoris Ecclesiæ nostræ evocatus, non potuit diutius tantisper splendor tam angustis finibus contineri, sed Lutetiam Parisiorum Quadragesimalium concionum causa accersitus, ubi primum ejus dicendi ac docendi vis, Christianissimi Regis aures pervasit, non fuit ei deinceps liberum quin concionatoris Regis honore afficeretur et onere, cui sustinendo cum in dies majorem animi firmitatem, ac doctrinæ robur [351] ostenderet, quod plerique præclari alioquin viri vix multis annis ac maximis intercessoribus obtinere possunt, hic tribus annis consequutus est, ut scilicet a Rege ad episcopatum Montispessulanensem Sedi Apostolicæ promovendus exhibeatur.

  A013003020 

 Hæc porro cum ita sint, Beatissime Pater, facile conjici potest quam fœliciter accidat Ecclesiam illam huic viro committi, qui per omnes ecclesiasticorum munerum gradus exercitatus ascendat supra muros illius, tanquam custos fidelis, qui non tacebit die ac nocte inclamare nomen Domini.

  A013003057 

 Non, je ne pense pas que nous eussions le courage de retarder ainsy, de propos deliberé, un seul pas de nostre chemin pour tout ce que le monde nous auroit presenté: non pas, ma Seur, ma Fille? Sans doute non, moyennant la grace de Dieu..

  A013003070 

 Il ayme dans le cœur, il entend au cerveau, il anime dans la poitrine, il void aux yeux, il parle en la langue, et ainsy des autres: il fait tout en tout, et lhors nous vivons, non point nous mesmes, mais Jesus Christ vit en nous.

  A013003073 

 Non point que, par ce mot de bon a tout, je le veuille traitter indiscrettement; mais je veux dire que je le pourray faire servir non seulement a la plume, mais a la chambre, et en fin a beaucoup de petitz services, et le tenir humble.

  A013003078 

 Vous me faites grand playsir, je dis tres grand, de m'exhorter a l'humilité; non pas parce qu'il ne me manque que cette vertu-la, mais parce que c'est la premiere et le fondement des autres.

  A013003118 

 Cela m'a un peu arresté, car j'estois en peyne sur ce mal sensible, mais non dangereux, avec lequel vous m'aves escrit la derniere lettre.

  A013003119 

 Non plus, ma chere Fille, car je ne puis plus.

  A013003132 

 Pourquoy faites vous cela, ma chere Fille? Non certes, il ne faut pas accabler l'esprit a force de travailler le cors; saint François le disoit a ses disciples.

  A013003134 

 Non point de desirer que je ne fusse pas d'Eglise, car cela eust esté trop grossier; mais parce qu'un peu auparavant, parlant avec des personnes de confiance (et vrayement je pense que ce fut nostre Groysi), je dis que si j'estois encor en l'indifference et que je fusse heritier d'un duché, je choisirois neanmoins l'estat ecclesiastique, tant je l'aymois, il m'arriva un desbat en l'ame, que si, que non, qui dura quelque tems.

  A013003136 

 La foy, l'esperance, la charité, pieces immobiles de nostre cœur, sont bien sujettes au vent, quoy que non pas a l'esbranlement: comment voulons nous que nos resolutions en soyent exemptes? Vous estes admirable, ma Fille, si vous ne vous contentés pas que nostre arbre demeure bien et profondement planté, mais que vous voulies encor que pas une feuille ne soit agitee..

  A013003138 

 Je les dis au Pere Recteur de Chambery, sans rien nommer, il m'y conforta; je les dis a un autre grand ecclesiastique, il m'y conforta; je les ay dites mille fois a Dieu, mais helas! non pas si reveremment que je devois, et tous-jours il m'y a conforté.

  A013003139 

 Non, ma Fille, ne philosophés point sur tout ceci, car je ne l'escris pas a cette intention, ni pour crainte que j'aye que le cœur vous faille.

  A013003139 

 Non, nullement: c'est simplement affin que, l'ayant proposé au Pere Gentil, vous puissies non point fortifier ces resolutions, car je les tiens invariables, mais vous y consoler, et moy aussi.

  A013003184 

 Hé, je ne veux pas dire que vous ne regardies pas, non; mais je veux dire: ne regardes pas pour vous y amuser, pour examiner soigneusement, pour vous embarasser et entortiller vostre esprit de considerations desquelles vous ne sçauries vous demesler.

  A013003184 

 Non, ma Fille, ne regardes plus ni a droitte ni a gauche.

  A013003187 

 Nous n'avons point d'intention que pour la gloire de Dieu, non pas? Non certes, au moins d'intentions descouvertes; car si nous en descouvrions, nous les arracherions tout aussi tost de nostre cœur.

  A013003189 

 Elle s'est un peu plus estroittement liee au Crucifix et a la dependence de son pere spirituel; non pas que son intention ne fut telle tous-jours, mais non pas si ouverte et declairee..

  A013003211 

 Or, ne vous mettes pas en peyne si elle prendra vos parolles par advertissement ou non, car il n'y a rien a craindre; non, elle va fort rondement et naifvement.

  A013003260 

 Mon Dieu, que le royaume interieur est heureux quand ce saint amour y regne! Que bienheureuses sont les puissances de nostre ame qui obeissent a un roy si saint et si sage! Non, ma chere Cousine, sous son obeissance et dans cet estat, il ne permet point que les grans pechés habitent, ni mesme aucune affection aux plus moindres.

  A013003278 

 Combien de courtisans y a-il qui vont cent fois en la presence du Roy, non pour luy parler ni pour l'ouyr, mais simplement affin d'estre veus de luy et tesmoigner par cette assiduité qu'ilz sont ses serviteurs? Et cette fin de se presenter devant Dieu, seulement pour tesmoigner et protester de nostre volonté et reconnoissance a son service, elle est tres excellente, tres sainte et tres pure, et par consequent de tres grande perfection..

  A013003295 

 Non, a la vérité, elle n'en a point, ni d'estre, ni de subsistence, sinon en leur langue qui la fait naistre de leur impudence..

  A013003297 

 Non, si jamais je vous oublie, ou ma chere Geneve, si je ne me resouviens de vous en toutes mes [390] prieres, que ma dextre et mon bonheur soit mis en oubly et que je sois effacé.

  A013003309 

 Pardonnes moy, Madame ma tres chere Fille, cette liberté avec laquelle je vous incommode de cette fille, qui ne pourra jamais, non plus que moy, correspondre a l'obligation qu'elle vous a. Nostre Seigneur vous en veuille recompenser, et je suis,.

  A013003323 

 Au jardin de l'Eglise, les vefves sont comparees aux violettes, petites fleurs et basses, de couleur non guere esclattante, ni d'odeur trop piquante, mais soüaifves a merveilles.

  A013003330 

 Non, ma chere Fille; je desire que vous ayes un cœur large et grand au chemin.

  A013003376 

 Ce n'est pas de ce jourdhuy que ce corps a recherché et obtenus de semblables faveurs de voz predecesseurs, non sans grande edification de tout le peuple, de veoir un principal Evesque s'acquiter dignement d'une si digne charge en la principale chaire de la Savoye.

  A013003393 

 Que je suis contant et consolé quant je reçois de voz nouvelles! Elles me ravissent; et qui n'en seroit touché, y reconnoissant une affection sans mesure envers moy, qui n'en suis digne que par vostre pure bonté et courtoisie? Les grandes obligations doivent estre plustot ensevelies dans le silence que non assez dignement remercieez.

  A013003412 

 Je vous baise les mains mille et mille fois de la souvenance que vous avez de moy et de mon chapitre, estant neanmoins bien desplaisant, non tant de la peine que de l'incommodité que ce chapitre vous donne parmy tant d'autres affaires plus importants et plus pressants.

  A013003428 

 Soit à luy toute gloire et honneur, quoniam ipse fecit nos, et non ipsi nos..

  A013003470 

 Elle recitoit le Chappellet tous les jours, non seulement une, mais trois et quatre fois.

  A013003506 

 Interim, ut facis, vigila, ac mentis oculis perspice ad quem populum sis missus Pastor, quem non minus sanæ doctrinæ prædicatione quam vitæ irreprehensibilis exemplo ad unitatem Catholicæ Ecclesiæ reducendum scias.

  A013003525 

 Quæ omnia sacram Congregationem Cardinalium Concilio Tridentino interpretando, atque Prælatorum sacra limina visitantium postulatis audiendis præpositorum, maxima jucunditate spiritali perfuderunt; illud nimirum respicientem, divina factum esse Providentia, ut isti ægræ ac nutanti Christianæ reipublicæ parti, tantæ pietatis, zeli, virtutis ac sollicitudinis contigisse Pastorem, ut de animabus istis meliora quotidie, Deo dante, sperare possit; jamque pro certo habeat sanas oves sub tali Pastore ægritudinem non contracturas, imo et quotidie plures ex asgris veræ Catholicæque Religionis sanitatem, quod jam multe sacris concionibus permotæ fecerunt, aliquando recuperaturas..

  A013003539 

 Vos vertus et vos mérites m'obligeoient assez à vous honorer et à vous consacrer mes très-humbles services, mais l'affection qu'il vous plaît porter à toute notre petite famille et l'estime que vous faites de ma fille de Chantal m'accable d'obligations; de sorte que, ne pouvant assez m'acquiter, je serai contraint de faire cession non seulement de ce peu de bien que Dieu m'a donné, mais aussi de moi-même, qui suis et veux demeurer à jamais vostre très-humble serviteur..


14-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XIV-Vol.4-Lettres.html
  A014000112 

 — Celui-ci désire y apporter non un esprit de contention, mais de bonne foi; entre les difficultés, il faut choisir les plus importantes et les éplucher.

  A014000181 

 — Quand on a pris une bonne résolution, il faut la rectifier, si elle est excessive, mais non la rompre. 187.

  A014000309 

 J'ay receu vostre lettre du 21 avril qui me fait admirer la bonté du Roy, qui non seulement me fait lhonneur de se resouvenir de moy, mais encor de me vouloir du bien et m'estimer digne de luy rendre du contentement au service de l'Eglise en son royaume.

  A014000359 

 Non, croyés-le bien, ma chere Fille (mais voyes vous, n'en parles a personne, je vous dis tout), ce ne seroit pas sans repugnance s'il me failloit changer de logis, bien que je ne me sente nullement attaché qu'a quelques ames, d'un lien tput purement spirituel, Dieu mercy.

  A014000389 

 Humiliés vous fort devant la trouppe celeste des vierges et, par l'humble priere, suppliés-les qu'elles vous reçoivent avec elles, non pas pour pretendre a les esgaler en pureté, mais au moins affin que vous soyes advoùee leur servante indigne, en les imitant au plus pres que vous pourres.

  A014000394 

 Mais, ma bonne Fille, ce vœu estant fait, il faut que vous ne permetties jamais a personne de chatouiller vostre cœur d'aucun propos d'amour ni de mariage; mais que vous ayés un grand respect a vostre cors, non plus comme a vostre cors, mais comme a un cors sacré et a une tres sainte relique.

  A014000458 

 Il le faut donques corriger doucement et tranquillement, et non pas le courroucer et troubler davantage.

  A014000487 

 Quod ubi cognovi, non diutius immorandum duxi quin humillimis praecibus a Dominatione Vestra Ill ma et R ma contenderem ut mihi eadem facultas, et per longius temporis spatium, si qua fieri possit ratione, concedatur..

  A014000488 

 Petitionis ratio est quia plerosque adhuc in diocæsi habemus haereticos qui quotidie, tum publicis concionibus, tum privatis colloquiis, ad Ecclesiae caulas redeunt, et quia cominus, non solum cum haereticis, sed cum haereticorum magistris pugnare, et mihi interdum et aliis [31] etiam per diocaesim concionatoribus contingit, quod sine prohibitorum librorum lectione vix fieri posse, nemo peritus dixerit.

  A014000499 

 De plus, il m'arrive, comme aussi aux autres prédicateurs, d'avoir à combattre de près à travers le diocèse, non seulement les hérétiques, mais aussi les ministres; or, de telles discussions sont presque impossibles si l'on n'a pas lu les ouvrages prohibés.

  A014000509 

 Je m'imagine que je le gouverneray paysiblement, non obstant la disparité de nos eages, car beaucoup de bons veillars m'ont aymé.

  A014000510 

 A la fin, je me mis a luy remettre non seulement ces enfans de mon cœur, mais aussi le cœur de mes enfans et mes enfans de cœur.

  A014000516 

 Elle chemine fort bien et advance de bien én mieux; je la voy souvent, au pris de vous, mais non pas si souvent que je voudrois, par ce que je n'en ay pas la commodité pour le faire a propos.

  A014000550 

 At in rei veritate dico: cum generalem diocaesis meae visitationem, nulla praetermissa parrœcia, pene exegerim, nullum omnino reperi [42] haereticum in parroeciis quae a Bernatibus et Genevatibus non fuerunt occupatae, nullum librum prohibitum, antiquis nonnullis exceptis, qui ex mera negligentia et contemptu in alicujus domus profundo pulvere restabant; et Catholici nostri tantis anguntur scrupulis, ut, cum de libro aliquo dubitant, vel in ignem projiciunt, vel deferunt ad delegatos.

  A014000550 

 Profecto si res ita haberet, justissime non tantum indignaretur in me Sua Sanctitas, sed negligentiam meam, imo vero proditionem, castigaret.

  A014000551 

 Fateor postea me non tanta uti diligentia quanta necessarium forte foret; verumtamen in ea qua secundum tenuitatem meam uti possum, fidelis sum et sincerus, et in me nec perfidia nec animi defectus, siquidem virium et insitae dotis, reperientur..

  A014000552 

 Obsecro te autem, Illustrissime Domine, uti hilaritatis mihi in afflictissima hac provincia necessariae protector esse velis: pendet vero ex eo haec hilaritas, ut sciam Sanctam Sedem de actibus meis non contristari, ut a generali illa sua erga inferiores benevolentia non me excludat.

  A014000556 

 Si ce reproche était fondé, Sa Sainteté aurait un très juste motif, non seulement de s'indigner contre moi, mais encore de châtier ma négligence, je dirais même ma trahison.

  A014000567 

 non pas plus que moy.

  A014000649 

 Il faut sur toutes choses, ma chere Fille, procurer cette tranquillité, non point parce qu'elle est mere du contentement, mais parce qu'elle est fille de l'amour de Dieu et de la résignation de nostre propre volonté.

  A014000787 

 Non pas, mon cher Frere, que je veuille forclorre l'accroissement de vos bons exercices ni la purification continuelle de vostre cœur; mais, fac quod facis, et melius quam facis.

  A014000788 

 Ne vous estonnés point si les fruitz ne paroissent pas encor, quia si patienter opus Domini feceris, labor tuus non erit inanis in Domino..

  A014000808 

 Je m'essayeray de tenir l'affaire liee en sorte que nous le ( sic ) puissions voir achevee, car vous ne le desires pas plus que moy; mais sil ne plait pas a Dieu, il ne me plait pas non plus, ni a vous, car je parle de vous comme de moy..

  A014000809 

 J'ay treuvé ma pauvre bonne mere si tres malade a mon gré que j'en ay esté estonné; non pas qu'elle soit alittee, mais il semble que ce soit une lassitude et acheminement a une deffaillance de nature.

  A014000810 

 Je luy suis tout dedié, non seulement pour les obligations exterieures, mais par inclination interieure.

  A014000873 

 Saint François aymoit les aigneaux et moutons parce qu'ilz luy representoyent son cher Sauveur; et je veux que nous aymions ces vendanges temporelles, non seulement parce que ce sont choses appartenantes au soin qui correspond a la demande que nous faysons tous les jours de nostre pain quotidien, mais aussi, et [78] beaucoup plus, parce qu'elles nous eslevent aux vendanges spirituelles..

  A014000948 

 Ne vous amuses donq point a examiner si vous y aves consenti ou non; mais, tout simplement, continues vos œuvres comme si cela ne vous regardoit nullement..

  A014000950 

 Ne respondes non plus aucun mot a la pensee deshonneste [85] qui vous arrive; seulement, dites en vostre cœur, a Nostre Seigneur: O Seigneur, vous sçaves que je vous honnore; ah! je suis toute vostre; et passes outre, sans disputer avec cette tentation..

  A014000951 

 Quand vous n'aures pas vostre confesseur ordinaire, il ne faut pas laisser d'aller a un autre, regardant a Dieu et non pas a l'homme qui confesse ou absout; mesmement, vous confessant souvent comme vous faites..

  A014000987 

 Non point que ce soit grand peché, car tout au plus il n'est que veniel; mais par ce que ce sera plus d'edification pour toute vostre compaignie et plus de satisfaction pour vostre ame, si vous vous retires demi heure devant souper pour dire vos Vespres, faysant paroistre que cela est vostre cher ouvrage et vostre besoigne bienaymee.

  A014001029 

 Il n'y eut pas grand mal, non, en ces desdains que vous tesmoignastes parlant avec elle.

  A014001107 

 Je vous recommande de vous accuser en confession clairement, franchement et simplement, et ne vous empresses point pour vos confessions, pourveu que vous gardies cette fidelité a Dieu, de ne point retenir ni excuser vos pechés: Non, non, mon Sauveur, deves vous dire, jamais je n'oublieray vos volontés, car en icelles, vous m'aves justifiee..

  A014001118 

 Bref, resouvenes vous que l'espouse de Nostre Seigneur est appellee Sulamite, c'est a dire paisible, et que dessous sa langue est le lait et le miel; en ses levres, le rayon distillant, comme il est dit au Cantique Saint Paul nous apprend de vaincre le mal, et non [105] seulement de le combattre.

  A014001135 

 Non, les nœudz sont minces, entrefichés, entortillés; vous les penseres desfaire, et les entreficheres plus fort; vos ongles [sont] trop courtes pour passer toutes ces boucles.

  A014001140 

 Elle cherche Nostre [Seigneur] non pas en se res-jouissant, mais en pleurant.

  A014001145 

 Qu'est il besoin de disputer? Non, pas un seul mot de replique, sinon celle de Nostre Seigneur: Arriere de moy, o Satan, tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu..

  A014001189 

 Non, je ne penseray point que ce soit ma belleseur, elle me sera plus que seur et plus que fille; mais pour cela, se faut il empresser? [117].

  A014001217 

 Il faut hair nos defautz, mais d'une hayne tranquille et quiete, non point d'une hayne despiteuse et troublee; et si, il faut avoir patience de les voir, et en tirer le prouffit d'un saint abayssement de nous mesme.

  A014001231 

 Occupés le plustost a le preparer et mettre en la posture requise pour les recevoir, non pas quand vous voudrés, mais quand Dieu voudra les vous permettre..

  A014001233 

 Voyés vous, ma chere Fille, faites un particulier exercice de douceur et d'acquiescement a la volonté de Dieu, non point pour les choses extraordinaires seulement, mais principalement pour ces petites tricheries quotidiennes.

  A014001237 

 Vostre voysine peut fort loüablement payer derechef ce qu'elle ne doit pas, pour eviter le mal d'un proces ou d'une discorde a son mary, si la somme n'estoit pas fort importante; car, si pour le preserver d'une fievre corporelle, elle peut bien a son insceu employer de l'argent, pourquoy non pour divertir une fievre spirituelle?.

  A014001249 

 Pour cela, laissant aux grans ouvriers les grans desseins, j'ay conceu certains petitz ouvrages moins laborieux, et [125] neanmoins asses propres a la condition de ma vie, non seulement vouee mais consacree au service du prochain pour la gloire de Dieu.

  A014001250 

 Je medite donq un livret de l' Amour de Dieu, non point pour en traitter speculativement, mais pour en monstrer la prattique en l'observation des commandemens de la premiere Table.

  A014001251 

 Et en ce dernier livre, je voudrois, par maniere de prattique, desfaire tous les plus apparens et celebres argumens de nos adversaires; et ce, avec un style non seulement instructif mais affectif, a ce qu'il proffitast non seulement a la consolation des Catholiques, mais a la reduction des [126] heretiques: a quoy j'employerois plusieurs méditations que j'ay faites durant cinq ans en Chablais, ou j'ay presché sans autres livres que la Bible et ceux du grand Bellarmin..

  A014001255 

 Mais, mon Dieu, que dires vous de moy, Monseigneur, me voyant espancher mon ame devant vous avec autant de naïfveté et d'asseurance, comme si j'avois bien merité l'accueil que vous me faites et l'acces que vous me donnes? [127] Je suis tel, Monseigneur, et vostre sainte charité me donne cette libre confiance; et, outre cela, me fait vous conjurer, par les entrailles de nostre commun et souverain object et Sauveur, de me continuer ce bien que vous aves commencé a me departir, non seulement me communiquant la suavité de vostre esprit, mais me censurant et advertissant en tout ce que vostre dilection et zele vous dicteront; vous promettant que vous rencontrerés un cœur capable, quoy que indigne, de recevoir de telles faveurs..

  A014001266 

 Sachés seulement, ma vraye Fille, que je suis tout plein de joye et de contentement dequoy vostre Groysi parle non seulement avec respect, mais avec un amour tout affectionné de vous et de messieurs vos peres, et ce qui me plaist le plus, de ma chere petite Aymee.

  A014001268 

 Non pas, certes, car ou je vous y attendray, ou j'y seray aussi tost que je vous y sçauray..

  A014001298 

 Et en cette sorte, vous pourres retrancher une heure sur vostre sommeil du costé du matin, et non pas le soir, et je m'asseure que vous vous en porteres mieux.

  A014001307 

 C'est pourquoy, ma chere Fille, il faut qu'en ces exercices vous consideries la volonté de Dieu, qui y est, et non pas la chose mesme qui se fait.

  A014001307 

 Invoqués souvent l' unique et belle colombe de l'Espoux celeste, affin qu'elle impetre pour vous un vray cœur de colombe, et que vous soyes colombe non seulement volant par l'orayson, mais encor dedans vostre nid et avec tous ceux qui sont autour de vous..

  A014001328 

 Rendés-le bien utile a vostre advancemerit spirituel par vostre abnegation reelle des goustz, des suavités qu'il vous oste, non seulement quant au cors, mais encor quant a l'esprit.

  A014001342 

 Cela est clair par l'authorité de tous les plus dignes Evesques de l'Eglise de Dieu, qui ont appellé de tiltres bien plus relevés non seulement les Patriarches et Archevesques, mais les autres Evesques mesmes.

  A014001342 

 Et a cet argument ne satisfait pas la response, que tous les prestres estoyent censés saintz, heureux, peres, et que par consequent il failloit qualifier les Evesques sur iceux: non, Monseigneur, car tous ces tiltres regardoyent leur estat, leur dignité, leur Ordre..

  A014001343 

 Car, quelle rayson y a-il que j'appelle les princes du siecle Messeigneurs, et non pas ceux quos constituit Dominus principes populi sui? Et ne sert a rien de dire: Non dominantes in cleris; car, comme non debetis dominari, sic nostrum subjici.

  A014001343 

 Je dis secondement, que non seulement je puis vous appeller Monseigneur, mais il est expedient que je le fasse, et seroit bon que cela se fist par tous les Evesques.

  A014001343 

 Puisque nous ne pouvons refuser aux princes mondains ce tiltre d'honneur, ne ferions-nous pas bien de nous esgaler, tant qu'en nous est, a eux pour ce regard, desquelz on peut dire que derident nos juniores [hoc] tempore, quorum non audebant patres cum sacerdotibus minoribus incedere..

  A014001344 

 Je dis, troysiesmement, qu'il est bien seant; car encor que l'Italie et la France sont separees et qu'il ne faut pas porter le langage de l'Italie en France, si est ce que [144] l'Eglise n'est pas separee; et le langage, non pas de la cour, mais de l'Eglise de Romme, est bon par tout en la bouche des ecclesiastiques.

  A014001346 

 Vostre dilection, qui souffre tout et qui est non seulement patiente, mais debonnaire, me rendra excusable, vous asseurant que je suis.

  A014001353 

 Non, de par Dieu, car ce seroit joindre defaut a defaut; mais je veux dire que vous perseveries a vouloir bien faire, et que vous retournies tous-jours au bien, soudain que vous connoistres de vous en estre esloignee, et moyennant cette fidelité, que vous viviés tous-jours bien joyeuse..

  A014001424 

 Il vint donques, et ayant encor ouy M me de Chantal, il respondit que non obstant toutes les difficultés quil y avoit a la cure de ce mal, il espereroit de vous guerir, mais que pour cela il faudroit du loysir..

  A014001426 

 Que si Dieu nous estoit [154] si misericordieux que vous puissies guerir par l'operation de ce viel homme, alhors non seulement je ne craindrois pas de vous donner la peyne le faire le voyage, mais je vous y provoquerois pour vous gouverner un peu a souhait en vostre esprit..

  A014001487 

 J'admire que monsieur N. se soit persuadé cette opinion, que l'on ne puisse pas communier sans ouyr la Messe, car non seulement elle est sans rayson, mais elle est sans apparence de rayson.

  A014001554 

 Il a, a mon advis, beaucoup de l'air de Monsieur l'Archevesque son oncle, non seulement au visage mais encor en l'esprit.

  A014001610 

 Et tout plein de petites traverses et secrettes contradictions qui sont survenues a ma tranquillité, me donnent une si douce et suave tranquillité que rien plus, et me presagent, ce me semble, le prochain establissement de mon ame en son Dieu, qui est certes, non seulement la grande, mais, a mon advis, l'unique ambition et passion de mon cœur.

  A014001611 

 C'est, ce me semble, comme le guy, qui croist et paroist sur un [178] arbre et en un arbre, bien que non pas de l'arbre ni par l'arbre.

  A014001611 

 Mais, ma Fille, comment donques se peut il faire que sur une telle volonté tant d'imperfections paroissent et naissent en moy? Non certes, ce n'est pas de ma volonté ni par ma volonté, quoy qu'en ma volonté et sur ma volonté.

  A014001622 

 N'ayant eu nul advis de vous sur le sujet de la conference de laquelle vous m'escrives, despuis la premiere [179] fois que vous pristes la peyne de m'en venir parler, j'en avois laissé le soin, bien que non pas la memoire.

  A014001644 

 Or, je reviens a ce que je disois: c'est que je n'ose encor dire que non, tandis que j'espere que l'accommodement des Princes accommodera peut estre ces affaires; ni aussi je ne veux dire qu'ouy, ne pouvant avoir null'asseurance.

  A014001649 

 J'escris cette lettre sans loysir et sans esprit, mais non pas sans cœur, car mon cœur est tous-jours ou il vous peut regarder.

  A014001693 

 En ceci, la dilation ne peut nuire, mon Reverend Pere; et je sçai tout maintenant par un advis, que si la conference se fait, il sera voirement bien requis que nous nous voyons, non pour autre chose, que parce que l'humeur de ce peuple la m'estant familiere, je vous pourray dire plusieurs [192] choses qui vous serviront en cette sainte et tres prouffitable entreprise..

  A014001704 

 Or sus, il faut pourtant s'accommoder a non seulement vouloir, mais a cherir, honnorer et caresser le mal, comme venant de la main de cette souveraine Bonté a laquelle et pour laquelle nous sommes.

  A014001715 

 Je n'employeray pas davantage de paroles pour vous exprimer mon affection en ce point, non plus [que] pour vous offrir derechef mon humble service, que je vous supplie accepter et tenir tous-jours pour tout asseuré.

  A014001728 

 Je ne m'en vante pas, non, car il [196] y eut peu de prudence en cette resolution-lâ; mais, comme vous sçaves, ce n'est pas ma vertu que celle la..

  A014001728 

 Vous aures sceu comme je traversay Geneve sous la conduite de mon bon Ange, et cela seulement per non parer poltrone et pour verifier que qui ambulat simpliciter, ambulat confidenter, et avec la profession de ma qualité.

  A014001763 

 Je dis infini, Sire, par ce qu'en effect, il regarde le salut des ames, qui s'estend jusques a l'eternité; et non seulement des ames qui ont esté maintenant favorisees de cet incomparable bonheur, mais de plusieurs autres qui, excitees par l'exemple de celles ci et par l'odeur de la sainte affection de Vostre Majesté, minutent des tres humbles requestes pour en obtenir une pareille grace.

  A014001778 

 Non, il ne faut point avoir ces craintes; mais, en vous humiliant et reconnoissant que vous estes toute inutile, esperes en la grandeur de la misericorde divine qu'elle vous sera propice de plus en plus.

  A014001899 

 Io ve ne rendo gratie, mio Reverendo Padre, et mi rallegro di tutto mio core di sapere per questa occasione che non solamente la Providenza divina vi ha conservato in sanità insino al presente, ma parimente mi ha conservato nella vostra benevolenza, la quale io tengo per una ventura ben cara et pretiosa per me, il quale reciprocamente continuo in honorarvi nella mia anima con un rispetto et amore tutto particolare.

  A014001900 

 Noi non habbiamo più alcun heretico nei balliaggi o signorie di Ternier e Gagliard, nè nel ducato di Chiablès, [220] dove erano quasi tutti, già sedici anni ch'io vi fu ( sic ) mandato.

  A014001900 

 Una signora, la quale non si era giamai potuta ridurre, essendo morta questi giorni passati, doppo havere nondimeno fatto professione della fede catolica il giorno medesimo ch'ella morì, et havendo ricevuto i divini Sacramenti per le rimonstranze fattele da una paesana sua vicina, ha fatto grandemente maravigliare dei segreti della bontà di Dio, coloro i quali hanno saputo considerargli in questo fatto..

  A014001903 

 E non sò se egli intese il motto di diocese; almeno egli mi lasciò entrare, e così io passai a cavallo a traverso della città, salutato dalla più parte de gli huomini e donne molto honorevolmente..

  A014001904 

 Io mi sono spesso offerto di andare per convincere la loro dottrina di falsità, se mi dessero sicurezza della mia persona e di quei che verrebbono meco, et ho fatto portar loro la parola per gente di qualità, con uno scritto sottoscritto di mia mano et sigillato; ma giamai non hanno voluto, [224] essendo stati impediti da i ministri.

  A014001904 

 Ma communemente, hanno preso per un malvagio presaggio ch'io habbia havuto l'assicuranza di passare freddamente fra loro con le mie insigni di Vescovo et di dire alla loro porta ch' io era il loro Vescovo, il che non è giamai avenuto dapoi che si ribellarono.

  A014001905 

 Il libro è stato ben ricevuto in Francia, per rispetto della novità dell' argomento, il quale non ha la mira ad altro che ad aiutare i mondani..

  A014001914 

 Je vous en remercie, mon Révérend Père, et de tout mon cœur je me réjouis d'apprendre ainsi que non seulement la divine Providence vous a conservé en santé-jusqu'à ce jour, mais que, pareillement, elle m'a conservé en votre bienveillance, faveur que je tiens pour bien chère et précieuse.

  A014001933 

 Helas! ceux qui me connoissent sçavent que je ne pensay jamais a intelligence et que je fay mille traitz de courage par une vraye simplicité; non pas certes simplicité d'esprit (car je ne veux pas parler doublement avec vous), mais simplicité de confiance.

  A014001934 

 Je vous escriray dores en avant le succes de tout, affin que, selon cela, par apres nous traittions de vostre venue a Salins ou non..

  A014001963 

 Vous deves donques tous les jours, non pas en l'orayson, mais a part, en vous proumenant, faire une reveuë de Nostre Seigneur entre les peynes de nostre Redemption, et considerer quel bonheur vous sera d'y participer; voir en quelle occasion ce bien la vous peut arriver, c'est a dire les contradictions que vous pourres avoir en tous vos desirs, mais sur tout es desirs qui vous sembleront plus justes et legitimes, et puis, avec un grand amour de la Croix et Passion de Nostre Seigneur, vous vous deves escrier avec saint André: «O bonne croix,» tant aymee de mon Sauveur, quand me recevres-vous entre vos bras?.

  A014001985 

 L'inquietude et chagrin qui vous arrive de la connoissance de vostre neantise n'est pas aymable; car encor que la cause en est bonne, l'effect neanmoins ne l'est pas Non, ma Fille, car cette connoissance de nostre neantise ne nous doit pas troubler, ains adoucir, humilier et abbaisser; c'est l'amour propre qui fait que nous nous impatientons de nous voir vilz et abjectz.

  A014002037 

 Que si, tout en retour de mon attente, je suis par tout rejetté, je cesseray cet office d'interceder vers l'un et l'autre, mais non jamais d'estre,.

  A014002100 

 Mais, mon cher Frere, soyés genereux; dites luy vous mesme qu'il faut qu'elle oublie [248] son peuple et la mayson de son pere; mais non pas son pere, car elle s'en souviendra tous-jours devant Dieu, qui est nostre Pere commun.

  A014002109 

 Quod a me petiit vir clarissimus Dominus Ludovicus Bonierius, ut filium suum Laurentium, optimae indolis adolescentem, tibi pro tua in me benevolentia commendarem, non debui neque potui praetermittere; tum quia is mihi amicissimus semper extitit, tum etiam quia hac data occasione mei apud te recordationem excitabo, et [249] simul obtestabor ut quem hactenus non solum dilexisti, sed dilectionis etiam perenni signo cohonestasti, deinceps impense diligere ne desinas..

  A014002120 

 J'en profite aussi pour vous [249] conjurer, après m'avoir jusqu'ici non seulement affectionné mais honoré d'un gage éternel d'amitié, de continuer à m'aimer bien fort..

  A014002120 

 Je ne devais pas lui refuser cela et je ne le pouvais pas non plus, étant l'ami très cher qu'il a toujours été pour moi.

  A014002146 

 Non, ma chere Fille, je n'ay nulles nouvelles de vous il y a trois moys bien entiers; et si, je ne puis croire que vous ne m'en ayes envoyé.

  A014002243 

 Helas! il la failloit neanmoins bien un peu pleurer, car n'avons nous pas un cœur humain et un naturel sensible? Pourquoy non pleurer un peu sur nos trespassés, puisque l'Esprit de Dieu non seulement le nous permet, mais nous y semont.

  A014002244 

 Ce n'estoit pas sortir d'aller avec vous a Bourbilly; non, ma Fille, ce n'est pas sortir quand on sort pour mieux s'arrester et rentrer.

  A014002247 

 Je n'ay nulles nouvelles de Paris, non pas mesme si M. de Berulle est en vie..

  A014002308 

 Et de l'altro canto, quantumque le provisioni della Santa Sede devano esser da tutti riverite, tuttavia, già che Sua Santità non intende pregiudicare all'alternativa de' Vescovi, [272] se espressamente non lo dichiara, quelli che impetrano li beneficii han torto di pretendere, con provisioni Apostoliche, levare il jus delli Ordinarii.

  A014002308 

 Ma in effetto, la cosa non sta in man mia di privare il competitore del Bresa del canonicato del quale egli è possessore; et così credo che V. S. Ill ma et R ma mi scusarà facilmente..

  A014002308 

 Vorrei poter con efficacia servir il Reverendo Bresa, già che così da V. S. Ill ma et R ma mi viene commandato; ma la causa sua non è stata decisa dal mio Vicario, anzi dal Senato secolare, il quale, secondo l'usanza di queste bande, cognosce de possessorio.

  A014002336 

 Questo gentilhuomo Genevrino, Alessandro di Montecrescenti, havendo perso quanto haveva per essersi [274] convertito alla santa fede catholica, è stato qui un pezzo in refugio; ma non trovando modo di stabilire in queste misere valli alcun modo di vivere, con quel poco aiuto che io gli ho potuto dare, ecco che se ne va in Roma, ove credo che sarà ricapitato dalla sacra Congregatione de' convertiti, poiché egli è di costumi et maniere molto honorate, et assai anco qualificato nelle buone lettere et scientie matematiche..

  A014002337 

 Ma perchè havendo ad ajutare molti altri convertiti non gli ho potuto dare se non dieci ducatoni alla sua [275] partenza, V. P ta molto R da farebbe cosa gratissima al Signore Iddio se glie procurasse qualche sorte di ajuto, per via di limosina, da Sua Altezza Serenissima, chè così potrebbe fare il restante del suo viaggio.

  A014002337 

 Onde, di questo supplico V. P ta molto R da, la quale non potrebbe fare maggior carità appresso Nostro Signor Giesù Christo, il quale io prego di darglie ogni santa consolatione et prosperità..

  A014002367 

 Mais la voulant dedier au mariage, et elle ayant cette inclination, il n'y a pas du mal de l'y conduire tant souvent que ce soit asses, et non pas trop.

  A014002367 

 Si je ne me trompe, cette fille est vive, vigoureuse et de naturel un peu ardent: or, maintenant que son entendement commence a se desployer, il faut y fourrer doucement et suavement les premices et premieres semences de la vraye gloire et vertu, non pas en la tançant de paroles aigres, mais en ne cessant point de l'advertir avec des paroles sages et amiables a tous propos, et les luy faisant redire, et luy procurant des bonnes amitiés de filles bien nees et sages..

  A014002389 

 Non, ni la mort, ni les choses presentes, ni celles qui sont a venir, ne me separeront jamais de cette dilection que je vous porte en Jesus Nostre Seigneur, auquel soit honneur et gloire..

  A014002442 

 Il m'est bien advis que nous ne demeurerons plus en nous mesmes, et que, de cœur, d'intention et de confiance, nous nous logerons pour jamais dans le costé percé du Sauveur; car sans luy, non seulement nous ne pouvons, mais quand nous pourrions, nous ne voudrions rien faire..

  A014002457 

 On l'a reimprimé six foys en deux ans et en divers endroitz, mais je n'ay encor peu avoir que des editions de Lyon, qui est en nostre voysinage; non plus que de la traduction que quelques Peres Jesuites en ont fait faire en Italie.

  A014002518 

 La lettera che V. S. molto Illustre mi scrisse per far dar principio a qualche sorte di solennità per il giorno [297] del transito del Beato Amedeo, capitò nelle mie mani il giorno dopo la festa; onde non si fece quel che io havrei sommamente desiderato, ma si farà, piacendo al Signore, l'anno seguente..

  A014002519 

 Da Nantua non si ha altro, nè de Borghi, perchè le fondationi ivi fatte sono del Conte Verde et non del nostro Beato.

  A014002521 

 V. S molto Illustre vi pensarà, et se me avvisarà dell'intentione di Sua Altezza, io non [300] mancarò di far quanto dal canto mio sarà convenevole; ma la supplico bene che sia quanto prima, per mia consolatione..

  A014002539 

 De Nantua, on n'a pas autre chose, ni de Bourg non plus, parce que les fondations de ces pays sont du Comte-Vert et non de notre Bienheureux.

  A014002575 

 L'inviolable affection que j'ay vouee a vostre sainte Compaignie et l'honneur particulier que je dois a vostre personne, me fera acquiescer a vostre pieux, saint et [304] curieux desir, non seulement sans peyne, ains avec suavité..

  A014002591 

 Ah! Monsieur mon amy, il est vray, l'Europe ne pouvoit voir aucune mort plus lamentable que celle du grand Henri IV. Mais qui n'admireroit avec vous l'inconstance, la vanité et la perfidie des grandeurs de ce monde? Ce Prince, ayant esté si grand en son extraction, si grand en la valeur guerriere, si grand en victoires, si grand en triomphes, si grand en bonheur, si grand en paix, si grand en reputation, si grand en toutes sortes de grandeurs: hé, qui n'eust dit, a proprement parler, que la grandeur estoit inseparablement liee et collee a sa vie, et que, luy ayant juré une inviolable fidelité, elle esclatteroit un feu d'applaudissement a tout le monde par son dernier moment, qui la termineroit en une glorieuse mort? Non certes, Monsieur, il sembloit bien qu'une si grande vie ne devoit finir que sur les despouilles du Levant, apres une finale ruine et de l'heresie et du Turcisme.

  A014002595 

 Pour moy, je le confesse, les faveurs de ce grand Roy en mon endroit me sembloyent infinies, mettant en consideration ce que j'estois, lhors qu'en l'annee 1602 il me fit des semonces d'arrester en son royaume, qui estoyent capables d'y retenir, non un pauvre prestre tel que j'estois, mais un bien grand Prelat.

  A014002608 

 O ma Fille, que j'ay de desirs que nous soyons un jour tout aneantis en nous mesmes pour vivre tout a Dieu, et que nostre vie soit cachee avec Jesus Christ en Dieu! Oh! quand vivrons-nous nous mesmes, mais non pas nous mesmes, et quand sera-ce que Jesus Christ vivra tout en nous? Je m'en vay un peu faire d'orayson sur cela, ou je prieray le cœur royal du Sauveur pour le nostre.

  A014002721 

 Le second est que, puisque non seulement vous aves desiré de vous retirer, mais vous le desireries encor s'il vous estoit permis de ceux qui vous ont retenue, c'est un signe manifeste que Dieu veut vostre retraitte, puisqu'il continue son inspiration parmi tant de contradictions, et vostre cœur, touché de l'aymant, a tous-jours son mouvement du costé de la belle estoille, quoy que rapidement destpurné par les empeschemens terrestres.

  A014002723 

 Le quatriesme, c'est que si vostre premier desir a esté excessif en quelque chose, il le faut corriger, et non point le rompre.

  A014002738 

 Apres leur Noviciat, on les reçoit solemnellement, non point aux vœux, car on n'en fait point de [329] solemnel, mais a l'establissement ou dedicace, a la forme que le bienheureux Cardinal Borrhomee a dressee pour les Urselines, peu de choses changees, paucis mutatis.

  A014002738 

 Ceste Congregation reçoit femmes vefves et filles indifferemment, mais non pas les filles qu'elles n'ayt ( sic ) 17 ans.

  A014002802 

 O que sa face est belle et que ses yeux sont doux et esmerveillables en suavité, et que c'est chose bonne d'estre aupres de luy en la montaigne de la gloire! C'est la, ma chere Seur, ma Fille, ou nous devons loger nos desirs et affections, non en cette terre, ou il n'y a que des vaines beautés et belles vanités..

  A014002805 

 Croyés-moy, la vraye vertu ne se nourrit pas dans le repos exterieur, non plus que les bons poissons dans les eaux croupissantes des marais.

  A014002805 

 Non, ma chere Fille, car cela vous sert d'exercice a prattiquer les plus cheres et aymables vertus que Nostre Seigneur nous ayt recommandé.

  A014002882 

 Combien de gens avons-nous veu, en paix dans les espines des maladies et perte des amis, perdre la paix interieure dans les tracas [346] des proces exterieurs? Et voyci la rayson, ou plustost la cause sans rayson: nous avons peyne de croire que le mal des proces soit employé de Dieu pour nostre exercice, parce que nous voyons que ce sont les hommes qui font les poursuittes; et, n'osans pas nous remuer contre cette Providence toute bonne, toute sage, nous nous remuons contre les personnes qui nous affligent et nous en prenons a eux, non sans grand peril de perdre la charité, la seule perte delaquelle nous devons craindre en cette vie..

  A014002895 

 Et quanto alla Messa celebrata nel monasterio di Talloyres al honor di detto beato Principe, non ho potuto cavar altro se non che il signor Claudio Nicolò de Quoex, fratello del signor latore, il quale è Priore claustrale di detto Talloyres, essendo giovine Novitio rispondeva le Messe, e si ricorda molto bene di haver veduto detta Messa in antiquo messale et di haver spesse volte risposto alla Messa medesima del beato Amedeo, celebrata da un suo zio che pur era Priore claustrale et si chiamava [349] Amedeo.

  A014002895 

 Ma del messale non ci n' è più cosa alcuna, essendo detto Priore stato un pezzo absente alli studii..

  A014002896 

 Bisogna anco ch'io dica che essendo andato a far riverentia all' Altezza del Signor Principe, che passo l'altro giorno in Ciamberi, egli fu, et io con lui, nella capella di Santo Amedeo nella chiesa di San Francesco; et è una capella tanto authentica et l'imagine posta sopra l'altare in tal modo, che altrimenti non si potrebbe fare, nè con maggior decoro se fosse per San Pietro.

  A014003037 

 Ma Fille, si vous sçaves bien prendre cette croix, vous seres bien heureuse, car Dieu vous donnera en eschange mille benedictions, non seulement en l'autre vie, mais mesme en celle cy; mais il faut estre courageuse et perseverante en douceur et patience..

  A014003064 

 Nous verrons dans ce mois trois objetz, non seulement capables d'occuper nos ames, mays qui doivent [366] ravir nos cœurs en la sainte dilection.

  A014003138 

 Ah! Ce [374] dis-je, o Sauveur de nostre cœur, puisque meshuy nous serons tous les jours a vostre table pour manger non seulement vostre pain, mays vous mesme, qui estes nostre pain vivant et sur essentiel, faites que tous les jours nous facions une bonne et parfaite digestion de cette viande tres parfaitte, et que nous vivions perpetuellement embausmés de vostre sacree douceur, bonté et amour..

  A014003169 

 Non, ma Fille, car le pauvret n'en peut mais, et Dieu mesme ne luy en sçait aucun mauvais gré pour cela; au contraire, sa divine sagesse se plaist a voir que ce petit cœur va tremblotant a l'ombre du mal, comme un foible petit poussin a l'ombre du milan qui va voltigeant au dessus de luy; car c'est signe qu'il est bon, ce cœur, et qu'il abhorre les mauvaises fantasies..

  A014003228 

 Ce pendant, continuons, Monsieur mon Frere, en cette si digne et si rar'affection, affin que non seulement Monsieur le R me de Saint Paul, mais tout le monde l'admire et loue desormais..

  A014003383 

 Praeterea Paternitati tuae, ut omnes et quoscunque suos diaecesanos ad eam in aliquo suae diaecesis loco constitutam, seu residentem sponte venientes utriusque sexus, ac tam laycos quam clericos saeculares et cujusvis Ordinis Regulares, haereticos, schismaticos et a sancta Catholica fide aberrantes, illorumque credentes, etiam in haereses et errores semel relapsos, non tamen Italos, Hispanos, aut alios ex partibus in quibus Sanctum Inquisitionis Officium exerceretur, nec eos qui in judicio de haeresibus accusati vel condemnati fuerunt, aut pluries in eas relapsi, in eadem Paternitatis tuae diaecesi commorantes, de quibus nihilominus Sanctissimus Dominus noster Papa aut hoc sacrum Inquisitionis Officium consulatur, poenitentes quidem ab excommunicationis, suspensionis et interdicti, aliisque ecclesiasticis sententiis, censuris et poenis, quas propter haereses et excessus hujusmodi quomodolibet incurrerint, dummodo corde sincero et fide non ficta coram notario et testibus publice vel privatim, prout casus exegerint et Paternitati tuae magis expedire videbitur, haereses, schisma et errores suos ac alios quoscunque detestati fuerint, anathematizaverint et abjuraverint, ac in gremium sanctae matris Ecclesiae recipi et admitti humiliter postulaverint, atque praestito per eos jurejurando promiserint de caetero ab hujusmodi haeresibus, schismate eterroribus, ac aliis similibus excessibus poenitus abstinere, in forma Ecclesiae consueta, injuncta inde eis et eorum cuilibet, pro modo culpae, poenitentia salutari, et aliis injungendis, prout eorum saluti Paternitas tua expedire cognoverit, per se ipsam in utroque foro absolvere, et in gremium sanctae matris Ecclesiae recipere et reconciiiare [licebit]; nec non ut universos et singulos suos diaecesanos, qui libros haereticorum seu alias prohibitos, etiam in Indice Romano librorum prohibitorum damnatos, scienter legerint vel retinuerint, haereticorum quoque et schismaticorum receptatores, fautores et defensores qui in illorum haeresibus non adhaeserunt, et in futurum ab hujusmodi perniciosa lectione, vel retentione et excessibus praedictis abstinere firmiter proposuerint, similiter ab excommunicationis et aliis ecclesiasticis sententiis, censuris et poenis, quibus propterea fuerint innodati, in eadem forma Ecclesiae consueta, injunctis eisdem poenitentiis salutaribus et aliis injungendis, in utroque foro pariter absolvere et liberare..

  A014003384 

 Et insuper, ut cum eisdem poenitentibus qui clerici saeculares, vel [407] cujusvis Ordinis Regulares fuerint, super irregularitate per eos, tum haeresum, schismatis et errorum, quam lectionis vel retentionis librorum haereticorum, seu alias prohibitorum, ac excessuum hujusmodi, aut alias praemissorum duntaxat occasione contracta; quoad executionem Ordinum tantum, non autem quoad habilitationem obtinendi vel retinendi beneficia ecclesiastica, dignitates et officia, iis tamen, qui haeretici fuerint, et in sacris Ordinibus constituti ab altaris ministerio, et omnium Sacramentorum administratione perpetuo vel ad tempus arbitrio Paternitatis tuae suspensis, si aliud canonicum impedimentum non obsistat, poenitentia vel ejus parte peracta, et suffragantibus meritis in utroque foro dispensare..

  A014003385 

 Ac praeterea, ut cum singulares casus occurrerint, vel alias Paternitati tuae expedire videbitur, aliquos sacerdotes saeculares vel cujusvis Ordinis Regulares idoneos, et ad sanctum Poenitentiae Sacramentum ministrandum praevio examine a Paternitate tua approbatos, et in dicta diaecesi Gebennensi constitutos seu residentes, qui haereticos, schismaticos et delinquentes praedictae diaecesis Gebennensis ad eos sponte venientes, et ad sanctae matris Ecclesiae gremium recipi et admitti humiliter postulantes, abjuratis per eosdem verbo in ipso Sacramento Pcenitentias, haeresibus, schismate et erroribus suis, ac aliis quibuscunque praestitoque jurejurando, quod talia deinceps non committent, si in haereses et errores relapsi non sint, aut de eis in judicio inditiis praeventi vel condemnati, in forma Ecclesiae consueta, impositis eisdem pcenitentiis salutaribus et aliis injungendis, in foro conscientiae duntaxat, citra ullam habilitationem aut dispensationem, absolvere praedicti sacerdotes possint, et quilibet eorum possit, eligere et deputare Paternitas tua possit et valeat..

  A014003386 

 Insuper, de speciali mandato praedicti Sanctissimi Domini nostri Papae vivae vocis oraculo nobis facto, eidem Paternitati tuae, ut cum haereticis suae diaecesis ad fidem Catholicam conversis et reconciliatis, qui matrimonia in quarto consanguinitatis vel affinitatis gradu nulliter contraxerunt, ut denuo non obstante hujusmodi impedimento, matrimonia in facie Ecclesiae, servata forma Concilii Tridentini, contrahere possint, dispensare, prolem susceptam et suscipiendam legitimam nuntiando.

  A014003386 

 Vota etiam eorundem diaecesanorum (castitatis et Religionis duntaxat exceptis), in alia pietatis opera commutare; eos qui in singulari certamine seu duello hactenus pugnaverunt, a sententia excommunicationis et aliis poenis hac de causa per ipsos incursis, absolvere et liberare; Regulares quoscunque sine licentia et obedientia suorum Superiorum in diaecesi Paternitatis tuae extra claustra degentes coercere; ac tandem sacerdotes aliquos Paternitati tuae benevisos, qui in dicta diaecesi existentes corporalia, pallas, vestes [408] sacras et alia ornamenta ad divinum cultum necessaria, in quorum benedictione non intervenit sacra unctio, benedicere; ecclesias, oratoria et caemeteria pollutas et polluta, cum aqua a Paternitate tua, vel alio Catholico Antistite, gratiam et communionem Sanctae Sedis Apostolicae habente, [benedicta,] reconciliare possint, et quilibet eorum possit, Paternitas tua eligere et deputare valeat: licentiam, facultatem et auctoritatem ad quinquennium proxime futurum, a data praesentium duntaxat duraturam, harum serie ac tenore damus, concedimus et impartimur, non obstantibus in contrarium facientibus quibuscunque; volumus autem ut praedictis facultatibus cum suis diaecesanis duntaxat et non cum aliis Paternitas tua uti valeat..

  A014003433 

 Nostre R. P. Provincial s'en retournant en France, layssa charge a nostre R. P. Recteur que l'on ne passast plus avant en l'affaire duquel je vous avois escrit, sans son expresse communication; ce qui tirera l'execution en longueur, et non sans ma langueur.

  A014003462 

 Il Rev. Giovanni Sauli, sacerdote di Verduno in Lorena, è venuto qui et ha esposto alla Santità di Nostro Signore che 166 heretici calvinisti delle città di Losana et Geneva vogliono tornare alla fede cattolica con le famiglie loro et abiurare l'heresie in mano di V. S. a Tunone; rapresentando che non possono conferirsi ( sic ) altrove con le famiglie, senza pericolo della vita di molti di essi, facendo instanza che si conceda a lei facoltà di assolverli et reconciliarli in utroque foro.


15-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XV-Vol.5-Lettres.html
  A015000203 

 — Pleurons un peu, non toutefois beaucoup, « nos chers trespassés.

  A015000269 

 Au demeurant, Madame, je ne puis non plus penser pourquoy vous tenes pour rigoureuse la poursuite faite contre cet homme lâ, puisqu'il y a plusieurs moys qu'il va mesprisant toutes citations impunément.

  A015000273 

 Madame, j'ay de l'affection et de lhonneur pour monsieur vostre mari, pour vous et pour les vostres autant que vous sçauries souhaiter d'homme qui vive; [3] mais le plus grand desir que je face, c'est que jamais Dieu ne soit abandonné, non pas mesme pour un moment..

  A015000307 

 Il faut, ma chere Seur, l'attribuer aux occasions qui ne s'en sont pas presentees, et non jamais a nulle sorte de mesconnoissance des obligations que je vous ay, qui sont indicibles, puis qu'elles ne sont pas comprehensibles..

  A015000309 

 Mon Dieu, ne nous verrons-nous jamais tretous ensemble? J'en suis un peu, a dire vray, impatient; mais je ne croy plus qu'elle m'ayme, puisque non obstant que je luy escrivisse dernierement, je n'ay point de ses nouvelles que par vostre entremise.

  A015000323 

 J'ay de la consolation de voir en vostre lettre, ma chere Fille, que non obstant tous vos desgoutz et toute vostre tristesse, vous aves perseveré a faire vos exercices sans vous en estre oubliee que fort peu; car, pourveu qu'on fasse en consideration de l'amour de Dieu ce qu'on fait, bien que ce soit sans sentiment et sans goust, l'ame ne laisse pas de prendre force et vigueur en l'interieur et en la portion superieure et spirituelle..

  A015000433 

 C'est la verité, [22] Monsieur, j'honnorois cet honnorable et grand personnage avec un amour tout particulier, lequel ne perira jamais en mon ame, non plus que celuy que, de tout mon cœur, je vous ay dedié et que de rechef je vous consacre..

  A015000434 

 Non, Monsieur, il n'y a point eu d'apparence en tous les discours qu'on en a fait; de sorte que je persevereray au saint service que je suis obligé de rendre a la chere trouppe en laquelle vous aves un si bon gage.

  A015000452 

 J'ay vos deux lettres, dont la premiere est de l'unziesme du mois passé et la seconde de l'unziesme de celuy-ci; [23] et j'ay tant a respondre a la premiere [qu'à la seconde], parce que je l'ay receuë seulement despuis peu et non gueres plus tost que la seconde..

  A015000457 

 Je dis qu'il est mieux, non seulement parce que cette reelle presence de l'humanité de Nostre Seigneur en la Messe ne peut estre suppleée par la presence mentale (bien que, pour quelque digne respect, on demeure esloigné d'icelle), mais aussi parce que l'Eglise desire fort que l'on assiste a la Messe.

  A015000542 

 Je vous escrivis l'autre jour des miseres de ce païs, non point contre la verité, qui est plus grande en cela qu'on ne sçauroit dire, mais bien contre mon gré, puisque le mal est irremediable.

  A015000571 

 Je vous escris sans loysir, mays non pas sans un tres grand desir continuel de vostre grandeur spirituelle, estant, comme je suis, tres entierement et parfaitement vostre..

  A015000587 

 Si Dieu exauce mes souhaitz, il comblera de ses plus cheres benedictions Vostre Altesse, de laquelle je suis d'un cœur non pareil,.

  A015000598 

 Je le croy facilement, mon tres cher Frere: puisque j'ay mis des holocaustes sur l'autel de Dieu, falloit-il pas qu'elles jettassent une odeur de suavité? Voyci donq, non point ce que j'ay fait, mais ce que Dieu a fait l'esté passé..

  A015000599 

 Pressee des desirs de Dieu, elle a tout quitté, et, avec une prudence et force non commune a son sexe fragile, elle a pourveu a son desengagement; en sorte que les bons treuveront beaucoup de choses a loüer en cela, et les enfans malins du siecle ne sçauront sur quoy s'attacher pour former leurs mesdisances..

  A015000602 

 Non, pour Dieu, ne craignés point de m'importuner.

  A015000602 

 Or, la charité n'a point de peyne qui ne soit bienaymee: Ubi amatur, non laboratur; vel si laboratur, labor amatur..

  A015000646 

 Mais j'adjouste pourtant, qu'encor que ce jeune homme soit de fort bonne mayson (mais mayson descheuë) et qu'il ait l'esprit fort gentil et bien estudié, si est-ce que c'est plus son jugement qui le porte a ce desir que non pas mon advis, qui est que son courage n'est pas pour entrer en ladite sujettion que telle condition requiert.

  A015000649 

 Nous sommes icy sans nouvelles, mais non pas sans menaces [de ceux de Genève] de faire beaucoup de maux a nos eglises; mais la protection de laquelle ilz font profession de tirer leur force, ne leur sera, comme j'espere, jamais donnee pour ces miserables effectz.

  A015000728 

 Tenés vostre esprit en paix, non obstant cet embarrassement qui est autour de vous.

  A015000741 

 Escrivant a monsieur vostre mary en recommandation d'un mien amy, chanoine de Lyon, je vous fay ce petit billet pour tout simplement vous saluer de tout mon cœur, non seulement en mon nom, mais de la part encor de la chere et bonne seur madame de Chantal, laquelle va de bien en mieux pour sa santé et, pour le dire encor entre nous deux, pour sa sainteté, a laquelle les tribulations et maladies sont fort propres pour donner de l'avancement, a cause de tant de solides resignations qu'il faut faire es mains de Nostre Seigneur..

  A015000742 

 Non, ma tres chere Fille, ce n'est pas la tranquillité qui l'approche de nos cœurs, c'est la fidelité de nostr'amour; ce n'est pas le sentiment que nous avons de sa douceur, mais le consentement que nous donnons a sa sainte volonté, laquelle il est plus desirable qu'elle soit executee en nous, que si nous executions nostre volonté en luy.

  A015000847 

 Ce feu sacré qui change tout en soy, veuille bien transmuer nostre cœur, affin qu'il ne soit plus qu'amour et qu'ainsy nous ne soyons plus aymans, mais amour; non plus deux, mais un seul nous mesme, puisque l'amour unit toutes choses en la souveraine Unité.

  A015000883 

 Car encor que ces jours mon devoir m'ayt necessite d'aller a Gex et y arrester quelque tems, si est ce que non plus lâ qu'ailleurs je ne me suis meslé de fayre ou dire chose aucune que selon ma profession, preschant, disputant, reconciliant les eglises, consacrant les autelz, administrant les Sacremens..

  A015000884 

 Et non seulement je n'ay point fait de mesnage contre le service de Vostre Altesse (ce qui ne m'est jamais arrivé ni ne m'arrivera jamais, ni en effect, ni en pensee), mais au contraire, autant que la discretion et le respect que je doy a ma qualité me le permettent, j'ay observé tout ce que j'estimois estre considerable pour le service de Vostre Altesse, affin de luy en donner advis, comme [66] j'eusse fait par escrit si, a mon retour, je n'eusse treuvé le commandement qu'elle me donnoit de les porter de bouche a monsieur le Marquis de Lanz, auquel je parlay en toute franchise et naifveté; l'asseurant entr'autres choses, que les bruitz touchant le dessein des François sur Geneve n'estoyent que des vrayes chimeres, que quelques uns avoyent peut estre fabriquées pour rendre probables leurs prætendus services.

  A015000885 

 Mays, soit quil donnast cett'atteinte par le commandement de la Reyne, soit quil la fit de son propre mouvement (dequoy je n'ay rien sceu apprendre de certain), elle fut si mal receüe, que [67] ceux de la ville, en diverses occurrences, disoyent tout haut qu'ilz se donneroyent plustost au malin qu'a Vostre Altesse et plustost a Vostre Altesse qu'au Roy; d'autant que, non seulement Vostre Altesse les recevroyt a meilleur marché que le Roy, mays quand elle voudroit alterer les conditions de leur donation, ilz auroyent plus de moyen de la rompre par l'assistence des voysins, que quand elle seroit faite en faveur du Roy.

  A015000900 

 Et Messieurs de Saint Claude, estrangers non seulement au regard du royaume, mays encor au regard du diocæse, ont bien obtenu plusieurs placetz pour divers benefices de ce pais-la de Gex, ou ilz n'ont rendu, que je sache, aucun service comparable a celuy que nos chanoynes ont fait..

  A015000953 

 Je parle le langage de mon cœur et non pas celuy de ce tems.

  A015000953 

 Mays je voy en celle-ci, que vous aves longuement [77] esté sans en avoir des miennes J'avoue sincerement mes fautes, mais celle ci, elle n'est pas mienne, ains des porteurs; car je sçai bien que tous-jours, quand je puis, je vous escris de mes nouvelles, non seulement par ce que vostre desir a tout pouvoir sur ma volonté, mais aussi par ce que ma volonté a perpetuellement ce desir de vous parler, comm'il m'est possible de parler de vous et de vous oüir ou voir parler a moy.

  A015000953 

 Non, Monsieur, je vous en supplie, ne varies jamais en cette affection que vous aves pour moy; car croyes qu'aussi, soit que j'escrive, comme je feray Dieu aydant, ou que je n'escrive pas, je ne varieray jamais en la resolution que j'ay faite d'estre a jamais homme tres veritablement vostre et tout vostre, sans reserve ni exception.

  A015001037 

 Le souvenir de vos vertus m'est si aggreable qu'il n'a pas besoin d'estre nourri par la faveur de vos lettres; elles vous acquierent neanmoins une nouvelle obligation sur moy, puisque je reçois par icelles et beaucoup d'honneur et beaucoup de contentement, de voir que non seulement vous aves reciproquement memoire de moy, mais que vous l'aves aggreablement.

  A015001051 

 Combattes fidellement vos impatiences en exerçant non seulement a tous propos, mais encor sans propos, la sainte debonnaireté et douceur a l'endroit de ceux qui vous sont plus ennuyeux, et Dieu benira vostre dessein..

  A015001100 

 Non, je n'ay pas mesme treuvé a mon goust certains escritz d'un saint et tres excellent Prelat, esquelz il a touché du pouvoir indirect du Pape sur les Princes; [95] non que j'aye jugé si cela est ou s'il n'est point, mais parce qu'en cet aage ou nous avons tant d'ennemis dehors, je croy que nous ne devons rien esmouvoir au dedans du cors de l'Eglise.

  A015001102 

 Non sentire bonos eadem de rebus iisdem,.

  A015001114 

 Je suis tous-jours attendant des nouvelles du succes de vostre voyage, que je me prometz avoir esté bon, mais non pas sans crainte pourtant, a cause de la foiblesse de vostre santé et l'excessive chaleur qui a regné quelques heures de ces jours passés; mais je veux croire qu'en ces heures-la vous aures sejourné, et aures employé les matinees et les soirs qu'il a tous-jours fait un peu de vent.

  A015001115 

 Et il vous suffira que, tout a la bonne foy, vous vous soyés essayee de reüscir, puisque Nostre Seigneur et la rayson ne requierent pas de nous les effectz et evenemens, mais nostre fidelle et franche application, employte et diligence; car ceci depend de nous, mays non pas les succes.

  A015001216 

 Au demeurant, Monsieur mon Oncle, cette si fascheuse separation est d'autant moins dure qu'elle durera peu, et que non seulement nous esperons, mays nous aspirons a cet heureux repos auquel cette belle ame est, ou sera bien tost logee.

  A015001251 

 Dieu nous sera bon, ma Niece, ma Fille: j'espere qu'il nous menace pour ne nous point frapper, et que la chere [112] Peronne de nostre Mere luy ira au devant a son arrivee, avec sa tres chere lieutenante, ma fille tres aymee, que je desire qui travaille avec un esprit ardent mais doux, fervent mais moderé, attendant le bon succes des maladies et affaires non de sa peyne, non de son soin, mays de l'amoureuse bonté de son Espoux.

  A015001283 

 Dieu [116] le rende autant effectif qu'il est affectif; et non seulement a [Abondance,] mais en deux ou trois insignes Monasteres de ce diocese, nous verrons refleurir la sainte pieté que le glorieux ami de Dieu et de Nostre Dame, saint Bernard, y avoit plantee..

  A015001284 

 Je voy bien en vostre lettre que vous languissés, puisque vous me dites: Ecce quem amas infirmatur; mais je n'en ay pourtant point de compassion qu'avec une extreme suavité, d'autant que infirmitas hæc non est ad mortem, sed ut manifestentur opera Dei; ecce enim qui amat infirmatur, puisque amore languet.

  A015001291 

 J'appreuverois qu'es endroitz ou commodement il se peut, vous fissies les argumens pour vos opinions en ce stile; comme en la question: « Utrum Mot carnem sumpsisset, Adamo non peccante? » Et en l'une et en l'autre opinion, on peut [119] reduire les opinions en stile affectif.

  A015001484 

 Or sus, ma Fille, voyés-vous, je vous recommande a Dieu pour obtenir pour vous cette sacree patience, et n'est pas en mon pouvoir de luy proposer rien pour vous, sinon que tout a son gré, il façonne vostre cœur pour s'y loger et y regner eternellement; qu'il le façonne, dis-je, ou avec le marteau, ou avec le ciseau, ou avec le pinceau: c'est a luy d'en faire a son playsir, non pas, ma chere Fille? faut-il pas faire ainsy?.

  A015001486 

 Et bien, ma chere Fille, il n'est pas aussi requis que vous le fassies, ains que tout simplement vous esleviés, le plus frequemment que vous pourrés, vostre cœur a ce Sauveur et que vous fassies ces actions: premierement, d'accepter le travail de sa main, comme si vous le voyies luy mesme vous l'imposant et fourrant en vostre teste; secondement, vous offrant d'en souffrir encores davantage; troisiesmement, l'adjurant par le merite de ses tourmens, d'accepter ces petites incommodités en l'union des peynes qu'il souffrit sur la croix; quatriesmement, protestant que vous voules non seulement souffrir, mais aymer et caresser ces maux comme envoyés d'une si bonne et douce main; cinquiesmement, invoquant les Martyrs et tant de serviteurs et servantes de Dieu qui jouissent du Ciel pour avoir esté fort affligés en ce monde..

  A015001548 

 Non, ma chere Fille, demeurés en paix, car Dieu, a qui elle est, la soulagera..

  A015001596 

 Si vous m'aves souhaité par dela, j'ay bien correspondu de mon costé, estimant que un voyage seroit grandement utile, non aux autres, mays a moy qui, par la conference que j'aurois avec tant de gens de bien, rafraichirois les resolutions et l'esprit qui m'est necessaire en ma vocation..

  A015001629 

 Ah! Dieu ne nous a pas forclos de la jouissance de sa douceur, il l'a seulement soustraite pour un peu, affin que nous vivions a luy et pour luy, et non pour ses suavités; affin que nos Seurs travaillees treuvent chez nous un secours compatissant et un support suave et amoureux; affin que, d'un cœur tant escorché, mort et matté, il reçoive l'odeur aggreable d'un saint holocauste..

  A015001749 

 At vero, Beatissime Pater, hoc quod « semper et ubique dignum et justum est, » hisce nostris temporibus, non solum « salutare » tantum, sed fere necessarium videri debet, cum scilicet quia abundavit iniquitas, refrigescit charitas multorum, imo propemodum omnium; unde quoniam defecit sanctus a terra, ex iis qui redempti sunt de terra, revocandi sunt in memoriam et in medium Ecclesiæ reducendi illi qui hactenus majore sanctitatis splendore claruerunt, ut sint (quemadmodum unus eorum dixit) in speculum et exemplum, [174] ac quoddam veluti condimentum vitæ hominum super terram, sicque apud nos etiam post mortem vivant, et multos ex iis qui viventes mortui sunt, ad veram provocent et revocent vitam..

  A015001751 

 Postulat Serenissimorum Sabaudiæ Ducum familia, quæ non solum fidei constantia, sed præclaris etiam fortitudinis operibus, magnum olim et [176] deinceps Ecclesiæ attulit solatium.

  A015001751 

 Postulat id, non precibus, sed suo jure, Dei omnipotentis majestas, quæ in hoc Beato Principe clarius mirabilis apparebit.

  A015001765 

 Or, Très Saint Père, ce qui a toujours été, « et en tous lieux, juste et louable, » doit paraître non seulement utile, mais presque nécessaire en notre temps où la charité, à cause du débordement de l'iniquité, s'est refroidie chez plusieurs et à peu près chez toutes les âmes.

  A015001767 

 Cette demande instante, la majesté du Dieu tout-puissant vous la fait, non par une prière, mais de plein droit, car elle apparaîtra plus manifestement admirable dans ce bienheureux Prince.

  A015001782 

 La belle seur est une perle; le frere est bienheureux de l'avoir treuvee et prise avant qu'ell'eut conneu nostre petite Congregation, car autrement ell'eut esté vostre seur, mais non pas vostre belle seur.

  A015001802 

 Mon Dieu, que j'ay de contentement de voir en cette chere seur qui est icy, non seulement l'air de vostre visage, mais, ce qui est le plus beau, les traitz de vostre esprit et de vos affections.

  A015001814 

 Et se le cose vanno inanzi, ciè pericolo che non si facia una notabile perdita et lamentabile divisione in quel regno; et massime perchè il Ré, fra tre o quattr'anni dovendo pigliar l'administratione di quel regno, sarà facil cosa alla fattione di quelli che sonno contrarii all'authorità della Santa Sede, di piegharlo da quella banda nella quale egli vederà qualch'apparentia di aggrandire le sue ragioni, essendo gl'huomini tanto inclinati alla superiorità indepedente (sic), come si vede massime in questi [184] tempi, et ancho nella etâ giovenile, che per natura è temeraria et audace, se bene è da credere che quel Ré sia di buonissima et christianissima inclinatione.

  A015001815 

 Il rimedio non par che sia di voler, col mezzo di valenti theologi, disputar la questione, perchè quanto più sarà fervente la disputa, tanto più s'accenderanno gl'animi et si farà grande la divisione.

  A015001815 

 Oltra che le ragioni de gl'adversarii sono grate alle orechie de grandi, non per esser vere, ma per esser giovevole all'intento loro; nè mancaranno theologi che per diversi rispetti abbracino la parte della divisione..

  A015001816 

 Atalchè, il rimedio più efficace sarebbe che mentre governa la Regina et il Consiglio, si trattasse amarevolmente con lei dalla parte di Sua Santità, lamentandosi che non essendo giamai travenuto una sol differentia tra Sua Beatitudine et il Ré, anzi Sua Beatitudine [185] havendo in ogni occorrentia mostrato un animo veramente paterno, affettionatissimo et desiderosissimo del bene et stabilimento della grandezza di quella corona, pur adesso spontino certi cervelli pungenti, inquieti et nemici della santa unione che tra Sua Santità et Sua Maestà si truova, che venghano impudentemente a ridurre in dubbio se Sua Santità sia affettionata a quella corona, movendo quelle inutili et intempestive dispute, per mezzo delle quali generano nelli animi infermi et deboli un (sic) diffidenza del sincero affetto di Sua Beatitudine verso il Re et il regno.

  A015001817 

 In somma, è espediente per adesso che si anneghino et affoghino quelle dispute nel silentio, sì dall'una banda come dall'altra; et se bene è da laudare il zelo de quelli [186] prædicatori che si sonno opposti all'insolentia dell'adversarii, tuttavia, già che si vede che la continuatione di litigar, disputare et altercare non spinge (sic), anzi accende il fuogho, sarà molto più giovevole il silentio che la disputa.

  A015001819 

 Et così sarebbe bisogno che adesso in Francia tutti li prædicatori, suavemente et non turbulentemente, incolcassero l'unità ecclesiastica et la divotione delli Catholici verso il supremo Pastore, senza venire a disputare de quella authoritâ in particolare che ha sopra i Prencipi.

  A015001819 

 Et spesse volte, pur che si stabiliscano bene le thesi, la meglior risposta che si possa fare alla importunitâ de questi spiriti turbulenti, è non stimarli degni di risposta.

  A015001820 

 Et a quelli che dell'authorità pontificia parlano male, non bisogneria rispondere direttamente, ma indirettamente, lamentandosi che questo facciano senza necessità et con maligna intentione, per mettre (sic) in odio la Santa Sede, laquale tuttavia è dolcissima et affettionatissima madre di quel regno.

  A015001821 

 Et questa unione non sarebbe difficile da procurarsi, dando bene notitia alla Regina dell'importantia di essa, et havendo huomini che con dexterità aiutassero Monseignor Nontio et che potessero domesticare l'uni con l'altri.

  A015001821 

 Et questo si potrebbe ancora fare se con destrezza et discretione se ne trattasse con la Regina, mostrando che con quel mezzo l'haeresia sarebbe molto indebolita, come è vero; perchè se in Francia li [188] Prælati, la Sorbona et li Religiosi fossero ben uniti, l'hæresia non starebbe in piedi diec'anni.

  A015001834 

 Il faut ajouter que les raisons des adversaires flattent l'oreille des grands, non pour leur justesse, mais parce qu'elles favorisent leurs vues; il ne manquera pas non plus de théologiens qui, pour diverses considérations, embrasseront le parti de la division..

  A015001839 

 Aussi faudrait-il que maintenant en France, tous les prédicateurs prissent à tâche d'inculquer suavement, et non violemment, l'unité de l'Eglise et le dévouement des catholiques pour le Pasteur suprême, sans entrer dans la discussion de son autorité particulière sur les princes.

  A015001856 

 Difficile, non pas certes en elle mesme, car au contraire, elle est fort aysee a rencontrer aux espritz qui la cherchent par le chemin de la charité; mays difficile, parce qu'en cet aage qui redonde en cervelles chaudes, aiguës et contentieuses, il est malaysé de dire chose qui n'offence ceux qui, faysant les bons valetz, soit du Pape, soit des Princes, ne veulent que jamais on s'arreste hors des extremités, ne regardant pas qu'on ne sçauroit faire pis pour un pere que de luy oster l'amour de ses enfans, ni pour les enfans que de leur oster le respect qu'ilz doivent a leur pere..

  A015001857 

 Il les ayme tous tendrement, il souhaitte la fermeté et stabilité de leurs couronnes, il vit doucement et amiablement avec eux, il ne fait presque rien dans leurs Estatz, non pas mesme en ce qui regarde les choses purement ecclesiastiques, qu'avec leur aggreement et volonté.

  A015001861 

 Le Pape est le souverain Pasteur et Pere spirituel des Chrestiens, parce qu'il est le supreme Vicaire de Jesus Christ en terre; partant, il a l'ordinaire souveraine authorité spirituelle sur tous les Chrestiens, Empereurs, Rois, Princes et autres, qui, en cette qualité, luy doivent non seulement amour, honneur, reverence et respect, mais aussi ayde, secours et assistance envers tous et contre tous ceux qui l'offencent, ou l'Eglise, en cette authorité spirituelle et en l'administration d'icelle.

  A015001902 

 Ce n'est autre chose qu'une vraye insensibilité qui vous prive de la jouissance, non seulement des consolations et inspirations, mais aussi de la foy, esperance et charité.

  A015001903 

 Non, Seigneur, je ne veux point davantage de jouissance de ma foy, ni de mon esperance, ni de ma charité, que de pouvoir dire en verité, quoy que sans goust et sans sentiment, que je mourrois plustost que de quitter ma foy, mon esperance et ma charité.

  A015001904 

 C'est le haut point de la sainte resignation de se contenter des actes nuds, secs et insensibles, exercés par la seule volonté superieure; comme ce seroit le superieur degré de l'abstinence de se contenter de ne manger jamais sinon avec desgoust, a contrecoeur, et non seulement sans goust ni saveur..

  A015001966 

 Seroit-il bien possible que mon esprit oubliast jamais les chers enfans de ses entrailles? Non, mes tres cheres Filles, ma chere joye et ma couronne, vous le sçavés bien, je m'en asseure; et vos cœurs vous auront bien respondu pouf moy que si je ne vous ay pas escrit jusques a present, ce n'est sinon parce que, escrivant a nostre tres unique et bonne Mere, je sçavois bien que je ne vous escrivois pas moins qu'a elle, par cette douce et salutaire union que vos ames ont avec la sienne; et encor, parce que le saint amour que nous nous portons reciproquement, est escrit, ce me semble, en si grosses lettres dans nos cœurs, qu'on y peut bien lire presque nos pensees de Neci jusques icy..

  A015002047 

 Ce livre la est bon, mais non pas pour l'affaire presente; nous en chercherons un autre plus court et le treuverons, Dieu aydant..

  A015002061 

 Je croy que l'on considerera qu'il n'y a pas de loy au monde qui m'ayt privé de l'usage de mon authorité ecclesiastique en la provision des benefices de mon diocese; et que, comme M. l'Archevesque de Lyon pourvoit en Bourgoigne Comté, M. l'Evesque de Grenoble en Savoye et a Chamberi mesme, non obstant leur residence au royaume, de mesme dois-je jouir de l'authorité de pourvoir dans le royaume, quoy que je sois habitant en Savoye..

  A015002155 

 Et quantunque in varie occurrentie habbiano molti provato quanto sia la sua intercessione giovevole a chi, con vera fede in Dio, alle sue orationi ricorre, tuttavia altri non ardiscono invocarlo sin tanto che dalla santa Chiesa vengha annumerato fra Santi..

  A015002155 

 Ma perchè egli non è canonizato, non se gli fa quell' honor publico et solenne [che] [224] all'altezza et verità della santità sua è debito.

  A015002156 

 Et perchè in queste occasioni Sua Beatitudine non suole fare cosa veruna senza il consiglio et assenso della Sacra Congregatione delle Signorie Vostre Illustrissime et Reverendissime, per questo vengho anco [225] a supplicarle che vogliano giovare et favorire quest'opera tanto pia: opera che agi' inimici de' Santi farà gran confusione, alli devoti sarà di gran consolatione, alli Prencipi sveglierà l'appetito d'imitatione, et a tutta la Chiesa darà materia di allegrezza et beneditione; ma in particolare a questa desolata diocesi nella quale nacque et fu.

  A015002158 

 Et così, non dubitando punto che le Signorie Loro Illustrissime et Reverendissime habbiano piacere di promovere un' opra tanto desiderabile, facendole humil [226] riverentia, pregho nostro Signore Iddio che le dia la santa pienezza delle sue gratie..

  A015002177 

 Ce que j'ay de plus prest, qui regarde la conduite des ecclesiastiques de ce diocæse, je le remettray, Dieu aydant, a ce porteur, non seulement par ce qu'il est mon diocæsain et quil a des-ja esté employé en semblable occasion, mays par ce aussi que vous le voules, puis que je suis de tout mon cœur,.

  A015002299 

 Je garderay pretieusement les traductions qu'il vous a pleu m'envoyer, non seulement par ce que ce genre d'escritz m'est fort aggreable, mais par ce que ce me sera un tiltre du bien que j'ay de participer a vos bonnes graces, lesquelles je vous supplie, Monseigneur, me conserver comm'a un homme qui les estime et revere autant que nul autre, et lequel, confessant quil ne les a jamais meritees, espere neanmoins quil ne meritera jamais de les perdre, puisque liberalement elles luy ont esté concedees..

  A015002344 

 Et a cet effect, ne pouvant bonnement partir de cette province ou ma charge me tient lié, sans l'aggreement de [241] Son Altesse, non seulement j'ay fait supplication pour l'obtenir, mais ay conjuré un de ceux que je croyois estre plus propre, affin d'en solliciter l'enterinement..

  A015002426 

 Et quia sexui et virginitati pudor natura individuus comes est, non sunt ausse [ad] pedes Celsitudinis Vestræ, nisi aliquo sacerdote duce, accedere; unde me, tanquam ex Antistitibus viciniorem, rogaverunt, ut eas earumque sanctum desiderium eidem piissimæ Celsitudini Vestræ per litteras commendarem.

  A015002426 

 Verum, in tanta difficultate, etsi plerique simplicissimis virginibus desperationem injicerent, non potuerunt nihilominus illæ non recte sperare, dum videlicet in Celsitudinis Vestræ summam pietatem oculos mentis conjiciunt, arbitrate sane merito se ab ea facile præsidium impetrare posse, quo omnia impedimenta dispellantur.

  A015002427 

 Quod dum impensissimis precibus facio, non certe propterea me velle ambulare in magnis existimare quisquam debet: ideo namque ambulo confidenter, quia ambulo simpliciter, confisus nimirum preces meas a plerisque magnæ erga Vestram Celsitudinem auctoritatis intercessoribus auxilium accepturas.

  A015002436 

 Dans un tel embarras, plusieurs ont essayé d'enlever tout espoir à des âmes si simples; toutefois, celles-ci ont repris confiance, et non sans raison, lorsque jetant les yeux sur l'éminente piété de Votre Altesse, elles ont pensé à bon titre en obtenir sans peine le secours qui écarterait tous les obstacles.

  A015002447 

 Helas! qu'il fut heureux, nostre cher saint Pierre, car ce fut par mignardise d'amour que Nostre Seigneur luy demanda si souvent: Pierre, m'aymes-tu? Non point qu'il en doutast, mais pour le grand playsir qu'il prend a nous souvent ouÿr dire et redire et protester que nous l'aymons.

  A015002449 

 Il est vray qu'ilz tendent la main; car, malgré la resistance de leurs inclinations, ilz se laissent gouverner volontairement contre leur volonté, et disent qu'il vaut mieux obeir que faire des offrandes: et voyla comm'ilz glorifient Dieu, crucifiant non seulement leur chair, mais leur esprit..

  A015002461 

 Le commissayre deputé pour me mettre en ladite possession est un simple conseiller de la cour de Parlement de Digeon, qui vint luy troysiesme; et neanmoins, s'est fort bien sceu fair'obeir, non obstant toutes les allegations et repugnances des heretiques.

  A015002637 

 Et si, je me promettois, par un certain exces d'amour a ce dessein, que preschant maintenant un peu plus meurement, solidement et, pour le dire tout en un mot entre nous, un peu plus apostoliquement que je ne faysois il y a dix ans, vous eussies aymé mes prædications, non seulement pour ma consideration, mais pour elles mesmes..

  A015002767 

 Mais, ma tres chere Mere, vous m'espargnes un peu trop le nom de filz, qui est le [286] nom du cœur, pour me donner un nom respectueux, qui est bien aussi nom du cœur, mais non pas du maternel, qui est celuy de mes delices..

  A015002768 

 Mais puis quil ne se peut d'autre façon, je vous approcheray souvent en esprit pour, avec vous conjointement, demander a Nostre Seigneur quil luy playse consoler vostre ame de sa benediction, la faisant abonder en son saint amour et en la sacree humilité et douceur de cœur, qui ne sont jamais sans ce saint amour, non plus que le saint amour sans elles..

  A015002769 

 Non, je vous supplie, ma chere Mere, car bien quil les faille rejetter et detester pour s'en amender, si ne faut-il pas s'en affliger d'une affliction fascheuse, mais d'une affliction courageuse et tranquille, qui engendre un propos bien rassis et solide [287] de correction; et ce propos, ainsy pris en repos et avec meureté de consideration, nous fera prendre les vrays moyens pour l'executer, entre lesquelz je confesse que la moderation des affections mesnageres est grandement utile.

  A015002834 

 La difficulté est en ce qu'on les veut astraindre que sil failloit playder pour les tiltres et possessions desditz benefices, ilz poursuivront les proces par devant les officiers du Roy et non ailleurs.

  A015002836 

 Cui quod satis est satis non est, illi nihil satis est..

  A015002918 

 Or sus, bon jour, ma tres chere Mere; demeures non seulement en paix, mais en repos.

  A015002989 

 Mays pour ce qui nous regarde, vous sçaves que Dieu m'a osté a moy mesme, non pas pour me donner a vous, mais pour me rendre vous mesme.

  A015002991 

 Non, ce n'est pas le P. Archange du Tillet, c'est le P. Constantin de Chamberi qui sera nostre prædicateur le reste de cet Advent, et moy je seray souvent celuy de nos cheres Seurs, car ce n'est pas souvent, soit tous-jours, que je suis le vostre..

  A015003001 

 Mais je ne sçai nulles nouvelles de vostre santé, c'est a dire de l'estat de vostre pauvre jambe, de laquelle vous ne me faites nulle mention, non plus que si vous n'esties pas ma chere Fille, et que cette jambe ne fust pas la meilleure des deux pour vous avancer en la perfection de l'amour divin.

  A015003047 

 Non certes, ma tres chere Fille, mais vous n'en sentes pas la consolation si souvent, et ne pouves pas faire les actions exterieures; en quoy ne consiste pas l'amour divin, mais en la resolution du cœur, qui veut a jamais et inseparablement demeurer uni de toutes partz a la volonté divine..

  A015003071 

 Gardés vous des fortes applications de l'entendement, puis qu'elles vous nuisent, non seulement au reste, mais a l'orayson mesme, et travaillés autour de vostre cher objet avec les affections tout simplement, et le plus doucement que vous pourres.

  A015003073 

 Mais ne voudrois tu pas bien avoir du mouvement pour aller plus pres de luy? Non pas, sinon qu'il me le commandast.

  A015003073 

 Ne desires tu donq rien? Non, car je suis ou mon maistre m'a mis, et son gré est l'unique contentement de mon estre..

  A015003073 

 Non, dira-elle, mais il me voit et prend playsir que je sois ou il m'a mis.

  A015003103 

 Non, car il est bien juste et raysonnable que vous pleuries un peu; mais un peu, ma chere Fille, en tesmoignage de la sincere affection que vous luy porties, a l'imitation de nostre cher Maistre qui pleura bien un peu sur son amy le Lazare, et non pas toutefois beaucoup, comme font ceux qui, colloquans toutes leurs pensees aux momens de cette miserable vie, ne se resouviennent pas que nous allons aussi a l'eternité, ou, si nous vivons bien en ce monde, nous nous reunirons a nos chers trespassés pour ne jamais les quitter.

  A015003127 

 Je l'appellerois excessif, si je considerois seulement l'indignité de celuy qui le reçoit; mais je voy bien que la source d'ou il procede, Monsieur, ne permet pas que l'on puisse nommer ainsy cette faveur, quoy qu'elle excelle au dessus de toutes autres, puis que vous me favorisés selon ce que vous estes, Monsieur, et non selon ce que je suis, qui certes ne suis rien, sinon en l'affection avec laquelle je revere Vostre Grandeur, pour la prosperité de laquelle je respans plusieurs bons souhaitz devant ce grand Dieu du Ciel, qui gratifie volontier les grans de la terre qui gratifient les petitz [329] et qui leur sont doux, gracieux et favorables ainsy que vous m'estes, Monsieur, et que je vous supplie de m'estre tous-jours, me regardant comme.

  A015003153 

 Non, ma chere Fille, ce n'est pas pour vous chatier, c'est pour favoriser cet enfant que Dieu l'a sauvé de bonn'heure.

  A015003209 

 Je feray tout ainsy que vous le desires et ne treuverés non plus en autre occasion, quelle qu'elle soit, aucune replique en ce quil vous plaira me marquer pour vostre service et contentement, selon l'estendue de mon pouvoir.

  A015003255 

 Je ne puis dignement vous remercier des beaux presens qu'il vous a pleu m'addresser, que j'ay receus avec [344] une extreme joye, non certes pour leur valeur, qui est grande, mais parce que ce sont de grans tesmoignages du cœur que vous aves envers moy, m'estant envoyés avec bien du soin et incommodité.

  A015003323 

 « Non omnes arbusta juvant humilesque miricæ.

  A015003342 

 Je suis certes bien marri, ma tres chere Seur, ma Fille, que vous n'ayés receu mes lettres que souvent je vous ay escrites et addressees a Dijon, non point tant pour autre sujet que pour la consolation que vostre bon naturel vous fait recevoir quand vous voyés de mes escritz.

  A015003343 

 Mais dites moy, je vous prie, ma chere Fille, eussies [352] vous bien peu croire qu'une affection plantee de la main de Dieu, arrousee par tant d'obligations que je vous ay et a vostre Mayson, fut sujette a diminution ou esbranslement? Non certes, ma tres chere Seur, ma Fille, il n'est pas possible qu'une amitié vraye et solide puisse jamais cesser..

  A015003413 

 J'apprens que vous aussi et monsieur le Curé de Bons ne feres pas qu'avec incommodité ce voyage, et je vous prie, mais de tout mon cœur, de ne vous en incommoder nullement et de dissuader aussi ledit Curé de Bons; car plustost que d'incommoder mes amis en chose non necessaire, je romprois le voyage tout a fait.

  A015003465 

 Et pourquoy non moy a ma Mere? Vrayement, bonsoir, ma tres chere Mere..

  A015003572 

 J'ay treuvé qu'on y prioit les bienheureux Saintz, non comme compaignons, mais en qualité d'aggreables et tres humbles serviteurs de Jesuschrist, non point pour desfiance de la bonté et charité divine envers nous, mays pour prattiquer et se prævaloir de la communion des Saintz.

  A015003574 

 Comm'en effect, je ne m'espancherois pas mesme si avant a parler [380] de cette grace que j'ay receüe avec un'autre qu'avec vous qui m'aymes, et que je prie ne point communiquer la presente, pour ne me point rendre plus odieuse a ceux qui croyront que ce mien despart d'avec eux m'en rende digne, et lesquelz, non obstant cela, je ne laisseray neanmoins de cherir d'une vraye et sincere dilection, priant, etc..

  A015003634 

 Si non, nous vous supplions ne pas trouver mauvais si nous maintenons nos privileges, que nous croyons que vous nous conserverez; qui nous fera sur ce vous baiser tres humblement les mains, et prier Dieu de vous conserver et vous donner santé longue et heureuse vie, nous qui sommes,.

  A015003670 

 Ne reste si non à me les sçavoir bien appliquer et en bien user..

  A015003756 

 « Musteriensis diœcesis finibus appropinquanti, occurrit Franciscus Sales, Genevensium Antistes, elegantis ingenii homo, doctusque, ac pius divini verbi præco, simul et Anastasii studiosissimus, quod ejus opera, a Summo Pontifice Paulo Quinto plurima, eademque non vulgaria et sibi et canonicis suis utilia beneficia accepisset; quem Anastasius ad se officii gratia venientem amanter, ac pro loci angustia honorifice habuit..

  A015003773 

 Mais ayant esté faict marguillier deppuis trois sepmaines et l'ayant accepté, voyant que tout d'une voix j'estois desiré, je suys dispensé d'escripre pour aultruy et obligé d'escripre pour S' Benoist, non seullement comme en ayant charge, mais encores pour la comodité de ceste petite maison ou j'espere que mondit Seigneur logera.

  A015003871 

 Non mittendus canibus..

  A015003919 

 Je donne a S. A. S. quelques nouvelles que j'ay entendu des nostre retour de Bade, là où nous avons esté et n'avons rien faict, encoures que nous avons esté trois Ambassadeurs, si non despendre beaucoup d'argent.

  A015003920 

 Je ne veux point contrevenir, ny moins y pencer, au commandement de S. A. S.; mais on a bien esté esbey de voir venir trois Ambassadeurs a la Diete generale, pour demander a Messieurs de Berne ouy ou non.

  A015003920 

 Si ce feut esté pour une conference, ou bien une [413] assemblee pour disputer les droits de S. A. S., cela estoit bien, car trois sçavent plus que non pas un.


16-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XVI-Vol.6-Lettres.html
  A016000268 

 J'espere pourtant que ce sera bien tost, non jamais tant que je desire.

  A016000521 

 A ce propos, on m'a dit que le sieur Bertelot avoit fait faire des grandes plaintes contre mon frere le chevalier a Son Excellence, mays il se treuvera que c'est a tort et pour des frivoleries: comme de ne le saluer pas, non plus qu'il n'est pas salué de luy, et semblables choses indifferentes et dont les plaintes peuvent estre reciproques, quoy que non egales en l'inegalité des personnes.

  A016000587 

 Ah! non, ma chere Fille, ne soyés pas si cruelle.

  A016000723 

 Velle deponere onus episcopale ob causas rationi congruas, non modo nullum est peccatum, sed etiam actio est virtutis, vel modestiae, vel humilitatis, vel justitiae, vel charitatis..

  A016000725 

 Quamvis cogitatio desideriumve episcopatum deserendi, eo quo licet modo, nullum sit peccatum, plerumque tamen non caret hujusmodi propositum magna tentatione acceditque frequentissime daemonum opera.

  A016000725 

 Qui enim confidunt in Domino, assument pennas velut aquilae, volabunt et non deficient; deficientes autem, quemadmodum fumus deficient, et qui ad sarcinas formidolosus revertitur, otium quidem habet, sed non majorem quam qui praeliatur securitatem..

  A016000725 

 Satius ergo fuerit, seipsum ad meliorem navandam operam deinceps excitare, quam quia tibi non videris recte hactenus navasse, omnem operam velle abjicere.

  A016000730 

 Vouloir se démettre de la charge épiscopale pour des motifs raisonnables, non seulement ne constitue aucun péché, mais c'est même un acte de vertu, ou de modestie, ou d'humilité, ou de justice, ou de charité..

  A016000749 

 Je n'ay sceu non plus l'escrire moy mesme, mais ceux qui l'ont escrit n'ont point de connoissance de l'usage auquel je l'ay dedie..

  A016000765 

 Non, ma tres chere Fille, je ne suis plus en peyne de l'accident d'avant hier, car j'espere que vous en voyla [58] quitte pour ce coup, moyennant la grace de Nostre Seigneur, a la sainte providence duquel je remetz ma tres unique fille comme moymesme.

  A016000801 

 C'est pour nous apprendre deux leçons signalees: l'une, que nous nous devons tous-jours desfier de nous mesme, cheminer en une sainte crainte, requerir continuellement les secours du Ciel, vivre en humble devotion; l'autre, que nos ennemis peuvent estre repoussés, mais non pas tués.

  A016000909 

 Certes, j'aymerois bien ce mal qui, estant si petit, m'apporteroit tant de consolation; je n'en voudrois vrayement jamais guerir a ce conte, non pas mesme quand ma Mere seroit venue et qu'elle vous auroit amenee avec elle..

  A016000910 

 Ma tres chere Mere et ma tres chere fille passeront modestement et non gueres loin du logis de ce pauvre pere et filz, sans y entrer et sans le voir, et iront tout droit servir ces pauvres gens qui ne leur sont vrayement ni filz ni pere, mais qu'elles regardent comme freres et membres de Jesus Christ.

  A016000991 

 Mays, Monseigneur, avant toutes choses, le bon playsir de Vostre Altesse est requis, lequel ledit Chapitre la supplie tres humblement de luy ouctroyer, comm'un'aumosne a des pauvres bannis et dejettés de leur siege par les ennemis de Dieu et de Vostre Altesse Serenissime; laquelle, certes, pour cela ne les rendra pas riches, puisque ledit prieuré n'est que de cent ducatons de revenu, mais elle les accommodera beaucoup, ce benefice estant en cette ville et [86] fort a la bienseance de cette compaignie qui ne cessera jamais, non plus que moy, de souspirer et aspirer devant la divine Majesté jusques a ce que, sous les auspices de Vostre Altesse, elle retourne en son ancien sejour..

  A016001086 

 Au reste, la reveüe annuelle de nos ames se fait, ainsy que vous l'entendes, pour les defautz des confessions ordinaires qu'on supplee par celle ci, pour se provoquer et exercer a une plus profonde humilité, mays sur tout pour renouveller non les bons propos, mais les bonnes resolutions que nous devons appliquer pour remedes aux inclinations, habitudes et autres sources de nos offences auxquelles nous nous treuverons plus sujetz.

  A016001087 

 Pour vostre seconde difficulté, je vous dis, ma tres chere Seur, quil n'est nullement besoin en vostre reveiie de marquer particulierement le nombre ni les menues circonstances de vos fautes, ains suffit de dire en gros quelles sont vos principales cheutes, quels vos particuliers detraquemens d'esprit, et non pas combien de fois vous y estes tumbee, mais si vous estes fort sujette et addonnee au mal.

  A016001099 

 Je vous escris sans loysir, mais non pas sans une tres grande affection de vous rendre du service, et vous supplie de prendre en bonne part mon advis.

  A016001138 

 Le giovani non escono mai dalla casa (nella quale non v'entrano huomini), ma solamente le vecchie et mature, per soccorso degl'infermi, massime donne, lequali quando sonno povere, patiscono molto in quella cita, non essendovi se non un povero hospitale che non ha modo di fare molta carità a dette inferme.

  A016001142 

 Il che è tanto più ragionevole, che detta Congregatione non mendica, anzi si stabilisce a spese delle [107] Dame congregate, nè pretende giamai haver entrata se non per mantener gl'edificii, la sacristia, il capellano et pagar il medico loro, o per via di censi perpetui, o in altre maniere che non facciano aggravio a nessuno, nè diano impedimento alcuno alli dazii o vero taglie del Serenissimo Duca.

  A016001154 

 Elle ne prétend pas non plus avoir jamais de revenu, si ce n'est pour l'entretien des bâtiments, de la sacristie, de l'aumônier et pour payer le médecin, soit avec des rentes annuelles, soit par d'autres moyens qui ne chargent personne et qui n'apportent aucun empêchement aux impôts ou tailles du Sérénissime Duc.

  A016001192 

 Non certes, je ne pense pas que ni mon sentiment, ni mes opinions, ni mes interestz doivent servir de regle a pas un homme du monde, et particulierement a mes amis; trop obligé que je leur seray si, reciproquement, ilz ne m'estiment rien moins leur affectionné et veritable amy quand je seray d'autre opinion qu'eux.

  A016001227 

 Mais si je le voy sur les genoux de sa sacree Mere, ou entre ses bras, ayant sa petite bouchette, comme un bouton de rose attachee au lis des saintes mammelles, o Dieu, je le treuve plus magnifique en ce throsne, non [120] seulement que Salomon dans le sien d'ivoyre, mais que jamais mesme ce Filz eternel du Pere ne fut au Ciel; car si bien le Ciel a plus d'estre visible, la Sainte Vierge a plus de vertus et perfections invisibles, et une goutte du lait qui flue virginalement de ses sacrés sucherons, vaut mieux que toutes les influences des deux.

  A016001228 

 Voyes-vous pas qu'il reçoit la haleine de ce gros bœuf et de cet asne, qui n'ont sentiment ni mouvement quelconque? Comme ne recevra-il pas les aspirations de nostre pauvre cœur, lequel, quoy que non tendrement pour le present, solidement neanmoins et fermement, se sacrifie a ses pieds, pour estre a jamais serviteur inviolable du sien et de celuy de sa sainte Mere et du grand gouverneur du petit Roy?.

  A016001229 

 Ma tres chere Mere, c'est la verité: j'ay une lumiere toute particuliere qui me fait voir que l'unité de nostre cœur est ouvrage de ce grand Unisseur, et partant, je veux desormais non seulement aymer, mais cherir et honnorer cette unité comme sacree.

  A016001308 

 Ce mesme amour propre fait que nous voudrions bien faire telle et telle chose par nostre eslection, mais nous ne la voudrions pas faire par l'eslection d'autruy, ni par obeissance; nous la voudrions faire comme venant de nous, mais non pas comme venant d'autruy.

  A016001309 

 Sans doute, ma chere Fille, ce qu'on a repugnance a s'imaginer le rehaussement des autres, c'est parce que nous avons un amour propre qui nous dit que nous ferions encor mieux qu'eux, et que l'idee de nos bonnes propositions nous promet des merveilles de nous mesmes et non pas tant des autres..

  A016001310 

 C'est le seul remede qu'il y a, de desadvouer les sentimens, invoquant l'obeissance et protestant de la vouloir aymer non obstant toute repugnance, plus que non pas la propre eslection, louant Dieu par force du bien que l'on void en autruy et le suppliant de le continuer; et ainsy des autres..

  A016001358 

 J'ay toute ma vie grandement prisé la ville de Thoulouse, non pour sa grandeur et noblesse, mays, comme dit saint Chrisostome de son Constantinople, a cause du service de Dieu qui y est si constamment et religieusement maintenu.

  A016001413 

 L'esperance que ce peuple de Neci et de Genevoys a conceüe de voir ce college, qui est maintenant presque en friche, remis a la Congregation des Peres Barnabites, n'a ni rayson ni fondement que sur la bonté [145] paternelle de Vostre Altesse Serenissime, laquelle en a eu aggreable le projet, non seulement par ce quil estoit propre pour le proffit publiq temporel de ses tres humbles sujetz, mais aussi pour l'utilité quil rapporteroit au salut des ames.

  A016001430 

 Que si Dieu gratifie cette bonne ame, je pense quil sera a propos de faire commettre ou [148] Monseigneur de Maurienne, ou monsieur l'Abbé d'Abondance, ou moy, disjunctim, ita ut uno non procedente, alius procedat..

  A016001451 

 Il faut bien faire entendre comme non seulement avant que de faire la profession, elle protesta de la force et [153] violence que sa mere luy faysoit, et que par cette crainte seulement, et non de volonté, elle faysoit ladite profession, qu'elle desiroit estre declaree nulle en tems et lieu; dont il y a acte par deux notaires.

  A016001492 

 Intima sane ac peculiari mœstitia Illustrissimi ac [158] Reverendissimi D. Adriani, praedecessoris vestri, obitus animum meum exagitavit et affecit, non solum propter eam qua tantum Praesulem colebam venerationem, aut illam qua me vicissim ornabat benevolentiam, sed ideo maxime quod celeberrima Sedunensis Ecclesia, ac universa Vallesiorum gens, insigni illo Principe et Pastore orbata iniquo tempore et praemature remansisset, cum religionis avitae tuendae augendaeve Catholicae fidei zelo ac peritia, neminem cum defuncto Praesule comparandum illis in partibus esse putaremus..

  A016001493 

 Verum, ubi de Illustrissimae et Reverendissimae Dominationis Vestrae promotione a Reverendissimo Ecclesiae [159] vestrae Canonico qui huc Ordinationis gratia accesserat, deque cumulatissimis personae vestrae illustrissimae dotibus, paulo fusius ac uberius audivimus, tum vero tristitia nostra versa est in gaudium et luctus noster versus est in cytharam, ut nimirum Deo ingentes gratias ageremus quod lucernam suam in Hierusalem extingui non esset passus, sed pro patre filium excitasset quem constitueret super civitatem illam Sedunensem, quam et nos Sion appellamus..

  A016001495 

 Sic enim, quod ad me spectat, me tibi tuisque rationibus addictissimum semper fore polliceor, ut non modo pro communi nostra? utriusque vocationis vinculo, fraterna quaeque obsequia a me expectare debeas, sed etiam omnem quam optare placuerit, servi fidelissimi et humillimi accuratissimam operam.

  A016001496 

 Interim, non desinam impensius a Domino Salvatore nostro petere ut tibi mittat auxilium de sancto, quo navem illam tuam gravissimis procellis agitatam, ad [161] optatum pacis ac foelicissimae pietatis portum salvam perducas..

  A016001505 

 C'est d'une tres profonde et particulière tristesse que mon âme a [158] été saisie et affligée à la mort de l'Illustrissime et Révérendissime M gr Adrien, votre prédécesseur, non seulement à cause de l'honneur que je portais à un tel Prélat et de la bienveillance dont il m'honorait en retour, mais principalement à cause de la perte prématurée que vient de faire, d'un si excellent Prince et Pasteur, la célèbre église de Sion et tout le pays de Valais, en un temps si fâcheux; car, selon nous, en fait de zèle et d'habileté pour défendre la religion des ancêtres et pour propager la foi catholique, l'Evêque défunt n'avait pas son pareil..

  A016001508 

 Vous pouvez compter sur moi, non seulement pour tous les services fraternels qui dépendent de notre commune vocation, mais encore pour le concours empressé que vous attendriez d'un très dévoué et très humble serviteur.

  A016001518 

 Intima ac peculiari Illustrissimi D. Adriani, Dominationis Tuae R mae et Ill mae antecessoris, obitus animum meum affecit mestitia, non tantum propter eam qua tantum Praesulem colebam observantiam, aut illam qua vicissim ipse me recreabat benevolentiam, sed ideo maxime quod Sedunensis Ecclesia et universa Vallesiorum gens, insigni Principe ac Pastore orbata remansisset, cui [162] vel religioni avitae ac Catholicae tuendae augendaeve, zelo ac peritia neminem in illis partibus comparandum inter superstites esse existimabamus..

  A016001519 

 Verum, ubi de Ill mae et R mae Dominationis Vestrae promotione, a R do Canonico Ecclesiae Vestrae accepimus qui, etiam ipse, nos de dotibus quibus Deus omnipotens Vestram R mam Personam uberrime cumulavit, ad amussim quoad per eum fieri poterat edocuit, tum vero, Ill me et R me Praesul, tristitia nostra versa est in gaudium, aut, ut more Sacrae Scripturae dicam, versa est in cytharam, qua nimirum gratias plurimas Deo ageremus quod lucernam suam in Hierusalem non extinxisset, sed pro patribus filium nasci fecisset, quem constitueret principem super omnem illam terram tibique fausta ac salutaria praecaremur..

  A016001521 

 Sic enim, quod ad me spectat, tibi deinceps tuisque omnibus rationibus addictum fore me polliceor, ut non modo pro communi nostrae utriusque vocationis vinculo fraterna quaeque obsequia a me expectare debeas, sed humillimam et accuratissimam servi fidissimi et devotissimi quam optare tibi placuerit operam.

  A016001522 

 Interim vero, quod hactenus feci, non desinam impensius praestare, ut scilicet a Deo Salvatore nostro tibi [164] auxilium de sancto exoptem, ut spiritu principali confirmatus, navem illam, jamdudum gravissimis procellis agitatam salvam ad optatum pacis ac felicissimae pietatis portum perducas..

  A016001528 

 Une profonde et particulière tristesse s'est emparée de moi à la mort de l'Illustrissime M gr Adrien, prédécesseur de Votre Seigneurie Révérendissime et Illustrissime, non seulement pour le respect que je portais à un tel Prélat, ou pour la bienveillance dont il me gratifiait en retour, mais surtout parce que l'Eglise de Sion et tout le pays du Valais demeuraient privés d'un si excellent Prince et Pasteur.

  A016001531 

 Vous pouvez attendre de moi, non seulement les services fraternels qui dépendent de notre commune vocation, mais encore l'assistance la plus humble et la plus dévouée que vous désireriez du plus fidèle et du plus attaché des serviteurs.

  A016001646 

 Et cela estant ainsy, quelle grace d'estre non seulement sous la croix, mais sur la croix, et au moins un peu crucifiee avec Nostre Seigneur! Ayes bien courage, ma chere Seur, convertisses la necessité en vertu, et ne perdes pas l'occasion de bien tesmoigner vostr'amour envers Dieu parmi les tribulations, ainsy quil tesmoigna le sien envers nous parmi les espines..

  A016001660 

 Rien n'est caché a la chaleur du soleil en ce monde; rien n'est non plus esloigné du soin des bons Rois en leurs monarchies.

  A016001736 

 Je voy par vostre lettre l'estat de l'ame du cher mari, par le duel desseigné, et non commis, auquel il s'estoit resolu.

  A016001774 

 Le bien de la venue des Peres Barnabites en cette ville est de si grande consideration, que Vostre Altesse, [189] laquelle l'a si saintement desiré, le fera sans doute puissamment reüscir, non obstant les petites difficultés qui se presentent, qui ne procedent que d'une bonne affection, a laquelle Vostre Altesse donnera, sil luy plait, la mesure et discretion; en sorte que si le Pere General des Barnabites ne pouvoit ouctroyer la dispense qu'on requiert, sa Congregation ne laissast pas pour cela d'estre introduite dans ce college ou, en [190] tous evenemens, ell'apportera un'utilité incomparablement plus desirable que tout ce qui s'y est fait jusques a present..

  A016001806 

 Les Catholiques de Gex et moy avons receu les trois cens escus d'aumosne que Vostre Majesté a donnés pour la reparation des eglises, avec une tres humble reverence et action de graces, non seulement parce que les [192] faveurs qui proviennent de si haut lieu sont tous-jours de grande estime, mais aussi parce que ce sont comme des arrhes de plus grans bienfaitz pour l'avenir; dont nous en esperons que la royale bonté de Vostre Majesté regardera de son œil propice la misere a laquelle l'heresie a reduit ce pauvre balliage, pour respandre a son secours les graces et assistances qui luy peuvent servir de remede..

  A016001819 

 Et puis, [193] vous ne regardés pas, comme je pense, ma personne, mais cet Ordre sacré duquel elle est doüee, qui est le premier de tous les Ordres en l'Eglise, de laquelle vous aves cet incomparable honneur et bonheur d'estre un membre vivant, et non seulement vivant, mais animé de l'amour sacré, qui seul est la vie de nostre vie, comme vos bons desirs tesmoignent..

  A016001834 

 Consideres donq, Monsieur, que les huguenotz non seulement ne sont pas du clergé, mais haïssent et le nom et la chose sacree quil signifie, et jamais ne fut veu que les ministres fissent cors a part en France.

  A016001855 

 Au demeurant, je suis icy aupres de ce Prince comme n'y estant point, dautant que la multitude des affaires que cette levee d'armees luy donne m'empesche de pouvoir si souvent jouir de lhonneur de sa presence, comme peut estre je ferois en un'autre sayson; laissant a part le viel enseignement: Episcopum in caulis, non in aulis invenire par est.

  A016001906 

 Non certes, Monsieur, je ne suis nullement delicat, amant les ceremonies, les complimens; non, pas mesme [203] les offences ne gastent rien avec moy, si elles ne sont faites et appostees expres pour ruiner l'amitié (je parle de l'amitié, et non de la commune charité que rien ne doit ruiner); car celles qui proviennent de negligence, de foiblesse, d'inconsideration, voire mesme de quelque soudaine passion d'ire, de courroux et de haine, il me semble qu'un'amitié un peu forte les doit supporter, en consideration de nostr'humanité qui est sujette a ces accidens..

  A016001936 

 Mais ce soin, ma tres chere Seur, il faut qu'il soit diligent et ferme, et non empressé, ni a secousses..

  A016001940 

 Ma tres chere Seur, je vous escris sans loysir, mais non pas sars une infinie affection envers vous et toutes vos filles, que je supplie toutes de recommander mon ame a la misericorde de Dieu, comme de ma part je ne cesseray point de vous souhaitter benediction sur benediction, et que la source de toute benediction vive et regne a jamais au milieu de vos cœurs.

  A016001993 

 Que si la multitude des affaires de ma charge et mes affaires particulieres, bien que non domestiques, me permettoyent d'estre a mon gré ou je voudrois, souvent je me treuverois là de tems en tems.

  A016002005 

 «Sapere et amare, vix diis conceditur;» mais je dirois plus volontier: Litigare et non insanire, vix Sanctis conceditur.

  A016002010 

 Ce n'est pas, non, avec un esprit d'impatience ni de murmuration que je dis cecy; car je me resouviens tous-jours que ista mala invenerunt nos quia peccavimus, injuste egimus..

  A016002029 

 C'est pitié que chacun veut avoir des volontés! Currebant, et non mittebam eos; et neanmoins ilz veulent que ce soit comme si on les avoyt envoyés.

  A016002057 

 Non certes, mon tres cher Filz, quoy que vous changies de lieu, d'affaires et de conversations, vous ne changeres jamais, comme j'espere, de cœur, ni vostre cœur d'amour, ni vostre amour d'object, puisque vous ne sçauries choisir ni un plus digne amour pour [223] vostre cœur, ni un plus digne object de vostre amour que Celuy qui vous doit rendre eternellement bienheureux.

  A016002057 

 O Jesus mon Dieu, quel bonheur d'avoir un filz qui sçache par merveilles si bien chanter les chansons de Sion emmi la terre de Babylone! Les Israëlites s'en excuserent jadis parce que non seulement ilz estoyent entre les Babyloniens, ains encor captifs et esclaves des Babyloniens; mais, qui n'est point en l'esclavage de la cour, il peut emmi la cour adorer le Seigneur et le servir saintement.

  A016002058 

 Dieu neanmoins ne le voulant pas, puisqu'il permet que je sois attaché icy, ni vous, ni moy non plus ne le devons pas vouloir.

  A016002059 

 De vous supplier meshuy de m'aymer, je ne le veux plus faire, puisque je puis plus courtement et expressement vous dire: soyés donq mon vray filz de tout vostre cœur, Monsieur, puisque je suis de tout le mien, non seulement.

  A016002123 

 En quoy, toutefois, ni eux, ni moy, qui ay eu la charge d'en faire les propositions, n'avons rien eu en plus grande consideration que de faire les traittés de sorte que l'alliance et correspondance qui est et doit estre entre le college de Savoye Chappuysien de dela et celuy de deça, fut saintement et religieusement conservee en tout ce qui en depend; qui nous fait croire que non seulement vous aggreeres, mais que vous loüeres ce qui a esté fait et en favoriseres davantage ce college, puisque Dieu y sera mieux servi et la jeunesse mieux instruite..

  A016002139 

 Non certes, ma chere Fille, je ne seray point en peyne de vostre conduitte si vous marches sur ce chemin la, car Dieu sera vostre guide, et puis vous ne manqueres pas de personnes qui vous donneront conseil pour cela..

  A016002173 

 Mais, non certes, ma pauvre chere Peronne Marie, cette mauvaise la n'est pas plus brave que vous, mais ell'est plus afficheuse, perverse, surprenante et opiniastre; et quand vous alles pleurer, ell'est bien ayse, par ce que c'est tous-jours autant de tems perdu, et elle se contente de vous faire perdre le tems quand elle ne vous peut pas faire perdre l'eternité.

  A016002175 

 N'ayes point honte de tout ceci, ma chere Fille, non plus que saint Paul, qui confesse quil avoit deux hommes en soy, dont l'un estoit rebelle a Dieu et l'autre obeissant.

  A016002187 

 Mays, qui pourroit asses admirer non plus qu'asses loüer sa Providence? Cette Bonté paternelle aura regardé de l'œil de son amour une quantité de filles et de femmes qui, pour diverses raysons, demeuroyent entre les hazars des flotz de la mer mondaine, s'il ne leur dressoit un port aysé auquel elles puissent surgir, nonobstant que leurs barques soyent un peu foibles.

  A016002240 

 Et j'ay treuvé, Monseigneur, que c'estoit le vray service de Vostre Grandeur qui requeroit vostre retour, et non seulement le general desir de tous vos tres humbles sujetz, qui prendroyent sa presence a soulagement, apres beaucoup de peyne qu'ilz ont souffert..

  A016002242 

 Que si j'osois dire mes pensees sur les autres sujetz que Vostre Grandeur auroit de revenir, je luy marquerois le [253] desir ardent que Son Altesse Serenissime a eu qu'elle demeurast, auquel Vostre Grandeur correspondant par son retour, c'est sans doute qu'elle l'obligeroit non seulement a perseverer en l'amour plus que fraternel qu'ell'a tous-jours protesté envers icelle, mais elle en accroistroit extremement les causes, et par consequent les effectz..

  A016002263 

 Mays que pourront ces orateurs mortz, en comparayson des harangueurs continuelz qui vivent, et soufflent perpetuellement dans les aureilles de ce Prince son esloignement de ce païs? Et puis, n'ont ilz pas des-ja fait la moytié de leur besoigne? [257] Et si nous n'avons sceu empescher le depart, quel moyen d'obtenir le retour? Melius non incipient quam desinent.

  A016002327 

 Quare, ubi diem Vestra Dominatio R ma condixerit, non deero quin lubentissime officio consecrationis suae amantissimi [267] utinam et amatissimi promotoris munere fungar.

  A016002372 

 Non certes, si j'avois jamais ma liberté, jamais je ne la quitterois.

  A016002390 

 Voyla pourquoy je vay encor plus joyeusement voir si Dieu se servira de moy en quelque chose pour sa gloire; car saches, ma tres chere Mere, que j'ay eu en chemin, et ce matin encor plus, des grans sentimens de la grace que Dieu fait a ceux qu'il employe a son service et ausquelz il donne le vray goust des vertus, ayant eu cette pensee sur les paroles que l'Eglise inculque et qui donnerent le dernier coup a la conversion de saint Augustin: Non point es banquetz et ivroigneries, non point es couches et impudicitès, mais revestes vous de Nostre Seigneur Jesus Christ.

  A016002496 

 Maintenant que vous diray-je? Bien des choses sans doute, si je voulois suivre mes affections, lesquelles seront [284] tous-jours pleynes pour vous, comme je desire que les vostres soyent bien pleynes pour moy, quand sur tout vous seres dans le petit oratoire, ou je vous supplie d'en respandre beaucoup devant Dieu a l'intention de mon amendement; ainsy que de mon costé je respans, non les miennes, qui sont indignes a rayson du cœur ou elles sont, mays le sang de l'Aigneau immaculé, devant le Pere eternel, en faveur de la bonne intention que vous aves d'estre toute sienne..

  A016002507 

 Or, puisque non seulement il vous a pleu, Monsieur, de jetter vostre pensee et, ce qui est encor le plus, vostre bienveuillance sur moy, je vous supplie tres humblement de me continuer cette grace par la mesme courtoisie et bonté qui l'a fait naistre en vostre ame sans aucun merite de ma part; et si je ne puis par les effectz, au moins par affection je m'essayeray de correspondre a cette faveur, vous portant a jamais un honneur, ouy mesme (si vous me permettes ce mot) un amour tres particulier.

  A016002567 

 Certes, ma tres chere Fille, son esprit n'est pas pour supporter un si grand tracas; et je voy que non seulement cela, mais il est pour se retirer de Rumilly.

  A016002580 

 Les ames que Dieu a rendu tout une sont inseparables, car, qui peut separer ce que Dieu a joint? Non, ni la mort, ni chose quelconque ne nous separera jamais de l'unité qui est en Jesus Christ, qui vive a jamais en nostre cœur.

  A016002585 

 Or sus, ma chere Fille, puisque Dieu est l'unité de nostre cœur, qui nous en separera jamais? Non, ni la mort ni la vie, ni les choses presentes ni les futures, ne nous separeront jamais, ni ne diviseront nostre unité.

  A016002649 

 Je l'en supplie continuellement, estant perpetuellement a Lion, non seulement en vous comme vous mesme, mais aussi en vostre petite mayson, ou je suis present, ce me semble, en esprit a tout ce petit mesnage spirituel que Dieu y fait naistre..

  A016002680 

 J'envoyay au seigneur Ranze, il y a fort long tems, tout ce que j'avoys peu recueillir non seulement en ce diocaese de Geneve, mais encor ailleurs, pour l'avancement de la canonization du tre heureux Prince Amé troysiesme, et suys asseuré que le tout a esté receu.

  A016002773 

 Elle a fait justement de les recevoir, si elle ne les a receuës que dans ses aureilles; mais si elle les a receuës dans le cœur, elle me pardonnera si, estant non seulement son tres humble et tres fidele serviteur, mais encor son tres affectionné, quoy qu'indigne Pasteur, je luy dis qu'elle a offencé Dieu et est obligee de s'en repentir, voire mesme quand les accusations seroyent veritables; car nulle sorte de parolle qui soit au prejudice du prochain ne doit estre creuë avant qu'elle soit preuvee, et elle ne peut estre preuvee que par l'examen, parties ouyes.

  A016002850 

 Et je le veux bien, ma tres chere Mere, car l'amour ne va pas tous-jours en ordre; autrement, Nostre Seigneur eust commencé le soin qu'il eut en sa Passion, par sa Mere et son bienaymé saint Jean, dont je viens de parler a Sainte Claire sur le sujet de nostre grand saint Joseph, duquel j'ay fait le sermon et dit bien de bonnes choses, mais non pas avec la ferveur que j'ay tous-jours en parlant de cet admirable Papa de nostre Maistre.

  A016002913 

 Et pour mon pauvre cher esprit, qui est un peu travaillé de distractions en l'orayson, que luy diray-je, sinon quil se garde bien des empressemens, quil se tienne fort en la confiance de son Dieu, qu'il se repose en sa providence pour toutes choses, acquiesçant doucement aux evenemens; et puis, si les distractions nous tracassent, ce sera l'un des evenemens quil faudra recevoir, non pour le nourrir, mais pour le souffrir doucement.

  A016002953 

 Pour ma tres chere Seur Marie Jeanne Elizabeth, je ne desappreuve pas son voyage, ni ne l'appreuve; mais il seroit utile que je commette quelqu'un pour ouÿr les tesmoins et recevoir authentiquement leurs depositions, et non seulement les tesmoins, mays Madame du Paraclet et ses Religieuses.

  A016003000 

 Ce n'est pas que je vous appelle sainte quand je vous parle d'accroissement de sainteté en vous; non certes, ma tres chere Fille, car il n'appartient pas a mon cœur de flatter le vostre.

  A016003010 

 Tenés bon, et prattiques non seulement l'amour solide, mays l'amour tendre, doux et suave envers ceux qui sont autour de vous.

  A016003024 

 Son Altesse a battu ces jours passés les Espagnolz, mais non pas avec grande effusion de sang.

  A016003130 

 J'attens, non sans tentation d'inquietude, l'homme qui doit venir de [366] Lion; soudain quil sera arrivé, vous aures part a nos nouvelles.

  A016003270 

 Mais aussi ne le faut il pas dire la nuit, puisque sa Bonté le mettra bien tost au jour, et fera dire a plusieurs, voire a tous, ce que maintenant je dis avec le Prophete que vous aymez tant, Monseigneur: Tu m'as donné a conoistre les choses non sceuës et secrettes de ta sapience; voicy que la joye de mon salutaire m'est renduë, puis que tant d'ames seront confirmees de l'esprit principal dans la Visitation, que mon ame visite si souvent par ses souhaits a Dieu; car, Monseigneur, j'estime que si je pouvois servir ceste sainte Congregation, ce seroit vous tesmoigner que je suis.

  A016003294 

 Quid non speremus amantes? Soyez mon bon Seigneur et mon Apollon tant que vous voudrez, si me debvez-vous une veüe; l'amour se paye par l'amour, la visite par une autre.

  A016003297 

 «Non semper imbres nubibus hispidos,.

  A016003331 

 Encor que sellon le debvoir que Nous avons d'avoir soing aus affaires importants de nostre Empire, Nous avions assigné l'assemblee generale dans nostre ville Imperiale, a Ratisbonne, par une Nostre dernieredu 22 e octobre de l'annee dernierement escheüe 1613, au premier may de l'annee presente 1614, affin de deliberer et resouldre sur les points contenus en noz propositions faictes pour la derniere diette: Nous avons veu, et avec un extreme regret, cogneu et sceu par des advis tres asseurés, que l'ennemys ( sic ) immortel de toutte la Chrestienneté, tous les jours s'en va d'aultant plus avançant et empietant sur les pais voysins de la province de Sibebourg ( sic? ), laquelle il a soubjugué et reduict en sa puissance avec tout ce qui en despandoit; de sorte que, non content d'avoir, avec un tres grand dommage et cruelle guerre, surmonté ces dictz pais, mais, au tres grand prejudice de la Christienneté, commis plusieurs conflictz tres cruelz et sanglantz et desquelz a present il ne veult desister; car Nous sommes tres asseuré que, pour ce printemps, il se prepare pour attaquer avec touttes ses forces nostre royaume d'Ungrie et les pais Christiens qui luy sont voysins.

  A016003333 

 Et ne doubtons aucunement que vostre volunté, et de tous lesdictz Princes et Estatz, ne soit tousjours telle, que vous vous porterez tousjours avec une vraie affection pour le contenu ausdictes propositions, et serez tousjours zelé a l'avancement du bien de l'Empire, non seulement en ladicte assemblee, mais encor ou vostre assistance sera necessaire; protestantz, au deffault de ce que la ou lesdictz Estatz et assemblee ne se resouldront a quelque chose de bien, pour la tuition, deffense et soulas de la Christienneté, que ce ne sera a nostre coulpe, ains, comme Nous avons tousjours tesmoigné par tout, nostre syncerité et affection se rendra de plus en plus prompte, comme desja des nostre election Nous vous avons faict paroir en ce que Nous nous sommes portés en ce qui a esté du bien et repos de tout nostre dict Empire, et n'y avons espargné aucun hazard, mesme de nostre vie, comme Nous ne ferons encor par cy appres..

  A016003375 

 Sopra di che ha risoluto Sua Beatitudine che si scriva a V. S. che non ostante l'ordine di supersessoria già dato, Ella proceda in questa causa per termini di giustitia, conforme alle Lettere Apostoliche presentateli..

  A016003375 

 È ricorso da Nostro Signore, con l'alligato memoriale, il Generale della Congregatione di Fogliens, con far instanza che V. S. proceda avanti nell' essecutione delle Bolle di Sua Beatitudine sopra la concessione fatta a essi Padri del Monasterio et mensa monacale del Priorato della Madonna di Talloira, non ostante l'appellatione interposta per parte dell'Abbate commendatario della Badia di [397] Savigni in Lione di Francia et monaci di detto Priorato.

  A016003398 

 Il n'y a remede, si faut il que je fasse un peché veniel, vous allant distraire de vos grandes occupations pour lire mes esgratigneures, vous, dis-je, que je vois occupé, et non empressé, a cultiver vostre petit paradis terrestre..

  A016003443 

 Quand a ce que vous me dites que je debvois faire que les Cardinaux escrivissent que le Nonce commit des non suspectz pro informatione, cela ne se pou voit, puisqu'alhors il ne [403] se parloit que de la volonté de Son Altesse, pour laquelle sçavoir et procurer nous estre favorable, j'obtins lesdites lettres au Sieur Nonce..

  A016003446 

 Il est marry de ce que M. de Savigny ne faict point d'estat de luy si non quand il en a besoin; et quand a ces memoires que je vous manday de sa part, avec le reste de ses louanges, rogatus rogabam.

  A016003447 

 Escrives moy donc tout court que je despende ce qui sera necessaire au proces et sollicitations, ou vraiement que il ne se peut; car vous sçaves que je vins avec ferme croiance de tous nous autres de faire merveilles avec mes attestations, et non poinct pour plaider.

  A016003454 

 Je n'ay encour la responce de M me des Gouffiers, et si non qu'a la requeste et remonstrance que Monseigneur le Reverendissime en fera a la Congregatione di Vescovi, comme je luy ay escrit que j'estois d'advys, per ultimo rimedio, croyés qu'il ( sic ) n'en feront rien, tres marry que j'en suis..

  A016003457 

 Cet ( sic ) du tout un bon personnage et qui nous est du tout amy; vere Israelita in quo dolus non est.

  A016003458 

 Mais, patience; il faut faire de necessité vertu, et ce que l'on peut, et non ce qu'on veut.

  A016003459 

 Pour moy, je voudrois que ce fut desja demain, tant je m'ennuy, non pour autre que pour voir si grandz frais et si peu de moiens de les paier; sçaches moy donc, je vous prie tres-humblement, a dire et commander quand il faudra caparrare cavallo..

  A016003483 

 Et non seulement vous Nous donnerés en cela ung grand contentement, mais aussy tesmoignerés par la vostre affection au bien de la ville et de nos subjectz d'icelle, qui en doibvent ressentir le fruict..

  A016003496 

 C'est pourquoy Nous escripvons aux Scindics de le remettre entre leurs mains, avec tous les biens, revenus, apertenances et aultres droictz d'iceluy, et vous exhortons d'y aporter toute la facilité qui dependra de l'aucthorité que vous y avés, a celle fin de ne retarder ung si grand bien que non seulement la ville, mais toute la province en doibt ressentir.

  A016003535 

 Le buone et utili conseguenze che son per derivare dall' introduttione costì dei Padri Bernabiti, sapendosi l'osservanza et essemplarità della lor vita et il decoro verso il culto divino, come anco il zelo della salute dei prossimi, devrebbeno non solo escluder l'oppositioni che se gli fanno circa il rimetter il Collegio, ma accender ogn'uno à favorir et metter mano in così pio et profittevol negotio..

  A016003536 

 Però, intendendo che dal canto vostro ritrovino durezza per qualche interesse et che i Padri medesimi si offeriscano di rilevarlo con ogni conveniente conditione, vi esortiamo con questa à non mostrarvi alieni dall'accordo, né permetter che simil impedimento ritardi l'effetto d'un negotio desiderato da cotesta Università et da Sua Altezza, et da Noi particolarmente; che però terremo grata memoria della vostra concorrenza col desiderio commune..

  A016003567 

 Quod ille oneris et libens suscepit et libentissime sustinet ut ego quoque sustinerem, si eo absente, operamque meam sibi commodam fore putante, similia facere juberet, atque utinam desiderio meo occasio respondeat, quo et ipse expertus cognoscat, res suas mihi non minus cordi esse quam sibi meae sint et ego eam benevolentiam, qua ornatissimum amicum constanter prosequor et sua et omnium opinione majorem esse ostendam...............................


17-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XVII-Vol.7-Lettres.html
  A017000220 

 — Suivre Notre-Seigneur crucifié, et non son humeur et sa présomption.

  A017000231 

 — Est-ce hypocrisie « de ne pas faire si bien que l'on parle? » — Marcher « par le milieu des belles vertus, » et non « par les extremités » des subtilités.

  A017000269 

 Sur quoy, je ne sceu que dire non plus, car vous ne m'avies rien marqué de particulier des defautz de M. Rosset.

  A017000348 

 Je vous escris sans aucun loysir, mais non pas sans beaucoup de desir de vous servir..

  A017000441 

 Le Frere N. vint a moy au plus fort de son affliction, et puis dire qu'il estoit plus mort que vif, tant sa desolation estoit extreme; et je me resouvins de Celuy qui linum fumigans non extinguit, et quod confractum est non conterit.

  A017000457 

 Elle se confessa derechef a moy, pour sa consolation et non par necessité, car elle avoit receu le jour precedent tous ses Sacremens, et mesme l'Extreme Onction, et fit la plus absolue indifference que j'aye jamais veuë; car ses domestiques et voysins la pressant de faire des vœux pour guerir, jamais elle ne voulut, mays dit que ce que Dieu feroit luy seroit le plus aggreable et qu'elle ne voudroit pas, par le moindre desir dû monde, demander a Dieu ni la vie ni la mort, luy laissant sans reserve sa vie entre ses mains, pour en faire a son gré; et ce qu'il [23] luy plairoit seroit aussi ce qu'elle vouloit.

  A017000457 

 Et, bien qu'elle dist que sa Françon, ma filleule, luy touchoit un peu le cœur parce qu'elle estoit encor si petite, neanmoins elle adjoustoit, non seulement avec force, mays avec tendreté, que si Dieu la retiroit, il sçavoit bien ce qu'il feroit de cette fille, et que, pour elle, elle ne vouloit nullement desirer de vivre, sinon tout ainsy que Dieu le voudroit.

  A017000622 

 Or, il ne se peut dire combien l'advancement des Peres Barnabites en ces contrees de deça sera utile pour celuy de la gloire de Dieu, non seulement pour la confirmation de la foy parmi ces bons peuples, qui, a la faveur de l'incomparable courage et rare pieté de Monseigneur, pere de Vostre Altesse, ont esté remis dans le giron de la sainte Eglise catholique, mays aussi pour la confusion des ennemis de la foy qui environnent de toutes parts cette province, delaquelle il ne se peut faire que le bien spirituel ne s'escoule petit a petit sur le voysinage, [46] qui, parce moyen, pourra recevoir insensiblement des grandes dispositions pour se convertir et reduire au devoir..

  A017000635 

 Mays cette dilation ne doit estre faite qu'a l'extremité, et sur la difficulté des-ja esmëue en l'assemblee, non pas sur l'apprehension de la difficulté.

  A017000639 

 Ne soyes nullement en peine pour moy, car il ny [a] nul danger en tout le Chablaix, car encor qu'a Lully soit morte de peste une fille sortie de Geneve et que sa mere en soit atteinte, si est ce qu'ell' a esté resserree [51] si a propos, que cela ne peut aller plus avant, non plus qu'un autre pareil accident arrivé avanthier aupres de Coudree.

  A017000718 

 Or, Monseigneur, tous ses devanciers et son frere, ayant tous-jours esté tres affectionnés a l'obeissance de Vostre Altesse, il espere d'elle tout le soulagement qui luy est requis pour estre relevé non de l'indigence, car ayant choysi la profession ecclesiastique il ne pretend pas a cela, mais de la misere seulement..

  A017000828 

 Ceignes vos reins de force et remplisses vostre cœur de courage, et puis, dites: Je feray prou, non pas moy, mais la grace de Dieu avec moy.

  A017000828 

 Sil vous appelle (et il est vray quil vous appelle) a une sorte de service qui soit selon son gré, quoy que non selon vostre goust, vous ne deves pas moins avoir de courage, ains davantage que si vostre goust concouroit a son gré; car, quand il y a moins du nostre en quelqu'affaire, ell'en va mieux.

  A017000903 

 Pauvres et chetifves creatures que nous sommes, en cette vie mortelle nous ne pouvons quasi rien faire de bon qu'en souffrant pour cela quelque mal; non pas mesme nous ne pouvons quasi pas servir Dieu d'un costé que nous ne le quittions de l'autre, et souvent il nous convient quitter Dieu pour Dieu, renonçant a ses douceurs pour le servir en ses douleurs et travaux..

  A017000907 

 Ne regardés point cette varieté d'imperfections qui vivent en vous et en toutes les filles que Nostre Seigneur et Nostre Dame vous ont confiées, sinon pour vous tenir en la sainte crainte d'offencer Dieu, mays non jamais pour vous estonner; car il ne se faut esbahir si chaque herbe et chaque fleur requiert son particulier soin en un jardin..

  A017000907 

 Ne retournés point vos yeux devers vos infirmités et insuffisances sinon pour vous humilier, et non jamais pour vous descourager.

  A017000995 

 Estant icy, je vous asseure que nous n'avons ni fait ni dit, non pas mesme pensé, aucun traitté, ni pour les choses du monde, qui, si je ne me trompe, nous sont a tous deux fort a degoust, ni pour les choses ecclesiastiques, n'ayans rien eu ni a demesler ni a mesler; mays seulement, purement et simplement, nous avons parlé des devoirs que nous avons au service de nos charges, de la façon des Offices ecclesiastiques et de telles choses entierement spirituelles..

  A017001048 

 Mays non, mon tres cher Frere, je ne dis pas sinon presqu'autant, car je confesse qu'apres que je vous ayme extremement, encor ne vous ayme-je pas asses selon vos merites..

  A017001082 

 Saches, ma chere Fille, que despuis que vous estes en charge, vous m'estes tous-jours si presente, que je suis, ce me semble, perpetuellement avec vous, non sans faire mille et mille souhaitz sur vostre chere ame..

  A017001114 

 Sur les plaintes que l'on a fait de moy, je croy d'estre obligé a vous respondre non seulement par la voix de ces messieurs, qui m'ont parlé de la part de Vostre Excellence, mais encor par ma plume.

  A017001200 

 Tenés vous aupres de cette Mere, ce pendant, et ne l'abandonnes pas d'un seul moment tandis qu'elle part de Nazareth et qu'elle va en Bethlehem; tandis que, sans empressement, mays non pas sans des ardens mouvemens, elle attend d'heure a autre de voir esclos de son sacré ventre le bel oyseau du Paradis.

  A017001249 

 Verum ea res minime sane facile fieri potest, tum quia rarus est qui velit se [121] vitamque suam addicere illi muneri semper in eodem loco obeundo, tum quia non quolibet prædicatore apud illos vestros Sedunenses opus esse existimo, sed modestissimo, prudentissimo et patientissimo.

  A017001250 

 Interim, non parum gavisus sum D. Nicolaum remansisse, ratus illum errores suos præteritos, vitæ futuræ integritate deleturum, cum alioquin vir sit, meo quidem judicio, maturæ prudentiæ et sagacitatis..

  A017001265 

 Mais la chose n'est nullement facile, soit parce que rare [121] est celui qui accepte de se consacrer à ce ministère toujours dans le même lieu, soit parce que j'estime que vos Valaisans ont besoin, non d'un prédicateur quelconque, mais d'un homme qui excelle en modestie, prudence et patience.

  A017001425 

 Et non seulement ma volonté, mais mon jugement a esté bien ayse de se sousmettre et rendre l'homage quil doit a celuy de ce digne Prælat; car, ma Fille, que prætens-je en tout ceci, sinon que Dieu soit glorifié et que son saint amour soit respandu plus abondamment dans le cœur de ces ames qui sont si heureuses que de se dedier toutes a Dieu? Les Congregations et les Religions [139] ne sont point differentes devant la divine Majesté, car, selon icelle, les vœux des unes sont aussi fortz que ceux des autres; et le tiltre de Congregation n'estant pas si specieux ni honnoré, m'en playsoit davantage.

  A017001427 

 Joint qu'en Italie, sur tout a Romme, l'esprit des femmes y est tellement soupçonné, que non seulement on ne permet pas aux hommes de parler aux Religieuses a la treille sans expresse et tres rigoureuse licence, mais mesme on ne le permet pas aux femmes sans cette mesme licence; on rie permet pas aux prestres, [140] quelz qu'ilz soyent, fussent ilz Jesuites, Capucins et tout ce qu'on voudra, d'y aller dire Messe, s'il n'a licence par escrit.

  A017001571 

 Ce college est extremement pauvre pour la grandeur des charges qui y sont; et si on ne le secourt par addition de quelques revenus, ces bons Peres y vivront avec tant d'incommodités, que non seulement ilz ny pourront pas faire les progres que leur pieté et les necessités de ce païs requierent..

  A017001572 

 Et, ce qui est plus considerable, comme ces prieurés seroyent utiles a l'entretenement de ces Peres, ces Peres seroyent reciproquement extremement utiles a l'entretenement des prieurés, qui, comme la pluspart des benefices reguliers de ce païs, s'en vont en ruines quant aux choses temporelles devant les hommes, et quant aux services spirituelz devant Dieu, qui sans doute en est grandement offencé: Et non est qui recogitet corde..

  A017001589 

 Et non sô come io possa mai ringratiarne come si conviene Vostra Signoria Ill ma, senon facendoli humilissima riverentia et restando nel silentio quanto a questo, con darglie però questo grato raguaglio, che in questi [157] paësi di qua et per tutta la Francia si dilata et amplifica excellentemente la gloria et divotione di quel beatissimo Santo, con ammiratione et stima cordialissima della sua perfettissima santità..

  A017001590 

 Et qui in particolare, il giorno della sua festa, Monsignor Arcivescovo di Lione essendo venuto per favorirme della sua præsenza, fece il sermone nella chiesa de' nostri Padri Barnabiti con tanta eloquentia apostolica, che tutti ne restassimo rapiti di dolcezza et suavità, et non si può dire con che gusto furono sentite le laudi di quel Santo.

  A017001591 

 Se io havessi copia et uso maggiore della lingua italiana et non temessi di esser importuno a Vostra Signoria Ill ma, mi stenderei in altre particolaritâ; ma è anche ragionevole che io stia nelli termini del respetto dovuto all'excellentissima dignità sua, et che basciandoli humilissimamente le sacratissime mani et preghandoli ogni [158] vera prosperità, finisca protestando di restar eternamente,.

  A017001620 

 Non, ma Fille, ne vous en estonnes point; Dieu les permet pour vous rendre humble de la vraye [161] humilité, abjecte et vile en vos yeux.

  A017001661 

 Et pour non seulement les conserver, mays les faire heureusement croistre, vous n'aves pas besoin d'autres advis que ceux que j'ay donné a Philothee dans le livre de l' Introduction, que vous aves; mais toutesfois, pour vous aggreer, je vous veux bien specifier en peu de paroles ce que je desire principalement de vous..

  A017001663 

 Or, pour le faire courtement, vous pourres en vous habillant remercier Dieu, par maniere d'oraysons jaculatoires, dequoy il vous a conservee cette nuict la, et faire encor le deuxiesme et le troysiesme point, non seulement en vous habillant, mays au lit ou ailleurs, sans difference de lieu ou d'actions quelcomques; puis, tout aussi tost que vous pourres, vous vous mettres a genoux et feres le quatriesme point, commençant a faire cet eslan de cœur qui est marqué: « O Seigneur, voyla ce pauvre et miserable [167] cœur.

  A017001682 

 Quant a la façon avec laquelle vous vous deves comporter en l'administration des biens delaissés par feu monsieur vostre mari (que Dieu absolve), monsieur de Charmoysi m'a dit que vous en avies pris toutes les resolutions convenables, et que vous feries un inventaire non solemnel pour plus grand esclarcissement de vos droitz, affin qu'a l'advenir rien ne vous fut imputé.

  A017001683 

 Pour moy, je croy quil faudra obtenir une lettre de Son Altesse qui ordonne que cette somme soyt payee, non obstant le deces de celuy a qui il l'avoit ouctroyee.

  A017001731 

 Vostre Altesse ayme sans doute le pauvre Thonon; aussi est il doublement sien, d'autant qu'elle en est le souverain Prince, et par ce qu'elle luy a donné une nouvelle vie par le soin paternel qu'elle eut de remettre tout ce peuple dans le sein de l'Eglise: obligation non seulement immortelle, mais eternelle, puisque elle regarde un bienfait qui doit durer es siecles des siecles..

  A017001951 

 Quand le sieur Guydeboix aura ses Bulles, vous accommoderes le reste, non pas aysement, mais tout bellement, selon vostre promesse, et on le rendra capable.

  A017001983 

 Et sopra questo fundamento, vengho a supplicar V. S. molto Illustre che si degni aiutar, anzi far un'opera pia quale io desidero molto et laquale io non so come fare riuscire, non essendo più che tanto conosciuto in quella Corte.

  A017001983 

 Il negotio non è grande in se, ma, per quanto mi vien detto, non lascia d'esser difficile..

  A017001983 

 Ma con V. S. tratto con tutta fiducia, chè io non vorrei celarle cosa veruna, perchè se ben io non l'ho conosciuta in faccia, tuttavia so che il suo zelo verso la religion catholica è tanto puro, che io non posso dubitar della sua carità.

  A017001983 

 Mando a V. S. il Memoriale circa il modo di procurare la conversione delli heretici che a me pare convenevole; ma presupone in ogni modo che i Principi siano in [198] pace, et per questo non è tempo di proponerlo adesso, et pregho V. S. che mai si sappia che da me sia uscito tale Memoriale.

  A017001984 

 Et fra le altre cose usano questa carità, che ricevono nella loro Congregatione le donne che per debolezza di complessione et infermità corporali non possono entrare nelle altre Religioni, purchè habbiano la mente buona et il cuor sincero.

  A017001984 

 Et posso dire in verità che sono di buonissimo odore a tutti, et etiandio alli heretici, che vedendo o vero sapendo come vivono in quella Casa, confessano che tal vita non può essere se non dal Spirito Santo.

  A017001984 

 Habbiamo qui in questa città d'Annessi una devotissima et veramente santissima Congregatione di donne, vedove et vergini, lequali la maggior parte sono nobilissime, et non solamente savoyarde, ma ancora di Borgogna et di Francia.

  A017001985 

 Et dico in commune, perchè non mendicano nè direttamente, nè indirettamente, anzi vivono di quello che apportano seco..

  A017001985 

 Hora, furono concesse dalla Santità di Nostro Signore alcune Indulgenze a queste Signore et Sorelle, le [200] quali però io non ho voluto che fossero pubblicate, poichè mi è parso che tali Indulgenze siano state concesse come se questa Congregatione fosse una Società, Confraternita, overo Compagnia di donne che vivessero ognuna in casa sua; il che non è vero, perchè vivono insieme con tanta osservanza religiosa, che non si può nè anco col pensiero imaginare una osservanza più pura et perfetta nella castità, ubedientia et povertà in commune.

  A017001986 

 Et per questo mando a V. S. la copia dell' Indulgenze che io non ho voluto far pubblicare et la copia dell'Indulgenze che si desiderano, con un Memoriale dell'instituto di questa Casa pia, acciò sappia ogni cosa che a questo negotio sarà necessaria; dove poi aggiungo [201] un articolo che è importante.

  A017001986 

 Et è che questa Congregatione non havendo i tre voti solenni di ubedientia, castità et povertà, quantunque osservi queste tre virtù strettissimamente, per questo non è una Religione formata, anzi una Congregatione di Oblate.

  A017001986 

 Onde adesso desiderando io di farli havere l'Indulgenze conforme all' Instituto loro, non so chi adoprare se non la carità di V. S. molto Illustre, la quale, dove bisognasse, potrà se gli piace farne anco particolar supplica a Nostro Signore, acciò si degni favorire detta Congregatione.

  A017001990 

 Et faccio tutte queste diligentie, perchè essendo costì il [203] signor Philippo de Quoex, che ottenne dette Indulgenze, egli ci scrisse che era cosa difficilissima di ottenere Indulgenze in altro modo; sebbene io non vedo che vi sia causa veruna legitima di tante difficoltà, poichè se si concedono liberamente Indulgenze alle Compagnie pie, molto maggiormente si dovranno concedere ad una Congregatione di tanta perfettione..

  A017002004 

 Nous avons en cette ville d'Annecy une très dévote et vraiment très sainte Congrégation de femmes, veuves et vierges, qui pour la plupart sont de très noble extraction, non seulement de la Savoie, mais encore de Bourgogne et de France.

  A017002023 

 De ceux ci il s'en faut servir, il les faut assujettir, et non pas vivre selon iceux; mais ces vertus spirituelles, il les faut servir et leur faire asservir tout le reste..

  A017002023 

 Vivre selon l'esprit, ma bienaymee Fille, c'est penser, parler et operer selon les vertus qui sont en l'esprit, et non selon les sens et sentimens qui sont en la chair.

  A017002024 

 Mays, que sont ces vertus de l'esprit, ma chere Fille? C'est la foy, qui nous monstre des verités toutes relevees au dessus des sens; l'esperance, qui nous fait aspirer a des biens invisibles; la charité, qui nous fait aymer Dieu plus que tout et le prochain comme nous mesmes, d'un amour non sensuel, non naturel, non interessé, mays d'un amour pur, solide et invariable, qui a son fondement en Dieu..

  A017002026 

 Une Seur est rude, aspre, incivile, mays, au partir de la, elle est tres devote et mesme desireuse de s'adoucir et civiliser; et je fay tout, non pour playsir que j'aye en elle ni pour interest quelcomque, mays pour le bon playsir de Dieu; je la cheris, je l'accoste, je la sers, je la caresse: cet amour est selon l'esprit, car la chair n'y a point de part..

  A017002027 

 Qui ne void que ce n'est pas vivre selon l'esprit? Non certes, ma chere Fille, car tandis que j'estois encor bien jeune et [206] n'avois pas encor d'esprit je vivois des-ja ainsy; mais, quoy que selon mon naturel je sois honteuse, craintifve, apprehensifve comme une taupe, neanmoins je me veux essayer de surmonter ces passions naturelles, et, petit a petit, faire tout ce qui appartient a la charge que l'obeissance procedante de Dieu m'a imposee.

  A017002100 

 O Seigneur, non, je n'excepte rien, arrachés moy a moy mesme.

  A017002132 

 Je n'escris pas, non, car apres le repas cela ne se doit pas, ma tres chere Mere; mais je vous donne tres affectionnement le bon soir, priant Dieu que, vous ayant reduit a l'amiable tressainte pureté et nudité des enfans, il vous prenne meshuy entre ses bras comme saint Martial, pour vous porter a son gré a l'extreme perfection de son amour.

  A017002165 

 Ma tres chere Fille, il faut bien supporter le Pere qui ne fait pas trop bien son devoir paternel, quoy qu'il aye un cœur non pareil pour sa tres chere fille, a laquelle il souhaite toutes saintes benedictions..

  A017002314 

 Et quamvis ex earum ritu clausuræ non sint addictæ, eam nihilominus ex animi fervore propemodum servant perpetuam, quandoquidem nunquam, nisi gravissimis et piissimis causis impellentibus, extra domum pedem efferunt; sed statutis horis, iisque apte per totum diem dispositis, Officium parvum Beatissimæ Virginis simul in choro recitant, cantu ad pietatis regulas tam fœliciter formato, ut vix dici queat, num gravitatem suavitas, vel suavitatem gravitas superet.

  A017002314 

 Orationi vero illi angelicæ, quam mentalem vocant, duabus item horis, una matutina, alia vespertina, maximo cum fructu operam navant, ac, ut uno verbo concludam, illas mihi referre videntur fœminas de quibus Sanctus Gregorius Nazianzenus ad Hellenium tam magnifice loquitur, ut eas cœlestia et pulcherrima Christi sidera nominare non vereatur.

  A017002315 

 Verum, cum non ita pridem Reverendissimum Dominum Archiepiscopum Lugdunensem salutandi gratia adiissem, verbaque simul de rerum nostrarum ecclesiasticarum statu misceremus, incidit inter alia sermo de istis duabus Congregationibus mulierum, quarum odor suavissimus est in utraque diæcesi, ut proinde earum recta gubernatio maximi omnino videatur esse momenti..

  A017002317 

 Ea autem sunt ejusmodi, quæ, quantum existimo, cum clausura, aut statu religioso mulierum minime pugnent; quæque peritis rerum nostrarum Gallicarum æstimatoribus non solum non imminuere, sed etiam plurimum promovere pietatem videantur..

  A017002318 

 Primum est, ut ad Officium clericale quod magnum vocant non obligentur, sed tantum ad Officium parvum Beatissimæ Virginis.

  A017002319 

 Verum, non sane quidem omnes viduas, sed eas tantum quæ cum Religionem ingredi cupiant, interim dum de nuncio seculo ac nuptiarum interpellatoribus remittendo serio cogitant, thæsaurum castitatis, quem in vasis fictilibus portant, abscondere prudenter quærunt, ne in manibus illum portantes in conspectu filiorum hominum, latronum deprædationi objiciant.

  A017002321 

 Et sane, quam uberes fructus hæc sacra paucorum dierum hospitalitas afferat, nemo satis pro merito dixerit; per eam enim non quieti tantum, sed et pudori, verecundiæ ac honestati mulierum consulitur, dum ad fenestellam craticulis ferreis munitam, pro confessionibus Sororum audiendis efformatam, confessarios accerserunt, ibique documenta salutis audiunt, quæ postea per quietem cum aliqua ex Sororibus animo revolvunt..

  A017002321 

 Tertium est, quod non solum viduas hujusmodi quæ serio seculo renunciare intendunt, sed interdum alias etiam conjugatas admittunt; eas, scilicet, quœ cum velint novam in Christo vitam instituere, atque adeo confessiones, quas vocant generales, præviis aliquod exercitiis spiritualibus facere, opus habent in remotum a secularibus locum tantisper aliquot diebus secedere.

  A017002323 

 Ego vero, Cardinalis amplissime, te unico intercessore utor, [246] tum quia te solum ex augustissimo illo Apostolico Collegio novi, tum quia de rebus istis nostris cismontanis optime judicare potes, et plerisque illud suggerere, aliter hic, aliter ibi, rem divinam esse promovendam, pro morum ac regionum varietate; tum quia de tua erga hujus diæcesis miserabilis commiseratione libri tui Controversiarum, de tua vero erga pias animas benevolentia, novissimus ille et amabilis nimis tuus Benjamin, dubitare non sinunt.

  A017002336 

 Or, ces particularités sont de telle nature, qu'à mon avis, elles ne s'opposent nullement à la clôture et à l'état religieux des Instituts de femmes, et que, si nous en croyons les gens les plus au courant de notre situation en France, elles y auraient pour effet, non d'amoindrir la piété, mais plutôt de l'exciter grandement..

  A017002338 

 Un second point, c'est la permission qu'elles accordent à des veuves de venir, pendant des années parfois, habiter avec elles, en costume séculier, très modeste il est vrai, pour se livrer aux pieux exercices de la Congrégation; et cela, non pas sans doute à toutes les veuves, mais à celles-là seules qui, désireuses d'entrer en Religion, et, en attendant, songeant d'une manière sérieuse à donner congé au siècle et aux sollicitations matrimoniales, cherchent prudemment à cacher ce trésor de la chasteté, qu'elles portent dans des vases fragiles, de crainte que, le portant en leurs mains sous le regard des enfants des hommes, elles ne l'exposent à devenir la proie des voleurs.

  A017002354 

 Habemus hic quamdam viduarum ac virginum Congregationem, quæ licet verius Oblatæ quam proprii nominis Moniales esse videantur, tamen tantam pietatem undique spirant, ut quemadmodum de similibus Sanctus Gregorius Nazianzenus olim asseruit, ego quoque de istis dicere non verear: Mihi quidem etsi parvus est hujusmodi mulierum numerus, cælestibus pulcherrimisque Christi syderibus adeo gestio atque exulto, ut pro paucis his de virtutis præstantia, cum multo pluribus contentionem venire non dubitem..

  A017002355 

 Colunt omnes castitatem sanctissime, obedientiam simplicissime, paupertatem religiosissime; nam meum et tuum, frigida illa verba, non solum inter eas nemo audit, sed nec etiam in cor earum ascendit.

  A017002355 

 Et modestiam ac verecundiam christianam tanta animi contentione complectuntur, ut quamvis clausuræ ex earum [249] ritu non sint alligatæ, clausuram nihilominus ex animi fervore propemodum servent perpetuam, cum nunquam, nisi ex gravissimis et piissimis causis extra domum pedem effectant (sic), nunquam autem sine urgentissimis, necessariis et a nobis scripto probatis causis viros in domum admittant..

  A017002359 

 Primum, mulieres seculares in suam domum interdum admittunt, non passim omnes, sed eas tantum quæ cum velint generales confessiones et exercitia quæ vocant spiritualia facere, opus habent in remotum a negotiis secularibus locum tantisper aliquot diebus secedere.

  A017002361 

 Tertium, non Officium ecclesiasticum, sed tantum Officium Sanctissimæ Deiparæ recitant, quod ideo faciunt quia plerumque inter eas recipiuntur jam ætatis provectæ quæ Officium magnum vix addiscere possent; deinde, quia breve illud Officium, magna vocum pausarumque [252] distinctione adhibita facile observant: quod nequaquam in magno Officio recitando præstare possent..

  A017002375 

 Et elles embrassent [249] d'une telle ardeur la modestie, la réserve chrétienne que, bien que non obligées à la clôture par une Règle, elles n'en gardent pas moins, par suite de leur ferveur d'esprit, une clôture presque perpétuelle.

  A017002375 

 Jamais, en effet, sans des motifs très graves et très pieux, elles ne mettent le pied hors de leur maison; et jamais non plus elles n'en permettent l'entrée à aucun homme, sauf des cas d'extrême urgence et nécessité, reconnus tels par un écrit de notre main..

  A017002375 

 Le mien et le tien, — ces froides paroles — non seulement on ne les saisit pas sur leurs lèvres, mais elles n'arrivent pas à leur cœur.

  A017002379 

 Premièrement, elles admettent parfois chez elles des séculières, non pas toutes et au hasard, mais seulement celles qui, voulant faire des confessions générales et vaquer aux exercices qu'on appelle spirituels, ont besoin, dans ce but, de se retirer durant quelques jours dans un endroit éloigné des tracas du monde.

  A017002380 

 Et dans ce genre d'hospitalité non plus, comme on n'a trouvé (vu les mœurs de ces régions) aucun péril, on y a aussi trouvé beaucoup d'avantages..

  A017002431 

 C'est, en un mot, le grand mot de vostre affaire, de ne jamais employer vostre esprit pour disputer en faveur de la tentation du descouragement, sous quel pretexte que ce soit, non pas mesme quand ce seroit sous le specieux pretexte de l'humilité..

  A017002436 

 Ayés donq un grand courage, non seulement grand, mais de grande haleine et de grande duree, et pour l'avoir, demandés-le souvent a Celuy qui seul le peut donner; et il le vous donnera, si en simplicité de cœur vous correspondes a sa grace.

  A017002456 

 Et ne vous fasches point, ne vous tormentes point, puisque tout cela non seulement ne vous separe point de Nostre Seigneur, mais vous donne sujet de vous unir de plus en plus a sa misericorde..

  A017002519 

 Vous pourres venir icy a vostre gré, car nostre Mere n'aura point de plus grand playsir que de vous voir, et ne croy pas quil y ayt aucun danger en chemin; et ne faut non plus faire difficulté pour madamoyselle de Beaufort.

  A017002546 

 Il ne faut jamais, certes, Monsieur, puisque j'ay lhonneur que vous soyes mon tres cher filz, il ne faut point faire d'excuses quand vous ne m'escrives pas; car je ne puis non plus douter de vostre amour filial envers moy, que je ne puis vivre sans sentir continuellement dedans mon cœur les eslans de l'amour paternel envers vous.

  A017002595 

 J'offre a Vostre Altesse un Traitté de l'Amour de Dieu que j'ay mis en lumiere ces jours passés; non que je l'estime digne des yeux d'un si grand Prince, mays affin qu'en ce que je puis, je face hommage a Vostre Altesse luy presentant les fruitz de mes labeurs, comme issus d'une personne qui ne pensera jamais d'avoir rien de plus cher en ce monde que l'honneur d'estre advoüé,.

  A017002669 

 Je l'ay donq fait fermer de mon cachet, affin que, si d'adventure le paquet s'ouvroit, comme fit celuy dans lequel elle me fut addressee, elle ne fust pas ouverte par le froissement du port; car c'est ainsy qu'elle fut declose, et non par la malice du porteur, qui me rendit tout le paquet debiffé, mais en sorte que je conneus quil ny avoit point touché..

  A017002747 

 Io non son huomo di ceremonie, massime con V. S. molto Reverenda, laquale io credo certo che me voglia bene sinceramente, sì come io desidero di servirla di cuore.

  A017002747 

 Onde non accadeva usar meco scuse sopra la sua inopinata partenza..

  A017002967 

 Et par ce que je voy combien Dieu en sera glorifié et le peuple edifié, j'en remercie tres humblement de rechef Vostre Altesse avec eux, la suppliant de continuer en ce tressaint zele, comme je ne cesseray jamais de luy souhaiter la perfection des graces celestes, non plus que d'estre, Monseigneur,.

  A017002985 

 Je suis en luy, d'un cœur non pareil,.

  A017003157 

 Mays en particulier, Monseigneur, je vous en fay tres humble remerciment au nom de tous ceux qui, estans vos tres humbles et tres obeissans sujetz et serviteurs, sont mes diocæsains, ausquelz je ne manqueray pas de representer la singuliere redevance qu'ilz en auront a vostre pieté; non plus que ces bons Peres ne manqueront pas de rendre memorable a toute leur illustre et devote Congregation la grandeur des bienfaitz dont vous les aves favorisés, Monseigneur, qui n'aves pas seulement voulu les recevoir en vostre ville, qui est leur premier logement deça les mons, mais de plus, leur aures basti le lieu sacré qui sera le plus grand moyen de bien rendre le service auquel leur vie est destinee..

  A017003174 

 non seulement il ne croyoit pas que cette femme peut rien prætendre par rayson, mais tenoit pour certain qu'elle pourroit estre recherchee par justice, [332] d'avoir seduit et attiré un jeune garçon, enfant de telle famille, a des promesses si præjudiciables et conceües en termes si extravagans.

  A017003175 

 Et c'est, Monseigneur, qu'il suffit bien que l'on tolere ces femmes scandaleuses en la republique, sans qu'on leur permette d'entreprendre sur les maysons honnorables et dignes de recommandation, par les infames attraitz desquelz elles charment la foible et legere jeunesse; et la condition d'espouser ou doter n'est ordonnee que pour les filles d'honneur qui ont esté deceües, non pour les femmes deshonnestes qui ont deceu.

  A017003243 

 En somme, de rechef, toutes nommees et non nommees, je les cheris de tout mon cœur qui leur souhaitte, et a leur Reverende Mere, ma Seur, la grace, paix et consolation du Seigneur, et suis sans fin, ma tres chere Seur,.

  A017003257 

 Le Pater que vous dites pour le mal de teste n'est pas defendu; mays mon Dieu, ma Fille, non, je n'aurois pas le courage de prier Nostre Seigneur, par le mal qu'il a en la teste, de n'avoir point de douleurs en la mienne.

  A017003258 

 Ne manger point chose qui ait eu vie, les vendredis de Caresme, n'est pas mal fait non plus, mais cela tire un [340] peu a la vanité d'esprit, quand cela se fait par le rapport de ce qui l'a euë; mays quand cela se fait par mortification, cela est bon.

  A017003259 

 Chemines tous-jours en cette confiance; et, en observant une amoureuse fidelité et loyauté envers ce cher Sauveur, ne vous mettes point en crainte de ne pas asses bien faire: non, ma Fille; mays advoüant vostre bassesse et abjection, rejettes vostre soin spirituel en la bonté divine qui aggree nos petitz et chetifz effortz, pourveu qu'ilz soyent faitz avec humilité, confiance et fidelité amoureuse.

  A017003260 

 Cette chair est admirable a ne vouloir rien de piquant; mais la repugnance que vous aves ne tesmoigne pourtant point aucun manquement d'amour; car, comme je pense, si nous » croyions qu'estant escorchés il nous aymeroit plus, nous nous escorcherions, non pas sans repugnance, mays malgré la repugnance.

  A017003305 

 Mays j'impose silence a vostre esprit, ma tres chere Fille, et ne veux pas quil die, non pas mesme, s'il se peut, qu'il pense que ces advis luy soyent donnés avec aucun degoust, comme si je craignois que vous oubliassies ces choses.

  A017003305 

 Non, ma Fille, je dis ainsy ce que je croys estre a propos, sans autre prætention que de vous conforter au bien et vous tesmoigner que je suis tout vostre..

  A017003364 

 M. de Crequi arriva hier, que j'ay veu ce soir et m'a dit que Albe estoit assiegee quand il partit, et tenoit qu'elle estoit prise des avanthier; que l'on traittoit fort la paix en Espagne, et y avoit diverses opinions si elle se feroit ou non..

  A017003380 

 Vostre Altesse ayant fait lhonneur a monsieur de Charmoysi de non seulement l'employer, mays aussi aggreer son service, jusques a luy vouloir asseurer la charge qu'il avoit exercee, je supplie tres humblement vostre bonté, Monseigneur, de luy faire jouir du fruit de cette grace.

  A017003456 

 C'est ainsy qu'il faut unir sa volonté, non au moyen de servir Dieu, mais a son service et a son bon playsir.

  A017003505 

 Habbiamo spesse volte, li RR. Padri della Congregazione vostra di questi collegii di Annessi et Thonone, trattato insieme et di concerto del modo col quale si potrebbe amplificare detta Congregatione in questi paesi di qua dei monti; et in somma, non troviamo strada megliore di quella che si rappresenta nel Memoriale qui allegato, conforme al quale trattai col Serenissimo Signor [364] Prencipe di Piemonte, acciò si potessero anche amplificare l'entrate et havere in Rumigli alcuni beneficii per il Noviciato: et Sua Altezza mi promise ogni sorte di assistentia dal canto suo..

  A017003506 

 Le Vostre Riverentie giudicaranno facilmente che la dilatatione de la Religion sua sia per far buonissimo progresso a gloria d'Iddio in questi (sic) regioni, et che questa dilatatione non si può fare se non col tempo et methodo conveniente, secondo il beneplacito della Providentia divina; la quale io supplico che conservi, accresca et perfettioni nella sua gratia le Riverentie Loro et la loro divotissima Congregatione, alle orationi [365] et Sacrificii del (sic) quale humilissimamente mi raccommando, restando con tutto il cuore,.

  A017003539 

 O que vous estes heureuse, ma chere Fille, de vous estre desprise du monde et de ses vanités aussi! Certes, a ce que j'ay peu reconnoistre en ce peu de tems que je vous ay consideree, vostre ame estoit faite tres particulierement pour le divin amour et non pour le terrestre..

  A017003546 

 S'il vient des larmes, vous les respandres; mais si elles viennent souvent et avec trop de tendreté, vous releveres vostre esprit, si vous pouves, a gouster plus [368] paysiblement et tranquillement les misteres en la partie superieure de l'ame; non pas contraignant et serrant les souspirs ou sanglotz, ou les larmes, mays divertissant d'une heureuse diversion vostre cœur, en le relevant petit a petit a l'amour pur du Bienaymé par des doux eslans: O que vous estes aymable, mon Bienaymé! O que vous estes relevé en bonté et que mon cœur vous ayme! ou autrement, selon que Dieu vous tirera..

  A017003602 

 Avec mille remercimens de la faveur de vos lettres, je vous donne le bonjour, et vous asseure que j'ay escrit pour la niece de monsieur Chanal, non seulement a nostre fille, dont il n'estoit pas besoin, mays aussi a Monseigneur l'Archevesque duquel tout depend..

  A017003622 

 C'est maintenant pour mon Eglise (et que puis-je dire de plus affectionné?) que j'implore vostre fraternelle faveur, et croy qu'elle me sera facilement accordee, sur tout quand vous aures ouy la remonstrance que ce porteur vous fera, par laquelle vous verres que le brevet dont il s'agit est non seulement fondé sur la pieté, mais encor, si je ne me trompe, sur la justice.

  A017003642 

 Andando il P. D. Fulgentio costì per le cose le quali io con l'ultima mia raccomandai a V. P. R ma, non è necessario che adesso dica altra cosa, se non che se per sorte occorresse qualche tentatione ad esso Padre [381] di restar là, per amor d'Iddio V. P. non consenta; perche in questo principio è necessaria la perseverantia et stabilità de' Padri li quali han già imparata la lingua et fatta la santa amicitia necessaria al maneggio delle Case..

  A017003695 

 Non certes, ma tres chere Fille, je ne pense pas estre parfait parlant de la perfection, non plus que je ne pense pas estre Italien parlant italien; mais je pense sçavoir le langage de la perfection, l'ayant appris de ceux avec qui j'ay conversé qui le parloyent..

  A017003696 

 Dites luy donq qu'elle marche a la bonne foy, par le milieu des belles vertus de la simplicité et humilité, et non par les extremités de tant de subtilités de discours et de considerations.

  A017003701 

 Mais au premier cas, je vous laisseray mesnager l'affaire pour Lyon, non pas envers ma Seur Favre, qui sera tous-jours contente de ce que nous [388] ferons, estant si grandement nostre fille et seur comme ell'est; mais ailleurs, a Lion, ou vous sçaves.

  A017003720 

 Et neanmoins, il ne laisse pas de presser et molester ledit Chapitre, abusant ainsy du nom et de l'authorité de Son Altesse, laquelle sans doute n'a point de telle intention, puisque mesme cet homme ne la sert nullement a ses despens, et n'est pas capable de luy faire aucun service qui merite aucune consideration speciale, n'estant non plus bon soldat que bon prestre.

  A017003781 

 Fra le cose che potrebbono aiutar questa misera et afflitta diocaesi di Genevra, l'una delle principali sarebbe l'erettione d'un Seminario, laquale fù già tentata dalla buona memoria del Signor Vescovo mio predecessore; ma coll' incontro di tante contradittioni, che non fù [397] possibile tirarla inanzi, perchè egli procedeva per via dell'applicatione de' beneficii, delli quali gl'huomini sono tanto bramosi, che, quanto possono, impediscono che a' collegii et simili opere pie si uniscano, acciò loro in particolare li possino godere..

  A017003782 

 Per il che, con altro mezzo desiderarci ripigliar quel dissegno, se però Sua Santità si degnarà favorirci in quel modo che dal R. P. Benedetto Giustiniano sarà proposto a V. S. Ill ma et R ma, laquale perciò supplico humilissimamente che appresso Nostro Signore si degni adoprare la charità et zelo suo et ajutarci in questo negotio; non dubitando che il zelo il quale riluce nelli suoi Fontes, li quali di tanto aiuto ci sono contro gli [398] heretici, non la spinga ancora a favorirci in questa occasione, laquale alla destruttione dell' heresia calviniana nel suo capo, che è Genevra, giovarà molto..

  A017003848 

 Sopra di che ne ricevo la risposta che V. S. R ma vedrà per l'annesso foglio, contentandosi la Santità di Nostro Signore non solo di conceder facoltà à lei di assolverlo et reconciliarlo alla santa Chiesa Cattolica, mà pensando anco di sovvenirlo nelle necessità accennate.

  A017003850 

 Et non occorrendomi di vantaggio che annunciarle per molti [404] anni le buone feste del santo vicino Natale in abbondanza delle divine gratie, resto, baciandole le mani,.

  A017003893 

 Comme vous portez-vous, mon pauvre très unique Père? Tou jours mieux, moyennant la grâce de Dieu, non pas? Hé Dieu! oui, s'il vous plaît, mon bon Sauveur, et pour longtemps, je vous prie, que cette chère santé de mon Père soit bien établie.

  A017003894 

 Mais cependant, me pourrez-vous dire oui ou non, simplement et courtement, de ce que je vous vais demander? Mes quatre jours sont passés, auxquels vous m'aviez marqué ce que je ferais; et je vous rends compte en ces deux derniers petits feuillets de ce qui s'est passé, car les deux premiers, c'est ma confession en laquelle vous n'entendrez rien.

  A017003895 

 Mon tres cher Père, un mot de vos nouvelles, et si je demeurerai ou non en ma petite retraite; car pour le reste, il se fera à loisir.

  A017003945 

 Pour mon particulier, j'ambitionerois puissamment le bonheur qu'elle y vint au moins pour quelques mois; mais d'autant que c'est au maistre de famille de sçavoir sy la mere de la famille peut quicter la principale Maison pour aller travailler ailleurs, je me remetz et soubmetz a vostre jugement et disposition, vous asseurant que, quelles que ce soient de voz Filles qui viennent, nous les recevrons, cherirons et servirons avec la mesme sincerité, respect et dilection non feinte que je suis, du Pere de ces vertueuses Filles,.

  A017003984 

 Quant je fus dernierement a Tonon, plusieurs considerations humaines et les troubles causées (sic) par l'ennemy de mon salut m'empescherent de passer outre, mais non toutefois en sorte que mon dessein fut aucunement changé, ni ma bonne volonté diminuee en façon quelconque.

  A017003986 

 Oblivioni detur dextera mea si non meminero tui Hierusalem.

  A017004005 

 En response de la vostre tres-aggreable du 28 septembre, que j'ay receüe le 10 du present, je vous diray non seulement que je voy vos Œuvres de l'oeil favorable que je dois, et fais en icelles le profit que je peux; mais de plus, je vous confesseray de bouche que,.

  A017004028 

 Etsi fortasse non multis in Urbe Reverendissima Amplitudo Vestra nota sit, mihi tamen a multis annis virtutes vestræ, multæ et magnæ, notissima; sunt; neque mihi tantum, sed etiam Sanctissimo Patri Nostro nota est vigilantia pastoralis et charitas in gregem proprium Reverendissimæ Dominationis Vestræ..

  A017004029 

 Sed quod attinet ad negotium virginum et viduarum quod mihi Amplitudo Vestra commendat, non scio prorsus quid agam; tum quia nemo hic est, quod sciam, qui causam sollicitet, tum quia certum est cum illis tribus conditionibus obtineri non posse ab Apostolica Sede, ut confirmetur vera monastica professio.

  A017004030 

 Ego igitur retinerem virgines et viduas istas in statu in quo sunt, nec mutarem quod bene se habet; nam ante tempora Bonifacii VIII, erant in Ecclesia Sanctimoniales, tum in Oriente, tum in Occidente, quarum sæpe mentionem faciunt sancti Patres: ex Latinis, Cyprianus, Ambrosius, Hieronymus, Augustinus; et ex Græcis, Athanasius, Basilius, Chrysostomus et alii, sed illæ non erant ita clausæ in monasteriis, ut non exirent quando opus erat.

  A017004030 

 Nec ignorat Amplitudo Vestra, coram Deo vota simplicia non minus obligare, nec minoris meriti esse quam solemnia; solemnitas enim, ut etiam clausura, inchoata est ecclesiastico instituto ab eodem Bonifacio VIII. Et nunc, etiam Romæ, floret valde Monasterium nobilium fœminarum a Sancta Francisca Romana institutum, in quo tamen, neque clausura est, nec solemnis illa professio..

  A017004031 

 Proinde si in ista regione, sine clausura et sine professione virgines et viduæ tam sancte vivunt, ut audio, et simul prodesse possunt sæcularibus, non video cur ista ratio vivendi mutari debeat.

  A017004094 

 Nous avons quelquefois ces vues avec quelque sentiment, et quelquefois non.


18-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XVIII-Vol.8-Lettres.html
  A018000293 

 Il n'y a remede, ma chere Fille: nous avons renoncé aux consolations mondaines, et, non contens de cela, [3] encor nous faut il renoncer aux spirituelles, puisque telle est la volonté de Celuy pour lequel nous devons vivre et mourir..

  A018000309 

 Je fus esmeu a la verité, mais je retins toute mon esmotion, et confessay ma foiblesse a nostre Mere, qui, en cette occasion, n'eut, non plus que moy, aucune [6] parole de passion; et je vous diray bien de plus: il semble que ces bonnes gens la se plaisent a luy donner des frequens sujetz de mortification, qu'elle boit insatiablement..

  A018000310 

 Mais dites moy, Monsieur mon cher Confrere, quel tort avons nous fait a ce bonhomme? Helas! nostre Mere ni moy ne pretendons qu'a dresser une petite ruche, mediocre et conforme a nostre dessein, pour loger nos pauvres abeilles qui ne se mettront en peine que de cueillir le miel sur les sacrees et celestes collines, et non de la grandeur ou embellissement de leur ruche.

  A018000318 

 Le pire est que la dissension est entre les bons, dont elle est plus dangereuse; et, comme dit saint Bernard parlant des Religieux qu'il estime estre les yeux de l'Eglise, espouse de Jesus Christ, non est [8] dolor sicut dolor eorum.

  A018000431 

 J'acquiesce et dis Amen, non seulement sur les paroles, mais aussi sur les œuvres de Dieu, le suppliant qu'il vous conserve, et demeurant pour jamais,.

  A018000458 

 J'escris la ci jointe a madame la Presidente de Sautereau, non pour la consoler, mais pour luy tesmoigner que je conserveray a jamais la memoire des infinies obligations que j'avois a son defunt; tandis que je me treuve icy a Sales, aupres de nostre jeune vefve, qui me fait [21] tout estonné de voir en son ame tant d'amour de son mari trespassé et tant de constance a supporter l'amertume du desplaysir de son trespas..

  A018000488 

 Faites cela, Madame, pour l'amour de ce cher mari, et vous imagines qu'il vous en a prié a son depart et qu'il vous demande encor cet office; car en verité, il l'eust fait s'il eust peu, et il desire cela de vous a present: tout le reste de vos passions peut estre selon vostre cœur, qui est encor en ce monde, mais non pas selon le sien, qui est en l'autre..

  A018000489 

 Que si ce conseil, que je vous donne avec une sincerité nompareille, vous est aggreable, prattiqués le, vous prosternant devant Nostre Seigneur, acquiesçant a son ordonnance, et considerant l'ame de ce cher defunt qui desire a la vostre une vraye et chrestienne resolution, et vous abandonnant du tout a la celeste providence du Sauveur de vostre ame, vostre protecteur, qui vous aydera et vous secourra, et en fin vous reunira avec vostre trespassé, non point en qualité de femme avec son mari, mais d'heritiere du Ciel avec son coheritier et de fidele amante avec son fidele amant..

  A018000498 

 Il faut attendre ce que Dieu fera, et non seulement l'accepter, mais, [27] autant que nous pourrons, il faudra l'accepter aggreablement et amiablement.

  A018000534 

 J'ay pensé sur cette chetifve fille dont je vous escrivis; et en fin, si elle veut faire une retraitte pour se resoudre, il faut non seulement la recevoir, mais, sil se pouvoit, luy aller au devant.

  A018000577 

 Je vous en dis quelque chose pendant ce Caresme, je ne sçai si vous y aures mis la main; mays je desirerois que vous n'y employassies pas sinon demi heure chasque jour et non plus, au moins de quelques annees; je pense que cela serviroit bien fort a la victoire de vos ennemis..

  A018000708 

 Vous pouves penser si nous avons souvent parlé de vous, mays non pas toutefois si souvent comme j'y ay pensé..

  A018000830 

 Monsieur Garin vous dira toutes nos nouvelles et que nous renvoyons le jeune M. des Hayes doux, amiable, courtois, a M. son pere, mais non pas fort sçavant, ains seulement instruit d'un peu de latin et de quelques parties des mathematiques.

  A018000831 

 Obmutui, Domine, et non aperui os meum, quoniam tu fecisti.

  A018000897 

 D'il che, non havendo potuto far meglio, ho pensato di dover dar aviso a V. S., alla quale io son con tutto il cuore,.

  A018000897 

 In fretta, con queste quattro righe, dico a V. S. che il signor Nicolò Clerico non ha mai voluto resignar la capella, nè alcun altro beneficio, quantumque egli sia un pezzo fa ammalato.

  A018000951 

 Non, je la cherissois d'un amour infiniment plus que fraternel; mais, ainsy qu'il a pleu au Seigneur, ainsy doit il estre fait: son saint nom soit beni! Amen.

  A018000976 

 Nam omnes petere aut [79] expectare ab illustrissima manu Dominationis Vestræ sequum sane ac justum non est, quandoquidem illam in extrema hac senectute, post tam multos pro re Christiana inde jam ab ineunte propemodum ætate exantlatos labores, tanto operi perficiendo, non animi (Deo gratias), sed corporis viribus imparem esse satis suspicari licet.

  A018000976 

 Quam vellem, Deus bone! quam vellent etiam plerique viri cordati, ut si non omnes, saltem unam aut alteram etiam ex brevissimis Epistolis Sancti Pauli, tribus illis sensibus quos Dominatio Vestra Illustrissima notat, historico, dogmatico, mystico, explicatam haberemus; specimen videlicet et exemplar cæterarum similiter explicandarum.

  A018000992 

 N'est-il pas permis de craindre, à un âge si avancé, après tant de labeurs supportés dès la jeunesse pour les intérêts de la chrétienté, qu'une pareille œuvre ne soit au-dessus, non de la vigueur de votre esprit, grâce à Dieu, mais de vos forces corporelles? Frayer cette voie nouvelle dans le champ des Ecritures, à la tête de jeunes recrues à peine en état de vous suivre, serait assurément une œuvre très utile..

  A018001032 

 A quoy elles perseverent, et prient lesditz Reverens Peres d'en venir a expedient amiable par les voyes qui seront advisees plus propres; et ce, en consideration de la charité religieuse qui doit regner entre des personnes qui, par commune vocation, ont quitté le monde pour servir Dieu, lesquelles se pouvant entr'ayder, le doivent faire, et non pas s'empescher l'une l'autre..

  A018001083 

 Nam triginta annorum bellum durissimum, ac crebræ infestissimæque hæreticorum incursiones effecerunt, ut in hac Gebennensi diæcesi deinceps inveniri non possint eleemosynæ, quæ Monasteriis istis sustentandis et alendis sufficere queant.

  A018001084 

 Quare videns paupertatem hanc extremam interiori [vitæ] plurimum obesse, neque posse Moniales istas diutius [92] in proposito perseverare, nisi de remedio opportuno illis a Sede Apostolica provideatur, quamvis non mihi, sed Ordini Fratrum Minorum cura illarum incumbat, nolui tamen omittere quin earum super hac re supplicationem et preces, quas Sancissimo Domino nostro offerre intendunt, meis etiam humillimis votis adjuvarem apud Dominationis Vestræ Illustrissimæ clementiam, quam illis summopere cupio propitiam..

  A018001098 

 Aussi, voyant cette pauvreté extrême nuire beaucoup à leur vie intérieure et rendre ces Religieuses incapables de persévérer plus [92] longtemps dans leur vocation, si le Siège Apostolique ne pourvoit d'un remède opportun, j'ai tenu — bien que le soin de ces Sœurs incombe, non à moi, mais aux Frères Mineurs — à appuyer les demandes et les supplications qu'elles se proposent d'adresser à Sa Sainteté, par mes très humbles prières à la bonté de Votre Seigneurie Illustrissime, que je souhaite beaucoup leur être favorable..

  A018001113 

 Onde, se V. P. non giudica altrimenti che fosse inconveniente [95] per qualche ragione a me secreta, ardisco di dirli che saria bene di rimandarlo, già che havendo imparata la lingua et essendo molto grato in queste bande, parmi che sarebbe di molta utilità..

  A018001215 

 Nous avons la paix, mais non pas encor les effectz de la paix, car l'execution du traitté est, ce dit on, en quelque sorte de difficulté.

  A018001285 

 Obmutui, et non aperui os meum, quoniam, Domine, tu fecisti.

  A018001317 

 Et havendo io un par d'altri negotii buoni et laudabili nella Corte di Roma, cioè, per un Seminario in questa diocæsi, et per rendre conto di questa mia Chiesa alla Santa Sede, dovendo in ogni modo mandar costì persona aposta et ben qualificata, [118] sarei molto ubligato a V. Pta et alla Congregatione s'io potessi adoprar detto P. D. Giusto; et io farei la spesa del viagio, in maniera che la Congregatione non ne sentirebbe danno nessuno..

  A018001317 

 Ma ho giudicato bene, si come ancho il P. D. Giovanni Battista, Superiore di questo collegio, huomo giudicioso et che dà a questi popoli gran sodisfattione, che questo [117] negotio si debba trattar dal P. D. Giusto, non solamente in questa nostra corte appresso il Serenissimo Prencipe (il che, s'io non m'inganno, sarà cosa facile), ma ancora in Roma, doüe detto Padre faccia instantia appresso il signor Ambasciatore di Sua Altezza, laquale, con espresso commandamento, farà fare la sollecitatione; ma sollecitatione che non si farà mai bene se [non da] detto Padre, informatissimo delle cose di qua, et de tutti li motivi et circonstantie che ponno indurre Sua Santità a far la gratia.

  A018001318 

 Et per l'istessa via, detto Padre farebbe duoi altri negotii: uno sarebbe procurar l'unione di certi benefìcii non conventuali per il stabilimento del Novitiato di Rumigli; et l'altro, far venire l'approbatione di queste Sorelle della Visitatione, all' espeditione della quale si attende, ma molto lentamente, come il R. P. Procuratore scrive, per esser le Regole in lingua francese: et il P. D. Giusto spedirebbe il negotio in un tratto.

  A018001319 

 Et adesso ha toccato colla mano che io ho ragione, perchè fra le piazze del collegio non ciè la più infruttuosa, nè la manco utile alla recreatione, havendo due fenestre de' Padri Dominicani lequali sonno di vista immediata sopra quella pezza di terra; et il P. Priore, nell'istesso muro che è immediatamente sopra quel luogho, praetende di fabricare il Novitiato suo colle finestre dalla istessa banda, nella quale non sô come si possa negare che habbiano jus luminis et fenestrarum, poichè de facto ne hanno già la possessione in quelle due fenestre..

  A018001319 

 Et già che ho parlato di queste Sorelle della Visitatione, dirò anco quatro parole sopra l'ultimo articolo della lettera mandatami da V. P. per il P. D. Redento, et supplico V. P. di credere saldamente che io non havrei [119] giamai pensato di domandare quella pezza di terra, nella quale è la peschiera senza pesci, del collegio, s'io havessi veduto che il darla fosse stato di pregiuditio alli Padri, massime circa la loro ricreatione, essendomi la sanità et giucundità de' Padri cara quanto la mia propria; et io so con quale proportione si debbano risguardare la case (sic) de Religiosi et quella delle Sorelle, onde non vorrei dar incommodità a quella per accommodar questa.

  A018001319 

 Ma per dirlo alla libera et sinceramente, il prezzo di quella piazza della peschiera essendo adoprato come si conviene, sarà molto più utile al collegio che la piazza; et mi son stupito della præoccupatione de questi nostri Padri, alli [120] quali io non hô voluto parlarne, perchè vedendo che il solo imaginar questo negotio li dava un gran freddo verso di me, non volevo passar inanzi.

  A018001319 

 Ma però, quantunque il P. Superiore moderno fosse præoccupato dall'opinione de l'altri al principio, tuttavia, considerando che a lui toccava il negocio come capo del collegio, il (sic) volsi parlar con lui, non per persuaderli la mia opinione, ma solamente per farglie intendere che il mio sentimento non era tanto extravagante come altri dicevano.

  A018001320 

 Hora veda V. P. R ma se sarà gran prasgiuditio al collegio [121] di dar detto luogo; anzi, se non si alzano le mura di esso luogho che si estendono verso il restante del collegio, quasi tutto il collegio è scoperto alla vista de' Padri Dominicani.

  A018001320 

 Onde, come affettionato al collegio et al bene della Congregatione quanto altro pare mio possa esser, io giudicarei esser espediente che questa vendita si facesse; et non dubito che V. P. R ma vedendo la pianta o piano di questo collegio, giudicarà che io ho ragione, sì come in fine il P. Superiore et il P. D. Simpliciano han confessato..

  A018001321 

 Et non havendo più tempo di scrivere più diffusamente, anzi havendo occasione di pregarla che mi scusi se così mi son disteso, augurando a V. P. R ma ogni santa felicità nel servitio del Signore, resto di essa.

  A018001333 

 Mais cette sollicitation ne pourra jamais être bien faite que par ledit Père qui est très au courant de la situation locale, non moins que des motifs et des circonstances qui peuvent engager Sa Sainteté à accorder la faveur implorée.

  A018001333 

 Toutefois je crois avec le P. D. Jean-Baptiste, supérieur de ce collège, homme judicieux et qui donne beaucoup de satisfaction à la population, que cette affaire doit se traiter par le P. D. Juste [117] non seulement en notre cour auprès du Sérénissime Prince (ce qui, si je ne me trompe, sera chose facile), mais encore à Rome, où le Père la poursuivrait auprès de l'Ambassadeur de Son Altesse, laquelle, par exprès commandement, en ferait faire la sollicitation.

  A018001334 

 Par ce même moyen, le Père pourrait s'occuper encore de deux autres choses: il ménagerait l'union de certains bénéfices non conventuels pour l'établissement du Noviciat à Rumilly, et il obtiendrait l'approbation des Sœurs de la Visitation, à l'expédition de laquelle on s'emploie, mais très lentement, comme l'écrit le Révérend Père Procureur, parce que les Règles sont en français; le P. D. Juste achèverait rapidement l'affaire.

  A018001335 

 Toutefois, bien qu'au commencement le Père Supérieur actuel fût prévenu par l'opinion des autres, je pensai que la chose le regardait comme chef du collège, et je me crus obligé de lui en parler, non pour lui persuader de se ranger à mon sentiment, mais seulement pour lui donner à entendre que mon avis n'était pas aussi extravagant que quelques-uns le disaient.

  A018001442 

 Il est vray, on peut estre dispensé des vœux simples, et des autres aussi; plus facilement toutefois de ceux la que de ceux ci, mais non sans grande occasion, et lhors qu'il est expedient: dont les Peres Jesuites se treuvent extremement bien, maintenant en partie le lustre de leur tres illustre Compaignie par ce moyen, lequel le monde n'appreuve pas, mays ouy bien Dieu et l'Eglise.

  A018001457 

 Et ne vous troubles point dequoy vous ne remarques pas toutes vos menues cheutes pour vous en confesser; non, ma Fille, car, comme vous tombes souvent sans vous en appercevoir, aussi vous vous releves sans vous en appercevoir.

  A018001534 

 Non, Monsieur montres cher Frere, vous n'aures jamais cette cogitation, et ce n'est pas cela qui vous fait demander une cedule de [143] moy pour vostre asseurance; car je suis certain que l'amitié dont vous me favorises est si parfaite qu'elle est au dessus de toute desfiance.

  A018001535 

 Nous sçavons bien cette douce importunité des amans, qui se playsent d'ouïr mille et mille fois repeter qu'on les ayme, non pour s'asseurer, mays pour se complaire en l'asseurance quilz ont, qui semble estre mieux savouree quand ell'est plus souvent repetee.

  A018001584 

 Conservés-le donq bien, ce cœur, en ce juste contentement qu'il a de se sentir en paix avec son Dieu; paix de laquelle le prix n'est point au monde, non plus que la recompense, puisqu'elle vous est acquise par le merite [150] du sang de nostre Sauveur, et qu'elle vous acquerra le Paradis eternel, si vous la gardes bien.

  A018001653 

 L'autre est que laiqs ne peuvent en conscience tenir les benefices, ni les nominateurs ne peuvent non plus les tenir en suspens sans offencer Dieu et les ames [159] des fondateurs.

  A018001672 

 Et non seulement a elle, mais escrivés aussi a M. le President et a monsieur [161] d'Origny, leur disant qu'apres tant de tourmens que vou saves souffertz, en fin Nostre Seigneur et vostre vocation vous convient de les prier de vous assister au dessein qui a tous-jours esté en vostre ame, de reduire vostre Monastere a quelque perfection de la vie religieuse, et qu'es occasions vous les advertires des moyens requis a cet effect, a ce qu'ilz vous aydent; car en fin, ma tres chere Fille, il faut avoir la paix, et la paix naist de l'humilité.

  A018001734 

 Re non integra, je pense que cette attestation soit suffisante, laquelle pour cela je vous renvoye, affin qu'elle serve au suppliant..

  A018001748 

 C'est pourquoy, Monseigneur, le P. Don Laurens de Saint Sixt estant par dela, j'ay creu que ce seroit a propos d'en ramentevoir Vostre Altesse, a ce qu'elle oÿe avec confiance ce qu'il luy en [169] representera, puisque non seulement il a pour ce sujet la creance de son General, mais aussi une speciale fidelité au service et a l'obeissance de Son Altesse, delaquelle il est nay sujet et vassal.

  A018001762 

 O Nostre Dame! ma trrs chere Fille, si Nostre Seigneur pense en vous et s'il vous regarde avec amour? Ouy, ma trrs chere Fille, il pense en vous, et non seulement [170] en vous, mais au moindre cheveu de vostre teste: c'est un article de foy, et n'en faut nullement douter.

  A018001765 

 Ainsy, comme la foiblesse et infirmité de l'enfant desplaist a sa mere, et pourtant, non seulement ne laisse pas pour cela de l'aymer, ains l'ayme tendrement et avec compassion, de mesme, bien que Dieu n'ayme pas nos imperfections et pechés venielz, il ne laisse pas de nous aymer tendrement; de sorte que David eut rayson de dire a nostre Seigneur: Aye misericorde, Seigneur, parce que je suis infirme..

  A018001765 

 Et pareillement, nous voudrions bien estre sans imperfections; mais, ma tres chere Fille, il faut avoir patience d'estre de la nature humaine et non de l'angelique.

  A018001765 

 Nous en devons voirement tirer la sousmission, humilité et desfiance de nous mesmes; mais non pas le descouragement ni l'affliction du cœur, ni beaucoup moins la desfiance de l'amour de Dieu envers nous; car ainsy Dieu n'ayme pas nos imperfections et pechés venielz, mais il nous ayme bien nonobstant iceux.

  A018001778 

 Je ne dis pas ceci, non, ma chere grande Fille, vous tenant pour descouragee, mais vous tenant pour adoloree, et m'estant advis que je dois mesler mes souspirs avec les vostres, comme je sens mon ame meslee avec la vostre..

  A018001778 

 O ma tres chere Fille, vous estes espouse non pas encor de Jesus Christ glorifié, mais de Jesus Christ crucifié: c'est pourquoy les bagues, les carquans et enseignes qu'il vous donne et dont il vous veut parer sont des croix, des clouz, des espines, et le festin de ses noces est de fiel, d'hyssope, de vinaigre.

  A018001792 

 Et ecco che io ne mando un duplicato fatto et scritto in fretta, et dal rozzo mio ingegno, onde non sarà degno d'esser appresentato alli occhi del publico; ma fatto però da un cuore che stima sommamente [e] è amantissimo della ricordatione di detto nostro Monsignore.

  A018001792 

 Et ho poco detto, perchè non ho havuto tempo da vedere in esso la prattica [176] delle virtù alla distesa; Vostra Paternità potrà allargar, corregere, abbreviare et mutar come gli parerà..

  A018001792 

 Mi dispiace sommamente che Vostra Paternità non habbia sin adesso ricevuto l'elogio fatto da me intorno al concetto nel quale ho sempre havuto la felicissima memoria del nostro Monsignore R mo di Saluzzo.

  A018001818 

 Non ero in Granoble quando l'Eccellentia del signore [177] suo padre vi capitò, ma egli tuttavia non lasciò di mandarmi la lettera di V. S. Ill ma in Annessi; et pochi giorni passati ricevei da parte del buon Padre D. Giusto una corona con la croce del legno di San Francesco, che pur V. S. Ill ma, per quanto mi scrisse detto [178] Padre, mi donava, et laquale io conservarò caramente, ringratiando humilmente il cuore et la mano che la diede.

  A018001819 

 Et perchè dette Sorelle hanno questi giorni passati comprato un certo molino dal Signor Duca di Nemours, et che morendo detto Signor Duca senza figli sarebbe pericolo che la Camera di Sua Altezza non solamente pigliasse detti molini, ma facesse ancora perdere a dette Sorelle il loro dinario (sic), per questo si domanda a Sua Altezza che come ha usato con parecchi altri in simili occasioni, cosi si compiaccia di fare in questa opera pia, rattificando il [179] contratto fatto con esso Duca di Nemours o vero con quelli che in vece sua contrattano; et cosi dette Sorelle supplicano la Serenissima Infante che si degni raccommandar il negotio, et V. S. Ill ma che per carità sia l'intercessora loro..

  A018001833 

 Et voilà que ces Sœurs ont justement, ces jours passés, acheté un certain moulin de Monsieur le Duc de Nemours; or, si le prince venait à mourir sans enfants, il serait à craindre que la Chambre de Son Altesse, non seulement s'emparât de ces moulins, mais qu'elle fît encore perdre aux Sœurs leur argent.

  A018001887 

 Si bona suscepimus de manu Domini, mala etiam cur non sustinemus? Mays je sçai si asseurement que nos prætentions tendent a la plus grande gloire de Dieu, que je ne puis perdre l'esperance de les voir reuscir, apres que sa divine Majesté aura un peu espreuvé nostre courage..

  A018002073 

 Ayes le soin qu'il veut que vous ayes en vostre personne et en vostre famille, et non plus, car ainsy vous verres qu'il aura soin de vous.

  A018002074 

 La troysiesme maxime que vous deves avoir, c'est celle que Nostre Seigneur enseigna a ses Apostres: Qu'est ce qui vous a manqué? Voyes vous, ma chere Fille, Nostre Seigneur avoit envoyé les Apostres ça et la, sans argent, sans baston, sans souliers, sans besace, revestus d'une seule soutane, et il leur dit par apres: Quand je vous ay ainsy envoyés, quelque chose vous a-elle manqué? Et ilz luy dirent: Non.

  A018002074 

 Or sus donq, ma Fille, quand vous aves eu des afflictions, mesme du tems que vous n'avies pas tant de confiance en Dieu, estes vous perie dans l'affliction? Vous me dires: Non.

  A018002096 

 Quant au jardin, mon tres cher Pere, je n'y pense plus; non que je ne voye bien que le projet que nous avions fait n'incommodoit pas le [collège,] ains l'accommodoit par le moyen de la recompense que nous eussions donnee; mais, par la grace de Dieu, je n'eus jamais [212] desir de me rendre contentieux, ni de blesser l'esprit de personne..

  A018002109 

 Enfin, le bon mary m'a prié de vous recommander ce que vous sçaves vous avoir esté non seulement recommandé, mais commandé au nom de Dieu, a la volonté duquel il faut joindre et lier inseparablement la vostre.

  A018002166 

 Que je suis en peine, ma tres chere Mere, de crainte que nostre mariage, dont nous nous promettions tant de consolation, ne se rompe; car de ne pas communiquer tres clairement et sans replys toutes les difficultés quil y a, a M. de Chantal et a Monseigneur de Bourges, il ny a point d'apparence; et de les leur communiquer, il y a toute apparence que Monseigneur de Bourges se rebutera de voir que cette terre dont on avoit parlé ne soit pas terre, ains une mayson seulement; que mesme on ne la veuille donner que pour apres le trespas, et non aux noces; que l'argent n'est pas exigeable pour estre colloqué a propos des affaires que l'on a, et que l'on veuille tant de pompe, que deux ou trois mille escus ne suffiront pas: de sorte que rien ne demeure qui puisse bien contenter son esprit que vous connoisses, sinon la fille, que tout le monde avoüe estre digne d'amour.

  A018002194 

 En cette vacance de l'estât d'advocat de Vostre Grandeur en ce Conseil de Genevois, advenue par la promotion de monsieur Ouvrier a celuy de senateur, je croy que le sieur Mottier sera proposé a Vostre Grandeur; et je puis dire que si elle luy fait la grace de le recevoir en cette charge, ell'en sera extremement bien servie, non seulement par ce que c'est l'un des plus dignes advocatz que nous ayons en ce païs, mais aussi par ce qu'il [223] affectionnera ardemment son devoir.

  A018002317 

 Mays pourtant, ma tres chere Fille, il y a bien dequoy vivre content en la tressainte dilection que Dieu donne aux ames unies a mesme dessein de le servir, puisque le lien en est indissoluble, et que rien, non pas mesme la mort, ne le peut rompre, demeurant eternellement ferme sur son immuable fondement, qui est le cœur de Dieu, pour lequel et par lequel nous nous cherissons..

  A018002376 

 Par cette si asseuree commodité, je vous diray, ma tres chere Fille, que nostre Mere dit la verité: je suis extremement accablé, non tant d'affaires comme d'empeschemens, mais d'empeschemens dont je ne puis me [237] desprendre.

  A018002434 

 Je vous dis, ma chere Fille, que non seulement vous pouves, ains que vous feres parfaitement bien d'ouvrir vostre cœur tout candidement au Pere Isnard; il est non seulement docte et religieux, mais il est tout spirituel et tout de Dieu; vostre cœur bienaymé aura de la consolation et du proffit a recevoir ses advis..

  A018002482 

 C'estoit en l'octave de nostre grand saint Jean, ou, me souvenant que l'Evangeliste de nostre Princesse dit de luy: Et vinum et siceram non bibet, j'admiray [249] la douceur de Dieu, de m'abreuver, moy chetif homme, du vin de la charité que le Saint Esprit a respandu en nos cœurs..

  A018002630 

 Ma non lascio di vedere che Vostra Paternità potrà considerare in questo alcune difficoltà..

  A018002631 

 Che quella communità non dà molto sufficientemente per stabilirvi numero convenevole de Padri.

  A018002632 

 Parerà forsi duro che voglia quella communità che i figliuoli delli haeretici siano ricevuti al collegio per impararvi le lettere; ma oltre che habbiamo l'essempio nelli collegi de Padri Giesuiti, non solamente questa conditione non ci deve ritardare, anzi ci deve incitare, perchè non ciè forsi più facil strada di convertir gl'hæretici che questa, et essendo usato questo mezzo con destrezza, farà mirabil riuscita..

  A018002634 

 Se bene par duro a questi nostri Padri che voglia quella communità astringerli di non pigliar altri studii in quella provincia 7 e leghe vicine a quel di Chabeuil, tuttavia non mi par inconveniente, già che la Congregatione può dilatarsi pigliando chiese ad ufficiare, et che si eccettarà la theologia et philosophia.

  A018002697 

 Mays pour tout cela, non plus que pour trente pareilles promesses, rien ne se fait, ains finalement Son Excellence a declaré qu'il n'y avoit pas moyen; qui me fait de rechef hurter a la providence de sadite Altesse.

  A018002699 

 Mais encor, s'il n'y a de bonnes clausules derogatoires, courrions nous fortune de n'avoir rien, tant sommes nous favorisés en nos poursuites, pour justes qu'elles soyent! Ce que je dis, non pour me plaindre de la Chambre, qui est certes marrie de nous voir maltraitter non obstant les arrestz qu'elle a rendus pour nous contre les gabelliers, mais pour vous supplier, Monsieur, de ne rien oublier es depesches, affin que nous vous soyons, et ces curés et moy, de plus en plus obligés.

  A018002715 

 tuum, mi Pater, non solum [271] quia soleo quicquid ex vestra illa Societate procedit magnifacere, sed etiam quia sigillatim de Vestra Reverentia multa audivi præclara primum, deinde vidi, inspexi et suspexi..

  A018002734 

 Depuis longtemps j'aimais, bien plus, je vénérais votre personne et votre nom, mon [271] Père; non seulement à cause de l'estime que je fais toujours de tout ce qui tient à votre Compagnie, mais encore à cause des œuvres remarquables de Votre Révérence, dont j'ai d'abord entendu parler, et qu'ensuite j'ai vues, examinées, admirées..

  A018002795 

 Entre les incertitudes du bienaymé voyage qui nous devoit assembler pour plusieurs moys, Monsieur mon tres [279] cher Frere, je ne regrette rien tant que de voir differer le bonheur que nos cœurs se promettoyent de se pouvoir entretenir a souhait sur leurs saintes pretentions; mais le monde et tous ses affaires sont tellement sujetz aux loix de l'inconstance, qu'il nous en faut souffrir l'incommodité, tandis que nos cœurs disent: Non movebor in æternum.

  A018002795 

 Non, rien ne nous esbranlera en l'amour de la Croix et en la chere union que le Crucifix a fait de nos espritz.

  A018002833 

 Nous sommes icy en paix, mays non pas du tout exemptz des ressentimens de la guerre passee; playse a Dieu qu'ilz ne degenerent pas en recheute..

  A018002834 

 Pour moy, je ne sçay encor si j'iray a Paris ou non, cette incertitude dependant de celle du voyage de Monseigneur le Prince Cardinal et de celle qui est ordinaire es cours; ou, pour ne point mentir, je ne dis rien, [284] sinon peut estre qu'il est vray, et peut estre que non.

  A018002892 

 Jamais il ne se presentera occasion de vous rendre service, que je ne l'employe avec toute l'affection et sincerité que Vos Excellences pourroyent desirer; et non seulement par le devoir d'amitié et voysinage, mais par une speciale inclination que j'ay envers vostre tres catholique, tres pieuse et tres illustre Republique et Seigneurie, je m'estimeray tous-jours fort heureux quand je pourray executer vos desirs.

  A018002954 

 Et se essendo in Parigi, dove vado per accompagnare il Prencipe Cardinale di Savoya, posso veder qualche oratione funebre di detto fû Cardinale del Perrone, non mancarò di darne parte a V. S. Ill ma, non dubitando che haverà a caro il saper la morte felicissima et piena di zelo di questo grand'huomo et Prelato..

  A018002954 

 Questi honorati Padri Visitatori de Barnabiti hanno trovato in me una particolarissima memoria delli favori ricevuti di V. S. Ill ma; et havendomi significato che [293] Ella tiene notitia della nostra lingua francese, glie mando con humil... questa oratione o harenga fatta [dal Cardinal] del Perrone, opra bellissima, s' io non m'inganno, [per] la vivacità del' ingegno che in essa è mostrata.

  A018002981 

 Della ratificatione del mollino per queste Madri non si ha nuova veruna, et non so doüe sarà capitata l'amorevole cura che V. S. si è degnata pigliarne..

  A018002982 

 La Madre fa una strada per andar a Bourges differente dalla nostra, et restarà in Bourges mentre sarò in Parigi; ma non lasciarò di dar parte delli progressi di questa Congregatione a V. S. Ill ma, già che tanto glie vuol bene..

  A018003013 

 Ma vedendomi adesso tirato in Parigi, per servire il Serenissimo Prencipe Cardinale nostro in questo viagio di Francia, io perdo ogni sorte di speranza di scrivere, et massime che detta historia richiede di esser scritta da [298] huomo che possa saper moltissime particolarità che io non posso cognoscere nè intender qui, et molto meno in Francia..

  A018003013 

 Quantunque io vedeva di non poter in niun modo scrivere convenientemente la Vita della felice memoria di Monsignor Vescovo suo fratello, per la mia troppo grande rozzessa et insufficientia, nientedimeno il diletto ch'io havrei di dar gusto a V. R. et de dar testimonio della stima di questo gran servo d'Iddio, mi dava un certo che di speranza di poterlo fare in qualche modo.

  A018003014 

 Ma non lasciarò a suo tempo di mandargli alcune osservationi circa queir historia, che potranno forsi giovare al scrittore; et in ogni modo sono et sarò sempre,.

  A018003014 

 Mi perdoni adunque V. P. s'io non la servo in questa occasione, che per altro mi sarebbe stata gratissima, et veda che la sola impossibilità m'impedisce.

  A018003091 

 L'Illustrissimo signor Conte sta molto bene, et per gratia sua mi dà tutti li segni d'amarevolezza che si possono desiderare; et per strada mi disse che voleva parlar meco delle cose di V. S. Ill ma ma sin adesso non l'ha fatto, nè credo che sia per farlo cosi presto, essendo assai occupato intorno alli negotii che tutti sopra le braccia sue ricadono et sopra quelle dell'Illustrissimo signor Marchese suo fratello..

  A018003093 

 Et anco alle volte vogava et mi faceva vogare con lei, pensando al principio che io non sapessi quell'arte, nella quale tutta via s'è trovato che io era dottore..

  A018003093 

 Et li cinque giorni di navigatione ho havuto tempo di godere la presenza del Serenissimo Cardinale, non senza parlare di moltissime cose buone; et due volte il giorno Sua Altezza legeva libri francesi per andar di più in più imparando la lingua et le cose di questo Regno.

  A018003094 

 Essendo giunti a Orleans, incontrati da monsieur de Betune et di Modena, siamo stati duoi giorni per [307] riposare un poco, et ivi, il giorno di tutti Santi, Sua Altezza fece la santissima Comunione, et poi, a piccole giornate, siamo venuti qui; et non si può dire con quanto honore fu ricevuta Sua Altezza, nè quanto fosse il popolo che venne fuori per vederla, nè si è veduto, di memoria d'huomo, tanta concurrentia per entrata de Prencipe.

  A018003095 

 Et quanto a Sua Altezza Serenissima, ella ha tanti servitori qui partiali che non si possono numerare, et le lodi sue si publicano ognora..

  A018003095 

 Non si può dire poi in che concetto sia qui il nostro Prencipe magiore; tutti lo chiamano specchio de Principi in bontà verso li popoli, in pietà, in fortessa et in summa in tutte le parti che si possono desiderare.

  A018003097 

 Al nostro buon P. D. Giusto mille et mille saluti, et non mancarò di fare tutti li officii che si potranno per sua Congregatione nell'occorrenze.

  A018003102 

 Di gratia, V.S. Ill ma saluti cordialmente il nostro Padre D. Giusto,... quelle Serenissime non mancarò di offerire preci et Sacrificii....

  A018003117 

 Pendant les cinq jours de navigation, j'ai pu jouir à loisir de la présence du Sérénissime Cardinal, non sans parler de beaucoup de bonnes choses.

  A018003256 

 Et quant a elle, on conneut bien que non seulement elle ne trompoit pas malicieusement le monde, mais qu'elle estoit la premiere trompee, ny ayant de son costé aucune autre sorte de faute, sinon la complaysance qu'elle prenoit a s'imaginer qu'elle estoit sainte, et la contribution qu'elle faisoit de quelque simulation et duplicités pour maintenir la reputation de sa [325] vaine sainteté.

  A018003261 

 Il faut donq traitter cet esprit la avec le mespris de ses imaginations, mays un mespris doux et serieux, et non point mocqueur ni desdaigneux.

  A018003278 

 Je suis en butte a tous les complaignans, et puis en certaine façon dire: Quis infirmatur, et ego [329] non infirmor? Vous participés avec compassion, je m'asseure, a toutes nos imbecillités et miseres, et aves bon besoin d'exercer la patience parmi la multitude de nos impatiences, devant estre arbitre parmi nous, affin de nous tenir en paix et tranquillité d'esprit.

  A018003340 

 Ecco che parte il signor Marchese suo fratello con tutte le buone speditioni che si potevano desiderare; et rimettendomi a quello che da lui si saprà, dirò solamente a V. S. Ill ma che non mancarò punto di far tutti l'officii che possibili mi saranno appresso l'Eccellentia del signor Conte, acciò agiuti il buon desiderio di V. S. Et piacendo al Signore, haverò facilità horamai de trattar con lui quando non haverà più tanti negocii adosso, mentre si aspettarà la venuta del Serenissimo sposo.

  A018003341 

 V. S. Ill ma fa bene di rimettere nelle mani d'Iddio quel che tocca al P. D. Giusto; et già che lui non è consapevole del negotio fatto... Se nascerà qualche calomnia, la divina Providentia la farà presto finire, che così tratta ella ordinariamente con suoi servi..

  A018003342 

 De gratia, che la chara anima di V. S. non si lasci turbare da scrupuli circa il voto fatto da lei d'esser Religiosa; perchè chi non differisce il pagamento senon per pagar in moneta più magnifica, non deve esser chiamato mal pagatore, massime doiie il giorno nè il tempo non è præfisso.

  A018003342 

 La charità è regina della conscientia, et dove dice che per magior gloria dello suo Sposo si differisca, non deve la conscientia temere.

  A018003342 

 V. S. aspetta il tempo nel quale seco tirarà parechie altre anime: aspetti pure et non dubiti, che è meglio senza dubbio il far così..

  A018003343 

 Non so ancora quando io sia per ritornare in là, ma so bene che se così piacerà al Signore, io non tardarò d'andar [337] in Torino o col Serenissimo Cardinale, o col Serenissimo Prencipe..

  A018003391 

 Je participe par ressentiment au mal que monsieur vostre mari souffre et a la peine que vous en aves, parmi laquelle nostre tres sacree Maistresse et Abbesse vous peut bien donner de la consolation, vous menant sur la montaigne de Calvaire ou elle tient le noviciat de son monastere, monstrant la leçon non seulement de bien souffrir, mais de souffrir amoureusement tout ce qui nous arrive, et a nos plus chers.

  A018003415 

 Demeures en paix, ma tres chere Fille; ostés de vostre imagination ce qui vous peut troubler, et dites souvent a Nostre Seigneur: O Dieu, vous estes mon Dieu, et je me confieray en vous; vous m'assisteres et seres mon refuge, et je ne craindray rien, car non seulement vous estes avec moy, mais vous estes en moy, et moy en vous.

  A018003451 

 Je vous escrivis avanthier, non sans un grand empeschement, car j'estois grandement chargé, et croyois que le messager deut partir hier de grand matin; despuis, j'ay receu la lettre ci jointe de la pauvre petite seur, et un'autre par laquelle elle me dit que je face entrer sa fille aupres de nostre Princesse, ce que je m'essayeray de faire, Dieu aydant.

  A018003455 

 Peut estre aurons nous besoin de la faveur de monsieur le Grand pour tesmoigner des qualités de monsieur le Baron de Chantal, affin que non seulement il entre au service du Prince, mais qu'il entre d'abord en qualité qui le puisse contenter et messieurs ses parens; mais je croy que M. le Grand le fera volontier.

  A018003467 

 Non, je vous prie, ne vous retenes point de m'escrire quand il vous plaira, car pourveu que vous ayes patience de ne recevoir des responses que quand j'auray la [353] commodité de les faire, je n'auray jamais que beaucoup de contentement d'avoir souvent de vos lettres; car si vous ne le sçaves pas, je vous annonce que vous estes bien ma tres chere fille..

  A018003508 

 Ayant bien veu la lettre que vous me donnastes aux [357] Benedictins, j'ay certes ressenti grandement la peine de celle qui me l'a escritte, non que pour cela je la voye en aucun danger, mais par ce qu'ell'est affligee; et j'ay tant de part en elle qu'il est impossible que son affliction ne m'afflige.

  A018003532 

 Agonizò poi duoi giorni et mezzo, et mentre hebbe l'uso dei sensi mostrò d'haver l'animo verso il Signore; et per fine, quantumque io l'havessi visto poche hore manzi, non fui tuttavia presente al passaggio, del quale non s'avedevano, se non il mio fratello, il quale hebbe questa ventura di dargli l'ultima beneditione..

  A018003533 

 Del testamento, io non sò le particularità, quantumque io fui testimonio dell'approbatione di esso fatta dal notaro..

  A018003533 

 Et aggiungo a V. S. la consolatione di San Francesco, che adesso non havendo più il padre temporale, potrà più schiettamente [dire]: Pater noster, qui es in cœlis, a nome del quale Padre celeste io ho cominciato a chiamar V.S.: Figliuola mia dilettissima.

  A018003534 

 Hoimè! carissima Signora mia Figliuola, le cose del servitio d'Iddio passano con queste difficoltà et dilationi; onde bisogna havere non solamente la magnanimità, ma ancora, et molto più, la longanimità..

  A018003534 

 Ma io dico che è meglio che aspetti un poco, per magior gloria d'Iddio et salute dell'anime; chè al più non potranno passare se non alquanti mesi [362] che non si veda il fine del negotio.

  A018003534 

 Resta che io glie dica che il Serenissimo Prencipe ha sempre la voluntà salda per il Monasterio; ma dice che glie scrivono di Piemonte che le cose d'esso sono in buon stato, et non essendo così, che al ritorno farà ogni cosa: et per fine, che bisogna haver un poco di patienza, et se V. S. s'inquieta [e] che non vogl' aspettare, che vengha in Annessi.

  A018003535 

 Non scriverò al nostro P. Don Giusto, huomo secondo il cuor mio; ma egli sa bene che io lo amo et riverisco con tutto l'animo mio.

  A018003549 

 Hélas! Madame ma très chère Fille, les choses du service de Dieu ne se font qu'avec ces difficultés et délais; c'est pourquoi il faut avoir non seulement la magnanimité, mais encore, et bien plus, la longanimité..

  A018003588 

 Parce que l'autre jour je vous vis en peine pour Dorothee, j'ay creu que je devois vous donner advis [366] qu'hier, revenant du Louvre tout de nuit, je treuvay ceans des Peres Benedictins qui me dirent qu'une jeune fille s'estoit peu auparavant addressee a eux pour me faire sçavoir que Dorothee estoit detenue par force chez madame de la Trimouille, qui l'avoit mise entre les mains de deux ministres, et que ce matin ilz la vouloyent emmener, et non obstant toutes les resistances qu'elle faysoit.

  A018003678 

 Non, je vous supplie, ne soyes jamais en crainte de m'importuner par vos lettres; car je vous dis en vraye verité qu'elles me donneront tous-jours une tres grande consolation, tandis que Dieu me fera la grace d'avoir le cœur en sa dilection, ou du moins desireux de la posseder.

  A018003715 

 Et si vous voyies ce que je voy, vous ne douteries point de cette verité, ni monsieur Meynier non plus; et icy comme ailleurs, mais plus icy qu'ailleurs, il faut aller tendrement aux demandes..

  A018003787 

 Non que nous voulions vous donner l'importunité d'assister a la meslee des allegations qui se feront de part et d'autre, mais seulement nous souhaiterions que l'affaire se passast en lieu ou vous puissies, en un mot de vostre authorité, determiner ce qui sera jugé convenable par ceux a qui il vous plaira de donner le soin de voir le droit et le juste; autrement, Monsieur mon Filz, il ny a nul moyen de finir cette conteste, laquelle toutefois est de consequence pour le repos des ames des uns et des autres..

  A018003832 

 Mais, ma chere Fille, notes que je replique que cet abaissement, cett'humilité, ce mespris de soy mesme doit estre prattiqué doucement, paisiblement, constamment, et non seulement suavement, mais allegrement et joyeusement..

  A018003915 

 Ayant sceu la peine en laquelle se treuve le sieur collateral de Quoëx, detenu es prisons de Chamberi pour la somme d'environ mille ducatons, esquelz il a esté condamné par quelques uns des seigneurs senateurs et maistres des Comptes a ce deputés specialement; asseuré que [407] je suis d'ailleurs, qu'en tout ce dont il a esté chargé il n'a commis aucune faute malitieuse, ni manqué en chose quelcomque a la tres humble sujettion qu'il doit a Vostre Altesse, en laquelle et luy et tous les siens ont tous-jours vescu tres fidelement; et de plus, estant fidele tesmoin qu'en l'occasion qui se presenta en Genevoys, il y a quatre ans, et luy et son frere rendirent force bons et laborieux tesmoignages de leur zele au service de Vostre Altesse, je ne puis m'empescher de la supplier tres humblement et, si elle me permet, de la conjurer par sa propre bonté de tendre sa main secourable a cet homme de bien et d'honneur, pour le retirer de la ruine en laquelle son malheur, et non aucun forfait, le va precipiter..

  A018003931 

 Despuis, je me porte bien, non pas pour aller faire encor de grans effortz, mais pour me renforcer de jour en jour..

  A018003932 

 Si je puis, je vous iray voir cet apres disner, non toutefois pour vous entretenir, mays c'est apres avoir confessé des dames qui n'attendent que cela pour s'en aller aux chams; et je ne voy pas que passé cela je me treuve fort occupé que pour aller dire mes adieux tout bellement..

  A018003942 

 La lettre que Vostre Altesse a escrit a Monsieur le Duc de Nemours a esté receue par luy trois jours avant que la copie m'ayt esté remise en main, de sorte que des-ja il m'avoit parlé sur le sujet d'icelle, non sans se douloir du retardement pour l'article qui regarde son payement, deu par le sieur Bonfilz des il y a long tems, a ce qu'il dit, et par le manquement duquel toute sa mayson et ses affaires sont extremement incommodés; dont il ne peut esperer le remede que de la [410] promesse qu'il a pleu a Vostre Altesse de luy faire, d'avoir du soin et de la bienveuillance pour luy qui, a la verité, n'est pas sans beaucoup d'inquietude parmi la necessité en laquelle il se treuvé (sic), ayant si peu de revenuz de deça, ou ses terres sont presque toutes engagees, et ne jouissant de celuy qu'il [a] en Savoye, qui est son fond principal.

  A018004124 

 Quant a celles qui ont les biens venduz ou alienéz, et ce pendant il est requis d'y establir des ecclesiastiques, comme Sacconex, Ornex, Thoiry, voisines des autres, Matigni, Vernier et Meirin, il serait expedient, voire necessaire, sçavoir a quoy monte tout le revenu des biens ecclesiastiques de ce Bailliage generalement, et, selon la porté desdicts biens, les distribüér a chasque cure comme l'ont recognoistroit estre de besoing, et non pas demembrér le corps de l'ceconomie pour accommoder un particulier.

  A018004194 

 Et per moverli maggiormente a fargli la grazia, gli ha monstrato una lettera missiva del nostro Padre precedente Generale, per la quale egli rimetteva tutto questo negozio in petto di detto Monsignor R mo, atteso il singolare affetto che sempre ci ha monstrato in tutte le occasioni; il quale all'hora non eseguì secondo la rimissione fattagli, parte per causa delle sue molte occupazioni che lo tirarono fuori della sua diocesi, parte ancho perché vedeva che alcuni de nostri Padri di Annessi lo facevano tanto mal volentieri che non ne restavano contenti, et sperando detto Monsignore, o di fare contentare li detti Padri di S. Domenico che non ricercassero detto sito da noi, overo di sforzarsi di disporre in modo tale la fabrica di detto monastero acciò non havesse bisogno di detto sito.

  A018004194 

 Ma tutto gli è stato impossibile, perchè è talmente angusto il luogho che non sene può passare, et gli detti Domenicani amorevolmente non si sono mai contentati; anzi, di più et di peggio, alli giorni passati hanno mossa lite contro le dette Monache per il già fabbricato, per il che viene interrotta la fabrica et li santi dissegni di Monsignor R mo, al quale rincresce estremamente et l'uno et l'altro.

  A018004195 

 Et havendo havuto risposta dal nostro R. P. Provinciale ch'egli non poteva dare autorità di alienare, l'ha pregato et me instantemente acciò ne scrivessimo alla Sua Molto Reverenda Paternità, pregandola, et li RR. PP. Assistenti, acciò si compiacia di rimettere parte di detto sito, et dia quella facoltà che sarà necessaria alli nostri per alienare, o per vendita o per commutazione; et promette detto Monsignor R mo che sarà in evidentem utilitatem nostram, et dice che vole che li nostri stessi Padri siano giudici di questa evidente utilità..

  A018004197 

 Hora, vedendo la risoluzione di Loro Altezze Serenissime, pare che non possiamo fare di meno, perchè habbiamo bisogno di loro ogni hora..

  A018004197 

 Per il che, havendo inteso le suddette et seguenti cose, nostro R. Padre Provinciale et io insieme, di comune concerto, scriviamo questa alla S. M. R. P., et la nostra opinione, sottoposta però a quella di S. M. R. P., che non si può negare questa grazia: poichè quando habbiamo opposto che nel contratto ch'habbiamo fatto con la città d'Annessi v'è scritto che non alienaremo li beni di detto Collegio; et di più, che alcuni della città m'hanno detto che più presto litigaranno con noi che permettere che sia fatta alcuna alienazione, Loro Altezze Serenissime hanno risposto che quando i loro sudditi sapranno che tale è la loro volontà, nessuno d'essi contradirà, perchè essendo necessario detto sito per la fabrica di detto monastero, vogliono che per ogni modo li sia rimesso; atteso che il sito del Collegio è grandissimo et questa parte non è di necessità per la fabrica nostra, et che si esibisce ampia sodisfazione, rilevandosi d'ogni indennità, anzi facendo detta alienazione in nostra utilità: si che gli pare che concorrendo la necessità di dette Monache, et un poco di nostra commodità, la charità et una certa equità vole che tal cosa si faccia; et per tanto, che si contentiamo noi solamente, che faranno [436] bene contentare li altri che si volessero opporre.

  A018004199 

 Quanto a me, id est Don Giusto, altre volte è stato contrario a questo, perchè temevo che alcuni de nostri boni amici d'Annessi non s'inimicassero; ma hora che vedo che tutto questo si farà senza perdere l'amicizia loro, et non facendolo forsi che perderessimo quella delli Serenissimi Prencipi et Prencipesse, che pure più importano, sono di parere che si faccia la grazia, perchè non facendola perdaremo più di quello che vale tal sito; et anche farla per charità, più principalmente..


19-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XIX-Vol.9-Lettres.html
  A019000079 

 — Regarder Dieu et non ses propres imperfections.

  A019000137 

 — Grande alarme parmi les Religieuses non réformées du diocèse de Genève.

  A019000140 

 — Plusieurs décisions pour la clôture, non encore établie au Monastère de Grenoble.

  A019000143 

 Un pieux dessein du marquis de Lullin, non réalisé.

  A019000147 

 — Il n'y a rien à craindre des misères spirituelles non aimées.

  A019000205 

 — Un cœur faible et assoupi, mais non point infidèle. 211.

  A019000243 

 Mays Dieu l'assistera et la tiendra de sa main, ainsy que j'en supplie sa souveraine Bonté, que je ne cesseray jamais non plus de vous souhaiter propice et secourable, ma tres chere Fille, demeurant a jamais.

  A019000256 

 J'attens response de Monseigneur le [Prince de Piémont], et j'espere que ce sera pour mon retour, auquel mon ame me presse grandement a cause de mon devoir; et ne puis m'imaginer que ni retour, ni chose quelcomque me puisse jamais separer de vous: non, ni mesme la mort, puisque nostre union est en Celuy qui ne meurt plus.

  A019000281 

 Non, ne dites pas encor l'Office, mais si vous pouves bien descendre pour la Messe, je le veux bien; et tenes vous assise le plus que vous pourres, et en lieu ou ce grand vent qui tire dans le chœur ne vous frappe point..

  A019000282 

 Je me prepare pour le sermon, avec beaucoup de desir, non toutefois sans defiance, de bien rendre ce devoir a ce grand Saint, bien que je veuille que ce soit luy mesme qui face le sermon, toutes les conceptions d'iceluy estant tirees de luy mesme..

  A019000290 

 Il y a si long tems que vous aves desiré de servir Dieu et que vous estes apprise a l'eschole de la croix, que non seulement vous acceptes celle ci patiemment, mais, je m'asseure, doucement et amoureusement, en consideration de Celuy qui porta la sienne et fut porté sur la sienne jusques a la mort, et de Celle qui n'ayant qu'un filz, mais filz d'amour incomparable, le vit mourir sur la croix, avec des yeux pleins de larmes et un cœur plein de douleur, mais de douleur douce et suave, en faveur de vostre salut et de celuy de tout le monde..

  A019000374 

 Non certes, mes tres cheres Filles, il ne faut qu'une lettre pour deux seurs qui n'ont qu'un cœur et qu'une praetention.

  A019000376 

 Et par ce que la diversité de vos conditions peut requerir que quelquefois je vous escrive differemment, non [18] obstant l'unité de vostre dessein, je le feray un'autre fois; mais pour le present je me contenteray de vous dire et conjurer de le bien croire sans haesiter, mes tres cheres Filles, que je suis.

  A019000436 

 A peu que je ne luy aye dit les paroles de cet ancien Prophete: Et comment, Seigneur, vous affliges donq encor ces filles, qui pour l'amour de vous m'ont repeu et nourri? Mays non, ma Fille toute tres chere, j'ayme mieux, avec l'autre Prophete, dire: ]e suis muet sous vos verges, et n'ouvre nullement ma bouche, car c'est vous qui faites cela.

  A019000453 

 Je n'escris point non plus a madamoyselle vostre mere, car je sçai bien qu'elle se contente que ce soit a vous a qui je dis que je suis finalement son serviteur tres humble.

  A019000472 

 Icy a Bourges, entre les caresses non pareilles de nostre Monseigneur l'Archevesque en sa mayson, j'ay receu vostre lettre du 23 de ce moys, unique, jusques a present, que j'aye receüe.

  A019000490 

 Non, ma tres chere Fille, car je vous asseure que le mestier de reprendre est fort aysé, celuy de faire mieux, difficile; il ne faut guere de capacité pour treuver les defautz et ce qu'il y a a redire en ceux qui gouvernent et en leur gouvernement.

  A019000494 

 Sil y a quelque Seur qui ne vous traitte pas avec asses de respect, faites le luy sçavoir par celle des autres [35] que vous jugeres la plus propre a cela, non comme de vostre part, mais de la sienne.

  A019000509 

 Je ne la vis que deux fois, non seulement par ce que cette cour si grande et en laquelle j'avois tant de complimens a faire m'en empescherent, mais aussi, et encor plus, par ce que monsieur de Villesavin estoit en une si grande anxieté, crainte qu'on ne la fit parler, que nonobstant tout le soin que j'avois pour cela, il estoit merveilleusement en peine.

  A019000509 

 Nous partismes donq de Tours le samedi, avec certes du desplaysir d'y laisser la chere M me de Villesavin malade, non sans quelque danger.

  A019000516 

 Non pas certes pour celleci, car tout y va presque selon Dieu; et c'est une grande consolation de voir nostre petite Madame si gave et toute bonne, et Madame de Vandaume, qui est un ( sic ) parfaite bonté, et tout son train si bien rangé et vertueux..

  A019000517 

 Je luy parlay et a l'Assistente ensemblement, et dis qu'elle ne s'obligeast nullement a faire tous-jours venir l'Assistente au parloir avec elle; mays qu'es affaires de consequence, apres avoir ouy ce qu'on propose, elle prit loysir d'en conferer avec elle et les Coadjutrices, par ce qu'en cette sorte elle conservera la dignité de Superieure et la bonne conduite des affaires ensemblement; et non pas avec cette timidité avec laquelle elle n'osoit venir au parloir sans l'Assistente, de peur qu'on ne luy parlast d'affaires temporelles: en quoy elle se tenoit trop sujette, et privoit les Seurs de deux presences, [42] dont l'une pour le moins est requise pour tenir en devoir les Novices.

  A019000520 

 J'ay escrit sur chemin a la Superieure pour la soulager un peu, puisque mesme je ne peu luy dire a Dieu qu'a la desrobee, non plus qu'a nos Seurs de Moulins et de Lyon, a cause de la surprise de mon depart que, par force, il me faut faire soudain comme Madame monte en carosse, par ce que je suis de la carosse qui va immediatement devant elle..

  A019000566 

 Non veritablement, ma tres chere Mere, car je ne sens nulle sorte d'ambition que celle de pouvoir utilement employer le reste de mes jours au service de [49] l'honneur de Nostre Seigneur Non certes, la court m'est en souverain mespris, parce que ce sont les souveraines delices du monde que j'abhorre de plus en plus, et luy, et son esprit, et ses maximes, et toutes ses niaiseries..

  A019000574 

 Non, ma tres chere Fille; vostre chere ame ayant conceu le grand desir que Dieu luy a inspiré de n'estre qu'a luy, ne vous rendes pas aysee a croire qu'elle preste son consentement a ces mouvemens contraires.

  A019000575 

 O moy miserable homme, disoit le grand Apostre, qui me delivrera du cors de cette mort? Il sentoit un cors d'armee composee de ses humeurs, aversions, habitudes et inclinations naturelles, qui avoyent conspiré sa mort spirituelle; et parce qu'il les craint, il tesmoigne qu'il les hait; et parce qu'il les hait, il ne les peut supporter sans douleur; et sa douleur luy fait faire cet eslan d'exclamation, a laquelle il respond luy mesme que la grace de Dieu, par Jesus Christ, le garantira, non de la crainte, non de la frayeur, non de l'alarme, non du combat, mais ouy bien de la desfaite, et l'empeschera d'estre vaincu..

  A019000727 

 Pouvois je refuser de telz offices a de telles personnes? Non plus que celuy que je fis envers vous, Monsieur, qui, ce me semble, ne me fistes pas sçavoir que vous eussies une si puissante aversion pour ce mariage, que de la j'eusse peu inferer cet ardent mescontentement que vous aves, ce me dit on....................................................................................

  A019000734 

 Or, Monsieur, je me suis un peu dilaté avec vous pour me soulager; non que je sois grandement touché ni des censures ni des blasmes qu'on jette contre moy pour ce sujet, car je sçay que devant Dieu je suis sans coulpe; mais je suis pourtant marri du souslevement de tant de passions autour d'un affaire ou j'en ay eu si peu.

  A019000776 

 O ma Fille, non, je vous prie, ne croyes pas que l'œuvre que nous avons entrepris de faire en vous puisse estre si tost faite.

  A019000777 

 Dites bien encor ceci a cette fille que je vous ay tant recommandee, qu'en verité je ne la puis oublier ni jour ni nuit, mon ame reclamant incessamment la grace de Dieu sur elle; et dites luy hardiment que non, je ne m'estonneray jamais de ses foiblesses et imperfections.

  A019000777 

 Le bon pere me remercie si bonnement de la dilection que je porte a cette chere fille, sans considerer que c'est une affection qui m'est si pretieuse et tellement naturalisee en mon ame, que personne ne m'en doit sçavoir non plus de gré que dequoy je me souhaitte du bien a moy mesme..

  A019000779 

 Dites luy que je demeure icy, en mon diocese, tandis qu'il plaist a Dieu; et que, comme rien ne m'en peut tirer que quelque particuliere occasion que je croiray estre a la gloire de Nostre Seigneur, aussi, cela se [75] presentant, je n'auray non plus difficulté de me desprendre maintenant des faveurs que je reçoy, qu'auparavant qu'elles me fussent donnees.

  A019000780 

 Non, ma Fille, ne laisses pas l'oraison que pour des occasions qu'il est presque impossible de recouvrer.

  A019000782 

 O non, car Dieu protegera cette chere ame et ne permettra pas qu'une si rude tempeste la vienne accabler.

  A019000807 

 Monseigneur de Turin me recommande le Pere Sommier (?) pour la prebende de l'abbaye d'Aulps; mais c'est la, et non icy, ou il faut faire l'office.

  A019000849 

 Que de joye, ma chere Fille, que mon cœur reçoit de voir la franchise et rondeur du vostre a ce commencement! Non, ne vous estonnes point de ces larmes; car, bien qu'elles ne soyent pas bonnes, elles viennent neanmoins de bon lieu.

  A019000850 

 O ma Fille, ma bonne Fille, que je suis ayse de vous voir un peu travaillee de ce mal d'enfant! Non, jamais nulle ame n'enfanta Jesus Christ sans douleurs, sinon la Sainte Vierge, a laquelle en contrechange il en donna des grandes en mourant.

  A019000855 

 Et qui ne se mouvroit a ces coups de rasoir qui separent et divisent l'ame d'avec l'esprit, et le cœur de chair d'avec le cœur divin, et nous mesmes d'avec nous mesmes? Mais, vive Dieu! Ces [89] coups sont donnés, c'en est fait: non, jamais plus il n'y aura reunion de l'un a l'autre, moyennant la grace de Celuy pour auquel nous unir inseparablement nous nous sommes separés pour jamais de toute autre chose..

  A019000913 

 Et quant a moy, j'auray perpetuellement une grande affection a vostre avancement en la devotion, non seulement parce qu'estant fille d'un pere que j'honnore parfaitement, et madame vostre mere, j'ay mon interest en leur contentement, mais aussi d'autant qu'avec leur permission et celle de Madame vostre Abbesse, je pense avoir quelque part en vostre ame, puisque elle porte le sacré caractere de la Confirmation par mon entremise.

  A019000961 

 Mais au reste, c'est la verité qu'il fait des merveilles; et non seulement nostre chere Madame, mais Son Altesse et tous les Princes et Princesses, seigneurs et dames le cherissent et l'estiment grandement; et des maintenant, sans que j'en aye parlé en sorte quelconque, on le va jetter dans la coadjutorerie, si Madame est de croire, affin que son premier Aumosnier soit Evesque..

  A019000988 

 Non seulement je consens, mais j'appreuve, ains j'exhorte de tout mon cœur que quand les parens riches donnent raysonnablement selon leur condition et moyens, qu'on ne tracasse point pour tirer davantage.

  A019001015 

 Ces saillies de l'amour propre doivent estre negligees; pour les desadvouer deux ou trois fois le jour, on en est quitte; il ne faut pas les rejetter a force de bras, il suffit de dire un petit non..

  A019001043 

 Cette chere fille estoit bonne et vertueuse; et, comme je m'asseure, elle hantoit les saintz Sacremens, et par consequent estoit tous-jours bien disposee, au moins suffisamment, pour se conserver [112] en la grace de Dieu: c'est pourquoy son trespas n'a peu estre que bon, non plus que celuy de saint Simeon Stilite, que la foudre et feu du ciel tua sur la colomne.

  A019001043 

 Et quant au reste, ce sont les precedentes dispositions au trespas, et non les circonstances d'iceluy, qui sont en effect considerables.

  A019001084 

 Quand les Peres Barnabites allerent a Paris pour obtenir du Roy leur entree au college de Beaune, je les recommanday a Vostre Grandeur comme Religieux grandement estimables, fructueux et sinceres; mays je ne laisse pas, en confirmant cette creance, de repeter maintenant ma supplication pour leur rendre tesmoignage de l'affection que je leur dois, et non par aucune defiance que j'aye que vous ne leur facies ressentir vostre bonté et pieté en ce qui sera de vostre pouvoir.

  A019001143 

 Je dis qu'il faut faire ces rejetz tout doucement, simplement, et comme si on les disoit par amour et non pour la necessité du combat..

  A019001149 

 Je sçai qu'il est tellement a Nostre Seigneur, que non pas mesme ce rude coup n'a sceu luy oster la paix interieure; mays son ennuy et ses apprehensions auront esté grandes.

  A019001231 

 Nostre monsieur de Quoex, dit quil ne faut rien que la procure que j'ay faite, et que la chose soit vivement sollicitee; pour cela, j'escris a monsieur Beybin, qui est non seulement de ce diocese, mais curé de Saint Germain de la Chevre et respondant de Dumont, et voysin de monsieur l'Abbé de Cheysery, et fort dependant de Monsieur de Bourges..

  A019001248 

 E potrà V. S. sicuramente impegnare la mia parola, che noi non habbiamo impiegato in questa materia nè artificio di corte, nè importunità, nè dimanda o richiesta..

  A019001285 

 Non, ma Fille, ni pour cette vie, ni pour la future, jamais nous ne serons confondus.

  A019001319 

 On dit souvent de telles propositions qui se doivent entendre commodement, c'est a dire quand les choses se peuvent bonnement faire, selon les lieux, les personnes et les affaires que l'on a. Demeures donq en paix, et faites valoir ce document, sagement, prudemment, non durement ni rigoureusement, ni ric a ric..

  A019001348 

 Demain je luy parleray, mais non pas seul, affin qu'elle ne dise pas que je la flatte.

  A019001348 

 Elle est veritablement hors de sens, mais non pas tant qu'elle soit excusable en ses fautes.

  A019001362 

 En verité, je ne sens quasi point ce desplaysir, non plus que si c'estoit d'un'autre..

  A019001365 

 Je voy a la desrobee les Directoires, et n'ay sceu achever, non plus que faire les entretiens que vous desiries..

  A019001391 

 Vous verres si je suis doux en cela, et si c'est vous loger au sepulchre! Non, je n'ay pas voulu, en un Monastere ou j'avois toute authorité, les enfermer, parce que les filles n'y avoyent pas inclination; et ay tous-jours dit que ces grans traitz dependoyent de l'inspiration et non de l'authorité exterieure, laquelle peut bien faire des enfermees, mais non pas des Religieuses..

  A019001392 

 Mon Dieu, ma chere Fille, non seulement pour celuy la, mays pour tous les autres encor, je renonce et resigne tout mon interest au profit de la gloire de Dieu, et prie Dieu qu'il me rende tout purement resigné moy mesme a son amour..

  A019001548 

 Pour moy, je n'y suis nullement, non pas mesme par la pensee, car mon ame est toute contournee a la vie contraire, et ne sçauroit s'amuser a la consideration d'un objet qui luy revient si peu..

  A019001662 

 Il che è molto a proposito, non havendo io nè senno, nè modo di far con V. S. Ill ma il debito mio, sebene io di affetto et rispetto verso di lei non credo di dovere cedere a nessuno..

  A019001688 

 Et nientedimeno, non lasciarò a dire a V. P. R ma come in vero zelante del bene et honore della sua Congregatione, che sarebbe anche a proposito che con essi loro venisse uno de quei vecchi Padri, l'età del quale potesse [186] produrre una nuova veneratone a questi nuovi collegi, li quali forse presto ne havranno un terzo di Novitiato; et così, tutte queste Case, con la canuta presenza et authorità di tal personaggio, verranno compite..

  A019001717 

 Que vous diray je? Rien autre, ma tres chere Mere, sinon qu'il me semble que mon ame est un peu plus solidement establie en l'esperance qu'elle a eu, de pouvoir un jour jouir des fruitz de la mort et resurrection de Nostre Seigneur; lequel, comme il m'est advis, parmi les jours de la Semaine Sainte et jusques a present, non seulement m'a fait voir plus clairement, mays avec une certitude et consolation intellectuelle et toute en la pointe de l'esprit, les sacrés axiomes et les maximes evangeliques, plus clairement et suavement, dis je, que jamais; et je ne puis asses admirer comme, ayant tous-jours eu une si grande estime de ces maximes et de la doctrine de la Croix, j'ay si peu pris de soin pour les prattiquer.

  A019001740 

 Non veritablement, ma tres chere Fille, il n'est pas vray que je vous puisse dire de quel cœur je vous cheris et honnore, ni par consequent que jamais je vous puisse obliger en vous escrivant le plus souvent que je puis; quoy que je le fay avec bien plus de douceur, sachant que vous aymes a recevoir ce petit tesmoignage de mon infinie affection, que vous ne pouves guere connoistre humainement d'autre sorte, et de laquelle en suite vous auries bien sujet de douter si Dieu, qui en est l'autheur, ne vous en donnoit la certitude dans le fond de vostre ame, comm'au milieu de la mienne il a planté un invariable sentiment de ce que vous m'estes et de ce que vostre cœur est au mien.

  A019001802 

 J'en dis de mesme pour la petite Lambert; et ce sera comme une petite preparation a l'habit, lequel, es filles bien disposees, on peut bien donner quelques mois avant le tems, mais non pas la qualité de Novice, comme on a fait a la Seur Jeanne Marguerite; et toutefois, il me semble qu'il ne le faille pas faire, sinon pour des occasions pressantes..

  A019001804 

 Ces bonnes filles n'ayment pas la pauvreté necessiteuse, et nous, certes, n'en sommes pas non plus ravis d'amour.

  A019001805 

 Si elles ont faute de veuë, on leur peut donner des chapeletz; si c'est infirmité d'estomach et non de veuë, elles pourront dire les Heures, et la Superieure pourra disposer d'elles a quelque office non incompatible avec leur infirmité..

  A019001895 

 Mays, ma Fille, que ferons nous donq de cette liberté que nous avons? Nous la voulons, sans doute, toute immoler a Celuy de qui nous la tenons; car cette resolution est invariable, que, sans reserve ni exception quelcomque, non pas mesme d'un seul moment, nous ne voulons vivre que pour Celuy lequel, pour nous faire vivre de la vraye vie, voulut bien mourir sur la croix..

  A019001900 

 Penses vous que Dieu donne tous-jours la vocation de la Religion, ou bien de la parfaite devotion, selon les conditions naturelles et les inclinations des espritz qu'il appelle? Non certes, ma Fille, ne croyes pas cela: la vie religieuse n'est pas une vie naturelle, elle est au dessus de la nature, et faut que la grace la donne et soit l'ame de cette vie.

  A019001901 

 Et neanmoins, c'est un des plus parfaitz serviteurs que jamais Dieu ayt eus en ce monde, et lequel en fin fut si heureux que de pouvoir dire en verité: Je vis moy, mais non plus moy, ains Jesus Christ vit en moy, apres que la grace eut assujetti la nature et que les inspirations eurent subjugué les inclinations..

  A019001904 

 En somme, vostre esprit, et ce que Dieu a fait pour vous avoir a luy, et mille considerations, vous appellent a une non vulgaire generosité chrestienne.

  A019001988 

 Monsieur vostre frere le plus jeune m'a grandement tesmoigné de ne vouloir nullement estre ecclesiastique, non seulement par sa façon de vivre, mais par la priere quil m'a faite de supplier madame sa mere d'avoir aggreable qu'il en quitte la robbe.

  A019002020 

 Nous ferons partir nos Seurs au plus tost, mais non pas, a l'aventure, si tost que vous desireries; car nous n'en voudrions pas faire deux trouppes, et il en faut pour Paris, et Orleans encores.

  A019002025 

 O ma Fille, il ny a pas moyen d'escrire davantage, non pas mesme a ma tres chere grande fille de Paris, a laquelle neanmoins je dis icy qu'il faut qu'elle ne desire plus la Profession avant l'annee, par ce que cela est impossible.

  A019002039 

 Cet aymable esprit que j'ay veu en vous quelques moys durant, tandis que vous esties en cette ville, ma tres chere Fille, ne reviendra il jamais dans vostre cœur? [238] Certes, quand je voy comme il en est sorti, je suis en grandeperplexité, non devostre salut, car j'esperequevous le feres tous-jours, mays de vostre perfection, a laquelle Dieu vous appelle et n'a jamais cessé de vous appeller des vostre jeunesse.

  A019002040 

 Mais d'ailleurs, comme pourrois je vous conseiller d'entrer en Religion, tandis que non seulement vous ne le desires pas, mais aves un cœur tout a fait contrariant a ce genre de vie?.

  A019002057 

 Leur desir ne peut nuire, et qui pourroit transporter nostre eglise en la leur, par les moyens et avec les articles convenables, selon qu'on en a parlé ci devant, non seulement je ne verrois point d'inconvenient en cela, mais j'y treuverois beaucoup de bien; car, comme Doyen, vous gouverneries l'un des Chapitres; comme Chantre, le chœur de l'un et de l'autre uni, et comm'Evesque, tous deux et tout le clergé de la ville, parmi lequel on pourroit faire renaistre toute sorte de bonne discipline; et vostre canonicat pourroit estre donné a mon neveu.

  A019002106 

 De sçavoir quand, es contratz, il est requis que le Pere spirituel soit present ou non, cela depend de la nature des contratz, car il y en a ou cela est requis, et des autres ou cela n'est pas requis; comme l'Evesque en quelques contratz a besoin de la presence de son Chapitre, en des autres non.

  A019002107 

 Que M. d'Ulme se nomme vostre Pere spirituel ou non, dans les contratz, cela ne fait ni froid ni chaud; car ce nom la se peut entendre en diverses sortes..

  A019002108 

 J'ay veu des femmes Religieuses, non pas de la Visitation, qui, ayant leu les livres de la Mere Therese, treuvoyent par leur conte qu'elles avoyent tout autant de perfections et d'actions d'esprit comme elle, bien qu'elles en fussent bien esloignees; tant l'amour propre nous trompe..

  A019002114 

 Vous faites trop [de] reflexions sur les saillies de vostre amour propre, qui sont sans doute frequentes, mais qui ne seront jamais dangereuses tandis que, tranquillement, sans vous ennuyer de leur importunité ni vous estonner de leur multitude, vous dires non.

  A019002116 

 Ne vous empresses point pour luy, car il a dit a Marthe quil ne le vouloit pas, ou du moins quil treuvoyt meilleur qu'on n'eut point d'empressement, non pas mesme a bien faire.

  A019002133 

 Et de plus, mon Official et luy eurent une petite prise inopinement, sur ce qu'il s'estoit presenté aux Ordres non tondu ni tonsuré, ni barbe a la façon d'icy, qui l'a fait retourner un peu mescontent; non pas qu'il me l'ayt tesmoigné a moy, mais il le tesmoigna a d'autres en partant.

  A019002139 

 O ma Fille, les enfans de Dieu s'entr'ayment tous-jours bien; soyons le bien donq, ma tres chere Fille, et aymons nous bien a son gré; et certes, j'ay une non pareille consolation de sentir en mon cœur cette toute sincere et incomparable dilection pour le vostre, ma tres chere Fille.

  A019002176 

 C'est la verité que non seulement vous estes ma tres chere fille, mais c'est la verité aussi que tous les jours [261] vous l'estes davantage en mon ressentiment; et Dieu soit loué dequoy non seulement il a creé en mon ame un'affection veritablement plus que paternelle pour vous, mais dequoy il a mis l'asseurance que vous en deves avoir dedans vostre cœur.

  A019002196 

 Nous ne faysons guere de praefaces, elle et moy, ni d'appendices non plus..

  A019002198 

 Qu'une [264] fille soit de tant mauvais naturel qu'on voudra, mais quand elle agit en ses essentielz deportemens par la grace et non par la nature, selon la grace et non selon la nature, ell'est digne d'estre recueillie avec amour et respect, comme temple du Saint Esprit.

  A019002233 

 Et imagines vous que M. [de Belley] ayant demeuré icy huit jours, ce n'a pas esté sans faire mention de vous, mais non pas certes asses selon mon gré..

  A019002244 

 J'attendois que vous m'escrivissies, non point pour penser que vous le deussies, mais ne doutant point que vous ne le feries et que, par ce moyen, je vous escrirois un peu plus amplement.

  A019002244 

 Mais si vous eussies tardé davantage, croyes moy, ma tres chere Fille, je ne pouvois plus attendre; non plus que jamais je ne pourray omettre vostre chere personne et toute vostre aymable mayson en l'offrande que je fay journellement a Dieu le Pere, sur l'autel, ou vous tenes, en la commemoration que j'y fay des vivans, un rang tout particulier: aussi m'estes vous toute particulierement chere..

  A019002244 

 Oh! certes, ni moy non plus, car je vous dis en toute fidelité et certitude, que ce que Dieu a voulu que je vous fusse, je le suis, et sens bien que je le seray a jamais tres constamment et tres fortement, et ay en cela une tres singuliere complaysance, accompaignee de beaucoup de consolation et d'utilité pour mon esprit.

  A019002245 

 O je voy, ma tres chere Fille, dedans vostre lettre, un grand sujet de benir Dieu pour une ame en laquelle il tient la sainte indifference en effect, quoy que non pas en sentimens.

  A019002246 

 Il suffit que nous ne consentions pas d'un consentement voulu, deliberé, arresté et entretenu, et cette vertu de l'indifference est si excellente, que nostre viel homme, en la portion sensible, et la nature humaine, selon les facultés naturelles, n'en fut pas capable non pas mesme [272] en Nostre Seigneur, qui, comme enfant d'Adam, quoy qu'exempt de tout peché et de toutes les appartenances d'iceluy, en sa portion sensible et selon ses facultés humaines n'estoit nullement indifferent, ains desira ne point mourir en la croix; l'indifference estant toute reservee, et l'exercice d'icelle, a l'esprit, a la portion superieure, aux facultés embrasees de la grace et en somme a luy mesme, en tant qu'il estoit le nouvel homme..

  A019002264 

 A proposito di queste occorrenze, non lasciarô di dire a V. S. Ill ma che da Parigi vengo avvisato che il vecchio Decano di San Germano Autissiodorense (ch'essi chiamano de l' Auxerrois ) ha resignato il suo decanato a Monsignor Vescovo di Belley, con molto gusto del Re, della [275] Regina, et di tutta la corte et di tutti i buoni di Parigi; et che nientedimeno ciè difficoltà per l'incompatibilità del Vescovato et di quel benefìzio.

  A019002264 

 Et certo che la difficoltà è molto ben fundata, parlando secondo la legge ordinaria; ma ciè un'altra legge superiore: Salus populi suprema lex, secondo laquale ardisco dire che maggior servitio a Dio, alla Sede Apostolica et a santa Chiesa non si può fare, che di dispensare in questo caso et dare quel benefizio a quel Prelato: per due considerationi principali..

  A019002265 

 La prima delle quali è, che quella chiesa di San Germano è principalissima in Parigi, essendo la parrocchia del Louvre et di tutta la corte et di molte migliaia di persone; et se viene a vacare il decanato per morte, potrà haverlo per brighe et intrighi tale huomo, che sarà nemico [276] dell'unità catholica et dell'authorità Apostolica; che di questi tali vi sono alquanti molto favoriti, et che possono eccitare molti mali movimenti spirituali in quella gran città, che non così facilmente si potrebbero quietare senza male conseguenze..

  A019002266 

 L'altra consideratione è, che detto Monsignore di Belley è devotissimo a Dio et alla santa Chiesa, et ha un nome grande in quella città, per essere uno de' più valenti predicatori che sieno in Francia; et che ad ogni modo infine, sarà forzato di resignare il Vescovado di Belley, il quale, con tutta la diocesi, non ha nè tanti sacerdoti, nè tante anime come ha la sola parrocchia di San Germano di Parigi (lasciando a parte la disparità delle qualità), poiché io vedo che il Re, motu proprio, l'ha voluto havere per Consigliere di Stato, et che la Regina ha voluto che, nonostante ch'egli predicasse ogni giorno la Quaresima passata, egli pur venisse la sera a far ragionamenti spirituali inanzi a Sua Maestà: onde vedo che fra pochi giorni bisognerà che ritorni là.

  A019002275 

 Aussi, ce doyenné venant à vaquer par la mort de son titulaire, pourrait, par brigues et intrigues, tomber aux mains [276] d'un homme ennemi de l'unité catholique et de l'autorité Apostolique, car il en est beaucoup de cette sorte, très en faveur, et qui pourraient exciter dans cette grande ville de redoutables soulèvements qui s'apaiseraient difficilement ensuite, non sans de tristes conséquences..

  A019002286 

 Ma tres chere Fille, la condition de vostre esprit requiert que vous en ayes un grand soin, a cause de cette liberté et promptitude qu'il a, non seulement a penser et vouloir, mais a declarer ses mouvemens.

  A019002296 

 Et si j'eusse eu dequoy luy parler en cela, je l'eusse fait, non seulement pour vous contenter, mais satisfaire a la fidelité que je vous dois; vous asseurant en toute verité, ma tres chere Fille, qu'encor que j'ayme vostre ame d'un amour extraordinaire et lequel est si fort quil ne peut estre dissimulé, si est ce qu'a mon advis, il ne m'aveugle pas pour m'empescher de voir vos tares, si j'avois la commodité de les observer..

  A019002337 

 Et croy que messieurs nos ecclesiastiques seront bien ayses d'avoir avec eux des confreres qui les [284] assisteront, non seulement a bien faire l'Office, mays a bien former leur Congregation sur le modelle que la Bulle de leur erection propose; car rien ne se passera en toute cette affaire qu'avec toute equité, debonaireté et douceur, sans quil puisse rester aucune occasion de se douloir a personne du monde..

  A019002379 

 Certes, je ne voudrois nullement estre en estime d'un homme qui attire l'argent et l'or, non pas mesme pour les œuvres pies, car [je ne suis pas appellé a cela.

  A019002397 

 Mays elle portera, je m'asseure, ce tesmoignage a la verité, que jamais je ne luy fis aucune sorte de persuasion, non pas mesme indirectement, pour le choix de sa vocation ni pour l'emploite de ses moyens, l'un estant, a mon advis, perilleux, et l'autre, tout esloigné de la condition de mon esprit.

  A019002398 

 Or, quand je passay a Moulins, je ne treuvay encor point de disposition en cett'ame pour faire le choix qu'ell'a fait du despuis; seulement, il y a, je pense, deux moys que je sceu par une de ses lettres qu'elle s'estoit engagee envers Nostre Seigneur, non seulement pour sa vocation, mays aussi pour l'erection d'une Mayson a Nevers.

  A019002431 

 Non, ne craignes pas que vos sentimens me facent rien faire; car encor que je vous cheris tres parfaitement toutes, si est ce que je sçai bien que vos sentimens ne sont pas vous mesmes, encor qu'ilz soyent en vous..

  A019002474 

 Il y a huit ou 9 jours que j'ay eu un peu des incommodités que l'esté a accoustumé de m'apporter; nostre M. Grandis dit que ce n'est rien, et non seulement je le croy fermement, mais je le sens evidemment.

  A019002549 

 C'est la verité que le vœu de M lle du Tartre ( sic ) ayant esté fait en faveur de Nevers, et ayant esté non seulement accepté, mays en bonne partie executé jusques a l'employ de dix mille francz fait par ordre et procuration de M lle du Tertre, il ny a nulle apparence qu'elle s'en puisse desdire, au moins quant a la part des-ja employee.

  A019002613 

 Una sola cosa mi dà da pensarvi: et è che alcuni signori Italiani dicono che li capi nelli quali io tratto de giochi, balli, corteggi et simili trastulli et passatempi, et anco il capo Della honestà del letto nuptiale et la comparatione ch'è nel trattato delle Tentazioni, della principessa sollecitata, risguardano la leggierezza et libertà della natione francese, et che la severità et gravità naturale de gl'Italiani non ha bisogno che si tratti di cose tali.

  A019002614 

 Ho corretto molti luoghi doüe il stampatore di Lyone haveva errato, et alcuni pochi doüe le parole francesi non erano state ben intese, come: austruches, che non vuol dire tartaruche, ma struzzi; detraquer, sconcertare; detraquè, sconcertato; goderon, lattuca; et alcune altre simili, poche in numero et anco in importanza..

  A019002615 

 Mando a V. P. la carta qui alligata, dove vederà i luoghi di S. Gregorio Nazianzeno, et un pazzo ( sic ) del capo Della honestà del letto nuptiale, dove sarà forsi bene di non esprimer tanto alla scoperta la comparatione.

  A019002615 

 Mi è parso bene di mandar adesso questa opera, perchè temo che Sua Altezza non voglia che io passi in Francia all'hora che io non vi pensarò..

  A019002616 

 Et mi rincresce che in questa ultima editione, che è la sesta, siano trascorsi tanti errori in un libro doüe sarebbe necessario che non se ne trovassero, poiché facilmente l'errore del stampatore può far senzi falsi in materie importanti; et s'io havessi potuto trovar copie della prima editione, l'haverei senza dubbio mandata..

  A019002617 

 Ma è impossibile, sotto a questo peso pastorale, [321] il scrivere per far stampare; se sua divina Maestà lo vuole, mene darà la commodità, et se non vuole, neanche io devo volerlo..

  A019002617 

 Vederà nella Praefatione V. P., che io scrivo molto poco: il che non aviene per mancamento di materia, perchè io havrei molte cose da scrivere dell'amor del prossimo, et delle cose che io [ho] praedicato in tre o quatro mille sermoni che io [ho] fatti de 28 anni in qua, che a molti pare che sarebbono cose utili al ben publico; et l'anno passato, che io fui in Parigi col Serenissimo Principe Cardinale, molte persone di gran qualità ne fecero instanza.

  A019002618 

 [322] Non sô mo se riuscirà cosi in Italia.

  A019002633 

 Si la divine Majesté le veut, elle m'en donnera le loisir; et si elle ne le veut pas, je ne dois pas le vouloir non plus..

  A019002645 

 Detraquement, che vien dal verbo detraquer, [324] sconcertare; detraqué, sconcertato; ma detraquement, non sô se si possa dire sconcertamento; et anco detraquer vuol dire sviare.

  A019002645 

 Goderon è la lattuca che si porta al collo; et alcuni simili, come les defenses du sanglier, che sono i denti che escono fuor di bocca, che in francese non si chiamano denti, ma solomente ( sic ) defenses; come venayson, che è il grasso et il star bene de cervi..

  A019002645 

 In altri, l'energia delle parole francese non era stata ben capita, et questi erano pochissimi, anzi non me recordo che fossero più de tré o quatro.

  A019002646 

 Dirò liberamente a V. P. che da signori Italiani ho havuto avisi molto differenti circa questo libretto, perché alcuni dicono che i capi nelli quali io tratto delli giochi, delli balli et simili passatempi, et nelli quali si parla delli corteggi et della honestà dello letto matrimoniale, et anco la comparatione che si fa nelli capitoli della tentatione, di quella principessa sollecitata, non sonno a proposito in Italia, doüe la severità et prudenza naturale della natione non permette que ( sic ) queste tali cose si facciano; et che dall'altra parte bisogna parlar molto accortamente delle cose appartenenti alla honestà, acciò non si ecciti l'imaginatione delle ( sic ) vitii contrarii.

  A019002693 

 Or sus, c'est la verité que j'ay escrit une seule fois a N. qu'une aumôsne voiiee et non delivree pouvoit estre en quelque sorte transferee d'un lieu auquel elle estoit destinee en un autre d'egale pieté; mais qu'estant voüee, delivree et executee on ne pouvoit plus s'en desdire, puisqu'une aumosne delivree n'est plus a celuy qui l'a faite, mais, de plein droit et tres certainement, appartient a celuy qui l'a receuë, et sur tout quand il l'a receuë sans condition, ou avec une condition qu'il est prest de son costé d'executer.

  A019002719 

 Elle l'est a mon gré tout a fait, non obstant tout ce qu'elle dit contre elle mesme, qui [est] voyrement veritable, mais qui est contrechangé par une si bonne et franche volonté que cela ne tient point de place, et sur tout par ce qu'elle ne l'ayme pas et que un jour tout cela s'esvanouira devant la grace de Dieu.

  A019002775 

 J'ay receu vos deux lettres avec un contentement, a la verité, tout particulier, d'avoir veu en icelles des marques evidentes que l'affection que Dieu avoit mise en [342] vostre cœur pour moy, il y a dix huit ans, estoit non seulement toute vive, mais avoit pris de saintz accroissemens avec celle que vous aves pour la divine Bonté, que l'excellente profession que vous faites a rendue, je m'asseure, tres grande..

  A019002776 

 C'est une qualité des amitiés que le Ciel fait en nous de ne perir jamais, non plus que la source dont elles sont issues ne tarit jamais, et que la presence ne les nourrit non plus que l'absence ne les fait languir ni finir, parce que leur fondement est par tout: puisque c'est Dieu, auquel j'ay rendu graces tres humbles de vostre vocation et de celle des deux cheres Seurs a un si saint Institut; et sur tout dequoy il vous y maintient avec tant de faveur, que toutes trois vous y rendes du fruit et devenes toutes, les unes apres les autres, Meres en une si honnorable famille, pour l'establissement de laquelle, en France, vostre veritablement sainte mere avoit tant prié et travaillé, comme pour sa finale retraitte et vostre habitation en cette vie.

  A019002792 

 Yerum, cum ad rem ventum est, ubi ab eo qui litteras illas attulit postulatum est ut facultatis rerum Domus vestrse gerendarum authenticum diploma ac Bullam aut Breve, vel transcriptum concessionis Indulgentiarum proferret, respondit se non habere.

  A019002792 

 [346] Prudentia autem multis experimentis comprobata docet non cuilibet dicenti se nomine locorum piorum eleemosynas colligere debere credendum esse, aut concedendum quod quaerit; qua de re non ita pridem ipsamet Sancta Sedes nos peculiari cura monuit..

  A019002793 

 Dominationem Vestram id non aequo tantum, sed etiam laeto et consentiente accepturam animo credimus, nosque nihilominus suis suorumque precibus Deo optimo commendaturam, quod et nos vicissim facimus..

  A019002799 

 Quant à nous, en considération de la notoriété de celle-ci et du grand éclat qu'elle répand de toutes parts, nous avons reçu et nous avons lu de très grand cœur votre si affectueuse lettre, non sans éprouver une grande inclination à faire ce qu'elle sollicitait de nous.

  A019002800 

 Nous sommes persuadé que Votre Seigneurie recevra cette lettre, non seulement avec bienveillance, mais même avec plaisir et conformité de pensées avec nous, et de plus, qu'Elle nous recommandera à la Bonté divine, comme réciproquement nous en usons envers Elle..

  A019002812 

 De plus, il me semble qu'il n'y a non plus d'inconvenient que le Pape exempte les filles d'un Institut de la jurisdiction des Religieux du mesme Institut, qu'il y en a eu a exempter les Monasteres de la jurisdiction ordinaire qui avoit une si excellente origine et une si longue possession..

  A019002846 

 Or sus, il est certain que je feray le voyage de France, mais non pas si tost: dont je suis bien ayse, car cependant il se pourra faire que le Roy ira a Paris, unique moyen de nous y faire aller aussi.

  A019002917 

 VIVE JESUS! N'est ce pas nostre mot de guet? Non, rien n'entrera dans nos cœurs qui ne die en verité: VIVE JESUS! Il sçait, ce doux Sauveur, que je suis en verité tout vostre..

  A019003042 

 Et non seulement l'experience, mais la rayson nous apprend que les filles si jeunes estant reduites sous la discipline d'un Monastere, qui est ordinairement trop disproportionnee a leur enfance, elles la haïssent et prennent a contrecœur.

  A019003043 

 Et ne s'ensuit pas que ce qui s'est fait pour cette fois [375] il le faille faire pour des autres, non plus qu'il ne s'ensuit pas qu'un homme s'estant chargé d'une juste charge pour un amy, il doive se surcharger d'une seconde charge pour un autre amy; et ceux qui le seront aussi de vostre Institut auront patience jusques a ce que les enfans soyent d'aage convenable.

  A019003049 

 Ma chere Fille, il ne faut pas que vous autres qui fondes des Maysons, facies ces pensees, si vous reviendres ou non, avant quil en soit tems.

  A019003114 

 Certes, tandis que sa praetention durera et quil y aura apparence qu'elle doive reuscir, non seulement je ne voudrois luy nuire, mais je voudrois le servir de mon sang propre; car, comme sa mere est ma tres chere fille, je le cheris aussi comme mon filz..

  A019003159 

 Et si l'envie pouvoit regner au royaume de l'amour eternel, les Anges envieroyent aux hommes deux excellences qui consistent en deux souffrances: l'une est celle que Nostre Seigneur a enduree en la croix pour nous, et non pour eux, du moins si entierement; l'autre est celle que les hommes endurent pour Nostre Seigneur: la souffrance de Dieu pour l'homme, la souffrance de l'homme pour Dieu..

  A019003187 

 Toutefois, plusieurs ne veulent croire cette si soudaine metamorphose; et, quant a moy, je ne diray sinon: peut estre qu'il est vray, et peut estre que non..

  A019003237 

 L'extreme desolation qui est en la Sainte Mayson de Nostre Dame de Thonon ne peut recevoir remede que de vostre serenissime providence: la pauvreté y est demesuree, et les enfans du Seminaire tout fin nuds, deschaux et transis de misere; les prestres de la Mayson et les Peres Barnabites n'ont justement que pour manger et habiter, et non pour se vestir, et le reste va tres mal en point; mays, ce qui est le pis, c'est que cette calamité y fait naistre une lamentable desunion, tandis que chacun s'essaye de tirer a soy le peu de moyens et d'argent qu'on y porte.

  A019003257 

 Par la premiere occasion, je vous supplie, un peu des nouvelles de madame la Generale des Galeres, de M lle de Frouville et de madame de Villesavin, et de M lle de Montigni, si ell'est tous-jours malade ou non..

  A019003297 

 Vos Superieurs modernes ont tant travaillé pour vous: cela ne merite-il pas que vous les reveries comme vos Peres, puisque mesme s'ilz ne sont Carmelites d'habit, ilz le sont en effect par le zele et la pieté d'Helie? O combien de Carmelites y aura-il au monde qui n'ont receu que le manteau d'Helie, et non son esprit au double! et combien de prestres seculiers qui, sans le manteau, auront receu son esprit! Combien de Theresiennes sans l'habit, combien de Theresiennes sans l'esprit de la Mere Therese!.

  A019003373 

 Hinc est quod Nos felici, prosperoque Domus Beatae Mariae Compassionis, seu Septem Dolorum nuncupatae, presbyterorum saecularium, loci Tonnonis, Gebennensis dioecesis, regimini et gubernio prospicere volentes, ac de tua singulari fide, prudentia, doctrina et religionis catholicae zelo plurimum in Domino confisi, Tibi per prsesentes committimus et mandamus, ut tanquam noster et Apostolicse Sedis delegatus, dictam Domum, omnesque et singulos illius superiores, presbyteros aliasque personas etiam Nobis et dictas Sedi immediate subjectas tam in capite quam in membris, semel tantum, auctoritate Apostolica visites ac in illorum statum, vitam, mores, ritus et instituta diligenter inquiras, necnon evangelicae et apostolicae doctrinae, sacrorumque [417] Canonum et generalium Conciliorum et praesertim Tridentini decretis ac Sanctorum Patrum traditionibus, dictaeque Domus regularibus institutis a Sede Apostolica approbatis inhaerendo, quacumque mutatione, correctione, emendatione, revocatione et renovatione indigere cognoveris, reformes, mutes, corrigas et etiam de novo condas ac condita sacris Canonibus et Concilii Tridentini decretis et regularibus dictae Domus institutis non repugnantia confirmes; abusus quoscumque tollas; regulas, institutiones et ecclesiasticam disciplinam, ubicumque illse exciderint, modis congruis restituas et reintegres; ipsasque personas ad debitum et honestum vitae modum revoces, et quidquid statueris et ordinaveris observari facias; inobedientesque, per censuras ecclesiasticas aliaque opportuna juris et facti remedia, cogas et compellas; aliaque in praemissis et circa ea necessaria quomodolibet et opportuna facias, geras et exequaris.

  A019003373 

 Inter multiplices Pastoralis officii Nostri curas, illa Nos non leviter urget, ut divinus cultus et devotio praesertim in Ecclesiis et aliis piis locis conscrventur, majoraque in dies suscipiant incrementa, et si in aliquibus exciderint, modis congruis, quantum in Domino fieri potest, restituantur opportunis.

  A019003374 

 Non obstantibus Apostolicis ac in universalibus, provincialibusque et sinodalibus Conciliis editis, generalibus vel specialibus Constitutionibus et Ordinationibus, necnon dictae Domus etiam juramento, etc., roboratis statutis et consuetudinibus, privilegiis quoque indultis et literis Apostolicis eidem Domui illiusque superioribus et personis in contrarium praemissorum quomodolibet concessis, confirmatis et innovatis.

  A019003472 

 Molti sono li rispetti per li quali Sua Altezza si è mossa di compiacere al Vescovo di Geneva in concederli di haver un Coaggiutore, et non meno sufficienti sono le cause di haver fatta nominatione del fratello di lui, huomo di tanta bontà di vita et buon essempio che si può dir che va del pari col sudetto Vescovo.

  A019003472 

 Oltre quello che Sua Altezza vi scrive, non habbiamo potuto ommetter di aggiungervi queste righe, non per altro che di esservi invitati dall'officio che tiene di primo Elemosiniero di Madama.

  A019003489 

 Il non essersi fatta mentione della nominatione di Sua Altezza nelle Bolle del Vescovo di Geneva deve essere difetto di Cancellaria, forse a dissegno di far evanouire le ragioni di Sua Altezza, perchè sempre si sono spedite le nomine per tutti gli beneficii dei quali spetta a Sua Altezza; ma per questo in particolare non si è ommesso, et li Ministri di Sua Altezza costì non gli haveranno havuto l'avvertimento ch'erano obbligati.

  A019003503 

 Sua Beatitudine intese volontieri l'instanza, et mi rispose che haverebbe rimesso il negotio alla Congregazione Consistoriale, conforme è solito di fare sempre in simili materie, appresso della quale io non mancarò di tenerlo sollecitato acciò se ne habbia quanto prima l'espeditione..

  A019003518 

 Et conforme alsolito, ne ha rimesso il Memoriale alla Congregazione del Consistoro, dove io non mancarò di tener solicitato il negotio con ogni calore..

  A019003519 

 Intanto, perchè la nomina di Sua Altezza non riceva incontro alcuno di difficoltà, sarà necessario mi si mandino le Bolle del sudetto Monsignore, affinchè con esse si possa provare il jus di Sua Altezza et mantenere il possesso del presentare.

  A019003532 

 Et qua si tratta di cosa insolita et impossibile insieme, che la sudetta Cancellarla admetta espressione di nominatione, se non si mostrano gli essempi o non si fa constare de legitima fundatione.....................................

  A019003532 

 Quanto alla nominatione che si desidera espressa nella speditione del Vescovo di Geneva, devo dire a Vostra Altezza che per molte diligenze usate in Cancellarla non si è potuto trovare che nelle passate speditioni o nelle altre antiche si sia mai espressa tal nominatione.

  A019003542 

 Egli trova le medesime difficoltà che già avvisai, et se non si mostrano altre scritture, Vostra Altezza ha solo [428] da poter proporre soggetti grati, in virtù di privilegi concessi da Martino Quinto et altri Pontefici; ma questi non danno il jus nominandi che è proprio de' Padronati...........

  A019003552 

 L'Ambasciatore del Serenissimo Signor Duca, Padre di Vostra Altezza, non mi ha parlato della coadiutoria da farsi del Vescovado di Geneva in persona di Monsignor Boysi, se non quando è venuto il tempo di proporla in Concistoro; di modo che tutto il negotio s'è trattato senza ch'io n'habbia saputo cosa veruna; quindi è che se non haverò potuto servire a Vostra Altezza Serenissima com'era suo desiderio, sono degno di scusa..

  A019003553 

 Hora che mi comanda con la sua de' 18 del passato, resami dal medesimo Ambasciatore, ch'io procuri sia fatta mentione nelle Bolle che si spediranno, della nominatione fatta dal Serenissimo Signor Duca a questa coadiutoria del medesimo Monsignor di Boysi, io non mancarò d'affaticarmi quanto sarà in me e quanto è l'obligo e volontà mia di servire a Vostra Altezza Serenissima et a cotesta Serenissima Casa.

  A019003565 

 M me du Tertre ne songeait qu'à se préparer à revêtir l'habit de la Visitation; ses parents, enchantés de sa résolution d'être Religieuse, lui faisaient pour le temporel «un bon parti,» non toutefois sans trainer en longueur les préliminaires du contrat, sans «faire des grandes assemblées de parents et de grands mystères,» qui ne plaisaient pas trop à la Mère de Chantal.

  A019003566 

 L'on vous porte avec icelle le tesmoignage de la bonne volonté de Messieurs de Nevers en vostre endroit.» Le duc Charles de Gonzague, non seulement [432] liberté pour la fondation, mais il en montra beaucoup de satisfaction, à cause de «l'estime qu'il faisoit» du saint Evêque de Genève.

  A019003575 

 Les protecteurs du Monastère de Moulins, non contents de la somme qu'on lui abandonnait, réclamaient encore les dix mille francs qui avaient été livrés et employés à Nevers.


20-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XX-Vol.10-Lettres.html
  A020000124 

 — Qu'est-ce que la foi nue et simple? — Comment « vivre en verité et non point en mensonge.

  A020000175 

 — Par quel moyen aider une âme que la nécessité et non l'attrait a conduite au monastère.

  A020000194 

 Une assemblée d'Anges et non d'hommes mortels.

  A020000329 

 Hora, desidera sommamente di poter entrare nella religiosa Congregatione vostra, et dubita di non esser ricevuto perchè ab utero matris è eunuco; onde vuole che io supplichi V. P. molto Reverenda di esser propitio alli suoi tanto pii desiderii.

  A020000416 

 Il a rayson de m'aymer, non pas que je le merite, mais par ce que Nostre Seigneur le veut et le commande, et que, de ma part, je le cheris beaucoup.

  A020000418 

 Et je luy ay dit que vous ne devies en sorte quelcomque en estre en peine, car nostre Saint Pere le Pape qui sied a present, par une lettre bien expediee que j'ay, vous donne le pouvoir non seulement d'avoir de telles rentes legitimement constituees, mais aussi d'avoir des fons terriens; et peu s'en falut que, en lieu de le permettre, il ne le commandast expressement, tant il estime la mendicité onereuse es monasteres des filles qui sont situés en ces petitz lieux, bourgades et vilettes: de sorte que [13] vous deves demeurer en paix de ce costé la, ma tres chere Seur ma Fille, et moy je suis et demeureray de tout mon cœur,.

  A020000468 

 Je vous remercie tres humblement de vostre douce congratulation sur la venue de mon frere Monsieur de [17] Calcedoine, laquelle a la verité m'a bien apporté de la consolation, non seulement pour l'avoir veu Evesque tout consacré et desireux de bien servir Dieu et son Eglise, mais aussi pour avoir remarqué en luy des bons talens propres a bien reuscir en cette charge.

  A020000469 

 Que si mes vœux estoyent exaucés, il seroit tout a fait rompu par la promotion de Monseigneur le Prince Cardinal a la papauté, non tant pour lhonneur que j'ay d'estre son tres obeissant serviteur, comme pour le bien que, je m'asseure, en reviendroit au Christianisme.

  A020000515 

 Si faut, ma tres chere Mere, il faut redire les Pseaumes qui se seront ditz tandis que vous dormies, et se confesser dequoy vous ne les aves pas reditz; car ce sont des parties notables de l'Office que vous estes obligee de dire, mais non pas sil ny avoit que trois ou quatre versetz..

  A020000526 

 Vous deves travailler a la conqueste de la tressainte humilité, que le monde ne peut connoistre, non plus que la paix qu'elle nous donne..

  A020000637 

 Mais maintenant que je n'espere presque plus ce bien et que ce digne porteur me donne une commodité si asseuree, je me res-jouis de tout mon cœur avec vous, ma tres chere Fille (car ce mot est plus cordial), je me res-jouis et loue Nostre Seigneur de vostre si estimable et aymable mariage, qui [32] vous servira de fondement pour bastir et eslever en vous une douce et aggreable vie en ce monde, et pour heureusement passer cette mortalité en la tressainte crainte de Dieu, en laquelle, par sa grace, vous aves esté nourrie des vostre berceau; car tout le monde me dit que monsieur vostre mary est un des plus sages et accomplis cavaliers de France, et que vostre liayson est non seulement noüee de la sainte amitié qui la doit serrer de plus en plus, mais aussi des-ja benite de la fertilité, par laquelle vous estes a la veille de vos couches, ainsy que [nostre Mere] m'asseure..

  A020000678 

 Mais puisque tel a esté le bon playsir de Dieu qu'il s'en allast en son repos, non seulement j'acquiesce, ains je loüe la divine Providence qui luy a donné un bon long sejour en cette vie mortelle, et, ce qui importe le plus, l'a conduit si amiablement par le chemin de sa crainte et de sa grace, que nous avons tout sujet d'estre asseurés qu'il le fait jouir maintenant de sa gloire.

  A020000710 

 Nostre monsieur le Prieur de Saunax se porte tres bien, et sert Dieu et le prochain chatechisant es hospitaux, non sans ferveur et consolation, et non sans une sainte impatience de voir encor point ses desirs, accomplis de [41] deça, pour lesquelz neanmoins il ne se departira point de vostre direction..

  A020000777 

 En somme, ma tres chere Fille, il est vray, ainsy que je vous ay souvent dit, que la discretion est une vertu sans laquelle, au rapport de saint Anthoine, nulle vertu [48] n'est vertu, non pas mesme la devotion, si toutefois la devotion veritable peut estre sans une veritable discretion..

  A020000781 

 Mais je ne sçai non plus que dire sur cela, ne sachant pas quell'est la vocation du Ciel et voyant les enfans de M me de Dalet si petitz..

  A020000801 

 Dieu ne requiert que certains jours, que certaines heures, et sa presence veut bien que nous soyons encor presens a nos peres et a nos meres; mais ceux ci sont plus passionnés: ilz veulent bien plus de jours, plus d'heures et une presence non divisee.

  A020000847 

 Quant a l'autre demande que vous me faites, il est impossible d'y respondre entierement, non seulement a moy, mais aussi aux Anges et aux Cherubins; car Dieu est au dessus de toute intelligence, et s'il y avoit une intelligence qui peust comprendre ou parfaitement dire ce que Dieu est, il faudroit que cette intelligence fust Dieu, car il faudroit qu'elle fust infinie en perfection.

  A020000878 

 Les amitiés des enfans du monde sont de la nature du monde: le monde passe, et toutes ses amitiés passent, mais la nostre, elle est de Dieu, en Dieu et pour Dieu: Ipse autem idem ipse est, et anni ejus non deficient.

  A020000878 

 Mundus perit, et concupiscentia ejus; Christus non perit, nec dilectio ejus: consequence infallible.

  A020000878 

 Tenes, mon cher Frere, voyla l'oracle sacré qui vous annonce la loy invariable de l'eternité de nostre amitié, puisqu'elle est sainte et non feinte, fondee sur la verité et non sur la vanité, sur la communication des biens spirituelz et non sur l'interest et le commerce des biens temporelz.

  A020000939 

 Jusques a quand sera ce, ma tres chere Fille, que vous pretendres d'autres victoires sur le monde et l'affection a ce que vous y pouves avoir, que celles que Nostre Seigneur en a remportees et a l'exemple desquelles il vous exhorte en tant de façons? Comment fit-il, ce Seigneur de tout le monde? Il est vray, ma Fille, il estoit le Seigneur legitime de tout le monde: et plaida il jamais pour avoir seulement ou recliner sa teste? On luy fit mille tortz: quel proces en eut il jamais? devant quel tribunal fit il jamais citer personne? Jamais, en verité, ains non pas mesme il ne voulut citer les traistres qui le crucifierent devant le tribunal de la justice de Dieu; au contraire, il invoqua sur eux l'authorité de la misericorde.

  A020000942 

 Mays escoutes, ma Fille, escoutes le sentiment et le conseil de cet homme qui ne vivoit plus en luy mesme, mais Jesus Christ vivoit en luy: Pourquoy, adjouste il, pourquoy n'endures vous pas plustost qu'on vous de fraude? Et notes, ma Fille, qu'il parle non a une fille qui aspire d'un air particulier, et apres tant de mouvemens, a la vie parfaitte, mais a tous les Corinthiens; notes qu'il veut qu'on souffre le tort; notes qu'il leur dit qu' il y a de la coulpe pour eux de plaider contre ceux qui les trompent ou defraudent.

  A020000944 

 Que si je n'ay pas vescu conformement a cela, ç'a esté par foiblesse de cœur, et non par sentiment; le clabaudement du monde m'a fait faire exterieurement le mal que je haïssois interieurement.

  A020000945 

 Au reste, je le veux bien, ma Fille, soyes prudente comme le serpent, qui se despouille tout a fait, non de ses habitz, mais de sa peau mesme, pour rajeunir; qui cache sa teste, dit saint Gregoire (c'est a dire, pour nous, la fidelité aux paroles evangeliques), et expose tout le reste a la mercy de ses ennemis pour sauver l'integrité de celle la..

  A020000948 

 Il est vray, il est difficile a l'homme, mais non pas au Filz de Dieu, qui le fera en vous..

  A020000949 

 Non, non, il n'est pas difficile a Dieu de faire autant avec cinq pains d'orge, comme Salomon avec tant de cuisiniers et de pourvoyeurs..

  A020000964 

 Est il possible que ses seurs ne lui veuillent rien donner? Mais si cela est, est il possible que les enfans de Dieu veuillent avoir tout ce qui leur appartient, leur Pere Jesus Christ n'ayant rien voulu avoir de ce monde qui luy appartient? O mon Dieu, que je luy souhaite de biens, mais sur tout la suavité et la paix du Saint Esprit, et le repos qu'elle doit avoir en mes sentimens pour elle; [74] car je puis dire que je sçay qu'ilz sont selon Dieu, et non seulement cela, mais qu'ilz sont de Dieu.

  A020000999 

 Il est tout vray que vous n'estes nullement obligee par droit de justice d'assister de vos moyens la mayson de monsieur vostre pere, puisque vos moyens et ceux [77] de vos enfans, par l'ordre establi en la republique, sont separés et independans de la mayson de monsieur vostre pere, et qu'il n'est point en necessité effective; et d'autant plus qu'en effect vous n'aves rien receu de vostre dot, promis seulement, et non payé..

  A020001102 

 Non seulement la tres humble sujettion a Vostre Altesse Serenissime que la nature a imposee au sieur de Charmoysi par sa naissance, mais le soin qu'il a pleu a Vostre Altesse, par sa bonté, de tesmoigner pour luy et l'honneur de tant de faveurs qu'il en a receües, [87] obligent madame de Charmoysi, sa mere, et ses parens a ne point disposer de sa personne sinon avec la permission et l'aggreement de Vostre Altesse..

  A020001253 

 L'unique remede a ces inconveniens seroit de composer cette Congregation, non de prestres a gages, mais de vrays prestres de l'Oratoire, ainsy que la Bulle fondamentale de la Sainte Mayson porte; puisque mesmement il y en a en France qui, pour la communion du langage, pourront faire convenablement la charge des ames, et qu'il y en a qui sont sujetz de Son Altesse, et que tous demeurent entierement sous-mis a la jurisdiction des Evesques, en sorte que l'Evesque de Geneve, qui sera tous-jours dependant de Son Altesse, aura l'authorité de les contenir, sans qu'il soit necessaire de recourir hors de l'Estat.

  A020001254 

 Et neanmoins, il est gentilhomme de bon lieu et duquel la parentee a beaucoup souffert pour le service de Son Altesse; il est tres homme de bien et bon ecclesiastique, mais non pas propre pour la charge des ames.

  A020001284 

 Ma perchè egli non è di aetà per esser sacerdote infra annum, ha bisogno della dispensatione Apostolica, laquale si spera in favore de' prædecessori fondatori, delli quali questo Bartolomeo è nato.

  A020001284 

 Vacando la capellania di Nostra Signora della Consolatione [105] eretta nella parochia di Mentone, si è provisto di quella la persona di Bartolomeo Flocardo, ad instanza della famiglia de fondatori della quale egli è, et massime anco perchè è povero et non ha peraltro modo de vivere.

  A020001320 

 O ma tres chere Fille, quelle pitié de considerer les effectz de la prudence humaine en ces ames dont vous m'escrives! Le mien et tien regnent d'autant plus puissamment es choses spirituelles, qu'il semble estre un mien et tien spirituel; et cependant il est tout a fait non seulement naturel, mais charnel.

  A020001322 

 Mays, ma tres chere Fille, il faut demeurer en paix, en douceur, en humilité, en dilection non feinte, sans se plaindre, sans remuer les levres.

  A020001336 

 Mays ce pendant, monsieur de la Pesse m'ayant communiqué la prætention qu'il a de perseverer au service qu'il a exercé ci devant en vostre Conseil de ce pays, je me sens obligé de recommander a Vostre Grandeur sa tres humble supplication, non seulement par ce qu'il est fort homme de bien, mais par ce qu'il s'est tres affectionnement employé en sa charge en un tems difficile et pour des occasions esquelles on ne pouvoit pas nier qu'il ne fallut qu'il eüt du zele et du courage; et peut on dire que sans la fermeté et la diligence [111] de monsieur le collateral Floccard son beaufrere, et la sienne, le sieur Bonfilz, qui avoit une grande industrie et un grand support, ne fut jamais venu au compte auquel l'authorité de Son Altesse l'a reduit.

  A020001480 

 Helas! je pensois escrire a ma tous-jours plus chere fille M me de Port Royal, et il n'y a moyen, non plus que de vous envoyer les Constitutions; ce sera au premier jour.

  A020001497 

 Non, il ne faut nullement revoquer en doute que les dependances de vos fautes n'ayent esté suffisamment exprimees; car tous les theologiens sont d'accord qu'il n'est nullement besoin de dire toutes les dependances ni les acheminemens du peché.

  A020001639 

 Certes, vous estes bien brave, ma tres chere Fille, de sçavoir si bien escrire; mays pour vous rendre maistresse en ce mestier, il faut forcer vostre main, pour un tems, d'escrire ainsy a tous, et non seulement a moy qui, plus que tous peut estre, supporterois plus doucement vostre mauvaise escriture..

  A020001652 

 Non, non, ma Fille, n'ayes pas crainte de me surprendre, j'entens tres bien vostre langage: vos plaintes ne sont pas aigres, ce sont des douceurs d'un enfant envers son pere; si elles sont apprestees au verjus, ce n'est que pour leur donner le haut goust.

  A020001702 

 Je pense, quant a moy, que non, puisque mesme M. de Damas, qui a appreuvé la premiere impression, est docteur de Paris..

  A020001709 

 Il y a quantité de bonnes et braves postulantes, non en la mayson, car il n'y en a plus, mays parmi ce païs..

  A020001835 

 Et par ce que ma charge ne me permet pas d'y rendre mon devoir par ma presence, non plus que mon insuffisance d'y estre utile, je remercie en toute humilité Vostre Altesse dequoy elle aggree que l'un des enfans de feu mon frere entre au nombre des pages de Madame, pour apprendre en son enfance les premiers elemens de ce service auquel sa naissance l'oblige de faire l'employ de toute sa vie; tenant lieu d'une marque visible que Vostre Altesse me fait lhonneur de m'advouer,.

  A020001861 

 Il y a un peu de l'extraordinaire en l'action de cette fille, et peut estre encor en sa reception; mays ce n'est pas merveille qu'une eguille non engraissee, non distante, non frottee d'ail, non empeschee par le diamant, s'attache si promptement et si puissamment a son aymant.

  A020001941 

 Madame de Royssieu m'a dit que monsieur le premier President avoit quelque amertume contre moy a [176] rayson de ce qui s'est passé de la part de monsieur de Sauzea; en quoy, sil est vray, il a un tort tres grand, car non seulement je n'envoyay pas monsieur de Sauzea au Puis d'Orbe, mais, avec toute la dexterité qui me fut possible, je m'essayay de divertir la poursuite que l'on faisoit pour l'y attirer, comme sachant bien que son courage estoit trop fort et trop verd pour la conduite d'une telle Mayson que je voyois devoir estre conduite doucement et avec respect.

  A020001944 

 En Italie, tout communement, on fait entrer les filles desquelles on craint en quelque sorte le peril de leur pudicité; les mal mariees, quand elles sont en doute d'estre grandement maltraittees de leurs marys; les filles qu'on veut instruire non seulement en la devotion, mais aussi a lire, escrire, chanter.

  A020001944 

 Et a ce propos, ma tres chere Mere, je ne fay nulle difficulté que les Evesques et, en leur absence, les Peres spirituelz des Maysons de la Visitation, ne puissent, ains ne doivent charitablement faire entrer les dames en telles occurrences, sans quil soit besoin quelconque que cela soit [178] declaré dans les Constitutions, par la douce et legitime interpretation de l'article du Concile de Trente qui est mis en la Constitution De la Clausure, car on le pratique bien ainsy en Italie et par tout le monde, mesme pour des moindres occasions: car je vous laisse a penser, si l'on fait bien entrer des jardiniers, des jardinieres, non seulement pour l'ageancement necessaire des jardins, mais aussi pour les embellissemens non necessaires, ains seulement utiles a la recreation, comme sont les berceaux, les palissades, les parterres, les entrees de telles gens estant jugees necessaires non par ce que ce quilz font soit necessaire, ains seulement par ce que ces gens la sont necessairement requis pour faire telle besoigne, si nous ne pourrons pas justement estimer l'entree des dames desolees par quelque evenement inopiné estre necessaire, quand elles ne peuvent pas aysement treuver hors du monastere les soulagemens et consolations si convenables.

  A020001964 

 Avec mille actions de graces de la peine que vous aves prise a m'escrire, je vous diray pour response, qu'estant [183] a Paris, je ne voulus jamais acquiescer au desir que Madame de Port Royal me tesmoigna de se retirer de l'Ordreauquel elleavoit si utilement vescu jusques alhors, et veritablement, je n'apportay en ce païs non pas mesme aucune cogitation de cela; mais, coup sur coup, je receu par lettres force bonnes remonstrances par lesquelles elle m'excitoit a treuver bonnes ses pensees et appreuver ses souhaitz.

  A020002039 

 Il y a, ce me semble, bien environ mille ans que je ne reçois point de vos lettres, non plus que vous des miennes..

  A020002077 

 Les verités de la foy sont quelquefois aggreables a [194] l'esprit humain, non pas seulement parce que Dieu les a revelees par sa parole et proposees par son Eglise, mais parce qu'elles reviennent a nostre goust, et que nous les penetrons bien, nous les entendons facilement, et sont conformes a nos inclination s. Comme, par exemple: qu'il y ayt un Paradis apres cette vie mortelle, c'est une verité de la foy que plusieurs treuvent bien a leur gré, parce qu'elle est douce et desirable; que Dieu soit misericordieux, la pluspart du monde le treuve fort bon et le croit aysement, parce que la philosophie mesme nous l'enseigne: cela est conforme a nostre goust et a nostre desir.

  A020002080 

 Et vivre selon ces choses la, c'est vivre en mensonge, ou du moins en un perpetuel hazard de mensonge (mais vivre selon la foy nue et simple, c'est vivre en verité): ainsy qu'il est dit du malin esprit, qu' il ne s'arresta pas en la verité, parce qu'ayant eu la foy au commencement de sa creation, il s'en escarta, voulant discourir sans la foy sur sa propre excellence, et voulut faire le fin soy mesme, non selon la foy nue et simple, mais selon les conditions naturelles, qui le porterent a l'amour desmesuré et desreglé de soy mesme.

  A020002080 

 Vivre en verité et non point en mensonge, c'est faire une vie totalement conforme a la foy nue et simple, selon les operations de la grace et non selon les operations de la nature; parce que nostre imagination, nos sens, nostre sentiment, nostre goust, nos consolations, nos discours peuvent estre trompés et errans.

  A020002135 

 Or, Monsieur, je vous escritz ainsy au long toutes ces particularités affin que vous voyiés que cette introduction des Peres de l'Oratoire sera non seulement utile au service de la gloire de Dieu et des ames, mays encor selon le service de Son Altesse Serenissime et l'utilité de nostre patrie; qui me fait d'autant plus hardiment vous supplier de nous procurer au plus tost les expeditions que je demande, puis que je n'ay plus presque que deux moys de loysir pour disposer de la cure de Rumilly, apres lesquelz la provision tumbera es mains du Pape..

  A020002159 

 [Je ne treuve non plus rien a redire pourquoy l'autre fille ne doive estre receuë, je dis tres amoureusement.] O quand les filles ont le cœur bon et le desir bon, encor qu'elles n'ayent pas ces grandes ardeurs de resolution, il n'importe.

  A020002201 

 Comme cacheroit on le feu? Je ne puis non plus celer l'extreme affection que j'ay au milieu de mon cœur a vous honnorer de toute ma force; et chacun croid que, reciproquement, j'aye le bonheur d'estre grandement aymé [208] de vostre bonté, et sur cela, comme vous voyes souvent, on recourt a mon intercession es occurrences esquelles on recherche vostre faveur..

  A020002292 

 Nous devons donq employer a cette pesche non seulement des soins, des travaux et des veilles, mais encor des appas, des industries, des amorces, ouy mesme, si je l'ose dire, de saintes ruses.

  A020002311 

 Que faut il faire la dessus affin que l'intention soit purifiee? Regardons si nostre dessein peut estre legitime, juste et pieux; et s'il le peut estre, proposons et deliberons de le faire, non plus pour obeir a la prudence humaine, mais pour, en iceluy, accomplir la volonté de Dieu..

  A020002313 

 Et a chaque pas, presque, il nous faut faire la resignation que Nostre Seigneur nous a enseignee: Non ma volonté, mais la vostre, o Pere eternel, soit faite.

  A020002313 

 Nous ne sommes pas plus saintz que l'Apostre saint Paul, qui sentoit deux volontés au milieu de son ame: l'une qui vouloit selon le viel homme et la prudence mondaine, et cette cy se faisoit plus sentir; et l'autre qui vouloit selon l'esprit de Dieu, et celle cy estoit moins sensible, mais laquelle pourtant dominoit, et selon laquelle il vivoit; dont d'un costé il s'escrioit: O moy miserable homme, qui me delivrera du cors de cette mort? et d'autre part il s'escrioit: Je vis, non plus moy mesme, mais Jesus Christ vit en moy.

  A020002436 

 De sorte, ma tres chere Fille, que pour les deux fondations que vous me marques, vous n'avies nul besoin de m'advertir sinon en ce qui regarde la disposition de vostre chere personne, pour laquelle je ne voy nul lieu de me dispenser contre les promesses faites a tant de personnes, mays sur tout a monsieur vostre pere, qui ne peut quasi plus rien esperer pour l'accomplissement de ses consolations en ce monde, que de vous voir au Monastere de Chamberi que l'on va entreprendre, affin de vous avoir aupres de luy, d'ou il a esloigné tous messieurs vos freres par les charges honnorables dont ilz sont tous prouveuz maintenant, puisque, comme vous sçaves, M. de Feliciaz est senateur et juge maje de la province de Chablaix; monsieur de Charmettes a la cour, aupres de Madame; monsieur nostre President de Genevois icy, d'ou il ne peut absenter, non plus que monsieur de Vaugelaz de la cour de France; de sorte quil ne reste que monsieur [237] le Doyen de la Sainte Chapelle.

  A020002438 

 Mays j'appreuverois merveilleusement que l'on ne se hastat pas tant de faire le Monastere de Riom, non seulement pour donner du tems aux autres Institutz des filles, Carmelites, Urselines et autres qui y sont, mays principalement pour en donner a vostre Monastere de Montferrant de se bien establir, sur tout en personnes; car c'est cela que j'apprehende en toutes les fondations, qu'elles ne se facent sans filles bien formees et solides [238] en cette vertu religieuse que l'Institut requiert autant ou plus qu'aucun autre Institut qui soit en l'Eglise, puisque dautant plus qu'il y a moins d'austerité exterieure il faut quil y ayt de l'esprit interieur.

  A020002439 

 Je croy que nostre Mere ira la; et avec ces dames [239] du païs et elle, vous pourres prendre meilleur advis par l'opinion de vos bons Peres spirituelz que vous aves-la, et vos amis, que non pas par la mienne qui ne void pas des icy ce qui pourroit estre plus a propos.

  A020002501 

 Puisque non une seule rayson, mais plusieurs bien justes et urgentes retirent la bonne Mere Superieure de la Visitation Sainte Marie de Paris a Dijon et de deça, il est bien raysonnable que je vous remercie, ainsy que je fay tres humblement, des consolations et faveurs qu'elle a recueillies de vostre continuelle charité: vous suppliant neanmoins tous-jours de les luy continuer en la personne de cette trouppe de filles qu'elle laisse la pour le service de la gloire de Dieu, qui est tout vostre amour, et duquel la providence a preparé vostre cœur pour estre le refuge et la protection des petites servantes de son Filz, qui en sont d'autant plus necessiteuses que l'aage et l'imbecillité de leur establissement est plus tendre et sujet a la contradiction..

  A020002502 

 J'espere que l'humilité et la connoissance de leur petitesse les conservera non seulement en la grace de Dieu, [246] mais aussi en vostre bienveuillance, Madame; et que parmi tant d'autres ames plus relevees et dignes de vostre faveur, que vostre pieté appuye de son zele, elles aussi, en leur rang, vivront a l'abry de vostre debonaireté, laquelle se souviendra que son Mirouër et son Exemplaire et Patron ayme plus tendrement les petites gens, basses et infirmes, ouy mesme les plus jeunes petitz enfans, pourveu qu'ilz se laissent sousmettre a ses mains et prendre entre ses bras..

  A020002515 

 Je vous prie qu'en entrant ou sortant d'Orleans vous prenies occasion de voir la Mere Prieure des Carmelines, fille aysnee de la Seur Marie de l'Incarnation, laquelle, tandis que je fus a Paris, il y a vingt ans, estoit non seulement ma fille spirituelle, mais ma partiale, aagee d'environ treize ans, et qui avoit un naturel bon, franc et naïf; comm' aussi la Mere Sousprieure, qui fit en ce tems la son premier vœu de virginité et sa confession generale devant moy..

  A020002562 

 Je confesse que j'ay grand tort de ne point escrire a ma Seur Marie Michele, que j'ayme neanmoins de tout mon cœur; ni a ma Seur Marie Françoise Belet, que j'affectionne grandement non seulement parce qu'ell'est ma fille, mays par ce qu'ell'estoit chere a la bonne M me Le Blanc; ni a ma petite fille Anne Marguerite Clement [259] qui, a la verité, est grandement bienaymee de mon ame, nonobstant la petite duplicité des scrupules qu'elle me demanda avant son depart..

  A020002738 

 Il se [276] faut arrester en cette affaire a la determination de l'Eglise, declaree par le Concile de Trente en ces motz: « Si quelqu'un dit que le mariage fait, appreuvé et confirmé, mais non pas consommé, n'est pas dirimé et annullé par la solemnelle profession de Religion, qu'il soit anatheme.

  A020002848 

 Nous avions encor choysi ma Seur Françoise Agathe; mays voyans qu'il ny avoit place que pour 4, nous avons un peu favorisé sa mere qui avoit de la tendreté sur son depart, et non elle, qui partoit de bon cœur comm'ell'est demeuree de bon cœur.

  A020002960 

 Non, ma tres chere Fille: que l'on ayt partagé la charge du Pere spirituel de vostre Monastere, donnant a M. Le Blanc le soin de ce qui regarde vos affaires temporelles, et a M. Vincent celuy des choses purement spirituelles, il ny a point d'inconvenient; au contraire, il semble a propos, eu egard a la grandeur de la ville en laquelle vous estes.

  A020003014 

 Or, monsieur de Bellecombe est l'un des principaux suivans ordinaires de Son Altesse et son maistre d'hostel actuellement servant maintenant; chevallier que je regarde avec un honneur extreme, non seulement par ce qu'il est serviteur d'un si grand Prince et qu'il est de mes principaux amis, mais aussi par ce que veritablement il est plein de tant de vertu et de merite qu'il est impossible de le connoistre et ne l'affectionner pas ardemment.

  A020003045 

 Et tuttavia, il Padre Generale dovendo andare in Roma al mese di Settembre, si è risoluto che il Priore eletto di San Bernardo non pigli il possesso del suo carigo sin tanto che esso Generale habbi fatto la debita riverentia a V. S. Ill ma et ricevuti li suoi commandamenti; di modo che, essendo Lei patrona, potrà all'ora, se così gli piace, [313] trasportare l'elettione fatta nel Capitolo della persona di quel francese, nella persona del Priore di Santa Potentiana (sic), che è italiano: essendo che tutta la Congregatione Fogliense, et particolarmente il Generale di essa, non haveranno mai magior desiderio che di star humilissimamente sottoposti al beneplacito della Santità di Nostro Signore et a quello che da V. S. Ill ma glie verrà accennato.

  A020003045 

 Ma vedendo che tutte le elettioni eran fatte duoi giorni inanzi, essendo di più tutti li Padri capitulanti licentiati, ho pregato questa mattina il Padre Generale et l'Assistenti di dar ordine acciò che l'elettione fatta nel Capitolo d'un soggetto francese, fosse rivocata e transferita in un italiano; et per conto di questo mi han risposto che havevano le mani legate, et che l'elettione fatta canonicamente non poteva da loro essere violata.

  A020003113 

 D'avantage, ils ont faict l'eslection d'un General, avec toute la maturité et le choix qu'on pouvoit desirer; car ils ont jetté les yeux sur un personnage où la rencontre d'un sçavoir exquis, d'une prudence non commune et d'une excellente pieté se trouve avec une tres-belle harmonie.

  A020003141 

 In quo de variis, quæ undique allata sunt, negotiis plurima decreta sunt et sancita; ac tandem de more Superior Generalis electus, et quidem tanta animorum consensione, tanta morum suavitate, nihil ut amabilius videri potuerit, nihilque optandum supersit, nisi ut quemadmodum [324] inter tot variarum nationum capita non tam unio quam unitas laudare nunc potest et debet, ita deinceps laudari possit ac debeat..

  A020003142 

 Quod sane omnino hoc triennio futurum sperandum mihi videtur, quando quidem Domnus Frater Joannes a Sancto Francisco, qui Congregationis Superior Generalis est creatus, vir est non tantum spectatæ ac eminentis eruditionis quippe qui variis sacris et præclaris lucubrationibus scripto Ecclesiam ornavit et adversus hæreticos munivit, sed etiam vir est prudentia ac rerum gerendarum peritia excultissimus, quodque caput est, pietate ac zeli scientia instructissimus, ut credendum sit, sub ejus moderamine, Congregationem universam uberiores in dies proventus habituram..

  A020003143 

 Unum tamen est, Beatissime Pater, quod in hac eadem Congregatione desiderandum existimabam, quod tamen urgere me debere non putavi, sed potius providentiæ Vestræ Apostolicæ relinquere.

  A020003143 

 Verum, quia id quidem plerique capitulantium doctiores et sapientiores expetebant, sed simpliciores ac suarum antiquitatum, ut vocant, plus sequo amantiores tueri conabantur Breviarium usu inter eos hactenus receptum, non putavi Capitulum tanta alioquin concordia celebratum, debere me fortiori authoritate compellere; [326] ratus fœlicius ac facilius rem totam definiendam, si Beatitudo Sua coram præcipiat Generali ut quamprimum rejecto illo antiquato Breviario, monasticum quod a Sede Apostolica non solum approbatum est, sed omnibus Monachis maxime commendatum in usum inducat.

  A020003159 

 A mon avis, toute l'affaire se conclura plus heureusement et avec plus de facilité si Votre Sainteté fait un précepte au Général de laisser au plus tôt ce Bréviaire vieilli, pour adopter l'édition monastique, laquelle est non seulement approuvée, mais absolument recommandée à tous les moines par le Siège Apostolique.

  A020003173 

 Ita sane, ut illud Propheticum dici de hoc Capitulo existimem: Quam bonum et quam jucundum habitare [328] fratres in unum! Sicut unguentum in capite, quod descendit in barbam, barbara Aaron. Nihil ut expectandum supersit, nisi ut quemadmodum non tam unio quam unitas inter tot variarum provinciarum ac nationum capita hoc tempore laudanda est, ita et deinceps laudari possit..

  A020003174 

 Superiorem autem Generalem nunc habet ista Congregatio, maxima votorum ac suffragiorum conspiratione electum, cui sine controversia omnes eruditionis, prudentiæ ac ingenii palmam cedere debent; virum spectatissimæ probitatis et pietatis, qui gravissimis scriptis Ecclesiam Dei non solum hactenus ornavit et munivit, sed deinceps, quando ei per otium licuerit, ornare ac munire paratus sit; ut sperandum sit, sub ejus moderamine, totam istam Congregationem uberiores in dies proventus facturam.

  A020003201 

 Je vous en donne ma parole plus clairement: je n'ay nulle authorité sur les Monasteres de la Visitation qui sont hors de mon diocese, de sorte que je ne puis m'obliger sinon a ne point consentir, ains a faire tout ce que je pourray, non point par authorité, mais par credit que j'espere d'avoir envers les Superieures de ces Monasteres, et particulierement avec madame [Favre], de laquelle je suis grandement certain qu'elle suivra en cela ma direction.

  A020003252 

 Oh! que je serois heureux si d'icy a un an ou deux je pouvois tellement partager avec vous ma charge, que je peusse tenir la partie de Magdeleine, et vous celle de Marthe! Non certes que je desire celle de Magdeleine parce qu'elle est meilleure; mais parce que, si je pouvois estre un peu en repos aux pieds de Nostre Seigneur, il m'est advis que j'apprendrois certaines choses que je pourrois laisser tres utilement a la posterité par escrit, selon l'exhortation que tant de gens de bien m'en ont fait.

  A020003262 

 Non dirò già a Vostra Altezza li favori ricevuti dalla loro benignità, ma dirò bene che quello che ricevo dalla Serenissima Infante Francesca Catarina, col quale mi ha dato ordine di salutare così in scritto et in fretta Vostra Altezza Serenissima, è uno di magiori et più prætiosi favori che io potessi sperare in questo mondo, et mediante [339] il quale spero che Vostra Altezza mi farà gratia di scusarmi, et non attribuire a presuntione questa mia confidentia..

  A020003290 

 Et perchè sonno tutte cose appartenenti alla magior gloria d'Iddio et che non possono riuscire se non coll'interventione della potentissima mano di V. S. Ill ma, a Lei et alla sua pietà et providentia con profondissima riverentia le raccommando; partendo poi domani per la mia residentia, [341] dove è il Monasterio per la riformatione del quale questi Padri vanno in Roma..

  A020003318 

 Que si [343] quelqu'un vous a dit le contraire, il a eu tort, de moy qui sçai, des le tems mesme que vous me marques et duquel la memoire m'est si douce, quand j'avois le bonheur d'estre avec vous au college, que veritas non quærit angulos, et qu'il ny a nulle finesse au vray service de la pieté..

  A020003319 

 Peut estre donq y aura-il en madamoyselle vostre fille quelqu'autre manquement, non es choses essentielles de la pieté simplement, mays, a l'aventure, en ce qui est requis au genre de vie des Seurs de la Visitation, qui provoque la Superieure a la desirer ailleurs; car je ne puis m'imaginer que, sans rayson, de gayeté de cœur, ni mesme de fierté de courage, elle voulut fascher un personnage de vostre condition, et refuser le sejour au monastere a une fille si bien nee comm'est la vostre, Monsieur.

  A020003369 

 [350] Monsieur Sanguin m'escrit une grande lettre et m'a fait escrire par Monsieur le Duc de Nemours sur les difficultés que l'on fait a sa fille; mais je n'ay rien a respondre sinon que les Superieurs qui sont sur les lieux doyvent decider ce fait, et non moy, qui ne puis estre instruit que par le recit des parties et qui, au reste, ne suis pas juge competant..

  A020003375 

 J'ay un grand desir d'escrire a ses deux filles sur ce sujet, mais maintenant je n'ay pas la commodité, non plus que d'escrire a monsieur le premier President; en lieu dequoy je prie Dieu pour leur consolation et pour le repos de l'ame de cette chere personne que j'aymois et honorois de tout mon cœur, et de l'absence de laquelle je serois bien affligé davantage si je ne prenois asseurance en la misericorde [353] de Dieu qu'elle jouit des a present du bien auquel elle a tous-jours aspiré..

  A020003376 

 Ce m'a esté aussi une deplaisante nouvelle que celle de Monseigneur le Cardinal de Rés, non seulement pour la perte que l'Eglise a fait en son trespas, mais aussi parce que j'ay consideré en iceluy le deplaisir de madame la Marquise de Menelay, de monsieur le General des Galeres et de madame sa femme et de toute ceste mayson la que j'honnore de tout mon cœur.

  A020003398 

 En charges vous vos pere et mere? Non, vous ne les charges pas tant que vous les descharges, puisque c'est selon leur gré et a leur souhait que cela se fait..

  A020003400 

 Je dis donq simplement que je ne voy rien qui vous doive retenir au monde, non pas mesme le presage de la future vocation de vostre fille, qui, estant encor incertain, ne doit pas estre preferé a la certitude de vostre appel, lequel vous deves donq suivre soigneusement, fortement, diligemment, mais sans empressement et sans inquietude..

  A020003425 

 apres mille faveurs receuës, et certes dix mille consolations, non seulement de la part de Madame, de Leurs [360] Altesses et de ces rares Princesses, mais de plusieurs bonnes ames; entre lesquelles je vous dis, ma tres chere Mere, que l'Infante cadette, Madame Françoise Catherine, est entierement tres bonne et tres pleine de vertu, de bonté et de sainte naïfveté.

  A020003427 

 Que ces changemens donq procedent du jugement des Superieurs, et non du desir des filles, qui ne sçauroyent mieux declairer qu'elles ne doivent point estre gratifiees, que quand elles se laissent emporter a des desirs si peu justes.

  A020003429 

 Celle qui aura le tort aura grand tort, et non un petit tort; car il n'y a rien de petit en ces opiniastretés du mien et du tien..

  A020003446 

 Non seulement nous envoyerons deux de nos Seurs pour un moys ou pour deux, sil est besoin, mays il ne coustera rien a ces nouvelles filles, car on donnera aux Seurs ce qui sera requis, sans qu'elles facent aucune despense sur leurs hostesses.

  A020003491 

 Il reste que le juste dessein que Vostre Altesse en a si souvent fait soit executé, non seulement empeschant que les præbendes soyent remplies, mays impetrant de Sa Sainteté les provisions requises pour la translation du revenu, de l'Ordre de Cluni a celuy des Peres Barnabites, infiniment plus utiles au service de Dieu et au bien publiq.

  A020003491 

 Vostre Altesse avoit judicieusement estimé qu'il estoit expedient de transferer le revenu de ce monastere-la a l'entretenement des colleges et lecteurs Barnabites, attendu qu'il est un monastere tout a fait ruiné et qui ne peut bonnement estre reparé, et que la discipline monacale ny est nullement observee, non plus qu'es autres lieux de cet Ordre-la.

  A020003545 

 Au demeurant, je ne vous asseureray pas de mon service fidele en cette occasion: il vous a esté dedié une fois pour toutes fort entierement, et je vous supplie de n'en jamais douter, non plus que du soin que j'auray d'assister des Sacrifices que je presente a Dieu l'ame de ce digne chevalier, les merites duquel je veux a jamais honnorer, avec tout ce qu'il a laissé de plus cher icy bas..

  A020003632 

 Voyes, je vous prie, vous mesme, ma tres bonne et tres chere Mere, les lettres ci jointes, et voyes s'il y a apparence que, sans vous incommoder beaucoup, vous puissies donner ce contentement tant desiré a ces cheres ames; car, si cela se peut bonnement, pour moy, non seulement j'y consens, mais je le souhaiterois tres volontier, sur tout s'il est vray que venant de Dijon a Monferrant, ce fust vostre passage de voir vostre chere fille; et encor plus, si venant de Monferrant a Lion, c'estoit vostre passage [384] de voir Saint Estienne de Forez.

  A020003719 

 Vous croires aysement que ce n'a pas esté sans parler souvent de vous, non sans beaucoup de consolation que j'ay receuë de sçavoir que vous vivies tous-jours dans la crainte de Dieu, avec desir de faire progres en la devotion.

  A020003841 

 Estant amplement informé, et à nostre particulier contentement, du bon progrez et avancement que prend de jour à autre la reforme restablie dez quelques annees en ça au prieuré de Talloires en l'estroite observance de la Regie de S t Benoist, et desirant, pour le service et plus grande gloire de Dieu, non seulement de maintenir et favoriser ce louable commencement qui y paroist aujourd'huy, mais encor de procurer autant qu'il Nous est possible l'entiere introduction de la ditte reforme dedans tous les Monasteres du mesme Ordre qui ne sont encor unis à aucun autre corps de Congregation reformee, riere nos Estats et pays dela les monts: pour a quoy parvenir, comm'il est tres requis et necessaire de leur pourvoir d'un chef resident dans nos Estats, qui, par capacité, dignité et vie exemplaire, puisse meriter et exercer dignement cette charge, et travailler soigneusement a l'introduction de la ditte reforme, attandu mesme [403] que le dit prieuré de Talloire depend de Superieurs d'Ordre non reformés et estrangers: Aussy, apres avoir jette l'œil sur les Prelats et Evesques de nos provinces de Savoye, Nous avons, entre les autres, choisi la personne de tres Reverend nostre tres cher, bien amé, feal Conseiller et devot Orateur, Messire FRANÇOIS DE SALES, Evesque de Geneve, pour les preuves signalees et remarquables qu'il a en tout tems donnees, tant de sa suffisance et vigilance au salut des ames, que par la connoissance que Nous avons d'ailleurs de ses saintes œuvres, vie devote, tres louable et tres exemplaire; esperant que non seulement il sera tres agreable aux Religieux de cette sainte reforme, mais tres utile au bien et avancement d'icelle..

  A020003860 

 Je dis quelque chose en faveur de notre chère Visitation, non pour la rendre recommandable, car elle ne pourrait être plus honorée et estimée qu'elle est ici, mais pour satisfaire à l'affection et dévotion des assistants, et pour rendre le devoir que j'ai aux Filles [405] d'un si grand, digne et aimable Père, de la débonnaireté duquel j'espère que j'aurai toujours la grâce d'être avoué.

  A020003873 

 Je l'ai vu, mais à dire vrai, non pas tout lu.

  A020003873 

 La vôtre, avec le Directoire, me fut délivrée, non sans quelque providence du Ciel, à la pointe de mon voyage, et me consola en l'agonie que j'avais de m'embarquer sans cadran.

  A020003920 

 Le dimostrationi di stima et d'amore che le Signore Infante mie sorelle hanno fatte a V. S. mentre s'è fermata costì sono state molto ben convenienti al suo merito; et a me rincresce di non aver potuto godere di così desiderabile conversatione, della quale però vengo ad haver la mia parte del gusto, per l'affctuosa commemoratione che s'è fatto della mia persona.

  A020003937 

 Primieramente: che l'istituto di detto Monasterio è non solo per ricevere zitelle, ma vedove attempate, inferme et di debole [411] complessione, et che non possono sopportare l'austerità delle altre Religioni; che per ciò gli è difficile, per l'età et indispositioni, di poter recitar l'Officio grande..

  A020003938 

 Et si come la Chiesa santa ha quasi ogni settimana destinato un giorno alla celebrità della Beatissima Vergine, non puole arrecare inconveniente alcuno se vi sia qualche luogo pio, massime de sesso feminile, ove continuamente si cantino le lodi della Santissima Vergine, Madre de Dio; che più presto sarà cosa et al Figlio et alla Madre gratissima..

  A020003938 

 Et stante questa non intelligenza dell'uno et l' altro Officio, è di molta importanza che sempre recitino il medesimo, per che avviene che più chiaramente et distintamente pronunciano quello che sogliono giornalmente recitare, che non possono fare quando ordinariamente gli conviene dire cosa inusitata; da che anco gli viene sminuita l'attentione et devotione, sendoli necessario dirigere tutta l'attentione loro al ben legere et pronunciare.

  A020003938 

 Il che tanto più procede nelle regioni di Francia, dove le donne, ignare della lingua latina, hanno di quella non solo inettissima, ma affatto ridicula pronuntia; tanto che nelli monasterii di Monache, quelli che vanno a udir gl' Officii divini non possono contenere il riso che gli vien mosso da sì inetto pronunciare.

  A020003939 

 Si aggionge anco che gran parte delle donne a pena mai vengono a perfettamente imparare l' Officio grande, onde gli viene precluso l'ingresso della Religione; alla cui devotione, spirituale consolatione et salute dell' anime si porgerebbe molta commodità se non havessero a imparare senon P Officio piccolo, perchè potendo ciò fare con maggior facilità, potrebbono conseguire il desiderato fine di esser Religiose: e da qui avverebbe che possent omnes pariter senes cum junioribus laudare nomen Domini..

  A020003940 

 E finalmente, la recitatione dell' Officio grande non è inseparabile dal stato Religioso, perchè, per tralasciar la Compagnia di Giesù et l'Ordini militari, vi sono anco Monasterii di Monache in Francia, cioè il Monasterio di Monache di S to Agostino del luogo di Pontoise, diocesi di Pariggi, et altri simili, ove non vi è obligo di recitare nel choro se non che P Officio piccolo; di modo che, se [412] bene ciò non sarebbe cosa molto usitata, nè tampoco sarebbe affatto nuova..

  A020003960 

 Dimandando poi le Monache di quel Monasterio licenza a detto Pontefice di poter, non ostante che fossero fatte Regolari, recitare nel choro l'Officio piccolo, come prima solevano, il detto Pontefice li concesse detta licenza per sett'anni, liberandole in quel mentre dalla recitatione dell'Officio grande, e dandoli buona speranza che, finiti detti sett' anni, gli sarebbe concessa detta licenza in perpetuo da lui o suo successore.

  A020003961 

 Ma perchè non ne puole nascere che confusione et poca divotione tra dette Monache, per tanto si supplica humilmente V. S. Illustrissima resti servita voler raccommandare a detto Monsignore Volpio che di nuovo riferisca a Sua Beatitudine li inconvenienti che ne possono nascere, et se contenti concedere tale essentione in perpetuo.

  A020003984 

 Et perchè non tanto i Monaci residenti in Contamina quanto altri tentano diverse cose in pregiuditio delli detti Padri Barnabiti del Collegio di Tonone, sarà effetto della vostra bontà, molto grato a S. A. et a me di singoiar piacere, il protegergli et diffendergli da qualunque ingiusto tentato; et ve ne faccio particolar instanza..

  A020003985 

 Se in questo sarà necessaria l'auttorità et favor vostro, non sarete manco loro amorevole di quello che essi se ne promettono; et io ve ne prego..

  A020003996 

 Quibus quod respondeamus aliud non habemus quam insistere nos contentis priorum nostrarum literarum, obligante ad id nos muneris nostri ratione et munificentissimi nostri fundatoris suprema voluntate..

  A020003998 

 Necessitas autem nulla faciendæ hujus commutationis intercessit, nec utilitas aliqua obtendi potest, cum juventutis eruditio non minus feliciter hactenus successerit, secularibus munus hoc secundum fundatoris præscriptum obeuntibus quam nunc Patribus Barnabitis surrogatis..

  A020003998 

 Ut autem aliquando induci possemus ad consensum nostrum interponendum, tam evidenti suprema; fundatoris nostri voluntati contraveniendo, rationem aliquam non videmus.

  A020003999 

 Manente illa in Patres Barnabitas translatione, nostrique Collegii alumnis exclusis a jure sibi competente in vestro, non arbitramur æquum, ut in societate persistamus, quæ jam vere leonina esset, nobis ejus omni commodo privatis, et vobis jus antiquum retinentibus.

  A020003999 

 Nec est ut de nobis queri possitis, quandoquidem vestro, non nostro facto, a societate recissum est, nobis nequidem interpellatis, nisi postquam executioni omnia fuere demandata..

  A020004042 

 Et quando venisse a comparire costì un certo Ramusso Savardo per impedire detta confermatione in favore di quelli di Lovanio ch'amministrano il Collegio, vedrete per ogni modo [419] operare che non gli sii dato orecchio, come che la mente di S. A. resta dalla sua propositione al tutto contrariante..

  A020004042 

 S. A. desidera che il contratto fatto fra gli Amministratori del Collegio di Annesii con gli PP. Barnabiti habbi suo intiero effetto; et però non mancherete di procurarne appresso Sua Santità la confermatione, con tutto quello che di più sarà necessario, come sarete informato dal Procuratore Generale de Barnabiti.

  A020004056 

 Et perchè talvolta gli Monaci d'esso priorato potriano dar l'habito ad alcuno in grave preiudicio de sudetti Barnabiti, ne tratterete con Sua Santità, acciò non solo glie lo facci vietare, ma facci ancora che alla morte de Monaci presenti le sudette prebende restino sopresse..


21-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XXI-Vol.11-Lettres.html
  A021000040 

 — Pleurer sur la perte des nôtres, mais non désordonnément.

  A021000128 

 — S'attacher à la fin et non aux moyens.

  A021000192 

 Mon Frere, qu'y a il qui vous empesche d'estre saint? et qu'est ce que vous voules que vous ne puissies pour ce [3] sujet? Un pauvre homme peut bien, a la verité, estre saint; mais un seigneur puissant, comme vous estes, peut non seulement l'estre, mais faire tout autant de saintz qu'il y a de tesmoins de ses actions ....

  A021000202 

 Libenter dicam charitati vestræ, quod si vel minimum suspicarer in corde meo dilectionis motum qui ad Deum non tenderet, aut alteri quam divino consecraretur amori, infidelem ac spurium hunc animi mei fœtum, omni conatu, cum ipsis visceribus evellere satagerem, nec in mente mea abhortivum illud vel uno momento patierer....

  A021000227 

 Faites les passetems qui seront plus vigoureux, comme de monter a cheval, sauter et autres telz, et non pas les molletz, comme de jouer aux cartes et danser.

  A021000246 

 Vous seres, je m'asseure, de ceux la, et selon ce principe, vous acquiesceres doucement et humblement, quoy que non sans sentiment de douleur, a la misericorde dont il a usé envers vostre bonne mere, qu'il a retiree dans le sein de sa bienheureuse eternité, ainsy que les dispositions precedentes nous donnent tout sujet de croire avec autant de certitude que nous en pouvons justement prendre en tel sujet..

  A021000261 

 C'est un sentiment meilleur de se desfier de pouvoir resister aux tentations, que non pas celuy de s'en tenir pour asseuré et asses fort, pourveu que ce qu'on n'attend pas de ses forces on l'attende de la grace de Dieu: en sorte que plusieurs qui, avec grande consolation, se sont promis de faire des merveilles pour Dieu, quand c'est venu au point ont manqué; et plusieurs qui [12] ont eu grande desfiance de leurs forces et une grande crainte qu'a l'occasion ilz ne manquassent, sur le champ ont fait merveilles, parce que ce grand sentiment de leur foiblesse les a poussés a rechercher l'ayde et le secours de Dieu, a veiller, prier et s'humilier pour ne point entrer en tentation..

  A021000261 

 Oh! non, Monsieur, car la desfiance de nos forces n'est pas un manquement de resolution, ains une vraye reconnoissance de nostre misere.

  A021000263 

 Et bien donq, puisque vous desires d'estre tout a Dieu, pourquoy craindres vous vostre foiblesse, en laquelle, aussi bien, vous ne deves pas mettre aucune sorte d'appuy? N'esperes vous pas en Dieu? Et qui espere en luy sera il jamais confondu? Non, Monsieur, jamais il ne le sera..

  A021000264 

 Je vous conjure, Monsieur, d'appayser toutes les repliques qui se pourroyent former en vostre esprit, ausquelles il n'est besoin de respondre autre chose sinon que [13] vous desires d'estre fidele en toutes occurrences, et que vous esperes que Dieu fera que vous le seres, sans qu'il soit besoin d'essayer vostre esprit s'il le seroit ou non, car ces essays sont trompeurs, et plusieurs sont vaillans quand ilz ne voyent point l'ennemi, qui ne le sont pas en sa presence; et au contraire, plusieurs craignent avant l'escarmouche, ausquelz le danger present donne le courage.

  A021000281 

 Encor voudrois je bien la mienne plus souple a m'humilier sous cette souveraine Providence, affin de non seulement incliner mes affections au vouloir de mon Dieu, mays aussi d'aymer tendrement et affectueusement son sacré vouloir..

  A021000461 

 Ce cœur ainsy genereusement relevé est tous-jours humble, car il est establi en la verité et non en la vanité; il est doux et paysible, car il ne tient conte de ce qui le peut troubler.

  A021000461 

 Non certes, ma chere Fille, je ne dis pas cela; mais je dis que les souffrances, les peines, les tribulations sont accompaignees d'une si forte resolution de les souffrir pour Dieu, que toute cette amertume, pour amere qu'elle soit, est en paix et tranquillité..

  A021000470 

 Je connoissois cette bonne seur deffunte, non seulement de veuë exterieure, mais encor par quelque communication de son ame qu'elle me fit en ma visite; et n'y a qu'environ une annee que je luy envoyay l'habit du Tiers Ordre des Carmes, qu'elle m'avoit mandé requerir pour sa devotion, et, a la reception, elle fit une confession generale a un homme fort capable, qui me l'escrivit ou me le dit, je le sçai bien.

  A021000471 

 Ouy, tres chere Fille, pleurés un peu sur cette trespassee, car et Nostre Seigneur pleura bien un peu sur son cher Lazare; mais que ce ne soyent pas des larmes de regret, mais d'une sainte compassion chrestienne et d'un cœur qui, comme celuy de Joseph, pleure de tendreté, et non pas de fierté comme celuy d'Esaü.

  A021000482 

 Il y a sans doute des chemins plus excellens, mais non pas pour vous; et l'excellence du chemin ne rend pas excellens les voyageurs, ains leur vistesse et agilité.

  A021000502 

 Mais, ma tres chere Fille, connoisses vous bien en vostre cœur ce que vous m'escrives, que Dieu, par des voyes espineuses, vous conduit a une condition qui vous avoit esté offerte par des moyens plus faciles? car si vous avies cette connoissance, vous caresseries infiniment cette condition que Dieu a choysie pour vous, et l'aymeries d'autant plus que non seulement il l'a choysie, mais il vous y conduit luy mesme, et par un chemin par lequel il a conduit tous ses plus chers et grans serviteurs.

  A021000504 

 Cet espoux de Cana en Galilee fait le festin de ses noces, et croit d'estre l'espoux; mais il est trop plus heureux, car Nostre Seigneur luy donne le change, et convertissant son eau en tres bon vin, il se rend Espoux luy mesme et fait l'ame de ce pauvre premier espoux son espouse; car, soit que ce fust saint Jean l'Evangeliste ou quelque autre, estant non a la veille, mais au jour de son mariage, Nostre Seigneur l'emporte a sa suite, il ravit a soy sa chaste ame et le rend son disciple; et l'espouse, voyant que ce Sauveur pouvoit avoir plusieurs espouses, voulut [41] estre du nombre.

  A021000567 

 Et bien que l'une des puissances ne soit pas l'autre, si est ce que toutes troys ne sont qu'une seule ame: l'entendement estant ame, la memoire ame, la volonté ame, et non troys ames, ains une ame; et bien que ce ne soit qu'une ame, si est ce que cette ame, en tant qu'entendement n'est pas memoire, en tant que memoire n'est pas volonté..

  A021000568 

 Ainsy, il n'y a qu'un seul Dieu en troys Personnes, desquelles troys l'une n'est pas l'autre, et toutes troys ne sont qu'un seul Dieu; en sorte que le Pere est Dieu, le Filz est Dieu, le Saint Esprit est Dieu, et non troys dieux, mais un seul Dieu; parce que, encor qu'il y ayt troys Personnes, toutes troys ensemble n'ont qu'une seule et unique Divinité: comme, encor qu'il y ayt troys puissances en nostre ame, toutes troys neanmoins ne sont qu'une seule ame..

  A021000569 

 Ainsy, le seul Filz est incarné, et non le Pere ni le Saint Esprit, bien que le Pere, le Filz et le Saint Esprit ne soyent qu'un Dieu..

  A021000573 

 Ma chere Fille, je ne pense pas, non, vous avoir declairé l'affaire; car c'est un abisme lequel il faut regarder simplement et humblement, sans se beaucoup tourmenter pour l'entendre.

  A021000573 

 Si vous n'entendes pas cette lettre, ne vous fasches pas: je l'ay seulement escritte pour vous donner un peu de jour, et non pas le jour du midy que nous aurons en Paradis..

  A021000580 

 Cela ne vient pas de nostre faute le plus souvent, mays de la providence de Dieu, qui nous veut faire faire nostre chemin par terre et par desert, et non par eaux, et veut que nous nous accoustumions au travail et a la dureté..

  A021000580 

 Non, ma Fille, car le pauvre cœur n'en peut mais, puisque cela n'arrive pas faute de resolutions et vives affections d'aymer Dieu, mays faute de sensible passion, laquelle ne depend point de nostre cœur, mais d'autre sorte de dispositions que nous ne pouvons procurer; car tout ainsy, ma chere Fille, qu'en ce monde il n'est pas possible que nous puissions faire pleuvoir quand nous voulons, ni empescher qu'il ne pleuve quand nous ne voulons pas qu'il pleuve, aussi n'est il pas a nostre pouvoir de pleurer quand nous voulons, par devotion, ni de ne pleurer pas aussi quand l'impetuosité nous saysit.

  A021000590 

 Je vis, dit l'Apostre; mais il s'en repent: non, je ne vis plus en moy, mais mon Jesus vit en moy..

  A021000616 

 J'appreuve bien le peu parler, pourveu que ce peu que vous parleres se face gratieusement et charitablement, et non point melancholiquement ni artificieusement.

  A021000620 

 Je ne vay pas, ma tres chere Fille, la part ou l'on vous avoit dit, car je vis encor en obedience qui m'est imposee, non de la part de Dieu, mais du monde, permise neanmoins de sa divine Providence: c'est pourquoy j'y acquiesce..

  A021000657 

 Vous m'escrivies aussi que Messieurs de Sainte Croix persistoyent a me desirer pour l'Advent et Caresme; mais la necessite de ma præsence de deça persiste tellement a m'obliger, que non obstant l'extreme dasir que j'aurois de rendre service a ces seigneurs, je ne puis neanmoins m'en promettre la commodité et ne sçaurois le leur rendre en ceste occasion..

  A021000680 

 Ac sane, si meum erga sacram Coronam Vestram animum æquarent vires et census, non committerem quin omnes cæteros Imperio addictos Principes et Episcopos factis pariter et opere æquarem..

  A021000680 

 Accepi litteras quibus me sacra Vestra Cæsaræa Majestas dignata est, non sine ea quam tanto culmini debeo reverenda.

  A021000728 

 Chi è che possa giustamente adirarsi contro chi gli dice che si lavi dopo essere stato qualche tempo senza lavarsi? Perchè non potrà dirsi: riformatevi, ad una Casa che già ha passato molti anni dopo l'ultima sua riforma? Si stà sull' avvertenza di non lasciare lungo tempo una casa senza pulirla esteriormente; perchè non s'havrà a fare lo stesso nell' interiore?.

  A021000728 

 L'amore del mondo è cieco, e se non fosse tale non amerebbe il mondo che [66] nulla ha di bello o di buono; ma l' amore celeste non è cieco, havendo lampadi e fiamme chiare, come dice il Cantico, tra mezzo alle quali dona lo spirito di discrezione per separare il bene dal male.

  A021000728 

 Le api amano i loro alveari, ma contuttociò non lasciano di osservare minutamente ciò che vi è, e di nettarli e purgarli.

  A021000728 

 Non v'ha sotto al cielo costanza tale che non pieghi, nè cosa si pura cui non s'attacchi la polvere.

  A021000728 

 Non è bene di essere tant' affezionato alla propria Religione sicchè si perdan gl'occhi per non vedere le cose manifeste.

  A021000729 

 Certamente, non devono dirsi senza qualche utilità i mancamenti che si veggono nelle [Case], nè pubblicarli; ma il non volerli [67] riconoscere nè confessare a chi può applicare rimedj, questo è passione ed amore disordinato.

  A021000729 

 Eccessivo fu l'amore di Davidde, il quale non volle ch' Assalonne s'uccidesse, benchè fosse empio e rubelle.

  A021000729 

 La Sposa, ne' Cantici, confessa senza timore le sue imperfezioni, dicendo: Io son fosca, ancorché bella; ed altrove: Non istate ad osservare ch' io sia bruna, perchè il sole fù che mi scolorì. Or io penso che voi ben potete dirne altrettanto della vostra Casa: essa è bella, questo è vero, ma il sole, cioè a dire il tempo, la lunghezza de' giorni ha alterato il suo colore.

  A021000729 

 Perchè adunque non procurerete di restituirle l'antico suo lustro, affinchè il suo Sposo possa dire: Voi siete tutta bella? Quando i difetti sono momentanei e di passaggio in una Casa, è dicevole cosa il dissimularli; ma quando sono stabili e permanenti conviene cacciarli, anche con istrepito e gridi, se fà bisogno.

  A021000731 

 Facciamo quel che dobbiamo, e Dio non ci mancherà.

  A021000731 

 Ma perchè li nutrisce, se non perchè per condiziòne di lor natura non ricevono alimento dal padre e madre, i quali non hanno cura dei propri parti? E così provederà molto più le sue serve, le quali, per condizione della loro professione, si sono dedicate alla povertà e comunità, senza quei mezzi che sono contrarj alla povertà e comunità perfetta.

  A021000731 

 Non credete a me, credete a Nostro Signore: se voi lasciate queste piccole pensioni particolari e le rendete comuni, voi non morirete; vi parerà, ma ciò non sarà; in cambio d'una, Iddio ve ne darà cento in questo mondo, dice il testo della divina Parola, e la vita eterna nell' altro.

  A021000731 

 Padri Conventuali di San Francesco hanno creduto di non poter vivere in quella stretta povertà che prescrive la Regola primiera; i Padri Cappuccini hanno lor fatto vedere il contrario, e cosi deve dirsi di molti altri.

  A021000732 

 Io lodo il loro metodo perchè buono, ancorchè non sia il mio, particolarmente havendo a trattare spiriti nobili e ben coltivati comme sono i vostri.

  A021000732 

 Sarà fors'anche un' impedimento alla vostra riforma l'essere stata intrapresa da quelli che fin ora ve l'hanno proposta, con troppo d' asprezza, non maneggiando la piaga dolcemente.

  A021000733 

 Ricordatevi che il vostro Monastero non fù incominciato con queste pensioni, anzi con un'esattissima povertà.

  A021000733 

 Rimirate la pietra donde foste distaccate, non troverete alcuna paglia di proprietà.

  A021000734 

 E per piccolo ch'egli sia, converrà trascurarne l'emenda? Tutto all' opposto; convien' emendarlo mentre è piccolo, potendo arrivare che crescendo non possa più emendarsi.

  A021000734 

 Ma perdonatemi, ve ne prego, voi vi fate un gran torto, non potendo voi negare che sia un mancamento e difetto nella povertà e comunità religiosa.

  A021000734 

 È facile di rivolgere i piccoli fiumi dove vogliamo, ma i grandi non si lasciano domare..

  A021000735 

 Fù saggia Sara la quale non giudicò di dovere lasciare crescere Ismaele prima di scacciarlo; non si tosto lo vidde combattere con Isaac, che lo discacciò dalla casa d'Abrammo.

  A021000735 

 Or mentre quest' Ismaele, cioè a dire il desiderio e sollecitudine, non se la prende contro il vostro voto, abbenchè vi resti in casa, io ne sono contento ed Iddio non l' haverà a male.

  A021000735 

 Questo non vi parerà, ma è verità.

  A021000735 

 Sarete meno degne di scusa quando non sarete fedeli nelle cose piccole: siate fedeli nella riforma di questi piccoli difetti, e sarete stabilite sopra molte cose.

  A021000736 

 Osservate però con diligenza li andamenti di vostra Casa, e voi non ritroverete il male così piccolo come pensate.

  A021000736 

 Quanto a me, non conosco alcun nemico, per piccolo ch' ei sia, che debba nutrirsi ed accarezzarsi, e che un uomo di buon senso non giudichi sempre ben grande..

  A021000737 

 Altro non restava da lavarsi agl' Appostoli fuorchè i piedi, e pure pronunziò il Signore che, o conveniva lavarli, o non havere parte con esso lui.

  A021000737 

 Anche [74] io lo vedo, e tutt'insieme vedo un gran male, perchè non passano; al contrario, si fermano come morte in questa Religione, vi sono mantenute e conservate.

  A021000737 

 Corre in proverbio: « Monachus non valet obolum si possidet obolum.

  A021000737 

 Ora, e chi non scorge che per piccolo che sia il peccato cresce facilmente quando si vuol mantenere? Io per me vi esorto a giudicarlo ben grande, perchè vi priva di un gran bene, ed a crederlo una massima imperfezione, essendovi un ostacolo per giungere alla maggior perfezione.

  A021000737 

 Se passano solamente sopra il balsamo, ancorchè lo succhino non perciò lo guastano, ma bensì se vi muojono sopra.

  A021000791 

 Disposés vous a la plus rigoureuse residence que vous [79] ayes encor faitte icy, sil vous plait, mon tres cher Frere, car je ne vous en dispenseray nullement; non tant fondé sur l'extreme contentement que j'ay en vostre presence, comme sur la necessité que vostre santé a de repos en ce tems-la auquel le froid ne peut estre vaincu par le mouvement..

  A021000907 

 Et tout plein de petites traverses et secrettes contradictions qui sont survenuës a ma tranquillité, me donnent une si douce et suave tranquillité que rien plus, et me presagent, ce me semble, le prochain establissement de mon ame en son Dieu, qui est, certes, non seulement la grande, mais, a mon advis, l'unique ambition et passion de mon cœur.

  A021000908 

 C'est, ce me semble, comme le guy, qui croist et paroist sur un arbre et en un arbre, bien que non pas de l'arbre ni par l'arbre.

  A021000908 

 Mais, ma Fille, comme donq se peut il faire que sur une telle volonté tant d'imperfections [91] paroissent et naissent en moy? Non certes, ce n'est pas de ma volonté ni par ma volonté, quoy qu'en ma volonté et sur ma volonté.

  A021000916 

 Faites tous-jours comme vous m'escrivés: gardes vous des fortes applications de l'entendement, puisqu'elles vous nuysent, non seulement au reste, mais a l'orayson mesme, et travailles autour de vostre cher object avec les affections tout simplement, et le plus doucement que vous pourrés.

  A021000918 

 Mais ne voudrois tu pas bien avoir du mouvement pour aller plus pres de luy? Non pas, sinon quil me le commandast.

  A021000918 

 Ne desires tu donq rien? Non, car je suis ou mon maistre m'a mis, et son gré est l'unique contentement de mon estre..

  A021000918 

 Non, dira-elle, mais il me voit et prend playsir que je sois ou il m'a mis.

  A021000940 

 Non si può facilmente dire qual sia maggiore in questa Chiesa Gebennense o la povertà o il merito de' [98] Canonici, poichè, quanto a Canonici, sonno la maggior parte dottori et prædicatori valentissimi, che in effetto hanno con molti travagli adoprati i loro talenti in questa vigna, a benefìcio dell'anime et conversione delli hæretici..

  A021000941 

 Et quanto a la povertà, ella è tale che, fra residentie et præbende, non hanno per vivere decentemente tre mesi dell'anno, perchè essendo stati spoliati dalli Genevrini della maggior parte de' beni loro, le guerre succedute dipoi hanno quasi essausto il restante.

  A021000941 

 Onde, offrendosi adesso l'occasione di poter essere alquanto aiutati con l'unione del priorato di San Paolo et della chiesa parrochiale di Artas, ricorrono alla providentia et clementia di Nostro Signore, acciò si degni usar verso di loro gratia compita, [la] stessa povertà [99] laquale li preme, non permettendo che possano ricorrere all' impetratione di detta gratia con dinari..

  A021000942 

 Et sebene nella mensa capitulare non ho parte veruna, mosso di mera compassione verso una Chiesa tanto povera, et di vero amore verso una compaignia tanto honnorata et meritevole, vengho anco con loro a supplicar V. S. Ill ma et R ma, nelle viscere di Christo, che si degni adoprar in questa occasione sua charità et magnanimità, intercedendo per loro in maniera che dalla beneficentissima mano sua ricevano questo beneficio; il che, sì come Ella può facilmente fare, così speriamo che per bontà sua lo farà certamente..

  A021000972 

 Et pour me donner plus de pouvoir de recommander vostre affaire, non seulement je remonstre qu'on vous a fait tort, et a vostre Monastere, mais je me dis vostre parent, comme je puis [102] faire a bonn' occasion telle qu'est celle ci, puisque je le suis, quoy que d'asses loin, et que si le tems et les successions nous esloignent quant au sang, la charité et dilection nous approchent selon l'esprit..

  A021000974 

 Si ce porteur m'eut donné un peu de loysir, je l'eusse advertie, affin qu'elle vous eut escrit, et moy j'eusse escrit a madame de la Vergeonniere, non seulement affin de m'acquiter de l'obligation en laquelle elle m'a mise (sic) par la peyne qu'elle a prise de m'escrire la premiere, mais pour le saint amour que je porte a ses vertus, desquelles ce m'est de la consolation d'avoir ouïr (sic) parler a monsieur l'Aumosnier.

  A021001002 

 Ma tres chere Fille, toutes les fois que vous treuveres vostre cœur hors de la douceur, ne faites que le prendre tout doucement avec le bout des doigtz pour le remettre a sa place, et non a pleins poings, comme l'on dit, ni brusquement.

  A021001031 

 Il nous faut donq tous bien employer pour maintenir le parent innocent, non seulement parce que nous le devons a son merite, mais pour tenir en quelque crainte les meschans par la resistance qu'ilz verront leur estre faitte..

  A021001044 

 Hélas! ma très chère Mère, que je suis plein de confusion lorsque je me ressouviens des ardeurs avec lesquelles en ce saint jour je sacrifiai en esprit toute ma vie à la gloire de Notre-Seigneur et au salut de ce peuple, il y a onze ans, et quand je considère combien peu j'ai correspondu à ces résolutions! J'y réfléchis cependant sans perdre courage; au contraire, j'en ai beaucoup, et d'autant plus que Notre-Seigneur m'a donné une aide qui non seulement m'est semblable, mais qui est une même chose avec moi, de telle sorte qu'elle et moi ne sommes qu'un en un seul esprit.

  A021001049 

 Ahimè! mia carissima Madre, quanto sono ripieno di confusione allorchè mi ricordo degli ardori co' quali in questo santo giorno io sagrificai in ispirito tutta la mia vita alla gloria di Nostro Signore ed alla salvezza di questo popolo, undeci anni sono, e quando considero come ho corrisposto poco a queste risoluzioni! Vi rifletto però senza perdermi d'animo, anzi io ho molto di coraggio, massimamente per havermi Nostro Signore dato un'ajutante che non solamente è simile a me, ma è una medesima cosa con me; sicchè essa ed io non siamo che uno in uno spirito.

  A021001087 

 Toute cette ville luy a fait un honneur extraordinaire, tesmoignant que tous les serviteurs de Monseigneur de Nemours portent icy tiltre de tout respect, quand ilz sont de meurs et humeurs non scandaleuses..

  A021001131 

 Il che non direi a V. P. se i Padri di questo collegio non lo desiderassero, et se io non vedessi che detto Padre, havendo imparata la lingua et havendo inclinatione a servire questa natione, non sarebbe poco utile, massime venendo ammaestrato dalla P. V. R ma, et essendo egli buono, pieghevole et semplice, ornato poi de' varii doni di scienza.

  A021001152 

 Que mon ame me fit grand playsir de ne les vouloir pas seulement regarder, et de ne tenir non plus de conte de cela que si j'eusse esté en l'article de la mort, auquel tout le monde ne semble qu'une fumee!.

  A021001169 

 Io devo ricercare ogni mezzo per farlo, per non offendere Dio, sentendo ogni giorno nuove che molto mi affligono; talchè, per la rilassazione del Clero, vedo essere necessaria la mia presenza nel vescovado di Geneva ... [120].

  A021001310 

 Ma Fille, ne quittes point de veuë la sacree Vierge, vostre sainte Dame; ayes-la tous-jours presente, non par imagination qui tyrannise votre teste, mais par affection qui dilate vostre cœur, et par memoyre qui occupe saintement vostre ame....

  A021001361 

 Je prendray tous-jours a beaucoup d'honneur de recevoir non seulement vos lettres, mais aussi vos ....

  A021001406 

 Repetes souvent vos grandes resolutions de ne jamais vouloir offencer Dieu, comme faysoit David, s'escriant: Non, mon Sauveur, jamais eternellement je n'oublieray vos saintes volontés, car en icelles, vous m'aves vivifié..

  A021001416 

 Outre les deux ordinaires motifz d'aymer les parens et amis, par nature et consideration de vostre devoir, adjoustes le troysiesme: parce que Dieu veut que vous les aymies en luy, par luy et pour luy, car cet amour est eternel, et non point fragile; doux, mais non point pliable; ardent, mais non point empressé; affectionné, mais non point chastouilleux.

  A021001458 

 Ma chere Fille, non certes, je ne doute ni peu ni prou de vostre confiance; aussi vous dis-je que je veux vous employer comme chose qui m'est entierement remise, pour estre maniee selon mon gré au service de Dieu..

  A021001459 

 Et comme la femme mariee n'a son recours en tous ses travaux qu'a son mari, et ne veut conserver son honneur que pour le seul amour qu'elle luy porte, et non pour la crainte du deshonneur ou pour le desir de l'honneur, ainsy en doit faire l'ame fidele a l'endroit de son cher Espoux Jesus..

  A021001520 

 Non, on n'offroit point d'holocauste en l'ancienne Loy qu'elle ne fust du tout escorchee: il faut que vostre cœur soit escorché tout vif, pour estre offert en holocauste vivant a nostre Dieu.

  A021001549 

 Il se faut attacher a la fin, qui est Dieu, et a sa volonté, et non pas aux moyens; il s'y faut bien affectionner, mais non pas en sorte que si Dieu les oste il s'en faille troubler.

  A021001567 

 Exemple de la vertu de temperance: quelqu'un boira quatre verres, un autre n'en boira que deux; il [se] treuvera que le premier aura exercé la temperance, le dernier non, parce que sa necessité portoit de boire cela, et peut estre davantage, et l'autre se pouvoit contenter de demy verre.

  A021001567 

 Mays quant aux vertus essentielles, qui en a une en perfection il les a toutes en quelque degré; et cela se fait parce que la vertu n'est autre chose qu'une certaine moderation faite en la rayson, et non en la chose.

  A021001611 

 Consacrons nos travaux a Jesus, attendons son retour en patience; vivons a luy, pour luy, et non pour ses suavités.

  A021001613 

 La grande, tres absolue et indubitable verité de nostre sainte, tres uniquement unique unité peut estre attaquee, mais non jamais esbranlee..

  A021001657 

 Ne regardes point, ma chere Fille, si vous estes cause de vos aridités; mays, soit que vous en soyes cause ou non, convertisses les a la gloire de Dieu, les luy offrant en sacrifice comme souffrances et penitences de vos pechés..

  A021001660 

 Il faut du tout quitter les reflexions, et n'en jamais faire en façon quelconque pour voir ce que l'ame fait ou ce qu'elle fera, si l'on fait bien ceci ou cela, ce que l'on deviendra, si l'on a des sentimens ou non, de la satisfaction, des vertus et semblables; mais au lieu de tout cela, regarder au Sauveur amoureusement et humblement.

  A021001689 

 Quand Nostre Seigneur nous a donné ses clartés et la connoissance de sa divine volonté une fois, il faut conserver cette connoissance et la memoyre en doit estre fidellement gardee, affin de demeurer en sa volonté et la suivre estant en secheresse comme durant ses visitations; car Nostre Seigneur se contente bien souvent de nous monstrer une fois, ou plusieurs, ce qu'il veut que nous fassions, et l'ayant veu, il faut demeurer ferme la, comme ont fait tous les Saintz, auxquelz il n'a pas non plus continué tous-jours ses clartés..

  A021001699 

 Ouy, ma Fille, parles doucement, bassement; faites que toutes vos actions et vos paroles se facent tranquillement, paysiblement, et non point brusquement ni activement.

  A021001752 

 Il faut tous-jours estre contente de ce que Nostre Seigneur voudra faire de nous, car cela est l'humilité, et non pas vouloir choysir.

  A021001872 

 La vraye sainteté gist en la dilection de Dieu, et non pas a faire des niaiseries d'imaginations de ravissemens qui nourrissent l'amour propre, dissipent l'obeissance et l'humilité.

  A021001888 

 II faut beaucoup ressentir les fautes du prochain, mays il faut sçavoir en mesme tems que la charité s'exerce a les supporter et non pas a s'en estonner.

  A021001898 

 Il faut assujettir la nature a la grace, et ne s'estonner nullement pour les difficultés que l'on rencontre; car tous-jours il faut faire estat de commencer a s'aneantir, perseverant en cet exercice jusqu'a l'extremité de nostre vie, a laquelle nous treuverons nostre besoigne faite, si nous perseverons, mays non pas plus tost; car il faut coudre nostre perfection piece a piece, parce qu'il ne s'en treuve point de toute faite, sinon que, par une grace miraculeuse, Nostre Seigneur peut donner une habitude en un instant, comme il fit a saint Paul.

  A021001900 

 Que vous doit il importer si on vous ayme ou non? Que [188] si vous rencontres des occasions qui vous font sembler qu'on ne vous ayme pas, il faut passer outre en vostre chemin, sans vous amuser a les considerer.


22-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XXII-Vol.1-Opuscules.html
  A022000110 

 — Afin de la réaliser, convoquer des conciles nationaux, non pour argumenter sur les questions de controverse, mais pour discuter les moyens de conversion.

  A022000163 

 Verum, quamvis ita procedendum sit et Logicae naturam ac proprietates inquirere non ad Logicam sed ad metaphisicam spectet, tamen, quia imperfecta posset merito censeri illius artificis cognitio qui quid sit id quod tractat ignoraret, et manca ejus hominis doctrina qui postea quam totam aliquam disciplinam sit edoctus quid fiat adhuc nesciat, ideo prima disputatio de Logica est habenda in qua ipsa aliarum scientiarum viribus adjuta, quod ad sui perfectam cognitionem attinet manifestet.

  A022000177 

 Contra Gentes, c. 54, a qua opinione non videtur multum alienus Plato.

  A022000177 

 Verum hanc foelicitatem hujus vitae imperfectam esse censebat Plato, quia, ut ait in Phædone, perfectam beatitudinem nequeunt homines in praesenti vita habere, eo quod animus noster in corpore res a materia omnino separatas non valet comprehendere aut perfecte cognoscere, et multis perturbationibus impeditus sapiens fieri non potest.

  A022000179 

 Quod vero de theoretica beatitudine tradit Aristoteles, eam non solum consistere in contemplatione Dei, sed etiam in contemplatione intelligentiarum, de beatitudine formali debet intelligi, non de [6] objectiva; et adhuc est falsum ioquendo de beatitudine essentiali: non enim nostra foelicitas consistit in cognitione Angelorum, tum quia sunt finitas perfectionis et imperfecta bona, tum quia homo non dependet ab Angelis, nec horum existentiam requirit aut ab illis fit.

  A022000179 

 a. 8, quia intellectus et voluntas sunt facultates universales, extendunt enim se ad omne verum et ad omne bonum; sed Deus est objectum universalissimum, continens in se omnem bonitatem et veritatem: ergo est objectum harum facultatum quod solum eas valeat satiare, quia reliqua omnia particularia non satiant praedictas facultates.

  A022000182 

 Objicio 2°: quia solus Deus non videtur explere appetitum nostrum, illo enim habito adduc ( sic ) appeteremus alia.

  A022000182 

 Sed contra praedicta objicio: quia beatitudo nostra debet consistere in aliquo bono quod possimus secundum rectam rationem agendo nobis diligere hujusmodi autem non videtur Deus, nam amare Deum propter nostram beatitudinem esset inordinatus amor et contra rectam rationem.

  A022000183 

 Ad primam objectionem, concessa majori, nego minorem: potest enim homo secundum rectam rationem amare Deum sibi ut illo fruatur, idque non est referre Deum ad se, sed potius referre seipsum ad Deum; nam aliter amat sibi homo Deum, aliter sanitatem et alia particularia bona, quia haec ordinat ad seipsum tanquam ad finem, eoquod vel ex natura vel ex Dei ordinatione hae res ipsum habent pro fine; Deum vero non ordinat ad se ut ad finem, sed illum amat ut ultimum finem cui cupit uniri, unde eo amore non se diligit plusquam Deum, cum amet Deum ut ultimum finem.

  A022000183 

 Ad secundam nego antecedens: habito enim Deo essentialiter satiatur appetitus hominis et habet omne bonum, etiam bona extrinseca distinctaque a Deo in radice saltem et fonte; quare non obstat quod homo posset appetere alias perfectiones praeter Deum, quia ille etiam dimanant a Deo et ordinantur ad Deum tanquam ad ultimum finem.

  A022000186 

 Amor etiam est quaedam tendentia, non consecutio, in qua tamen essentialiter debet sita esse beatitudo; haec autem volitio in qua beatitudo essentialiter consisteret, esset perfectissima quam homo viribus naturae habere valeret.

  A022000186 

 Deinde ratione arguitur, quia non consistere essentialiter in delectatione patet ex eo quod delectatio supponit consecutionem ex eaque sequitur et non est precipuum bonum nec per se primo intentum.

  A022000186 

 Unde debet [8] esse cognitio rei amatae et concupitae; quod si aliquis cognosceret Deum non amatum, non esset beatus, quia non esset consecutio; solum enim dicitur aliquis consequi quod volebat, non quod nolebat aut non amabat.

  A022000186 

 a. 2, dicat tantum velle Aristotelem locis citatis beatitudinem esse in parte rationali, non tamen determinare an in voluntate vel in intellectu.

  A022000187 

 Ex iis ergo omnibus colligimus essentialiter beatitudinem supernaturalem hominum ut et Angelorum tantum consistere in visione clara Dei, ut est comprehensio, non ita ut comprehensio significet adaequatam cognitionem objecti, sed prout significat tentionem, ut ita dicam, objecti desiderati et sperati, juxta id Canticorum, 3: Tenui illum, neque dimittam..

  A022000207 

 Propterea non timebimus dum turbabitur terra, et transferentur montes in cor maris..

  A022000212 

 Eripe me de luto ut non infigar; libera me ab iis qui oderunt me, et de profundis aquarum.

  A022000212 

 Infixus sum in limo profundi, et non est subdtantia; veni in altitudinem maris, et tempestas demersit me.

  A022000212 

 Non me demergat tempestas aquæ, neque absorbeat me profundum, neque urgeat super me puteus os suum.

  A022000217 

 In te, Domine, speravi; non confundar in æternum..

  A022000217 

 Nam et ipse Deus meus, et salutaris meus; susceptor meus, non movebor amplius.

  A022000217 

 Quia ipse Deus meus, et salvator meus; adjutor meus, non emigrabo.

  A022000248 

 Quidquid sit, o Domine, in cujus manu cuncta sunt posita et cujus omnes viæ justitia et veritas; quidquid de illo æterno prædestinationis ac reprobationis arcana cujus judicia abyssus multa circa me statutum a te fuerit, qui semper es justus Judex et misericors Pater, diligam te, Domine, saltem in hac vita, si diligere non dabitur in aeterna; et saltem, te hic amabo, o Deus meus, et in [19] misericordia tua semper sperabo, et semper adjiciam super omnem laudem tuam, quidquid in oppositum angelus Satanæ suggerere non desinat.

  A022000248 

 Si meis exigentibus meritis maledictus de maledictorum numero sum futurus qui faciem tuam suavissimam non videbunt, da mihi saltem ut ex numero eorum non sim qui maledicent nomini sancto tuo..

  A022000285 

 En suitte dequoy je considereray que nostre amoureux Sauveur est la lumiere des Gentilz et la lumiere qui dissipe les tenebres du peché; sur quoy, faysant une sainte resolution pour toute la journee, je chanteray avec David: Mane adstabo tibi et videbo, quoniam non Deus volens iniquitatem tu es; Je me leveray de bonne heure, et me mettant en vostre presence, je considereray que vous estes le Dieu auquel desplait l'iniquité; partant je la fuyray de tout mon possible, comme chose souverainement desaggreable a vostre infinie Majesté..

  A022000290 

 — Parfoys je me retourneray a [30] mon Dieu, mon Sauveur, et luy diray: Ecce non dormitabit neque dormiet, qui custodit Israel; Non, vous ne dormes ny ne sommeilles poinct, o vous qui gardes l'Israel de nos ames.

  A022000291 

 Je me souviendray encores de ce verset: Scuto circumdabit te veritas ejus, non timebis a timore nocturno; L'escu de la foy et ferme confiance en Dieu me couvrira, c'est pourquoy je ne dois avoir peur de chose quelcomque.

  A022000301 

 Et lhors, considerant que Nostre Seigneur est la lumiere pour revelation des Gentilz et la lumiere qui destruit les tenebres de peché, faysant resolution pour toute la journëe, m'imaginant d'assister a quelqu'un des saintz misteres, je diray avec devotion et crainte: Mane adstabo tibi et videbo, quoniam [ non ] Deus volens iniquitatem tu es, a fin que, considerant que le peché desplaist a ce grand Dieu, je me garde la journëe d'en fayre..

  A022000315 

 Huictiesmement: finalement, je m'endormiray en l'amour de la seule et unique bonté de mon Dieu; je gousteray, si je puys, ceste immense bonté, non en ses effectz, mays en elle mesme; je boiray ceste eau de vie, non dans les vases ou fioles des creatures, mays en sa propre fontayne; je savoureray combien ceste adorable Majesté est bonne en elle mesme, bonne a elle mesme, bonne pour elle mesme; voire, comme elle est la bonté mesme et comme elle est la toute bonté, et bonté qui est eternelle, intarissable et incomprehensible.

  A022000360 

 Non quil ne faille par tout mesler l'exquis, le bon et l'indifferent, mays pour autant quil faut s'accommoder a le mesler selon la diversité des personnes..

  A022000392 

 Atque haec tremens timensque notabam, anno 1590, 15 Decembris, ne si postea sententia ea quam confirmavi cum adolescerem, cum aetate, doctrina experitior, judicio vel sententia Ecclesise verior videri perseveret, ut visa est tunc in infantia mea; ex qua in ejus confirmatione meditatus sum quaeque rem astringere videntur a me forsan desiderarentur; id enim aliquando speculando accidit in puncto quod non accidit in anno.

  A022000393 

 Credidi enim, propter quod locutus sum, non, locutus sum propter quod credidi; hoc est: fides debet esse regula credendi, sed claudat omnia humilitas: ego autem humiliatus sum nimis.

  A022000393 

 Haec ergo ita scripsi humillime, ut pro sententia quam Ecclesia Catholica, Apostolica et Romana, Mater mea et columna veritatis amplexa est, aut deinceps amplectetur, non modo omnes, omnino omni meo renitente intellectu, quas habeo aut habiturus sum conclusiones, sed etiam caput ipsum a quo manant prorsus abjicere sum paratissimus, nec quidquam unquam dicturus sum, dum Deus dabit intellectum, nisi id quod fidei Catholicae conformius videbitur.

  A022000397 

 Revu sur le texte inséré dans le Procès de non-culte.

  A022000402 

 Ces choses, donc, je les ai écrites très humblement, étant tout prêt à abandonner non seulement les conclusions que j'ai prises ou prendrai, mais la tête même qui les a conçues, et cela, même si toute mon intelligence y répugne, pour embrasser l'opinion qui est ou qui sera à l'avenir adoptée par l'Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, ma Mère et la colonne de vérité.

  A022000402 

 Et jamais je ne dirai aucune chose, tant que Dieu me donnera l'intelligence, que ce qui sera le plus conforme à la foi catholique, car j'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé, et non j'ai parlé parce que j'ai cru; ce qui revient à dire: la foi doit être la règle de la croyance; mais que l'humilité soit la conclusion de tout: et je suis grandement humilié.

  A022000409 

 Ecclesiae consona sint; si secus faxit, pereant haec scripta, et cum caeteris non conserventur.

  A022000409 

 Ipse sapientiam dat parvulis, non superbis; ipse est «Lumen cordium, Pater pauperum, Dator» luminum, in cujus lumine videbimus lumen: ipsi laus in saecula saeculorum, cum Patre et Filio.

  A022000409 

 Quia tamen possem ita decipi, ut quod videtur non esset, me per omnia Spiritui Paraclito qui per Ecclesiam nostram moderatur ingenia, committo.

  A022000410 

 Deus autem ipse est Pater totius consolationis, nec inde gloriari nos oportet quasi quid-quam sit ex nobis tanquam ex nobis, nam, ut alibi ostendi, omnis sufficientia nostra a Deo; non enim liberi arbitrii seclusa gratia, opera prsevisa dicuntur ratio praedestinationis, sed semper opus est praevisione gratiae Domini, per cujus misericordiam in domum ejus ibimus si in hac vita pedes nostri in atriis tuis, Hierusalem, fuerint, sine enim Christo nihil possumus facere..

  A022000411 

 «Tu Rex gloriae Christe; tu Patris sempiternus es Filius; tu ad liberandum suscepturus hominem, non horruisti Virginis uterum;» Jesu, fili David, osanna, osanna.

  A022000414 

 Revu sur le texte insere dans le Proces de non-culte.

  A022000418 

 C'est lui qui donne la sagesse aux petits, non aux orgueilleux; c'est lui qui est la «Lumière des cœurs,» le «Père des pauvres,» le «Distributeur des» lumières, dans la lumière de qui nous verrons la lumière.

  A022000427 

 Quae pag. XV, LXII et LXX ex multis observavimus de praedestinatione praevisis meritis confirmari possunt authoritate D. Petri Emotte, doctoris theologi Parisiensis, in sua egregia Confessione fidei, titulo hac de re, ubi diserte id quod nos asserit: non modo scilicet [51] reprobationem fieri praevisis demeritis, sed etiam praedestinationem praevisis meritis, idque constanter probat.

  A022000428 

 Consequens absurdissimum, ergo antecedens explicatur; nam in contraria opinione damnatio non est finis nec absolute per se volita, sed est medium castigandorum malorum et suppositis malis volita.

  A022000428 

 Exemplum sit: Volo absolute medicinam; si statutum extaret ne quispiam medicinam acciperet insegrotus, deberem velle segritudinem tanquam medium, aut sane medicinam non volo efficaciter.

  A022000428 

 Similiter: Volo aliquem condemnare, ego judex; quia non possem [53] condemnare nisi citetur, debeo citationem facere.

  A022000429 

 Major patet, quia Deus cum sua natura sit communicabilis, non potest ei per se et suapte natura grata esse privatio sui, et quia modus loquendi Scripturarum repugnat, quae Deum glorificationis nostrae avidum praedicant ubique, et nostri interitus miserantem atque paratum id avertere aversis peccatis.

  A022000429 

 Secundo probatur: Deo non placet damnatio aut reprobatio ut reprobatio est, maxime quatenus dicit privationem, sed tantum quatenus justa est; at justa esse non potest sine ordine ad culpam, ut per se patet: ergo neminem reprobat sine ordine ad culpam, non ad culpam non praevisam, quia ad non praevisum nihil ordinare possumus, ergo ad culpam praevisam.

  A022000429 

 Tum vero ait Psaltes: Non mortui laudabunt te, Domine, nec omnes qui descendunt in infernum.

  A022000430 

 Deinde, quid hoc est: Deus tibi non deest nisi tibi desis? Sane mihi defuit in fundamento, cum nec mihi affuissem aut defuissem, si vera esset ea opinio, durior omni ferro.

  A022000430 

 Denique, nonne Deus fecit hominem ut eum videret? cur ergo eum ad non videndum sine alia praevia causa determinavit? [55] Deinde, quotiescumque duae causae ita se habent, ut posita una sine alia causa effectum consequi non possit, qui unam non habet non dicitur effectum posse consequi, et qui unam tollit, effectum tollit.

  A022000430 

 Id autem in nostra sententia nihil urget, cum non neget voluntatem ante peccata nostra praevisa..

  A022000430 

 Sed sine Dei voluntate nihil possumus; ergo ea sublata, salvari non possumus, et ea sublata et remota negatave a Deo, effectus negatus videtur, scilicet gloria, quod absurdissimum est.

  A022000430 

 Tertio: Perditio tua ex te, Israel; Plantavi vineam, expectabam ut faceret uvas, fecit lambruscas; Cunctos fecit vocare ad convivium; Omnes vult salvos fieri; Venite ad me omnes: hae sane locutiones proprie nec congrue intelligi possunt si prius quibusdam determinaverit non dare gloriam; esset enim illudere eum ad nuptias vocare quem nullis suis meritis excludere constituisti.

  A022000431 

 Exemplum est si Rex velit occidere Titium, et tamen nolit eum occidere injuste: opportet ut praevideat ejus culpam, aut ut cogat ut culpam admittat, vel sane se committet periculo non occidendi Titium juste ut decreverat.

  A022000431 

 Haec autem [56] omnia blasphemiae sunt; ergo, Deus non reprobat sine praevisis peccatis.

  A022000432 

 In hanc + sententiam notandum est: Primo, posse [57] forsan hanc sententiam, quod scilicet praedestinatio fiat sine praevisis operibus, reprobatio autem minime, hoc modo explicari, ut Deus primo det cunctis hominibus auxilium sufficiens; deinde, cum videat multos eo non utentes, hos reprobet; alios vero, tam utentes quam non utentes, per media efficacia salvet: ita ut inter non utentes, quosdam damnet, alios efficaciter a praecipiti damnationis cursu retrahat.

  A022000433 

 Sed notandum est secundo, non respondere hanc sententiam ei sententiæ Domini: Nonne si bene egeris [58] recipies? quia potius dicendum esset: Non[ne] si recipies bene ages?.

  A022000434 

 Notandum tertio, non esse jam ullo testimonio Scripturae firmam hanc sententiam; cum enim necesse sit eam respondere authoritati Pauli ad Romanos, et ea authoritas non magis probet unum quam aliud, necesse est dicere neutrum probare..

  A022000435 

 Notandum quarto, hoc modo talem decisionem seu sententiam remanere ex iis quas jurisconsulti apellant ( sic ), quibus lex non resistat nec assistat (imo resistit etiam aliquo modo, et fortiter, ut deinde comprobari posset)..

  A022000436 

 Notandum quinto: Si Deus alioquin damnandos salvet, ubi justitia? Quomodo retribuet unicuique secundum opera sua, cum potius deberet dici unumquemque operaturum secundum retributionem suam? Deinde, quare Deus vidit damnandos peccare, non videndo alios? bene facere quare quosdam vidit, potius quam alios? et si vidit, quare potius dicemus ex peccatis præordinasse poenam quam ex meritis pæmium? [59].

  A022000437 

 Notandum sexto: Quomodo praemium, merces, bravium, triumphus, sine laboris ratione? Erit quidem liberalitas, sed non praemium, et operae nostrae essent compensatoriae munificentiae Dei, non meritoriae proprie..

  A022000438 

 Nam haec ad bonitatem Dei spectant (licet ad justitiam Dei non spectet damnare quemquam denegando media ei, ei, inquam, necessaria: nam quid ad rem si sufficiant aliis, non eis? Nec ad potentiam, cum tantum eluceat imo magis potentia Dei in salvando quam in damnando).

  A022000438 

 Notandum septimo, probabile esse multos ordinasse Deum optimum ad gloriam dando potentius medium, quibus si dedisset tenuius et ordinarium non condigne operati fuissent.

  A022000438 

 Sed non omnes ita vocatos existimandum est..

  A022000440 

 Nam, si verum est non damnari homines sine praevisione, cum respondendum sit ad Epistolam ad Romanos, remanet sine impugnatione posita sententia.

  A022000448 

 Dans son excellente Confession de fo i, sous le titre en question, il [51] affirme expressément la même chose que nous: à savoir, que non seulement la réprobation a lieu par suite des démérites prévus, mais aussi que la prédestination se fonde sur les mérites prévus, et il prouve cela avec force.

  A022000450 

 Donc, Dieu ne réprouve personne sans relation avec la faute; non avec la faute non prévue, rien ne pouvant être ordonné à quelque chose de non prévu: donc, avec la faute prévue.

  A022000453 

 Au sujet de la même opinion, il faut noter: Premièrement, [57] cette opinion, étant que la prédestination a lieu sans la prévision des œuvres, mais non la réprobation, pourrait peut-être s'expliquer en ce sens que Dieu tout d'abord donne à tous les hommes un secours suffisant; qu'ensuite, voyant que beaucoup n'en usent pas, il réprouve ceux-ci, et que les autres, soit qu'ils usent, soit qu'ils n'usent pas de ce secours, il les sauve par des moyens efficaces: en sorte que parmi ceux qui n'usent pas du secours suffisant, Dieu en damne certains, et les autres, il les retire efficacement du chemin de damnation où ils se précipitent.

  A022000457 

 Si Dieu sauve ceux qui autrement auraient du etre damnes, ou est la justice? Comment rendra-t-il à chacun selon ses oeuvres, puisqu'il faudrait dire plutot que chacun agira suivant ce qu'il recevra? Et puis, pourquoi Dieu a-t-il prevu les peches des futurs damnes, et non ceux des autres? pourquoi en a-t-il vu certains faire le bien, plutot que d'autres? et s'il a tout vu, pourquoi dirons-nous qu'il a preordonne le chatiment d'apres les peches, plutot que la recompense d'apres les merites? [59].

  A022000458 

 Comment peut-il y avoir prix, salaire, récompense, triomphe, sans relation avec un travail accompli? Ce sera de la libéralité, mais non un prix, et nos travaux seraient une compensation offerte à la munificence de Dieu, mais ne seraient pas proprement méritoires..

  A022000459 

 Cela convient, en effet, à la bonté de Dieu (bien qu'il ne convienne pas à la justice de Dieu de damner quelqu'un en lui refusant les moyens, à lui, dis-je, nécessaires: en effet, qu'importe si ces moyens suffisent à d'autres, non à ceux dont il s'agit? Cela ne convient pas davantage à sa puissance, attendu que la puissance de Dieu se manifeste tout autant, et même davantage, en sauvant qu'en damnant).

  A022000466 

 Est locus uspiam in Scriptura Veteri, in quo praedicens Propheta futuram Christi redemptionem, ait non [63] dicendum amplius eo tempore, comedisse patres uvas non bonas, et dentes filiorum obstupuisse; quia, inquit, Christo veniente, filius non portabit iniquitatem patris, sed anima quae peccaverit, ipsa morietur..

  A022000469 

 Ad pedes beatorum Augustini et Thomse provolutus, paratus omnia ignorare ut illum sciam qui est scientia Patris, Christum crucifixum, quanquam enim quae scripsi non dubito vera esse, quia nihil video quod de eorum veritate solidam possit facere dubitationem; quia tamen non omnia video et tam reconditum misterium est [64] clarius quam fixe ab oculis meis victicoracis inspici possit, si postea contrarium appareret (quod nunquam futurum existimo); imo, si me damnatum (quod absit, Domine Jesu!) scirem voluntate illa quam ponunt Thomistae in Deo ut ostenderet Deus justitiam suam, libenter, obstupescens et suspiciens altissimum Judicem, post Prophetam dicerem: Nonne Deo subjecta erit anima mea? Amen, Pater, quia sic placitum est ante te; fiat voluntas tua.

  A022000469 

 Euge, serve parve, indigne quidem, sed fidelis; quia sperasti in me, confidens de misericordia mea, et quia in pauca (scilicet in glorificando me patiendo et per damnationem, si ita mihi placeret) fuisti fidelis, supra multa te constituam; et quia voluisti magnificare nomen meum, etiam patiendo, si opus esset (quandoquidem in eo parva est magnificatio et glorificatio nominis mei, qui non est damnator, sed JESUS), supra multa te constituam, ut beatitudine perpetua laudes me, in qua multa est gloria nomini meo.

  A022000469 

 Non descendes, sed ascendes ad montem Domini, tabernaculum Dei Jacob.

  A022000469 

 Non es mortuus, sed dormis; infirmitas non est ad mortem, sed ut conversus glorifices Deum.

  A022000469 

 Non est voluntas mea nisi sanctificatio tua, nihilque odivit anima mea eorum quae fecit.

  A022000469 

 Non mortui laudabunt me, neque omnes qui descendunt in infernum.

  A022000469 

 Per memetipsum juravi: quia fecisti rem hanc, id est, praeparasti cor tuum in obsequium justitiae meae, et non pepercisti tibi, acquiescens voluntati mese etiam usque ad gehennam propter me, benedicam tibi benedictione perpetua, et intres in gaudium Domini tui..

  A022000472 

 Revu sur le texte insere dans le Proces de non-culte et dans le II d Proces de Canonisation.

  A022000480 

 Alors non plus je ne devrai pas répondre autrement qu'auparavant [66]: Amen, Père, parce qu' il vous paraît bon ainsi.

  A022000507 

 Quo ad torum vero difficillime dissolvitur, quia quod erat contractus purus inter gentes quæ Deum non noverunt et nomen sanctum Dei non invocaverunt, et pura fides per consensum, nunc est augustissimum Sacramentum per Christum Dominum nostrum, cui, cum Patre et Spiritu Sancto, laus, honor, imperium; Beatissimae Dominae nostrse Mariae Deiparae Virgini, Sanctisque Petro et Paulo Apostolis, quorum hodie celebris memoria est ex Chatedra ( sic ) Sancti Petri in [69] Ecclesia; Sanctis Fabiano et Sebastiano, martiribus; Sanctis Joseph, Francisco et Bonaventurae, confessoribus.

  A022000537 

 Idque ita praecise ac concise, ut colligere ex iis precipua, cum omnia precipua sunt nullaque superflua operae pretium non videatur; maxime quia iis terendis initio tirocinii nostri bonas insumpserimus horas.

  A022000553 

 Instruunt copias bellicas Itali Principes et Germani; jam Anglus, Hispanus, Gallus, strictis gladiis, aerem terramque gemitibus et sanguine conturbant; regnum Scotiae, Angliae, Daniae in horrendum haeresum baratrum prolapsum est Polonicum, Ungaricum, Boemicum; ac quod omnem superat dolorem, Christianissimum olim Gallorum diadema in caput haeretici, aut potius in miserandum [73] exitii genus inclinatum, non sine lachrimis sentimus et contemplamur!.

  A022000554 

 Qui mecum non est, contra me est; an ( sic ) non Belial mecum est.

  A022000554 

 Quærite ergo primo regnum Dei, et omnia adjicientur vobis, ut constituatur rex a Deo super montem [74] sanctum Sion, qui prædicet praeceptum ejus et credat in nomine ejus et non ex sanguinibus, sed ex Deo natus sit..

  A022000554 

 Ut quid diligitis mendacium non servatæ promissionis experientia cognitum? Cur quaeritis et diligitis mendacium quo in futurum decipiamini? Quid ergo superest? Et mota est terra.

  A022000554 

 Ut quid diligitis vanitatem, dicentes: Quis ostendit nobis bona? Ego vulpecula non demoliar vineas.

  A022000565 

 Pourquoi aimez-vous le mensonge connu par l'expérience de la promesse non gardée? Pourquoi recherchez-vous et aimez-vous le mensonge qui vous causera tant de déceptions dans l'avenir? que reste-t-il donc? Et la terre a été remuée.

  A022000574 

 Quia vero illis temporibus fides catholica de augustissimo Trinitatis misterio ab haereticis impugnabatur atque ab iisdem haereticis authoritas Sanctse Sedis Apostolicae et catholicorum Conciliorum contemnebatur, primum primi Libri titulum posuit: «DE SUMMA TRINITATE ET FIDE CATHOLICA. » Atque «Summam» appellat Trinitatem, quia cum plures sint trinitates in rebus creatis (trinitas enim non unitatem, sed trium realem distinctionem notat), «de Summa» ait cum de Divina tractat, quia caeterae ejus respectu infimae sunt.

  A022000576 

 Jam vero quod additur: «ET UT NEMO DE EA PUBLICE CONTENDERE AUDEAT,» ita intelligitur, ut contendere quidem non liceat de fide, cum vetemur esse contentiosi, id est, pertinaciter et verbose, opinioni propriæ adhaerentes.

  A022000576 

 Licet enim de relligionis ( sic ) misteriis humiliter et cum submissione disserere, etiam aliquando publice, in concionibus contra haereticos, in publicis disputationibus et lectionibus; id enim non est de fide contendere, sed disputare, illustrandae veritatis gratia..

  A022000579 

 Quod autem ait Imperator: «Quem ex summo rerum Parente speramus et accipimus,» non innuit opinionem illam Grecorum de processione Spiritus Sancti a Patre tantum, cum illa multis post seculis exorta sit; sed loquitur de receptione Spiritus Sancti gratiae; ita enim dicitur hominibus dari Spiritus Sanctus a Patre per Filium, quem mittet Pater in nomine meo.

  A022000583 

 «Æquum est ut qui» statutis Summi Pontificis non parent, «ab Ecclesia habeantur extorres;» verumtamen «Ecclesia nunquam redeuntibus gremium suum claudit.» L. VI..

  A022000593 

 Mais parce que, à cette époque, la foi catholique au sujet du très auguste mystère de la Trinité était attaquée par les hérétiques, et que ces mêmes hérétiques méprisaient l'autorité du Saint-Siège Apostolique et des Conciles catholiques, il pose comme premier titre du premier Livre: «DE LA SOUVERAINE TRINITE ET DE LA FOI CATHOLIQUE.» Et il donne à cette Trinité le nom de «Souveraine» parce que, comme il y a plusieurs trinités dans les choses créées (car trinité désigne non l'unité, mais la réelle distinction des trois parties), il emploie le mot «Souveraine» quand il parle de la Trinité divine, parce que les autres sont infimes en comparaison de celle-ci.

  A022000597 

 Tout ce qu'ils obtiennent est non avenu et nul; ainsi, ce serment obtenu des nobles Français est nul en lui-même..

  A022000614 

 Haereticorum scripta comburantur; [L.] VIII. Haeretici [80] ab authore suo, non a Christo denominationem accipiant; ut a Calvino Calvinitae.

  A022000620 

 Quia non videtur satis pium eo loco pingi tantum signum, scilicet Crucis, et loco exprimi quo pedibus conteri possit.

  A022000632 

 Que les écrits des hérétiques soient brûlés; L. VIII. Que le [80] nom dont on désigne les hérétiques soit tiré du nom de l'auteur (le l'hérésie et non de celui du Christ; comme on dit Calvinistes, du nom de Calvin. L. VI..

  A022000645 

 Etsi satis apud me reputo quantum existimationis meae intersit ut eas vobis gratias agere enitar, quas exigit a me maximas sacrosanctum illud quod hodierna die in me collocastis beneficium, Reverendissime Proantistes, venerande Prior, Patres conscripti; cum [82] tamen iis agendis, ut par est, neque me satis esse, et vos gravissimis occupationibus intentos interesse commode non posse, cognoscam; vestrae commoditatis quam meae ipsius existimationis amantior, ab hoc debito grati animi officio libenter abstinuissem.

  A022000645 

 Si etenim me negligentem, ingratum ac stupidum adeo, ut praesens ac tantum munus non cognoscerem, nobilissimus iste consessus judicaret, quales vos esse judices diceret, qui tam praeclarum jamjam de me tulistis judicium?.

  A022000646 

 Agnosco, spectabiles Auditores, hoc in me collatum ab iis eximiis Patribus beneficium ejus esse generis, ut majus expectari in hac mortalitate non possit.

  A022000646 

 Caetera enim vel fortunae vel corporis sunt ornamenta; hoc unum doctoratus ipsam exornat virtutem, quae per se ornatissima [83] est; atque eo majus splendidiusque munus hoc existimo, quod non solum laurea, sed laurus ipsa mihi per hoc Gymnasium collata est; hoc est, non me solum doctorem fecit, sed etiam dignum qui doctor forem et nuncuparer..

  A022000648 

 Tune mihi Jacobi Menochii voces audire vivas licuit, cujus mortuas, id est praeclare scripta, cuncti mirantur ac suspiciunt, et cujus recessus Academiae magno futurus erat utique detrimento, [86] nisi in ejus locum Angelus Matheaceus, vir omni disciplinarum genere cumulatissimus, maturo plane consilio, non iniqua permutatione suffectus fuisset.

  A022000650 

 Duplicem ergo ab hac schola beneficentiam sum consecutus, quarum utra major sit nescio, utramque maximam esse non ignoro; nimirum ut doctor sim, et ut doctor esse potuerim..

  A022000681 

 Quare, de regressu cogitandum eo vel maxime fuit, quod non nisi equo peregrinari assuetis tribus, D. Joanne Deage, prœceptori colendissimo, et Galesio [93] fratri, et mihi, cum tantum 28 coronati superessent, equos non nisi triginta datis coronatis attribuere proxenetae ac ductores recusabant.

  A022000682 

 max., ut ejus diu desideratis auspiciis, universa toto orbe, Catholica Ecclesia, maxime vero Gallicana, eam experiatur tranquillitatem quae ad bene beateque vivendum ita conferat, ut populi Catholici, de manu inimiconim suorum liberati, in sanctitate et justitia coram ipso, serviant illi omnibus diebus vitae suae, «cui servire regnare est,» et gens et regnum quse illi non servierit peribit..

  A022000684 

 Nihil praeterea quae in similibus titulis (lib. XII ff ) adnotare placuit; nisi illud forsitan fuisse additam partem eam tituli De rebus creditis ut videlicet Codex domini Justiniani, saltem in speciem, hoc nobilissimo titulo destitutus, inferior libris Pandectarum jurisconsultorum non videretur.

  A022000707 

 Mulier non juvatur si sine obligatione pro alio solvat; [L.] 1.

  A022000707 

 Non autem obligatur etiam pro filio, quin possit opponere Velleianum; [L.] III. Non juvatur contra promissionem pro dote filiae; L. XII. Quae fuit Lex quam sorte mihi pro Examine solemni attribuit Collegium Patavinum tractandam, hoc anno, 5 die mensis Septembris, Priore domino Quarantaotto..

  A022000714 

 LITTERIS VERO MAJUSCULIS INSCRIBENDUM QUOD DICITUR L. I, scilicet: «IN IIS IN QUIBUS CORRECTIONEM MORUM INDUCIMUS, FISCI RATIONEM HABERE» NON DEBEMUS. Cujus Legis observatio parum urget hoc tempore, usurarii enim et sordidissimi quique fceneratores, postquam provinciam integram ad inopiam redegerint, si corripiantur, fisco omnia addicuntur; qua, sane, ratione nescio, cum ea non sint bona foeneratorum, sed pauperum debitorum.

  A022000721 

 Or, elle n'est pas obligée, même pour son fils, le Sénatusconsulte Velléien ne lui permettant pas de s'obliger; Loi III. Elle n'en reçoit pas non plus de secours quand elle promet de doter sa fille; Loi XII. C'est cette Loi que, par voie de tirage au sort, m'attribua pour mon examen solennel le Collège de Padoue, en cette année, le 5 septembre, messire Quarantotto étant Prieur..

  A022000738 

 Quod fecerat optima et charissima mater erga me, dum solum me et unicum haberet filium; postea tamen revocata est hujusmodi donatio, non ulla materni amoris remissione, sed fratrum, quibus Deus benedicat, accessione: quos ut non mihi sic nec me illis praeferre, communis et prudentissima parens judicavit..

  A022000762 

 C'est ce qu'avait fait pour moi ma très bonne et très chère mère lorsqu'elle n'avait encore que moi comme seul et unique fils; dans la suite, pourtant, cette donation fut révoquée, non par une diminution de son amour maternel, mais parce qu'il m'était survenu des frères, que Dieu bénisse: notre commune et très sage mère a jugé que, de même qu'elle ne les préférait pas à moi, ainsi elle ne me préférait pas à eux..

  A022000833 

 Domine, confine undas gratiae tuae! Domine, recede a me, quia non possum sustinere tuae dulcedinis magnitudinem, unde prosternere me cogor..

  A022000950 

 Il ne portera au doigt que le seul anneau qu'on appelle pastoral, et que les Evesques doivent porter pour marque de l'alliance qu'ilz ont contractee, et qui les tient liés et obligés a leur Eglise non moins estroittement que les maris a leurs espouses..

  A022000951 

 Sa ceinture pourra estre de soye, non pas toutesfois pretieuse, et en icelle il portera son chappelet attaché.

  A022000952 

 Sa tonsure sera tousjours en estat d'estre fort bien reconneüe, sa barbe ronde, non pointue, et sans aucunes moustaches qui passent la levre superieure..

  A022001090 

 Et pour pouvoir commencer promptement l'exercice catholique a Thonon, reparer l'eglise, avoir les paremens necessaires, peut estre pourroit il suffire qu'il pleut a Son Altesse accorder les aumosnes de Ripaille et de Filliez, retardees et non payëes, et semblablement les [151] pensions des ministres non payëes cy devant, qui ne se trouveront point avoir esté rapportees au prouffit de Messieurs de Saint Lazare ou au service du Prince: aussi bien, autrement, sont ce choses perdues.

  A022001097 

 Au reste, il y avoit parmi les huguenotz un Consistoire, composé pour le plus et presque tout de gens laicz, ou praesidoit un homme laiz et assistoit un des seigneurs officiers de Son Altesse, sans y avoir voix decisive; et la estoyent corrigés, repris et censurés de paroles et de quelque legere peyne, les vices que le magistrat n'a pas accoustumé de punir: comme ivroigneries, jeuz, noyses, luxures; en quoy le peuple se tenoit en discipline, non sans autant de fruict que le mauvais fondement de leur religion le peut permettre.

  A022001105 

 Il y a parmi les huguenotz un Consistoire, composé pour la pluspart et quasi tout de gens laicz, ou praeside un homme laiz et y assiste l'un des seigneurs officiers de Son Altesse, sans y avoir aucune voix decisive; et en ce Consistoire sont corrigés, repris et censurés de paroles et de quelque legere peyne, les vices desquelz le magistrat n'a pas coustume de chastier: comme ivroigneries, exces de balz, danses, jeuz, vestemens, banquetz, noyses entre mary et femme, desobeyssance du filz au pere, mauvais traittemens du pere au filz, luxures, adulteres, parolles deshonnestes, chansons lascives, juremens et blasphemes, et telles desbauches de jeunes gens; en quoy le peuple se tient en discipline, non sans autant de fruict que le mauvais fondement de la religion [155] sur laquelle ilz s'appuyent le peut permettre.

  A022001123 

 Rien ne peut arriver de plus utile a ceste province de Chablaix que si l'on construit et erige un college de la [162] Compaignie de Jesus en la ville de Thonon; car d'iceluy, non seulement maintenant plusieurs Religieux pourroyent aller par tous les autres lieux du diocese, mais encores, comme d'un Seminaire, plusieurs prestres et jeunes hommes pourroyent sortir par cy apres, qui porteroyent l'Evangile par toutes les villes et villages du voysinage.

  A022001144 

 Perché alcune persone virtuose, tocche dalla misericordia d'Iddio, sonno con humil pentimento ritornate a lui, et lasciate le tenebre della haeresia calviniana sonno venute alla vera luce di Christo Jesù, nostro vero Sole, et per mezzo nostro, in virtù della authorità che [168] ci è stata concessa della ( sic ) Santa Sede Apostolica, sonno stati ricevuti et abbracciati nell' osculo di pace dalla santa Chiesa Catholica, Apostolica, Romana: desiderando sommamente che vengano molti a simile pœnitentia, habbiam inteso con gran maraviglia che moltissimi sonno trattenuti nell' error con questo falso timor et vana paura, di non esser sicuri fra' Catholici delle loro vite et persone, non ostante le absolutioni fatte dall' authorità della Sede Apostolica, con dire che nella Chiesa Romana si adopra questa regola, cioè: Haereticis non est servanda fides; inventione veramente [169] diabolica per impedir l'anime di volar a Christo..

  A022001145 

 Però, a petitione di dette persone, habbiam fatto la prsesente, per certificar ogn'uno dell'ampio indulto Apostolico et sicurtà ch'egli ottenerà ogni volta che lasciarà l'haeresia non solo calviniana, ma di qualumque author esser si possa.

  A022001158 

 C'est pourquoi, à la prière des personnes susdites, nous avons fait la présente, afin d'assurer chacun du plus ample pardon Apostolique et de la sécurité qu'il obtiendra lorsqu'il abandonnera l'hérésie non seulement de Calvin, mais de tout autre fauteur.

  A022001169 

 Et a tout evenement, qu'au moins les revenuz des cures y soyent employés, avec une ample et perpetuelle provision; et quant aux revenuz des autres benefices non cures, que pour troys [ans] ilz soyent levés pour la restauration des eglises, autelz et autres choses necessaires pour les exercices de pieté, a quoy la pauvreté des peuples ne sçauroit prouvoir a ce commencement..

  A022001175 

 Que les heretiques soyent privés de toutes charges [172] publiques, offices et estatz, non seulement qui dependent immediatement du service de Son Altesse, mais encores des charges et offices dependans des jurisdictions inferieures et subalternes, sur tout de la comté des Alinges, et autres biens des sieurs Chevaliers de Saint Lazare..

  A022001194 

 Qu'il soit defendu a toutes personnes de lire ou tenir livres heretiques, censurés et prohibés, et faict commandement a ceux qui en ont de les remettre dans le moys es mains du Reverendissime Evesque; lequel moys expiré, pourront lesditz deputés en faire recherche particuliere par les maysons, et y proceder par censures ecclesiastiques et autres peynes de droit, assistés des officiers locaux pour leur faire main forte et y proceder, non obstant opposition et appellation..

  A022001230 

 Et non solo è necessaria questa provisione de theologi, ma anco di dar modo alli curati di poter vivere et servire nelle loro parrochie con decentia, poiché sonno essi che portano pondus diei et æstus.

  A022001230 

 Onde ritrovandosi molti curati tanto poveri che sonno costretti abandonar i loro figlioli spirituali, si supplica che ogni volta che detto Vescovo sarà richiesto, etiam extra visitationem generalem, possa assignarli congrua portione sopra le decime, primitie et oblationi di dette parrochie, possedute dalli Abbati, Priori o altri ecclesiastici, non ostante qual si voglia oppositione o appellatione..

  A022001231 

 Altrimente, detti canonici verranno a disgregarsi per non haver modo di vivere, non senza gravissimo danno della diocsesi, alla quale servono et con prediche et coli' assistentia debita alli negotii del Vescovato..

  A022001231 

 Et perchè fra le parti necessarie ad una diocaesi una principale è un Capitolo cathedrale, essendo li canonici della Cathedrale di Geneva o dottori o gentilhuo- [183] mini, secondo il loro Statuto, et li canonicati non eccedendo 60 ducati, non possono per nessun conto, massime in questi tempi calamitosi, vivere secondo loro decentia et qualità.

  A022001231 

 Onde si supplica che possano, insieme con loro canonicato, ottenere et ritener chiese parrochiali, mettendovi vicarii idonei et visitandole a certi tempi; poiché non possono aspirar ad altri beneficii, essendo quasi tutti de jure patronatus et si danno doue pare alli patroni.

  A022001232 

 Essendo li frutti della mensa episcopale tanto tenui che a paena bastano per la decente sustentatione [184] del Vescovo, massime adesso che glie conviene far grandissima spesa nell' andar [a] consecrar et benedire le chiese, cimiterii et altari delli convertiti et confìrmarli: per tanto si supplica a Sua Santità di esimerlo d'ogni pagamento di decime concesse al Duca di Savoia, rimettendo la parte ch'a luy ( sic ) tocca, per esser pagata dall' altri beneficiati di Savoia che non hanno da supportar tanti carichi et sonno più commodi..

  A022001233 

 Sonno poi molti sudditi o tagliabili del vescovato, astretti ad infinite servitù quali rissentono più presto il paganesimo che il Christianesimo: che morendo senza figli non possano testare, anzi ricadino i loro beni al Vescovo; che devano imporre silentio alle rane mentre il Vescovo dorme, et altri simili impertinentie.

  A022001237 

 Essendo molti haeretici, et per queste guerre anco rilassi, originarli o habitanti di quella diocaesi, desiderosi di venire nel grembo della Chiesa, lasciano di risolversi, massime le donne, vecchi, servitori et altri simili, per non voler venire dal Vescovo: si supplica a Sua Santità che havendo compassione alla infìrmità di queste pecorelle smarrite, dia facoltà et licentia perpetua, tanto a lui et suo Vicario, quanto a diece o dodeci persone dotte et habili da elegersi dal detto Vescovo, di assolvere detti haeretici, etiam relassi, di qual si voglia haeresia.

  A022001249 

 Sans l'autorisation désirée, les chanoines, n'ayant pas de quoi vivre, se disperseront, non sans grand préjudice du diocèse qu'ils servent par leurs prédications et en prêtant leurs concours aux affaires de l'évêché..

  A022001268 

 Praetereaque restaurandae sunt dirutae pene omnes sacrae aedes, et ferenda alia, non sine magnis expensis, onera..

  A022001273 

 Exponit humillime Tuae Beatitudini Claudius Granierius, Episcopus Gebennensis: Ob provinciae paupertatem fructuumque praebendarum theologalium tenuitatem, non inveniuntur theologi qui eas acceptare velint, cum nihilominus ad spargendum divini verbi semen in ea diaecesi maxime sint necessarii..

  A022001279 

 Supplicat idcirco Sanctitati Tuae, uti ei licentiam dignetur impertiri iis curionibus congruam assignandi portionem, etiam extra visitationem generalem, super decimis, primitiis et oblationibus ab Abbatibus, Prioribus aliisve ecclesiasticis possessis, prout judicabit necessarium, non obstante oppositione quavis vel appellatione.

  A022001284 

 Quapropter supplicat Sanctitati Tuae, uti concedere dignetur licentiam in quarto consanguinitatis vel affinitatis gradu dispensandi, eosque qui hactenus, eo non obstante quarto gradu, matrimonium contraxerunt, absolvendi, cum potestate prolem tali modo susceptam legitimam declarandi, hocque saltem in conscientiae foro; quandoquidem et paupertate, ne Romam mittant, impediuntur, et angustia loci coguntur simul contrahere.

  A022001289 

 Haec autem licentia petitur perpetua, quia cum datur ad tempus, finito eo, ubi statim nova non potest obtineri, plerique non tepescunt modo, sed frigidi fiunt redeuntque ad vomitum, vel dum haec expectatur licentia, non sine gravi animarum detrimento, moriuntur.

  A022001289 

 Supplicat Sanctitati Tuse, uti non sibi tantum et generali Vicario, sed et decem aut duodecim viris doctis et perspicacibus eligendis, eos haereticos, seu relapsos, ab omni hseresi absolvendi licentiam dignetur concedere; et in hunc effectum, utque illorum objectionibus respondere ii sacerdotes queant, potestatem, absque conscientiae scrupulo, habendi et legendi libros prohibitos, eos autem maxime quos quotidie haeretici in lucem emittunt; quandoquidem non ita facile possunt aliter convinci.

  A022001298 

 Supplicat humillime Sanctitati Tuae Claudius Granierius, Episcopus Gebennensis, uti cum Canonicis Ecclesiae suæ cathedralis dispensare dignetur ad obtinendas retinendasque una cum canonicatibus ecclesias paraeciales, collocando in iis idoneos vicarios et quid ad animarum habendam curam sufficiant; quandoquidem omnes sunt vel nobiles, vel doctores, et nequeunt cum [196] canonicatus fructibus, qui sexaginta ducatorum summam non excedunt, decenter vivere, nec ad alia possunt adspirare beneficia, cum omnia fere de jure patronatus sint, nec possint idcirco absque praesentatione patroni obtineri.

  A022001302 

 Sunt et nonnulli quibus servitus est curandi per noctem, dum dominus dormit, ne ranse coaxent; quae quam indigna sint homine christiano nemo est qui non videat.

  A022001318 

 Et d'ailleurs il faudra restaurer les édifices sacrés, presque tous ruinés, et supporter d'autres charges, non sans de grandes dépenses..

  A022001339 

 Et cette permission est demandée pour toujours, parce que lorsqu'elle est donnée pour un temps, quand celui-ci est écoulé et qu'on ne peut obtenir sur le champ une permission nouvelle, la plupart deviennent non seulement tièdes, mais encore froids et retournent à leur vomissement; ou bien, pendant qu'on attend cette permission ils meurent, non sans grand détriment pour leurs âmes.

  A022001339 

 Supplie Votre Sainteté qu'Elle daigne concéder non seulement à lui-même et à son Vicaire général, mais encore à dix ou douze hommes doctes et habiles, qu'il aura à choisir, la permission d'absoudre de toute hérésie ces hérétiques ou ces relaps; et pour cet effet, et afin de répondre à leurs objections, la faculté pour ces prêtres de pouvoir posséder et lire, sans scrupule de conscience, les livres défendus, et surtout ceux que chaque jour les hérétiques mettent en lumière; attendu qu'on ne peut pas si facilement les convaincre autrement.

  A022001370 

 Verum, quia non habent quo decenter vivant, non enim quilibet eorum canonicatus sexaginta ducatorum est; Thononi autem erat antiquitus ecclesia cum conventu Ordinis Eremitarum Sancti Augustini, valoris annui centum nummorum circiter, unita Militiae Sanctorum Mauritii et Lazari a Gregorio, fcelicis recordationis, Papa decimo tertio, sub praetexta causa quod populus ille longe a convertione esset; conventus autem ille destructus, et ecclesia multas patitur ruinas, unde impossibile fere esset Fratribus illis restruere.

  A022001393 

 2° Più, perchè il vescovato di Geneva ha molti sudditi chiamati talliabili, li quali sonno astretti a moltissime servitù barbare, come sonno: che morendo senza figliuoli non possano testare nè disporre d'alcuna cosa loro, neanco in favore de poveri, de chiese, mogli, fratelli, nè in altra maniera qualunche, ma ricaddino tutti li loro beni mobili et immobili al Vescovo; item, che debbano imporre silentio alle ranochie mentre che il Vescovo dorme, et simili.

  A022001393 

 Et se pur moiono nella patria, fanno et in morte et in vita quanto ponno, con varie cautele et inganni, per privar il signor loro della debita heredità; et ne seguono molti inconvenienti, non solo nel temporale, ma anco nel spirituale.

  A022001393 

 Onde nasce che questi tali restano per lo più villissimi et d'animo et di corpo, nè ponno capitar mai bene in matrimonii; et se haveranno [206] qualche bona sorte, o cangiano habitatione, andandosene [a] stare in Germania et altre provincie, dove sopragiungendoli la morte, non possa il Vescovo signor loro havere li loro beni.

  A022001393 

 Per tanto si era medesimamente supplicato alla Santa Sede, acciò si degnasse dar licentia a detto Vescovo di affrancar et liberare detti suoi sudditi dalle sopradette servitù et miserabili conditioni, mediante una summa de danari, secondo sarà avisato, da convertirsi in evidentem mensa episcopalis utilitatem; che cosi si farà un benefìtio singolare, et spirituale et temporale, alli sudditi, et crescerà la mensa episcopale di ordinaria et certa entrata, con più utilità, senza comparatione, che non si può cavare da quelle accidentarie heredità che sonno tutte o pochissima cosa, o litigiose..

  A022001394 

 Onde essendosi ricorso con più Memoriali da detto Sig r Cardinale et ricordato spesse volte al signor suo Secretano acciò si degnasse scrivere conforme all' intento di Sua Beatitudine, et havendo sempre havuto risposta che si faria et non mai che fosse fatto: per tanto, se V. S. Ill ma et R ma sin adesso non havesse havuto l'ordine necessario per questo negotio, si supplica che la sia servita [208] di ridurlo in memoria a detto Sig r Cardinale, acciochè il Vescovo rissenta l'effetto della gratia della Santa Sede..

  A022001395 

 3° Più, si era anco supplicato a Sua Santità acciò si degnasse applicare et assignare una prebenda monacale di ciascheduno monasterio o priorato della diocesi di Geneva, vacante o da vacare, alla sustentatione de' canonici theologali che in molti luoghi sonno necessariissimi, et non si possono altrimenti stabilire per la essiguità delle prebende theologali; et a questo non fu [209] risposto assolutamente, ma restò in suspenso il decreto.

  A022001396 

 4° Et per aprir tuttavia più il passo, si espone come in molti di quelli monasterii, badie et priorati sonno parecchie prebende, chiamate laiche, le quali si danno a persone inutilissime et a servitori, non de' monasterii, ma d'Abbati et Priori commendatarii, in ricompensa delli servitii.

  A022001396 

 Tali sonno le prebende de' taglialegni, portinari, cuochi, maestri di cucina; poiché non vivendo li monaci in commune nè [in] clausura, non hanno simili ufficii, et si danno queste prebende ad huomini puramente laici, habitanti fuori et spesse volte lontani delli monasterii; onde almeno di queste si potria pigliar senza difficoltà, et se più non si potesse ottenere, almanco si ottenesse per la Cathedrale..

  A022001398 

 Il che saria necessario non solo per detto Prevosto, ma anco per quelli che ad breve tempus saranno commessi dal Vescovo di Geneva, attesa la moltitudine delle messi et paucità de messori..

  A022001398 

 Le quali clausule impediranno molto del frutto che senza quelle si potria cavar, mediante la grafia di Dio et delle fatiche di detto Prevosto, il quale non potrà attendere a confessar tutti quelli che alle volte si vorranno convertire [211], E molti sonno ben disposti ad abracciare la santa fede, che non sonno ancora ben disposti alla confessione; altri, che per altri rispetti desiderariano di confessarsi ad altri che a detto Prevosto.

  A022001407 

 Que s'ils meurent dans leur patrie, ils font tout ce qu'ils peuvent à leur mort et pendant leur vie, pour priver leur seigneur, à force de précautions et de fraudes, de l'héritage qui lui est dû; de là s'ensuivent mille inconvénients non seulement pour le temporel, mais aussi pour le spirituel.

  A022001410 

 Et pour lui ouvrir encore plus la voie, on expose ce qui suit: Il y a, dans bon nombre de monastères, abbayes et prieurés, plusieurs prébendes dites laïques que l'on donne à des personnes très inutiles, et à des serviteurs non des monastères, mais des Abbés et Prieurs commendataires, en rétribution de leurs services: telles, les prébendes des bûcherons, des portiers, des cuisiniers, des intendants de cuisine.

  A022001412 

 Ces pouvoirs seraient nécessaires non seulement au Prévôt, mais encore à ceux qui seront délégués sous peu par l'Evêque de Genève, à cause de l'abondance de la moisson et de la pénurie des moissonneurs.

  A022001420 

 Que le Brief rapporté par luy du Saint Siege a esté demandé, accordé et obtenu pour le service de Dieu, de l'Eglise et de Son Altesse, a laquelle il touche de le [213] soustenir, et non a celuy qui, comme simple serviteur, le porte et produit, et qui n'a en cest affaire autre interest que le general de l'advancement du royaume de Dieu..

  A022001425 

 Ceste clausule non minore est apposee en faveur de nostre cause..

  A022001425 

 Tertio: cum dote non minore.

  A022001433 

 Mais cela n'est en aucune façon pretexte, car c'est une pure et sainte realité, a laquelle non seulement Clement, mais Gregoire prouvoit: Ita tamen..

  A022001475 

 Et se bene vivono per [223] ancora tutti li Religiosi, pure è succeduto un caso fra li Religiosi la vigilia de Tutti Santi, il quale, s'io non m'inganno, ci fa la strada a detta unione; perchè il monaco chiamato per l'ufficio suo Operario, diede delle stiletate et ferite con una mazza d'armi a duoi gentilhuomini di quella terra et ad un altro puover ( sic ) huomo, in numero et qualità tali che duoi delli tre feriti restano in articolo di morte et l'altro stropiato.

  A022001475 

 Nella Chiesa Cathedrale le prebende consistono in distributioni quotidiane lequali non eccedono, un anno per altro, sessanta scudi; onde saria necessario di unire alla prebenda theologale una prebenda monacale del priorato di Talloires.

  A022001476 

 Et se glie potriano unire una prebenda, cioè la prima vacante, delle dodeci de' Canonici regolari di Santo Agostino del priorato del Sepolcro di detta terra di Annessi, et un' altra di Bellavalle, dell' Ordine Cluniacense, doue vaca pur una prebenda; non arrivando le due prebende insieme a settanta scudi annuali.

  A022001476 

 La Collegiata di Annessi merita anco essa un canonico theologale, essendo la principale chiesa di detta terra, ben populosa et primaria del ducato di Genevoys, doue ciè seggio della justitia di quella provincia; et li frutti di quelli canonicati non arrivano a cinquanta scudi.

  A022001477 

 In Six ciè una prebenda vacante (è vero che si trattava di provederne); in Pellionex non è vacante nessuna..

  A022001477 

 La Collegiata di San Giacomo di Salanchia ancho essa ha bisogno di un theologo, et potria accomodarsi con una prebenda della badia di Six et un' altra del priorato di Pellionnex, ambidue de' Canonici regolari de Santo Agostino, simili a quelli di Tarentasa; et non arriveranno le due prebende monacali, coll' altra di Salanchia, a cento et vinti ( sic ) scudi.

  A022001478 

 In Entremont ciè una prebenda vacante, non in Contamina..

  A022001478 

 La Collegiata di San Giovanni Battista della Rochia, vicina tre leghe di Geneva, ha gran bisogno di theologo; et non arrivando le prebende di detta Collegiata a 25 scudi per anno, se glie potriano unire una [226] prebenda della badia di Entremontz, cioè Intermontium, de' Canonici regolari bianchi, liquali non hanno altri simili in Italia, che io sappia, et un' altra prebenda dèl priorato di Contamina, dell' Ordine Cluniacense; ascendendo le due prebende insino a cento scudi.

  A022001479 

 Et in effetto, Gregorio XIII glie ne concesse una, ma adesso non è ben pagato il theologo loro, dell' Ordine Dominicano, onde non può far residentia.

  A022001479 

 Et se bene in Eviano non è chiesa collegiata, [227] ma solamente due parrochiali, giudicò però la Santa Sede che stava bene di darglie un theologo a spese di quella badia..

  A022001480 

 In Rumilli ancora, se ben non vi è altro che un Curato et un Priore, con un Frate dell' Ordine Cluniacense in un' istessa chiesa, tuttavia, atteso che è luogho segnalato vicino a Geneva et doüe Sua Altezza fa alle volte residentia, staria benissimo che havessero un theologo con una prebenda di Altacomba, dell' Ordine Cisterciense, et un priorato rurale vicino a detta terra, dell' Ordine Cluniacense, chiamato priorato della Limosina; il quale, con detta prebenda di Altacomba, potrà arrivare a cento et vinti scudi annuali..

  A022001482 

 Et mi fa dubbio circa la prebenda dell' Operario, perchè non era solo quando fece quell' opra, ma erano anco con luy altri operarii monaci..

  A022001482 

 Solo, quanto, al priorato di Talloires, mi resta a dire che se la cosa non fosse espediente di trattar [229] della prebenda dell' Operario, si potria trattar della prima vacante o da vacare.

  A022001483 

 Non possono esser tutte canonicali, essendo che cinque solamente sonno le chiese nella diocaesi doiie siano canonici secolari, et pur una si è tralasciata per non esser tanto necessaria; et nell' altri luoghi si potranno chiamare theologali, non canonicali..

  A022001485 

 Nè sonno in luogho, le lor badie, doue siano habitatori, salvo Talloyres che è in un borgo non molto discosto di Annessi; sì che, se ben havessero theologi (quel che non sonno per haver), non occorrendo altra riforma fra di loro, pocho giovarebbero alli popoli..

  A022001486 

 Il che io non dico per altro interesse ch'io v'abbia, salvo la salute loro et edificatione delli popoli..

  A022001498 

 A Entremont il y a une prébende vacante, mais non pas à Contamine..

  A022001535 

 Ce qu'il n'a onques esté possible d'obtenir, se passant maintenant la sixiesme annee sans que lesditz pauvres supplians ayt ( sic ) jamais peu avoir un seul liart des gabeliers, non obstant toutes les poursuites, sollicitations, supplications et remonstrances faites tant par les supplians que par le seigneur Evesque de Geneve, leur Praelat, et non obstant encor plusieurs ordres donnés par Vostre Altesse a diverses fois, et plusieurs Arrestz et sinceres diligences faitz par la Chambre des Comtes de Savoye qui n'a rien obmis en cela, jusques a ne vouloir clorre les comtes des gabeliers; en sorte que le sieur Velasque, dernierement a Chamberi, declara audit Evesque que lesditz curés [239] n'en auroit ( sic ) onques rien, les gabelles estant toutes espuysees et employees pour les maysons de Vos Altesses et autres assignations praecises, et que jamais nul ordre, quel qu'il fut, ne serait suffisant pour cela..

  A022001548 

 Nè devono temersi li movimenti, si perchè hanno capi [242] d'importanza, essendo la maggior parte delli nobili, catholici, sì perchè non ci è roccha nessuna, nè luogo forte..

  A022001548 

 Quanto alla prima, non vi puo esser difficoltà dalla banda delli habitatori del paese; rimanendo l'essercitio loro libero et sicuro, non hanno da lamentarsi se per altri che non volessero il suo si stabilisca il catholico.

  A022001549 

 Manco hanno interesse circa questo li Bernesi o Ginevrini, perchè Sua Maestà non è obbligata di far vivere li sudditi della Corona a modo loro.

  A022001549 

 Ne è da temere che per questo si muovano, perchè contuttociò che il Duca di Savoya ha stabilito l'essercitio catholico nelli altri balliagi, essi non si sonno mossi, se bene se ne sonno lamentati, ad [243] instanza delli ministri loro; molto manco si muove ranno contra Sua Maestà, alla quale essi non sonno per invaginarsi di dover dar legge del modo di governare li sudditi del regno.

  A022001549 

 È vero che desiderano che si accresca et si conservi la religion loro; ma questo desiderio non è degno di rispetto appresso Sua Maestà, poichè essi Bernesi, all'incontro, sapendo che detta Maestà desidera sommamente la propagatione della fede catholica, essi nientedimeno l'impediscono, cercando l'impedimento non solo fra li sudditi loro, ma etiandio fra sudditi d'altri.

  A022001550 

 Onde per questi non si fa altra instanza se non che quando li ecclesiastici pagano ( sic ) li denari et il prezzo dato alli Bernesi, si potessero ricuperare in favor della Chiesa..

  A022001551 

 Per questo, se bene sonno nel paese di Gex, tuttavia non se ne spera se non nella Providenza d'Iddio..

  A022001552 

 Altri beni sonno occupati dalli ministri et persone laiche, senza titolo legittimo; et circa questi non vi è difficoltà nessuna, perchè sonno nel paese del Re et sotto la [sua] giurisditione.

  A022001553 

 Et circa questi non vi è altra difficoltà, se non che, facendosene la giustitia, li Genevrini starebbono mal contenti et gli recarebbe dispiacere; ma non si fa mai giustitia senza disgusto della parte che ha torto, nè deve haversi minor risguardo alla ingiuria che si farebbe alla Chiesa ricusandole giustitia, che al dispiacere che si farebbe alli occupatori facendo giustitia..

  A022001562 

 Il est vrai qu'ils désirent voir leur religion s'étendre et se conserver; mais ce désir n'est pas digne de considération, puisque, au contraire, les Bernois eux-mêmes qui savent combien vivement Sa Majesté souhaite la propagation de la foi catholique, l'entravent néanmoins, et tâchent de faire surgir des obstacles non seulement parmi leurs sujets, mais encore parmi les sujets des autres.

  A022001640 

 Est aussi a considerer que le Roy tient le baillage de Gex a pareilles conditions que le Duc de Savoye tient les autres baillages qui confinent les Bernois, ou le Duc de Savoye a restabli l'exercice de la religion Catholique sen ( sic ) que les Bernois s'en soyent offencéz, non plus que de l'ordre que le Duc de Savoye a mis aux biens ecclesiastiques desdits baillages qui est tel, que il a permis aux ecclesiastiques de rachepter ce qui en a esté aliené par les Bernois, selon la forme du droit.

  A022001695 

 De sorte que le sieur suppliant est contrainct bien souvent de [277] se porter pour appellant par devant la court de Dijon, et recourir en oultre, pour diverses occations, tant a monsieur le Grand, gouverneur de Bourgoingne, de Bresse, Beugey, Verromey et Gex, qu'a monsieur le Baron de Lux, lieutenant du Roy au dit gouvernement, comme encores, par foys, a Sa Majesté; non sans beaucoup de difficulté et de despens, tant pour ne pouvoir ledit sieur suppliant abandonner son evesché, qui n'est que trop pleyne d'affaires, pour fere les poursuittes qui seroyent necessaire ( sic ) a faire pres de sadite Majesté pour obtenir une finale resolution sur lesdites difficultés, qu'aussy pour les vives solicitations que font continuellement au contraire les scindicques et deputés de ladite pretendue religion demeurantz ordynairement en cour.

  A022001710 

 Dequoy non contente l'audace d'iceux, ilz ont despuys peu fait saysir les revenuz ecclesiastiques de Gex et Asserens appliqués aux gens d'Eglise, pour suppleer certaines pensions qu'ilz estiment n'estre pas asses grasses; dequoy s'ensuyt un proces entre l'Evesque de Geneve et eux par devant la cour de Bourgoigne..

  A022001949 

 Nous commettons par ces presentes venerable messire Claude de Nambruide, curé de Divone, a l'administration et œconomie des biens ecclesiastiques du balliage de Gex non appliqués ny assignés aux eglises de Farges, Gex, Thoyri, Grilly, Chalex, Versoix, Divone, mais destinés aux autres eglises qui, pour le present, ne sont encor pourveues de pasteurs, a fin que [ledit messire Claude de Nambruide] en donne les admodiations et fermes ainsy qu'il vera a faire; puis retire, exige et distribue les revenus procedenz desdites fermes, selon qu'il sera requis, ainsy qu'il est porté par l'ordre estably du jour d'hyer, et autrement selon les mandaz qui luy seront faitz de nostre part: le [tout nean]tmoins en l'assistance et avec l'advis de venerable messire [300] [Claude] Jacquin, curé de Grilly.

  A022001960 

 Et fra tante delle città et repubbliche intiere nelle quali non è lecito a predicatori catholici di predicare, nè stare, nè parlare, che rimedio [303] vi è di riunirle alla fede? Perchè horamai, fra noi altri Sguizzeri, et in tutta la Germania et in molti luoghi di Francia, ci sono città intiere heretiche et l'heresia passa in ragion di Stato, nè si vede neanco un tantino di speranza della conversione loro; et le cose passano tanto inanzi, che gli heretici non hanno più disturbo nessuno et sono senza rimedio.».

  A022001960 

 Et per la strada, quasi sempre parlò meco, et fra le altre cose mi disse: «Signore, voi havete fatto cosa che da moltissimi anni in qua non s'era fatta nella città di Sione, perchè non fu mai permesso alli predicatori catholici de trattar cosa veruna delle controversie in pulpito.

  A022001961 

 Et come ab assuetis non fit passio, cosi con la vechiaia quella heresia ultra quidem non proficiet, ma quello eh' importa, ultra etiam non deficiet, ma starà in quelle nobilissime parti della Europa come una paralisia incurabile.

  A022001962 

 Et cosi, procurare una lega et crociata fra li Catholici, non già per correre alle armi, come ho detto, ma per concorrere in questo zelo di sollecitare detta unione..

  A022001962 

 Io ho considerato molte cose, et non ho trovato se non questo: Che il Santissimo nostro Padre et Signore, o vero la Santa Sede Apostolica, muovesse tutti li Principi catholici et tutte le Repubbliche, non già alle armi esteriori, ma alle interiori; cioè, a proporre la riunione delli heretici alla santa Chiesa, et che questa propositione si facesse nell' istesso tempo da tutti et con argomenti solidi et speciosi del ben publico del Christianesimo, il quale per mezzo della divisione è molto indebolito, et per mezzo della unione sarebbe molto fortificato contra il Turco et altri.

  A022001964 

 Che li Principi procurassero un concilio nationale, cioè uno in Francia et uno in Allemagna ad hunc effectum tantum, et che con ogni sforzo possibile procurassero che in quello si trovassero deputati da [305] Principi et Repubbliche heretiche, per sentir le propositioni che si farebbono per la unione, et non per disputare o argomentare, ma solo per conferire del modo della reunione..

  A022001965 

 Et in questi concilii non vi fosse l'authorità Apostolica antecedente, ma solamente consequente; cioè,.

  A022001966 

 che non si facessero a nome della Santa Sede, per non impegnarla, ma solamente che i concilii promettessero ratihabitione delle risolutioni che si pigliarebbero..

  A022001970 

 Et se per sorte paresse che i concilii nationali non fossero a proposito, potrebbono i Principi convocare solamente alcuni Prelati et huomini di senno per trattare et proporre su tutto questo santo negotio.

  A022001971 

 Et quando mai questo rimedio non fosse per operar altro che la commotione di quelli cervelli, et fosse come una citatione per impedire la prescriptione del possesso che hanno gl'heretici di non esser chiamati et intimati a resipiscentia, non sarebbe poco l'utile che ne riuscirebbe..

  A022001972 

 Ma se non si trovasse a proposito di fare questa impresa per tutti li paesi scommunicati et divisi o separati dalla santa Chiesa, sarebbe almanco conveniente di farla per Sguizzeri heretici; il che si potrebbe fare adoperando l'authorità di Spagna, dell' Imperatore, del Re di Francia, del Serenissimo Duca di Savoya, lor vicino, et l'opra et industria delli cantoni catholici et anco de' Valesani.

  A022001974 

 Tuttavia, si potrebbe forse impetrar con orationi dal Signore Iddio, et la sacra mano del Beatissimo Padre adoprandosi sinceramente, potrebbe far questo miracolo, si come anticamente si fecero le cruciate et altre imprese belliche et pericolose, questa non essendo se non pacifica et senza pericolo..

  A022001975 

 Questi sono i miei pensieri, già che essendo qui appresso tanti heretici et tante Republiche heretiche, non posso impedir l'animo mio di pensar spesso et compatir a tanta desolatione, non solo presente, ma futura, mentre col progresso del tempo si vanno smenticando questi nemici della Chiesa che siano stati anticamente figliuoli di essa, nascendo nelle Repubbliche [309] dove non si tratta della santa Chiesa se non con execratione..

  A022001984 

 Et comme «on ne se passionne pas pour les choses devenues familières,» ainsi, en vieillissant, cette hérésie à la vérité, ne fera pas plus de progrès, mais, ce qui importe, elle ne diminuera pas non plus et demeurera comme une paralysie incurable dans ces très nobles parties de l'Europe.

  A022001985 

 J'ai pensé à beaucoup de choses, et je n'ai trouvé que ce seul moyen: Il faudrait que notre Très Saint Père et Seigneur, ou le Saint-Siège Apostolique, engageât tous les princes catholiques et toutes les républiques non pas à prendre les armes extérieures, mais les intérieures; c'est-à-dire, à proposer la réunion des hérétiques à la sainte Eglise.

  A022001985 

 On tâcherait ainsi de former une ligue ou croisade entre les catholiques, non point, comme je l'ai dit, pour courir aux armes, mais pour concourir dans le zèle à solliciter cette union..

  A022001987 

 Premièrement: les princes devraient convoquer pour ce seul but un concile national, c'est-à-dire, un en France et un en Allemagne, et tâcher, par tous les efforts possibles, d'y faire intervenir [305] quelques délégués des princes et des républiques hérétiques, pour qu'ils puissent ouïr les propositions relatives à cette union, non point pour disputer ou argumenter, mais seulement pour conférer sur la façon de la ménager..

  A022001997 

 Tant d'hérétiques et de républiques hérétiques sont si proches de moi, que mon esprit ne peut se défendre d'y songer souvent et de prendre en pitié une telle désolation, non seulement présente, mais future; puisqu'avec le temps, ces ennemis de l'Eglise oublient d'autant plus qu'ils ont été jadis ses [309] enfants, qu'ils naissent en des pays où l'on ne parle d'elle qu'avec exécration..

  A022002037 

 È venuto a posta a Torino per trattarne con Sua Altezza et con me, che, per animarlo tanto più, non solamente l'ho voluto in casa mia, ma ho procurato di farli tutte le carezze possibili..

  A022002038 

 Il trattar della reintegratione delle parrocchie porta qualche tempo per il raguaglio che bisogna darne a Nostro Signore e per la contradittione de' Cavallieri di San Lazaro; et però, per venire a qualche expediente presentaneo, habbiamo trattato con Sua Altezza che si degni di far dare un stipendio honesto alli curati, il qual da i Cavallieri non si può ricusare, perchè Papa Pio Quarto, santa memoria nella suppressione delle sudette parecchie, aggiunge nella Bolla, che ogni volta che quelli popoli tornassero alla fede cattolica, essi fussero obligati a sostentar i curati.

  A022002040 

 Il medesimo Prevosto mi ha ricercato che io supplichi Nostro Signore, per mezo di V. S. Ill ma, a degnarsi di mantenere il privilegio antico che tiene il Capitolo di Geneva, che nessun canonicato o dignità si possa dare a persone che non siano nobili, o vero dottori et graduati..

  A022002091 

 Ces choses non seulement se peuvent traitter avec Sa Saincteté, [322] mais avec les Illustrisses Cardinaux et Ambassadeurs des Princes, pour prendre encores de nouvaux moyens sur le faict.

  A022002099 

 E vedendo che altri che loro insieme non possono in modo alcuno rendere capace Sua Beatitudine, manco i miei SS. Ill mi Cardinali Prefetti della santa Inquisitione, e altri deputati per ricevere l'ubedienza mia e intendere le mie ragioni sopra il Stato che mandava a S. S tà, non volendo in modo alcuno incorrere le pene portate per la Constitutione di felice memoria Papa Sixto, non potendo trovarsi in Roma alli 20 del mese seguente, mando a V. S. Ill ma et R ma l'attestatione della suoa infirmità, acciò che si degni far intendere a Nostro Signore che non tiene a me far quanto conviene alla mia ubedienza, e che non mancarò, essendo in debita convalescenza, mandarlo per ricevere gli ordini Apostolici: il che in persona havesse esseguito, se non mi ritrovasse talmente valetudinario che non posso, senza pericolo della mia vita, far'impresa di tal viagio; oltre che in questi miseri tempi la mia presenza è necessaria in questo vescovato.

  A022002101 

 Non m'occorrendo dunque altro, per fine di questo mio ragionamento farò instante preghiera a N. S. Iddio di voler concedere a V. S. Ill ma et R ma ogni vero contento.

  A022002118 

 Il est bien vray que Nous estimions que ce deubst estre par le [324] moien de bonnes exortations et par la voye des presches, et non par commination ny menaces, pour ne donner aulcun subject d'ombrage aux circonvoisins, ny subject d'alteration ausdictz de Thonon, bien sacheantz que la conjuncture du temps present ne portoit pas que l'on procedast aultrement, et que la procedure rigoureuse estoit mal convenable a la disposition des aultres affaires que Nous avons sur les bras, encores que bien deue a l'obstination de quelques particuliers dudict Thonon qui se rendent les plus difficiles.

  A022002158 

 Gregorio Papae decimo tertio, prasdecessori Nostro, pro parte bonae memoriae Emanuelis Philiberti, Sabaudia; Ducis, exposito quod cum dictus Emanuel Philibertus quaedam balliagia, videlicet Ternier, Chablaix et Gex, sub ditione ejus temporali existentia, a Bernensibus recuperasset, et ad pristinam temporalem jurisdictionem suam revocasset, licet illorum populorum pravis opinionibus et inveteratae haereticae perfidiae malitia obduratas mentes serius quam ipse Gregorius praedecessor optabat sanari posse vereretur, ejusdem tamen Ducis et publicae ecclesiae Catholicae nomine valde laetatus, conducibile fore existimabat ut religiosa loca ipsorum balliagiorum profanata, quae in pristinos usus et officia restitui non poterant, Militiae Sanctorum Mauritii et Lazari, cujus ipse Dux Magnus Magister existebat, aliquo modo inservirent.

  A022002159 

 annexionem et incorporationem ad ecclesias, monasteria, prioratus, dignitates, beneficia, officia, hospitalia et-loca secularia et regularia in quibus cultus ecclesiasticus secularis vel regularis, aut hospitalitas, sine magno [praejudicio] atque Sabaudiae Status periculo et pertubatione restitui non poterat, eadem auctoritate extendit et ampliavit..

  A022002160 

 Ita tamen, quod cumprimum eorumdem balliagiorum et locorum recuperatorum homines veritatis lumen, commiserante Domino, recepissent, in quacumque ipsorum parte contingeret, parrochiales ecclesiae et alia ecclesiastica loca ad exercitium curae animarum idonea, ab Ordinariis locorum quibus illa suberant, cum dote non minore quinquaginta ducatorum annuatim, de proprietatibus bonorum praedictorum ad justum [et] competentem numerum instituerentur, illisque ab iisdem Ordinariis de rectoribus et pastoribus idoneis, juxta Concilii Tridentini dispositionem et alias canonicas sanctiones provideretur, et aliter prout in Litceris Apostolicis in forma Brevis, sub Annulo Piscatoris, sub datum videlicet XIII mensis Junii millesimo quingentesimo septuagesimo nono, Pontificatus sui anno octavo, quarum tenores pro expressis haberi volumus plenius continetur..

  A022002162 

 Et cum non sufficiat tot animas Dei Ecclesiae acquisisse, si modus illas retinendi ac ita manutenendi non reperiatur, et factum vix dici queat quod non durat factum, etsi praedicta unio, annexio et incorporatio quoad parrochiales ecclesias, attento quod conditio in illa seu Litteris desuper expeditis apposita, praedictorum populorum ad Catholicarn fidem et Ecclesiae unitatem reversionem purificata extitit, dissolvatur, et rectores in parrochialibus ecclesiis praedictorum balliagiorum, quae numerum quadraginta quinque vel circa ascendunt, qui in Catholica fide in iliis locis et personis conservanda et confirmanda, aliisque adhuc naeretica pravitate labefactatis ad eandem Catholicam fidem revocandis insistant constituentur, ex hoc profecto Catholicae fidei propagationi et manutentioni vaide prospiceretur..

  A022002164 

 Nos igitur, qui Catholicae fidei propagationem, quantum cum Domino possumus, procurare non desistimus, Litterarum dicti Gregorii, praedecessoris, tenores praesentibus pro expressis habentes, hujusmodi supplicationibus inclinati, Fraternitati Tuae, unionem, annexionem et incorporationem, extentionem, ampliationem et decretum in praedicti Gregorii, praedecessoris, Litteris contenti, de praedicti Caroli Emanuelis, Ducis, consensu, Apostolicam auctoritatem perpetuo dissolvendi, dismembrandi, revocandi et annullandi, ac parrochiales ecclesias supradictas restituendi, seu de novo erigendi et instituendi, ipsorumque beneficiorum fructus, redditus et proventus praedictarum ecclesiarum rectoribus illarumque reparationibus; necnon octo presbyterorum secularium qui in ecclesia parrochiali oppidi de Tonon, quod insigne est, divinis officiis et servitiis Sacramentorumque administrationi insistant, et trium ad minus magis eruditorum, et tam secularium quam cujusvis Ordinum regularium, arbitrio tuo eligendorum, verbi Dei praedicatorum, in eisdem balliagiis manutenendorum sustentationi et alimentis etiam pcrpetuo applicandi et appropriandi; praedictosque Milites, seu eorum Magnum Magistrum pro tempore existentem ex praedictorum beneficiorum tunc, ut praefertur, unitorum fructibus, redditibus et proventibus generaliter aut particulariter ab ipsarum ecciesiarum rectoribus, aut monasteriorum Abbatibus, aut prioratuum Prioribus, seu aliis quibuscumque, nihil unquam petere aut praetendere, seu lite desuper et causam quomodolibet et quovis pratextu aut colore movere ullatenus posse decernendi, sed perpetuum illis desuper silentium imponendi, Tibique de illis, ad effectum praemissum, libere et omnino disponendi in omnibus et per omnia perinde ac si eadem unio, annexio et incorporatio eis seu eorum Militiae facta non fuisset, et plena eorumdem beneficiorum dispositio ad Te spectaret hac vice dumtaxat, auctoritate Apostolica, tenore praesentium licentia et facultatem concedimus et impartimur..

  A022002165 

 Et nihilominus, ut in ipsis parrochialibus ecclesiis aliisque beneficiis hujusmodi, ut necessarium est, idonei rectores et pastores vigiles deputentur qui ad gravem ipsarum animarum de novo conversarum curam exercendam strenue invigilent, Tibi quod de eisdem parrochialibus ecclesiis, necnon etiam perpetuis capellaniis seu ecclesiis aut capellis et aliis beneficiis bujusmodi, etiamsi de jurepatronatus quorumvis, tam laicorum, etiam nobilium, quam quorumvis aliorum cx fundatione vel dotatione existant, quomodocumque [331] per haeresim devolutionem aut aliter quomodolibet vacaverint, pro hac prima vice in favorem personae seu personarum Tibi benevisarum, et habilium et idonearum, disponendi et de illis providendi; necnon eos qui hactenus de dictis parrochialibus ecclesiis provisi fuerint quatenus ad curam animarum exercendam idonei non reperiantur, summarie de plano, sine strepitu et figura judicii, iisdem, ecclesiis privandi, ipsorumque parrochiales ecclesias aliis magis idoneis conferandi..

  A022002167 

 Praeterea Tibi, rectoribus earumdem aut aliarum parrochialium ecclesiarum tuae diaecesis congruam portionem super decimis et primitiis quse in eorum parrochiis percipiuntur ab Abbatibus et Prioribus, etiam extra visitationem, omni oppositione et appellatione remotis, assignandi, necnon aliis aliarum parrochialium ecclesiarum dictae diaecesis rectores magis habiles et idoneos ad id tamen voluntarios ad annum, seu aliud tempus Tibi benevisum, non tamen ultra biennium, qui curam ipsorum animarum gerant de eorum propriis ecclesiis relictis, seu his vicariis ad curam exercendam idoneis et approbatis: ita quod rectores ad aliam residentiam in dictis eorum ecclesiis ad annum, seu alio tempore durante, faciendam minime teneantur, amovendi, et ad dictas ecclesias praedictorum balliagiorum per praedictum tempus, attenta sacerdotum ad hoc habilium et sufficientium penuria, in illis partibus vigente transferendi licentiam pariter concedimus et indulgemus..

  A022002178 

 Dans leur Requête, les Chevaliers «narroyent qu'ils s'estoyent apperceuz que le Prevost de Sales, Esleu de Geneve, avoit apporté du Souverain Pontife des Lettres par lesquelles la Milice de leur Ordre estoit entierement spoliée non seulement des benefices curez, mais encore de tous autres des bailliages de Chablais et de Ternier, contre la teneur des Lettres obtenues du Pape Gregoire treiziesme, sous pretexte de l'entretenement necessaire des Prestres qui y estoyent des-ja establis, ou qu'on devoit y establir..

  A022002189 

 Il signor Prevosto di Geneva, che di ritorno di Roma è capitato a Torino, mi ha mandato un Memoriale di diversi capi, presupponendo che V. S. Ill ma mi habbia date le commissioni necessarie, le quali fin qui io non ho ricevute.

  A022002190 

 Il medesimo signor Prevosto, per avviso di Monsignor Vescovo di Geneva, mi fa gran instantia che io rapresenti a Nostro Signore, che per il gran numero d'anime che si sono convertite et che ogni giorno si convertono a Tonone et nelli altri baliaggi di Geneva, non hanno confessori, et che per difetto di operarii resta assai impedito il frutto.

  A022002190 

 Io non ho voluto risponderli cosa nissuna per non metter in qualche gravezza Nostro Signore, ma mi è sovvenuto di metter in consideratione a Sua Santità se fusse a proposito eli trasferire in Geneva la missione di questi sei Gesuiti di Piemonte, [334] alli quali si pagano sei scudi d'oro il mese per uno; perchè adesso qui, in materia di conversione, fanno poco frutto, perchè quelli che si poteva sperar di guadagnare nelle Valli già si sono guadagnati, et delli heretici del Marchesato non bisogna sperar molto se non si finiscono le differentie di quello Stato, le quali, mentre durano, non vedo che il Signor Duca sia per darci gran calore.

  A022002208 

 Quando il signor Prevosto di Geneva diede a V. S. Ill ma il Memoriale a nome del suo Vescovo, supponevo che le havesse anco data sufficiente informatione sopra tutti li capi che in esso si contengono; ma havendo veduto dalla lettera di V. S. Ill ma di 29 di Maggio che non le fu dato altro ragguaglio, supplirò io in quanto son informato, come Ella mi commanda.

  A022002209 

 1° Quanto al primo, che circa il conceder l'essentione dimandata dal Vescovo del sussidio ducale, sarei di parere che Nostro Signore la potrebbe dare per doi anni et non più, per levar l'occasione al Clero di tumultuare, il qual è tanto pertinace che non si può usare di là da monti quel rigore che si farebbe in Piemonte.

  A022002211 

 3° Circa il terzo capo, dico a V. S. Ill ma che in quelli Monasterii o Priorati della diocesi di Geneva nei quali non ci è prebenda theologale, si potrebbe applicare et assignare una prebenda monacale.

  A022002212 

 4° Quanto al quarto capo, è verissimo l'abuso che è in Savoia [336] di quelle prebende laicali che si danno a servitori et altre persone inutili; ma è tanto inveterato, che il levarlo non passarà senza gran contrasto delli Abbati o Priori.

  A022002212 

 Tuttavia, se Sua Santità mi commandarà che si tenti, io non lassarò di pigliar ogni mezo opportuno per supprimerle; o se Nostro Signore trovasse meglio che la suppressione si facesse con la morte di quelli che le possedono, il negotio passarebbe con più quiete..

  A022002213 

 5° Quanto all' ultimo capo, mi par conveniente che Sua Santità commandi che sopra la Badia dell'Abondantia si paghi una prebenda per il predicatore et theologo di Eviano, essendoli stata assignata fin in tempo di Gregorio XIII et pagata lungo tempo, et non ci essendo causa perchè non si habbia a pagar per l'avvenire..

  A022002234 

 In una di esse ho veduto che la informatione che io le mandai circa l'eriger le prebende theologali dalle monacali nella diocesi di Geneva non evacuava bene il dubio che S. S tà fà nella dimanda del Vescovo; perchè esso pretenderebbe che delli Priorati o Monasterii vacanti o da vacare si supprimesse una prebenda monacale per sostentare [337] li theologali delli Canonici seculari, ma non già per fondar le theologali nelli istessi Monasterii, come io sopponevo..

  A022002293 

 Mais j'espere que Dieu le favorisera de telle sorte, quil surmontera en ce voyage non pas peut estre toutes les difficultés, mais du moins un bonne partie, et quil s'en retournera pour le moins a demy content, si son contentement n'est du tout empeché par le desplaysir quil aura de n'avoir pas entierement satisfaict a ce que vous desirez.

  A022002294 

 Cependant monsieur mon Frere, parmy tant d'embarrassemens, ne laisse de se faire admirer par les doctes et belles predications qu'il faict en divers lieux, et aux plus honnorables de la ville, a certains jours de la semaine; chose qui rend favorable a luy et a sa negociation non seulement tous les bons catholiques, mais encores les princes et princesses qui assistent presque ordinairement a ses predications..

  A022002442 

 Et premierement, les cinq pour centz non pourveuz, qui montent par an a la somme de neuf centz septante deux florins trois solz, selon le roolle qui en sera fait et remis audit curé. ff.

  A022002444 

 plus, les revenus des chappelles non pourveues de tout le balliage, qui peuvent valoir annuellement argent...... ff.


23-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XXIII-Vol.2-Opuscules.html
  A023000107 

 Appendix ad calendarium in quo index habetur festorum quorum officia, non solum in ecclesia cathedrali, sed etiam ab omnibus clericis Diocesis Gebennensis recitari debent.

  A023000138 

 Atque ratio Sancti Thomae omnino convincit de voluntate in genere, abstrahendo ab absoluta et conditionata, antecedente et consequente: quod contra vos est, non contra nos.

  A023000138 

 De divo Thoma quid dicam, eu jus authoritate aliquam, relictis omnibus Patribus, si non justam at saltem minus temerariam vobis poteratis praetendere excusationem? Is sane tantum abest ut voluerit prævisam gratiam sufficientem [1] et distributam in illa visione vestra conditionata, ut suae sententiae praecipuum contra vos afferat argumentum.

  A023000138 

 Non ergo, secundum eum, praedestinatio est volitio illa et electio ad gratiam primo, deinde ad gloriam consequenter, quod vos ut subterfugiatis argumenta imaginamini, sed potius e contra vult uni prae aliis dare gloriam, aliis negare; deinde consequenter iis negare efficacia media, illis dare.

  A023000138 

 Non probat autem prius esse volitionem efficacem finis quam volitio efficax mediorum non efficacium, sed sufficientium: quod esset contra.

  A023000139 

 Per praedestinationem autem, omnes eam radicem primam intelligunt: ergo praedestinatio est, vel saltem praecipue complectitur praeparationem finis, non gratiae tantum, ut ipsi volunt.

  A023000139 

 Quarto, hoc primum dictum pugnat cum quarto, nam fere nulli sunt qui in tota serie, seu ordine gratiae, non habeant gratiam plus quam sufficientem qua justificantur, concipiunt bona desideria (inter Christianos maxime); at in quarto dicitur reprobis solam sufficientem dari, quod falsum erit, cum plurimi reprobi sint ex Christianis qui habent plus quam sufficientem..

  A023000140 

 Atqui per vos jam non utebantur gratia sufficienti quam praevidebantur habere.

  A023000140 

 Ergo non «antequam quicquam fecissent;» facere enim illic non tantum facere positive, sed privative intelligitur.

  A023000141 

 Ergo, ideo odio habuit, id est non dilexit (ita enim interpretantur), quia non usi sunt.

  A023000141 

 Nam si posita affirmatione diligit, et affirmatio est causa dilectionis, posita negatione non diliget, et negatio erit causa non dilectionis.

  A023000142 

 Isti enim volunt praevideri non usum gratiae; Augustinus nihil, nisi peccatum originale.

  A023000142 

 Longeque mitior est Augustinus istis, cum non sine culpa abjici quemquam velit, sed juste ob peccatum originale; isti nulla prorsus culpae habita ratione nullumque ob peccatum innumeros abjici, aliquos tantum salvari.

  A023000142 

 Sane, in eo tantum conveniunt quod cum Augustino negent causam ullam esse in nobis praedestinationis, in explicatione autem sententiae omnino discrepant; hoc est, conveniunt in verbis, non in re.

  A023000142 

 Siquidem Augustinus praedestinatis tantum vult dandam gratiam sufficientem, isti omnibus; Augustinus vult reprobationis causam esse peccatum originale, isti nullam; Augustinus vult praedestinationem factam praeviso peccato, isti ante; [5] Augustinus [non] negat Deum velle omnes homines salvari, isti negant.

  A023000143 

 Cum is fuerit praecipuus scopus Augustini ut debellaret Pelagium, si id recte faciamus, ab Augustino dissentire non possumus magis quam vos: scilicet, ut cum gratis omnes nos praedestinatos fateamur et Dei misericordia, Augustinus suo, vos alio, nos alio explicemus modo, tantoque securiores ab Augustino discedimus quanto aliorum Patrum omnium signis adjungimur; vos vero tanto periculosius Augustinum deseritis quanto longius ab aliis omnibus solitarii fugitis et aberratis..

  A023000151 

 D'un autre côté, la raison de saint Thomas a toute sa force de conviction en entendant la volonté en général, abstraction faite de savoir si cette volonté est absolue ou conditionnelle, antécédente ou conséquente: ce qui est contre vous, non contre nous.

  A023000151 

 Mais il ne prouve pas que la volition efficace de la fin soit antérieure à la volition efficace des moyens, non pas efficaces, mais suffisants: ce qui serait contre nous.

  A023000152 

 Mais cette racine première, tout le monde la voit dans la prédestination: il s'ensuit donc que la prédestination est, ou tout au moins embrasse principalement la préparation de la fin, et non de la grace seulement, comme le veulent nos adversaires.

  A023000153 

 Par conséquent, vous ne pouvez dire: «avant toute action de leur part,» car le mot «action» doit se prendre là, non seulement dans le sens positif, mais dans le sens privatif.

  A023000154 

 Donc d'après les œuvres: non seulement les œuvres faites, mais aussi l'absence des œuvres par rapport au devoir à accomplir.

  A023000154 

 En effet, si Dieu aime dans l'hypothèse qu'ils ont fait usage de la grâce, et si cet usage est cause de sa dilection, il n'aimera pas dans l'hypothèse qu'ils n'en ont point fait usage, et cette omission sera cause de sa non dilection.

  A023000155 

 En vérité, leur seul point de contact avec Augustin, est qu'ils nient en nous toute cause de prédestination; mais dans l'explication de leur pensée, ils s'écartent de lui: en somme, ils sont d'accord avec lui en paroles, non en réalité.

  A023000155 

 Ils veulent, en effet, que le non usage de la grâce soit prévu; pour Augustin, le péché originel seul est prévu.

  A023000163 

 Potest tum speculativam, tum practicam divisim, quia non est extra proportione objectivam cum vi naturali; quia id habetur Ro., I, Psal. 4, Sap., 13; quia caeterae res naturales faciunt suae formae consentaneas operationes..

  A023000164 

 Alioqui non sunt [8] extra objectum proportionatum intellectus humani, sed opus esset infinita vita et memoria.

  A023000164 

 Non potest conjunctim nec speculativam, nec practicam, quia omnes philosophi erraverunt; sic Justinus, in Parenetica; Theodoretus, De curandis Graec.

  A023000164 

 Verum haec impedimenta, licet sint extrinseca intellectui humano, non sunt extrinseca sed intrinseca homini, quia per se mortalis est..

  A023000177 

 Deinde, quia talis homo non posset peccare cum tamen haberet legem naturalem.

  A023000177 

 Potest etiam conducens ad salutem aeternam (Conc. 2 Araus., c. 23, 22, 25; Trid., Sess. 6, c. 7 et 21), quia videtur contra principium naturae hominem non posse bene agere.

  A023000178 

 Si ergo cognoscit Deum et referat opus in Deum, erit bonum, iicet non perfecte; si non cognoscit et operetur [9] quia honestum et rationi consentaneum, tunc is actus natura sua fertur in Deum..

  A023000185 

 Si donc l'homme connaît Dieu et rapporte son acte à Dieu, cet acte sera bon, bien que non d'une bonté parfaite; s'il ne connaît pas Dieu, et qu'il fasse telles œuvres parce qu'honnêtes et conformes [9] à la raison, alors ces œuvres de par leur nature même sont rapportées à Dieu..

  A023000201 

 Ad formale boni concurrit; est enim differentia realis: ergo ad totum bonum, non ad totum malum.

  A023000201 

 Quo ad materiale boni et mali eodem modo concurrit phisice; sed ad formale mali non concurrit, cum sit privatio.

  A023000207 

 Il y a, en effet, différence réelle entre acte mauvais et acte bon: par conséquent, [le concours de Dieu s'exerce] à l'égard de l'acte bon tout entier, non à l'égard de l'acte mauvais tout entier.

  A023000212 

 Deinde, est omnino impossibile quod dicit; nam si ad actum malum Deus voluntatem non determinat, ergo necessario permittit, ut si velit efficiat bonum actum quando facit malum..

  A023000212 

 Opinio porro Ariminensis Deum concurrere ad actus malos influendo cum voluntate se determinante, ad bonos praedefiniendo et determinando voluntatem, non mihi probatur, quia fere tollit libertatem jn actibus bonis; de quo plura infra.

  A023000213 

 Ergo, non solum permitteremur malum operari, nam permissio indifferens est ad utrumque oppositorum, et quotiescumque est in nostra potestate determinare [11] nos ad actum malum, est etiam determinare ad actum bonum..

  A023000213 

 Explico aliter: vel illa determinatio est omnino necessaria ut faciamus actum bonum, vel non.

  A023000213 

 Si secundum, ergo non est semper ponenda; si primum, ergo quando non adest, necesse est ut malum operemur, maxime si operemur.

  A023000242 

 BERNARD — Non, car ilz n'ont ni foy ni œuvres necessaires a salut, estans dehors de l'Eglise Catholique, Apostolique, Romaine..

  A023000288 

 Ego GABRIEL A SANCTO MICHAELE, contrito et humiliato corde, agnosco et confiteor coram Sanctissima Trinitate et tota caelesti Curia ac vobis testibus, me graviter peccasse adhaerendo haereticis et credendo varias eorum haereses, praesertim has: sacrosanctum Corpus Domini nostri Jesu Christi non esse vere, realiter et substantialiter in augustissimo Eucharistiae Sacramento; nec esse verum et propitiatorium [16] Sacrificium pro Vivis et defunctis, cum, incruente, a sacerdotibus in Missa offertur; nullum esse post hanc vitam ignem purgatorium; Sanctos et Beatos qui in Caslis sunt non esse invocandos; Ecclesiam Catholicam visibitem errare posse et deficere; et alias quam plurimas..

  A023000297 

 Moi GABRIEL DE SAINT-MICHEL, je reconnais et confesse, de coeur contrit et humilié, devant la Très Sainte Trinité et toute la Cour céleste, et vous autres témoins, que j'ai gravement péché en adhérant aux hérétiques et en croyant leurs diverses hérésies, surtout celles-ci: que le saint Corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ n'est pas vraiment, réellement et substantiellement dans le très auguste Sacrement de l'Eucharistie; qu'il n'est pas un vrai et [16] propitiatoire Sacrifice pour les vivants et les morts, lorsque, d'une manière non sanglante, il est offert à la Messe par les prêtres; qu'il n'existe aucun feu purificatoire après cette vie; que les Saints et les Bienheureux qui sont dans les Cieux ne doivent pas être invoqués; que l'Eglise Catholique visible peut errer et se tromper; et autres très nombreuses..

  A023000306 

 Et quoy? disois je, ceste sacree parolle qui est sur le commencement de ce Symbole, ne suffiroit elle pas, quand il n'y auroit autre, pour rompre tous les effortz de ces seditieux? JE CROY: c'est le mot que j'ay ja prononcé des mon Baptesme par la bouche de ceux qui m'y presenterent; je suis donques croyant et fidelle, non pas entendeur ou compreneur, et partant, plus on me rend ce Sacrement malaysé a entendre et comprendre, plus on me le rend croyable et venerable.

  A023000331 

 Ainsy, n'estant pas sujet a lieu, ni place, ni pesanteur, il comparoistra en l'air au dernier jour avec ses Saintz, visible a tous les hommes ou qu'ilz soyent, quoy qu'avec divers effectz; non sans aussy grand miracle que celuy par lequel il est invisible en ce grand Sacrement.

  A023000343 

 Et quoy? une simple figuré et commemoration auroit elle bien ce pouvoir? Le sang de la genisse respandu, quoy que figure du sang respandu sur la croix, ne sanctifioit que quant a la pureté de la chair; non, c'est le propre sang de vostre Majesté qui nettoye nos consciences des œuvres mortes, pour servir au Dieu vivant..

  A023000358 

 Ce qui fut cause que le Bien-heureux François, voyant que chacun se tenoit en silence, prit la liberté, non pas d'agir, mais de parler;... et escrivit un livre de la Demonomanie, ou bien des Energumenes, lequel toutesfois il n'a pas mis en lumiere, quoy qu'il soit parfaict; et ne sçait-on pas pourquoy.» Le biographe donne ensuite les titres des neuf chapitres de ce Traité et un sommaire de l'ensemble.

  A023000360 

 D'après Grillet ( Dictionnaire historique... des départemens du Mont-Blanc et du Léman, Chambéry, 1807, tome III, p. 318), le Traité sur les inergumines, Mss., 1597, se «conservoit, en 1792, dans les archives de Thorens,» avec les autres «manuscrits non imprimés de saint François de Sales.».

  A023000368 

 Cette date fut sans doute mise au dos de la pièce par Charles-Auguste, comme il l'a fait pour d'autres documents qu'il a cotés, non sans commettre parfois quelques erreurs..

  A023000378 

 Il a esté donq faict semblable a nous, mays non pas sinon pendant quil luy a pleu..

  A023000378 

 La seconde, qu'il a esté semblable a nous, non pour demeurer ainsy perpetuellement, mays pour endurer et souffrir, ayant parfois monstré qu'il n'estoit suject a demeurer en la condition de ceste nostre mortalité et infirmité, marchant sur les eaux, jeusnant quarante jours, se transfigurant, sortant du sepulchre, entrant les portes fermëes.

  A023000378 

 Qui ne voit ceste absurdité? Il faut donques entendre la generale proposition de saint Pol avec ces deux declarations: l'une, que Nostre Seigneur a esté faict semblable a nous, mays non pas en semblable façon; car il a esté faict par l'operation surnaturelle du Saint Esprit, et nous par l'operation naturelle de l'homme.

  A023000380 

 Et vostre argument ne vaut non plus que celuy ci: Tout cors humain est faict de l'accointance de l'homme a la femme; le cors de Jesuschrist est cors humain, donques il est faict par l'accointance.

  A023000381 

 Quand vous dites que si le cors de Nostre Seigneur n'occupa point de place sortant du ventre de sa Mere, il n'en occupa donques point estant dans iceluy, d'autant que la virginité n'est non plus lezee par l'un que par l'autre, il semble que vous ne consideries pas bien en quoy gist la parfaitte virginité.

  A023000383 

 Demus Deum aliquid posse, quod nos fateamur investigari non posse.

  A023000383 

 Saint Augustin donques, en ceste epistre, combat les Ubiquitaires qui disent le cors de Nostre Seigneur estre par tout, et non les Catholiques qui confessent qu'il est en certains lieux, quoy que sans occuper lieu, a la façon des espritz; ainsy qu'il penetra dedans la salle, les portes estans fermëes.

  A023000385 

 Et le dire de Nostre Seigneur: Touches et voyes, n'y est point contrayre; car je ne dis pas que Nostre Seigneur fut tousjours invisible et imperceptible, mays confesse que, comme il a esté visible et perceptible, il a aussy esté invisible et imperceptible quand il luy a pleu: l'un n'empeschoit point l'autre, non plus que d'estre mortel et immortel en divers tems.

  A023000397 

 Ce que faisant, je ne destruis aucunement la verité de l'humanité de Nostre Seigneur, quoy que vous en puyssies imaginer, non plus que d'Adam, qui fut faict et produit outre tout ordre naturel.

  A023000398 

 Ce n'est pas aussy un argument a causa non clausa de dire que la virginité, pour estre en sa perfection, consiste en deux choses: l'une, l'integrité des parties genitales; l'autre, n'avoir jamais eu connoissance d'homme.

  A023000399 

 Naistre d'une Vierge, marcher sur les eaux, entrer les portes fermëes, ne destruit point la nature humaine de Jesuschrist, qui ne laisse pour cela d'avoir un tres vray cors humain et naturel, non plus que saint Pierre.

  A023000401 

 Mon garand en avoit dict de mesme, ains bien plus, car le mot de partus ex Virgine se peut entendre non seulement de la conception, mays de toutes les autres actions ou entremises necessaires a la parfaitte disposition d'un filz: qui me faict tant plus croire que quelque chaleur, ou du desir de reprendre, ou du zele sans science, vous a empesché de considerer que vous enveloppies dans vostre censure mon garand avec [39] moy, pensant peut estre vous opposer a quelque absurdité..

  A023000403 

 Et quand vous me dites que peto principium, vous me faites juger que vous me croyes du tout ignorant a la maniere de raysonner, comme si je ne sçavois pas que petitio principii est argumentantis, non respondentis or, je suis respondant.

  A023000403 

 Vous attaques mes theses; demeurer en son principe est vice a vous, mays non pas a moy.

  A023000411 

 Ainsy est il dict d'Anne, que Dominus concluserat vulvam ejus, non pas certes a l'endroit du mary, cui satis aperta erat, mais eo quod non conciperet.

  A023000411 

 Quant a ce que vous dites, que non fœtus aperit vulvam, sed genitor, je confesse que et l'un et l'autre aperit, et quidem pater primo; mays je dis que, selon le stile des Escritures, aperiri vulva tunc dicitur cum mulier concipit.

  A023000412 

 Quand a l'observation de la Loy, argumentum hoc non est extra rem, car je dis que si bien Nostre Seigneur non aperuisset vulvam, neanmoins ceste Loy luy compete, non ex rei veritate, sed ex communi hominum existimatione; lesquelz tenoyent que more aliorum conceptus et natus esset, unde etsi ea Lege non teneretur, eam [42] tamen adimplevit, non tam «propter necessitatem» quam «propter consuetudinem.» Et quant a la pleige quil avoit prise pour nous, il s'en acquitte en sa Passion, et tres abundamment..

  A023000414 

 Estre parfois impalpable et invisible, ce n'est pas n'estre point cors parfois, mais seulement avoir des qualités surnaturelles; non plus qu'estre immortel ou cors spirituel, comme parle saint Pol, n'est pas n'estre point cors, mais estre cors accompaigné de conditions spirituelles et glorieuses..

  A023000464 

 De Beze escrit clair et net, en sa Preface sur Josué, que c'est à Calvin, «apres Dieu, qu'appartient l'honneur de la resolution despuis suyvie par toutes gens de bon jugement,» touchant «ce qu'il faut croire, chercher et recevoir en la Cene.» Que sont donques devenuz tous les devanciers? Ce mistere si important aura il esté caché a toute l'Eglise ancienne, pour estre descouvert a ce seul pretendu mignon et favory du Saint Esprit? Que ne confesse on donques franchement que ceste reformation est toute nouvelle et non jamais conneûe a l'ancienneté!.

  A023000494 

 Et neanmoins, qui considerera de plus pres l'Escriture et les Anciens, trouvera que le mot d'adorer panche un peu plus a l'honneur deu a Dieu seul que non pas a l'autre; de façon que l'hors que le mot d'adorer est seul en l'Escriture, il s'entend ordinairement de l'adoration de latrie.

  A023000554 

 Ne voyant qu'on puisse amener autre difficulté sur ceste conference verballe, si non la crainte de l'aigreur des parolles: a quoy desja a esté remedié, tant par les protestes faites cy devant d'apporter toutte la douceur et tranquilité d'esprit possible et necessaire en chose si importante, qu'aussi par la nomination des moderateurs, qui sont personnes d'honneur et empecheront les desordres et accidentz sinistres (en tant que touchent les nostres), par l'auctorité de Son Altesse qu'on offre d'y faire entrevenir.

  A023000555 

 Ce moyen est trop adventageux pour les ministres, non pour la substance du moyen, car elle n'est pas autre que celle de celluy de la conference reduicte par escrit, [62] mais pour plusieurs circonstances; car les ministres sont tousjours en grand nombre, dans Geneve, ensemble, pour s'entraider et entreprester la main les uns aux autres, la ou, de nostre cousté, nous ne pouvons demeurer longuement plusieurs ensemble.

  A023000579 

 Quanquam ea jam Anabaptistarum conditio est, ut caeteris, licet non insania et impietate, attamen numero longe inferiores, ab omnibus propemodum tanquam imbelles nulliusque pretii hostes contemnantur, solis Lutheranis et Calvinianis locum sibi pene omnem relictum gloriantibus.

  A023000580 

 Etsi quae apud nos extant de religione edicta Principum nostrorum, Senatusque nostri consulta et decreta [69] quamplura (quae tamen, quia publice excusa prostant, huc transcribenda minime putavimus), non Lutheranos tantum et Calvinianos notant et insectantur, sed reliquos etiam omnes haereticos, quales sine dubio sunt quotquot a sancta Ecclesia Catholica, Apostolica et Romana, quocumque tandem censeantur nomine, defecerunt, ac quorum errores sacrosanctum Concilium Tridentinum, Spiritu Sancto suggerente, justissimo anathemate damnavit..

  A023000582 

 Reliqua theologis, qui tam multi tamque praeclari ex professo ista tractarunt, consulto relinquemus.] Adferemus autem ipsissima Lutheri et Calvini verba, ut qui non poterunt facile credere, quod sane incredibile est, tam absurdas et plane diabolicas impietates, tamque impias absurditates tot assertoribus superbientes cuiquam mortalium in mentem venire unquam potuisse, nihil tamen a nobis effictum aut immutatum conqueri jure possint.

  A023000592 

 L'extrême division de tous, ces hérétiques permet cependant d'établir parmi eux trois genres principaux auxquels peuvent se rattacher, comme autant d'espèces, les autres sectes inférieures: celui des Luthériens, celui des Calvinistes et celui des Anabaptistes; bien que la situation des Anabaptistes soit déjà telle, que tout le monde, à cause de leur infériorité, non certes en folie et en impiété, mais en nombre, les regarde à peu près comme des ennemis sans force et sans valeur.

  A023000593 

 Du reste, les édits de nos Princes et les nombreux décrets de notre Sénat touchant la religion (édits et décrets que nous n'avons pas [69] jugé à propos de transcrire ici, parce qu'ils ont été imprimés) flétrissent et poursuivent non seulement les luthériens et les calvinistes, mais tous les autres hérétiques, comme sont évidemment tous ceux qui, sous un nom quelconque, ont abandonné la sainte Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, et dont les erreurs ont été frappées d'un très juste anathème par le saint Concile de Trente agissant sous l'impulsion du Saint-Esprit..

  A023000598 

 Alioqui, quid, obsecro, certum erit, quid tutum, si actori etiam calumnianti sufficiat negare? Digni sane quibus id etiam accommodemus, quod D. Joannes in Apocalypsi de locustis illis scribit exeuntibus de puteo abyssi, quas ait habere super se regem, angelum abyssi, cui nomen hebraice אבדד Abaddon, graece άπολλύων Apollyon, latine Exterminans; ut significet haereticos omnes nihil propemodum adstruere, omnia vero destruere, nihil affirmare, omnia negare; tales denique illos esse ut possit quis non insulse nec falso contendere, si Christiani dicendi sunt, negative illos, non affirmative, Christianos dici debere.

  A023000598 

 Porro negative Christianum quem esse quid aliud rogo est, quam omnino non esse Christianum?.

  A023000598 

 Prima illa, nec meo judicio parva nota est, quod omnia propemodum negant, affirmant pene nihil, nisi quod et negando affirmant plerumque, et affirmando negant, ut facile appareat ex eorum numero illos esse qui, ut Tertullianus de haereticis omnibus scripsit: «Credendo non credunt,» dissimiles in eo a paganis qui, ut idem ille ait: «Non credendo credunt.» Nec video quibus magis quam istis convenire possit quod de Antichristo magni plerique viri existimarunt: άρυοΰμαι nomen illi esse; quando-quidem antichristianorum omnium, id est haereticorum, solemnis mos iste est, ut doctrinam suam fere omnem constituant in negando.

  A023000598 

 Quod si faciunt eo consilio, ut nos onerent probatione, nec quicquam ipsi probare teneantur, nae pessimi sunt non modo theologi, sed etiam jure-consulti.

  A023000602 

 Et, ut eleganter Tertullianus contra Praxeam: «Potuit (ita salvus sim) Deus pennis hominem instruxisse, quod et milvis praestitit; non tamen quia potuit, statim fecit.

  A023000602 

 Potuit et Praxeam» (addamus, si lubet, Lutherum et Calvinum) «et omnes pariter haereticos extinxisse; non tamen quia potuit extinxit.» Haec autem omnia non potuit Deus de potentia ordinaria; alio enim ordine res et stabilitae sunt et peractae; ergo de potentia absoluta, id est, [74] quae soluta sit ab omni lege promulgata, et ab ordine rerum constituto; sed non absoluta eo sensu, quasi soluta sit ab aequitate et justitia, quomodo perperam interpretatur Calvinus; aequitas enim et justitia lex Dei intrinseca est, ipsa vero nihil aliud quam ipsemet Deus, qui, ut sibi ipsi lex est, ita recedere a lege et aequitate minime potest..

  A023000606 

 Vult ergo Deus permulta, non voluntate efficiente aut committente, sed permittente tantum; ea scilicet quae cum mala sint malitia, ut aiunt, morali, a Deo qui bonus et bonitas ipsa est proficisci nunquam possunt.

  A023000610 

 Calvini enim verba haec sunt: «Ne Augustinus quidem illa superstitione interdum solutus est, quemadmodum ubi dicit indurationem et excaecationem non ad operationem Dei, sed ad praescientiam spectare; at istas argutias non recipiunt tot Scripturae,» etc. Huic autem negationi contrarium est quod passim affirmat Sacra Scriptura, Deum praevidisse proditionem Judae, negationem Petri, excaecationem Judaeorum; quae quidem praedixit et praescivit Christus, nec tamen voluit aut effecit..

  A023000614 

 At vero Filius, qui hanc ipsam habet essentiam, habet non a nullo, nec a se, sed a Patre; denique essentia quae, si in se consideretur, a nullo est, ea in Filio a Patre est..

  A023000614 

 Quis enim, vel intellectu solo mentisque ulla cogitatione, assequi possit, eum qui Filius sit et dicatur, Filium ejus esse a quo essentiam naturamve non habeat? Quid vero [76] aliud Filius a Patre habere potuit, quam Divinitatem? Quid Patri et Filio commune est, prseter essentiam? Quid ergo Filio communicavit Pater, si non essentiam ipsam? Quare passim clamant Scripturae, Concilia, Patres, universus denique Christianorum orbis, Filium esse «Deum de Deo, Lumen de Lumine, Deum veyum de Deo vero»? Habet ergo Deus Pater veram essentiam divinam, quae nec a se, ut parum caute loquitur Calvinus, nec ab aliquo alio est; sed prorsus a nullo, cum essentia neque generet, neque generetur.

  A023000622 

 Negant Christum esse Legislatorem, atque adeo ullam in Evangelio legem proponi; sic enim Lutherus: «Necesse est,» inquit, «ut scias quid sit Christus definitive: Christus autem definitive non est Legislator.» Mox doctrinam de Christo Legislatore «pestilentem» appellat.

  A023000626 

 At non ita D. Petrus, qui palam testatur Christum constitutum esse a Deo Judicem vivorum et mortuorum; nec aliter caeteri Apostoli, qui omnes uno ore praedicant Christum judicaturum vivos et mortuos..

  A023000628 

 De Traditione non scripta.

  A023000630 

 Et vero quaenam Sacrarum Scripturarum certitudo erit, quaeoam auctoritas, si Traditionem tollas, cum sola Traditione non etiam Scripturae ullius fide probari ea certitudo et auctoritas possit? Cur Evangelium Matthaei et Lucae, potius quam Thomae et Nicodemi, Libros canonicos esse dicemus? Aut si quis neget, atque cum istis Traditionem non scriptam rejiciat, quomodo probabimus? Rursum, ubinam gentium erat Ecclesia, aut fides Ecclesiae, totis illis saeculis quibus nihil dum de fide tractatum erat per scripturam, sed per sermonem tantum? An non fuit Ecclesia Scripturis antiquior? Aut quonam Sacrae Scripturae loco scriptum probabunt isti, ut cogant nos credere nihil credendum esse, nisi quod scriptum? Quid de Baptismo infantium, de Dominico die potius quam alio in Sabbathi judaici vicem sanctificando, de Angelorum creatione, ac de aliis hujusmodi tam multis quorum certissima fides in Ecclesia, et etiamnum apud ipsos quoque haereticos [80] omnes, probatio vero per Scripturam plane nulla? Longe aliter, et praeclare ut omnia, Augustinus: «Non crederem Evangelio, nisi» Ecclesia diceret esse Evangelium..

  A023000634 

 Ex quibus etiam cum nonnulli non nisi post Hebraeorum Canonem conscripti fuerint, quis eos in Canone illo descriptos non fuisse mirabitur, nisi qui per chronographiae imperitiam nesciat describi nullo modo potuisse? [81].

  A023000634 

 Negant ex Libris Sacrae Scripturae Libros Judith, Baruch, Sapientiae, Ecclesiastici, Machabaeorum et Tobiae auctoritatem canonicam habere, quod in Canone Hebraeorum adscripti non sint; quasi plus auctoritatis judaicae Synagogae tribuendum sit, quam Ecclesiae Catholicae universae quae, unanimi consensu, habuit semper Libros illos pro canonicis.

  A023000638 

 Omitto enim quod hanc Epistolam non esse Apostoli Jacobi, nec apostolico spiritu dignam, multi valde probabiliter asserant, licet consuetudine auctoritatem, cujuscumque sit, obtinuerit.

  A023000638 

 Tamen, si etiam esset Apostoli Jacobi, dicerem non licere Apostolo sua auctoritate Sacramentum instituere.».

  A023000639 

 Viden'hominis audaciam et impudentiam, qui non contentus ademisse quantum potuit auctoritatem Epistolae apostolicae, insimulat etiam Apostolum arrogantiae, quod [82] instituendi Sacramenti facultatem sibi adrogaverit, si eam Epistolam conscripsit! Non videt furiosus apostata id Apostolum agere, non ut instituat Extremae Unctionis Sacramentum, sed ut ad ejus usum fideles hortetur; non facturus utique, nisi Christus ipse instituisset..

  A023000647 

 Quod si ita esset, cur Christus Dominus noster comparasset eam civitati supra montem positae, convivio, ovili, aedificio super petram aedificato? Cur praeterea nos ad Ecclesiam remitteret illis Evangelii verbis: Dic Ecclesiæ? An non faciunt ridiculum et impostorem Christum, qui nos ad Ecclesiam alleget, si invisibilis illa et imperceptibilis est?.

  A023000651 

 Cui negationi contraria certe est affirmatio illa Christi: Portae inferi non prævalebunt [84] adversus eam; itemque Pauli, qui eam columnam vocat, et firmamentum veritatis.

  A023000651 

 Et vero, si tam infaeliciter et inhumane nobiscum ageretur, ut Ecclesia universalis in rebus fidei et in vero sensu Verbi Dei dijudicando errare posset, quis mortalium, obsecro, non errare se posse crederet? Qui autem errare se posse credit, quomodo certus esse possit se non errare? Consequens igitur necessario fiet, ut in fidei sensusque Sacrarum Scripturarum incertitudine omnes ambulare fatendum sit.

  A023000651 

 Quid ergo erit quod nobis tam certum et exploratum esse opporteat, ut nec si Angelus de cælo contrarium dicere velit, ei tamen credere debeamus? Quis non enim deberet Angelo caelesti potius quam sibi credere, si non ex alia parte auctoritas et certitudo fidei Ecclesiae angeli cujuslibet auctoritatem contrariam, si qua unquam, per impossibile contraria esse posset, superaret?.

  A023000655 

 Christus enim» ait: « Attendite a falsis prophetis... Haec sola auctoritas satis» est, inquit, «adversus omnium Pontificum, omnium Patrum, omnium Conciliorum, omnium scholarum sententias, quae jus judicandi et decernendi solis Episcopis et ministris tribuerunt, et impie ac sacrilege populo, id est Ecclesiae reginae, rapuerunt.» Et paulo post insultat Regi Henrico: «Et ut hic mei Henrici et sophistarum recorder, qui a longitudine temporum et multitudine hominum pendent cum sua fide, primum negari non potest hujus rapti juris tyrannidem ultra mille annos durasse; nam in ipso.

  A023000655 

 Concilio Nicaeno, omnium optimo, jam tum incipiebant leges condere et jus istud sibi vindicare.» Et paulo post: «Habemus,» inquit, «absque controversia, jus de doctrina cognoscendi et judicandi [86] seu probandi, esse penes nos, non penes Concilia, Pontifices, Patres, Doctores.».

  A023000656 

 Hoc vero si quia Christiani sunt, an non et Pontifices et Patres et Doctores etiam sunt Christiani? Ergo, quia oves sunt, non pastores.

  A023000656 

 Quid vero, te rogo, quisquis es qui haec legis, scribi potuit arrogantius et impudentius? Non Concilia, non Pontifices, non Patres, non Doctores, unus Lutherus, imo, quilibet de faece populi, dummodo Lutheranus (sic enim opinor Lutherus sensit, alioqui actum esset de ipso et de Lutheranis omnibus, si Calvino et Calvinianis de Scripturarum interpretatione credendum esse faterentur), jus habebit de doctrinis cognoscendi et judicandi.

  A023000657 

 Quis negat? Sed an quod velit unumquemque de ipsorum doctrina judicare, ut Lutherus existimat? Nihil minus; at quia possit unusquisque de istorum persona facile cognoscere (quod nos nimio malo nostro [87] in Lutheranis et Calvinianis cognovimus) ex fructibus et operibus ipsorum: quia nimirum veniunt et non mittuntur, dispergunt oves et dividimt ovile, ut proinde, quamvis in speciem oves videantur, facile tamen appareat esse illos intrinsecus lupos rapaces..

  A023000661 

 «Nimis ergo philosophice,» inquit, «hac de re locuti sunt, qui se Christi jactabant esse discipulos; nam quasi adhuc integer staret homo, semper apud Latinos liberi arbitrii nomen extitit; Graecos vero non puduit multo arrogantius usurpare vocabulum, siquidem αύτεξούσιον dixerunt, ac si potestas sui ipsius apud hominem» esset, etc. Lutherus autem, non minore audacia, librum inscripsit De servo arbitrio.

  A023000662 

 Contra quem errorem jam olim scripsit Beatus Augustinus quamplurima ex professo et pluribus locis, sed semper ita ut in eam recidat sententiam, quam semel pro constanti et perpetua propositione his verbis exposuit: «Est igitur,» inquit, «liberum arbitrium; quod quisquis negaverit, Catholicus non est.».

  A023000666 

 Negant fideles posse peccare mortaliter, quia, inquit Calvinus, «Fidelium peccata venialia» sunt; «quia Dei misericordia condemnatio nulla est iis qui sunt in Christo Jesu, quia non imputontur, quia venia delentur.» Quasi vero Petri execrationes et Domini sui abnegationes, Davi-dis adulterium et homicidium, imo ipsius Adami et Evæ inobedientia non fuerint peccata mortalia! Quid ergo sibi voluit, qui Episcopo dixit in Apocalypsi: Nomen habes quod vivas, et mortuus es? Quid, quod David, tantis la-chrymis, tot singultibus petiit peccatum suum deleri, cor novum sibi creari, a sua iniquitate lavari, a peccato mundari[89], si, quia fidelis erat, nihil ei damnationis fuerat, neque ullum peccatum illi imputatum?.

  A023000670 

 Sed nihil tantis theologis dignius, quam quod fatetur Calvinus, quaedam ex his Sacramenta fuisse Apostolorum temporibus, nunc vero esse negat; quasi Sacramenta non nisi ad tempus fuerint instituta, non ut tanto tempore durarent, quanto Ecclesia ipsa, hoc est, ad saeculi usque consummationem..

  A023000674 

 Admittunt quidem reliqua duo Sacramenta: Baptismum et Eucharistiam; sed ita ut negent Baptismi ad peccatorum remissionem efficaciam; non enim, si Calvino credimus, aqua Baptismi «ablutionem et salutem nostram [90]» perficit, «aut purgandi, regenerandi et renovandi virtutem in se» continet.

  A023000676 

 De fidelium liberis non baptizatis.

  A023000678 

 Gravis hac de re apud divum Augustinum extat sententia: «Quisquis dixerit quod in Christo vivificantur etiam parvuli qui sine Sacramenti perceptione de vita exeunt, hic profecto et contra apostolicam praedicationem venit, et totam condemnat Ecclesiam, ubi propterea cum baptizandis parvulis festinatur et curritur, quia sine dubio creditur aliter eos in Christo vivificari omnino non posse.» Hieronymus quoque, post Tertullianum: «Christiani,» inquit, «non nascuntur, sed fiunt.».

  A023000678 

 Paulum sane, nec minus Davidem regem, ex fidelibus parentibus procreatos fuisse, nemo ambigit; et tamen hic se in peccatis conceptum, ille se natura filium irae fateri non dubitare.

  A023000678 

 Quasi vero Apostolus non exclamet: Non qui filii carnis, ii filii Dei, sed quia filii sunt promissionis, æstimantur in semine.

  A023000679 

 Mitissima tamen apud Catholicos sententia illa est, quod non baptizati infantes, quibus nullum praeter originale peccatum imputari potest, damnantur paena damni tantum, non etiam sensus, gaudentque naturali fcelicitate, qualis quantaque maxima esse potest, ita ut etiam suo modo dent laudem Deo, quantum ad justitiam ejus, non modo vindicativam, sed etiam distributivam.

  A023000683 

 Quo nomine non tantum ab omnibus orthodoxis damnantur; sed a Lutheranis quoque tanquam perfidi, rebelles et haeretici rejiciuntur..

  A023000685 

 Cum ad octuaginta quatuor usque diversissimas interpretationes ex eorum libris, optima fide, collegerit vir clarissimus Claudius Sanctesius, Episcopus Ebroicensis, in aureo illo suo opere De Eucharistia, quibus si addas omnes eas quae ab eo [94] tempore supervenerunt, non pauciores quam ducentas invenies, easque non modo diversas, sed etiam, quod in magno mendacio evenire necesse est, omnes pene invicem pugnantes.

  A023000686 

 Altera quae, ut a verbis Christi minime recedere verbotenus videatur, admittit verum Christi corpus in Eucharistiae Sacramento esse, sed per fidem, non per realem et corporalem praesentiam, quae [95] praecedat manducationem; denique, ita esse, ut non sit; ita vere, ut tamen non nisi imaginarie.

  A023000687 

 Prior vero [sane dignior est, quae ad grammaticorum quam ad theologorum scholas relegetur, ut toties vapulent miseri, quoties negabunt verbo est veritatem substantiae, non significationem ipsius, significari.] Quid vero isti tropologici dicerent, si textum hebraicum D. Matthaei vidissent, qui, sicut Evangelium conscripsit ea ipsa lingua qua Christus Dominus utebatur cum Sacramentum institueret atque cum hominibus in terris conversaretur, ita institutionis formulam praecipuam magisque observandam tradidisse credendus est; quam porro sic concepit: Accipite et manducate hoc corpus meum, nullo addito verbo est, aut alio ullo ejusmodi, pro quo Sacramentarii suum illud significat substituere, nobisque obtrudere possint.

  A023000687 

 Quo admisso, illud certe etiam manifeste relinquitur, quod ab aliis Evangelistis omnibus, uno ore, et a divo Paulo (qui hoc ipsum accepit non a coapostolis, sed a Domino jam in Caelos assumpto) additum est graecum substantivum Mot έστί, non ea mente factum fuisse, ut commentitiae [96] isti interpretationi viam patefacerent, et Mot est pro significat unquam accipi vellent; sed ut eum ipsum sensum quem Matthaeus materna Christi lingua expressit apertius exprimerent, addito verbo substantivo ad pronomen hoc demonstrativum substantiae, et nomen substantivum corpus, subjectumque adjectivum meum, quo persona ipsa Christi enixissime significatur; itemque relativum quod, cujus eam esse vim et naturam sciunt grammatici omnes ut sit relativum substantiae, ne tot junctis verbis nihil penitus nisi substantiam et veritatem substantiae exprimentibus, dubitare quisquam posset, quin de vero ac reali corpore suo Christus Dominus in Sacramenti institutione sensisset, quod postea pro nobis datum et traditum est in cruce, non per figuram et significationem, sed vere ac realiter, ut figurae omnes Veteris Testamenti, consummato redemptionis opere, finirentur..

  A023000688 

 Addamus illa quoque tam enixa verba Pauli: Qui [97] enim manducat aut bibit indigne, judicium sibi manducat et bibit, non dijudicans corpus Domini.

  A023000688 

 Quid enim potuit scribi apertius, aut ad excludendam figuram istam et significationem commentitiam, aut ad eam quoque interpretationem explodendam, quae veritatem corporis Christi in fide accipientis, non in Sacramenti veritate constituit, plus tribuens fidei accipientis quam potentiae instituentis? Quis enim potest indignius manducare, quam qui omnino non credit esse corpus Christi? Atqui etiam is qui indigne manducat et bibit, ideo judicium sibi manducat et bibit, quia non dijudicat corpus Domini.

  A023000692 

 Cui autem pro nobis daretur, nisi Patri omnipotenti? Ac, ne quis etiam existimet sacrificium quidem esse, sed non propitiatorium, addidit Christus et expressit [99] disertis verbis: in remissionem peccatorum.

  A023000692 

 Ita et ab expresso Dei verbo, et ab omnium antiquorum Patrum et Christianorum fide, prorsus dissentiunt; quid enim clarius illis verbis: Hoc est corpus meum, quod pro vobis datur; Hic est sanguis meus, qui pro vobis et pro multis funditur in remissionem peccatorum? Nimirum datur sacrosanctum corpus illud, non solum nobis in Sacramentum, sed etiam pro nobis in Sacrificium.

  A023000692 

 Omitto Mot quod factum est per Malachiam Prophetam, de oblatione munda toto terrarum orbe offerenda; omitto alia pleraque ex Scripturis firmissima argumenta, quae theologi non omittunt.

  A023000692 

 Qua in negatione ut omnes hujus temporis haeretici inter se conveniunt, rati omnia se assecutos, quae moliuntur, si religioni nostrae sacrificium subtraliant, sine quo tamen, non magis quam sine Deo, stare religio potest.

  A023000692 

 Satis enim superque fidem nostram adserit Mot illud quod os Domini locutum est, quo evidentissime et efficacissime probatur Eucharistiam non modo Sacramentum esse nobis exhibendum, sed etiam Sacrificium pro nobis offerendum..

  A023000693 

 Adeo verum est quod Tertullianus scripsit: «Varie diabolus semulatus est veritatem; affectavit illam aliquando defendendo concutere.» Eodem namque modo inferunt isti: Quia fides justificat, ergo charitatem non justificare; quia Christi justitia nobis imputatur, ergo nullam in nobis esse justitiam; quia Christus nobis meruit, ergo nulla in nobis esse merita; quia Christus est summus Pontifex, ergo nullum in Ecclesia esse summum Christi vicarium Pontificem; quia Christus mediator redemptionis unicus est, ergo nullum esse mediatorem intercessionis; quia Christus nobis jejunavit, ergo jejunare nos non debere; denique, ne singula persequamur, quia Sacramentum est signum, ergo nullam rem esse in Sacramento.

  A023000694 

 At apud eruditos, et sive in theologia, sive in logica melius versatos, sunt ista omnino ridicula; sciunt enim sic potius e contrario argumentari nos debere: Quia fides justificat, ergo multo magis charitatem justificare, sine qua fides mortua est; quia Christi justitia nobis imputatur, ergo realem et veram justitiam in nobis effici et procreari; quia Christus nobis meruit, ergo in nobis esse merita, quae meritis Christi nobis sunt comparata; quia Christus est summus Pontifex, ergo inter eos qui ejus vices interim gerunt, unum debere esse summum Pontificem; quia Christus mediator redemptionis unicus est, ergo multos esse posse et debere mediatores intercessionis, qui nobiscum ab eo pro nobis petant, ut redemptionis supe pretium et efficaciam nobis applicet; quia Christus nobis jejunavit, ergo multo magis nos, ad ejus exemplum et imitationem, jejunare oportere; quia Christus resurrexit et ad caelos ascendit, ergo nos, si non tantum fideles, sed etiam electi erimus, et resurrecturos et ad caelum ascensuros, quo modo Paulus ad Thessalonicenses argumentatur; denique, quia in Sacramento signum est, ergo rem quoque ipsam significatam adesse debere.

  A023000695 

 At non eo minus verum illud quoque est, Eucharistiam esse sacrificium; non enim duo sunt sacrificia, Crucis et altaris, sed unicum; unica nempe res in utroque offertur, et ab unico offerente, unico fine et unico Patri.

  A023000695 

 At non eodem modo in utroque [103] attingitur: nam in cruce remissio fit redemptione, satisfactione, reparatione immensa; in altari vero, redemptionis, satisfactionis, reparationis, usufructu et applicatione.

  A023000695 

 Unicus Christus offert semetipsum; sed in cruce, sine ministerio cujusquam alterius inferioris sacerdotis; in altari, non solum per seipsum, ut in institutione, sed per administros ejus sacerdotii, quod secundum ordinem Melchisedech stabilivit, in omni loco seipsum oblationem mundam offerri voluit.

  A023000696 

 Ergo Missae oblatio non alia est, sed eadem cum oblatione Crucis, tantum abest ut sit contraria.

  A023000696 

 Nec tam repetitio est oblationis factae in cruce, quam continuatio ac perseverans exhibitio, cum unico, perpetuo ac constantissimo voluntatis actu seipsum Christus Redemptor Patri obtulerit et offerat usque in aeternum, ut non saepius nec iteratis actibus, sed unico, et nulla alicujus cessationis interruptione [104] discreto actu, oblatio haec perficiatur ex parte Christi, quamvis respectu nostri et ministerii quod praestamus, et respectu externorum actuum, non tam continuata quam repetita, sed semper tamen eadem oblatio censeri merito possit.

  A023000697 

 Cum autem ad sacrificium Crucis devenerunt, omnem illi vim et virtutem adimunt, affirmantes, ut supra diximus, nihil eo actum fuisse; sed ad cruciatus inferni, nescio quos, de quibus in tota Scriptura ne Mot quidem, totius redemptionis nostrae summam omnem referunt; ut facile appareat, non aliud istorum consilium esse, quam unum spernere, et aliud non admittere..

  A023000697 

 Sed quis non videat Sathanae fraudem? Tollunt ejus discipuli (nam et talem se in hoc argumento fatetur Lutherus) et destruunt sacrificium Missse, quasi vim omnem salutiferam in sacrificio Crucis reponi velint.

  A023000705 

 Negant Christum vere ac historico sensu ad inferos descendisse, sed mystice tantum et sensu metaphorico, quantumcunque expressissime in Symbolo Apostolorum scriptum sit: «Descendit ad inferos.» Quasi vero Symbolum Apostolorum iis formulis conceptum sit et concipi debuerit, quae tam difficilem et reconditum sensum haberent, quem nemo hactenus, praeter Calvinum, aut eruere aut divinare potuisset; ac non potius iis, quae essent facillimae, et quae sensum Christiano cuilibet obvium haberent.

  A023000709 

 Et quam dum coarctare vult Calvinus ad unius nobiscum fidei conjunctionem, imperite valde ac imprudenter facit, cum Sancti, beatitudinis comprehensores, non amplius credentes dici debeant, sed videntes; fidem namque in Beatis evacuari asseverat Apostolus..

  A023000713 

 «Quis,» inquit Calvinus, «eo usque longas illis esse aures revelavit, quae ad voces nostras porrigantur?» Quam justius liceat mihi exclamare: Quis tam maledicam animam Calvino esse crederet, ac tam insipientem animam, ut auditum beatarum mentium longitudine aurium metiretur? An non Christus ipse revelavit Angelos de peccatorum poenitentia etiam in caelis gaudere? At quomodo gaudent, si non cognoscant? Si vero cognoscunt, quibus auribus id [108] perceperunt? Nam iisdem plane auribus animse Sanctorum voces nostras percipiunt; illis enim aequales sunt et aures et oculi et manus et pedes, cum idem Christus Dominus dixerit: Erunt aequales Angelis Dei..

  A023000717 

 Non ita locuturus, nisi peccata quaedam essent, quae in alio quoque saeculo remittuntur; quod nec ethnicus Plato ignoravit, qui solo naturalis rationis lumine illustratus, Purgatorium admisit.

  A023000723 

 Il signifie par là que les hérétiques ne construisent presque rien, mais détruisent tout; n'affirment rien, nient tout; sont tels enfin que, s'il faut les appeler chrétiens, il faut les dire chrétiens négativement, non pas affirmativement.

  A023000723 

 S'ils font cela pour nous obliger à fournir nos preuves, se croyant eux-mêmes dispensés de prouver quoi que ce soit, en vérité ce sont de bien mauvais, non seulement théologiens, mais jurisconsultes.

  A023000731 

 Dieu veut donc bien des choses d'une volonté, non efficiente ou concourante, mais seulement permissive; c'est-à-dire que ce qui est mauvais, d'une malice qu'on appelle morale, ne peut provenir jamais de Dieu, qui est bon et la bonté même.

  A023000739 

 Mais le Fils, qui a la même essence, l'a, non de personne, non de lui-même, mais du Père.

  A023000753 

 De la Tradition non écrite.

  A023000755 

 Et en réalité, quelle sera la certitude et l'autorité des Saintes Ecritures, si l'on supprime la Tradition, puisque cette certitude et cette autorité peuvent se prouver non par le témoignage de l'Ecriture, mais seulement par la Tradition? Pourquoi appellerons-nous Livres canoniques les Evangiles de Matthieu et de Luc, plutôt que ceux de Thomas et de Nicodème? Et si quelqu'un se met à nier cela et à rejeter, avec nos hérétiques, la Tradition non écrite, comment arriverons-nous à trouver une preuve contre lui? En outre, où étaient donc l'Eglise et la foi de l'Eglise pendant tous les siècles où les matières de foi étaient traitées, non par l'écriture, mais seulement par la parole? Est-ce que l'Eglise n'a pas été antérieure aux Ecritures? Dans quel endroit de l'Ecriture trouveront-ils quelque chose qui nous oblige à croire qu'il faut ajouter foi seulement à ce qui est écrit? Que dire du Baptême des enfants; du Dimanche à sanctifier, de préférence à tout autre jour, en remplacement du Sabbat juif; de la création des Anges, et de tant d'autres choses du même genre dont la croyance est très certaine dans l'Eglise, et même parmi tous les [80] hérétiques, mais dont la preuve par l'Ecriture est tout à fait inexistante? C'est bien autrement, et magnifiquement comme toujours, que parle Augustin: «Je ne croirais pas à l'Evangile, si» l'Eglise ne me disait que c'est l'Evangile..

  A023000764 

 Voyez-vous l'audace et l'impudence de cet homme qui, non content d'avoir détruit autant qu'il l'a pu l'autorité de l'Epître apostolique, accuse encore l'Apôtre d'arrogance, si c'est lui qui a écrit [82] l'Epître, en s'attribuant le droit d'instituer un Sacrement! L'insensé apostat ne voit pas que l'Apôtre agit comme il le fait, non pour instituer le Sacrement de l'Extrême-Onction, mais pour exhorter les fidèles à en user; ce qu'il n'aurait certes pas fait, si le Christ n'avait lui-même institué ce Sacrement..

  A023000780 

 Ils nient que l'autorité des Conciles, même généraux, soit [85] telle que nous devions y adhérer fermement, à tel point qu'ils affirment le droit, non seulement pour le peuple, mais pour chaque homme privé, de peser et d'examiner la doctrine des Conciles en la confrontant avec l'Ecriture.

  A023000780 

 Voici, en effet, les paroles de Luther: «Il appartient à tous les chrétiens et à chacun d'eux de connaître et de juger de la doctrine, et cela leur appartient tellement, qu'il faudrait dire anathème à quiconque léserait ce droit le moins du monde Car le Christ a dit: Gardez-vous des faux prophètes... Cette seule autorité suffit contre les sentences de tous les Pontifes, de tous les Pères, de tous les Conciles, de toutes les écoles, qui ont accordé le droit de juger et de décider aux seuls Evêques et ministres, et l'ont, d'une manière impie et sacrilège, arraché au peuple, c'est-à-dire à l'Eglise-reine.» Un peu plus loin il s'en prend au roi Henri: «Et pour faire ici mention de mon Henri et des sophistes qui font dépendre leur foi de la durée des temps et de la multitude des hommes, tout d'abord on ne peut nier que ce soit depuis plus de mille ans que le droit en question a été tyranniquement ravi; car dans le Concile de Nicée, le meilleur de tous cependant, on commençait déjà à faire des lois et à s'attribuer le droit susdit.» Et peu après il ajoute: «Il est hors de controverse que le droit de connaître de la doctrine, d'en juger ou de l'approuver réside en [86] nous-mêmes, non dans les Conciles, chez les Pontifes, les Pères, les Docteurs.».

  A023000781 

 Et s'ils ont ce droit parce que chrétiens, est-ce que les Pontifes, les Pères, les Docteurs ne sont pas aussi chrétiens? Ils l'auront en tant que brebis, non en tant que pasteurs.

  A023000786 

 Mais les Grecs n'ont pas eu honte d'employer une expression beaucoup plus arrogante, en parlant de pouvoir propre, comme si l'homme conservait le pouvoir sur lui-même,» etc. Luther, de son côté, avec une audace non moins grande, a intitulé un de ses livres: Du serf arbitre.

  A023000795 

 Mais rien n'est plus digne de ces grands théologiens que ce qu'affirme Calvin, lorsqu'il dit que certains de ces Sacrements ont existé au temps des Apôtres, qui cependant n'existent plus aujourd'hui; comme si les Sacrements n'avaient été institués que pour un temps, non pour tout le temps que devait durer l'Eglise elle-même, c'est-à-dire jusqu'à la consommation des siècles!.

  A023000801 

 Des enfants non baptisés des fidèles.

  A023000804 

 Cependant, c'est une opinion bien peu sévère que celle des catholiques au sujet des enfants non baptisés, auxquels ne peut être imputé d'autre péché que le péché originel: à savoir, qu'ils sont, condamnés à la peine du dam seulement, non à celle du sens, et qu'ils jouissent d'un bonheur naturel le plus grand possible en qualité et en quantité, en sorte qu'ils rendent gloire à Dieu pour sa justice, non seulement vindicative, mais aussi distributive.

  A023000808 

 Sous ce nom ils sont, non seulement condamnés par tous les orthodoxes, mais encore rejetés même par les luthériens, comme perfides, rebelles et hérétiques..

  A023000810 

 Si on y joint toutes celles qui ont été surajoutées depuis, on n'en trouve pas moins de deux cents, et [94] non seulement diverses, mais aussi, ce qui ne peut manquer d'arriver dans un mensonge de cette importance, presque toutes se contredisant mutuellement.

  A023000811 

 L'autre est celle qui, pour ne pas avoir l'air de s'écarter même matériellement des paroles du Christ, admet que son vrai corps se trouve dans le Sacrement de l'Eucharistie, mais par la foi, non par une présence réelle et corporelle qui précéderait la manducation; en somme, [95] qu'il s'y trouve sans s'y trouver, et que cette présence n'est vraie qu'en imagination.

  A023000812 

 Cela admis, il reste en outre certainement manifeste que l'addition du verbe grec substantif ( est ), faite d'un commun accord par tous les autres Evangélistes et par [96] saint Paul (celui-ci d'après l'enseignement, non de ses collègues en apostolat, mais du Seigneur déjà monté au Ciel), que cette addition, disons-nous, n'a pas été, faite dans le but d'aplanir la voie à l'interprétation mensongère ci-dessus et de faire croire qu'ils voulaient donner au verbe est le sens de signifie; mais pour exprimer plus ouvertement le même sens que saint Matthieu a exprimé dans la langue maternelle du Christ.

  A023000812 

 En sorte qu'il est impossible à personne, devant tant de mots réunis qui n'expriment que la substance et la vérité de la substance, de douter de l'intention que Notre-Seigneur Jésus-Christ a eue, en instituant son Sacrement, de parler de son corps véritable et réel, celui-là même qui ensuite fut donné et livré pour nous sur la croix, non en figure et signification, mais vraiment et réellement, afin que toutes les figures de l'Ancien Testament prissent fin avec la consommation de l'oeuvre de la rédemption..

  A023000812 

 Quant à la première, [ses misérables défenseurs méritent vraiment d'être plutôt renvoyés à l'école de grammaire qu'à celle de théologie, pour y recevoir les verges toutes les fois qu'ils nieront que le verbe être désigne la vérité de la substance, non sa simple signification.] Mais que diraient ces partisans de métaphores s'ils avaient vu le texte hébraïque de saint Matthieu? Ce dernier, qui a écrit son Evangile dans la langue même dont se servait Notre-Seigneur Jésus-Christ lorsqu'il instituait le Sacrement et lorsqu'il conversait avec les hommes sur terre, a dû nous transmettre la formule d'institution qui mérite d'être préférée aux autres et doit fixer davantage notre attention.

  A023000813 

 Qu'a-t-on pu écrire de plus clair, soit pour exclure le sens mensonger de simple figure et signification, soit pour éliminer l'autre interprétation qui met la vérité du corps du Christ dans la foi du communiant, non dans la vérité du Sacrement, et attribue ainsi plus de valeur à la foi du communiant qu'à la puissance de Celui qui a institué le Sacrement? Comment, en effet, communier plus indignement qu'en ne croyant point à la présence du corps du Christ? Or, même celui qui mange et boit indignement, ne mange et boit sa propre condamnation que parce qu' il ne discerne pas le corps du Seigneur.

  A023000817 

 Mais à qui serait-il donné pour nous, si ce n'était au Père tout-puissant? Et pour que personne ne puisse penser que c'est bien un sacrifice, mais [99] non une hostie de propitiation, le Christ a ajouté en propres termes: en rémission des péchés.

  A023000817 

 Quoi de plus clair, en eflet, que ces paroles: Ceci est mon corps qui est donné pour vous; Ceci est mon sang qui est répandu pour vous et pour plusieurs en rémission des péchés? Sans nul doute, ce corps très saint est donné, non pas seulement à nous en Sacrement, mais aussi pour nous en Sacrifice.

  A023000819 

 Mais auprès des savants et de ceux qui sont davantage versés dans la connaissance, soit de la théologie, soit de la logique, tous ces raisonnements sont parfaitement ridicules; car les gens instruits savent qu'il nous faut, au contraire, raisonner ainsi: La foi justifie, donc bien plus la charité justifie, elle sans laquelle la foi est morte; la justice du Christ nous est inciputée, donc une réelle et vraie justice est produite en nous; le Christ a mérité pour nous, donc nous avons des mérites que nous ont valus les mérites du Christ; le Christ est souverain Pontife, donc parmi ceux qui pour le moment le remplacent, il faut qu'il y en ait un qui soit souverain Pontife; le Christ est l'unique médiateur de rédemption, donc il peut et il doit y avoir de nombreux médiateurs d'intercession, qui, avec nous et pour nous, implorent de lui qu'il nous applique le prix et l'efficacité de sa rédemption; le Christ a jeûné pour nous, donc à plus forte raison devons-nous jeûner à son exemple et imitation; le Christ est ressuscité et monté aux cieux, donc nous aussi, si nous sommes non pas seulement fidèles, mais aussi élus, nous ressusciterons et monterons aux cieux, selon le raisonnement de Paul dans son Epître aux Thessaloniciens; enfin, il y a un signe dans le Sacrement, donc il faut que la chose signifiée y soit aussi.

  A023000820 

 C'est le même Christ qui s'offre lui-même, mais sur la croix c'est sans le ministère d'un autre prêtre inférieur; sur l'autel, c'est non seulement par lui-même, comme au jour de l'institution [du Sacrement], mais aussi par les co-ministres de son sacerdoce établi par lui selon l'ordre de Melchisedech, qu'il a voulu être offert en tout lieu comme une oblation pure.

  A023000820 

 Par conséquent, la différence n'est que dans la manière et la forme, puisque, comme nous l'avons dit, la chose offerte est le même Christ; mais sur la croix il est offert dans sa propre apparence et forme, d'une manière sanglante, tandis que dans l'Eucharistie, il l'est sous l'espèce du pain et du vin, selon l'ordre de Melchisédech, d'une manière non sanglante.

  A023000821 

 Ainsi donc, celui qui dirait que le sacrifice de la Messe et celui de la Croix sont deux sacrifices, dirait vrai à cause de la forme et des modes divers de la double offrande; mais il est bien mieux et non moins vrai, tout au contraire plus vrai, de parler d'un seul sacrifice, à cause de l'identité, pour ainsi dire, de Celui qui à la fois offre et est offert, de Celui à qui il est offert et de la fin pour laquelle il est offert.

  A023000821 

 De manière que cette oblation s'opère, de la part du Christ, non plusieurs fois ou [103] par des actes réitérés, mais par un acte unique que ne vient interrompre aucune cessation, bien que, par rapport à nous et à notre ministère, et par rapport aux actes extérieurs, cette oblation soit plutôt répétée que continue, tout en méritant toujours d'être considérée comme une même oblation.

  A023000830 

 Ils nient que le Christ soit descendu aux enfers vraiment et dans un sens historique, et disent qu'il y est se vilement descendu mystiquement et dans un sens métaphorique, bien qu'il soit écrit en termes très exprès dans le Symbole des Apôtres: «Il est descen du aux enfers.» Comme si le Symbole des Apôtres avait été conçu et avait dû être conçu en des termes de sens si difficile et si caché que jusqu'ici personne, hormis Calvin, n'ait pu le saisir ou le deviner, et non plutôt en ces termes faciles qui ont pour tout chrétien un sens obvie.

  A023000848 

 Adeo namque sibi in arte negandi placent, ut etiam affirmando negent, et, quod supra ex Tertulliano diximus, «credendo non credant».

  A023000852 

 Affirmant Deum non tantum permittere, sed etiam immittere, velle, operari, efficere malam hominis voluntatem [110].

  A023000853 

 Max. voluntatem sua immensa bonitate, et illius vim, efficaciam et constantiam negant, cum peccatum non in efficiendo, sed in deficiendo consistat, et velle peccatum deficere sit, non efficere, Porro universa Scriptura docet, Deum velle omnes homines salvos fieri, neminem perire; Deum habere odio peccatum et iniquitatem; perditionem hominum ex ipsis esse, a Deo autem tantummodo bonum et salutem ipsorum.

  A023000853 

 Pulchre divus Augustinus: «Divinam providentiam non usque ad haec ima protendi, aut certe mala omnia Dei voluntate committi, utrumque impium; sed magis posterius.» Divus vero Basilius orationem integram de eo habuit: «Quod Deus non sit auctor malorum.» [112].

  A023000857 

 Affirraant peccata remitti sola non imputatione; quod ipsum nihil aliud est, quam negare veram peccatorum remissionem.

  A023000857 

 At vero, si Pater abominatur peccata, non minus Filius; si Pater ea nec tolerare possit, nec videre quin irascatur, neque Filius ea contegere aut fovere per suam justitiam potest.

  A023000857 

 Igitur superest ut delendo et abluendo tegat, quandoquidem nihil Deo tectum, aut non apertum ejus oculis esse potest, nisi quod omnino non est.

  A023000857 

 Non enim volunt deleri, non extergi, non longe fieri a nobis, non transferri peccata, nec animam mundari, ablui, lavari, illuminari, aut cor purgari, creari, renovari (quae omnia toties affirmat Scriptura); sed remanere peccata volunt, nec tamen imputari; tegi, non abstergi; abscondi, non deleri.

  A023000857 

 Quasi vero Christus, innocentiae et justitiae suae veluti pallio, iniquitates nostras operiat tantum, non destruat; quemadmodum Rachel idolum patris sui non abjecit, sed illi insidens, et veste obvolvens contexit et servavit.

  A023000861 

 Affirmant impium justificari per solam justitiae Christi imputationem, ut scilicet nulla in nobis sit justitia a Christo, sed ea nobis solum imputetur, quae in Christo est, non in nobis.

  A023000861 

 De quo non plura fere in Sacris Scripturis verba sunt, quam testimonia: Charitas Dei diffusa est in cordibus nostris per Spiritum Sanctum qui datus est nobis; Eratis aliquando tenebræ, nunc autem lux in Domino.

  A023000861 

 Et invitatus ille repulsus est, non quia sponso vel filio regis deesset vestis nuptialis, sed quia ipse non habebat; et prodigo filio non tantum suam vestem imputavit pater, sed novam [114] dedit; et Sancti ambulant in albis, non tantum quia Agnus albus est, sed quia stolas suas dealbaverunt in sanguine Agni..

  A023000861 

 Hac autem affirmatione vim et efficaciam justitiae Christi negant, quae in eo maxime elucet, ut nobis prosit non modo per sui imputationem, sed per justitiae formalis in corda nostra derivationem et infusionem, ut filii Dei non tantum nominemur, sed etiam simus; ac, quod consequens est, non justi tantum nominemur et habeamur, sed vere simus et efficiamur.

  A023000865 

 Rursum Lutherus, ibidem, hoc suavi se oblectat argumento, ut facile agnoscas quam bonus fuerit logicus: « Lex non est ex fide; atqui lex nihil aliud praecipit quam charitatem; ergo charitas est non ex fide, sed pugnat cum ea.» Quid vero tu ad haec, o magne Paule? Si tantam fidem habuero ut montes transferam, charitatem autem non habuero, nihil mihi prodest.

  A023000866 

 Quare non immerito seipsum miratur Lutherus, in haec verba prorumpens: «Haec nostra,» inquit, «theologia paradoxa rationi, mirabilis et absurda est, quod non solum surdus sim legi et liber ab ea, sed plane ei mortuus.» Et paulo post: «Respondebimus,» inquit, «cum Paulo, sola fide in Christum nos pronunciari justos, non operibus legis aut charitate.» Ubinam vero gentium Paulus ea verba addidit, quae tu de tuo addis, Luthere: «aut charitate»? [116].

  A023000870 

 Ac ne quis forte, de hominis pietate melius suspicatus, existimaret sermonem illi esse de moribus moraliter bonis, explicavit ille sententiam suam his clarioribus verbis: «Omne opus bonum in sanctis viatoribus esse peccatum.» Et Calvinus in eunderri sensum contendit, «nec unum a sanctis exire opus, quod, si in se censeatur, non mereatur justam opprobrii mercedem.» Et alibi addit: «Nullum esse hominis pii opus, quod, si severo Dei judicio examinaretur, non esset damnabile.».

  A023000871 

 Et qui dabit unicuique secundum opera sua, idem reddet omnibus, piis et impiis, praemium: nam, ut piis quoque propter bonum opus paenam infligat necesse est, quia bonum opus faciendo peccaverunt; item, ut impiis reddat gloriam, quia eorum opera non magis quam piorum et proborum peccata sunt..

  A023000872 

 Quid ergo respondebunt isti, si eos interrogem non, quid credendo, sed quid faciendo vitam eeternam possidebo? An quod Christus legisperito: Diliges Dominum tuum, etc.; hoc fac, et vives? Imo potius: Fac nihil, et non peccabis.

  A023000872 

 Si enim praestat «otiosum esse quam nihil agere,» ut Plinius dicebat, an non multo tutius est nihil agere quam male agere et peccare? Hic vero quis non videat in hoc hominum genere miram perpetuamque contradicendi libidinem? Bonum, inquiunt, est malum; lux sunt tenebrae; calidum, frigidum.

  A023000877 

 Quicumque ista profitetur et urget, est minister legis, peccati, irae et mortis; nam impossibile est humanam naturam implere legem, imo in justificatis qui habent Spiritum Sanctum.» Et paulo post: «Qui igitur docet fidem in Christum non justificare, nisi lex simul servetur, ille facit Christum peccati ministrum et crudelem tyrannum, qui exigit impossibilia, ut Moses, quffi nemo facere potest.» Idem vero docuit Calvinus, melior, in hoc articulo, ut etiam aliis plerisque, Lutheranus quam theologus..

  A023000881 

 «Christus,» inquit Lutherus, «ordinavit ut nullum esset peccatum nisi incredulitas, nulla justitia nisi fides.» Et alibi tuetur mordicus hanc propositionem: «Baptizatum, etiam volentem, non posse perdere salutem suam quantiscumque peccatis, nisi nolit credere, quia,» inquit, «fides tollit omnia [120] peccata et facit volentem non peccare.» Hac autem affirmatione negant evidentissime scortationes, homicidia, perjuria, blasphemias esse peccata; quod tamen quam absurdum sit qui non videt, quid unquam absurdum esse fatebitur? At quam praeclare rursum cohaerent hae propositiones Lutheri: «Omne opus bonum, etiam fidelis, etiam justi, est peccatum;» et: «Nullum opus justi, nisi incredulitas, est peccatum;» nam si omne opus bonum est peccatum, quomodo nullum opus malum peccatum est?.

  A023000885 

 Via arcta est; singulum te fieri necesse est, si transire velis ac penetrare rupem; qui operibus, ceu Jacobitae peregrinatores cocleis circum undique muniti sunt, penetrare non possunt; si saxis operum refertus adveneris, nisi deposito prius onere, non pertransibis.» Et alibi: «Justitia,» inquit, «legis, etiam Decalogi, [121] est immunda et abolita per Christum.» Quis vero tibi, Luthere, has Christi voces revelavit? Nec enim reperisti in Evangelio, in quo nihil tantopere Christus commendat quam ut, si velimus ad vitam ingredi, servemus mandata, et operariis, non fiduciariis, mercedem se daturum pollicetur..

  A023000890 

 Affirmant nulla ex circumstantia fieri peccata deteriora; Lutherus enim hanc propositionem, inter caeteras quas pro certissimis habet, tuetur: «Circumstantias peccatorum, cum matribus, filiabus, sororibus, affimbus, quacumque die, quocumque loco, quibusvis cum personis, ac si quid aliud praeterea externum sit, aequales esse ac penitus contemnendas.» Quam vero eleganti ratione? «Quia,» inquit, «Christus talia non praecepit in suis legibus.» Et alibi: «Apud Christianos,» inquit, «una tantum est circumstantia, quae est peccasse in fratrem.» [122] Qua affirmatione negant peccatorum inaequalitatem, saltem in eodem genere peccati.

  A023000890 

 Hoc vero quis ferat, ut eadem sit malitia peccati ejus qui thorum proximi, et ejus qui thorum patris sui violaverit? Ergo non gravius peccat qui patrem, quam qui servum occiderit? qui columbas in templo plus aequo, quam qui in trivio vendiderit? Quid igitur illud est, quod tantopere Paulus exaggerat Corinthii illius fornicationem, quae tam gravis erat, ut nec inter Gentes inveniretur, nimirum quod quis patris sui uxorem habere auderet?.

  A023000894 

 Hic opportunum est ut maritus dicat: Si tu nolueris, alia volet; si domina noluerit, adveniat ancilla; ita tamen ut antea iterum et tertio admoneat maritus.» Quid, obsecro, possit diabolica impudentia fingere hoc impudente impudentius? Sobrius tamen et modestus est in eo loco, si cum iis, quae alibi scripsit, haec comparentur; nam non modo eadem repetit, sed addit quaedam adeo obscaena de pruritu carnis utriusque sexus, maxime vero muliebris, ut nemo, sine pudore ac verecundia, hujusmodi petulantiam intueri vel audire possit, ne dum referre..

  A023000894 

 Insita est natura et indoles aeque atque membra quae eo pertinent.» [123] Et paulo post: «Reperiuntur interdum,» ait, «pertinaces uxores, quae etiamsi decies in libidinem prolaberetur maritus, pro sua duritia non curarent.

  A023000894 

 Non tamen omnia recensebo (quis enim ferre posset?), sed pauca tantum, ex iis tamen quae ex ungue leonem demonstrent.

  A023000894 

 «Mot hoc,» ait ille, « Crescite et multiplicamini, non est praeceptum, sed plus quam praeceptum divinum, puta opus quod non est nostrarum virium, ut vel impediatur, vel omittatur, sed tam est necessarium, quam ut masculus sim, magisque necessarium quam edere, bibere, purgare, mucum emungere, somno et excubiis inteutum esse.

  A023000895 

 Hac porro tam absurda, et satyro magis quam homine digna affirmatione, negant consilia Christi et Pauli de virginitate servanda, de secundis nuptiis non expetendis, de castratione propter regnum Dei, de muliere non tangenda, possibilia esse et observanda, gravemque injuriam adultis puellis nondum matrimonio collocatis, viduis, et aliis quibus viri copia non est, inducunt.

  A023000895 

 Si enim non magis a luxuria quam ab esu et potu abstinere possunt, et meretrices erunt et hypocritae.

  A023000895 

 Verum, quid exquirit Lutherus ab humana natura continentiam, cum ab ea nisi per Christum et in Christo obtineri non possit? At Christus tamen pulsanti aperit et petenti concedit, ut omnes, cum Apostolo, possint dicere: Omnia possum in eo qui me confortat, Christus, cujus virtus in infirmitate perficitur..

  A023000907 

 Sed quid illi ad Ezechielem: Si averterit se justus a justitia sua et fecerit iniquitatem, justitice ejus non memorabuntur amplius? Quid, quod Episcopo Philadelphiae Christus scribendum mandat: Tene quod habes, ne alius accipiat coronam tuam? Paulus vero Apostolus, quanquam fidelis, imo fidelissimus, quid non facit, ne, cum aliis praedicaverit, ipse reprobus efficiatur?.

  A023000908 

 Rursum peccatis nostris non posse nos damnari, cum ea sibi imputari voluerit, ac si sua essent.» Quo tamen loco advertendum est, in prioribus editionibus, maxime gallicis, rem durius exprimi, quam in posteriori anni 1602; nam in illis non solum asseritur «regnum Caelorum non magis nobis excidere posse quam» Christo, quod et in posteriori diserte scriptum est, sed etiam nos nostris peccatis non magis damnari posse quam Christum.

  A023000908 

 Parole [127] enim ejus gallica haec sunt: «Par quoy nous nous osons promettre asseurement que la vie eternelle est nostre, et ne nous peut faillir non plus qu'a Jesus Christ mesme; d'autre part, que, par nos peches, nous ne pouvons estre damn6s non plus que luy.» Horresco referens! et quis non horrescet, sive legens, sive audiens?.

  A023000912 

 Affirmant electos de sua electione esse certissimos «Pessime ergo,» inquit Calvinus, «et perniciose Gregorius, homilia 38, dum vocationis tantum nostrae conscios nos esse tradit, electionis incertos; unde ad formidinem et trepidationem omnes hortatur.» Qua affirmatione negant et spem et timorem in praedestinatis esse posse; nam quis timeat de amissione illius boni quod amittere se non posse certo sciat? Et quod magnus ille nec unquam satis laudatus Gregorius hortatur nos ad timorem et formidinem, quid aliud est, quam illud ipsum quod consulunt apices omnes [128] Sacrarum Scripturarum? Cur enim putemus laudatum in Evangelio Simeonem, quod non tantum justus esset, verum etiam timoratus, nisi ut intelligamus justitiae comitem perpetuum esse hunc timorem sanctum, non qui servilis sit, sed qui filialis? Itaque mentiantur isti quantum volent; cum se justos dicunt, satis est, ut mentiri eos appareat, quod se timoratos nolunt dicere, ne quidem per mendacium; non quia non audeant (est enim longe audacior qui se justum esse contendit quam qui se fatetur timoratum), sed quia eos pudeat non quidem mentiri, sed ita loqui, ut hac parte mentiendo veritatem dicere videantur..

  A023000913 

 Si enim ab iis exquiras unde illa tanta certitudo, respondent statim se responsum, nescio quod, Spiritus Sancti interius percipere, veluti quadam echo, unde dubitare de sua praedestinatione non possint.

  A023000921 

 Qua horrenda affirmatione negant Christum in potestate habuisse omnes animae suae passiones, ut videlicet illo inscio et non imperante elaberentur et prorumperent.

  A023000921 

 Quod tamen tam falsum [131] esse quam quod maxime, praeterquam quod per seipsum clarissimum est, apparet etiam ex eo quod Beatus Joannes Evangelista, in historia de resurrectione Lazari, asseverat Christum semetipsum turbasse: quia nimirum ut eum decebat, qui non minus vere Deus esset quam vere homo, sponte excitabat in seipso timores, angores et hujusmodi affectus animi, antequam ab eis excitaretur.

  A023000921 

 Unde, post D. Hieronymum, nos non passiones, sed «propassiones» in Christo fuisse asseveramus..

  A023000925 

 Non enim destitit Mot esse, etiam cum Mot non proferret, aut sapientiam habere, cum nondum sapientiam loqueretur; quippe quem fides nostra credit, a primo instanti suae conceptionis tam cito fuisse comprehensorem quam viatorem..

  A023000930 

 At quis nescit fidem esse ex auditu, auditum vero per Mot Dei? Quomodo autem Mot Dei pervenit ad animam infantis [133] sine praedicante? quis vero praedicavit infantibus? Rursum actus fidei sine usu rationis esse non possunt, ut apud omnes in confesso est, et naturalem habet intellectum; quis porro credat infantes usu rationis potiri?.

  A023000941 

 Ils affirment que Dieu, non seulement permet, mais déchaîne, veut et opère en réalité la mauvaise volonté de l'homme.

  A023000942 

 Par une si abominable affirmation ils enlèvent à la volonté du Dieu très bon et très grand son immense bonté, et en nient la force, l'efficacité et la solidité, le péché consistant, non dans une efficience, mais dans une déficience, et vouloir le péché étant par conséquent déficience et non efficience.

  A023000946 

 Ils affirment que la rémission des péchés se fait par simple non-imputation, ce qui n'est pas autre chose que nier la vraie rémission des péchés.

  A023000946 

 Ils ne veulent pas, en effet, que les péchés soient effacés, lavés, éloignés de nous, chassés; que l'âme soit purifiée, blanchie, lavée, illuminée; que le cœur soit nettoyé, créé, renouvelé (toutes choses que l'Ecriture affirme si souvent): mais ils veulent que les péchés restent, sans être cependant imputés; qu'ils soient couverts, non effacés; cachés, non enlevés.

  A023000946 

 Mais si le Père a horreur du péché, le Fils n'en a pas moins horreur; si le Père ne peut le tolérer et le voir sans s'irriter, le Fils non plus ne peut le cacher ou le couvrir par sa justice.

  A023000950 

 Et l'invité qui a été chassé, l'a été, non parce que l'époux ou le fils du roi était dépourvu de la robe nuptiale, mais parce que lui-même ne l'avait pas; quant à l'enfant prodigue, le père ne s'est pas contenté de le couvrir de sa propre robe, mais il lui en a donné une neuve; et les Saints se promènent [114] [au Ciel] en vêtements blancs, non pas simplement parce que l'Agneau est blanc, mais parce qu' ils ont blanchi leurs robes dans le sang de l'Agneau..

  A023000950 

 Ils affirment que l'impie est justifié par la seule imputation de la justice du Christ, en sorte qu'il n'y a en nous aucune justice provenant du Christ, mais que nous est seulement imputée celle qui est dans le Christ, non en nous.

  A023000950 

 Par cette affirmation ils nient la force et l'efficacité de la justice du Christ, qui se montre surtout en ce qu'elle nous est utile non seulement par son imputation, mais par une dérivation et une infusion d'une justice formelle dans nos cœurs, en sorte que, non seulement n ous soyons appelés enfants de Dieu, mais aussi que nous le soyons; que, par conséquent, nous ne soyons pas seulement justes de nom et de réputation, mais en réalité et en effet.

  A023000955 

 Aussi est-ce avec raison que Luther s'étonne de lui-même et s'exclame ainsi: «Cette théologie, qui est la nôtre, contraire à la raison, est étonnante et absurde, à savoir que je ne sois pas seulement sourd à la loi et délivré d'elle, mais que j'y sois entièrement mort.» Et un peu après: «Nous répondrons avec Paul que nous méritons le nom de justes par la seule foi dans le Christ, non par les œuvres de la loi ou la charité.» Où donc Paul a-t-il ajouté les mots: «ou la charité», que tu ajoutes de toi-même, ô Luther? [116].

  A023000961 

 Que répondront nos hérétiques, si je leur demande non par quelle croyance, mais par quelles actions je mériterai de posséder la vie éternelle? Répondront-ils par la parole du Christ au docteur de la loi: Tu aimeras ton Seigneur, etc.; fais cela, et tu vivras? Ils devront plutôt répondre: Ne fais rien, et tu ne pecheras pas.

  A023000974 

 La voie est étroite, il faut y entrer seul si tu veux y passer et pénétrer dans le rocher; ceux qui sont tout garnis de leurs œuvres, comme les pèlerins de saint Jacques de leurs coquilles, n'y peuvent pénétrer; si tu es chargé des lourdes pierres de tes œuvres, tu ne passeras pas avant de t'être déchargé de ton fardeau.» [121] Et ailleurs: «La justice de la loi, même du Décalogue, est impure et abolie par le Christ.» Qui t'a donc révélé, ô Luther, ces paroles du Christ? Car tu ne les as pas trouvées dans l'Evangile, où rien n'est si fort recommandé par le Christ que l'observation des commandements, si nous voulons entrer dans la vraie vie, et où il promet de donner une récompense, non aux croyants, mais aux ouvriers..

  A023000995 

 Dans les premières, en effet, non seulement il est affirmé que «le royaume des Cieux ne peut, pas plus nous manquer» qu'au Christ, ce que porte expressément la dernière édition, mais que nos péchés [127] ne peuvent pas plus nous faire condamner qu'ils ne peuvent faire condamner le Christ lui-même.

  A023000995 

 Voici les paroles françaises: «Par quoy nous nous osons promettre asseurement que la vie eternelle est nostre, et ne nous peut faillir non plus qu'a Jesus Christ mesme; d'autre part, que, par nos pechés, nous ne pouvons estre damnés non plus que luy.» C'est avec horreur que je cite! et qui lira ou entendra ces paroles sans horreur?.

  A023000999 

 Ce n'est pas chez eux manque d'audace (il y a certes plus d'audace à se prétendre juste qu'à se confesser timoré), c'est plutôt honte, non évidemment de mentir, mais de s'exprimer en telle sorte que, par un mensonge sur le point en question, ils aient l'air de dire la vérité..

  A023000999 

 «Grégoire,» dit Calvin, «a fait chose très mauvaise et pernicieuse en assurant, dans son homélie XXXVIII e, que nous sommes seulement sûrs de notre vocation, non de notre élection, et en exhortant, par conséquent, tout le monde à la crainte et au tremblement.» Par cette affirmation ils nient que l'espérance et la crainte puissent se trouver chez les prédestinés; car, qui peut craindre la perte d'un bien qu'il est sûr de ne pouvoir perdre? En nous exhortant à la crainte et au-tremblement, que fait le grand et jamais assez loué saint Grégoire, si ce n'est de nous donner le même [128] conseil que nous donnent à chaque page les Saintes Ecritures? Car, pourquoi pensons-nous que l'Evangile loue Siméon, non seulement de ce qu'il était juste, mais aussi de ce qu'il était timoré, sinon pour nous faire comprendre que la justice doit avoir pour compagne continuelle cette crainte sainte, non celle qui est servile, mais celle qui est filiale? Aussi, que nos hérétiques mentent tant qu'ils voudront en s'appelant justes; il suffit pour faire apparaître leur mensonge, qu'ils ne veuillent pas se dire timorés, même au prix d'un mensonge.

  A023001014 

 De la foi actuelle des enfants non encore baptisés.

  A023001024 

 Currebant, inquit Deus per Ezechielem, de falsis prophetis, et ego non mittebam eos.

  A023001025 

 Calvinus enim Lutherum aliosque novatores qui sectas istas excitaverunt, non ordinaria vocatione, sed extraordinaria, ministerium suum sumpsisse asseverat, indeque Apostolos illos et Evangelistas censendos esse dicit.

  A023001025 

 Munus tamen ipsum nihilominus extraordinarium appello, quia in ecclesiis rite constitutis locum non habet.».

  A023001025 

 «Quamquam,» inquit, «non nego quin Apostolos postea quoque, vel saltem eorum loco Evangelistas, interdum excitaverit Deus, ut nostro tempore factum est.

  A023001026 

 Lutherus autem palam fatetur se non extraordinaria, sed ordinaria et mediata vocatione vocatum esse: «Sumus [135] igitur,» inquit, «et nos divina auctoritate vocati, non quidem immediate a Christo, ut Apostoli, sed per hominem.» Cum autem explicat quanam ratione vocatus sit per hominem: «Cum autem,» inquit, «princeps seu alius magistratus me vocat, hinc certo et cum fiducia gloriari possum quod mandante Deo per vocem hominis vocatus sim; Est enim ibi mandatum Dei per os principis, quod me certum facit, vocationem meam esse veram et divinam.» Et alibi dicit «vocationem antiquitus quidem per Apostolos, qui suos successores vocaverunt, factam esse, sicut,» inquit, «adhuc vocantur etiam a potestatibus carnalibus et magistratibus seu communitatibus.» Vides igitur ut Lutherus suam vocationem non quemadmodum Apostolorum et Evangelistarum extraordinariam, sed ordinariam et mediatam esse asserat, eamque non ab Episcopis aut ecclesiasticis personis, sed «a magistratibus carnalibus» (hoc enim ipsum ejus Mot est) profectam esse ac derivatam..

  A023001027 

 Itaque ministraverunt, non ut auctores sui, id est Episcopi, faciebant, sed longe rectius et purius..

  A023001027 

 Philippus autem Plessaeus Mornaeus tractatu illo gallico De Ecclesia, in quo tantopere Calvinistae sibi placent, [136] contendit Lutheri, Zuingli et caeterorum primorum nostri temporis haereticorum vocationem non a Deo immediate aut extraordinarie, quemadmodum Calvinus, neque mediate «a magistratibus carnalibus,» sicut Lutherus, sed mediate ab Episcopis catholicis deducendam.

  A023001028 

 Quis ergo non rideat horum hominum insaniam, qui ne quidem qua ratione vocati sint inter se conveniunt? Quis vero non miretur Plessaei ingenium, qui qua ratione vocatus sit Calvinus, Calvino melius se scire existimat? qua item ratione Lutherus, et a quo suam vocationem et auctoritatem acceperit, melius se nosse quam ipse sciverit Lutherus? Separate illos, inquit Daniel de falsis testibus, ab invicem procul, et dijudicabo eos; dixitque ad unum: [137] Sub qua arbore videris? Qui ait: Sub schino. Interrogavit et alium, qui ait: Sub prino; et ita testimoniorum falsitas apparuit.

  A023001028 

 Quis non ergo, jam vel ex ipsorum confessione, agnoscat falsum eos dicere, cum de vocatione sua gloriantur?.

  A023001034 

 Enimvero, non solum de vocatione sua non conveniunt, sed etiam, quod magis est, consentiunt inter se de legitima Episcoporum nostrorum vocatione.

  A023001034 

 Et sane, ut verum dicam, coacti sumus fateri a parte eorum stare ministerium ordinarium; sed, quia potestate sua abusi sunt, eorum jactantiam irridere possumus.» Mornaeus autem, cum a nostris Episcopis Lutheri et sequacium missionem derivat, an non omnium apertissime vocationem nostrorum approbat Episcoporum? Bene igitur Calvinus, et melius quam crediderit, «in ecclesiis recte constitutis» vocationem suam aut suorum non habere locum..

  A023001035 

 Quo admisso, sic jam nobis licebit argumentari: Ecclesia Christi recte semel constituta est, ita ut nunquam inferorum [139] portae adversus eam praevalere possint; ergo in ea locum habere vocatio extraordinaria non potest, nisi quatenus ab ordinaria approbetur: Christus enim divisus non est.

  A023001035 

 Ut merito verbis Tertulliani urgere liceat apostaticos istos reformatores: «Qui estis» vos, aut «unde venistis?» Quis vos misit evangelizare? «Edant,» inquit ille, «origines ecclesiarum suarum, evolvant ordinem episcoporum suorum.» Quin etiam verbis Lutheri, qui de vocatione ab Apostolis instituta tractans: «Est igitur,» inquit, «non contemnenda vocatio, neque enim satis est habere Mot et puram doctrinam; opportet etiam ut vocatio certa sit, sine qua qui ingreditur ad mactandum et perdendum venit; nunquam enim fortunat Deus laborem illorum qui non vocati sunt; sic hodie fanatici spiritus nostri habent verba de fide in ore, tamen nullum fructum faciunt.» Et ibidem: «Diabolus [140] incitare solet suos ministros, ut non vocati currant et praetextant zelum.».

  A023001044 

 Calvin, en effet, assure que Luther et les autres novateurs, instigateurs des sectes nouvelles, ont entrepris leur ministère par suite d'une vocation, non ordinaire, mais extraordinaire, en sorte qu'il les considère comme des apôtres et des évangélistes.

  A023001045 

 Luther, au contraire, avoue ouvertement avoir été appelé par une vocation, non extraordinaire, mais ordinaire et médiate: [135] «Nous sommes donc,» dit-il, «appelés, nous aussi, non pas, à la vérité, immédiatement par le Christ comme les Apôtres, mais par un homme.» Et lorsqu'il explique de quelle manière il a été appelé par un homme, il dit ceci: «Quand un prince ou un autre magistrat m'appelle, je puis me glorifier avec certitude et confiance d'être, par la voix d'un homme, appelé sur l'ordre de Dieu; c'est là, en effet, le commandement de Dieu par la bouche du prince, qui m'assure de la vérité et de la divinité de ma vocation.» Ailleurs il enseigne que «l'appel autrefois était fait par les Apôtres, qui ont choisi leurs successeurs, comme,» dit-il, «ces successeurs sont encore appelés, même par les puissances charnelles et les magistrats, ou par les communautés.» Vous voyez ainsi Luther affirmer de sa vocation qu'elle n'est pas, comme celle des Apôtres et des Evangélistes, extraordinaire, mais ordinaire et médiate, et qu'elle dérive, non des Evêques ou des personnes ecclésiastiques, mais «des magistrats charnels;» c'est là sa propre expression..

  A023001046 

 Par suite ils l'ont dispensée, non comme le faisaient leurs consécrateurs les Evêques, mais d'une façon bien plus juste et plus pure..

  A023001053 

 Effectivement, non seulement ils ne s'entendent pas sur l'origine de leur vocation, mais aussi, qui plus est, ils sont d'un avis unanime sur la vocation légitime de nos Evêques.

  A023001059 

 Et rursus, alibi disputans non esse rebaptizandos haereticos, scribit haec verba: «Quamvis hujus rei de Scripturis canonicis non proferatur exemplum, earumdem tamen Scripturarum, etiam in hac re, a nobis tenetur veritas, cum hoc facimus quod universae jam placuit Ecclesiae, quam ipsarum Scripturarum commendat auctoritas.» Eam vero auctoritatem non potuit Paulus Apostolus commendare apertius, quam cum Ecclesiam columnam et firmamentum veritatis appellavit.

  A023001059 

 Et vero, si Christus [141] Ecclesiam, sponsam suam dilectissimam, matrem omnium Christianorum esse voluit, quomodo fieri potest ut eam quis contemptui habeat, quin hoc ipso Christum contemnat? «Perhibet,» inquit Augustinus, «testimonimn Christus Ecclesiae... Quod si non vis, non mihi aut cuiquam homini, sed ipsi Servatori, contra salutem tuam, perniciosissime reluctaris, qui te sic suscipiendum esse non vis credere, quemadmodum suscipit illa Ecclesia, quam testimonio suo commendat ille, cui fateris nefarimn esse non credere.».

  A023001059 

 Si quis, ait Christus, Ecclesiam non audierit, sit tibi tanquam ethnicus et publicanus.

  A023001060 

 Mox, in triumphantis speciem insultans Catholicis: «Si vobis,» inquit, «sustinendi essent ictus diaboli, non diu [142] essetis cantilenam de Ecclesia et veteri recepto more cantaturi.» Sed et alio loco gloriatur se solum contra Ecclesiam ab initio dimicasse.

  A023001072 

 Et D. Basilius non melius aut certius haereticos dijudicandos esse affirmat, quam ex receptione vel contemptu Concilii Nicaeni..

  A023001072 

 Quartus haereticorum character est Conciliorum universalium contemptus, quorum tamen fuit semper tanta auctoritas, ut D. Gregorius Nazianzenus non dubitaverit affirmare, haereticos non esse, si a Concilio catholico approbati fuerint; esse vero haereticos, si minime fuerint recepti.

  A023001079 

 Et saint Basile soutient que la meilleure et plus certaine façon de juger si tels ou tels sont oui ou non hérétiques, est de voir s'ils acceptent ou méprisent le Concile de Nicée..

  A023001085 

 Quintum characterem habent haeretici, Apostolicae Sedis contemptum, in quo sane excellit Lutherus prae caeteris; nam is, quodam loco, postquam omnia quae fiunt contra Ecclesiam Romanam, ad Dei gloriam pertinere dixit: «Cum autem,» inquit, «et ego unus sim de antipapis, revelatione divina ad hoc vocatus, ut dissipem et perdam et destruam regnum illud [maledictionis] cupide et habenter illo fungor officio, sicut hactenus feci.» Sed et alibi, cum defendit bellum contra Turcas esse illicitum: «Quanto rectius...,» inquit, «faceremus, si idolo Romano Caesar et Principes modum ponerent... perditionis animarum! nam, [144] ut ego prophetem semel, licet non audiar, quod scio, nisi Romanus Pontifex redigatur in ordinem, actum est de omni re Christiana;... nihil, nisi peccatum et perditionem, Papatus operari potest... Qui habet aures audiendi, audiat, et a bello Turcico abstineat, donec Papae nomen sub caelo valeat.

  A023001086 

 Cumque idem Christus eidem Petro suas oves pascendas dederit, utique Christi ovis esse non potest, qui a Petro pasci non vult.

  A023001086 

 Inde namque fit consequens, ad Ecclesiam Dei non pertinere illum qui petrae huic non innititur, quae Christi ore tanto-pere commendatur.

  A023001087 

 Itaque verissime Cyprianus: «Neque aliunde haereses,» inquit, «obortae sunt, aut nata sunt schismata, quam inde, quod Sacerdoti Dei non obtemperatur, nec unus in Ecclesia, ad tempus Sacerdos et ad tempus Judex, vice Christi cogitatur: cui si secundum magisteria divina obtemperaret fraternitas universa, nemo adversus Sacerdotum collegium quicquam moveret; nemo post divinum judicium, post populi suffragium, post Episcoporum [146] consensum, judicem se jam non Episcopi, sed Dei faceret; nemo dissidio unitatis Christi Ecclesiam scinderet; nemo, sibi placens ac tumens seorsum, foris haeresim novam conderet.» Eademque propemodum sunt alio loco ejusdem Doctoris verba.

  A023001087 

 Neque est quod garriant haeretici, Romanum Pontificem Petri successorem non esse, vel auctoritatem quae Petro concessa fuerat, Pontifici Romano datam non esse; nam, cum auctoritas illa propter commune bonum Ecclesiae Petro sit collata, non debuit finiri cum Petro, qui deficere ac mori post paucos annos debuerat, sed cum Ecclesia militante, quae ad finem usque saeculi duratura est: ergo et successorem in ea Petri auctoritate aliquem debet habere Ecclesia.

  A023001087 

 Quicumque extra hanc domum agnum comederit, prophanus est; si quis in arca Noe non fuerit, peribit regnante diluvio;... quicumque tecum non colligit, spargit: hoc est, qui Christi non est, anti-christi est.».

  A023001088 

 Denique dici non potest, quam mira magnaque sit antiquorum Patrum in commendanda Sede Romana consensio, et quam sibi placeant in quærendis nominibus et titulis, quibus eam cohonestent.

  A023001090 

 Sed placet antiquissimis tot Patrum suffragiis addere divi etiam Bernardi calculum; non quod eum longe recentiorem esse nesciam, sed quia Calvinianos non pudet, Calvino ipso duce, hunc Doctorem sic laudare, quasi Sedis Apostolicae contemptor fuerit.

  A023001093 

 Juvat vero adversus omnes istos Cathedrae Apostolicae Romanae contemptores iisdem verbis uti, quibus aliquando usus est Augustinus contra Petihanum; sicque Lutherum et Calvinum compellare, si quis erit qui eorum nomine velit respondere: «Cathedra» vobis «quid fecit Ecclesiae Romanae, in qua Petrus sedit, et in qua hodie Anastasius sedet? quare» appellatis «cathedram pestilentiae Cathedram Apostolicam? Si propter homines, quos» putatis «legem loqui et non facere, niunquid Christus propter Pharisaeos, de quibus ait: Dicunt et non faciunt, cathedrae in qua sedebant ullam fecit injuriam? Nonne Ulam cathedram Moisi commendavit, et illos servato cathedrae honore redarguit? Haec si cogitaretis, non propter homines, quos infamatis, blasphemaretis Cathedram Apostolicam, cui non communicatis; sed quid hoc est [150] aliud, quam nescire [quid] dicere, et tamen non posse nisi maledicere?».

  A023001101 

 Si à celui-là l'universalité des frère6 obéissait selon les enseignements reçus de Dieu, personne ne s'opposerait au collège des Prêtres; personne ne se constituerait, après la sentence de Dieu, [146] après le suffrage du peuple, après l'assentiment des Evêques, le juge, non plus de l'Evêque, mais de Dieu; personne ne romprait l'unité de l'Eglise du Christ; personne, par satisfaction et ambition personnelles, ne créerait une hérésie nouvelle.» Ailleurs le même Docteur a des paroles à peu près semblables.

  A023001112 

 Sextus haereticorum character est contemptus antiquorum Ecclesias Patrum, quos venerari et colere deberent, si Hieremiam audirent, aut potius Spiritum Sanctum loquentem per Hieremiam: Haec dicit Dominus, inquit ille: State super vias, et videte, et interrogate de semitis antiquis, quæ sit via bona, et ambulate in ea, et invenietis refrigerium animabus vestris. Et alibi Scriptura Sacra: Non te prætereat narratio seniorum; ipsi enim didicerunt a patribus suis.

  A023001113 

 Omnium vero pulcherrime Vincentius Lirinensis, ubi de [151] antiquorium Patrum auctoritate tractat: «Hos,» inquit, «in Ecclesia Dei divinitus per tempora et loca dispensatos, quisquis in sensu catholici dogmatis unum aliquid in Christo sentientes contempserit, non hominem contemnit, sed Deum.

  A023001113 

 Si quis ab eorum sententiae communione desciverit, audiat illud Apostoli: Non est Deus dissensionis, sed pacis.» Et paulo post: «Necesse est profecto omnibus deinceps Catholicis, qui sese Ecclesiae matris legitimos filios probare student, ut sanctae sanctorum Patrum fidei inhaereant, agglutinentur, immoriantur.».

  A023001127 

 Nam Lutherus quidem sic scribit quodam loco: [153] «Primum scire contestatosque eos esse volo, me nullius prorsus quantumlibet sancti Patris auctoritate cogi velle.» Deinde, mox quasi cum Patribus omnibus luctaturus, eos sursum deorsumque movet ut dejiciat: «Jam,» inquit, «quanti errores in omnium Patrum scriptis inventi sunt! Quoties sibi ipsis pugnant! quoties invicem dissentiunt! Quis est, qui non ssepius Scripturas torserit? Quoties Augustinus solum disputat, nihil definit; Hieronymus, in Commentariis, nihil fere asserit.» Deinde tandem concludit: «Nemo ergo,» inquit, «mihi opponat Papae aut Sancti cujusvis auctoritatem, nisi Scripturis munitam.» Et in libro quem edidit Contra Regem Angliae, quam superbe: «Dei Mot,»inquit, «est super omnia.

  A023001128 

 Hunc delectum qui non tenet, nihil in religione constitutum habebit, quando multa ignorarunt sancti viri illi, saepe inter se conflictantur, interdum etiam secum ipsi pugnant.».

  A023001128 

 Sed quia versutus homo, in corde et corde loquens, timebat ne suo se verbo obstringeret, statim subjicit: «Sic tamen in eorum scriptis versamur, ut semper meminerimus omnia nostra esse, quae nobis serviant, non dominentur.

  A023001129 

 In quaestione de adoratione, agnoscit quidem Veteres usos fuisse distinctione duplicis adorationis Duliæ et Latriæ, sed eam nihilominus ita spernit, ut exclamet: «Quid tum? si omnes eam» inspiciant, «non modo impropriam esse, sed penitus frivolam.».

  A023001129 

 Quod autem ita generice ac in universum effutivit, specifice postea et articulatim, toto illo suo opere contra Patrum auctoritatem observavit, non dissimulans dissentire se a Patribus, etiam in iis in quibus Patres unanimi sententia [155] consenserunt.

  A023001130 

 Cum vero tractat ille de Ecclesia Romana: «Hoc primum,» inquit, «praefari volo, me non negare, quin magnum Ecclesiae Romanae honorem deferant Veteres, reverenterque de ea loquantur.» Et paulo post: «Opinio enim illa, quae, nescio quomodo, invaluerat, fundatam et constitutam» esse «Petri ministerio, ad conciliandam gratiam et authoritatem, plurimum valebat; itaque, in Occidente, Sedes Apostolica honoris causa vocabatur.» Atqui eodem ipso loco contemnit ille, quantum potest, Ecclesiam Romanam, eamque a Petro fundatam esse negat.

  A023001131 

 Et tamen non eo minus statim spernit monachos; nec tantum monachos nostri temporis, sed antiquos etiam iUos, quos Augustinus tanto-pere commendat; ait enim nonnulla «esse in prisca» illa monachorum «forma,» quae sibi displiceant, «immodicam» scihcet «affectationem et χαχοζηλίαν, et quod exemplum inutile ac periculosum in Ecclesiam induxerit.».

  A023001132 

 Et alibi, loquens de ceremoniis Missae [158]: «Si quis,» inquit, «vetustate hujusmodi inventiones tueri velit, non ignoro quam non longe ab aetate Apostolorum Caena Domini tecta rubigine fuerit; sed isthaec scilicet humanae confidentiae procacitas est.» Sed et alio loco fatetur antiquos Doctores Missae nomine usos fuisse in «plurali fere numero.» Et alibi: «Veteres quoque illos,» inquit, «video alio hanc memoriam detorsisse, quam institutioni Domini conveniebat.» Et paulo post: «Excusari,» inquit, «non posse arbitror, quin aliquid in actionis modo peccaverint.» Et iterum: «Merito quis eos redarguat, quod ad Legis umbras nimis deflexerunt.» Denique, ne omnia et singula hujus generis scripta recenseamus, quod esset pene infinitum, idem Calvinus fatetur usum Confessionis esse antiquissimum, et nihilominus eam spernit..

  A023001132 

 Et in quaestione de ceremoniis Baptismi fatetur quidem esse illas origine vetustissimas, sed addit statim: «Respuere tamen mihi et piis omnibus fas est, quicquid ad Christi institutionem addere ausi sunt homines.» Et in quaestione de Sacramento Altaris pro viatico infirmorum reservando, quae quidem quaestio praecipui est momenti pro confirmanda fide praesentiae realis corporis Domini, objiciit ille sibi ipsi: «Sed enim qui sic faciunt, habent veteris Ecclesiae exemplum.» Tum respondet: «Fateor verum, in tanta re et in qua non sine magno periculo erratur, nihil tutius est quam ipsam veritatem sequi.» Quasi vero Ecclesia vetus secuta sit falsitatem.

  A023001139 

 La divine Majesté me met dans la disposition de ne pas me troubler si mille Augustin, si mille Cyprien m'attaquaient; Augustin et Cyprien, comme tous les élus, ont pu errer, et ont erré.» Et à la fin: «Je ne cherche pas ce que disent Ambroise, Augustin, les Conciles et la tradition des siècles; je n'ai pas eu non plus besoin d'avoir le Roi Henri pour m'enseigner toutes ces choses, que je connaissais fort bien, au point de les avoir même attaquées.

  A023001141 

 Au sujet de la question de l'adoration, il reconnaît que les Anciens ont usé de la distinction entre une double adoration, celle de Doulie et celle de Latrie, tout en méprisant cette distinction au point de s'écrier: «Qu'importe! puisque tous ceux qui» l'examinent «la trouvent non seulement impropre, mais, tout à fait sans consistance.».

  A023001141 

 Et cela, non en matière légère, [155] mais à propos des plus graves articles de notre foi: pax exemple, au sujet de la question du libre arbitre, sur laquelle il dit que les Latins ont parlé avec arrogance, «mais les Grecs avec plus d'arrogance encore;» relativement à la question de la personne du Médiateur, question où il soutient que l'erreur des Anciens est inexcusable; par rapport à la question de la concupiscence, où, après avoir dit qu'à lui seul le témoignage d'Augustin contient le sens de toute l'antiquité, il avoue bientôt après qu'il n'est pas de son avis.

  A023001143 

 De même il reconnaît que dans l'Eglise antique les moines ont été en grand honneur, surtout à l'époque d'Augustin lequel, comme il l'observe, oppose, «dans son livre De moribus Ecclesiæ Catholicæ, [157] la sainteté de la profession monastique aux calomnies des Manichéens.» Et cependant, il n'en méprise pas moins les moines, et non seulement ceux de notre temps, mais les anciens si loués par saint Augustin.

  A023001152 

 Septimus character est, quod non tantum antiquitatem non venerantur nec reverentur, sed etiam novitatem quantum possunt maximo studio affectant et sectantur.

  A023001153 

 In fide nihil contra Catholicos dicunt quod novum non sit, aut saltem ex antiquis et antiquatis haeresibus renovatum, ut ex iis constat manifestissime, quae hucusque diximus, et distinctius [160] ex iis quae Illustrissimus nec unquam satis laudatus Cardinalis Bellarminus hanc in rem scripsit.

  A023001154 

 In hoc certamine multa in Sanctam Scripturam sumus commentati; quibus nisi nos patefecissemus viam, nihil admodum de Christo aut de Evangelio intellecturi videbantur; tantum abfuisse arbitror, ut, sua industria, pontificium jugum potuissent excutere; aut, si fortassis industria non defuisset, tamen animi robur omnino defuisset.

  A023001155 

 Is vero [163] Spiritus Sanctus in probando et fundamenta jaciendo non solum multiplex, sed etiam sibi contrarius et inconstans reperitur; quod eam ob causam fieri mihi persuasum est, ut Spiritus Sanctus palam coarguat, quod isti singuli aeque errent.» Et mox profert septem diversas Sacramentariorum opiniones..

  A023001156 

 Et Sacramentarios nova etiam dogmata seminasse testatur, et ab eo exiisse, et cum eo non perstitisse, ut ipse quidem novator fuerit, sed alii magis novatores.

  A023001158 

 Hoc enim addendum est, quia in postrema editione latina, quae fuit anni 1602, «subsistentiam» pro persona invenies, non «residentiam»; ideo, ut opinor, quod Calvini discipulos, a nostris admonitos, puduit novae hujus theologiae, suumque doctorem ita corrigendum esse censuerunt.

  A023001158 

 Sed quis non expressissimam novandi libidinem agnoscat manifestius in Calvino, cum, de Trinitate tractans et de his nominibus persona, substantia, όμοούσιον: «Utinam,» inquit, «sepulta essent! Constaret modo haec inter omnes fides: Patrem, Filium et Spiritum» Sanctum «unum esse Deum.» Et alibi nomen personae in nomen residentiae mutavit, si antiquiores Institutionum ipsius, praesertim gallicarum, editiones sequamur, iliam praesertim quam fecit Thomas Courteau anno 1564.

  A023001159 

 Deinde, aliquot verbis interpositis: «Quod si odit anima mea vocem homoousion et nolim ea uti, non ero haereticus; quis enim me coget uti, modo rem teneam quae in Concilio per Scripturas definita est? Etsi Ariani male senserunt in fide, hoc tamen optime, sive bono, sive malo animo exegerunt, ne vocem prophanam et novam in regulis fidei statui liceret.» Quid, obsecro, impudentius isto nebulone possis fingere? Pugnavit antiquitas catholicorum Patrum trecentis pene annis pro verbo hoc homoousion sacratissimo retinendo, in cujus pronunciatione haeretici a Catholicis discernerentur, et ecce novator et nugator iste novam ac prophanam vocem esse pronunciat! Proinde nec mirum [168] est, ex ejus discipulis et sectatoribus inventos fuisse, qui pro homoousion substituerint όμοούσιον, per summam perfidiam; digni sane discipuli apostatae istius et desertoris, qui, post mille trecentos annos, Concilium Nicaenum, omnium quae unquam celebrata fuerunt, augustissimum, prophanationis accusat, Arianos autem pietatis studio adornat.

  A023001159 

 Tandem Lutherus de verbo illo όμοούσιον: «Non est,» inquit, «quod mihi homoousion illud objectes, adversus Arianos receptum; non fuit receptum a multis, iisque praeclarissimis.» Et paulo post, indulgendum ait esse Patribus qui semel extra Scripturam posuerunt vocem prophanam, illam scilicet de qua tractamus: homoousion.

  A023001165 

 Quidni enim hoc facere debeant, qui vos et fideles et sanctos fuisse confitentur? Atque, ut nullus tergiversationi locus relinquatur, non proferam nisi quod ab Ecclesia primis quingentis annis factitatum esse constabit; quandoquidem Calvinus, post Lutherum, ita nos admonet: «Meminerimus quingentis circiter annis, quibus magis adhuc florebat religio et sincerior doctrina vigebat.» Et alibi, de Augustini aetate loquens: «Extra controversiam,» inquit, erat, «nihil a principio usque ad illam aetatem mutatum fuisse in doctrina.».

  A023001165 

 Vos hic appello, Patres, non jam ut Doctores et Sacræ Scripturae interpretes clarissimos, sed ut testes fidissimos rerum quae in Ecclesia, quam vestris temporibus rexistis, gerebantur; ut, si adversarii vos doctores ignaros et imbecilles dicere non verentur, saltem vestra, tanquam fidelium et proborum testium, dicta scriptaque excipiant.

  A023001167 

 [171] «Jus habet dandi Baptismum summus sacerdos, qui est Episcopus, deinde presbyteri et diaconi, sed non sine Episcopi facultate.» Parole sunt Tertulliani..

  A023001169 

 Videbis eundem Hesperium ab amico allatam terram sanctam de Hierosolymis, ubi Christus die tertio resurrexit, suspendisse in cubiculo suo, ne quid mali etiam ipse pateretur; at, ubi domus ejus ab illa infestatione purgata est, noluisse diutius in cubiculo suo retinere terram sanctam, idque non alia quam reverentiae causa.

  A023001173 

 Item, puerum attritum rota currus pene expirantem, quem mater arreptum protinus ad eandem memoriam tulit, ubi non solum revixit, verum etiam illaesus apparuit.

  A023001174 

 Mirum igitur est vel hoc unico capite non esse victos convictosque omnes Lutheranos et Calvinianos, si neque Lutherum Calvinumque pro mendacibus habent, qui Ecclesiam Dei purissimam Augustini temporibus fuisse fatentur, neque Augustinum pro mentiente, qui supra dicta omnia refert tanquam verissima et certissima..

  A023001174 

 Quis ergo jam possit requirere aut dubitare, num temporum illorum Ecclesia eadem esset, quae hujus saeculi Catholica Romana? An non eadem ipsa hodie, et dicimus et sentimus? Vide faciem et attende ad lineamenta, quae tam diligenter, vel hoc unico capite, Augustinus depinxit.

  A023001175 

 Poteratis [177] tamen negare, quamvis falso et impudenter, ut caetera; nam eos qui non semel, at tam saepe verecundiae fines transierant, bene ac gnaviter opportebat esse impudentes.

  A023001175 

 Sane, qui ista omnia purae et sanctae Ecclesiae exercitia, ornamenta et opera, tanquam prophana contempserunt et abjecerunt, quales, Deus bone, sunt reformatores! An non verius deformatores dicendi sunt, et ab omnibus tanquam inepti et impudentes novatores habendi, exsibilandi, explodendi? Bene jam olim Tertullianus: «Solemus haereticis, compendii gratia, de posterioritate praescribere.» Quidni ergo etiam nostris praescribamus?.

  A023001183 

 Leur septième caractéristique est non seulement de ne pas vénérer et révérer l'antiquité, mais de s'attacher de toutes leurs forces à la nouveauté.

  A023001186 

 Mais cet Esprit-Saint, quand il s'agit d'établir et de prouver, se trouve être non seulement différent, mais même contradictoire et inconstant; ce qu'il permet, j'en suis persuadé, pour démontrer ouvertement que chacun d'eux se fourvoie également dans l'erreur, a Et aussitôt il énumère les sept opinions des sacramentaires..

  A023001189 

 Non contents de tant de nouveautés, ils ont déclaré une guerre acharnée aux mots antiques eux-mêmes.

  A023001190 

 Il faut, en effet, ajouter ceci: dans la dernière édition latine, qui est de l'année 1602, on trouve non pas «résidence,» mais «subsistance», pour signifier la personne; par conséquent, comme je le suppose, les disciples de Calvin, avertis par ceux de notre religion, ont eu honte de cette nouvelle théologie, et ont jugé à propos de corriger ainsi leur docteur.

  A023001197 

 J'en appelle ici à vous, ô Pères, non en tant que Docteurs et illustres interprètes de la Sainte Ecriture, mais en tant que témoins tout à fait dignes de foi de ce qui se passait dans l'Eglise au temps où vous en étiez les chefs; en sorte que si les adversaires n'ont pas honte de vous traiter de docteurs ignorants et faibles d'esprit, ils admettent au moins vos paroles et vos écrits comme ceux de témoins fidèles et probes.

  A023001205 

 De même, un enfant écrasé par une roue de char et presque mourant, saisi et emporté aussitôt par sa mère au tombeau du Saint, où non seulement il fut rendu à la vie, mais apparut sans la moindre blessure.

  A023001207 

 Vous pouviez cependant nier cela comme tout le reste, bien que non sans fausseté et impudence; car il convient à des [177] gens qui ont dépassé, non une fois, mais si souvent les limites de la honte, d'être impudents pour de bon et hardiment.

  A023001214 

 Octavus haeresium omnium character est spiritus dissensionis; nam, ut inquit Apostolus, numquid divisus est Christus? Et: Deus non dissensionis, sed facis Deus est.

  A023001215 

 Jam vero, quanta sit inter nostri temporis haereticos dissensio, quis non videt? Lutherus Sacramentarios haereticos palam vocat; Sacramentarii, Lutheranos et Anabaptistas; Anabaptistae, Trinitarios; Trinitarii, Anglocalvinistas; Anglocalvinistae, Puritanos; et contra.

  A023001215 

 Sed unus pro omnibus in testem sufficiat Lutherus, qui, suo illo libro contra Sacramentarios, non perfunctorie, sed ex professo demonstrat septem diversissimas et haereticas interpretationes verborum illorum: Accipite et comedite: hoc est corpus meum, a duobus antea annis emersisse; postquam enim sex enumeravit, addit: «Praeter hos alii accedunt, ut septenarius numerus compleatur, qui dicunt non esse articulum fidei, ideoque liberum cuique esse, ut hic sentiat quicquid velit.

  A023001217 

 Bellum hoc est Madianitarum; ac, sicut dixit alibi Lutherus ipse, a Deo ita ordinatum est, ut impii semper seipsos confundant, et quod mendacia non consonent, sed semper semetipsa testentur.

  A023001217 

 Papistae, in fronte aciem dirigite; invadant Sacramentarii, Anabaptistae,» etc. Bellissime profecto, cum Sacramentarios et Anabaptistas post se a tergo constituit, non solum quia sectatores ejus fuerunt, sed etiam quia ab eodem loco et eadem via venerunt.

  A023001224 

 Dum inquit Augustinus: «Scripturae bonae intelliguntur non bene;» et Hilarius: «Intelligentia haeresis est; et sensus, non sermo, fit crimen;» et Hieronymus: «Scripturae non in legendo consistunt, sed in inteUigendo;» et alibi: «Diabolus loquitur de Scripturis; et omnes haereses, secundum Ezechielem, inde sibi consuunt cervicalia, quae ponunt sub cubito universæ ætatis.» Sed omnium apertissime et aptissime Vincentius iUe Lirinensis, quem diceres haereticorum nostri temporis mores et ingenia exprimere voluisse: «Lege,» inquit, «Pauli Samosateni opuscula, Priscilliani, Eunomii, Joviniani reliquarumque pestium» (omnes vero illos haereticos fuisse nec Lutherani et Calviniani ipsi diffitentur): «cernas infinitam exemplorum congeriem, prope nullam omitti paginam, quae non Novi aut Veteris Testamenti sententiis fucata et colorata sit.» Et [183] paulo post: «Quid est vestitus ovium, nisi Prophetarum et Apostolorum proloquia? Qui sunt lupi rapaces, nisi sensus haereticorum feri et rabidi?» etc..

  A023001224 

 Sed quis non videt tortuosos gyros serpentis antiqui? nam nec de alio fere quam de Scriptura ipsa sacra contentio est.

  A023001225 

 Et quidem hic perpetuo cum ipso conflictari oportet.» Et paulo post, de Sathana loquens: «Turbas,» inquit, «et sectas in Scriptura tot tantasque dabit, ut nescias ubi Scriptura, fides, Christus, tu ipse maneas.» Et mox, in eandem sententiam eodemque loco: «Quamvis,» inquit, «diabolus nos cogatur dimittere, tamen non est oblitus suae artis; nam clanculum sua zizania seminavit in nostros caetus, puta falsos fratres, qui nostram doctrinam et verba apprehenderent non in eum finem, ut nobis adjumento essent in Scripturae propaganda, sed ut a tergo, cum nos in prima acie pugnaremus, in nostrum exercitum impetum facerent, turbas excitarent et contra nos furiose dimicarent.» Et paulo post: «Sed haud cessabit; tanto cardine rerum progredietur longius, et plures articulos fidei attentabit.

  A023001225 

 Interpres autem ejusmodi alius esse non potest, quam Ecclesia, quae columna et firmamentum est veritatis, et ad cujus solius auctoritatem semper attinuit, ut haereses et haereticos discerneret ac damnaret.

  A023001225 

 Non ergo Scriptura sola est idonea ad consensionem et unionem fidelium, sed indiget interprete, qui eodem spiritu earum sententiam aperiat, quo ipsae scriptae sunt et revelatae.

  A023001226 

 Ex quo vides: primo, Sacramentarios ab eo pro haereticis, [186] et haereticorum omnium foedissimis habitos esse; secundo, omnes eos impudenter Scripturas praetexere; tertio, Scripturam solam non posse tot dissensionum turbas compescere; quarto, unicam ad consensionem viam esse Concilia; quinto, Conciliorum usum ad eam rem in more fuisse apud Patres: quae omnia sane verissima sunt, quamquam a mendace ac mentiri solito prolata.

  A023001226 

 Quamquam, ne etiam hac in re haereticus non sit, Lutherus mentitur splendide, dum Concilia «humanum praesidium» appellat; divinum enim est, non humanum, quod in hanc vocem sua decreta inchoat: Visum est Spiritui Sancto et nobis.

  A023001234 

 La huitième caractéristique de toutes les hérésies est l'esprit de dissension; car, comme dit l'Apôtre, est-ce que le Christ est divisé? Et: Dieu est un Dieu non de dissension, mais de paix.

  A023001235 

 Mais qu'il nous suffise de citer le témoignage de Luther qui, dans son livre contre les sacramentaires, non en passant, mais ex professo, démontre qu'en deux ans se sont fait jour sept interprétations très diverses et hérétiques de ces paroles: Prenez et mangez: Ceci est mon corps.

  A023001237 

 Papistes, dirigez l'attaque en première ligne; que les sacramentaires, les anabaptistes donnent l'assaut,» etc. En vérité, c'est à merveille qu'il met les sacramentaires et les anabaptistes derrière lui, non seulement parce qu'ils ont été ses sectateurs, mais aussi parce qu'ils viennent du même point de départ et ont suivi la même voie.

  A023001243 

 Et les hérétiques de notre temps, non seulement sont divisés de [181] sentiment, mais aussi, comme nous l'avons déjà dit, sont poussés par l'esprit de dissension, car ils ont supprimé tout ce qui pourrait amener la diversité des croyants à l'union ou à l'unité d'esprit et de foi.

  A023001244 

 Il arrive alors ce que dit Augustin: «Les Ecritures, bonnes en soi, sont mal comprises;» et Hilaire: «La façon de comprendre constitue l'hérésie; c'est le sens qu'on lui donne, non le texte lui-même, qui amène le crime d'hérésie;» et Jérôme: «La valeur des Ecritures ne consiste pas dans leur simple lecture, mais dans la manière de les comprendre;» et ailleurs: «Le démon emploie les Ecritures, et toutes les hérésies s'en font des oreillers qu'elles mettent sous le coude des gens de tout âge, selon l'expression d'Ezéchiel.» Mais entre tous, Vincent de Lérins s'exprime avec le plus de clarté et de justesse, si bien qu'il semble avoir voulu dépeindre les mœurs et la tournure d'esprit des hérétiques de notre temps: «Lisez,» dit-il, «les opuscules de Paul de Samosate, de Priscillien, d'Eunomius, de Jovinien et des autres auteurs pestilentiels» (les luthériens et les calvinistes eux-mêmes considèrent tous ces personnages comme des hérétiques): «examinez l'interminable liste des exemples apportés, et vous verrez qu'il n'y a presque aucune page qui ne soit fardée et colorée au moyen de phrases du Nouveau ou de l'Ancien Testament.» Et peu après: «Qu'est-ce que les vêtements de brebis, sinon les oracles [183] des Prophètes et des Apôtres? Que signifient les loups dévorants, sinon les interprétations cruelles et délirantes des hérétiques? etc..

  A023001245 

 Et cependant il nous faut continuellement lutter avec lui.» Et un peu après, à propos de Satan: «Il trouvera le moyen de faire naître par l'Ecriture tant et de si grandes sectes turbulentes, que tu ne sauras plus retrouver l'Ecriture, la foi, le Christ et toi-même.» Et aussitôt, revenant à la même pensée: «Quoique le démon soit forcé de nous laisser tranquilles, cependant il n'a pas oublié ses artifices; car à la dérobée il a semé dans nos assemblées la zizanie, je veux dire les faux frères qui ont embrassé notre doctrine et nos paroles, non pour nous aider à propager l'Ecriture, mais pour attaquer par derrière notre armée, au moment où nous combattons en première ligne, afin d'exciter les foules et nous faire une guerre furieuse.» Et peu après: «Mais il ne cessera pas; il ira plus loin dans une occasion si favorable, et attaquera plusieurs articles de foi.

  A023001246 

 Toutefois, pour ne pas manquer de se montrer hérétique même ici, Luther fait un beau mensonge en appelant «moyens humains de défense» les Conciles; car elle est divine, non humaine, l'assemblée qui commence ses décrets par ces mots: Il a paru bon à l'Esprit-Saint et à nous. S'il s'agit ici d'un moyen de défense purement humain, où en trouvera-t-on un, je le demande, qui sera divin? Et s'il existe quelque part un autre moyen divin de défense, pourquoi donc Luther fait-il de si grands efforts pour éviter les moyens humains, pouvant s'en procurer de divins et, par le fait même, évidemment meilleurs et plus sûrs que les humains? En vérité, quelqu'un peut-il croire que le Dieu très bon et très grand n'ait pas songé à fournir pour le besoin en question le moyen de défense voulu, moyen, par suite, totalement divin, destiné à conserver l'union et la paix de toute son Eglise? [187].

  A023001253 

 Et D. Paulus: Si quis, inquit, vult contentiosus esse, nos talem consuetudinem non habemus, neque Ecclesia Dei.

  A023001253 

 Quare merito divus Augustinus haereticum definit, qui, «Scripturas non recte intelligens, suas falsas opiniones contra earum veritatem pervicaciter asserit.» Et alibi: «Neque enim,» inquit, «natae sunt haereses, nisi dum Scripturae bonae intelliguntur non bene, et quod in eis non bene [188] intelligitur, etiam temere et audacter asseritur.» Et rursum, alio loco: «Qui ergo,» inquit, «in Ecclesia morbidum aliquid pravumque sapiunt, si, correpti ut sanum rectumque sapiant, resistunt contumaciter suaque pestifera dogmata emendare nolunt, sed defensare persistunt, haeretici fiunt.».

  A023001254 

 Facite, porci Thomistae, quod potestis: Lutherum habebitis ursam in via et leaenam in semita; undique vobis occurret, et pacem habere non sinet, donec ferreas vestras cervices et aereas frontes contriverit, vel in salutem, vel in perditionem.

  A023001254 

 Qui primus alterum compescuerit, sit ipse victor; sicut vultis, sic fiat vobis.» Et eodem libro: «Non sumus Papae, sed Papa noster est; nostrum est non judicari ab ipso, sed ipsum judicare: spiritualis enim a nemine judicatur, et ipse judicat omnes.» [190].

  A023001255 

 Nec ipse tandem negat; cuidam enim amico suo, respondens per epistolam: «Recte,» inquit, «mones me modestiae; sentio et ipse, sed compos mei non sum, sed rapior, nescio quo spiritu, cum nemini me male velle conscius sim, verum urgent etiam illi furiosissime, ut adversarium non satis observem.».

  A023001256 

 Primum erit ex epistola quam ille ad Argentinenses scripsit, in qua, de Sacramentariis loquens: «Diffiteri,» inquit, «non possum nec volo, quod si Carolostadius aut alius quispiam ante quinquennium mihi potuisset probare in Sacramento praster panem et vinum esse nihil, ille magno beneficio me sibi devinctum [191] reddidisset; gravibus enim curis anxius, in hac excutienda materia multum desudabam, omnibus nervis extensis, me extricare et expedire conatus sum, cum probe perspiciebam hac re Papatui cum primis me valde incommodare posse.

  A023001256 

 Verum ego me captum video, nulla elabendi via relicta.» Et paulo post: «Quod si etiam hodierno die fieri posset, ut quis firmo Scripturarum testimonio mihi fidem facere queat, in Sacramento non nisi panem et vinum esse, nihil tamen opus esset quemquam tam amaro me adoriri animo; sum enim, proli dolor! plus aequo in hanc partem propensus, quantum Adami mei naturam animadvertere possum.» Quid, obsecro, hujusmodi ingenio contentiosius, quod non quaerit quid verum sit aut falsum, sed quid Papatui, ut ipse loquitur, aut Ecclesiae incommodare possit, studetque non veritatis amori et desiderio, sed Papatus odio?.

  A023001258 

 Fac bene, «si possis; si non, quocumque modo, rem.».

  A023001259 

 De Zwinglio autem, Carolostadio, Œcolampadio, Calvino, Sacramentariorum parentibus et Lutheri filiis, non possumus testimonium dignius aut certius minusque suspectum adferre, quam ipsius Lutheri, qui testatur eos, velut Absalones quosdam, regni et gloriae patris cupidos, suas haereses erexisse.

  A023001259 

 Etsi enim de Calvino diserte non loquitur, qui vivente Luthero non adeo infamis erat nec magni nominis, quod tamen de aliis Sacramentariorum capitibus dixit, quidni etiam in Calvinum optime quadret, qui tanto superbior fuit et arrogantior caeteris, quanto posterior tempore? Si enim arrogans Carolostadius fuit et Zwinglius, qui Luthero parenti contradixerunt, arrogantior sane fuit, qui et Luthero et Zwinglio et omnibus omnium aetatum Christianis contradixit.

  A023001266 

 At-qui de Scriptura nobis controversia est, quam a nobis stare manifestissimum est; justificationem enim scripsit Apostolus, non justificationis manifestationem.

  A023001266 

 Calvinus vero respondebit, Jacobi verba non ad justificationem, sed ad justificationis manifestationem respicere.

  A023001266 

 Quod si replices verba Jacobi non posse hanc pati interpretationem, quia ut de fide ita et de operibus justificationem asseverat, ille tamen in opinione sua perstabit, et Catholicos omnes victos ac de mala interpretatione convictos exclamabit.

  A023001267 

 Quis hic non videt proterviae ac pertinaciae gyros? In summa, vult audiri sibique uni fidem haberi.

  A023001267 

 Quis vero te constituit illorum judicem? hoc ipsum enim est de quo quaerimus: cur tibi magis licere debeat sententiam ipsorum et interpretationem examinare, quam illis aut nobis tuam, et quis in pari omnium jure futurus sit judex? Quod si fallantur interpretando, quia homines fuerunt, ut objicis, quidni etiam tu fallaris? An non et tu homo es, [aut saltem bestia?] Neque enim, opinor, aut angelus aut deus es, aut quicquam ex inanimatis.

  A023001267 

 Viden' pertinaciam? Exigit Scripturas, nos damus; ille obliqua interpretatione contorquet, nos veram et germanam [195] opponimus, ex propria ipsa verborum vi et significatione perspicuam; ille non admittit.

  A023001268 

 Habet suas leges Respublica omnis bene constituta, easque bonas et sanctas; quae tamen si litigantium arbitrio exponendae relinquerentur, nullus unquam foret litigandi finis, dum prudentiae quisque suae innititur et in sensu suo non solum abundat, sed etiam luxuriatur.

  A023001268 

 Hinc judicum etiam in prophanis rebus, sed multo major in Ecclesia Dei Conciliorum necessitas, ne, si nullus tandem judex sit a quo appellari non possit, litigantium perversitas et libido faciat, ut neque litigandi neque appellandi terminus ullus inveniatur..

  A023001270 

 Et haec quidem quae de Luthero diximus, de caeteris omnibus haereticis aeque dicta videri debent; nam et inde haeretici nomen acceperunt, quod interpretationem Scripturae sibi seligant; quam si Conciliis et Ecclesiae consonam invenerint, eam non auctoritate Ecclesiae vel Conciliorum, sed sua ipsorum opinione defendunt; sin contrariam viderint, nihilominus eam contra Ecclesiae et Conciliorum auctoritatem tuentur.

  A023001276 

 Adducimus et quod idem Augustinus alibi scribit, «animas defunctorum orationibus Martyrum commendari, in quorum locis, id est nomine ac memoria Martyrum venerabilibus, corpora sepulta sunt.» Quid ad lisec isti nugatores, ut elabantur? Nihil aliud, nisi quod lisec non ex animo, sed raptim et inadvertenter dicta sunt.

  A023001276 

 Atqui locum alium illustriorem adducimus, in quo beatum Cyprianum ipse invocat hac desiderii sui contestatione: «Adjuvet nos orationibus suis, ut, donante Domino, quantum possumus [199] bona ejus imitemur.» Parum est, inquiunt, nam non diu immoratur in hujusmodi precibus.

  A023001277 

 Adferamus tamen, ut istis satisfaciamus, locum alium, in quo non obiter, sed longa et iterata oratione Sanctum aliquem in Caelis regnantem Augustinus interpellet.

  A023001278 

 An expectatis adhuc aut requiritis, quotquot estis Lutherani et Calviniani, ut clarius aliquid proferamus? Fatemur ingenue nec habere nos nec posse fingere, etiamsi nobis pro arbitrio fingendi jus et licentiam, quam non petimus, daretis.

  A023001278 

 Cui vero non sapit, tibine, an mihi? Quid vero erit quod non possit tuto negari, si haec rejiciendae Patrum auctoritatis ratio admittatur? Nam et clarissima quaeque loca, si ad gustum disputantium examinentur, nunquam satis sapida erunt contradicentibus.

  A023001278 

 Ergone, quia manna rebellibus et protervis panem caeli non sapit, propterea manna esse desinet et panis de cælo? Quia sol noctuae non lucet, nobis non lucebit? Si sic agatur, actum sane est de universa Scriptura, ut docte Augustinus noster jam olim disputavit contra Faustum, qui, solemni haereticorum insolentia, Sacrae Scripturae loca quibus urgebatur, non germana, sed falsata esse dicebat..

  A023001278 

 Est tamen quod parcamus, nec illibenter, istis qui Patrum scriptis tam inepte illudunt, cum in ipsis quoque Sacris Scripturis idem faciant easque non nisi ad gustum suum et admittant et abjiciant.

  A023001278 

 Quid enim movere Lutherum [201] potuit, ut Jacobi Epistolam damnaret? «Quia,» inquit, «non sapit spiritum apostolicum.» Cur damnat Calvinus Libros Machabaeorum? Quia, inquit, non sapiunt spiritum divinum.

  A023001278 

 Sed quid respondetis? Sermo, inquiunt, non est Augustini.

  A023001278 

 Si interroges quare: quia, inquiunt, non sapit ingenium Augustini.

  A023001279 

 Cum vero catholicus supradictum locum protulisset ac ministrum interrogasset: «Quid vero tu ad haec, domine, magne doctor?» Ille, primum haesitabundus et attonito similis, mox seipsum colligens, quasi magnum [202] et elegans quidpiam dicturus, ut facile maximum Ecclesiae reformatorem in ejus vultu agnosceres: «Naevus est,» inquit, «in pulchro corpore.» Quid vero miser catholicus faceret cum isto nebulone, nisi ut Dominum rogaret ne statueret ei hoc peccatum, quia nesciebat quid diceret nec quid faceret? [Abi vero tu in malam crucem, cum istis tuis naevis et nugis!] An non poteras verius dicere, naevum hunc esse in Calvini tui opinione, Beatissimae Virginis Sanctorumque omnium intercessionem temere rejicientes? nam nec quicquam vetat naevos esse in deformi corpore, [203] ut tanto deformius faciant quanto facerent corpus venustius quod esset pulchrum..

  A023001279 

 Vidi ego primarium quemdam Genevae ministrum, qui, multa insolenter debacchatus in Sanctorum intercessionem, cum non tantum Scripturae, sed etiam Patrum auctoritate convinceretur, dixit tandem paratum se dare manus, si Augustinus ullo loco Beatissimam Virginem invocasse probaretur.

  A023001280 

 Hanc vero artem fallendi in Patrum scriptis, etsi haereticorum omnium commtmis est, Calviniani tamen propemodum suam propriam fecerunt, adeo in ea excellunt, ut apparuit ex congressu Illustrissimi Cardinalis et Episcopi Ebroicensis cum misero illo, quem nominare pudet [vel hoc ipso, quod non pudet eum vivere post tam multas tamque evidentes ipsius non tantum haereses, sed etiam falsitates.] in augustissimo ipso Christianissimi Regis conspectu, et amplissimo totius Galliae theatro detectas convictasque..

  A023001280 

 Placent vero sibi novatores nostri tum maxime in sua pertinacia, cum aliquam sententiam in libris Patrum deprehendunt, quae primo intuitu ac in speciem favere iis videatur; est enim hoc fuitque semper hæreticis omnibus commune, ut jam olim Vincentius noster Lirinensis observavit: «Cum sub alieno,» inquit, «nomine haeresim concinnare machinantur, captant plerumque veteris cujuspiam viri scripta paulo involutius edita, quae pro ipsa sui obscuritate dogmati suo quasi congruant, ut illud, nescio quid, quodcumque proferunt, neque primi neque soli sentire videantur.» Hunc scilicet morem tenens minister iste noster egregius, de quo nunc dicebamus, tot illis Augustini locis clarissimis, quae jam citavimus, opponebat locum unum, in quo Augustinus, de Christo loquens: «Ipse Sacerdos est,» inquit, «qui nunc ingressus in interiora veli, solus ibi ex his qui carnem gestaverunt, interpellat pro nobis.» Itaque Augustinum cum Augustino pugnantem inducere volebat subtilis doctor, nec videbat Augustinum eo loco non de alia interpellatione loqui, quam quae fit per [204] redemptionem, quod et praecedentia et sequentia illius loci manifestissime ostendunt.

  A023001286 

 Adeo verum est quod Augustinus jam olim dixit, convinci eos posse, sed vinci non posse.

  A023001287 

 Nos vero respondemus clarissime, nos neque Deo, quem oramus, coadjutores dare, quem satis scimus ad misericordiam faciendam coadjutoribus non indigere; neque Christo, per quem oramus, quia ejus intercessionem omnipotentem apud Patrem agnoscimus; sed nobis ipsis, qui oramus, ac quorum orationes et preces precibus fratrum nostrorum, maxime vero piorum et sanctorum virorum, adjuvantur, ut a Deo per solum Christum exaudiantur.

  A023001287 

 Qua responsione si quis est qui sibi non putet satisfactum, quonam, obsecro, nisi protervo prorsus et contentioso videri potest esse ingenio?.

  A023001287 

 Quia tamen Christo esse illos nobis gratiores intelligimus, et aliquo modo viciniores, quippe qui jam sint in gloria, plerique Antiquorum mediatores eos appellarunt, non ratione illa qua Christus Mediator dicitur, qui vere est in medio, ut ita dicam, mathematico, sed ut is qui alicui vicinior est, haet permodica distantia, medius dicitur inter hunc et illum a quo longius abest.

  A023001287 

 Sic enim dicimus inter nos et solem umbracula et tentoria nostra esse media, licet non modo non sint in medio, sed etiam nobiscum sint in extremo.

  A023001288 

 Hoc vero unicum exemplum pro multis attulisse sufficiat, nam instituti nostri ratio pluribus hic nos immorari non permittit.

  A023001288 

 Nisi quod non possum prætermittere insigne [207] dictum Lutheri, qui, ut Ecclesiae Catholicae contradiceret, quae docet semperque docuit excommunicationem cuicumque viro pio et christiano cavendam esse, tum quoque cum est injusta, tanquam quae, si non aeternae salutis praesens damnum inferat, praesentissimum tamen adfert secum amittendae illius periculum, scripsit ille, ex contrario, docendos esse Christianos, ut excommunicationem diligant potius quam ut metuant.

  A023001296 

 Ce sont des murmurateurs, des gens qui se plaignent sans cesse, qui vivent au gré de leurs convoitises, et leur bouche profère des paroles d'orgueil. Et saint Paul: Si quelqu'un veut contester, pour nous, nous n'avons pas cette habitude, non plus que l'Eglise de Dieu.

  A023001299 

 Mais je me vois pris; nulle voie pour m'échapper.» Et peu après: «Si encore aujourd'hui quelqu'un pouvait me prouver, par un témoignage solide des Ecritures, que dans le Sacrement de l'Eucharistie il n'y a que du pain et du vin, il ne serait pas nécessaire de m'entreprendre à ce sujet sur un ton si mordant; car je suis, hélas! porté plus qu'il ne faut de ce côté, autant que je puis connaître la nature de l'Adam qui est en moi.» Peut-on imaginer, je le demande, un esprit plus contentieux que celui de cet homme, qui ne cherche pas, selon ses propres expressions ce qui est vrai ou faux, mais ce qui peut ennuyer le Pape ou l'Eglise, et étudie, non par amour et désir de la vérité, mais par haine de la Papauté?.

  A023001308 

 Or, c'est précisément au sujet de l'Ecriture que nous discutons, et elle nous donne très manifestement raison, puisque l'Apôtre a écrit justification et non pas manifestation de la justification.

  A023001310 

 Toute république bien ordonnée a ses lois, ses lois bonnes et inviolables; mais si elles étaient abandonnées au bon plaisir des parties, les procès n'auraient jamais de terme, chacun s'appuyant sur sa propre prudence, et non seulement abondant dans son sens, mais le faisant avec excès.

  A023001311 

 Cependant, insisté-je, qui jugera si le Concile porte une sentence conforme aux Ecritures? Moi, répond Luther, car « l'homme spirituel juge de tout.» Ainsi, du Concile et du jugement du monde entier tu en appelleras à toi et à toi seul? Ainsi, le suprême arbitre du droit divin et humain, ce sera la tête de Luther, tête folle, qu'elle vous plaise ou non?.

  A023001312 

 Ce que nous venons de dire de Luther, doit également se dire de tous les autres hérétiques; car leur nom d'hérétiques leur vient justement de ce qu'ils choisissent pour leur usage une interprétation de l'Ecriture telle que, si elle concorde avec celle des Conciles et de l'Eglise, ils la défendent en se basant, non sur l'autorité de l'Eglise ou des Conciles, mais sur leur propre opinion; si, au contraire, elle est différente, ils la soutiennent contre l'autorité de l'Eglise et des Conciles.

  A023001318 

 Nous apportons encore le texte où le même Augustin écrit que «les âmes des défunts sont recommandées aux prières des Martyrs, lorsque les corps des défunts sont ensevelis dans les lieux consacrés à l'honneur de ces Martyrs et contenant leurs reliques.» Comment nos mauvais plaisants échappent-ils à ces textes? En disant tout simplement que ces choses ont été écrites non avec intention, mais en passant et par inadvertance.

  A023001319 

 Cependant, pour les satisfaire, citons un autre texte où Augustin, non en passant, mais dans une prière prolongée et répétée, invoque un Saint régnant dans les Cieux.

  A023001320 

 Ainsi donc, de ce que la manne n'a pas la saveur d'un pain céleste pour les rebelles et les méchants, faudra-t-il dire que la manne cessera d'être un pain descendu du ciel? Parce que le soleil ne luit pas au profit du hibou, ne luira-t-il pas à notre profit? A ce compte-là, c'en est fait de toute l'Ecriture, comme notre Augustin l'a savamment montré autrefois contre Faustus lequel, avec l'insolence habituelle des hérétiques, prétendait non authentiques, mais falsifiés, les passages de la Sainte Ecriture qui lui étaient opposés..

  A023001321 

 J'ai vu un des premiers ministres de Genève qui, après s'être insolemment emporté contre l'intercession des Saints, ne pouvant être convaincu par l'autorité non seulement de l'Ecriture, mais aussi des Pères, finit par dire qu'il s'avouerait vaincu s'il était prouvé qu'Augustin eût jamais invoqué la Bienheureuse Vierge.

  A023001323 

 Evêque d'Evreux et ce misérable qu'on a honte de nommer, [quand ce ne serait que parce qu'il n'a pas honte de vivre après tant et de si évidentes, non seulement hérésies, mais faussetés,] dont il fut convaincu en la présence très auguste du Roi très chrétien et dans une immense assemblée où la France entière était représentée..

  A023001329 

 Ici se vérifie le mot d'Augustin: On peut les convaincre, mais non les vaincre.

  A023001330 

 Ainsi nous disons que les ombrages et les tentes tiennent le milieu entre nous et le soleil, bien que non seulement ils ne soient pas à mi-distance, mais qu'ils soient avec nous à une des extrémités.

  A023001330 

 Comme cependant nous comprenons qu'ils sont, eux, plus agréables au Christ et, en quelque manière, plus rapprochés de lui, étant déjà dans la gloire, la plupart des Anciens les ont appelés médiateurs: non point pour la raison qui fait donner au Christ le nom de Médiateur, parce qu'il occupe vraiment ce que je nommerai le milieu mathématique, mais parce qu'on dit de quelqu'un qui est rapproché d'un autre, même d'une distance minime, qu'il tient le milieu entre cet autre et celui dont il est éloigné davantage.

  A023001337 

 Nam, quod ad Lutherum pertinet, tam petulanter ille et contumeliose causam suam aggressus est, ut Beza non vereatur illi hac in re succensere.

  A023001337 

 Sed quid Bezae testimonio indigemus? Habemus reum confitentem se immodeste et scribere et agere, ac eo plane modo qui deceat hominem qui, ut ipse loquitur, non sit compos sui.

  A023001337 

 Ut vero Lutheranos et Calvinianos nostros hoc spiritu [208] agi probemus, magna non est opus inquisitione.

  A023001338 

 Hoc cum notissimum sit omnibus qui Romam noverunt, non cessant [210] tamen Romanenses theologi,» etc. Quem, obsecro, non pudeat tam virulenti mendacis hujus et impostoris? Et tamen, quod impudentiam facit intolerabilem, testatur ille eodem loco, non de hominibus se loqui, sed de Cathedra Romana; ut merito possimus ei objicere verba illa Augustini, quae supra retulimus: «Cathedra» tibi «quid fecit Petri?».

  A023001339 

 Audi Calvinum: «Colligimus,» inquit, «nihil Papistas Christo reliquum facere, qui pro nihilo ducunt ejus intercessionem, nisi accedant Georgius et Hippolytus, aut similes larvae.» Et alibi mentitur impudentissime, et imponit Catholicis, quod «in suis omnibus Litaniis, Hymnis et Prosis, ubi Sanctis mortuis nihil non honoris defertur, nullam Christi mentionem» faciant.

  A023001339 

 Nec contenti sunt isti tot contumeliis Ecclesiam Dei militantem ejusque Pastores onerare; parum hoc illis videtur, si non etiam in cives triumphantis Ecclesiae simul jacula contumeliarum suarum contorqueant.

  A023001356 

 Et Luthero quidem id pro gloria est, quod primus et solus fuerit, qui turbas excitavit; nam congratulatur sibi ipsi, quod «Germani, suspensis animis, expectabant» quem eventum habitura esset contentio quam ipse excitaverat et «quam,» inquit, «nullus antea, neque episcopus, neque theologus ausus esset attingere.» Tantique fecit hanc haereticam laudem, ut injuriae loco duxerit, si quando suas opiniones ab aliis didicisse diceretur; cumque plerique Hussitam eum esse existimarent, reclamat ipse et exclamat: «Non recte vocant, qui me Hussitam appellant, non enim mecum ille sentit; sed si ille fuit haereticus, ego plus decies haereticus sum, cum ille longe minora et pauciora dixerit.» At videamus quibus viis et quo genio Lutherus in hanc doctrinae novitatem venerit.

  A023001356 

 Illud sane constat, non divino impulsu (tametsi dicat ille alibi se a Deo vocatum, ut jactare solent haeretici omnes), sed humano prorsus carnalique affectu rem totam aggressus est: «Casu enim,» [213] inquit ille ipse, «non voluntate nec studio in has turbas incidi, Deum ipsum testor.» Quid vero tam contrarium, quam ut divino impulsu factum esse existimetur quod factum sit casu? Aut quid apertius quam, ex supradictis verbis, non in pacificam Evangelii praedicationem, sed in turbas apostatam illum incidisse? Neque vero solus ipse hoc testatur, sed et Philippus Melanchton, egregius Lutheranus: «Haec initia fuerunt,» inquit, «hujus controversiae, in qua Lutherus, nihil adhuc suspicans aut somnians de futura mutatione rituum, ne quidem ipsas Indulgentias prorsus abjiciebat, sed tantum moderationem flagitabat.

  A023001357 

 Tum vero primi motus et inspirationes quibus Lutherus tactus fuit ut doctrinam catholicam desereret, fuerunt merae et crassissimae blasphemiae; sic enim ipse de se scribit: «Oderam,» inquit, «vocabulum istud: Justitia Dei, quod, usu et consuetudine omnium doctorum, doctus eram philosophice intelligere de justitia formali et activa Dei, [214] qua Deus est justus et peccatores injustosque punit.» Et paulo post: «Non amabam,» inquit, «imo odiebam justum et punientem peccatores Deum, tacitaque, si non blasphemia certe ingenti murmuratione indignabar Deo.» Et alibi, explicans locum illum Pauli: Justitia Dei revelatur in Evangelio, ait omnes Doctores, excepto Augustino, interpretatos esse de justitia Dei puniente; tum subjungit: «Quoties legebam hunc locum, semper optabam ut Deus nunquam revelasset Evangetfum; quis enim possit diligere Deum irascentem, judicantem, damnantem?» Et rursum, alio loco: «Olim, cum legendum esset,» inquit, «et orandum illud Psalmi: In justitia tua libera me, totus exhorrescebam et ex toto corde vocem illam oderam.» Et paulo post: «Atque hic sane,» inquit, «omnes Patres, Augustinus, Ambrosius, etc., hallucinati sunt, et in hoc veluti scandalum impegerunt.» Ex hoc autem odio Dei irascentis et justi in meditationem venit, per quam ait se fidem suam justificantem invenisse: «Tunc,» inquit, «me prorsus esse renatum sensi et, apertis portis, in ipsum Paradisum intrasse.

  A023001359 

 At vero non sic ille, non sic, qui laetus cantat: Justus Dominus et justitiam dilexit; æquitatem vidit vultus ejus.

  A023001359 

 Secundtun est, quod Lutherus non resipuit, postquam haeresim excitavit, sed in hoc execrando odio perstitit: «Quis enim,» inquit, «possit diligere Deum irascentem, judicantem, damnantem?» Quibus verbis non solum se odio Deum habuisse profitetur, sed etiam neque potuisse amare neque posse.

  A023001360 

 Tertium est, quod ignorantiam suam crassissimam prodit Lutherus, cum dicit omnes Doctores, excepto Augustino, locum Pauli ad Romanos de justitia Dei puniente interpretatos fuisse; nam, ut omittam Chrysostomum et Theodoretum, divus sane Thomas et Lyranus, qui [216] omnibus obvius est, de justitia qua Deus nos justificat, palam interpretantur; tametsi contraria quoque expositio non sit omnino improbabilis..

  A023001361 

 Quartum est, quod impudentiam suam Lutherus ostendit, cum Psalmi locum supra citatum dicit a nemine Catholicorum et Patrum fuisse intellectum de justitia qua Deus nos justificat; nam et Augustinus ipse et Lyranus et Glossa ordinaria sic plane interpretantur: In justitia tua libera me, id est, quia mea justitia, quae nulla est, liberari non possum, tua, Deus bone, liberari exopto; quamquam, quod ad locum illum attinet, docte Glossa ordinaria animadvertit interpretationem illam esse potius moralem, cum, secundum litteram, de justitia Dei judicantis Psalmista loquatur, quasi dicat: Cum justus sis, Domine, eripe me et libera me de manibus persequentium me, qui injuste me opprimunt et persequuntur.

  A023001362 

 Verum, non multo post tempore, cum Rex Angliae iterum in eum scripsisset, rursus ille Regem aggreditur, longe atrocioribus contumeliis, et de litteris scriptis poenitet, nec ullum non movet lapidem ut suam hypocrisim excuset, quae palinodiam promiserat, docetque se illam epistolam scripsisse ut eum ad haeresim suam amplectendam pelliceret.

  A023001362 

 «His,» inquit, «persuasionibus plane ebrius, effudi [218] illam deprecationem, et infoeliciter supplicem epistolanv quam illi sues indigne tractant dilacerantque.» Et paulo post dicit eodem se artificio usum esse cum Georgio, Duce Saxoniae; et aliquot interpositis verbis iterum praedicat se non poenitere, quod iis artificiis usus sit, quasi fecerit omnia propagandi Evangelii causa, nec pudet eum fictiones hujusmodi et hypocrisim pium honestumque studium appellare.

  A023001363 

 Cuinam vero credibile fiet unquam labia ista dolosa Lutheri, in corde et corde loquentis, electa esse a Deo, ut Evangehi lumen iterum mundo accenderent? Aut quis unquam sordidiora vidit aut legit, et magis execranda haeresis ullius principia, quae casu, non serio nec consulto, et ex odio Dei, non ex amore, ex mendaciis et hypocrisi, non ex veritate, constiterunt? Auctor vero ipse turbulentus homo et adeo ferox, ut, Philippo quoque Melanchtone teste, non solum Erasmus, sed etiam Fredericus Dux, cujus protectione et auspiciis omnem tragædiam suam [219] Lutherus produxit, lenitatem in eo et moderationem desiderarent; quam nec ipse negabat sibi deesse, cum se sui compotem non esse fateretur..

  A023001369 

 Quis credet? Nemo, hercule, nemo, si non ipse Lutherus dixerit.

  A023001370 

 Is, in libro De Missa privata et Unctione Sacerdotum, non obiter, sed ex professo et luculenter asserit refertque Sathanam sub mediam noctem sibi apparuisse, et quinque argumentis, quae variis etiam similitudinibus adornaverat, effecisse, ut exinde Missam et unctionem sacerdotum sperneret omnino et abjiceret.

  A023001370 

 Mox, conversus ad Catholicos: «Si vobis,» inquit, «sustinendi essent ictus diaboli et audiendae disputationes, non diu essetis cantilenam de Ecclesia et veteri recepto more cantaturi; Sathan enim in ictu oculi repente [221] totam mentem terroribus et tenebris adobruit.» Deinde, ut objectioni suae pro diabolo satisfaciat et respondeat, conatur pluribus ostendere diabolum etiam interdum veritatem docere, et ita mentiri, ut mendacium veritate perfundat.

  A023001370 

 Nec quod sibi ipsi objecisset, mendacem esse diabolum, cui propterea credi non oporteret, potuisse tamen persuaderi ne se diaboli argumentis vinci pateretur, cujus vim et impetum in disputando mirabiliter extollit.

  A023001371 

 Euge, euge, o viri quibus est cor, audierunt aures nostrae viderunt oculi nostri! Hem ista est libertas illa praeclara et evangelica, quam Lutherus et, ejus exemplo, caeteri haeretici nostri temporis invexerunt! «Liberati sumus,» inquit Lutherus, at non libertate quam Christus nobis suo sanguine pretiosissimo acquisivit, sed libertate quam Luthero ab inferis Sathan attulit.

  A023001381 

 Il est évident que ce n'est pas sous l'impulsion divine qu'il a commencé toute l'affaire (bien qu'il se vante ailleurs, comme le font tous les hérétiques, d'avoir été appelé par Dieu), mais que ç'a été par un entraînement [213] humain et tout à fait charnel: «C'est,» dit-il lui-même, «par hasard, non volontairement et à dessein, que je me suis jeté dans ces agitations; j'en atteste Dieu lui-même.» Qu'y a-t-il de plus opposé à une impulsion divine que ce qui arrive par hasard? Quoi de plus clair, d'après les paroles ci-dessus, que notre apostat s'est jeté, non dans la prédication pacifique de l'Evangile, mais dans les agitations? Et il n'est pas le seul à affirmer cela; Philippe Mélanchton, fameux luthérien, s'exprime ainsi: «Tels ont été les commencements de cette controverse dans laquelle Luther, ne soupçonnant ou ne rêvant rien au sujet du changement futur des rites, ne répudiait pas même absolument les Indulgences, mais y réclamait seulement de la modération.

  A023001384 

 En second lieu, que Luther ne s'amenda pas après avoir lancé son hérésie, mais persista dans cette haine exécrable: «Car,» dit-il, «qui peut aimer un Dieu qui s'irrite, qui juge, qui condamne?» Par ces paroles, non seulement il affirme sa haine de Dieu, mais aussi son impossibilité passée et présente d'aimer Dieu.

  A023001388 

 Qui croira jamais que ces lèvres trompeuses d'un Luther parlant d'un cœur double, ont été choisies par Dieu pour allumer de nouveau dans le monde la lumière de l'Evangile! Où a-t-on jamais vu ou lu qu'une hérésie ait eu des origines si basses et plus exécrables que celle où tout a commencé, non sous l'impulsion d'un motif sérieux et volontairement, mais par l'effet du hasard; par haine de Dieu, non par amour; au moyen de mensonges et d'hypocrisie, non pour la vérité? Quant à son auteur, c'était un homme fauteur de troubles et tellement violent, que, au témoignage de Philippe Mélanchton, non seulement Erasme, mais aussi le duc Frédéric, soud la protection et les auspices duquel Luther lança [219] son aventure tragique, lui souhaitaient une douceur et une modération que lui-même reconnaissait lui faire défaut, en avouant qu'il agissait sans être en pleine possession de soi-même..

  A023001395 

 Luther, dans son livre sur la Messe privée et l'Onction des Prêtres, affirme et raconte non en passant, mais ex professo et clairement, que Satan lui apparut vers le milieu de la nuit, et fit si bien, au moyen de cinq arguments agrémentés aussi de comparaisons variées, que depuis, lui, Luther, se mit à mépriser tout à fait et à rejeter la Messe et l'onction des prêtres.

  A023001396 

 Allons, hommes de cœur, nos oreilles ont entendu, nos yeux ont vu! Voilà donc cette fameuse liberté évangélique que Luther, et, à son exemple, les autres hérétiques de notre temps ont introduite! «Nous avons été délivrés,» dit Luther, mais non au moyen de la liberté que le Christ nous a acquise par son sang précieux, mais au moyen de la liberté que Satan a apportée à Luther du fond des enfers.

  A023001401 

 [Jam tempus esset ut huic tractationi, quae me longius traxit quam putaram, finem imponerem, vel ipso taedio tam horrendae narrationis, nisi me viderem religione boni [223] publici teneri ut aperiam, sed paucis si potero, quantam etiam perniciem rebus Christianorum civilibus minentur et adstruant ingenia nostrorum novatorum, ne dubitare quis-quam possit, non minus in politicis quam in ecclesiasticis haereticos illos esse.

  A023001407 

 Cujus periculi metuendi non eadem ratio est, cum de monarchia etiam apud democraticos aut aristocraticos magistratus honorifice loquimur; quia nullius inde tumultus nascitur occasio, cupiditate dominandi aut gubernandi multorum ex iis qui dominantur animos impediente ne monarchiam exoptent.

  A023001414 

 [Quod quam perniciosum sit Reipublicæ si quis est qui non videat, dignus sane est, qui cum filia vel matre incestum contraxisse, aut vitam principis attentasse accusetur, et probetur ut experiatur an idem persuasurus sit principibus aut magistratibus, quod sibi passus fuerit tam stulte persuaderi a Luthero.].

  A023001418 

 Non esse praeliandum contra Turcas.

  A023001420 

 Ergone pugnandum non erit medicinis cum peste, nec providentia rei frumentariae et annonae cum fame, ideo tantum quod per hujusmodi afflictiones Deus non tantum visitet nos et castiget, sed etiam probet, approbet, perficiat? Cur ergo gladium gestat Princeps, cur arma milites, nisi ut hostes, si qui ingruent, reprimantur, et Reipublicae invasores propellantur? Inde nimirum est, quod milites laudantur etiam in Evangelio, quia et justi esse possunt, qualis ille Cornelius, nobilis centurio, de quo in Actis Apostolorum; inde, quod etiam a Joanne Baptista approbantur, non si militiam deserant, sed si neminem concutiant neque calumniam faciant et contenti sint suis stipendiis.

  A023001420 

 Rex, inquit Paulus, non sine causa gladium portat; Dei enim minister est, vindex in iram.

  A023001420 

 Sane, cum occidit malefactorem, non homicida, sed, ut ita dixerim, malicida reputatur.».

  A023001424 

 Leges Principum non obligare conscientias subditorum.

  A023001426 

 Quidni vero? Quia, inquit, non [229] «cum hominibus, sed cum Deo negotium est conscientiis nostris.».

  A023001427 

 «At non ille, satum quo te mentiris, Achilles Talis in hoste fuit Priamo.».

  A023001428 

 Ideo necessitate subditi estote, non solum propter iram, sed etiam propter conscientiam, ministri enim Dei sunt.

  A023001428 

 Quid tu ad hoc, Calvine? Non vides etiam conscientiis nostris negotium esse cum hominibus, iis scilicet, qui Dei vices gerunt in administranda republica, sive ecclesiastica, sive politica? Hoc autem Calvini placito quam imminuatur auctoritas Principum et legum videre quilibet potest, sentire autem et experiri etiam Principes [230]ipsi, si impias istas et seditiosas voces in Republica sua invalescere patientur..

  A023001428 

 Vixit Paulus eo tempore quo Principes et Imperatores non solum non sequebantur, sed etiam persequebantur Christum et convenerant in unum adversus Dominum et adversus Christum ejus; et tamen exclamat ille: Omnis anima potestatibus sublimioribus subdita sit, non enim est potestas nisi a Deo.

  A023001432 

 Non debere subditos Principum suorum potentiam optare.

  A023001434 

 Quinta propositio nescio an suavior sit, an periculosior; quae ejusdem Calvini est: Non debere subditos Principum suorum potentiam optare.

  A023001435 

 [O Reges, o Principes, permittite ut pro vestra proque populorum vestrorum securitate liceat mihi exclamare: [231] Quid agitis? Quid expectatis, qui tam perniciosae pestilentisque doctrinae auctores et sectatores in ditionibus vestris fovetis, amatis et quasi magnos Dei prophetas recipitis? Vos enim solos appelio et miror, non ilios qui, ne bellis et factionibus turbent omnia, toierant propemodmn inviti etiam quos oderunt.] Quando autem foelicius beatiusque regnis et populis res cedunt, quam cum Principes eorum, dummodo juste et ex sequo, amplissimis provinciis dominantur? Quando beatius actum est cum Gallis, quam regnante Carolo Magno, Rege ac Imperatore potentissimo? Quando foelicius cum Israelitis, quam regnante magno Salomone?.

  A023001441 

 Sexta propositio est Lutheri (promiscue enim de Luthero et Calvino loquimur, quia parum inter eos distare arbitramur): «Nuliam rempublicam legibus foeliciter administrari.» Cum enim id ex ejus assertionibus doctores nostri [232] collegissent eique tanquam errorem absurdissimum objicerent, ille non modo non negavit, sed diserte affirmavit suaeque affirmationis rationem his verbis reddidit: «Hoc,» inquit, «docet experientia.» Quaenam vero experientia, Luthere? An forte rempublicam aliquam vidisti, audivisti, legisti, sive monarchicam, sive aristocraticam, sive democraticam, quae legibus non regatur et dirigatur? An tu fortasse melior politicus es et prudentior Deo Opt.

  A023001448 

 An vero unquam foelicius administrata est Respublica christiana, quam sub Constantino, Theodosio seniore, Honorio, Theodosio juniore, Justiniano, Carolo Magno, Ludovico, Amedeis nostris, Imperatoribus, Regibus et Principibus omnium pientissimis? Quare et merito et vere, ut tantum Dei Prophetam oportuit, Isaias, de Christo et de Ecclesia loquens: Gens, inquit, et regnum quod non servierit tibi, peribit.

  A023001453 

 At fortasse dicat aliquis Luthero in mentem hoc non venisse, cum Principes omnes Nembrotho similes esse dixit; et ego quoque facile crederem, nisi viderem ipsummet Lutherum, in suis ad Genesim Commentariis, ita prorsus explicasse.

  A023001453 

 Monet enim eo loco tyrannos omnes [236] et Principes, robustos esse venatores, non quod feras, sed quod homines persequantur, subditque: «Hic postea generalis titulus fuit omnium tyrannorum et Principum.».

  A023001454 

 Hoc vero, si quisquam ullibi gentium Princeps est adeo Lutheranus, qui tecum, Luthere, ita esse fateri velit, bene consulis, et dignum agis tam indigno Principe consiliarium, cum Nembrothicos Principes non Christianismo, sed atheismo, vis operam suam navare.

  A023001454 

 Sed non habebis fatentes aut ferentes tot Reges, Duces et Principes christianos et catholicos, qui, sicut caetera tua dogmata impietatis damnant, ita et hoc tam stultum et contumeliosum maledictum tuae adscribunt temeritati et impudentiae, parumque curant quid tu de iis senseris, dummodo gratam Ei servitutem exhibeant «cui servire regnare est.».

  A023001456 

 Doleo sane, et ex corde doleo, ac propemodum flens haec scribo, tam multos adhuc superesse, qui, tot nugis istis ab infantia imbuti, adeo pertinaciter in iis perstant; viros alioquin maximos et doctrina ingenioque clarissimos; quin etiam ex iis non paucos, quod magis me cruciat, et jurisconsultos et mihi amicissimos, quos, extra causam religionis [238], colo colamque semper singulari observantia.

  A023001457 

 Itaque, si novam facitis, fatemini falsam; si nostram retinetis, nostra ergo ilia est, quam Paulus dixit esse columnam veritatis, cum qua [240] proinde non magis errare potestis, quam contra eam bene sentire..

  A023001457 

 Quam multa jam habetis exempla eorum qui ex vestris aliquando, et inter vestros clarissimi, fuerant; quos, in Ecclesiam Dei reversos, puduit duntaxat fecisse tardius, quod citius fieri oportuerat! Non negatis nostram esse et Romanam Ecclesiam iliam, cujus vos dicitis reformatores; ergo veram esse fatemini; alioqui Mahumetismum et Alcoranum, non Ecclesiam Romanam reformandam suscipere oportebat, si nihil nisi abusuum multitudinem et reformationem falsae Ecclesiae quaerebatis.

  A023001457 

 Quis credet vos tam magnos fuisse jurisconsultos, ut obscurissima et recondita quaeque Papiniani sensa penetrare potueritis, et tamen tam stultas et pueriles istonun ineptias, a communi cujusque sensu abhorrentes, vos, etiam admonitos totque nostrorum theologorum libris edoctos, dijudicare non potuisse? Redite, quaeso, ad Ecclesiam Dei, quae nascentes vos in regenerationis lavacro benigna excepit, et quae, ut iterum excipiat, tot suspiriis et lachrymis venera bilis vestrae conversioni occurrit.

  A023001457 

 Quod si vera nostra Ecclesia est, cur aliam quaeritis? cur novam facitis? Abusus quos in ea tam multos esse vobis falso persuasum erat, emendandi fuerant, si qui erant, at non a vobis, sed a Pastore et Rectore Ecclesiae; ipsa vero Ecclesia eadem semper retinenda, quae nova fieri non poterat quin hoc ipso fieret falsa.

  A023001457 

 Vos ergo, viri magni, quotquot et ubicumque estis, praesertim qui me amatis, supplex oro per viscera misericordiae Christi Domini, ut tanti momenti rem serio tandem et tranquillo, ut decet, animo, ac in humilitatis, non in superbiae, spiritu, quod hactenus factum est, examinetis.

  A023001458 

 Quod reliquum est, peto a vobis in charitate Dei et pro ea, qua vos prosequor, observantia, ut, si quid in haereses aut haeresiarchas acerbius a me dictum putabitis, non ut vos tanquam adversarios lacesserem, sed ut tanquam amicos a somno isto lethargico excitarem, dictum id scriptumque fuisse existimetis.

  A023001483 

 Certes, en mettant à mort un méchant, il mérite d'être appelé, non homicide, mais, qu'on me passe l'expression, malicide.».

  A023001483 

 Faudra-t-il ne pas combattre la peste par les remèdes, la famine par les approvisionnements de diverses sortes, uniquement parce que, au moyen de ces afflictions, Dieu, non seulement nous visite et nous châtie, mais nous éprouve, nous traite comme siens et nous perfectionne? Pourquoi donc le prince porte-t-il le glaive et le soldat les armes, si ce n'est pour réprimer les attaques des ennemis et chasser les envahisseurs de la République? C'est pour cela, sans aucun doute, que les soldats sont loués, même dans l'Evangile, parce qu'ils peuvent être justes, comme Corneille, ce noble centurion dont il est question dans les Actes des Apôtres; c'est pour cela aussi qu'ils reçoivent l'approbation de Jean-Baptiste lui-même, non s'ils quittent la milice, mais s'ils ne frappent personne, s'ils ne font pas de calomnie et s'ils se contentent de leur solde.

  A023001489 

 Pourquoi donc? Parce que, [229] dit-il, «nos consciences ont affaire, non avec les hommes, mais avec Dieu.».

  A023001492 

 Il est donc nécessaire d'être soumis, non seulement par crainte du châtiment, mais aussi par motif de conscience, car ce sont des ministres de Dieu.

  A023001492 

 Saint Paul a vécu en un temps où les princes et les empereurs, non seulement ne suivaient pas, mais poursuivaient le Christ et s'étaient ligués contre le Seigneur et contre son Christ.

  A023001499 

 [O Rois, ô Princes, permettez-moi de crier, pour votre sécurité et celle de vos peuples: Que faites-vous? Qu'attendez-vous, [231] vous qui dans vos Etats favorisez, chérissez et recevez comme de grands prophètes de Dieu les auteurs et les sectateurs d'une doctrine aussi pernicieuse et pestilentielle? C'est vous seuls, en effet, que j'interpelle, en m'étonnant de votre conduite; non ceux qui, pour empêcher les guerres et les factions de tout troubler, font comme malgré eux acte de seule tolérance, même à l'égard de gens qu'ils haïssent.] Quand donc les royaumes et les peuples vivent-ils plus heureux que lorsque les princes gouvernent de très vastes provinces, pourvu qu'ils le fassent avec justice et équité? Quand donc la France a-t-elle été plus florissante que sous Charlemagne, roi et empereur très puissant? Quand donc les Israelites ont-ils été plus heureux que sous le règne du grand Salomon?.

  A023001505 

 La sixième proposition est de Luther (nous parlons indifféremment de Luther et de Calvin, parce que nous ne croyons pas que leur enseignement soit fort dissemblable): «Aucun état n'est heureusement administré par des lois.» Et lorsque nos docteurs [232] catholiques eurent tiré cette proposition des assertions de Luther et la lui eurent opposée comme une très absurde erreur, lui, non seulement ne la nia pas, mais l'affirma expressément et en donna la raison par ces paroles: «C'est là un fait d'expérience.» Quelle expérience, ô Luther? As-tu connu, peut-être, de tes yeux, par ouï dire, ou par tes lectures, un état monarchique, aristocratique ou démocratique, qui ne soit régi et dirigé par des lois? Es-tu par hasard meilleur politique et plus prudent que le Dieu très bon et très grand, ou mieux exercé dans l'art d'administrer heureusement un état? Or, à son peuple d'Israël, Dieu a proposé et ordonné des lois à observer, non seulement morales et cérémonielles, mais aussi politiques et judiciaires.

  A023001517 

 Il avertit, en effet, au [236] texte cité, que tous les tyrans et princes sont de puissants chasseurs, poursuivant, non les bêtes, mais les hommes, et il ajoute: «Plus tard ce fut le titre général de tous les tyrans et princes.».

  A023001518 

 Si quelque part sur terre il y a un prince assez luthérien pour vouloir avouer devant toi, ô Luther, qu'il en est ainsi, tu es un digne conseiller pour un si indigne prince, puisque tu veux que les princes, imitateurs de Nemrod, s'appliquent à favoriser, non le Christianisme, mais l'athéïsme.

  A023001521 

 Autrement, c'était le mahométisme et le Coran, et non pas l'Eglise Romaine, qu'il fallait réformer, si vous ne cherchiez que la multitude des abus et la réforme d'une fausse Eglise.

  A023001521 

 Je vous prie instamment, par les entrailles de la miséricorde du Christ, hommes illustres, vous tous en quelque lieu que vous soyez, vous surtout qui m'aimez, d'examiner enfin une affaire de si grande importance avec sérieux et tranquillité, comme il convient, et dans un esprit d'humilité, non de superbe, comme cela s'est pratiqué jusqu'ici.

  A023001521 

 Si notre Eglise est la vraie, pourquoi en cherchez-vous une autre? pourquoi en créez-vous une nouvelle? Les abus, que vous étiez convaincus faussement d'y reconnaître si nombreux, ils devaient être corrigés dans la mesure où ils existaient, non par vous, mais par le Pasteur et le Recteur de l'Eglise.

  A023001560 

 Trinitas, non triplicitas; trinus, non triplex; alius et alius, non aliud.

  A023001561 

 Distinctio, non diversitas aut differentia..

  A023001572 

 Trinité et non triplicité; trine et non triple; l'un distinct de l'autre, non différent.

  A023001573 

 Distinction, non diversité ou différence..

  A023001585 

 Ainsy, le vray cors naturel du Sauveur fut formé au ventre de la tressainte Vierge, non naturellement mais surnaturellement, par l'operation du Saint Esprit; ainsy ce mesme vray cors naturel fut enfanté de la tressainte Vierge, demeurant vierge, non naturellement [245] mais surnaturellement, par miracle; ainsy ce mesme cors naturel estoit transfiguré sur la montaigne de Thabor, non naturellement mais surnaturellement; ainsy est-il resuscité, non naturellement mais surnaturellement..

  A023001585 

 Mays par ce qu'un cors, cors vrayement naturel, peut estre en quelqu'endroit ou naturellement ou surnaturellement, je dis que le sacré cors naturel, reel et substantiel de Nostre Seigneur Jesuschrist est au divin Sacrement non point naturellement, mais surnaturellement, par la toute puissance de Dieu.

  A023001651 

 Quant a moy, je pense que tous fidelles qui sont membres d'un mesme corps se doibvent unir par charité; car, comme dit S. Augustin: Non est particeps divines charitatis qui hostis est unitatis.

  A023001652 

 [254] Le principal lien, c'est la charité: que donc elle nous eschauffe, afin que non point par vaines disputes et ergoteries, mais par le fil de la verité nous puissions amortir le feu de la dissention qui embrase tout le monde, afin que la charité de Nostre Seigneur nous unisse tous par une vraye et vive foy ensemble pour le glorifier eternellement..

  A023001669 

 Etsi autem non de suo tantum episcopatu, sed de tota etiam Republica Christiana vir tantus ob alia permulta bene ac praeclare meritus videri debet, nulla tamen de causa melius et praeclarius, quam quod vivus defuncto sibi successorem talem elegit, diu quidem multumque reluctantem, sed hoc ipso digniorem; qualem certe decebat esse Pontificem et Episcopum Gebennensem, qui faucibus ipsis haereticorum expositus obturaret ore suo leonum ora, et pro Ecclesia Dei constitueretur caput ejus civitatis, in qua haeresis arcanorum suorum omnium caput sedemque collocasset..

  A023001670 

 Adeo urget ipse acerrimus quidem et efficacissimis argumentis, sed ea lenitate et charitate quasi melle temperatis, cui non magis haereticorum superbia et insolentia fella plena possit respondere, quam ipsorum insania resistere Spiritui qui loquitur in illo.

  A023001670 

 Max. prima et praecipua haereticorum totius Chablasiensis ducatus conversione, et sanctissimo illo, omniumque post hominum memoriam extra ordinem amplissimo Jubileo, quo urbem Tononensem decoravit Clemens VIII, anno 1602, in honorem Dei et venerationem Beatissimae Mariae Virginis de Compassione: ut scilicet prudentiae, pietatis et sanctitatis suae testes haberet remotissimas quasque provincias ex quibus cum plura quam credi possit hominum millia dixero, quibus [256] vel laudabilissime cujusque viri laus contenta esse possit, quia tamen multa praetermisero, quae minime tacenda essent, praevaricatoris partes explevisse videar potius quam adulatoris suspicionem, quod non minus execror, incurrisse.

  A023001670 

 Ne alio qui postquam omnia quaenam et qualis fuerit, vix aliud respondere possim, quam continuam fuisse et perpetuam quandam praedicationem, non modo ad erudiendos Catholicos, quibus haud dubie tanti Praelati exemplum pro eximio doctore potuit esse et debuit, sed etiam ad sanandos et revocandos haereticos, qui ante hac Episcopis fere omnibus, impudenter licet plerumque et falso, ut solent, nihil nisi vitam ipsam pro crimine exprobrabant.

  A023001670 

 Possum enim vere, ita salvus sim, affirmare quicquid est, sive pietatis et sanctimoniae pene incomparabilis, sive eruditionis admirabilis, quod in caeteris Episcopis vel requirere vel laudare possis, totum id in hoc uno elucere tam magnifice ac eminenter, nec eo minus tamen circa ostentationis invidiam: ut sive familiariter colloquentem videas, incredibilem in ore dignitatem, in sermone comitatem, in utroque miram suavitatem morum statim agnoscas; sive graviter ac pie, ut semper solet, concionantem audias, non facile possis decernere an eloquentia praestet, an doctrina, et an gravitate sententiarum ac orationis majestate superet, an apposite ac partite loquendi facilitate; sive, denique, cum haereticis disputantem observes, omnino dubitandum habeas majorene ille eruditione certaverit et vicerit (certare, nempe, illi semper vincere est), an modestia et patientia.

  A023001670 

 Successor is fuit FRANCISCUS DE SALES, (quid enim laudibus ejus efficere debet quod vivat, meque fraterno et amore et nomine prosequatur, quominus a me nominetur, qui ab omnibus laudatur?) non modo splendore generis inter nobiliores totius patrise familias clarissimus, sed etiam doctrinae ac, quod primum est, pietatis et conspicuae innocentiae gloria perillustris; jurisconsultus (nam et hoc ad rem nostram pertinet) ipso etiam Senatus nostri judicio eximius, theologus vero inter doctissimos quosque subtilissimus, et inter subtilissimos scientissimus; praedicator etiam non solum disertissimus, quod ei cum multis commune est, sed etiam, quod cum perpaucis, eloquentissimus; scriptor vero, sive Latina sive Gallica lingua scribendum habeat, elegantissimus, et venustatis aeque ac succi plenus; is denique, quem non aliter aut melius pro dignitate laudare possim, quam si impetrem, ut sufficiat nominasse.

  A023001671 

 Enimvero, quid tam magnum et grande est quod non sperare liceat, tanti Episcopi auspiciis et conatibus, perfici posse, quem Deus Opt.

  A023001672 

 Subscribet his laudibus non nostra tantum Sabaudia, quae tanti partus matrem se et alumnam esse non immerito gloriatur, sed tota etiam Gallia, quam ille tot concionibus, praesertim Lutetiae Parisiorum, Divione, Lugduni, nonnullis etiam in ipso Regis Christianissimi conspectu habitis, nec minus Regem ipsum quam regnum fama sui nominis et admiratione complevit.

  A023001672 

 Subscribet ipsa etiam Roma, et amplissimus atque augustissimus Illustrissimorum Cardinalium consessus, qui tentatam, exploratam testatamque cum lachrymis gaudii et exultationis ab ipso Summo Pontifice Clemente VIII Salesii nostri prudentiam et eruditionem in publico examine admirati, dignissimum omnes ore uno pronunclaverunt [257], quem Claudio de Granier, tum Episcopo Gebennensi, anxie id ambienti, etiam invitum, Coadjutorem cum futura successione Summus Pontifex daret, ut beneficium quod alioqui magnum videbatur, non tam personae quam meritis, ipsique Ecclesiae universae datum esse constaret, curante id prae caeteris enixissime, ac favente Cardinale tum Borghesio, nunc Paulo V, Pontifice Opt.

  A023001673 

 Quid plura? O utinam (quidni enim exclamem, ut votis saltem assequar, quod verbis exprimere, non datur?), utinam iterum atque iterum, utinam multos haec nostra aetas haberet Salesios I Utinam vero etiam superior habuisset! is maxime in locis in quibus haereticorum defectionem ab Episcoporum, sive inscitia, sive ignavia, principium sumpsisse compertum est; nunc de profligandis haeresibus et de dirutis Jacob restituendis non laboraremus.

  A023001673 

 Sed cum ad collapsas res quasque maximas reparandas non aliud aptius remedium esse credatur, quam si omnia quantum fieri potest ad initia sua revocentur, non despero fore, ut quemadmodum sola fere posteriorum Episcoporum incuria viam haeresibus patefecit ad audaciam, ita novo tanti Episcopi exempio plane efformato ad prototypum illum veterum Episcoporum, victi sine bello haeretici tandem resipiscant, nec diutius reluctentur, quominus liceat nobis impetrare a divina misericordia quod Ecclesia Dei, tot lachrymis perfusa non desinit a Sponso suo flagitare, ut tam graviter misereque agitatam per tot annos Petri naviculam, sedatis fluctibus, brevi conquiescere omniumque Christianorum Pastorem unum, sub uno Christo, qui divisus non est, et ovile unum factum esse videamus.

  A023001707 

 XII. Tous curés prendront lés saintes Huyles chaque annee des mains de ceux qui sont establis pour les leur distribuer, et les tiendront en des vases honnestes et non fragiles; et ceux qui les distribueront tiendront roolle de ceux qui les auront pris.

  A023001712 

 XVII. Les foires et marchés sont defendus aux ecclesiastiques, sinon en cas de necessité, qui arrive peu souvent; et en ce cas, se comporteront selon leur qualité, non en marchans et negotiateurs.

  A023001774 

 Si donques, par exemple, vous le voyes travaillé de honte et de vergogne, donnes luy asseurance et confiance, luy remonstrant que vous n'estes pas ange, non plus que luy; que vous ne trouves pas estrange que les hommes pechent; que la confession et penitence rend infiniment plus honnorable l'homme que le peché ne l'avoit rendu blasmé; que Dieu premierement, ni les confesseurs n'estiment pas les hommes selon qu'ilz ont esté par le passé, mais selon ce qu'ilz sont a present; que les pechés, en la confession, sont ensevelis devant Dieu et le confesseur, en sorte que jamais ilz ne soyent rememorés..

  A023001793 

 Le penitent estant arrivé, il faut avant toutes choses s'enquerir de luy quel est son estat et condition: c'est a dire, s'il est marié ou non, ecclesiastique ou non, Religieux ou seculier, advocat ou procureur, artisan ou laboureur; car, selon sa vacation, il faudra proceder diversement avec luy..

  A023001801 

 Non seulement on doit s'enquerir de l'espece du peché, mais aussi du nombre d'iceux, affin que le penitent s'en [285] accuse, disant combien de fois il a commis tel peché, ou environ plus ou moins, au plus pres qu'il pourra selon sa souvenance, ou au moins disant combien de tems il a perseveré en son peché et s'il y est fort addonné; car il y a bien de la difference entre celuy qui n'aura blasphemé qu'une fois, et celuy qui aura blasphemé cent fois, ou qui en fait mestier..

  A023001817 

 Item, les concubinaires, adulteres, ivroignes ne doivent estre absous s'ilz ne tesmoignent un ferme propos non seulement de laisser leurs pechés, mays aussi de quitter les occasions d'iceux: comme sont, aux concubinaires et adulteres, leurs garces, lesquelles ilz doivent esloigner d'eux; aux ivroignes, les tavernes; aux blasphemateurs, les jeux: ce qui s'entend de ceux qui font coustume de telz pechés..

  A023001851 

 Le confesseur doit imposer la penitence avec des parolles douces et consolatoires, sur tout quand il voit le pecheur bien repentant, et luy doit tousjours demander s'il le fera pas volontier; car en cas qu'il le vid en peyne, il feroit mieux de luy en donner une autre plus aysee, estant beaucoup meilleur, pour l'ordinaire, de traitter les penitens avec amour et benignité (sans toutesfois les flatter dans leurs pechés) que non pas de les traitter asprement.

  A023001852 

 Car il arrive deux inconveniens de cest amas d'actions ou d'oraysons: l'un, que le penitent s'en oublie, et plus, demeure en scrupule; l'autre, c'est qu'il pense plus a ce qu'il a a dire ou a faire que non pas a ce qu'il dit ou qu'il fait, et ce pendant qu'il va cherchant en sa memoire ce qu'il doit faire, ou dedans ses Heures ce qu'il doit dire, la devotion se refroidit.

  A023001868 

 Je n'entens pas cette compassion qui pose un oreiller au vice et un carreau pour mettre le peché a son ayse; non, j'entens seulement que nous nous accommodions a la portee de chascun, donnant quelque chose, non pas a la malice, mais a l'infirmité.

  A023001884 

 Le parfait, qui est un oyseau plus rare en ce siecle que le phœnix en l'Arabie, non seulement attend les affrontz, les persecutions et les calomnies, mais mesme va au devant sans temerité, et y court comme au festin des noces, jugeant encor qu'il est indigne d'avoir des livrees qui le font prendre pour un serviteur de la mayson de Dieu..

  A023001900 

 C'est par la que nostre miserable Geneve nous a surpris, lhors que, s'appercevant de nostre oysiveté, que nous n'estions pas sur nos gardes et que nous nous contentions de dire simplement nostre Breviaire, sans penser de nous rendre plus sçavans, ilz tromperent la simplicité de nos peres et de ceux qui nous ont precedés, leur faisant croire que jusqu'alhors on n'avoit rien entendu a l'Escriture Sainte: ainsy, tandis que nous dormions, l'homme ennemy sema l'ivraye dans le champ de l'Eglise, et fit glisser l'erreur qui nous a divisés et mis le feu par toute ceste contree; feu duquel vous et moy eussions esté consumés avec beaucoup d'autres, si la bonté de nostre Dieu n'eust misericordieusement suscité ces puissans espritz, je veux dire les Reverens Peres Jesuites, qui s'opposerent aux heretiques et nous font en nostre siecle glorieusement chanter: Misericordiae Domini quia non sumus consumpti.

  A023001937 

 Verum, qui non didicit abundare, noscat penuriam pati ]..

  A023001944 

 Mirum autem [316] quam concinne et devote, in tanta penuria, Officia divina ab hac Ecclesia celebrentur, [ut non, in salicibus suspensis organis, obmutuerit ob exilium, sed hymnum cantet de canticis Sion et canticum Domini in terra aliena.

  A023001944 

 Porro, omnibus deductis oneribus ac expensis necessariis, quae cuihbet Canonico portio contingit valorem annuum quadraginta scutorum auri non attingit, impar omnino vel minimo homini alendo praebenda.

  A023002005 

 At isti, quia suis praebendis sustentari minime possimt, quandoquidem ad valorem annuum 40 scutorum non ascendunt, non possunt rite sua obire munera.

  A023002015 

 Omnibus autem, tam Cisterciensibus quam Sanctae Clarae, illud solatium deest quod Concilium Tridentinum, non sine Spiritus Sancti instinctu, illis vult concedi: ut scilicet, ter saltem quotannis illis confessarius extraordinarius constituatur; coguntiu: enim uni eidemque semper confiteri, neque unquam illis liberum est alterius operam expetere; quod quanto animarum illarum periculo fiat, nescio, Deus scit..

  A023002020 

 Verum cum initio rarae admodum incolarum in tam asperis locis essent famihae, iha extemporaria visitatio pastorum satis superque esse debebat, quandoquidem praesertim ob agrorum et agricolarum paucitatem, non possent ex illorum decimis ah ac sustentari [328] clerici qui inter eos residerent.

  A023002021 

 Nunc vero, cum passim, ut supradictum est, in successoribus solum monachorum vestimentum animadverti queat, clamant pauperes illi montium habitatores, velut oves pascuis destitutae: Quare lacte nostro nutriuntur isti et lanis operiuntur, gregem autem nostrum non pascunt nec per se, nec per alios? Et justa videtur oratio eorum..

  A023002022 

 Ubi appuli, statim ad [330] me clamores undique, a viris a mulieribus, a majoribus a minoribus: Quid est quod jura ecclesiastica omnia servamus, decimas ac primitias persolvimus, et nullus nobis pastor conceditur, sed sumus sicut arietes non invenientes pascua? Nimirum ab Abbate propinquiori omnia percipiebantur..

  A023002022 

 Vidi ego et visitavi parrochialem ecclesiam in altissimo [329] monte positam, ad quam nemo, nisi pedibus ac manibus reptans, accedere queat, per sex milliaria Italica distantem ab alia ecclesia, cujus pastor unicus et solus utramque regebat, ac in utraque singulis Dominicis diebus Missam celebrabat, quo labore, quo periculo, quo dedecore non est quod dicam, praesertim hieme, cum omnia glacie ac nive istis in partibus sint obruta.

  A023002023 

 Nam primum lites excitantur pro possessorio coram laicis; tum si res non succedat, appellationibus variis onerant decernentem, quibus non [331] utuntur, sed abutuntur; non quod graventur, inquit Sanctus Bernardus, sed ut gravent.

  A023002055 

 D'un autre côté, soit les Cisterciennes, soit les Clarisses manquent du secours que le Concile de Trente, non sans y être poussé par l'Esprit-Saint, veut leur voir accordé: à savoir, qu'au moins trois fois par an leur soit donné un confesseur extraordinaire.

  A023002089 

 Non autem renovandi sunt quotannis, sed trigesimo saltem quoque anno..

  A023002092 

 Sed rursus notandum est, quod si vel hieme nimio, vel aestu vehementiori, vel tempestate, vel peste, arva et agri vel laedantur vel inculta remaneant, tunc minuuntur quidem census Episcopi, sed non onera, quae tunc temporis maxime potius augentur, nisi velit esse crudehor struthione in deserto.

  A023002094 

 Quare, cum jure merito sacratissimum Concilium Tridentinum [337] censuerit, nullam imponi debere pensionem Episcopis quorum mensae valorem annuum mille ducatorum non excederent, aequum sane non est ut Episcopus Gebennensis decimae solutione gravetur, quandoquidem,.

  A023002095 

 EPISCOPO GEBENNENSI, pro ejus sustentatione et familiae episcopalis non remanent 860, et regimen illi incumbit 600 ecclesiarum parrochialium: regimen difficillimum, gravissimum ac variis expensis maxime obnoxium, ut cum aegre admodum ac ne vix quidem necessariis sumptibus obeundis censuum tenuitas qualem recensui par esse possit.

  A023002095 

 Si deinceps non habenti auferatur etiam quod habet, non modo publica res ecclesiastica difficilius conservabitur in hac diaecesi, sed omnino corruat necesse sit, nisi Deus, farina Ægipti carentibus, manna de caelo iterum praestare dignetur..

  A023002122 

 Si dorénavant on enlève à celui qui est dépourvu même ce qu'il a, non seulement l'administration publique ecclésiastique sera conservée plus difficilement dans ce diocèse, mais elle se verra forcée à tomber tout à fait, à moins que Dieu ne daigne de nouveau accorder sa manne céleste à ceux qui manqueront de la farine d'Egypte..

  A023002155 

 Toutes les dittes choses n'ont leur valeur que deça les mons et non point en Italie..

  A023002209 

 D'autant qu'en plusieurs lieux et presque par tout il se treuve [347] grande diversité de quotes de la disme en la mesme dismerie, sans qu'il y ayt autre rayson que de la diversité des humeurs, du pouvoir et de la conscience des personnes, les plus riches et moins conscientieux amoindrissant tous-jours la quote, appuyés sur les commodités qu'ilz ont de donner delay et duree aux proces; au moyen dequoy les ecclesiastiques n'ont aucune certitude de leur revenu, d'autant que les dittes dismes leur sont differenciees, non seulement par regions, mais voire aussi par particulieres prestations en chacune d'icelles, au moyen de quoy lesditz ecclesiastiques les vont petit a petit perdant par la continuelle mutation de la quote: playse a Son Altesse ordonner qu'en chacune dismerie la disme se payera a mesme quote et la plus commune d'icelle dismerie, et uniformement par tous, sinon que les particuliers refusans fussent munis de tiltres suffisans au contraire..

  A023002227 

 Ritus denique illos antiquos quibus, veluti fimbriis [350] aureis circumamicta, in suorum administratione Sacramentorum, gratissima varietate fulget splendetque Mater Ecclesia, non solum negare, sed etiam dicteriis et cachinnis explodere, totis viribus moliuntur.

  A023002227 

 Rivulorum enim originem a civitate trahentium praecisionem, non civibus inclusis, sed potius hostibus exclusis, non obsessis, sed obsidentibus, aquarum copiam intercidere et auferre manifestum est..

  A023002227 

 Verum, quoniam Ecclesia, non extra muros, sed in medio sui Sanctum habet Spiritum, fortem illum videhcet aquarum viventium fontem, qui inde per Sacramenta in animos fidelium defluit, propterea de hac nostra Christianorum Bethulia, siti premenda vel ad deditionem cogenda, frustra et puerihter ab hsereticis cogitatum, dehberatum et tentatum est.

  A023002229 

 In his ergo curis, necnon variis difficillimisque nodis dissolvendis, quibus temporum hominumque malitia optimorum Patrum conatus impedire solet, distentus et implicatus, non potuit Antistes, quantumvis vigilantissimus et fortissimus, brevi duodecim annorum spatio quibus episcopatum gessit, externum ecclesiasticae disciplinae Sacramentorumque splendorem penitus restituere..

  A023002229 

 Quamvis enim inter populares nostros nemo palam haeresim profiteretur, aliqui tamen haeresis crimen non ita ut par est execrandum existimabant: homines non frigidi quidem, sed certe neque etiam calidi in fide; pauci quoque aliquot scioh, rerum literarumque humaniorum spectatores, ritus catholicos non sane damnare, sed tamen ad censuram et in discrimen suo judicio examinandos revocare contendebant.

  A023002230 

 Porro igitur, ecce successit in ejus locum Claudius de Granier, vir dilectus Deo et hominibus, cujus memoria in benedictione est, quemque, propter veritatem, et mansuetudinem et pietatem, mirabiliter deduxit dextera Excelsi, similem illum faciens in gloria sanctorum ut honestaret eum in laboribus et impleret labores illius; huic enim praestantissimo Praesuli, quicquid propemodum in hac diaecesi non poenitendum videmus, nos ingenue [353] acceptum ferre justum est.

  A023002231 

 Ac quidem, in his quæ in eum finem animo conceperat, non ultimo loco reponendam existimo novam Ritualis, ad normam sanctae Romanae Ecclesiae, exactam editionem.

  A023002232 

 [355] Propterea Nos, qui nobiscum foelicissime actum iri credimus si tanti Patris, non solum in munere quod gessit subeundo, sed etiam in eodem obeundo successores et imitatores fuerimus, Ritualem hunc librum nunc tandem aliquando, quod ipse multum optaverat, vobis expectantibus exhibemus..

  A023002235 

 Sic enim omnes, non tantum eadem fide, sed etiam uno eodemque ore ac vultu, in ecclesiis benedicemus Deo Domino, et juxta praeceptum Apostolicum, omnia inter nos honeste et secundum ordinem fient..

  A023002244 

 En effet, couper des ruisseaux qui tirent leur origine de la ville elle-même, c'est manifestement priver d'eau, non les citoyens enfermés, mais bien plutôt les ennemis qui se tiennent au dehors, non les assiégés, mais les assiégeants..

  A023002244 

 Mais l'Eglise possédant, non hors de ses murs, mais au milieu d'elle-même le Saint-Esprit, cette source abondante d'eaux vivifiantes qui, par les Sacrements, se répand dans les âmes des fidèles, c'est chose vaine et puérile de la part des hérétiques d'avoir imaginé, délibéré et tenté de prendre par la soif et de réduire à discrétion la Béthulie des chrétiens.

  A023002244 

 Quant aux rites antiques par lesquels notre Mère l'Eglise, comme [350] revêtue de tissus d'or d'une agréable variété, brille et resplendit dans l'administration de ses Sacrements, ils s'efforcent de tout leur pouvoir, non seulement de les repousser, mais de les faire disparaître sous leurs sarcasmes et leurs éclats de rire.

  A023002246 

 En outre, quelques demi-savants, grands admirateurs de belles-lettres et d'antiquité classique, prétendaient, non certes condamner les cérémonies catholiques, mais les soumettre à leur censure et jugement.

  A023002246 

 Quoique, en effet, parmi nos populations, personne ne professât ouvertement l'hérésie, quelques-uns toutefois ne jugeaient pas le crime d'hérésie aussi exécrable qu'il l'est en réalité: hommes non pas froids à l'égard de la foi, il est vrai, mais sans doute non plus bien chauds.

  A023002249 

 C'est pourquoi Nous, qui Nous estimerons très heureux, non seulement d'avoir remplacé un tel Père dans sa charge, mais de Nous montrer son successeur et imitateur dans la façon dont Nous la remplirons, Nous vous présentons enfin cette édition du Rituel qu'il avait lui-même grandement souhaitée..

  A023002252 

 Ainsi tous, non seulement d'une même foi, mais d'une seule et même bouche, d'une seule et même façon, nous bénirons le Seigneur Dieu dans les églises et, suivant le précepte de l'Apôtre, tout se fera parmi nous avec bienséance et avec ordre..

  A023002264 

 Prima die Februarii, festum S. Brigidae, virginis; duplex, et festum S. Ignatii transfertur in primam diem non impeditam festo novem lectionum..

  A023002270 

 Semiduplex, sed ob festum SS. Martyrum Sotheris et Caii, transfertur in primam diem duplici vel semiduplici non impeditam..

  A023002275 

 Semiduplex, sed propter Apparitionem S. Michaelis, transfertur in primam diem duplici vel semiduplici non impeditam..

  A023002280 

 Die 15 Junii, festum S. Bernardi de Menthone, Confessoris non Pontificis, qui illustri loco in hac diaecesi natus, Archidiaconus Augustensis effectus, vitae sanctimonia ac plurimis miraculis has omnes praecipue regiones illustravit.

  A023002282 

 Semiduplex, sed propter festum SS. Martyrum Joannis et Pauli, transfertur in diem non impeditam festo novem lectionum.

  A023002323 

 Appendice au calendrier contenant l'index des fêtes dont les offices doivent être récités non seulement dans l'église cathédrale, mais aussi par tous les clercs du Diocèse de Genève.

  A023002331 

 Le 1 er février, fête de sainte Brigitte, vierge; double, et la fête de saint Ignace est transférée au premier jour non empêché par une fête de neuf leçons..

  A023002337 

 Semi-double, mais qui, à cause de la fête des saints martyrs Sotère et Caïus, est transféré au premier jour non empêché par un double ou un semi-double..

  A023002342 

 Semi-double; mais à cause de l'Apparition de saint Michel, on le transfère au premier jour non empêché par un double ou un semi-double..

  A023002347 

 Le 15 juin, fête de saint Bernard de Menthon, confesseur non pontife, qui, né dans ce diocèse d'une illustre famille, devenu archidiacre d'Aoste, illustra spécialement toutes nos régions par la sainteté de sa vie et de nombreux miracles.

  A023002349 

 Semi-double, mais transféré, à cause de la fête des saints martyrs Jean et Paul, à un jour non empêché par une fête de neuf leçons.

  A023002401 

 Nous prierons de mesme, comme conseille saint Paul, pour tous Princes et magistratz chrestiens, et particulierement pour Sa Majesté et pour la Reyne regente et pour [367] Messeigneurs les Princes du sang; et non seulement pour eux, mays pour tous ceux qu'ilz ont ordonnés pour gouverner de leur part, affin qu'il playse a Dieu leur donner le don de force et de conseil pour nous maintenir en sainte paix et tranquillité, et administrer droittement la justice, affin que, sous leur obeissance, «nous passions tellement par les biens temporelz, que nous ne perdions pas les eternelz.».

  A023002418 

 De plus, parce que non seulement nos prieres, mais aussi toutes nos actions doivent estre fondees en la vraye foy, sans laquelle, comme dit l'Escriture, il est impossible de plaire a Dieu, nous ferons generale protestation de vouloir vivre et mourir en la foy de l'Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, par le recit du Symbole des Apostres, disans:.

  A023002429 

 Or, non seulement Dieu veut estre ouy et obey, mays aussi il veut que l'Eglise soit escoutee et obeye, a peyne, pour ceux qui font au contraire, d'estre reputés devant luy pour infidelles, payens et publicains, ne pouvant «avoir Dieu pour Pere, qui n'aura l'Eglise pour Mere.» Vous apprendres donq ses Commandemens et les garderes de bon cœur; c'est a sçavoir:.

  A023002566 

 Parricidium, non tantum eorum qui parentes suos occidunt, sed etiam qui eos graviter mutilant aut vulnerant.

  A023002574 

 Sciant praeterea, non posse quemquam absolvere ab excommunicationibus reservatis Episcopo, tam a jure quam ab homine, nec etiam vota permutare, aut ab illis dispensare, nec a delectu ciborum Quadragesimali tempore prohibitorum absolvere, sine expressa ejus venia et facultate..

  A023002600 

 Beatus vir qui non abiit in concilio impiorum et in via peccatorum non stetit, [etc.].

  A023002611 

 At vero, ubi parochus externus venerit ad aliquam parrochiam non suam, si velit publice confessiones audire, petat consensum a parocho proprio loci..

  A023002620 

 De candelis monendum. De informationibus a laicis non faciendis..

  A023002625 

 Non osculatur liber, nisi a dominis Canonicis vestitis ad officia Missae..

  A023002627 

 Qui discedunt ad haereticos moneantur ut accipiant a [381] curatis licentiam, qui eos docebunt ne comedant carnes diebus prohibitis, et, Nostro nomine, cum eis dispensent super observatione festorum non solemnium, et revertantur, in Paschate, ad curatos propinquiores..

  A023002646 

 Cur ergo isti non mutentur in seculares, Reipublicae Christianae longe utiliores? Eo etiam maxime quod magna copia est in hac Sabaudia nobilium hominum qui censibus idoneis carent, quorum filiis qui ecclesiasticam professionem sequuntur, hoc modo commode provideri posset.

  A023002650 

 Jam quod ad Moniales attinet, Monasteria duo Sanctae Clarse optime sane se habent, nihilque desiderari posse video, nisi ut Monialibus illud solatium detur quod sacrum Concilium Tridentinum, non sine Spiritus Sancti instinctu, illis concessit ac dari voluit, ut scilicet illis, ter saltem quotannis, confessarius extraordinarius attribuatur.

  A023002651 

 Idem sane de Melanensibus Carthusianis dicendum, quae hactenus satis laudabiliter vixerunt, non quidem servata exacta clausura, sed sufficienti.

  A023002651 

 Nam egrediuntur circa monasterium, ad animorum recreationem, in prata quaedam [387] vicina, sed non nisi turmatim, et in ecclesiam quoque interdum; ac vicissim, omnium secularium mulierum ingressum admittunt, solis viris exclusis..

  A023002666 

 Quant aux Religieuses, les deux Monastères de Clarisses marchent fort bien, et je n'y vois rien à désirer si ce n'est qu'il soit donné aux Religieuses le secours que le saint Concile de Trente, non sans être inspiré de l'Esprit-Saint, leur a accordé et a voulu qu'on leur donnât: à savoir, qu'au moins trois fois par an un confesseur extraordinaire leur soit envoyé.

  A023002709 

 Nous exceptons touttesfois les docteurs et gradués en theologie, qui pourront estre admis sans examen, et ceux ausquels par le passé Nous avons donné telle licence; et n'entendons comprendre en cette defence les sieurs curés qui, par leurs establissemens, non seulement peuvent, mais doivent enseigner les peuples a eux commis, selon leur portee..

  A023002717 

 Adviseront en la refusion desdictes sainctes Huiles, de verser petit a petit l'huile non sacree dans la sacree, et non au contraire, et de ne les bailler a porter qu'a personnes constituees en Ordres sacrés..

  A023002789 

 Les curés adviseront de n'adjouster aux prieres que l'on faict pour les trespassés, tant es funerailles qu'es anniversaires, nouveaux responsoires ni proses non approuvees qui ne sont contenues au Rituel de ce diocese..

  A023002810 

 Je distribuerois les dignités a ceux qui les fuyent, et non pas a ceux qui les suivent; mais je n'advancerois pas, comme fit un Roy de France, un prestre qui dormiroit en l'eglise.

  A023002943 

 Sont des a present reiterees les defenses a tous prebstres et curés, des jeux, tavernes, propos lascifz, barbe et habit indecentz et non convenables a leur qualité; sous les peynes de dix livres.

  A023002945 

 Quand l'espoux et l'espousee sont de deux parroches, se celebrera le mattin la Messe ou se converront, et ce faict, leur sera donné la benediction nuptiale; sinon que l'espousee estant amenee en la maison de leur ( sic ) espoux, sera celebré lendemain, et non passé midy..

  A023002953 

 En la reception des permutations, a esté ordonné que touttes permutations seront faictes par les permutantz en plaine santé; a ce appeller les Examinateurs, pour sçavoir si elles seront de recepvoir ou non.

  A023002982 

 Attendu la grande estendue de Nostre diocese, environné en divers endroitz d'heretiques avec lesquelz une partie de nos diocesains sont contraintz non seulement de frequenter, mays encor de demeurer la pluspart du temps; desirans sçavoir si un chacun fait devoir de vray catholique, Nous enjoignons a tous curés, vicayres et autres ayans charge d'ames riere ce diocese, de rapporter toutes les annees au Sinode, par devant Nous ou nostre Vicayre general et Official, les noms et surnoms dé ceux qui ne se seront confessés et communiés aux Pasques precedentes, ainsy que dessus a esté dit..

  A023003011 

 Quant aux Rogations, a esté dict quil les faut fere, car l'on est [obligé de] les fere suivant ce qu'est pourté au Missel; mais non pas fere feste, car il ny a poinct de commandement..


24-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XXIV-Vol.3-Opuscules.html
  A024000273 

 Non [4] enim decet quemquam a tam solemni catholicæ religionis professione abesse, seorsim festum illud agere, in quo Sacramentum celebratur quo [Dominus] noster in Ecclesia sua, tanquam simbolum, reliquit ejus unitati qua Christianos omnes inter se conjunctos et copulatos esse [voluit]..

  A024000273 

 Quapropter, imprimis omnes utriusque sexus fideles vehementer hortamur, ecclesiasticos viros tam seculares quam regulares, [cujuscumque] Ordinis et dignitatis, ad processionem generalem in qua Corpus illud tremendum circumfertur, ac etiam, [quantum] cum Domino possumus, illis, in virtute sanctæ obedientiæ, et [sub pœna] excommunicationis latæ sententiæ præcipimus (si legitime impediti non sint), ut prædictæ processioni solemni omnes [assistant,] cum sacris vestibus et ornatu decenti.

  A024000276 

 Qui autem secus fecerit, excommunicationis latæ sententiæ pœnam, ipso facto, incurrit, amissa omni appellatione et non obstantibus [7] quibuscumque.

  A024000311 

 Et avons demandé audict sieur Doien de Nostre Dame sil ne la Nous avoit pas appourté et rendue de main en main de la part de Monseigneur l'Archevesque; lequel l'ayant veue, a faict response l'avoir appourté en la presence et assistence de R dz sieurs Barthollomé Floccard et Jacquiert, Chanoennes de ladicte eglise [10] de Nostre Dame, Dimenche dernier, cinquiesme de ce mois; lequel dict quil a un commandement particulier, non par lettre mais verbalement, de donner la main droicte a messieurs de Sainct Pierre et d'officier ensemblement et marcher en cest ordre de procession..

  A024000372 

 Ubi vero poterit convocali Capitulum, Decanus non procedet nisi de Consilio Capituli; quod quidem consilium intelligitur esse Capituli, cum major pars Capituli assentito..

  A024000374 

 Non convocabitur Capitulum extraordinarium, Decano in urbe vel suburbiis presente, nisi de ipsius consensu, nisi si forte, aliquid tantummodo tractandum esset quod ad ipsum D. Decanum spectaret, nec ipse interesse tractatui deberet..

  A024000375 

 Et qui super levitus excessibus vel offensis puniti vel correpti fuerint, non possint aut valeant per loci Ordinarium, aut quemvis alium, quomodolibet molestari..

  A024000375 

 Item, Decanus habeat curam animarum omnium canonicorum, presbyterorum, et aliorum servitorum dictæ ecclesiæ, ac correptionem, vel punitionem, permutationem; vel Capitulum, ipso Decano absente, de iis quæ per personas prædictas circa divinum Officium vel alia, quovis modo obmissa fuerint vel commissa; dummodo talia per eos commissa non forent gravia crimina, quæ per loci Ordinarium [22] relinquimus punienda.

  A024000397 

 Lequel Chapitre en est en paysible et non jamais alteree ni interrompue jouissance, possession et coustume des un tems immemorial, ainsy qu'il conste et appert par plusieurs bons tiltres et documens, et par la continuation de l'usage dudit droit; lequel, comme bon, legitime et solide, et tel reconneu par Nous, non seulement Nous ne voulons en sorte quelconque violer ni contredire, mais plustost, entant qu'en Nous seroit, Nous voudrions maintenir, confirmer et entretenir, selon le devoir que Nous avons a la conservation des droitz, privileges et biens de Nos ditz Eglise et Chapitre..

  A024000397 

 Premierement, que Nous avons esleu et institué le susnommé M re Philippe de Quoex du canonicat et præbende vacans, en vertu de l'alternative [accordée] par nos Saintz Peres aux Evesques et autres Ordinaires residens actuellement en leurs eglises; comme d'ores en avant Nous voulons, en acceptant laditte alternative, jouïr du benefice d'icelle, sauf neanmoins es mois de juin et de decembre, esquelz Nostre alternative auroit lieu si le droit d'eslire et instituer esditz mois n'appartenoit a Nostre dit Chapitre: esquelz mois de juin et de decembre Nous ne pretendons de prouvoir, non plus qu'es autres deux mois de mars et de septembre: advouant, reconnoissant et declairant par ces presentes que ledit droit d'eslire, nommer et instituer es canonicatz et præbendes de Nostre ditte Eglise, qui sont venus, viennent ou viendront a vacquer esditz quatre mois de mars, juin, septembre et decembre, appartient purement et solidairement au Chapitre d'icelle Nostre Eglise.

  A024000488 

 Inhibentes propterea omnibus hujus diæcesis Gebennensis presbyteris, scindicis ac parrochianis dictæ ecclesiæ, ac [40] aliis quibuscumque, sub excommunicationis et quingentarum librarum gebennensium pœnis, ne te in regimine dictæ ecclesiæ, Sacramentorumque collatione, ac etiam fructuum administratione, quomodolibet impedire audeant; imo, per Nos sic coadjutorem constitutum et deputatum recipiant et admittant, oppositione et appellatione quavis non obstante, et sine earumdem præjudicio..

  A024000625 

 Expose encores le Rev. Curé: comme par cy devant les paroissiens et luy ont esté en conteste de faire des cordes aux cloches, disant lesdits paroissiens n'y estre tenus, et au contraire le Curé remonstroit que les cloches ne sont faites pour luy, mais pour appeller les paroissiens a leur devoir; et que mesme ils ont fait et sont tenus maintenir non seulement les cloches, mais le clocher: qui fait paroistre y avoir lieu a la fourniture et maintenance des [51] cordes, comme dependances du clocher.

  A024000636 

 Vidimus præscriptum fundationis, donationis et augmentationis instrumentum a nobili domino Guillermo de [52] Riddes, domino des Jalliets, præcipuo dictæ fundationis auctore, ac nobilibus Francisco ac Joanne Francisco de Riddes, ejusdem Guillermi fratribus, factæ; cumque prædicta fundatio, dotatio, donatio et augmentatio majorem in modum Dei gloriam populique salutem augeat, eam merito non modo probandam, sed quoad per Nos fieri potest, laudandam, efferandam et confirmandam censuimus, et hoc Nostro decreto confirmamus et omologamus prædictis nobilibus fratribus fundatoribus et augmentatoribus, ob præclarum hujusmodi domum, erga Catholicam religionem et cultum divinum pietatis ac observantiæ [53] testimonium, centuplum in hoc sæculo et vitam æternam in futuro, secundum Christi promissa, exoptantes et postulantes..

  A024000646 

 Et comme cette fondation, dotation, donation et augmentation tend à un grand accroissement de la gloire de Dieu et du salut du peuple, Nous l'avons jugée digne, non seulement d'approbation, mais, autant que Nous le pouvions, de louange, de félicitation et de confirmation.

  A024000950 

 Pour preuve, le Curé de Flumet ne faict dificulté, ou La Giete, leurs appourter le Sainct Sacrement audict lieu, sans licence aultres, et faire autre acte de curé riere madicte parroisse, et moy non a lesdictes leurs..

  A024000975 

 Nous avons esté d'advis et avons dit: Qu'attendu que les habitans Saint Robert sont parroissiens de Moncel, recevans mesme le saint Sacrement de Baptesme en l'eglise dudit Moncel et non a Saint Robert, ou aussi il ny a aucuns fons baptismaux, ilz contribueront, ainsy que les autres [91] parroissiens dudit Moncel, aux entretenemens, refections, reparations et ammeublemens de l'eglise parrochiale dudit Moncel; comme reciproquement, les autres parroissiens dudit Moncel contribueront a l'entretenement, reparation et refection de la nef de la chapelle Saint Robert, ensemblement et semblablement avec les habitans du vilage Saint Robert, en cas que ledit entretenement de ladite chapelle soit a la charge desdits habitans, et non du prieuré.

  A024001025 

 Et ou ledit Curé d'Ardon ne vouldroit accepter ledit legat, auroit institué le recteur de la chappelle de Sainct [Georges] dudit Chastillion [aux] mesmes charges et condition de ladite Messe, et non autrement, ainsi que par ledit testament en datte du neufviesme janvier mil six centz et treze..

  A024001040 

 Qui auroit occasioné les supliantz de le prier de precher la (sic) Caresme dernier en ladite ville, ce quil leur auroit acordé et executé, non sans grand fruit..

  A024001057 

 Curri itaque R. D. Claudius de Reydet, dictus de Choisie, ecclesiæ collegiatæ Sancti Jacobi oppidi Sallanchiæ Decanus, et parrochialis ecclesiæ Sancti Nicolai Bonnæ, Nostræ diocesis, rector, ad causam dicti decanatus, propter loci distantiam aliasque rationabiles causas curam animarum exercere in dicta ecclesia non valeat, vicarium perpetuum, a Nobis tamen approbatum, eligendum et Nobis presentandum duxerit, ut nominationis instrumento, per egregium Bourgeois, notarium, recepto et signato, sub die octava Julii ultimo lapso ut, scilicet, D. Joannem Franciscum du Martherey, præsbiterum, et a Nobis ut idoneum admittendum et recipiendum humiliter petierit..

  A024001058 

 Amitti Nostri osculo investimus, et instituimus per præsentes, ei omnes fructus ad dictam parrochialem pertinentes, quandoquidem portionem congruam non excedunt, pro illius sustentatione assignantes..

  A024001083 

 Dummodo quod de prandio simul sumendo in dictis articulis dicitur, ita fiat, et in domo privata, non autem in hospitio publico aut taberna dictum prandium sumatur: sicque ei benedicimus in nomine Domini..

  A024001092 

 A condition toutefois que sera bien mis à exécution ce qui a trait, dans les mêmes articles, au repas à prendre en commun, et que ce repas se prenne, non en une auberge publique ou une taverne, mais dans une maison privée: Nous le bénissons alors au nom du Seigneur..

  A024001150 

 Nos igitur, qui inter cæteras pastoralis officii Nostri curas, hanc (divini, scilicet cultus augmentum et spiritualem parrochianorum consolationem) non levem duximus unoque Deo optimo maximo gratam fore: præfatorum igitur patroni et communitatis dicti loci de Sales supplicationi inclinati, et inquisitione circa ventatem eorum quæ in dicta supplicatione continentur prius habita, consensuque fisci [113] Nostri, ut Nobis etiam notuit exhibito, et accedente ordinaria authoritate Nostra, parrochialium ecclesiarum de Cranves et de Sales unionem alias per Nos factam, ex nunc perpetuo dissolvimus et revocamus.

  A024001226 

 Afin luy plaise (à saint Grat) estre leur advocat et procureur devant la Majesté divine, proteger leurs personnes et biens, comme prés, terres, maisons, granges, arbres et tous fruitz en provenant, soit semé ou a semé, semable ou non, servant a la nourriture du genre humain, n'estre mangé ni deffaict par les bestes bruttes, ni par autres quelles qu'elles puissent estre; ains qu'il plaise a Dieu et a monseigneur sainct Gras les chasser de nos terres, ou pour le moins qu'elles ne mangent les fruitz ni autres [choses] servant a la pauvre populasse..

  A024001339 

 Exemplo perniciosissimo, heu mesme esgard que telle esglise avoit esté consacrée, et qu'a present elle est le repaire des animaulx, et en tel estat (a correction) que les cheveux dressent a ceulx qui l'ont veu auparavant en si bon estat, se taisantz des vitriades, pour ne sembler voulloir advancer le prouverbe: Quod non capit Christus, rapit fiscus.

  A024001508 

 Facultatem facimus venerabili domino ecclesiæ parrochialis Pringiaci et ejus vicario, bis in diebus festivis Missam celebrandi: unam videlicet in ecclesia parrochiali, alteram in capella domus domini de Monthouz; ita tamen, ut non duæ, sed una tantum prædictis diebus in dicta capella celebretur, ob multitudinem familiæ dicti [146] domini de Monthouz.

  A024001516 

 Dans cette chapelle, cependant, une seule Messe, et non deux, sera célébrée, à cause de la très nombreuse famille [146] du dit seigneur de Monthouz.

  A024001589 

 Ut a quocumque Illustrissimo ac Reverendissimo Antistite Archiepiscopo, Episcopo catholico, quem malueris eligere, executionem sui officii exercente ac gratiam et communionem Sedis Apostolicæ habente, non servatis interstitiis et nonobstante defectu natalium quem pateris, super quo te dispensamus, ad primam tonsuram et minores Ordines, dummodo idoneus compertus fueris, quod Illustrissimi et Reverendissimi Ordinantis judicio relinquimus, promoveri possis et valeas.

  A024001607 

 Ea est hujus diæcesis amplitudo ac rerum perturbatio, ut hoc pastoralis curæ pondere pressus, illud Psaltis, post divum Gregorium, usurpare merito possim: Incurvatus sum et humiliatus usquequaque; nam ut simili causa dixit Moyses: Non possum solus sustinere omnem hunc populum, quia gravis est..

  A024001608 

 Quapropter, e numero fratrum et consacerdotum meorum seligendi sunt nonnulli, quos, ut Moysi dictum est, novi quod, sensu et ingenio, senes sunt cleri, ut sustentent onus populi mecum et non solus graver ego, qui maxime sum imbecillis..

  A024001610 

 Præterea, ut a casibus Nobis reservatis, pœnitentes absolvas; de festorum ac jejunii quadragesimalis observatione, ubi necessitas legitimave causa subierit, dispenses, votaque commutare, non tamen in illis dispensare; ac vestes, vasa, corporalia et alia Deo dicanda, si opus chrismate non fuerit, benedicere ac consecrare valeas..

  A024001625 

 En outre, vous pourrez absoudre les pénitents des cas à Nous réservés; dispenser de l'observation des fêtes et du jeûne quadragésimal quand il y aura nécessité ou toute autre cause légitime; commuer les vœux, mais non cependant en dispenser; bénir et consacrer les ornements, vases, corporaux et autres objets à dédier à Dieu, quand le saint chrême ne sera pas nécessaire..

  A024001633 

 Vere, namque, ac ut in simili propemodum causa, dixit Moyses: Non possum solus sustinere omnem hunc populum, quia gravis est..

  A024001634 

 Quapropter, e numero fratrum et consacerdotum meorum, nonnulli sunt mihi seligendi quos, ut Moisi quoque dictum est, novi quod, sensus ac ingenii maturitate, senes sunt cleri, ut scilicet sustentent mecum onus populi et non solus graver ego, qui maxime sum imbecillis et infirmus..

  A024001636 

 Ubi vero monita non proderunt, ad me quamprimum deferas, ut validiorem adhibeam correctionem..

  A024001637 

 Deinde, ut vestes, vasa aliaque Deo dicanda, in quorum benedictione usus chrismatis non intercedit, ac etiam corporalia, benedicere ac consecrare valeas..

  A024001637 

 Præterea, ut a casibus Nobis reservatis, ad te vere pœnitentes ex illis parrochiis venientes, absolvere possis eorumque vota commutare, non tamen de illis dispensare; de fœstorum observatione ac quadragesimali jejunio, ubi necessitas legitimave causa suberit, dispenses.

  A024001651 

 En outre, vous pourrez absoudre les pénitents sincères de ces paroisses des cas à Nous réservés; commuer leurs vœux, non cependant en dispenser; dispenser de l'observation des fêtes et du jeûne quadragésimal, quand il y aura nécessité ou autre cause légitime.

  A024001697 

 Quare, eum dignum existimamus qui ad dictam abbatiam promoveatur, ob eam maxime causam quod dictus Reverendus D. Ludovicus de Perrucard Monasterium illud ac Monasterii jurisdictionem temporalem, quæ magna ex parte hæreticorum hominum jurisdictioni, non solum finitima sed immixta est, fratris sui et suorum fretus potentia adeo fœliciter et fortiter administravit, ut fœlicius in hac temporum calamitate nihil contingere posse videatur, quam si ejus nepos ex fratre illi coadjutor adhibeatur [164] qui, sicut ejusdem zeli et virtutis, ita ejusdem opis successor existet..

  A024001697 

 Quod autem ad reliqua spectat, eumdem D. Gasparem et scimus et in verbo veritatis testamur, ex hac diocæsi et illustribus ac, quod excellentius est, catholicis et piissimis [163] parentibus oriundum, ipsumque, ab incunabulis, pietati ac litteris incubuisse, atque adeo ita proferisse ut Juris utriusque doctor in Universitate Avenionensi renunciatus, non mediocrem etiam theologiæ cognitionem consecutus sit.

  A024001698 

 Quamvis vero dictus D. Gaspar altero pede læsus sit, non tamen ita claudicat ut in ejus incessu aliqua deformitas appareat, quæ dignitati abbatiali indecens existimanda sit..

  A024001708 

 Aussi l'estimons-Nous digne d'être promu à l'abbatiat en question, surtout parce que le Révérend M. Louis de Perrucard, s'appuyant sur la puissance de son frère et des siens, a si heureusement et fortement administré ce Monastère et sa juridiction temporelle (laquelle en grande partie s'exerce non seulement à proximité des hérétiques, mais chez eux), qu'en ces temps calamiteux rien, semble-t-il, ne peut arriver de plus heureux que de voir son neveu lui être adjoint comme coadjuteur, [164] lequel étant le continuateur de son zèle et de sa vertu, deviendra son successeur dans le titre lui-même..

  A024001789 

 Cum ante aliquot annos Claudius Boccardus, Virdunensis, pro humani ingenii imbecillitate, a Catholica religione ad hæreticos Calvinianos defecisset, inventus tandem ab eo quem non quærebat, et præventus in benedictionibus dulcedinis, tactusque salutari dolore cordis intrinsecus, de suo in matris Ecclesiæ Catholicæ gremio, non ita pridem serio cogitavit.

  A024001789 

 Neque vero cogitationes ejus cogitationes hominum fuerunt, sed Patris illius qui cogitat cogitationes pacis et non afflictionis; quare idem quod [175] cogitatione concepit opere peperit et complevit, et Deo optimo duce, sponte et libere coram Nobis comparuit.

  A024001800 

 Or, ses pensées ne furent pas des pensées humaines, mais celles mêmes de ce Père qui pense des pensées [175] de paix et non d'affliction.

  A024001826 

 Et outre ce, consentent que tout ce qu'elle leur a donné et fourni pour leur usage, tant en meubles qu'immeubles, luy soit rendu et restitué; et qu'a ces fins laditte damoyselle face un estat de tout ce qu'elle pensera avoir donné ou delivré a leur prouffit, lequel soit remis es mains de personnes notables, telles que ledit seigneur Evesque de Geneve nommera, par l'advis desquelz la restitution puisse estre regiee; declarant de plus, lesdittes venerables Prieure et Religieuses, de ne se vouloir servir ni ayder de la donation qui leur avoit ci devant esté faitte par laditte damoyselle Chevrier, ains consentent qu'elle soit comme non advenue et s'en despartent a son prouffit: ce qu'elles promettent [180] faire appreuver et ratifier par leurs Superieurs dans un moys.

  A024001835 

 Visis per Nos, lectis et diligenter examinatis Litteris Apostolicis Nobis respective directis et ad Nos a Sede Apostolica transmissis, aliisque bullatis sub plumbo, sub datum Tusculi, anno Incarnationis Dominicæ millesimo sexcentesimo nono, septima calenda Octobris, Pontificatus Sanctissimi Domini nostri D. Pauli divina Providentia Papæ quinti, anno quinto; aliis vero in forma Brevis, sub annulo Piscatoris et sub datum Romæ, apud Sanctum Petrum, die duodecima Martii 1610, Pontificatus ejusdem Pauli quinti anno quinto, debite expeditis, non vitiatis neque cancellate aut in aliqua earum parte suspectis, per R. D. Franciscum Bochattonum, presbyterum hujus Gebennensis [182] diæcesis, a Sancta Sede Apostolica obtentis et Nobis exhibitis; visis etiam testium depositionibus et informationibus ad ejusdem R di Francisci instantiam sumptis et receptis, quibus clare constat tam de contentis et narratis in supradictis Litteris Apostolicis, quam de secreta et extrajudiciali ipsius Francisci ante quinquennii lapsum reclamatione, servata insuper earumdem Litterarum præscripta forma, vocatis vocandis, visis videndis et consideratis de jure considerandis, ipsoque R do D. Francisco in habitu et tonsura regularibus existente:.

  A024001852 

 Ayant, par Nous-mêmes, vu, lu et examiné avec soin les Lettres Apostoliques à Nous respectivement adressées et à Nous transmises par le Siège Apostolique, les unes en forme de Bulles sub plumbo, datées de Tivoli, l'an de l'Incarnation du Seigneur mil six cent neuf, le sept des calendes d'octobre, la cinquième année du Pontificat de notre Très Saint Père le Pape, par la divine Providence Paul V; les autres en forme de Bref, sous l'anneau du Pêcheur, et datées de Rome, près de Saint-Pierre, le douze mars 1610, l'année cinquième du Pontificat du même Paul V, expédiées dans les règles, non viciées ni portant de ratures ou uspectes en quelque point, par le Révérend François Bochatton, prêtre de ce diocèse de Genève, obtenues du Saint-Siège Apostolique et à Nous présentées; [182] ayant aussi vu les dépositions de témoins et informations prises et reçues à l'instance du même Révérend François, desquelles il conste clairement, soit de ce qui est contenu et raconté dans les susdites Lettres Apostoliques, soit de la réclamation de ce même François faite secrètement et extrajudiciairement, ante quinquennii lapsum; ayant en outre observé la forme prescrite dans les susdites Lettres, appelé ceux qui devaient être appelés, vu ce qui devait être vu et considéré ce qui, d'après le droit, devait être considéré, ayant devant Nous le Révérend François en habit et tonsure de son Ordre:.

  A024001886 

 Itaque, quos approbaveritis approbamus; quos ita, ut supradictum est, in messem Nobis commissam immiseritis immittimus et a Nobis immissos censebimus; ita tamen, ut Nobis liceat opus hujusmodi, ubi Nobis ita visum [187] fuerit, his non obstantibus, interdicere: quod nihilominus nunquam Nos facturos confidimus..

  A024001923 

 Quia, ut fide digno testimonio Nobis constat, jam anno integro admodum religiose Cusiaci versatus es, Sacramenta et Mot Dei Nobis ita concedentibus, passim ubi ad id vocatus es laudabiliter ministrando: propterea Nos, et ibidem Cusiaci commorandi et Sacramenta ac Mot Dei conferendi et exhibendi, et a casibus Nobis reservatis absolvendi tibi facultatem facimus et impartimur, qua per totam hanc Nostram diocæsim libere uti possis et valeas, dummodo ad id Rectorum ecclesiarum parrochialium accesserit consensus, excipientes tantum parrochiam Cusiacensem, in qua, propter legitimas causas Nobis notas, volumus te, etiam non expectato aut petito consensu Rectoris ecclesiæ ejusdem parrochiæ, prædicta facultate libere uti posse et valere, ita tamen ut nullum inde sequatur scandalum..

  A024002021 

 Summa philosophica Collegii Anneciensis, auctore R. P. D. Redempto Baranzano, Congregationis Clericorum regularium Sancti Pauli sacerdote, et in eodem Collegio philosophiæ professore (quia de ea ex mandato Ill mi et R mi Domini D. Francisci de Sales, Episcopi et Principis Gebennensis, censere debeo), nihil meo judicio fidei, dissentaneum, nihil Ecclesiæ Catholicæ placltis, aut bonis moribus repugnans habet, doctrinam vero philosophicam claro ordine, singulari subtilitate, grata brevitate, non ita trita, sed in [200] hoc genere recondita eruditione præstantem, omni ingenio philosophiæ amanti, dignissimam continet.

  A024002031 

 aux enseignements de l'Eglise catholique ou aux bonnes mœurs, et présente à tout esprit amateur de philosophie, une très digne doctrine philosophique, remarquable [200] par une ordonnance claire, une subtilité singulière, une agréable brièveté, une érudition non commune et, dans cette matière, assez rare.

  A024002140 

 Intelleximus non sine gravi molestia, militem quendam qui ad ecclesiam Fabricarum se contulerat, ut immunitate ecclesiis dudum et jure irrevocabili concessa frueretur, a quibusdam vi, et in contemptu mandati Nostri, abstractum et avulsum fuisse a sacro loco..

  A024002141 

 Quibus elapsis, si huic mandato Nostro (quod absit) non obtemperaverint, vel apud Nos causam cur non teneantur obtemperare non dixerint, sententia excommunicationis, ipso facto incurrendæ, noverint se perculsos.

  A024002151 

 Nous avons appris, non sans un grand ennui, qu'un soldat qui s'était réfugié dans l'église de Faverges pour y jouir de l'immunité, depuis longtemps et par un droit irrévocable accordée aux églises, avait été arraché du saint lieu par certains, violemment et au mépris de Notre commandement..

  A024002162 

 Prioribus Nostris mandatis inhærentes, quibus Antonium Garciam, Hispanum, vi ab ecclesia abstractum, ecclesiæ restitui debere monueramus, aut causam dici cur restitui non deberet ab iis quorum intererat: Nunc, diligenter perspectis omnibus circumstantiis homicidii, et rationibus quibus Excellentissimus doctor dominus [213] Alphonsus Carillius, auditor militiæ Regis Catholici in iis partibus nunc commorantis, prædictum Garciam restitui ecclesiæ non debere contendebat; per sententiam Nostram definitivam pronunciavimus et pronunciamus:.

  A024002184 

 Res eo sane nomine longe laude dignior, quod et non mediocres divitias et honores, in quibus filii patri defuncto succedere debebant, sponte ac libenter reliquerit, eligens abjecta esse in domo Domini et pauper, magis quam habitare in tabernaculis peccatorum..

  A024002218 

 Quia nobilis vir Prosper de Mareste sponsalia juramento confirmata contraxit cum Georgia Blanc, et postmodum dicta sponsalia etiam voto in extremo vitæ periculo constitutus item confirmavit, ut Nobis sancte et religiose affirmavit: propterea Nos, memores satius esse placere Deo quam hominibus, tibi committimus, ut si nullum impedimentum exstare constiterit quominus matrimonium illud promissum, juratum et voto sancitum celebrari queat, tu illud celebres in facie sanctæ matris Ecclesiæ; ita tamen ut non statim de eo rumor fieri possit, [219] quod cupimus propter causas Nobis a dicto nobili de Mareste expositas, in cæteris omnibus dispensantes.

  A024002287 

 Si constiterit de dispensatione Apostolica super impedimento consanguinitatis quod intercedit inter D. Claudium de Chabo, dominum de la Dragoniere, et D. Claudiana Adrianam de Mouxi de Treverney, poterit tunc, et non alias, matrimonium celebrali, etiam sine ullis proclamationibus, super quibus dispensamus, reliquis tamen de jure servandis servatis..

  A024002296 

 S'il conste de la dispense Apostolique au sujet de l'empêchement de consanguinité qui existe entre M. Claude de Chabod, seigneur de la Dragonnière, et M lle Claudine-Adrienne de Mouxy de Travernay, on pourra alors, et non autrement, célébrer le mariage, même sans les bans, dont Nous dispensons, en tenant compte cependant des autres formalités requises par le droit..

  A024002376 

 Sa Grandeur est encor tres humblement suppliee de commander a ses gens du Conseil de deça, de voir si les armoiries du sieur de Vallon qui estoyent en l'eglise de Samoen et en furent rasees par authorité absolue de Sa Grandeur, estoyent en lieu prejudiciable aux authorités d'icelle; et en cas que ledit Conseil juge que non, les faire restablir, ou du moins permettre audit sieur de Vallon de les faire restablir.

  A024002418 

 Non pas que les dicts sieurs suppliants se doubtent de l'integrité dudict sieur Roges, mais pour les causes susdictes le supplient de s'abstenir de la congnoissance de la mattiere..

  A024002479 

 Lectiones vel arithmeticæ, vel geometricæ, vel cosmographicæ, vel philosophicæ, vel rhetoricæ, si non theologicæ [244] aut politicæ, sunto.

  A024002483 

 De iis quæ non intellexerint, lectione habita interrogante..

  A024002636 

 Le Procureur fiscal de Genevois dit qu'il n'a point d'autre interest en l'union dont est question que celuy du bien public, auquel il estime ladicte union pouvoir grandement conferer: laquelle partant il n'empesche, sans prejudice des droictz de Monseigneur et du tiers non ouy.

  A024002680 

 Quare, cum sacri Canones, nunc divina Officia persolventibus, [263] nunc animarum saluti verbo, doctrina, sacrorum administratione incumbentibus, beneficia impertienda suadeant, novissime vero sancta Tridentina Synodus speciali favore collegia quibus prima ætas pietatis ac litterarum rudimentis instituatur prosequuta, non solum ea erigenda arctissime præcipiat, verum etiam peculiares modos inducat, quibus ipsorum oneribus sublevandis, per fructuum ecclesiasticorum assignationes provideatur; Nobis quoque ita Nostrum quo fungimur in iis redditibus distribuendis munus justius obire visum est, si iis qui non in singula modo, sed in omnia simul ea quæ prædiximus, diligenter intendant, pastoralem curam in hac parte impertiamur..

  A024002691 

 Aussi, puisque les saints Canons engagent à [263] attribuer les bénéfices soit à ceux qui célèbrent les Offices divins, soit à ceux qui s'occupent du salut des âmes par la parole, l'enseignement et l'administration des Sacrements, et que tout dernièrement, le saint Concile de Trente a témoigné un intérêt spécial à l'égard des collèges où la jeunesse apprend les rudiments de la piété et des belles-lettres, non seulement en ordonnant de les ériger, mais encore en indiquant les moyens particuliers de subvenir à leurs charges, en leur assignant des revenus ecclésiastiques: Nous, à Notre tour, avons jugé que Nous remplirions plus équitablement le devoir de Notre ministère touchant la distribution de ces revenus, si Notre soin de Pasteur, sur ce point, gratifiait ceux qui s'adonnent avec zèle, non seulement à une des œuvres susmentionnées, mais à toutes simultanément..

  A024002705 

 Mais parce quilz se sont apperceus que les motz substanciaux qu'on preste contre eulx sont apposés a ladicte Visite par apostille, et probablement a l'insceu de V. S. R sse, ilz recourent a ce que, ce consideré, il vous playse ordonner a M e Decomba saysie d'icelle, la rapporter par devant vous et, l'ayant veu, fayre sur ce telle declaration que Vostre Seigneurie R sse treuvera raysonnable, si elle a entendu advouer ce droict de patronage ou non, affin quilz ne s'embarracent mal a propos en proces..

  A024002772 

 Fidem facientes insuper, eundem Georgium Seyffert, præsentium latorem, his paucis diebus quibus Nobiscum versatus est, semper catholico more vixisse nihilque gessisse quod virum vere Christianum non redoleat.

  A024002812 

 [... Ad Sanctissimam Sedem Apostolicam pro Cathedralis [287] ecclesiæ Camberii erectione optimis rationibus scripsit, quibus ostendebat ] Camberium semper Sabaudiæ fuisse metropolim in qua Senatus residet et Consilium Status, ampio ornata Gymnasio multisque ecclesiis [288] sive sæcularibus, sive regularibus, in qua multus sit concursus ratione transitus Francorum, Anglorum et Belgarum in Italiam, non esse modo congruum, sed necessarium, ut in ea sit Episcopus residens, qui statum ecclesiasticum in urbe tam celebri coerceat..

  A024002813 

 Vicarius enim foraneus, pro iis tantum rebus quæ ad forum contentiosum spectant constitutus, non sat habet auctoritatis ut populum in reverentia et ecclesiasticos in officio contineat.

  A024002816 

 Incommodum ex eo quod cum Gratianopolitanus Episcopus caput sit et præpositus comitiorum et conventuum sæcularium et temporalium Delphinatus, inde fit, ut quandocumque male habebunt coronæ Francica et Sabaudica, immo etiam gubernatores Sabaudiæ et Delphinatus, populorum commercium valde sit difficile, et Episcopi transitus magnis suspicionibus obnoxius ex utraque parte, [290] cum non tantum ut communis utriusque populi Pastor, sed ut sectarius et ei apud quem residet, estque princeps, addictus consideretur..

  A024002834 

 Cum enim, ut magnus Nazianzenorum [292] Pontifex Gregorius dixit, Episcopi sint pictores virtutis, rei præclarissimæ, remque tam excellentem verbis ac operibus concinné, et quoad fieri potest, exacte pingere debeant, non dubito quin in nostri clarissimi et spectatissimi Juvenalis vita, justitiæ christianæ, hoc est omnium virtutum omnibus numeris absolutam imaginem conspecturi simus..

  A024002837 

 Cumque suam sibique dilectissimam clarissimi Oratorii Congregationem dulcissimo et piane filiali corde complecteretur, non tamen propterea alios conventus [294] cœtusve Deo servientium frigidius, ut plerumque accidit, mollius aut languidius amabat, æstimabat, extollebat..

  A024002842 

 Quibus attente auditis et expensis: « Et propterea, » inquit Servus ille Dei, « divina Providentia factum est, ut in Ecclesia [297] varii sint Ordines Religiosorum; ut scilicet, qui austeris et pœnitentiæ exteriori addictis, non possit vitam addicere, mitiores ingrediatur.

  A024002845 

 Nam ubi me appulisse cognoverunt, dici satis non potest quo ardore mentis, amica quadam vi ex hospitio publico in domum cujusdam nobilis civis invexerunt, quandoquidem, inquiebant, hominem qui honoris gratia, ad suum dilectissimum Pastorem diverteret, vellent, si modo possent, in medio pectorum suorum recondere.

  A024002846 

 Uno tandem dicam verbo, cui absit invidia: non memini me vidisse hominem qui dotibus quas Apostolus apostolicis viris tantopere cupiebat, cumulatius ac splendidius ornatus esset..

  A024002872 

 Propter quod mandat ut infra viginti quatuor horas illum ecclesiæ restituam, sub pena excommunicationis ipso facto incurrendæ, vel quod redderem suficientem causam quare ad hoc non tenerer..

  A024002873 

 Et sic precor et humiliter rogo, ut Dominatio Vestra Illustrissima ad ulteriora non procedat, quoniam sic et justifia et equitas suadet..

  A024002888 

 Auquel fut respondu que feu Monseigneur le R me Bachodi, qui estoit Nonce de Sa Saincteté, d'allieurs Evesque de Geneve, et apres, le feu Monseigneur le R me Angelo Justinian, Evesque aussi de Geneve, ont laissé l'Office a ceulx de l'eglise de Nostre Dame, sans vouloir rien innover, puisque mesme non seulement leur eglise est la principale de la ville, comme se veoid par l'assemblee qui se faict dans icelle, voyre aussi [qu'ils sont] Curé de la parrochiale de la ville, a laquelle la ville a notable interest..

  A024002914 

 La Ville, en l'assemblee a demy, ayant consideré que la procession de samedy prochain a esté vouee par l'Estat et non par le Clergé sous l'authorité duquel elle a esté continuee jusques a maintenant, a deliberé et resolu qu'en tant que concerne la precellence et preeminence deue a M rs les cathedraux de Sainct Pierre de Geneve, que cela ne touche la Ville, n'empeschant qu'ils marchent au rang qu'il leur plaira; et neanmoins, que pour l'assemblee, que le dict S r R me sera supplié de permettre d'estre faicte a Sainct Mauris, comme eglise capitale de la ville, si plus il n'ayme, pour sa commodité, permettre que la procession sorte de Nostre Dame, ainsy que de tous temps.

  A024002918 

 Partant, plaira adviser si la Ville marchera et montera a Sainct Mauris sans croix ou non, affin que, suivant la resolution qui sera prinse, [on puisse se régler] au faict de la dicte procession; joinct que monseigneur d'Albigni a volu prier la Ville de se conformer a ce qu'en plaira a mon dict Seig r le R me..

  A024002934 

 En signe de quoy, sils viennent avec leurs chappes et bastons de chantrerie, les chantres pourront monter aux hautes formes avec leurs chappes et avec leurs confreres, sans y porter lesdicts bastons; leur estant concedé telle sceance pour tesmoignage de fraternité, et non autrement..

  A024003086 

 Seulement je diray, pour faire desesperer nos imposteurs, qu'on demande des commissaires pour visiter les lieux infestés de l'heresie et tirer d'entre les mains des heretiques non seulement les eglises,... mais aussi tous les biens ecclesiastiques et leur faire rendre conte jusqu'au dernier quadrant de ce qu'ils en auront manié, pour ne dire desrobé.

  A024003087 

 C'est pour respondre au dernier point de la vostre, non de parolle, mais en effaict..

  A024003102 

 Estant heureusement arrivé a la fin des Estats, il m'a semblé a propos vous en donner advis et vous dire par mesme moyen que lundy dernier, veille de saint Mathias, les cayers furent presentés au Roy, celui du Clergé par Monseigneur l'Evesque de Luçon, celui de la Noblesse par Monsieur le baron de Senessé, celui du Tiers Estat par Monsieur le Prevost de Paris, lesquels trois arranguerent non moins disertement que doctement: ausquelz le Roy, apres avoir remercié les Estats de leurs bons conseils et advis, respondit en peu de paroles que, le plustost qu'il pourroit, il y donneroit response et la plus favorable qu'il lui seroit possible, et que personne des deputez ne partisse de Paris jusqu'a ce qu'il y eu respondu entierement.

  A024003155 

 Ego CLAUDIUS BOUCARDUS, Virdunensis in Lotharingia, ex honestis parentibus natus, in Ecclesia Catholica baptizatus et [328] educatus, nunc vero agens annum ætatis meæ quinquagesimum, ingenue fateor me adolescentiæ meæ tempore Societatem Jesu ingressum fuisse, atque in ea vota simplicia emisisse (non autem Professionem solemnem), et absolutis studiis Theologicis integram Philosophiam per triennium docuisse Parisiis; tum sacris, etiam presbyteratus Ordinibus initiatum fuisse, ac Theologiam scholasticam publice per annum professum esse in Academia et Universitate Mussi Pontana..

  A024003156 

 Idcirco autem ad Calvinistas accessi, quia illi primi sese obtulerunt, quos compellarem; non autem quod sectam illorum doctrinamve sectæ ac dogmatibus Lutheranorum aut aliorum quorum cumque sectariorum præferrem; adeo, ut cum rem diligenter perpendo, schismaticus potiùs quam hæreticus ex animo fuerim; neque enim relligione (sic) ductus id feci, vel quod hæresi ex animo adhærerem, sed temporariæ cujusdam commoditatis causa.

  A024003156 

 Postea vero ad Calvinistarum partes transisse (cujus rei coram Domino nostro Jesu Christo et sancta ejus Ecclesia admodum me pœnitet), non quod de fide Catholica ullatenus dubitarem, sed tantum ut libertatis quæ est secundum mundum et carnem potiundæ mihi copia fieret ac facultas.

  A024003157 

 Sicque cœpit in me reviviscere patriæ spiritalis revisendæ desiderium cum apud me non rarò dicerem tacitus: Quot mercenarii in domo Patris mei abundans panibus, ego autem hic fame pereo! Subinde incidi in lectionem Centuriarum Illirici, quas quidem diligenter pervolvi, maximeque ex ea lectione in proposito confirmatus sum; nam inde perspexi eamdem nunc esse fidem Ecclesiæ Romanæ quæ fuit omnibus præcedentibus sæculis ascendendo usque ad Apostolorum ætatem; et eo maximè nomine omnes omnium sæculorum Doctores a Centuriatoribus reprehendi capite quarto singularum centuriarum quod eam doctrinam in suis scriptis tradiderint quæ nunc ab Ecclesia Romana retinetur.

  A024003158 

 Et licet culpæ meæ gravitatem animo reputarem, consolabar tamen ipse me et in spem obtinendæ veniæ erigebam consideratione benignitatis sanctæ Ecclesiæ, quam ex veterum monimentis adnotaram redeuntibus ab hæresi et pœnitentibus impertitam fuisse, Sciebam Calixtum Papam, in Epistola secunda Decretali, in eos sententiam ferre qui putant Domini sacerdotes post lapsum, si condignam egerint pœnitentiam, Domino ministrare non posse et suis honoribus frui, si deinceps bonam vitam duxerint.

  A024003160 

 Sed, me miserum! non diu in ea perstiti.

  A024003160 

 Ubi etsi dogmatibus hæreticorum ex animo non adhæserim, tamen, secundum exteriorem hominem, eodem modo loquendum et agendum mihi fuit quo hæretici..

  A024003161 

 Verum, nec adhuc me hac vice dereliquit Dominus qui non vult mortem peccatoris, sed magis ut convertatur et vivat, eodemque fere quo priùs modo me ad saniorem mentem revocavit.

  A024003163 

 Hac igitur de causa, ego, non obstantibus multis gravibusque quæ me circumstabant difficultatibus, sponte Gratianopolim veni, circa hujus 40 æ initium, ad præfatum Reverendissimum Dominum Episcopum Gebennensem, in ea civitate pro tempore conciones sacras habentem; cui etiam nunc, cum omni humilitate et animi summissione me presentem sisto, culpam et apostasiam meam agnoscens et accusans, atque admodùm supplex oro et postulo in communionem sanctæ Romanæ Ecclesiæ ex integro restitui, et, imposita salutari pœnitentia, perfecte absolvi in utroque foro.

  A024003241 

 Admirabile signum vivificæ Crucis, in cujus ligno Dominus noster Jesus Christus, pro humani generis salute, [339] mortem subire non abnuit, ut nos de morte ad vitam revocaret, et quod « erit in cælo cum » ipse « ad judicandum venerit, » sub cujus salutifero vexillo Catholica religio conservatur, illudque ipse zizaniæ seminator, antiquus humani generis hostis perhorrescit, et quo priscis illis temporibus, non modo beati Patres pro repellendis tentationibus, sed etiam Imperatores, Reges et Principes pro impugnandis infidelibus et debellandis hæreticis, non sine ingentibus victoriis et triumphis, usi sunt..

  A024003243 

 « Gloriosi » præterea « Principes terræ, » Sanctissimi Petrus et Paulus ejusdem Dei et Domini nostri Jesu Christi Apostoli, quorum hic Doctor gentium, alter Apostolorum [340] Princeps, ipsiusmet Jesu Christi Vicarius, Ecclesiæ fundamentum et cujus fides numquam desinit, ac ambo sanctam Romanam Ecclesiam, caput et magistram aliarum Ecclesiarum, propria morte illustrarunt, venerabilisque Ecclesiæ Gebennensis infrascriptæ titulares Patroni, ipsam ac illius civitatem et diæcesim illarumque populum in orthodoxæ fidei professione ab omni hæresum labe innoxiam custodierunt, ab ipso fere nascentis Ecclesiæ exordio usque ad annum Domini millesimum quingentesimum trigesimum quintum, in quo (peccatis populi id exposcentibus) Sathanas, hæresum magister et artifex, omniumque malorum incensor et zizaniæ seminator, turbulentissimis hæresum motibus, civitatem ipsam ac partem illius diæcesis [conquassavit], expulso inde R mo Antistite, Reverendissimisque Canonicis ac toto clero reliquisque veræ fidei cultoribus, ecclesiis dirutis, religiosissimis imaginibus et ornamentis spoliatis, sacris vasis ereptis, Sanctorum reliquiis sparsis et conculcatis, divinis omnibus pollutis, ut exinde, proh dolor! ipsa civitas omnium hæresum fodina, bellorum intestinorum (quæ Gallias ab inde [341] vexarunt) alumna, proditorum inventrix, homicidiorum nutrix, incendiorum et rapinarum sentina, sceleratissimorum totius Europæ asilus, omniumque malorum quæ hanc patriam Sabaudiæ et finitimas provincias vexaverunt et vexant origo, non immerito ab omnibus censeatur et veraciter existat..

  A024003245 

 Cumque assidua plurimorum oratio ipsi Deo optimo maximo gratissima existat, ipsiusque implorandi auxilii precipua ratio sit si plurimorum fidelium insimul, in nomine ejus Filii unigeniti Dei et Domini nostri Jesu Christi congregatorum, in quorum medio se adfuturum promisit, [343] animi in unum, cooperante Spiritu Sancto, devote consentiant; ad instar itaque aliarum provinciarum, civitatum et locorum quæ in similibus necessitatibus et periculis constitutæ, per erectionem diversarum, sub diversis tamen piis et sacris nominibus et invocationibus, Confraternitatum et societatum, illarumque opera spiritualia, non modicam consolationem et sublevamen recipiunt: idcirco nos, FRANCISCUS DE SALES, Juris utriusque doctor, Præpositus; Joannes Tissot, prothonotarius Apostolicus, sacrista; Joannes Coppier, magister chori et operarius; Ludovicus Reydet, Ludovicus de Sales; Franciscus [de] Chissé, R mi in Christo Patris et Domini D. Claudii de Granier, Episcopi et Principis Gebennensis, in spiritualibus et temporalibus Vicarius generalis et Officialis; Franciscus de Ronis, Jacobus Ballus, sacræ theologiæ doctor; Joannes Portier et Stephanus Decomba, magister in artibus, ejusdem R mi Domini Episcopi Vicarius substitutus; Janus Regard, perpetuus commendatarius prioratus Lovagniaci; Jacobus Brunet, decanus Rumilliaci; Joannes de Eloise, Carolus Aloisius Pernet, procurator fiscalis Episcopatus Gebennensis; Carolus Grosset, Anthonius Bochutus, Claudius d'Angeville, decanus de Vullionex; Eustachius Mugnier, [344] perpetuus commendatarius prioratus Sancti Bardolphi, Gratianopolitanensis diæcesis, et Joannes Deagio, sacræ theologiæ doctor, Canonici theologales Ecclesiæ cathedralis Sancti Petri Gebennarum, in loco infrascripto ad sonum campanæ, ut moris est, capitulariter congregati, [345] constituantes ultra duas partes ex tribus residentibus et Capitulum representantes; tam pro nobis quam aliis dominis Canonicis absentibus, nostrisque in posterum in eadem Ecclesia successoribus, ad honorem Dei totiusque Curiæ cælestis decus, unam sanctam et saluberrimam Confraternitatem seu Societatem utriusque sexus fidelium, sub nomine seu invocatione sacratissimæ Crucis Domini nostri Jesu Christi ac illibatæ Conceptionis Beatissimæ Virginis Mariæ et Sanctissimorum Petri et Pauli Apostolorum, in eadem Ecclesia cathedrali Gebennarum, [346] et ad altare Sanctæ Crucis inibi sito, cum consensu tamen et auctoritate præfati et R mi Domini Episcopi nostri, ac sub beneplacito sanctissimi Domini nostri Papæ et sanctæ Sedis Apostolicæ, subque Statutis et ordinationibus infrascriptis, perpetuo erigimus et instituimus ipsamque ex nunc tamquam confratres ejusdem ac veri fundatores expresse profitemur..

  A024003253 

 Et quoniam tam pro divinis Officiis præfatæ Confraternitatis [348] celebrandis et decantandis, aliisque piis operibus exercendis, quam pro ipsius negotiis tractandis, aliquis locus peculiaris omnino liber, extra ecclesiam, in qua altare [quod] ereximus situm est (ut in aliis Confraternitatibus ubique fieri consuerunt) necessarius sit, ecclesiaque Sancti Joannis Baptistæ præceptoriæ Gebennesii, Hospitalis Hierosolimitani, in loco publico prædicti oppidi sita, propter defectum ministrorum ejusdem ac injuriam præsentis temporis non multum frequentetur, sperandum tamen sit incolas oppidi hujusmodi, qui aliunde religiosissimi fidem catholicam verbo et opere devote profitentur, ipsam ecclesiam sancti Joannis posthac ferventius visitaturos, si in eadem Missa aliaque divina Officia frequentius decantentur et peragantur, ac preces publicæ et piæ exhortationes seu conciones sæpius exerceantur et fiant: idcirco, [349] de consensu nobilis et magnifici domini Dionisii de Sacconay, Baronis Cletarum, domini in temporalibus de Sacconay, Truaz et Lorcier, procuratoris generalis Ill mi et R di D. Petri de Sacconay, sui fratris, militiæ Hospitalis Hierosolimitani, et prioratus Arverniæ prioris ac præceptoris Gebennesii, oratorium ejusdem Confraternitatis, dum Capitulum Gebennensis ecclesiæ in oppido prædicto moram traxerit, in ipsa ecclesia Sancti Joannis Baptistas constituimus et deputamus.

  A024003273 

 Verum, etsi ipsius Domini nostri Jesu Christi sacratissimi Corporis sic in publico exhibiti majestas exposcat, omnes confratres totam diem in ejus laudibus, precibus et sacris meditationibus inibi, humiliter pertransire; attamen, cum humana fragilitas confratrum hujusmodi in iis piis operibus assiduis nondum exercitatorum id in communi exequi adhuc non patiatur, utque interius oratio non desinat hocque sacratissimum Eucharistiæ Sacramentum aliquo servitutis obsequio Confraternitas ipsa prosequatur, statuimus et ordinamus singulis diebus quibus super altare oratorii palam et in publico collocabitur, duos ex confratribus, per Priorem et illius Assessores infrascriptos, [353] alternatis horis respective deputandos, ante ipsum altare, genibus flexis, in habitu inferius præscripto, horam integram in sacris precibus et divinis meditationibus, singulariter et juxta cujuslibet devotionem propriam, pro Sanctissimo Domino nostro Papa, necnon pro omnibus Ecclesiæ Prælatis universoque clero ac reipublicæ Christianæ tranquillitate, fidei Catholicæ tutela, pace et concordia inter Principes et populos christianos, conservatione etiam ac ampliatione hujusmodi Confraternitatis et in dies ampliori fructuum spiritualium productione, transigere debere usque ad Vesperam.

  A024003310 

 Illud etiam prætermittendum non est, et ad quod non modo qui christiano nomine censentur, sed etiam qui le tantum naturæ coguntur, scilicet, incarceratorum et infirmorum visitatio cum verbis consolatoriis, quæ etsi ipsos propterea non sanent nec liberent, tamen pœnas et dolores liniunt et mitigant: igitur statuimus et ordinamus, confratres qui ad tam opus pium et charitativum fert quod inter opera misericordiæ annumeratur, a Priore et Assessoribus infrascriptis deputati fuerunt, ipsos infirmos et incarceratos quanto citius visitare et consolare teneantur, et id frequentius si ex confratribus fuerint, quorum necessitates ipsi Priori illico patefacere debeant, ut juxta ejusdem Confraternitatis facultates ipsis subveniri possit..

  A024003318 

 Ne propterea videamur huic tam pio et necessario ac ultimo officio et debito confratribus nostris defunctis deesse, statuimus et ordinamus, ubi primum alicujus confratris nostri cujusvis sexus obitus Priori innotuerit, Congregationis vexillum Crucis, nigro panno paratum, in foribus oratorii apponi debere, una cum designatione in scriptis horæ et nominis ecclesiæ in qua sepelietur, ut reliqui confratres, si aliunde necessario occupati non fuerint, corpus talis confratris defuncti ad locum sepulturæ associari teneantur et debeant, Deum interim omnes pro salute animæ defuncti devote deprecaturi; et quos ad hoc tam opus pium expresse obligamus.

  A024003322 

 Statuimus propterea et ordinamus, in oratorio, crastina die obitus alicujus confratris, pro salute ejus animæ et liberatione a pœnis Purgatorii, esse ab uno ex confratribus presbiteris, a Priore deputato, celebrandum; cui omnes confratres urgenter non impediti interesse debeant, ibique et alibi quando eis licuerit, pro cujuslibet viribus preces pro eadem ad Deum effundere teneantur.

  A024003326 

 Præterea, ut quotannis aliqua confratrum defunctorum [364] memoria in communi habeatur, statuimus et ordinamus, quotannis die proximiori festo Exaltationis Sanctæ Crucis non impedita, anniversarium generale fieri debeat in oratorio, in quo omnes confratres, in habitu infrascripto, adibunt, Missam quam Prior celebrabit, aliasque preces quæ decantabuntur, audituri..

  A024003330 

 Etsi, ut vulgo dici solet, habitus non facit monachum, tamen habitus exterior interiorem animi affectum demonstrare solet, ut non frustra prisci illi patres nostri habitus in ecclesia destinaverint, et quanto inibi vestitus est humilior, tanto Deo acceptabilior; illumque deferentes ac aspicientes, admonet non superbiendum, sed Deo, in humilitate, cum lachrimis, cinere, cilicio, jejuniis, vigiliis, orationibus, aliisque pœnitentiis inserviendum.

  A024003330 

 Præterea, cingulum ex filo canapis, mediocris crassitudinis, nodosum ad instar illius quod ferunt Fratres Sancti Francisci, ac Rosarium, non tamen prætiosum, ab eodem cingulo dependens.

  A024003338 

 Absentes vero cupientes in confratres adscribi, qui impediti ad ipsum Confraternitatem illiusque oratorium personaliter accedere non poterunt, ne a tam pio eorum proposito semoveantur, statuimus et ordinamus, ipsos per procuratorem legitimum, ad id speciale mandatum habentem, [368] de quo fidem faciet, sub professione fidei et promissione superius expressis et inferius insertis, in confratres recipi posse et debere ac si præsentes personaliter existerent in eadem..

  A024003346 

 Rerum gestarum memoria, propter hominis peccatum quod sibi brevem vitæ cursum peperit, non aliter quam in tabulis, libris et scripturis asservatur.

  A024003350 

 Ea ab omnibus censetur respublica et familia bene ordinata, quæ capite et membris componitur: alioquin, quomodo consistere posset? Ut igitur hæc nostra Confraternitas, pie instituta et devote erecta, perpetuo duret et permaneat, ac juste et sancte regatur omnisque confusionis aura aboleatur, nos infrascriptos officiales perpetuos, hac prima vice die decimatertia hujus mensis, per nos, in prima congregatione tunc convocanda, nominandos; et deinde, singulis annis, die proximiori calendis Septembris non impedita, in generali congregatione mutandos, constituimus et deputamus..

  A024003362 

 Hic pecunias quæ in receptione confratrum donabuntur, alias etiam quæ offerentur, recipiet; legata quæ fient Confraternitati exiget; pecunias omnes penes se asservabit, et earum receptionem in libro Thesaurarii describet; et ex his, necessaria tam ad divinum cultum, quam pauperum et infirmorum subventionem ac temporalium administrationem (de mandato tamen Prioris ejus propria manu subscripto et non alias), ministrabit; de omnibus exactis, receptis et impensis, rationem in fine anni, in manibus Prioris et Assessorum noviter electorum ac aliorum [373] auditorum computorum deputandorum in eadem congregatione, reddet..

  A024003366 

 Demum, unus ex confratribus in eadem congregatione generali quotannis celebranda constituetur in Secretarium, qui nomina et cognomina ac qualitates eorum qui Confraternitatem ingredientur in libro Confraternitatis, atque in congregationibus tam generalibus quam mensalibus concludente, describet ac subscribet, aliaque omnia quæ ad officium secretarii spectant exequetur; de ipsoque officio rationem reddet in generali congregatione, neque librum ejus non obsignatum remittet..

  A024003370 

 Tandem, duodecim Consiliarii, partim clerici, saltem sacris initiati, partim laici, in eadem congregatione generali quotannis deputabuntur, inter quos assumentur Prior, Assessores, Thesaurarius et Secretarius prioris anni, qui una cum duobus Assessoribus, Thesaurario et Secretano [374] noviter creatis, præsidente inibi Priore ejusdem anni, qualibet die secunda cujuslibet mensis non impedita, congretionem parvam aliasque extraordinarias constituent et negotia Confraternitatis tractabunt..

  A024003382 

 Quod si forte in eisdem congregationibus, tam generalibus quam mensalibus, aliquæ res aut ita arduæ, vel propter contrarietatem votorum seu aliquorum repugnantiam, sive aliud impedimentum definiri non possint, tunc ad Capitulum præfatum referantur, et quidquid ab ipso ordinatum fuerit inexcusabiliter observetur..

  A024003427 

 Il est admirable le signe de la Croix, source de vie, sur le bois de laquelle Notre Seigneur Jésus-Christ, pour le salut du genre humain, [339] n'a pas refusé de subir la mort pour nous rappeler de la mort à la vie; signe qui « apparaîtra dans le ciel lorsqu'il viendra nous juger; » étendard qui protège la religion catholique, et que le semeur de zizanie, l'antique ennemi du genre humain a en horreur; qui, dès les premiers siècles, a valu de nombreuses victoires et de grands triomphes, non seulement aux saints Pères, pour repousser les tentations, mais aussi aux empereurs, rois et princes, pour combattre les infidèles et vaincre les hérétiques..

  A024003459 

 Toutefois, bien que la majesté du très saint Corps de Notre Seigneur Jésus-Christ ainsi exposé publiquement demande que tous les confrères passent humblement là toute la journée en louanges, prières et saintes méditations, cependant, la fragilité humaine des confrères, non encore exercés à une telle assiduité dans ces œuvres de piété, ne permettant pas cette action commune; pour que la prière ne cesse pas à l'intérieur de l'oratoire et que la Confrérie elle-même professe, à l'égard de ce très saint Sacrement de l'Eucharistie, un hommage de sa servitude: nous statuons et ordonnons que tous les jours où il sera exposé publiquement sur l'autel de l'oratoire, deux confrères, choisis par le Prieur et ses Assesseurs [353] ci-dessous nommés, pour se partager alternativement les heures, devront passer jusqu'à Vêpres, à genoux, avec l'habit ci-dessous prescrit, une heure entière en saintes prières et divines méditations, en particulier et selon la dévotion personnelle, pour notre très Saint-Père le Pape, pour tous les Prélats de l'Eglise et tout le clergé, pour la tranquillité de la république chrétienne, la sauvegarde de la foi catholique, la paix et la concorde entre les Princes et les peuples chrétiens, la conservation et l'accroissement de notre Confrérie, enfin l'augmentation chaque jour des fruits spirituels qu'elle produit.

  A024003495 

 Il ne faut pas non plus omettre une chose à laquelle sont poussés non seulement ceux qui portent le nom de chrétiens, mais même ceux qui Suivent la seule loi de nature, à savoir la visite des prisonniers et des malades, accompagnée de paroles de consolation, qui, bien qu'elles ne guérissent ni ne délivrent, cependant apaisent et adoucissent les peines et les douleurs.

  A024003507 

 Que tous les confrères non absolument empêchés soient tenus d'y assister, et que là et ailleurs, lorsqu'ils le pourront, ils adressent à Dieu, chacun suivant ses moyens, des prières pour cette âme.

  A024003516 

 En [366] outre, un cordon en fil de chanvre, d'une épaisseur moyenne, avec des noeuds, comme celui que portent les Frères de Saint-François, et un rosaire, mais non précieux, suspendu au cordon.

  A024003536 

 Une république ou une famille est dite par tout le monde bien ordonnée, lorsqu'elle se compose d'une tête et de membres: autrement, comment pourrait-elle se maintenir? Pour que notre Confrérie, instituée avec piété et érigée en esprit de dévotion, dure à perpétuité, et soit régie avec justice et sainteté, et pour que tout souffle de confusion soit aboli, nous, soussignés, constituons et députons comme officiers perpétuels qui seront nommés par nous-mêmes, pour cette première fois, le 13 de ce mois, dans la première assemblée à convoquer alors; et ensuite, chaque année, le jour non empêché le plus proche du 1 er septembre, ces officiers seront changés en l'assemblée générale..

  A024003548 

 Il conservera tous les fonds chez lui, et en inscrira l'entrée au livre du Trésorier; il se servira de ces fonds (sur l'ordre, cependant, signé de la main du Prieur et non autrement) pour les nécessités du culte divin, le secours des pauvres et des malades et l'administration du temporel.

  A024003556 

 Dans ce nombre seront compris le Prieur, les Assesseurs, le Trésorier et le Secrétaire de l'année écoulée, lesquels, avec les deux Assesseurs, le Trésorier et le Secrétaire [374] nouvellement élus, sous la présidence du Prieur de l'année, feront une petite réunion le deuxième jour non empêché de chaque mois, et d'autres réunions extraordinaires, où ils s'occuperont des affaires de la Confrérie..

  A024003646 

 Cette erection, canoniquement faitte, fut suivie de plusieurs bons succes, entr'autres de la frequentation des Sacremens de Penitence et Communion, de la reduction de plusieurs de mauvaise a bonne et de bonne a meilleure vie, [386] et de l'erection de toutes les autres semblables Confreries, non seulement en tout le diocese, mais aussi en toute la Savoye.

  A024003646 

 Elle a aussi esté conservee, non obstant tant d'incommodités survenues en la ville et le changement des lieux ausquelz a esté forcee de faire les exercices d'icelle, jusques a present, qu'ayant une chapelle asseuree et perpetuellement assignee en l'eglise de Saint Dominique et estant, comme sus a esté dit, non seulement appreuvee mais benie et enrichie de plusieurs graces par le Saint Siege Apostolique, il ne reste sinon que les confreres et seurs estendent leur courage a bien et saintement prattiquer les Constitutions d'icelle, sans s'amuser des-ormais a ce que le malin esprit voudra dire par les langues d'aspics au prejudice d'icelles, puisque le Saint Esprit a confirmé lesdittes Constitutions par la langue Apostolique, a la gloire et louange de Jesus Christ crucifié qui vit et regne es siecles des siecles.

  A024003668 

 Oyant sonner l' Ave Maria en la principale eglise du lieu ou ilz sont, comme est a Nostre Dame entre celles d'Annessy, ilz se mettent a genoux, non seulement en [389] leurs maysons, mais aussi emmi les rues et lieux publiqs, autant comme cela se peut commodement faire, affin de protester l'honneur que la Confrerie porte a la Mere de Dieu et inciter par leur exemple les autres a ce faire, suyvant la devotion de nos predecesseurs..

  A024003670 

 Ils assistent aux criminelz condamnés a mort, non seulement les visitant en la prison, mays les accompaignant au supplice et, apres iceluy, les ensevelissant..

  A024003684 

 Se confesseront et communieront non seulement a leurs entrees, mays tous les moys aux jours qui sont deputés: a sçavoir, [388] les troysiesmes Dimanches de chaque moys, hormis es moys esquelz se rencontrent les festes de Sainte Croix, de la Conception de Nostre Dame et des saintz Pierre et Paul, Apostres.

  A024003691 

 Ilz assisteront aux criminelz condamnés a mort, non seulement les visitant en la prison, mays les accompaignant au supplice et les ensevelissant..

  A024003740 

 Clemens VIII, Ecclesiæ Catholicæ Pontifex maximus, motu proprio, Franciscum de Sales, Ecclesiæ Gebennensis Præpositum, Domui Thononiensi Sacratissimæ Virginis Compatientis, non ita pridem, adscripsit et præfecit..

  A024003754 

 500 ducatons de M. de Raconis; non payés.

  A024003821 

 Or, pour oster et deposer lesdits prestres, suffira que le Conseil assemblé en juge par la pluralité des voix; mais pour la deposition du Præfect il sera requis que cela se face par les deux tiers des voix du Conseil, auquel entreviendra tous-jours le Conservateur, lequel n'estant pas au lieu, sera attendu jusques a deux moys et non plus.

  A024003826 

 Et porteront sur leurs manteaux des croix de saint Maurice, avec un'image [de] Nostre Dame de Compassion au milieu d'icelle; lesquelles croix seront toutes esgales, soyt que lesdits prestres soyent gentilshommes de naissance ou non, puisqu'ilz ne les porteront qu'en qualité d'ecclesiastiques de la Sainte Mayson.

  A024003933 

 Ne pourra neanmoins faire mandatz, ains seront faitz par le Conseil, en presence d'iceluy assistant, qui aura une voix [consultive, mais non pas] deliberative en ladite absence du Conservateur.

  A024003968 

 Item, Nous avons declairé que l'union de la Sainte Mayson d'heberge avec la sacree Milice des Saintz Maurice et Lazare seroit reciproque entre ladite Mayson et ladite Milice, non point par incorporement de ladite Mayson a ladite Milice ni au contraire, mais par une simple association et mutuelle correspondance, entant que ladite Milice et ladite Mayson visent et tendent a mesme fin, a sçavoir, l'exaltation de la foy, quoy que par divers moyens: la Milice tendant a cela principalement par les armes exterieures et corporelles, et ladite Sainte Mayson par les armes interieures et spirituelles, comme sont les predications, sermons, catechismes, conferences, prieres, aumosnes.

  A024004034 

 A la Messe on [ne] se peut couvrir sinon pendant qu'on recite l'Epistre, que l'on peut non seulement estre couvert, mays assis..

  A024004040 

 Au reste, tous seront entablés, chacun en son tour, pour la celebration des Messes tant basses que chantees, sans exception, non pas du Prefect mesme..

  A024004054 

 Non seulement pour plus grande modestie et bienseance, mais pour imiter les Peres de l'Oratoire Romain, selon l'intention du Pape, les prestres de l'Oratoire mangeront en table commune, en laquelle ilz seront assis d'un costé seulement, a la façon religieuse, et sera donné a un chacun sa portion a part.

  A024004105 

 Nul de la Congregation ne pourra tenir benefice requerant residence, mays si quelqu'un en ayant de telz est admis en [437] ladite Congregation, soit en qualité de Prefect ou autrement, sera obligé, dans troys moys apres, faire sçavoir a la Congregation s'il veut quitter ledit benefice ou non; et en cas qu'il ne le veuille quitter, la Congregation sera obligee, dans troys moys apres, de l'exclure et priver de sa place pour y en mettre un autre.

  A024004166 

 Toutes fois et quantes que l'on commencera un Psalme, tous se descouvriront tant seulement; mais celuy qui commencera ou les antiennes ou le Psalme, non seulement se descouvrira, mais encores se tiendra debout..

  A024004218 

 FRANCISCUS DE SALES, Dei et Apostolicæ Sedis gratia Episcopus Gebennensis et Princeps, die 24 Septembris anni 1603, ad abbatiam et ecclesiam de Six accessit; ac primo sequenti die, celebrata Missa, R. D. Jacobum de Mouxi una cum omnibus Religiosis ibidem residentibus [441] et præbendatis convocavit, et coram se stantibus declaravit se accessisse ad eos eorumque abbatiam ut omnia quæ ad eorum mores, vitam et conversationem, ac etiam quæ ad ædificia, bona ac jura visitaret tanquam prædictæ abbatiæ Superior; se enim id facere, debere et posse juxta antiqua episcopatus Gebennensis jura et consuetudines: quare, si quid haberent quo existimarent id fieri non debere, libere panderent.

  A024004222 

 Qui respondit se ignorare, quod jam pridem Bullas suæ provisionis Camberii in quadam lite productas non viderit; sibi tamen a supremo Sabaudiæ Senatu correctionem Religiosorum interdictam quasi titularis non esset, unde nec habitum Religiosorum deferret.

  A024004223 

 Responderunt se non expresse, sed tantum implicite et tacite, Professionem emississe (sic) sub Regula Sancti Augustini..

  A024004228 

 Et dominus Abbas, præstito juramento, asseruit se non habere nisi quinque libros Recognitionum quos se habere [443] schedula confessus est.

  A024004228 

 Item, quamdam informationem super quodam molendino Camberii productam; et tandem quædam alia quorum non satis meminit, suo labore et industria conquisita, de quibus inventarium faciet..

  A024004237 

 Respondit Abbas redditus adeo imminutos, partim incuria prædecessorum, partim aquarum vi et impetu, [445] quæ villas et pagos integros absumpserunt, ut non possit plures Religiosos alere ac sustentare.

  A024004238 

 Reverendissimus Dominus visitans, videns rem non tam facile decidi posse, decisionem in aliud tempus distulit, donec nimirum clarius illi constet de reddituum sufficientia..

  A024004270 

 Ex loco de Six, sine Prioris licentia nullus ex Religiosis deinceps discedat sub quocumque prætextu, neque Prior nisi seniorem Religiosum de suo discessu monuerit, licet tamen ab eo licentiam non teneatur accipere aut petere..

  A024004272 

 Item, de voto expresso faciendo agendum reliquit, quod de Regula et Constitutionibus illi non satis constet; videbit tamen ut deinceps id fieri possit curabitque ut fiat..

  A024004288 

 Ils répondirent qu'ils avaient émis la Profession sous la Règle de Saint-Augustin d'une façon non expresse, mais seulement implicite et tacite..

  A024004344 

 Quare, hunc actum devotorum Canonicorum regularium Sancti Augustini, Monasterii de Six, non solum probamus et emologamus, sed laudamus ac amamus quam possumus enixe in Christi visceribus, atque etiam ut deinceps in dicto Monasterio servetur adamussim, pro Nostra in dictum Monasterium ac Canonicos regulares ejusdem Monasterii ordinaria potestate et authoritate, in Domino præcipimus ac mandamus, necnon omnibus paupertatem illam particularem quæ ab iis qui in communi vivunt observatur, colentibus paterne benedicimus..

  A024004352 

 Aussi, l'acte des pieux Chanoines réguliers de Saint-Augustin, du Monastère de Sixt, non seulement Nous l'approuvons et homologuons, mais Nous le louons et aimons autant que Nous le pouvons dans les entrailles du Christ; et, en vertu de Notre pouvoir et autorité ordinaires sur ce Monastère et ses Chanoines réguliers, Nous ordonnons dans le Seigneur, que dorénavant il y soit observé à la lettre.

  A024004366 

 Quapropter cum, Deo inspirante, ipsos venerabiles dominos Canonicos de pristina regulari observantia, quæ temporum injuria inter eos collapsa propemodum et extincta jacebat, erigere et in integrum restituere velie, necnon admodum Illustres et Reverendos dominos Jacobum de Mouxi, Abbatem licet commendatarium, ac dominum Humbertum de Mouxi, ejusdem Coadjutorem et ipsius Monasterii electum, non solum hujusmodi pia Consilia ac vota probare, sed etiam adjuvare, ex animo statuisse cognosceremus:.

  A024004373 

 Si vero post dictum annum probationis Noviti is adhuc habilis ad profitendum non existimetur, et nihilominus spes probabilis existat eum fieri posse idoneum, si paulo plus, imo etiam anno integro in Monasterio retineatur; id licitum esse, Congregatio Cardinalium Concilii respondit, quandoquidem Concilium de idoneis et habilibus, non de aliis decrevit..

  A024004434 

 C'est pourquoi ayant appris que, sous l'inspiration divine, les vénérables Chanoines voulaient rétablir entièrement l'ancienne observance régulière qui, par suite de l'injure des temps, était à peu près anéantie et détruite parmi eux, et que les très Illustres et Révérends seigneurs Jacques de Mouxy, Abbé, bien que commendataire, et Humbert de Mouxy, son coadjuteur et élu par le Monastère, avaient décidé, non seulement d'approuver, mais d'aider de si saintes résolutions:.

  A024004441 

 Si cependant, après l'année de probation, il n'est pas encore jugé digne de faire Profession, et que néanmoins il y ait espérance probable qu'il le devienne en le retenant dans le Monastère un peu plus, ou même une année entière, la Congrégation cardinalice du Concile a répondu que cela serait licite, attendu que le décret du Concile touche les idoines, non les autres..

  A024004518 

 Quod nonnisi longo temporis cursu ex fructibus dicti monasterii valorem mille ducentorum scutorum auri non excedentibus, multis ordinariis et extraordinariis oneribus, et pensioni Ill mo et Serenissimo Carolo Emanuele, Sabaudiæ Duci, obnoxiis concessæ et solvendæ (sic), prestari non potest, dicto Reverendo domino Abbati, seu commendatario perpetuo Beatæ Mariæ Abundantiæ pro tempore existenti, seu ejus legitimo procuratori, membrum de Presingy, valoris annui centum scutorum, ad sexdecim annos, a die arrendationis computandos, [469] mille scutorum in pecunia numerata anticipata solvendorum, pretio, etiam quibusvis personis, etiam laicis, locandi et arrendandi; vel illud idem membrum, per dictum tempus sexdecim [annorum], dictis personis, justo pretio obligandi et relaxandi; necnon alia bona dicti monasterii cum omnibus et singulis pactis, conventionibus, commissionibus, obligationibus, submissionibus, renunciationis clausulis et cautelis necessariis, et apponi solitis prædicta auctoritate Apostolica, obligandi licentiam concedimus et indulgemus; ac etiam de debitis et receptis pecuniis easdem personas questandi et liberandi; dictasque pecunias penes aliquam ædem sacram aut personam fide dignam, et facultatibus idoneam, deponi, pro dicta fabrica quanto citius construenda, felicis memoriæ Pauli PP. secundi Constitutione et aliis ordinationibus non obstantibus.

  A024004548 

 sur le sommet duquel estant ce tres antique, sainct et miraculeux hermitage, jadis profané et demoly par l'envieuse malice du diable en l'introduction des heresies, non au mesme lieu du jour d'huy, mais a l'immediatement inferieur..

  A024004604 

 Considerans lesdictz Hermites, que non rarement, soubz couleur de l'abstinence d'aucunes viandes l'on affecte et abuse d'autres plus friandes et moins decentes, afin que l'usage du poisson soit a jamais conforme a l'austerité et pauvreté de la vie heremitique, il ne leur sera loisible, s'ilz en acheptent (ce qu'ilz n'ont encour faict), d'y despendre plus hault de trois florins, monnoye de Savoye, pour une fois seulement en chascune des trois Caresmes qu'ilz feront en I'annee..

  A024004608 

 Les Peres touttesfois n'y oublieront poinct le dire de sainct Paul, que, qui peu semera peu recuellira, nous exhortans ainsy a estre liberaux et diligens, et non avares et negligens en bonnes œuvres..

  A024004612 

 Les Freres literés, hors d'aultre plus utile exercice, mortifieront le corps par l'esprit en l'estude des bonnes Lettres et livres les plus profittables a la fin de leur profession, et en la subjection non seulement des puissances executives et imperatives [de] la volonté, mais encor et principalement du jugement de leur intellect [a] celuy de leur Superieur en choses indifferentes, doubteuses et ambigues, non moins qu'aux necessaires, justes et convenables; car c'est par telz actes qu'on acquiert la vraye habitude de l'obeissance.

  A024004635 

 Le silence, non moins aggreable qu'utile, ains necessaire a l'oraison [479].

  A024004640 

 Les Freres continueront de cultiver la charité entreux mesmes en touttes leurs necessités, compatissans les uns aux imperfections et foiblesses des autres, et a tout ce qui se rapporte a si divine vertu, et non moins a l'endroict des personnes ecclesiastiques et seculieres; persevereront au culte de l'hospitalité en lieu si desert, selon la Reigle d'œconomie de ce subject..

  A024004759 

 Durant l'edifice imparfaict, empeschans les Reigles de pieté susescrites les Freres de cooperer en choses ausquelles l'employer leurs forces et industrie est un grand jeusne, discipline et cilice, non moins que le monter et descendre, ilz en seront dispencés par ledict Reverend Jehan du Verney, et luy par soy mesme; et s'il est absent, par le dictamen de leurs consciences, les autres pareillement..

  A024004767 

 Si en autres jours, pour eviter le concours de trois, l'un d'eux de conseil se transposera au samedy; de l'un aussy desquelz, si quattre jeusnes s'entresuivent, l'un sera relevé, de façon qu'on en retienne autant d'interrompus chasque sepmaine par autres non obligatoires, hormis le cas susdict du vendredy et samedy..

  A024004793 

 Et si bien des Reigles et Profession susdictes se colligent clairement les trois vœux de chasteté, pauvreté et obeissance d'un chascun desdictz Hermites en leur particulier (laissant leur Communaulté a la toutte previdente et puissante main de Dieu), ilz les proposent et embrassent en la maniere et avec la moderation des mesmes Reigles, afin de s'y conformer a la volonté de Monseigneur Reverendissime, et non poinct qu'ilz pensent de s'en despartir jour de leur vie, ains de les observer et garder inviolablement..

  A024004805 

 Et ce, avec autant de probité, devotion et edification qu'on sçauroit desirer d'un bon et vray Religieux, zelateur de l'honneur, gloire de Dieu et de la tousjours benite et immaculée Vierge Marie sa Mere, du bien de son Esglise Catholique, Apostolique, Romaine, culte et amplification de ce sainct lieu, non moins que du salut eternel de son ame et de celles de ses confreres; ayant a ceste fin composé, et luy mesme exactement observé, les Reigles de pieté et d'œconomie qu'il a pleu a Monseigneur Reverendissime d'approuver, et que tous ensemble avons professées le quinziesme de juing immediatement precedent......

  A024004844 

 Et specialement si Nous considerons, non seulement les miracles publiques qui arriverent en sa destination, mais encores, entre autres choses notables de sa reparation, que cette pieuse entreprise reuscit, graces a Dieu, si heureusement, que ladite devotion est frequentee de plusieurs milliers de peuples catholiques et de bon nombre d'heretiques circonvoisins, qui en demeurent pieusement edifiés et contribuent aussi promptement et charitablement de leurs aumosnes que les mesmes catholiques plus proches d'icelle, exhortant ouvertement les venerables Hermites, ses restaurateurs, a y continuer leur bon zele et probité..

  A024004846 

 Et la ou ladite queste porteroit lesditz venerables Hermites en quelque evesché de nos voysins, Nous prions et requerons en Jesus Christ Nostre Seigneur, Nostre Reverendissime Frere, l'Evesque d'iceluy, les RR. Officiers ecclesiastiques et autres personnes pieuses ausquelles ilz s'addresseront, de les avoir en la mesme sus escrite et non vulgaire recommandation, Nous offrant a la pareille, et en pareil et semblable cas..

  A024004858 

 Les femmes neanmoins y pourront entrer par tout, mays non pas coucher dans le dortoir.

  A024004875 

 Quantunque il sacro Concilio Tridentino habbia ordinato che a tutte le Monache si desse confessore extraordinario almeno tré volte l'anno, tuttavia non si da giamaj, [500] massime alle Monache di Santa Chiara, lequale per questo patiscono assai.

  A024004876 

 Onde sarebbe una grandissima carità se la Santa Sede provedesse, acciò che li Superiori, senza scusa nè tergiversatione alcuna, dessero detti confessori extraordinarii, et che le Monache fossero ubligate a riceverli; in maniera che tutte confessandosi da quelli estraordinarii, non si sapesse quelle che ne han necessità.

  A024004877 

 Ma per evitare le contentioni sarà bene che detti Superiori non sappiano donde è venuto l'aviso alla sacra Congregatione de' Regolari..

  A024004897 

 « Nuper per Nos accepto quod Collegiata ecclesia Sancti Petri oppidi Ramaricomontis, Tullensis diocesis, quæ Nobis et Apostolicæ Sedi immediate subjecta existit, et in qua, ut asseritur, præter dilectas in Christo filias inibi Abbatissam, quæ duntaxat Ordinem [504] Sancti Benedicti profiteri consuevit, ac Canonissas, alios sæculares clericos canonicatus et præbendas, seu alia beneficia ecclesiastica obtinentes et unum Capitulum facientes esse etiam asseritur, visitatione et reformatione, præsertim circa statum hujusmodi Canonissarum et Canonicorum unum Capitulum constituentium, et forsan eodem choro psallentium, indigebat; Nos venerabilibus Fratribus Archiepiscopo Corintiensis et Episcopo Tullensi, ac [505] tibi, Episcope Tripolensis, motu proprio et ex certa scientia Nostra ac de Apostolicæ potestatis plenitudine, per alias Nostras in simili forma Brevis expeditas Literas commisimus et mandavimus quatenus Archiepiscopus Corinthiensis et Episcopus Tullensis, ac Tu, Episcope Tripolensis, seu illi duo, aut alter eorum tecum conjunctim procedentes, ecclesiam prædictam, tam in capite quam in membris, semel tantum visitarent, ac in ipsius Abbatissæ et Canonissarum, necnon Canonicorum, presbiterorumque et clericorum dictæ ecclesiæ inservientium, vitam, mores, ritus et instituta diligenter inquirerent, ac Evangelicæ et Apostolicæ doctrinæ sacrorumque Canonum et generalium Conciliorum decretis et sanctorum Patrum traditionibus inhærendo; quæcumque mutatione, correctione, emendatione, revocatione et renovatione indigere cognoscerent, ac præcipue statum prædictum, reformarent, mutarent, corrigerent ac etiam de novo conderent; condita sacris Canonibus et Concilii Tridentini decretis non repugnantia confirmarent, abusus quoscunque tollerent, bonas et laudabiles institutiones, regulas et ecclesiasticam disciplinam, ac in præmissis divinum cultum ubicumque excidisse comperissent modis congruis restituerent et reintegrarent; ipsasque Abbatissam, Canonissas et Canonicos, necnon presbyteros et clericos prædictos ad debitum et honestum vitas modum, et ad statum sacris Canonibus et Concilio Tridentino prædictis conformem revocarent; et quicquid statuissent et ordinassent, observari facerent, ac inobedientes, per censuras et pœnas [506] ecclesiasticas aliaque opportuna juris et facti remedia, cogerent et compellerent, et alia prout in dictis Literis, quarum tenorem præsentibus pro expresso habere volumus plenius contineri..

  A024004898 

 Mandantes propterea Abbatissae, Canonissis, necnon Canonicis et presbyteris ac clericis præsentibus, ut vobis in præmissis omnibus et singulis prompté pareant et obediant, vestraque salubria monita et mandata suscipiant humiliter et efficaciter adimplere procurent; alioquin sententiam sive pœnam quam rite tuleritis seu statueritis in rebelles, ratam habebimus et faciemus, auctore Domino, usque ad satisfactionem condignam, inviolabiliter observari, non obstantibus omnibuz [507] illis quæ in præsentibus Literis voluimus non obstare cæterisque contrariis quibuscunque..

  A024004913 

 Les choses établies et non contraires aux saints Canons et aux décrets du Concile de Trente, ils devaient les confirmer; les abus de toute sorte, les faire disparaître; les bonnes et louables institutions, règles et discipline ecclésiastique, notamment le culte divin, les remettre en honneur par les moyens convenables, en tout ce en quoi ils les verraient péricliter.

  A024004938 

 Joint que de les [513] enfermer aux chams, esloignees d'assistance, c'est les faire prisonnieres miserables, mais non pas Religieuses ainsy que l'on pretend de faire par les bonnes exhortations qu'elles recevront dans les villes.

  A024004942 

 Son Altesse donq, pour ce sujet, pourrait faire dresser une instruction a son Ambassadeur, affin quil obtinst deux commandemens de Sa Sainteté: l'un a l'Abbé de Cisteaux, General de l'Ordre dudit Cisteaux, a ce que promptement il fist retirer les Religieuses des monasteres de Savoye [514] dans les villes voysines, en lieu propre a leur demeure, en attendant qu'elles eussent fait un nouveau monastere; l'autre, a l'Evesque de Maurienne et a l'Evesque de Geneve, a ce qu'ilz tinssent main affin que tous les reglemens ordonnés par le Concile fussent establis non seulement es Monasteres de Cisteaux, mais en tous autres Monasteres de femmes qui sont en Savoye..


25-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XXV-Vol.4-Opuscules.html
  A025000308 

 Apres quil a dit que cet admirable Praelat induisit plusieurs hommes a la chasteté: «Mais le nombre des femmes,» [6] adjouste-il, « fut beaucoup plus grand, se remplissans de vierges non seulement les cloistres sacrés, ains aussi divers nouveaux colleges fondés a cette intention en la cité et diocaese, outre la Compaignie de Sainte Ursule, qui estoit estendue presque en toutes partz, si pleine de bonnes vierges que plusieurs monasteres en eussent esté remplis; et semblablement la Compaignie de Sainte Anne, si nombreuse en femmes et vefves qui servoyent Dieu avec beaucoup de pureté sous l'observance de leurs propres Regles.».

  A025000313 

 Qui fait que non seulement plusieurs Congregations de Religieux cloistriers, comme celles des Chanoines et Clercz reguliers, des Eremitains, de Saint Dominique, de Saint Hierosme, de Saint Anthoine, de Presmonstré, des Servites, des Cruciferes, mais aussi les Ordres de plusieurs Religieux chevaliers, comme ceux de Saint Jean de Hierusalem, ceux des Saintz Maurice et Lazare, les Theutoniques, ceux de Saint Jaques et plusieurs autres, se sont rangés sous l'estendart de cet admirable conducteur..

  A025000315 

 Ce que le glorieux Pere commande: «Avant toutes choses, que l'on ayme Dieu et le prochain,» n'est pas mis en sa Regle comme pour vouloir faire penser qu'il soit l'autheur de ces commandemens; car, qui ne sçait que non seulement ilz sont de Dieu, ains qu'ilz sont le suc, la moelle et l'abregé de toute la loy de Dieu? Mays ce que Dieu a commandé, ce sien serviteur le recommande comme la fin et prœtention unique pour laquelle il a dressé sa Regle et sa Congregation, et a laquelle tout se rapporte..

  A025000316 

 Ainsy disons nous que la logique contient les praeceptes de bien argumenter; la rhetorique, les praeceptes de bien parler ou haranguer; et appelions praecepteurs non tant ceux qui nous commandent, comme ceux qui nous instruisent.

  A025000319 

 En l'article qui dit: «Domtés vostre chair par jeusnes et abstinences selon que vostre santé le permet,» le bienheureux Pere ne donne pas liberté pour cela a chasque Religieuse de faire des austerités de sa teste, ni de discerner ce que sa santé luy permet; car au contraire, comm'il est porté en un autre article, c'est a la Superieure de faire distribuer les vivres, non egalement a toutes, mais a chacune selon quil est expedient.

  A025000322 

 Et certes, je confesse que non seulement en la primitive Eglise et jusques au tems du grand saint Augustin, [15] mais aussi plusieurs siecles apres, les Religieux et Religieuses vivoyent sous l'obeissance des Evesques; car c'est une verité trop certaine pour estre niee, trop evidente pour estre ignoree; puisque Gratian au Decret, Edmerus en la Vie de saint Anselme, saint Bernard, au troysiesme Livre de la Considération et en l'epistre qu'il escrit a l'Archevesque de Sens, Henri, et mesme le maistre de l'Histoire de l'Eglise, Baronius, le tesmoignent en termes qu'on ne peut dissimuler.

  A025000322 

 Mais pour tout cela il ne s'ensuit pas que les [16] Evesques soyent ou fussent les Prestres de ces Monasteres, ains ilz en ont ou avoyent seulement la surintendance et jurisdiction generale, comme des autres eglises non exemptes, de leurs diocaeses..

  A025000328 

 Et me semble que cela estoit fort convenable a son humeur naturelle qui le portoit, non tant comme un aigle que comme une blanche colombe, a desirer la netteté et du cœur et du cors, et le faysoit marcher, comme un enfant de suavité en son innocence, avec plus de simplicité et de confiance d'amour que de timidité et d'affection a l'aspreté et rigueur: tesmoin sa petite perdrix, avec laquelle il recreoit quelquefois son ame angelique.

  A025000331 

 Mais a la verité, voyant vostre Congregation petite en nombre au commencement, et toutefois grande en desir de se perfectionner de plus en plus au tressaint amour de Dieu et en l'abnegation de tout autre amour, je fus obligé de l'assister soigneusement; me resouvenant bien que Nostre Seigneur, ainsy qu'il dit luy mesme, vint en ce monde pour le bien de ses brebis, non seulement affin qu'elles eussent la vraye vie, ains aussi affin qu'elles l'eussent plus abondamment; et que, pour la leur faire avoir plus abondante, il ne faut pas seulement les induire a l'observance des commandemens, mais encor a celle des conseilz; et qu'en cela ceux de ma condition doivent rendre fidele service a ce divin Maistre, puisque, comme dit saint Ambroyse, ç'a tous-jours esté une particuliere grace aux Evesques de semer les graines de l'integrité et d'exciter es ames le desir et le soin de la virginité, comme firent jadis les premiers et plus grans serviteurs de Dieu et Pasteurs de l'Eglise.

  A025000342 

 Qui fait que non seulement plusieurs Congregations de Religieux cloistriers, comme celle des Chanoynes reguliers, des Haeremitains, de S t Ruf, de S t Dominique, de S t Anthoyne, de Praemonstré, des Servites, des Crucifers, mais aussi plusieurs Religieux chevaliers, comme sont les Chevaliers de S t Jean de Hierusalem, des S ts Maurice et Lazare, de S t Jaques, les Theutoniques....

  A025000345 

 Apres quil a esté dit quil induisit plusieurs hommes a la chasteté: «Mays le nombre des femmes,» poursuit l'autheur, «fut beaucoup plus grand, se remplissans de vierges non seulement les cloistres sacrés, ains divers nouveaux colleges fondés a cett' intention en la cité et diocœse, outre la Compaignie de S te Ursule qui estoit estendue presque en toutes partz de cette Eglise..

  A025000348 

 Mays pourtant, non seulement S t Augustin, ains aussi S t Benoist ont ordonné l'ejection des incorrigibles, et S t Pacome volut oster l'habit et expulser Sylvain, vint ans apres sa reception.

  A025000349 

 En l'article qui dit aux Seurs: «Domtes vostre chair par jeusnes et abstinence de manger et boire autant que vostre santé le permet,» S t Augustin ne donne pas pour cela liberté a chasque Religieuse de faire des austerités a son gré, ni de discerner quand sa santé luy permet de jeusner ou ne jeusner pas; car il est porté en un autre article, que c'est a la Superieure de faire distribuer les vivres, non egalement a toutes, mais a chacune selon quil est requis.

  A025000349 

 Et non seulement cela, mais en cet excellent chapitre trente troysiesme du premier Livre des Mœurs de l'Eglise Catholique, ou il descrit la maniere de vivre des Religieux et Religieuses de son aage, il dit que plusieurs de bonne complexion s'accommodoyent a vivre comme les infirmes, affin de ne point faire de particularité; et de plus, il dit encores que quant les foibles refusoyent de boire et manger ce qui leur estoit convenable on les en tansoit, de peur que, par une vaine superstition, ilz ne se rendissent plus tost debiles que saintz.

  A025000377 

 Et que ce qui est requis pour la nourriture et les vestemens soit distribué a une chacune d'entre vous par vostre Superieure, non pas egalement a toutes, parce que vous n'estes pas toutes de mesme complexion, mais a une chacune [32] selon qu'il sera besoin; car ainsy lises vous es Actes des Apostres (chapitres 2 et 4), que toutes choses leur estoyent communes et qu'on distribuoit a un chacun en particulier selon sa necessité..

  A025000382 

 Et qu'elles ne levent point la teste pour estre associees a celles qu'elles n'osoyent pas approcher au siecle, mais qu'elles levent leur cœur en haut et ne cherchent point les biens terriens, affin que les monasteres ne deviennent utiles aux riches et non aux pauvres, si les riches y sont humiliees et les pauvres y sont enflees.

  A025000382 

 Mais de rechef, que celles mesmes qui sembloyent estre quelque chose au monde ne desdaignent point leurs Seurs qui sont venues de la pauvreté a cette sainte societé; mays que plustost elles s'estudient de se glorifier, non de la dignité de leurs riches parens, ains de la societé de leurs pauvres Seurs.

  A025000419 

 Que si elle nie, alors il luy faut opposer des autres Seurs, affin qu'elle puisse non [38] seulement estre reprise par une seule devant toutes les autres, mais que, par le tesmoignage de deux ou trois, elle soit convaincue..

  A025000477 

 Playse a Dieu que vous observies toutes ces choses icy avec dilection, comme amoureuses de la beauté spirituelle, et comme odoriferantes des bonnes odeurs de Jesus Christ par la bonne conversation; non comme esclaves sous la loy, mais comme libres et affranchies, constituees sous la grace de Dieu..

  A025000488 

 Cette copie est postérieure à celle de la Sœur Favrot, car toutes les modifications faites à cette dernière y figurent non pas en sur [47] charge ou dans les interlignes, mais dans le texte même.

  A025000491 

 Il mesure 108mm de hauteur x 58 de largeur et 13 d'épaisseur, et se compose de 284 pages, dont les deux dernières — celles de l'Approbation — non chiffrées, ainsi que celle du titre: plus, six feuillets blancs à la fin.

  A025000495 

 C'est un in-4 o de 60 pages non chiffrées, dont plusieurs passages et onze pages entières de la main de saint François de Sales; le reste est de celle de Michel Favre, mais le Saint y a fait çà et là des corrections.

  A025000510 

 Et semble que, selon la parabole, il face entrer en l'estat religieux, comme au festin nuptial de l'Espoux celeste, non seulement les sains et gaillars, mais aussi les infirmes, boiteux et aveugles, en sorte que sa mayson se remplisse d'invités..

  A025000517 

 Nulle Seur des autres rangs ne pourra non plus jamais proposer ladite admission, ains sera cette proposition reservee a la Superieure, apres avoir ouy l'advis des Seurs Coadjutrices ou Conseilleres; et laquelle prendra garde a ne point proposer telle admission que pour des Seurs qui, volontier et de bon cœur, auront esté douces, paysibles et humbles, et qui auront des talens convenables pour pouvoir servir es autres rangs, auxquelz, nonobstant tout cela, elles ne devront entrer que par les deux tiers des voix de la Congregation.

  A025000524 

 La clausure s'observera selon les propres termes du sacré Concile de Trente qui sont telz: «Qu'il ne soit loysible a aucune Religieuse, apres la Profession, de sortir du monastere, non pas mesme pour quelque tems, pour court et brief quil puisse estre, ni pour aucun praetexte que ce soit, si ce n'est pour quelque cause legitime qui doit estre appreuvee par l'Evesque.

  A025000544 

 C'est chose digne de remarque combien saint Augustin presse ardemment l'observance de la communauté en toutes choses: en suite dequoy, tout ce qui est et sera apporté et donné a la Mayson doit estre parfaitement reduit en communauté, sans que jamais aucune Seur puisse avoir chose quelcomque, pour petite qu'elle soit et sous quel praetexte que l'on puisse alleguer, en proprieté particuliere; ains chasque Seur, faysant Profession, resignera et renoncera [59] purement et simplement en faveur de la Congregation, es mains de la Superieure, non seulement la proprieté et l'usufruit, mais aussi l'usage et la disposition de tout ce qu'a sa consideration sera remis et assigné a ladite Congregation..

  A025000547 

 On excepte neanmoins que la Superieure puisse prouvoir, non obstant le sort du billet, aux Seurs qui ont beaucoup a escrire, comme l'Œconome, et a celle que le medecin jugeroit que pour le soulagement de la santé il falut donner quelque chambre plus aeree.

  A025000558 

 Mays es festes, outre l'orayson ordinaire, les Seurs non occupees a quelque office pourront, si bon leur semble, faire demi heure d'orayson apres la Messe ou None, [63] et un'autre demi heure entre la recreation du disner et Vespres..

  A025000603 

 Le prix du travail sera purement remis en commun, et ne sera proposé ni demandé que fort charitablement et amiablement, non exactement et cherement..

  A025000612 

 Quand il est requis que les Seurs parlent a ceux de dehors la Mayson, on observera que celle qui doit parler soit assistee d'une autre qui puisse ouïr ce qui se dira, sinon que, pour quelque respect, la Superieure treuve bon que la Seur qui parle soit veue et non ouye par celle qui l'assistera; laquelle, en ce cas, se retirera a part, faysant quelque ouvrage ou, si c'est jour de feste, lisant quelque livre ou faysant quelque orayson; et ce pendant prendre garde aux parolles (si elle doit ouÿr) et aux contenances de la Seur, affin d'en rendre conte a la Superieure..

  A025000668 

 Elles se porteront donq un grand honneur cordial les unes aux autres, non tant en gestes, contenances et paroles, comm'en verité et effect..

  A025000678 

 Et mesme quand, quelquefois, elles s'entredonneront le bayser de paix, comme au jour de la reception de l'habit, a la Profession et au renouvellement general, que ce soit seulement a la joue, et non a la bouche, et que cela se face fort simplement, selon l'ordre que l'on se treuvera au chœur, a la fin de tout l'Office, apres la Messe..

  A025000679 

 Qu'elles ne contestent point, non pas mesme en choses legeres..

  A025000681 

 Estant adverties en Chapitre ou au refectoir de leurs defautz, elles recevront avec humilité l'advertissement, sans replique ni excuse, ni n'en parleront point hors de la, ni d'aucune autre chose qui s'y face ou dise; ains garderont [80] la reverence deue a toutes telles actions, mortifications et humiliations, non seulement faites de leur propre mouvement, mais beaucoup plus lhors qu'elles sont enjointes ou qu'elles leur sont faites par la Superieure, regardant avec estime tous ces moyens comme inspirés de Dieu pour leur avancement..

  A025000691 

 Tous les moys les Seurs descouvriront leur cœur sommairement et briefvement a la Superieure et, en toute simplicité et fidele confiance, luy en feront voir tous les replis avec la mesme sincerité et candeur qu'un enfant monstreroit [81] a sa mere ses esgratigneures, ses foroncles ou les piqueures que les guespes luy auroyent faites; et par ce moyen rendront compte tant de leur avancement et progres que de leurs pertes et defautz es exercices de l'orayson, des vertus et de la vie spirituelle, manifestant encor leurs tentations et peynes interieures, et non seulement pour se consoler, mays aussi pour se fortifier et humilier.

  A025000697 

 Et parce que la coustume est que non seulement les Surveillantes, mays aussi les autres Seurs facent les advertissemens au refectoir, apres Graces, des fautes qu'elles auront remarquees, qui est de tres grand prouffit, elle sera gardee et observee inviolablement, comme aussi celle de dire les coulpes et faire les mortifications devant le Benedicite..

  A025000728 

 Elle eslevera avec un amour paternel les Seurs qui, comme petitz enfans, seront encor foibles en la devotion, se resouvenant de ce que dit saint Bernard a ceux qui servent les ames: «La charge des ames,» dit il, n'est pas des ames fortes, mais «des infirmes; car si quelqu'un te secourt plus qu'il n'est secouru de toy, reconnois que tu es non son pere, mais son pair.» Les justes et parfaitz n'ont point besoin de superieur et conducteur; ilz sont eux mesmes leur loy et leur direction, par la grace de Dieu, et font asses sans qu'on leur commande.

  A025000729 

 Et partant, qu'elle prenne garde aux necessités des Seurs selon la sincerité de la dilection chrestienne et non selon les inclinations naturelles, et sans avoir esgard a l'extraction ou origine des filles, a la gentillesse de leurs espritz, bonnes mines et autres telles conditions attrayantes [88]; et qu'elle ne familiarise pas en telle sorte avec les unes que cela puisse servir de tentation d'envie aux autres..

  A025000759 

 Elle aura un particulier soin du zele de la Regle et advertira la Superieure du manquement qui y surviendra; et aura memoyre que, comme lieutenante de la Superieure, elle doit en tout et par tout conspirer avec elle pour le [94] bon estat de la Mayson et avancement des Seurs en la perfection, suyvant au plus pres qu'il luy sera possible non seulement les ordonnances, mais encor les intentions de la Superieure..

  A025000771 

 Elle leur annoncera souvent la sincere dilection envers tous les Ordres des Religions qui sont en l'Eglise de Dieu, affin que non seulement elles prient pour iceux, ains aussi qu'elles apprennent a les estimer et respecter cordialement.

  A025000772 

 La Directrice, donq, doit avoir un esprit humblement genereux, noble et universel, pour conduire les filles a une devotion non feminine, tendre et molle, mays puyssante, courageuse, relevee et universelle, maniant neanmoins differemment les cœurs des Novices selon la diversité de leur portee et condition de leur esprit, affin de les former toutes selon le bon playsir de Celuy au service duquel elles sont dediees.

  A025000796 

 Jamais elle ne donnera connoissance a la Superieure des Seurs qui auront prié de l'advertir, ni ne dira non plus aux Seurs ni a personne ce qu'elle aura dit a la Superieure, ni ce que la Superieure luy aura respondu; ains si elle void [100] la Superieure se rendre incorrigible en chose de consequence, elle pourra seulement en conferer avec le Confesseur ordinaire, ou mesme, s'il semble mieux, avec le Pere spirituel, qui aussi sera obligé de couvrir si discrettement ce secret en remediant au mal que l'Ayde n'en puisse estre contristee..

  A025000824 

 Qu'elle soit courte en paroles avec ceux qui viendront a la porte, ne s'enquerant d'aucune chose non necessaire..

  A025000837 

 Elle ne s'arrestera point a parler avec le Pere confesseur et chapelain ordinaire non plus qu'avec le clerc, ni moins avec les estrangers, sinon pour les choses necessaires..

  A025000902 

 Et en fin on luy fera entendre qu'elle ne doit se servir de son cœur, ni de ses yeux, ni de ses paroles que pour le service de la dilection de son Espoux, et non pour le service des humeurs et inclinations humaines..

  A025000902 

 Et sur tout on procurera que la Novice esgale et applanisse ses humeurs et inclinations a la regle de la charité et discretion: c'est a dire, qu'elle apprenne a ne point vivre selon ses humeurs, passions, inclinations et aversions, mays selon l'ordre de la vraye pieté, ne pleurant, riant, parlant, se taysant que par rayson, et non quand le caprice ou fantasie luy en vient: en sorte qu'elle reserve les demonstrations de sa joye ordinaire pour les recreations; l'inclination de se taire, pour le silence; celle de pleurer, quand la grace l'excitera aux larmes de devotion, sans les employer en des frivoles occasions.

  A025000902 

 Pendant le novitiat des Seurs on taschera de fortifier leurs cœurs et les rendre devotes, non d'une devotion mignarde, tendre ou pleureuse, mays d'une devotion esgalement douce et courageuse, humble et confiante.

  A025000928 

 Mays s'il arrivoit, ce que Dieu ne veuille jamais permettre, que quelqu'une se rendist tout a fait incorrigible et incurable en son obstination, alhors il faudroit assembler le Chapitre devant le Pere spirituel pour prouvoir de remede; et s'il estoit expedient, on en conferera non seulement avec le Pere spirituel, mays aussi avec l'Evesque, s'il est au lieu, ou s'il n'y est pas, avec son Vicayre general, pour prendre tous les moyens requis et convenables affin de remedier a ce mal.

  A025000956 

 Comme chose que le S. Esprit à si grand sien favory a dicté luy mesme, pour le bien non d'une mais de plusieurs Congregations religieuses, ces Constitutions doyvent estre publiees par l'impresse que trop plus que licitement s'en doit faire.

  A025000997 

 P. B. — Page 137: J'ôterais ce mot de «dormir demi heure», non qu'elles ne le puissent faire, mais afin que les séculiers ne s'en édifient pas mal: en France ce n'est pas la coutume..

  A025001040 

 P. B. — On ne parle point du Confesseur en aucune façon, ni ne sait-on par les Constitutions ce qu'il doit faire ou non faire; et [129] il est très necessaire de savoir ce qu'il peut, ce qu'il ne doit et ne peut, afin d'éviter mille inconvénients..

  A025001054 

 P. B. — Page 208: Non seulement aux choses nécessaires, mais ès autres, tant que faire se pourra, vaut mieux suivre la pluralité des voix, non par obligation, mais par prudence.

  A025001147 

 Mays la principale attention et le plus grand soin que doivent avoir les Seurs qui ne sont pas encor habituees a l'Office, c'est de bien prononcer, faire les accens, pauses, mediations, de prevoir ce qu'elles ont a dire selon les charges qui leur sont donnees, se tenir prestes pour commencer, et faire les ceremonies avec gravité et bienseance, sans exceder en la crainte de faillir non plus qu'en la presomption de bien faire.

  A025001169 

 Et non seulement les Seurs peuvent prattiquer cet examen en elles mesmes, mays encor, autour des bonnes festes et quand la Superieure le treuvera bon, elles pourront faire quelques entreprises ou desfis ensemble, pour la prattique de quelques vertus..

  A025001204 

 Qu'en entrant elles se mettent plus particulierement en la presence de Dieu, demandant la grace d'employer le silence selon la fin pour laquelle il a esté saintement institué, qui est non seulement pour empescher le vain babil, mais aussi pour retrancher les pensees vagabondes et inutiles, s'entretenant avec l'Espoux, et pour prendre nouvelles forces affin de travailler sans cesse a son divin service..

  A025001280 

 Or, pour s'y mieux preparer, le soir devant que de la [159] faire, il sera bon en l'orayson et en son recueillement de dresser quelque peu sa pensee a Nostre Seigneur en ce saint Sacrement, excitant en son ame une sainte reverence et joye spirituelle de devoir estre si heureuse que de recevoir nostre doux Sauveur; et alhors il faut faire nouvelle resolution de le servir fervemment, laquelle elles pourront reconfirmer l'ayant receu, non pas par vœu, mais par un bon et saint propos..

  A025001289 

 Or, quant a nous, nous recevons une pareille grace en la Communion; car non un Ange, mays bien Jesus Christ mesme nous asseure qu'en icelle le Saint Esprit vient en nous [et la vertu celeste nous enombre, et le Filz de Dieu vient reellement en nous,] et, par maniere de dire, il naist en nous et y est conceu.

  A025001320 

 En signe dequoy, lhors qu'elles luy rendent conte de leur conscience, elles se mettront a genoux, s'humiliant non seulement de cors, mais aussi de cœur et d'esprit, pour recevoir les advis, remonstrances et corrections qu'elle leur fera, tout ainsy que de la propre bouche de Dieu.

  A025001329 

 Qu'elles facent grande profession de ne se point excuser, non seulement sur les advertissemens, mais encores es fautes legeres..

  A025001342 

 C'est aussi a sa discretion de les coupler deux a deux, ou plusieurs ensemble, ou de les laisser en liberté de se coupler elles mesmes, ou bien la Superieure avec les Professes, et les Novices ensemble; mais non point dans les cellules, ni les Aydes aussi quand elles s'entretiennent a la fin du moys, sinon qu'elles ayent congé..

  A025001380 

 Ceux qui se confient au Seigneur pour habiter en sa mayson, ne vacilleront jamais, non plus que la montaigne de Sion.

  A025001382 

 Ceux qui se confient au Seigneur pour habiter en sa mayson, ne vacilleront non plus que la montaigne de Sion.

  A025001480 

 Ut cognoscas in terra viam suam; gressus tuus dirigat secundum eloquium suum, et non dominetur tui omnis injustitia..

  A025001484 

 Ut cognoscatis in terra viam suam; gressus vestros dirigat secundum eloquium suum, et non dominetur vobis omnis injustitia..

  A025001616 

 Nulle des Dames ne parlera aux femmes qui viendront de dehors qu'avec le congé de la Superieure et en presence d'un'autre des Dames, hors la veiie de laquelle elle ne s'escartera point, ni mesme ne parlera point en sorte qu'elle ne soit entendue d'icelle, si toutefois la Superieure ne juge quil soit expedient de permettre quelque conference secrette de quelqu'une des Dames avec celle qui entrera, en quoy elle pourra dispenser; c'est a dire, que telle conference se face hors l'ouye de l'assistente, mais non jamais hors la veüe..

  A025001628 

 On ne recevra aucune besoigne a faire, sinon que les matieres [200] soyent donnees par ceux qui la donneront; et la Superieure traittera du prix des besoignes charitablement, et non exactement..

  A025001647 

 Le premier Manuscrit, le plus incomplet mais non le moins précieux, puisqu'il est tout entier de la main de saint François de Sales, appartient à la Visitation de Thonon.

  A025001687 

 d) A l'article 7, Du retranchement des sorties, il est dit: «Mais si la Congregation s'establissoit en quelque grande ville...» Or, [208] dans les derniers mois de 1613, non seulement de Lyon, mais aussi de Paris on faisait des démarches; vers le 8 novembre le Saint écrit à M me de la Fléchère: «On a envoyé prendre les Constitutions de Lyon, ou on projette d'en eriger une, et de Paris, pour voir si on en pourra desseigner un'autre.» (Tome XVI, p. 92.) Il est fort probable que la rédaction du Ms.

  A025001750 

 Mais quant aux femmes, elles pourront entrer dans la Mayson non seulement pour la necessité, mais encor pour l'utilité, consolation et edification de leurs ames, en observant neanmoins les conditions suyvantes:.

  A025001754 

 Quatriesmement, en tous cas, nulle des Dames ne pourra parler a celle qui vient de dehors qu'avec licence de la Superieure, et non jamais qu'a la veue d'une autre Dame, bien que la Superieure pourra permettre, quand elle le treuvera raysonnable, que l'entretien se face sans que la Dame qui y assistera puisse ouïr ce qui se dira..

  A025001757 

 Que si, en sortant de la Mayson, ou mesme en entrant, elles donnent quelque chose pour leur despense, il pourra estre charitablement accepté, mays non pourtant jamais demandé..

  A025001762 

 Mais quant aux femmes, elles pourront entrer dans la Mayson, non seulement pour les causes de necessité, mais aussi pour les causes d'utilité, comme de leur consolation et edification, en observant neanmoins ces conditions:.

  A025001763 

 Que ce ne soit pour (manger, boirej prendre aucun repas, ni pour coucher, ni pour y arrester apres le soleil couché, sil n'est expressement porté par la licence. 3. Qu'a leur entree on sonnera une clochette, differemment neanmoins que quand on sonne pour les hommes; et tout le reste s'observera comme a l'entree des hommes, sinon que la Superieure pourra user de toute liberté a faire entretenir les femmes qui entreront par celles que bon luy semblera, ou en chambre ou dehors, et les admettre a ffaire tous les exercices...] voir et se treuver aux exercices de l'orayson, de la leçon, voire mesme a celuy de la recreation, sil y a apparence que cela se puisse faire avec edification. 4. Mais en tous cas, nulle des Dames ne pourra [entretenir] parler a celle qui viendra de dehors qu'avec licence de la Superieure, et non jamais qu'a la veue d'une Dame assistente; bien que [quelquefois] la Superieure puisse permettre, quand [bon luy semblera...] elle le treuvera a propos, que l'entretien se face sans que l'assistente puisse ouïr ce qui se dira. [5. On ne recevra a la fois que deux femmes...] [219].

  A025001765 

 La Congregation [ayant la charité du prochain...] devant avoir le service des pauvres en recommandation, et n'y ayant point de pauvreté si grande que celle de l'ame, il sera permis de recevoir en la Mayson, non seulement pour un jour, mais pour plusieurs jours, ainsy quil sera requis, les femmes lesquelles, ou pour se consoler, ou pour se praeparer a faire des confessions generales, ou pour s'establir en l'amendement de leurs vies, [demanderont] auront besoin d'un peu de retraitte; a la charge qu'estant entrees elles observent de point en point tous les exercices de la Mayson, [220] et qu'[on n'en reçoive au...] il n'y [en] ait au plus que trois a mesme tems..

  A025001828 

 Elles se prendront garde de respandre par tout ou elles passeront et iront l'odeur des bons exemples et des parfums de sainteté es maysons esquelles elles entreront; et partant, elles se garderont de toutes babilleries et multitudes de paroles, de curiosité des affaires d'autruy et des nouvelles du monde, de toute dissolution tant de paroles que de gestes et actions; ains auront soin de se tenir en une sainte composition et contenance, et de dire des paroles d'edification, lesquelles elles avanceront sans affectation, mays avec une bonne et simple affection; non point magistralement et faysant les entendues, mais charitablement et humblement, quand les occasions et propos les y convieront..

  A025001834 

 Et quant aux affligés, comme femmes desolees pour la perte de leurs proches, on pourra aussi les voir pour exercer la consideration en leur endroit, mays non par maniere de compliment, ains seulement lhors que vrayement on estimera de pouvoir alleger des desplaysirs ceux qui en auront..

  A025001859 

 Mais celle [238] qui l'aura faite, apres l'Office ira demander pardon, non tristement mais humblement, a la Superieure.

  A025001881 

 En toutes occasions elles parleront et feront toutes actions doucement, paysiblement et simplement, non point [243] brusquement ni hautement, ni avec paroles recherchees; s'abstiendront tant quil sera possible de parler de leurs maysons, races, familles et honneurs; et comme la joyeuseté leur est recommandee es recreations, aussi le jeu, de quelle sorte qu'il soit, leur est defendu..

  A025001928 

 Le prix mesme de la besoigne sera demandé charitablement et amiablement, non exactement et chichement.

  A025001959 

 Qu'en toutes leurs actions elles observent une grande simplicité et modestie, fuyant le faste et l'appareil des contenances mondaines et affectees, portant la teste moderement droite, non point haute ni renversee.

  A025001961 

 Et ce respect amoureux qu'elles se doivent rendre requiert qu'elles ne s'interrompent point les unes les autres lhors qu'elles parleront, specialement quand on rapporte les lectures, que l'on parle de choses bonnes; et qu'elles ne contestent point, non pas mesme en chose legere..

  A025002043 

 Elle eslevera avec un amour maternel les filles qui, comme petitz enfans, sont encor foibles en la devotion, se resouvenant de ce que dit saint Bernard a ceux qui servent aux ames: «La charge des ames,» dit il, n'est pas des ames fortes, mays «des ames infirmes; car si quelqu'un te donne plus de secours quil n'en reçoit de toy, reconnois que tu es non pere, mais pair en son endroit.» Les justes et les parfaitz n'ont point besoin de superieur et de conducteur; ilz se servent de loy a eux mesmes et font asses sans qu'on leur commande.

  A025002109 

 Ut cognoscas in terra viam suam; gressus tuos dirigat secundum eloquium suum, et non dominetur tui injustitia..

  A025002160 

 La femme donq, non moins que l'homme, a la faveur d'avoir esté faite a l'image de Dieu; honneur pareil en [291] l'un et en l'autre des sexes; leurs vertus sont egales; a l'un et a l'autre est proposee une recompense pareille, et s'ilz pechent, une damnation semblable.

  A025002170 

 Pour cela on vit, tout au fin commencement de l'Eglise, les Apostres grandement affectionnés a bien instruire ce sexe en la pieté, comm'il appert par leurs Epistres, esquelles ilz traittent les femmes devotes non seulement cordialement, mais aussi honnorablement; le grand saint Jean ne se desdaignant point d'escrire a l'une d'icelles, que par honneur il appelle Madame.

  A025002171 

 «Il y a plusieurs femmes,» dit saint Gregoire Nazianzene, «en toutes les regions que la salutaire doctrine de Jesus Christ a parcourues, desquelles une partie vit en societé, nourrissant un mesme desir de la vie cæleste et suivant un mesme institut de vie; mais les autres assistent soigneusement a leurs peres et meres infirmes, et a leurs freres qui sont tesmoins de leur chasteté.» Or, quant aux femmes et filles consacrees a Dieu par le vœu de continence, demeurantes en leurs maysons particulieres, la quantité et la sainteté en a tous-jours esté grande; telles [294] furent les anciennes devotes de saint Hierosme et de saint Augustin: Blesile, Aselle, Laeta, Demetrie, Marcelle, Principie et mille milliers d'autres, entre lesquelles estoit celle du lieu Caspalian, qui, en vertu des reliques de saint Estienne, resuscita de mort a vie, au recit de saint Augustin; et la pluspart de celles que le grand saint Ambroyse dit estre venues a luy pour recevoir le voyle sacré, non seulement des quartiers de Bologne et de Playsance, mays aussi de Mauritanie.

  A025002176 

 Le troysiesme rang est de ceux qui par les vœux parfaitz, mais simples, sont rendus vrays Religieux: comme sont les estudians de la tres honnorable Compaignie de Jesus, [lesquelz, encor qu'en conscience ilz ne se puissent desfaire eux mesmes des sacrés liens de leurs vœux simples, si est-ce neanmoins qu'ilz en peuvent estre absous non seulement par le Saint Siege Apostolique, mais aussi par les Superieurs de l'Ordre;] [et si par leur malheur ilz quittent sans congé leur sainte vocation pour revenir au monde et se marier, leur mariage est valide, quoy que devant Dieu ilz offencent tres griefvement et meritent le nom d'apostatz, jusques a ce qu'ilz soyent legitimement absous de leurs vœux.].

  A025002176 

 Les Religieux des vœux solemnelz et parfaitz tiennent le second rang, comme obligés a suivre les principaux moyens et conseilz propres a s'acquerir la perfection, et ce par une obligation si estroitte, que non seulement en conscience, mais encor selon la police ecclesiastique, ilz ne peuvent en estre delivrés que par l'extraordinaire et souveraine puissance de l'Eglise.

  A025002185 

 Et d'effect, le docteur Giussan, gentilhomme milanois, parlant du zele que ce saint Archevesque avoit pour la sacree vertu de chasteté, recite qu'il induisit plusieurs hommes a la garder, et adjouste en son italien ce qui s'ensuit, rapporté de mot a mot en nostre françois: «Mais le nombre des femmes fut beaucoup plus grand, se remplissant de vierges non seulement les cloistres sacrés, mais divers nouveaux colleges fondés a cette intention en la cité et diocœse, outre la Compaignie de Sainte Ursule, qui estoit estendue presque en toutes partz de cette Eglise, si pleine de bonnes vierges que plusieurs monasteres en eussent esté remplis, et semblablement la Compaignie de Sainte Anne, tant nombreuse en femmes vefves qui servoyent Dieu avec beaucoup de pureté de vie, sous l'observance de leurs propres Regles.» Aussi les Reverendissimes Evesques de [304] cette province lâ ont par apres erigé une multitude de Congregations de filles et femmes vivantes ensemble, sous les noms de la glorieuse Vierge, de sainte Ursule et autres, comme il appert par les livretz des Regles qu'ilz ont donné, imprimés en divers endroitz d'Italie.

  A025002186 

 Or, entre ces simples Congregations, il y en a esquelles on ne s'oblige ni par vœu, ni par serment, ni par oblation, ains seulement par une simple volontaire entree par laquelle on se range en icelles, ainsy que l'on fait en la Congregation [305] de l'Oratoire de Romme, en laquelle non seulement on ne fait point de vœu, ni de serment, ni d'oblation manifeste, mays il est mesme expressement ordonné que jamais nul de ceux qui y sont n'ayt a pretendre d'introduire aucune telle obligation, puisque l'intention du bienheureux Philippe, leur Instituteur, n'avoit jamais esté d'advis que cela fust.

  A025002191 

 Qu'elles ne sortent jamais, voire mesme pour un peu de tems, si ce n'est pour quelque cause legitime qui soit appreuvee par l'Evesque; 2. et que nul, quel qu'il soit, non pas mesme les femmes, ne puissent entrer en leurs monasteres sans la licence de l'Evesque ou du Superieur, obtenue par escrit, laquelle ne doit estre donnee que pour des cas necessaires..

  A025002192 

 Ce sont donq les deux articles necessaires de la closture des monasteres, qui, comme a sagement remarqué le docteur Navarrus, n'obligent que les Congregations qui sont erigees en tiltre de Religion; entre lesquelles ce decret neanmoins est diversement observé par l'introduction de diversité de clausures, toutes utiles, toutes selon Dieu, toutes tressaintes, d'autant que selon la varieté des lieux, des nations, des vocations on a jugé les causes des sorties et des entrees estre necessaires et legitimes en certains Monasteres et non pas es autres.

  A025002194 

 Certes, la clausure absolue, perpetuelle, rigoureuse et si estroitte, que plusieurs estiment estre la seule vraye clausure, ne fut jamais guere en usage parmy les anciens, desquelz la bienheureuse simplicité ne requeroit pas une si exacte rigueur; ains ilz se contentoyent d'une clausure moderee, qui avoit pour bornes la bienseance de la vocation [311] religieuse: en sorte que les hommes n'entrassent jamais es lieux des Religieuses sans cause tres urgente, et avec une circonspection qui ostast le juste sujet de tout sinistre soupçon, et que d'ailleurs les Religieuses ne sortissent non plus jamais que pour des bonnes et saintes occasions, avec tant de bienseance que nul ne peust avec rayson les blasmer.

  A025002198 

 Car il faut considerer qu'a mesure que les Religions et Congregations des femmes sont dediees aux exercices de la vie contemplative, elles ont aussi besoin d'une plus estroitte clausure; de maniere qu'estant receues par l'Eglise a cette intention, et ayant d'ailleurs solemnisé le vœu de leur sousmission et obeissance pour tout ce qui est requis a l'exacte pratique de leur vocation speciale, c'est avec juste rayson qu'on leur impose une clausure exacte, quoy que non pas egalement rigoureuse a toutes, selon ce qui a esté dit ci dessus..

  A025002199 

 Mays les simples Congregations n'estant pas instituees pour les seulz exercices de l'orayson, ains encor pour plusieurs autres, et estant introduites en l'Eglise pour des louables et sacrees retraites esquelles on ne solemnise [315] point les vœux, ains on les y fait simplement pour ce seul genre de vie, que le docte et pieux Navarrus appelle saint, certes il leur suffit de garder la clausure necessaire pour la bienseance de leur vocation; laquelle au reste les oblige estroit'tement de ne permettre non plus d'acces aux hommes en leurs maysons qu'on en permet es plus estroittes Religions, d'autant que cet article est essentiel a la conservation de la pudeur et chasteté des femmes consacrees a Dieu, et a tous-jours esté observé en toute Congregation de femmes; lesquelles, par la condition de leur propre estat, doivent estre separees d'habitation d'avec les hommes, sans leur permettre aucune entree que par une tres, urgente necessité.

  A025002221 

 Il y a des Congregations esquelles on n'est obligé ni par vœu, ni par serment, ni par oblation, ains seulement par une simple et volontaire entree, par laquelle en effect on se joint a icelles: comme l'on fait en la Congregation de l'Oratoire de Romme, en laquelle non seulement on ne fait point de voeu, ni de serment [305], ni d'oblation manifeste, mays il est expressement ordonné que jamais nul de ceux qui y sont ne puisse pretendre d'introduire aucun lien de semblable nature; telle ayant esté l'intention du grand Bienheureux Philippe Nerie, l'Instituteur.

  A025002233 

 Et telle est la clausure de plusieurs Religieuses en divers endroitz du Christianisme, a laquelle quelques unes ont adjousté de ne lever jamais leurs voyles et de n'estre jamais veues, non pas mesme au travers des treilles..

  A025002233 

 L'autre partie de cette si estroitte clausure est que non seulement nul homme, mais non pas mesme aucune femme, pour quelqu'occasion que ce soit, ne puisse entrer dans le monastere, si ce n'est pour quelque necessité violente qui ne puisse estre evitee: comme pour reparer les edifices, medicamenter les malades, les confesser, communier, oindre de l'Extreme Unction et ensevelir.

  A025002234 

 C'est pourquoy ilz se contentoyent des parties essentielles de la clausure: c'est a dire, que les hommes n'en- [311] trassent jamais es monasteres des femmes sans cause tres urgente, et en sorte que leur entree ne peut causer aucun soupçon; et que les Religieuses ne sortissent non plus jamais que pour des bonnes et saintes occasions, et avec tant de bienseance que nul ne peut avec rayson les blasmer.

  A025002243 

 A mesure que les Religions et Congregations des filles et femmes sont plus dediees aux exercices de la vie contemplative, elles ont aussi besoin d'une plus estroitte clausure, pour n'estre du tout point diverties; et d'autant qu'elles sont appreuvees par l'Eglise a cette seule intention, et que d'ailleurs elles ont solemnisé le vœu de leur sousmission pour tout ce qui est requis a l'exacte observance de leur vocation, c'est avec juste rayson que l'on leur impose a toutes une clausure exacte, quoy que non pas egalement rigoureuse, ainsy qu'il a esté dit ci dessus..

  A025002244 

 Mays les Congregations simples n'estant pas instituees pour les seulz exercices de l'orayson, ains pour ceux encor de la charité envers le prochain, estant receues et appreuvees de l'Eglise pour des simples, louables et saintes retraites esquelles d'ailleurs [315] on ne fait les oblations ou vœux a Dieu que pour cette seule vocation et genre de vie que le sçavant et tant pieux Navarrus, appelle saint, partant la bienseance de leur vocation les obligent ( sic ) a quelque sorte de clausure, ne permettant non plus d'acces aux hommes en leurs maysons qu'on en permet aux plus estroittes Religions, car cet article icy est essentiel a la bienseance de leur vocation, Mays quand au reste, demeurant en liberté de sortir et de laisser entrer les filles et femmes seculieres, pour plusieurs autres raysons, outre celles pour lesquelles la sortie ou l'entree des femmes est permise aux Religions reformees..

  A025002257 

 Les vœux des Jesuites, bien que simples an certaine façon, par l'approbation et privileges particuliers du Pape, sont pourtant tousjours vœux de Religion: et partant, celuy qui sort avec congé de son Superieur, peult contracter mariage; mais celuy qui sort sans congé est apostat, et non seulement il peche griefvement an contractant mariage, mais encor de plus, tel mariage est invalide..

  A025002258 

 Donc, pour se recueillir, les parens dient qu'ils ne veoyent pas vollontiers entrer leurs parentes an cete Congregation, d'aultant qu'ils ne sçavent si elles sont Religieuses ou seculieres, si elles persevereront ou non, si elles partageront avec leurs freres et sœurs ou si elles demeureront contentes de la dot qui leur aura esté attribuee; et cete incertitude est aussi longue que la vie de la fille..

  A025002268 

 Ce qui ne se dict point par exageration, ny pour trouver a redire an celles qui, assistees de l'Esprit de Dieu et de la direction d'un angelique Prelat, ont frayé heureusement ce chemin, et se font admirer et non reprendre; mais il fault jetter les yeux dans les annees a venir, et penser au temps que, cete direction manquant et les ardeurs de cete devotion ralenties, les choses pourront succeder moins heureusement..

  A025002269 

 Si donc les occasions des veufves devotes et necessairement attachees au monde sont fort rares, et si leurs sorties sont fort dangereuses, il semble plus expedient de les exhorter qu'elles demeurent a servir Dieu dans le monde, combattant vertueusement par sa grace, qui suffit a toutes nos necessités et tribulations et infirmités de leur vie, que non pas, an les retirant dans des Congregations, donner occasion a toutes les incommodités susdictes..

  A025002281 

 Davantage, les Constitutions sont faictes non pas pour donner loy aulx estrangers, mais pour la donner aulx sujetz.

  A025002281 

 De maniere qu'il fault dire precisement ce que l'on veult faire; aultrement ce seroit faire le docteur et non le legislateur, ou faire le Pape et non l'Evesque.

  A025002285 

 Sur les remarques qu'il a pleu a Monseigneur l'Archevesque de Lyon communiquer a l'Evesque de Geneve, on le supplie tres humblement d'aggreer ces petites remonstrances lesquelles, veuës et considerees, il luy plaira employer son authorité pour le choix qui luy est deferé; auquel ledit Evesque acquiescera non seulement humblement et reveremment comm'il doit, mais cordialement, gayement et en toute suavité..

  A025002289 

 De sorte qu'il suffit de sçavoir que telles Congregations sont en usage en l'Eglise de Dieu entre les Pasteurs les plus reformés et dignes d'imitation, et qu'elles peuvent estre establies sous [334] differentes Constitutions, selon que les lieux, les occasions et les fins qu'on praetend le requierent; estant au reste tres certain que non seulement a Milan, mais en la province de Milan, telles Congregations ont eglise, Messe, Sacremens, chœur, bien que non pas toutes.

  A025002290 

 Cela, comme l'on pense, avec ce qui a esté escrit au papier ci devant presenté a Monseigneur l'Archevesque, peut suffire pour monstrer que l'erection de telles Congregations est tres loysible, d'autant plus que celle de la Tour des Mirouers de Romme est non seulement toleree, mais appreuvee expressement par le Saint Siege, et grandement louëe comm'une maniere de vivre sainte; tesmoin Navarre..

  A025002291 

 Mays, que non seulement elles soyent loysibles, ains aussi utiles au salut des ames et gloire de Dieu, il est advis qu'on n'en puisse pas douter sans blasmer ces bons Evesques d'Italie, qui, avec beaucoup de soin, les erigent, dressent et instruisent; laissant a part que la chose parle d'elle mesme.

  A025002293 

 Il est vray que cet exercice fut aymé non seulement parce que de soymesme il est pieux et grandement aggreable a Dieu, mays parce que celles qui le prattiquoyent n'alloyent jamais pour le faire sans revenir meilleures et plus consolees.

  A025002299 

 Mais, en fin finale, parce que l'on void clairement que l'esprit de Monseigneur l'Archevesque auroit une plus entiere et aggreable satisfaction que cette Congregation fust convertie en une Religion formelle, sous la Regle de saint Augustin, avec les mesmes Constitutions qu'ell'a maintenant, l'Evesque de Geneve y acquiesce aussi fort librement et de grand cœur, non seulement pour le respect, honneur et veneration qu'il doit a l'esprit majeur, mais aussi parce que, selon quil peut discerner des articles proposés, tout ainsy que Monseigneur de Paris a converti la simple Congregation des Urselines en Religion formelle sans changer la fin principale de la Congregation, de mesme, en la transmutation de la Congregation de la Visitation en Religion formelle on pourra exactement garder la fin d'icelle Congregation: ce qu'estant, il n'y a rien a dire que la Religion formelle ne soit plus desirable pour la reputation envers le monde, et pour la descharge particuliere [340] de l'Evesque de Geneve qui n'aura plus occasion de faire des apologies et esclarcissemens pour la Visitation..

  A025002301 

 Mais sur tout, si on remonstre un peu fermement la difference qu'il y a entre la France et l'Italie, et qu'en Italie les femmes et filles ont mille commodités es Compaignies, Societés et Congregations de prattiquer la devotion de plus qu'en France; car il semble qu'il n'y peut avoir aucune replique a ces remonstrances, et que si l'on prouvoit aux jeunes filles de retraitte pour les faire instruire dans les monasteres, on doit aussi prouvoir aux vefves, filles infirmes et aux femmes mesme mariees, de cette commodité, pour leur establissement et advancement en la devotion; les autres plus rigoureuses Religions n'y servant pas convenablement, puisqu'elles ne donnent que le mouvement d'admiration et estime, mais non pas celuy de prattique et d'imitation..

  A025002305 

 Si par adventure on retenoit la Congregation, il sembleroit a propos de faire faire les vœux les plus expres qu'il se pourrait, pour exciter les ames a plus grande reverence envers les Regles, puisque en Italie on les fait ainsy; et les paroles: «selon les Regles et Constitutions,» limitent les vœux de pauvreté et obeissance, non pas celuy de chasteté; et semble qu'es formulaires d'Italie on ayt eu esgard a cela..

  A025002314 

 P semble être postérieur non seulement au voyage du Saint en cette ville (25 juin 1615) et à la visite de M gr de Marquemont à Annecy (30 octobre-5 novembre), mais encore à la fête de la Présentation de la Sainte Vierge, 21 novembre de cette même année.

  A025002328 

 (Ibid., p. 92.) Enfin, le jour même de Pâques elle mande à sa grande fille: «Vous les aurez, ces chères Règles, sans faillir, Dieu aidant, à la première commodité; mais non pas polies, car le bon Père n'en peut sitôt prendre le loisir, et je pense encore que pour nous reculer, il lui vient un ouvrage sur les bras du côté de Thonon.

  A025002340 

 A cette époque donc, non seulement les Constitutions avaient été retouchées et corrigées, mais encore mises au net.

  A025002348 

 Non seulement les vefves ont eu acces a la pluspart des saintes Congregations du tems jadis, mais elles ont esté fondatrices de plusieurs d'icelles, comme il appert de sainte Paule, sainte Melanie, sainte Françoise et autres.

  A025002361 

 Elles y pourront donq entrer non seulement en cas de necessité, ains aussi pour l'utilité, consolation et edification de leurs ames.

  A025002365 

 En tous cas, nulle des Seurs ne pourra parler a celles qui viennent de dehors qu'avec la licence de la Superieure, et non jamais qu'a la veuë d'une autre Seur; bien que la Superieure pourra permettre, quand il luy semblera bon, que l'entretien se face sans que la Seur presente oye ce qui se dira..

  A025002374 

 Que tous-jours celle qui parlera soit assistee d'une autre Seur qui puisse ouyr ce qui se dira, sinon que pour quelque respect la Superieure se contente que la Seur qui parle soit veue et non ouye par celle qui l'assistera, laquelle, en ce cas, se retirera a part faysant quelque [356] ouvrage, ou lisant quelque livre, ou priant Dieu, Les Novices auront toute liberté de parler a leurs parens proches en la façon susdite, comme au contraire on les tiendra exemptes de parler a tous autres, tant que faire se pourra.

  A025002379 

 Ce que neanmoins, quant a cette Congregation, sera entendu des Seurs qui seront voylees, les Seurs Servantes pouvant sortir, comm'il se prattique mesme en Italie en plusieurs Monasteres; et sauf encor quant aux entrees des femmes, qui pourront estre permises non seulement pour l'absolue necessité, mays, de plus, pour l'utilité, selon quil a esté dit en l'article 4; comm'aussi pour le regard de l'entree des proches parens en cas de perilleuse maladie des Seurs, comm'il a esté dit en l'article 3..

  A025002396 

 Mais celle qui l'aura faite, apres l'Office ira demander pardon, non tristement mays humblement, a la Superieure.

  A025002415 

 Les Seurs estant entrees a table, nulle ne despliera sa serviette ni ne mettra la main au pain ni au cousteau que la Superieure n'ayt donné l'obedience disant: «Au nom de Dieu.» Et taschera on non seulement d'observer le silence, mais de faire le moins de bruit quil se pourra; que si quelque Seur a besoin de quelque chose qu'elle [366] puisse faire entendre par signe, elle n'employera point les paroles pour cela..

  A025002476 

 Tous les derniers jours du moys les Seurs rendront compte sommairement et briefvement a la Superieure de leur avancement ou defaillance en l'orayson, douceur, humilité et simplicité; non point pour se consoler, mais pour reprendre force, et s'abbaisser devant Dieu et devant celle qui tient la place d'iceluy parmi elles..

  A025002500 

 Si quelqu'une manque par oubli ou negligence a ce qui est de sa charge, celle qui s'en appercevra l'en pourra advertir, non par forme de remonstrance, ains comme la faysant resouvenir et la remettant en memoire.

  A025002501 

 Estant adverties en Chapitre ou refectoir de leurs defautz, elles recevront avec humilité l'advertissement, sans replique ni excuse, et n'en parleront point hors de la, ni d'aucune autre chose qui s'y face ou dise; ains garderont la reverence deue a toutes telles actions, mortifications et humiliations, non seulement faites de leur propre mouvement, mais aussi lhors qu'elles sont enjointes ou qu'elles leur sont faites par la Superieure, les regardant avec estime, comme des moyens inspirés de Dieu pour leur avancement..

  A025002561 

 Or, les enseignemens qu'elle leur donnera seront principalement de la fin pour laquelle elles se doivent estre retirees du monde, qui est affin de s'unir plus parfaitement a Dieu; que non seulement elles sont entrees en la Congregation pour se retirer du monde, mais pour se retirer et separer d'avec elles mesmes, mortifians leurs sens exterieurs et encor plus leurs passions interieures, rappellant toutes leurs forces au service de Nostre Seigneur, par une chasteté tres parfaite, une pauvreté et despouillement de toutes choses tres entiere, et par une obeissance et abnegation de toute propre volonté; et que, en somme, toute la Congregation est fondee spirituellement sur le mont Calvaire, pour considerer Jesus Christ crucifié pour l'amour de nous, affin que toutes les Seurs apprennent a crucifier leurs sens, passions, inclinations et humeurs pour l'amour de luy..

  A025002568 

 Elle leur annoncera souvent la sincere dilection envers tous les Ordres de Religion qui sont en l'Eglise de Dieu, affin que non seulement elles prient pour iceux, mais qu'elles apprennent a les estimer et respecter cordialement.

  A025002592 

 Qu'elle soit courte en paroles avec ceux qui viendront a la porte, ne s'enquerant d'aucunes nouvelles non necessaires..

  A025002731 

 Non amplius vocaberis Paula, sed Paula Maria..

  A025002824 

 Le jour, donq, de la Presentation estant venu, l'Evesque, ou Pere spirituel de la Mayson, ou quelqu'homme de qualité [413] a ce deputé, fera a heure convenable une exhortation sur le sujet du renouvellement des vœux et oblations, puis dira la Messe; et estant parvenu a la Communion, apres que les Seurs auront dit: Domine, non sum digna, la Superieure, ou premiere qui doit communier, dira ou lira en un billet les paroles suivantes:.

  A025002908 

 Ainsy, la personne qui se veut immoler et sacrifier a Dieu en la Religion doit, avant toutes choses, s'escorcher tout a fait; comme N. S. Jesuschrist se voulant immoler sur la [422] croix, non seulement fut despouillé et denué de ses habitz, mays escorché par les fouets et escorgees.

  A025002920 

 Les autres, qui sont de la seconde sorte, suivent Nostre Seigneur de plus pres et s'addonnent a la sainte devotion le mieux qu'ilz peuvent, mais neantmoins demeurent engagés dedans le commerce et la vie ordinaire des mondains; en suite dequoy ilz ne peuvent eviter plusieurs empeschemens, destourbiers et tracas grandement contraires a leur bonne intention, de maniere que c'est avec grande difficulté, et non sans des perpetuelz dangers, qu'ilz se maintiennent et conservent en leur bonne resolution.

  A025003021 

 De mesme, s'il arrivoit quelque trouble ou difficulté entre divers Monasteres de l'Ordre ou en quelqu'un d'iceux, soit pour l'observance ou autres affaires quelles qu'elles puissent estre, elles ne s'addresseront point a la justice seculiere, ains toutes les Seurs auront leur refuge a leur Chef, Nostre Seigneur Jesus Christ, par penitences et continuelles oraysons, non seulement dans les Monasteres affligés, mais encor en tous ceux de l'Ordre qui en seront advertis.

  A025003147 

 Qu'elle mette une fois l'annee tous les ornemens a l'air, mais non pas au soleil, et qu'elle laisse quelquefois la chambre ou l'on les tient, ouverte..

  A025003195 

 La Seur Robiere procurera que les Seurs ayent chacune, tant qu'il se pourra, un habit d'esté et un d'hyver et non plus, prenant garde qu'elles ne les portent trop tachés et avec indecence..

  A025003297 

 Quand quelques femmes auront congé de la Superieure d'entrer dedans leur chambre pour les visiter, elle tascheront de parler utilement et devotement, coupant court a [486] toutes sortes de devis inutiles et ne s'enquerant d'aucunes nouvelles non necessaires, ni ne se mesleront d'aucune affaire de ceux de dehors sans congé..

  A025003319 

 Nous attestons que nostre tres chere Seur en Jesus Christ, M. Jeanne Françoise Fremyot, Baronne de Chantal, et Perrette de Chatel sa compaigne, de la Congregation de Nostre Dame de la Visitation erigee en cette Nostre [490] citté d'Annessi, partent de ce lieu par le consentement de ladite Congregation et le Nostre, pour les affaires que ladite Jeanne Françoise Fremyot doit traitter en Bourgoigne, lesquelles ne pourroyent bonnement estre faites sans sa presence; et c'est pour le tems, et non plus, que lesdites affaires requerront..

  A025003333 

 Et affin que l'action exterieure ne desrobe l'attention interieure, mes cheres Filles feront six retours a Dieu dans le tems non occupé aux meditations, Offices, lectures, ou l'attention doit estre actuellement appliquee..

  A025003422 

 Vidimus et pro pastoralis Nostri muneris ratione accurate conspeximus quicquid ad Congregationum Sororum Visitationis Beatissimae Virginis Deiparae, in diocesibus Nostris constitutarum, initia, progressiones fructusque pertinebat; cumque nihil omnino in his notaverimus quod sanctissimos mores, probatos ritus, sacra placita Ecclesiae Catholicae, Apostolicae, Romanae, Matris nostrae, undequaque non redoleret, saperet et spiraret; Nos quidem, hactenus dictarum Sororum piissimis conatibus quantum, Domino cooperante, potuimus, fovendis, erigendis ac promovendis operam Nostram authoritatemque pastoralem libentissime contulimus, has Congregationes, quamplurimis virginibus viduisque quas procellosis seculi fluctibus Spiritus Sanctus eripere dignabitur, portum salutarem exhibituras, in eodem Spiritu confidentes..

  A025003465 

 Verum, quia dilectæ Nobis in Christo Sorores Joanna Francisca Fremyot, ejusdem Domus Præposita, et Maria Magdalena de Mouxi Nobis exposuerunt se adhuc proprietatem quorumdam bonorum in saeculo habere, de quibus [506] hactenus commode disponere non potuerunt, et quibus nihilominus cedere ac renuntiare cupiunt antequam dictis legibus solemnitatis votorum teneantur: propterea, Nos ambabus sex mensium, a die datae praesentium, terminum praefigimus, intra quem de dictis bonis licite disponere valeant et possint; post quem terminum declarare teneantur num dictae solemnitati votorum ejusque effectibus subjacere velint, de earum statu prout Nobis expedire videbitur, elapso termino et declaratione earum suscepta, provisuri..

  A025003514 

 Hoc autem maxime locum habet in Gallicis istis regionibus, in quibus muheres non solum ineptissimam, sed ridiculam plane habent latini sermonis pronunciationem, ita ut plerumque qui in aliis Monasteriis Officia audiunt, vix ac ne vix quidem risum tenere possint, nisi potius rubore perfundantur..

  A025003516 

 Ac quidem tam devote, punctuatim et graviter Horas illas Beatissimae Virginis, quantumvis breves, pronunciant [514] et cantant, ut non minus spatium temporis illis recitandis impendant quam soleant impendere aliae Moniales in Officio magno cantando..

  A025003518 

 Denique, pleraeque virgines et etiam viduae provectioris aetatis, vix Officium magnum unquam exacte addiscunt, quae propterea ab ingressu Religionum ut plurimum arcentur; quibus etiam commodum accidit si haec Religio Visitationis Beatissimae Virginis Deiparae, Ordinis Sancti Augustini, deinceps non teneatur ad aliud Officium quam ad parvum rite recitandum.

  A025003519 

 Neque vero recitatio magni Officii est inseparabilis a statu religioso; nam ut de praeclara ac praestantissima [515] Societate Jesu nihil dicatur, neque de militaribus Ordinibus, sunt in Gallia Monasteria mulierum, ut, verbi gratia, Monasterium Ordinis Sancti Augustini de Pontosia, in quibus Moniales non tenentur nisi ad Officium parvum Beatæ Virginis in choro recitandum; ut privilegium istud dare Monasteriis mulierum, res omnino sit ut non valde quidem usitata, ita etiam non sane penitus nova, et alioquin multis gravissimis de causis desideranda..

  A025003530 

 Ceci a lieu surtout dans nos régions françaises, où les femmes ont une prononciation du latin, non seulement tout à fait inepte, mais ridicule, en sorte que ceux qui entendent les Offices en d'autres Monastères, ne peuvent presque retenir leur rire, à moins que plutôt ils rougissent de honte..

  A025003712 

 Li dice che essendo questi ministri del Signor Card. Borromeo di presente in Visita et in villa, S. Ptà non può per hora mandargli le Regole et ordini delle case di Monache et donne governate dall'Arcivescovo.


26-Oeuvres de Saint Francois de Sales-Tome XXVI-Vol.5-Opuscules.html
  A026000052 

 — Les trois vertus de Religion, quoique non vouées, rendent parfait.

  A026000079 

 — Il faut s'accuser non seulement du genre de péché, mais de l'espèce, du nombre, des divers degrés du péché.

  A026000155 

 Grand honneur d'être appelées à la conduite des âmes; comment faut-il s'en acquitter? — Les Supérieures doivent suivre les voies de Dieu et non les leurs.

  A026000243 

 ( Gabbatha celsitudo significat; Lytostrotos, græce, lapidibus stratus, locus judicii.) Erat autem Parasceve Paschæ, hora quasi sexta (id est hora sexta orationis: 1, 3, 6, 9, occasus; sic dividebatur dies); et dicit Judæis, [etc.] Responderunt pontifices: [5] Non habemus regem nisi Cæsarem.

  A026000243 

 (Ergo Messias venit, Gen. 49: Non auferetur sceptrum, etc.).

  A026000296 

 Et je ne pense pas contrevenir à ses intentions en le publiant; car, quoy qu'il l'aye tenu long-temps secret, estant un des premiers exercices de sa plume, il est neantmoins bien croyable que si la mort n'eust prevenu le dessein qu'il avoit de donner d'autres piec.es au public, non moins utiles que celles qui paroissent maintenant par tout avec tant de fruict et d'approbation, sa charité incomparable l'auroit porté à vous le presenter luy-mesme, mais sans cloute avec plus d'ornement et de perfection..

  A026000310 

 Salomon a pour fin en ce Livre la devotion, mais pour sujet l'orayson mentale prise pour la meditation et contemplation, non pour la pensee, ni pour l'estude, ni pour la demande, ni pour la devotion, ni mesme pour la consolation et le goust que l'on a en l'orayson, lequel ne s'y trouvant pas tous-jours est distingué d'ieelle; ains arrive souvent que ce goust n'estant pas en l'orayson des bons, se trouve en celle des grans pecheurs.

  A026000311 

 Le courtisan qui a receu de son prince diverses faveurs, acquiert une habitude avec laquelle il le sert non seulement promptement, mais gayement: ainsy, nous devons tous-jours servir Dieu promptement; nous le servons seulement gayement quand nous recevons plusieurs goustz spirituelz qui reviennent de l'orayson mentale.

  A026000311 

 Le pelerin sera plus disposé au voyage s'il a mangé; mais s'il a mangé avec goust et appetit, il sera non seulement disposé, ains joyeux et allegre tout ensemble.

  A026000312 

 Resusciter un enfant mort n'est pas en la possibilité de la mere; le guerir estant extremement malade, est chose possible, mais non pas facile; mettre le feu a sa playe par ordonnance du medecin est possible et facile, mais non pas avec promptitude, ains avec resistance et frayeur; rafraischir son appareil se fait facilement, possiblement, promptement, mais non allegrement; mays apres qu'il est gueri, le recevoir et accueillir entre ses bras, se fait possiblement, facilement, promptement et gayement.

  A026000321 

 En la quatriesme, l'empeschement est la fatigue du cors et partie sensitive; le remede sont les colloques et devis spirituels; le degré est mediter Dieu, non en luy mesme, mais en son Humanité..

  A026000334 

 Les filz de ma mere ont combattu contre moy, ce fut par leur peché que je fus mise en necessité de prendre tant de soins et garde a moy mesme comme si j'estois a garder une vigne: ilz m'ont mise a garder les vignes contre les assautz de la concupiscence, et tout cela, helas! non par ma faute propre et actuelle, mays par celle d'autruy, dont je puis dire: La vigne que j'ay gardee n'estoit pas a moy..

  A026000343 

 Cheres loüanges que l'ame n'accepte ni ne refuse, mays, esprise de son Espoux, retourne a le considerer es mesmes choses sensibles, non plus en meditant pour l'aymer, mais en contemplant pour se res-jouir, le confessant tres haut entre toutes les choses creées: Comme est un pommier entre les arbres des forestz, ainsy est mon Bienaymé entre les enfans des hommes.

  A026000349 

 Et lhors, nostre Espoux nous parle et vient a nous, mais non pas pour y demeurer et reposer, ains il vient par sautz et eslancemens: C'est la voix de mon Bienaymé, le voyla qui vient aux montaignes, saillant et traversant les collines.

  A026000388 

 Ainsy, apres la mirrhe de penitence, Dieu tirera l'ame, par le moyen des saintz exercices, aux odeurs aromatiques de l'orayson, avec du miel, du lait et du vin de meditation, d'amour et de contemplation, mays contemplation telle, qu'elle produira des goustz, allegresses et extases qui non seulement estancheront la soif, mais enyvreront.

  A026000399 

 Il est comme une blanche colombe qui a en soy tous les dons du Saint Esprit, representé par les yeux: Ses yeux sont comme des colombes sur les rivages des eaux, que l'on a lavees de laict; le Saint Esprit, appellé en autre façon riviere, non par mesure, mais avec toute plenitude luy est donné: et resident es pleins cours des eaux. Partant, si tu contemples ses exemples, comme les joues pleines, ouvertes et mises a la veüe de tous, aussi odoriferantes que vases pleins de parfums aromatiques, ilz se font sentir de tous costés: Ses joües sont comme parterres de fleurs aromatiques que les parfumeurs mesmes ont plantés.

  A026000412 

 Quand quelqu'un arrive a quelque maniere de vivre rare et non accoustumee, non seulement chacun le loüe, mays il semble que chacun desire de le voir, et on crie apres l'ame: Reviens, reviens, o Sulamite, reviens, reviens, affin que nous te voyons..

  A026000432 

 Non plus, le monde ni ses playsirs, non plus aucune chose mortelle; o Dieu, mon Dieu, vous seul estes mon Bienaymé, vous seul estes tout mon bien, c'est vous seul que je cherche: Fuys, c'est a dire viens, mais accours legerement, mon Bienaymé, et sois semblable a un chevreuil ou a un faon de cerf sur les mons des bonnes senteurs.

  A026000466 

 Ces oraysons jaculatoires peuvent servir a cela: Hé, Seigneur, je suis vostre; Mon Ami est mien, et moy je suis sienne; Ma vie c'est Jesus Christ; O Seigneur, ou que je ne face rien, ou que tout soit a vostre gloire; et, Gloria Patri et Filio; Non nobis Domine, non nobis.

  A026000471 

 Et non seulement cela, mais en vertu de la charité qui la rend active, elle respand sur les puissances de nostr'ame certaines vertus qui sont de mesme espece, ou au moins toutes semblables aux quatre vertus cardinales, et pour cela elles portent leurs noms: sur l'entendement elle pousse une prudence sainte, sur la volonté une justice sacree, sur l'appetit de la convoitise une temperance religieuse, et sur l'appetit irascible une force devote; si que par ces quatre fleuves toutes les actions humaines sont addressees par la charité a l'honnesteté et felicité surnaturelle, qui consiste en l'union avec Dieu..

  A026000489 

 Cette prudence domine heureusement en l'ame, et assaisonne toutes les vertus d'une sainte discretion et d'une sacree simplicité non pareille, car elle ne s'estend qu'a plaire a Dieu et estre utile au prochain.

  A026000489 

 Ceux qui ont divers amours ont aussi diverses prudences, car il faut une sorte de prudence pour acquerir les honneurs, un'autre pour acquerir les richesses, un'autre pour acquerir les playsirs; mais l'ame qui ne veut que Dieu n'a besoin que d'une simple et pure prudence, qui, non point par discours, mais par l'experience de la bonté de Dieu, sçait discerner le bien et le mal.

  A026000490 

 Les enfans de Dieu sont comme cela: leur sagesse est toute simple, ronde, franche, car l'amour qui les gouverne ayant reduit toutes choses a son obeissance les fait marcher selon luy; et, comme dit saint Hierosme, Nostre Seigneur veut que nous soyons prudens non pas pour l'offensive, mais pour la defense: prudens comme le serpent, pour n'estre point deceuz; simples comme la colombe, pour ne point tromper personne..

  A026000498 

 Car l'amour est sur toutes choses; desirant complaire a la chose aymee, luy rend premierement tout devoir, et non seulement tout devoir, mais tout ce dont il se peut aviser devoir ou pouvoir estre aggreable a celuy quil ayme.

  A026000502 

 Et par ce que ceux qui sont animés de cette tant desirable vertu se dedient et consacrent, donnent et addonnent totalement au service de Dieu et a tout ce qui le regarde, elle nous fait particulierement faire la sainte offrande, donation et dedicace de nous mesme a la divine Majesté, que nous avons ci dessus marquee, par laquelle nous sommes rendus voués, dediés, consacrés a Dieu, et comme specialement Religieux, que, au commencement de l'Eglise, on appelloit moynes, c'est a dire uns ou unis, a cause de la speciale union avec Dieu a laquelle ilz se dedioyent, ou de l'unité de leur intention et profession qui n'estoit que du seul service de Dieu; et, comme parle le grand saint Denys, a rayson de leur vie une et simple, non distraitte ni divisee, ains toute ramassee et recueillie, pour estre toute destinee [58] a la perfection de l'unique amour de Dieu.

  A026000503 

 Les autres le font par des vœux qui sont voirement appreuvés de l'Eglise, mais non pas pourtant acceptés [ni] appliqués pour mettre la personne qui les fait en l'estat que l'on appelle regulier: telz sont tous les vœux qui se font par les personnes seculieres, voire mesme ecclesiastiques, encor bien que ce seroyent les vœux de pauvreté, chasteté et obeissance, quand ilz sont faitz sans estre acceptés par quelqu'Ordre qui ayt le pouvoir ou l'establissement de rendre ses membres reguliers.

  A026000505 

 Or, d'autant que ceux qui par vœu se sont obligés aux Religions appreuvees se sont non seulement liés de l'obligation consciencieuse et devant Dieu, mays aussi d'un'obligation civile, ecclesiastique et devant les hommes, non seulement sous des peynes eternelles, mais aussi temporelles; non seulement pour estre redevables et obligés en conscience, mays pour estre contraintz en effect a l'observation des vœux: partant on leur a donné specialement le nom de Religieux, et a leurs Congregations le nom de Religions, a cause de ce lien par lequel, outre le commun lien des Chrestiens, ilz se sont reliés au devoir de la poursuite de la perfection par les trois vœux propres a [60] l'obtenir, et de rechef encor, reliés pour la sousmission aux peynes et astrictions ecclesiastiques en cas de contravention et infraction des vœux..

  A026000506 

 Et quant aux autres personnes qui ne sont liees que par les simples oblations (qui est un lien de reverence, respect et verité; car c'est un'irreverence de ne point observer ce que l'on a protesté, quoy que non voué de faire, devant un si grand Roy et pour son service, bien que ce ne soit pas contre la fidelité, n'y ayant eu aucune promesse), elles ne sont pas appellees Religieuses si absolument, ains seulement devotes et dediees a Dieu.

  A026000508 

 Car je vous prie, Philothee, si je demande en justice l'argent que j'ay preste a mon voysin, est ce une priere et orayson? Non certes, ains une demande rigoureuse.

  A026000509 

 L'isle Halonesus avoit esté aux Atheniens, mais les pirates la leur occuperent; sur lesquelz Philippe, Roy de Macedoine, l'ayant prise, les Atheniens la luy demanderent, et il consentit de la leur donner, mais non pas de la rendre; au contraire, les Atheniens ne la vouloient pas prendre, mais reprendre.

  A026000509 

 Or, Dieu ne nous doit rien, Philothee, a tous tant que nous sommes, pour nostre regard et pour nostre consideration; car, qu'avons nous pour l'obliger de quoy il ne nous ayt premierement obligés? Nous ne luy sçaurions jamais rien donner, car si nous luy presentons quelque chose, l'ayant premierement receue de luy, c'est rendre, non pas donner; c'est payer, non pas obliger; nous ne l'obligeons pas, mais nous nous acquitons de la dette.

  A026000510 

 Ce n'est pas, Philothee, que Nostre Seigneur ne se soit constitué debteur envers nous des recompenses immortelles, si nous observons ses commandemens, et quil ne die souvent que non seulement il nous les donnera, mais quil les nous rendra: Mon Pere, dit il a celuy qui priera en son nom, te le rendra; et l'Apostre, parlant de la coronne de gloire: laquelle, dit il, en ce jour la advenir le juste Juge me rendra.

  A026000512 

 C'est pourquoy il est appellé advocat, car les advocatz, a proprement parler, ne font des requisitions qu'en vertu du droit des parties, et implore la justice et l'equité, non la misericorde ni la grace; et en cette qualité d'advocat il montre les tiltres et les droitz pour lesquelz les graces luy sont deües, qui ne sont autres choses que ses playes, tiltre pour lequel le Pere eternel est obligé de favoriser tous ceux qui obeissent a son Filz.

  A026000516 

 Or, entre toutes les adorations il y en a une qui est hors de toute comparayson; car l'honneur se donne en contemplation de l'excellente vertu de quelqu'un, et l'adoration se donne non pour la vertu entant qu'elle est excellente, mays pour l'excellence entant qu'elle nous est [incompréhensible] a cause de son infinie grandeur et profondité, et laquelle, comme dit Anastase, Evesque de Theopolis, est l'emphase et sureminence de tout honneur: qui est l'adoration deue a Dieu, et que non seulement les hommes, mays aussi les Anges ont commandement de luy rendre; et ce n'est autre chose que la plus grande, juste et profonde sousmission [65] et reconnoissance spirituelle que nous puissions faire a la supresme et, pour dire ainsy, incomprehensible sursouveraine Majesté et superiorité de Dieu.

  A026000529 

 Ainsy, si j'ay quelqu'aversion et repugnance a mon prochain, pourveu que, selon ma volonté et resolution, je sois deliberé de l'aymer, non seulement je dois luy tesmoigner de l'amour, mais je ne dois nullement luy tesmoigner mon aversion, car cette aversion n'est pas'volontaire et si, [71] elle seroit scandaleuse; et en verité je l'ayme, puisque je l'ayme selon la partie maistresse et regente de mon ame..

  A026000530 

 Si je raconte comme un seigneur ou une dame estoit (sic) vestus en telles occasions, pourveu que je die selon ce quil m'en semble il suffit; mays si je raconte leurs actions, par lesquelles on peut discerner silz ont esté vertueux ou non, je dois estre plus discret et parler avec plus d'asseurance de la verité: car le mensonge n'a jamais aucun juste usage, c'est tous-jours un abus, pour utile qu'en soit la consequence; et n'en est pas de mesme comme de l'hellebore, car bien que nos cors puissent estre gueris par le tourment des medicamens, les espritz le doivent voirement estre par le tourment de la tristesse et repentance, mais non jamais par la coulpe.

  A026000533 

 Certes, l'avarice ne proffite a personne, non pas mesme a l'avare, auquel le bien quil a luy defaut et est autant inutile comme celuy quil n'a point.

  A026000534 

 Il faut rendre a chacun ce qui luy appartient: rendes donc a ce furieux son espee, et il en tuera quelqu'un sur le champ! Non, Philothee, cela ne se doit pas faire; car bien quil faille rendre a chacun ce qui est a luy, cela s'entend quand il n'en abuse pas au plus grand dommage du prochain, et l'equité nous enseigne cela.

  A026000538 

 A la force appartient la magnanimité, qui n'est autre chose qu'une vertu qui nous porte et incline aux [actions [74] grandes ] et relevees en chasque matiere et espece de vertu, non pour le regard du bien quil y a en l'action grande de la vertu, mais pour le respect de la seule grandeur de l'action.

  A026000538 

 Car, par exemple, consideres d'un costé un homme qui ayme grandement la chasteté, et d'autre costé un homme magnanime et de grand courage: l'un et lautre, au choix de la chasteté, entreprendront la chasteté virginale comme le plus haut et relevé degré qui puisse estre en la vertu de chasteté; mais l'un fait cett'entreprise pour le grand amour quil porte a la chasteté, laquelle plus ell'est grande plus il l'ayme, l'autre fait la mesme entreprise, non pour l'amour de la chasteté qui est en cette grandeur et hauteur de vertu, mays pour l'amour de la grandeur qui est en cette chasteté: si que l'un cherche la perfection de la chasteté en la grandeur de cett'action, et l'autre cherche la grandeur de l'action en la perfection de la chasteté.

  A026000540 

 De la magnanimité depend la magnificence, qui nous porte non aux actions grandes des vertus, mays aux grans et somptueux ouvrages qui requierent force despence; car cette vertu nous les fait entreprendre genereusement, destournant d'un costé une certaine sotte affection de despence par laquelle on fait des frais inutiles et outre la bienseance, et d'autre costé une certaine vileté d'esprit par laquelle on n'esgale pas la despence a la dignité et bienseance de l'ouvrage qu'on entreprend..

  A026000544 

 Et aussi, le martir est parfaitement conforme a Nostre Seigneur, qui tesmoigna sa charité non attaquant ses ennemis et les mesprisant, mays souffrant la mort, joint que celuy qui meurt en se defendant, comme font nos Chevaliers de Saint Jean de Hierusalem contre le Turc .........................................................................................................

  A026000551 

 Mays non seulement il faut prendre ce qui est pour la necessité, ains aussi ce qui est pour la bienseance, selon la varieté des offices et occurrences de cette vie: c'est pourquoy on jeusne quelquefois, et quelquefois on fait des [80] festins; on s'habille mieux une fois qu'autre; et Dieu mesme donne quelquefois du pain seul a Helie, quelque-fois il luy envoye de la chair; quelquefois il donne du pain et du poisson, d'autres fois il donne du miel et de la manne.

  A026000552 

 Or je vous dis ceci pour vostre utilité, non point pour vous enlacer, mais tendant a ce qui est bienseant et propre a vous joindre au Seigneur sans aucune distraction..

  A026000554 

 Aussi l'Apostre ajoute: Or, je dis ceci four vostre [ utilité, non point pour vous enlacer ] ..................... [bien que le cœur] de la personne mariee ayt ramassé tout son amour pour Dieu, rapportant parfaitement a Dieu l'amour mesme et les actions de son mariage, si est ce que, au moins, le cors est un peu divisé, distrait et alteré par les passions et sentimens necessaires a l'estat nuptial, avec quelque sorte de messeance.

  A026000555 

 Ah! non, c'est une vertu hardie, genereuse, active, ains qui fait une continuelle guerre contre le plus fascheux ennemi qu'on ayt, duquel elle reprime voirement les actions, mais non pas .......................................................................................

  A026000560 

 La clemence est proprement es superieurs, pour moderer la punition quilz doivent faire des criminelz, affin que autant que la justice le permet, on n'use pas de toute la rigueur, ains on addoucisse la peyne; car, comme Dieu punit tous-jours moins que nous ne meritons et [84] recompense tous-jours plus que nous ne meritons, aussi la clemence punit non selon la rigueur et severité, mais avec douceur, moderation et temperament: en sorte neanmoins qu'evitans la cruauté, ilz ne tumbent pas en la lascheté et exces de douceur.

  A026000566 

 La vileté de cœur non seulement nous ravale jusques a nostre neant, mais nous y laisse, sans nous vouloir permettre [de voir] ce qui est de Dieu en nous; l'humilité nous ravale en ce qui est de nous, mais c'est pour nous faire plus estimer ce qui est de Dieu en nous.

  A026000567 

 Mais par ce que la sainte humilité est une vertu qui nous regarde principalement, nous pratiquons l'humilité seulement en nous mesme et sur nous mesme; car, quant aux autres, nous la prattiquons envers eux et non en eux ni sur eux: c'est pourquoy nous ne regardons pas en eux ce quilz sont d'eux mesme, mais ce quilz sont en Dieu, et partant nous les estimons grandement, et non pas nous.

  A026000570 

 Et outre cela, le grand saint Thomas adjouste la simplicité, qui non seulement modere ces choses, mais contient nostre soin, affili quil ne s'espanche pas trop en ces choses exterieures.

  A026000574 

 C'est une verité, que qui ne se sauvera pas par Marie perira, comme tout ce qui estoit hors de l'arche de Noë fut a perdition; non que Marie soit cause absolue de la redemption, car c'est Jesus, son adorable Filz, mais elle est le moyen duquel ce Redempteur s'est voulu servir en prenant d'elle son humanité.

  A026000582 

 Ah! l'immaculee et incomparable Vierge Mere de Dieu ne fit jamais la douillette ni la rencherie pour converser avec sainte Magdeleyne, et cela parce que Marie estoit non seulement parfaitte vierge, mays parfaittement humble.

  A026000644 

 (Ex Mitridate et Galeno); [Matthioli, Epitre, p. 4.] — Cur non tactum corpus Eucharistia ad incorruptionem servetur?.

  A026000682 

 Adamantis, ainsy nommé (sic) parce qu'elle ne peut estre brisee non plus que le diamant; presentee aux lions, les fait tumber renversés a gueule ouverte.

  A026000691 

 La pierre theamedes, qui croit es montaignes d'Etiopie non pas loin de la montagne de l'Aymant, a la vertu du tout contraire, car si on luy approche du fer, incontinent elle le rejette et chasse.

  A026000700 

 Abarmon, multis ovis fœcundus piscis, non ejicit ova nisi confricet ventrem ad arenam contactu asperam, in illa pullos educat et complet.

  A026000701 

 Abeston, lapis coloris ferrei, arabicus, semel accensus non extinguitur; habet naturam lanuginis quæ dicitur pluma salamandræ, cum humido modico unctuoso pingui et inseparabili ab ipso, et illud fovet ignem.

  A026000713 

 Magneti superpositus non permittit trahere ferrum.

  A026000716 

 Alces est animal figura, colore et quantitate muli; labrum superius habens ita protensum, ut nisi retrograde incedat herbam capere non possit.

  A026000760 

 Noe Deum, subverso mundo, non precatur, at Moses pro populo precatur: Parce populo, aut dele me de libro vitæ; Ex.

  A026000769 

 Aurora appropinquante: Non dimittam te..

  A026000804 

 XXXVI.] Bestiæ reddunt gloriam Deo, et inanimata, et Gentes quæ legem non habent, quæ legis sunt faciunt..

  A026000808 

 Le Roy Demetrius pouvant aysément prendre Rhodes du costé ou estoit la mayson de Protogenes, defendit le feu de ce costé la, de peur de brusler ledit tableau du chien, et pour espargner cette piece, il perdit l'occasion de prendre Rhodes [Ibid.] Heu! propter talem picturam pepercit Demetrius urbi: cur non Deus propter justos, propter Virginem, propter Eucharistiam, propter Filium et imaginem suam?.

  A026000812 

 XXXVII], l. 35 circa finem, de rationibus [116] propter quas pictores antiqui muros non pingebant, nam multum juvant ad interpretationem loci illius Concilii Laodiceni, quem citant hæretici contra usum imaginum..

  A026000816 

 (Dioscoride dit qu'ell'est blanche en l'absence du soleil. [L. IV, c. CLXXXV].) Addition: Quasi toutes fleurs jaunes suivent le soleil, mais non les feuilles qu'en celle ci. Perfectus amor omnia omnino convertit ad Christum, et folia, id est minima et naturalia..

  A026000841 

 (Pl., l. 8. c. [35, al.] 23; Diosc., l. 6, c. 5.) La plaÿe est petite comme si ell'estoit faitte de la pointe d'un'eguille, sans enfleure; les patiens se sentent incontinent les yeux offusqués et couvers, diverses douleurs par tout le cors, legeres et non sans quelque playsir..

  A026000843 

 Le basilic (lat. regulus, de la longueur d'un empan) fait mourir a la seule veüe et aleyne (sic), non seulement les hommes, mais les serpens.

  A026000844 

 Le serpent se despouille premierement la teste, puis le reste, et non en un'heure mais en 24: ainsy nous devons scindere primo corda, et non vestimenta.

  A026000851 

 Chameaux passeront 4 jours sans boire, mais s'en revanchent treuvans l'eau, laquelle ilz ne boivent quilz ne l'aÿe (sic) troublee, ne la treuvans bonne autrement (aucuns estiment que c'est pour ne voir leur difformité en icelle). Optime congruunt hæreticis de Scriptura non bibentibus, nisi sensum turbaverint, ut gustui suo aptent miscendo terrena sacris, vel ne suam videant turpitudinem.

  A026000851 

 XXVI], non dicit inclusa..

  A026000860 

 Estant blessé, il regarde tous-jours celuy qui l'a blessé et en veut tous-jours a luy, non a autre, quel grand nombre de gens quil y aie; si on luy lance un coup sans blesser, il ne blesse point, ains foulent (sic) des pieds..

  A026000874 

 Nolunt bibere hæretici aquas quibus non sunt assueti, etsi, mordente conscientia, sint sitibundi.

  A026000875 

 LXIX]. Hæretici, muli, nunquam cum iis concordant qui facti sunt ut jumentum apud Deum, id est Catholicis; et hæretici sunt steriles, ultra non proficiunt..

  A026000910 

 Heu! videntes Agnum Dei, quare non mansuescimus?.

  A026000911 

 Il ni a toreau si furieux qui ne s'appaise estant attaché a un figuier. Christo confixus sum cruci; et quis ibi non securetur?.

  A026000913 

 Mathioli, sur le c. 93, dit que c'est si les pailles sont frottees d'huile, et dit que ce qu'on dit quil n'attire pas l'hissope est faux. Anima comedit et attrahit vilia quæque et stipulis quæ vertuntur ante faciem venti; sed id non facit si linita sit gratia et charitate, tunc enim cessant rerum inutilium desideria..

  A026000943 

 Sic etiam Paulus inclusus et vinctus erat, non tamen Mot Dei..

  A026000945 

 Pl., l. 9, c. 8. Si ante mortem possemus cythara orationis et contritionis uti, salvaremur; veruni non interdum conceditur..

  A026000949 

 Flos mortuus virtus est moralis, charitate destituta; huic non insidet Spiritus Sanctus..

  A026000950 

 Ilz ayment un terroir nitreux et salé, et les Assyriens [142] sement du sel, non sur les racines, mais un peu loin tout autour.

  A026000950 

 VI-VIII]: Les palmiers croissent insignement en Judee; en Italie, ilz sont steriles; en Espagne, ilz portent fruit, mais non point a maturité.

  A026000953 

 5 et 7; Statura tua, etc., et: Ascendant ad palmam, nam justus ramos in superiori parte [143] extendit, semper viret, flores ejus non apparent nisi conscidatur ejus cortex et saccus tribulationibus.

  A026000960 

 XXIII.] Christus occisus in cruce; apes, id est contemplativos, generavit, qui mellificium exercent, ut leo Samsonis, etc. Alii mortui non generant nisi frelones, id est luctuosos, tristes..

  A026000963 

 Aucuns pensent qu'elles meurent au [145] premier coup d'eguillon qu'elles donnent; autres, que non, sinon qu'elles les fichent si profond qu'elles ne les puissent retirer sans y laisser le boyau, mais que, par apres, elles sont du tout inutiles, comme les bourdons. Nota pro iracundis et iis qui vindictam exercent; c. 18 [ al.

  A026000963 

 Frelons et guespes, bastars des mouches a miel, leur font la guerre; ilz font la cire, mais non pas le miel; 24 et 19. Hæretici, infesti Catholicis, faciunt ore ceram, id est promunt corticem litteræ; nam et cera continet mel, mel autem minime.

  A026000968 

 XXI], lib. XV.) Mali prosunt bonis: In tribulations dilatasti mihi; sed si nos ipsos dijudicaremus, non utique judicaremur..

  A026000970 

 XXXV]: Polignotus, Thasien, fit un tableau qui fut despuis mis en la galerie de Pompee, ou il y avoit un homme si proprement peint sur un'eschelle, qu'on n'eut sceu dire sil monte ou sil descend. Non progredi, retrogredi est..

  A026001005 

 Item, differentia inter Philippum et Alexandrum, ut videre est apud Plutarchum, quod Philippus omnibus ex rebus gloriam, at Alexander non nisi ex magnis captabat.

  A026001049 

 » O qui incumbitis altis, non aptis scientiis, audite..

  A026001058 

 De Civit. c. 8, extremo: « Nam Alcibiadem ferunt, » dit il, « si me de hominis nomine memoria non fallit, » etc. — Ubi vides hunc tantum virum non adeo sollicitum de cunctis nominum et circumstanciarum momentis in exemplis, nam neque scribendo libros illos gravissimos operæ prætium duxit quærere num Alcibiades vocaretur cui id quod narrat contigerat..

  A026001071 

 Amor qui expletur summo bono, alacrior est ad amorem et non vult cessare, unde et satietas sine fastidio; desiderium habet et quietem; desiderat non rem absentem, sed presentem et quam habet, non enim tam expletur quam repletur.

  A026001072 

 Ad cap. de amore congenito et intimo, nobis addenda similitudo de eo qui aquas in terra latentes ad puteum faciendum querit: nam tempore calidissimo æstatis, cum terra valde sicca est, paululum ante solis ortum, prostratus humi circumspicit ad orientem planiciem terræ, et ubi videt nebulum et vaporem tenuem, ibi judicat latere fontem quem alioqui non videt.

  A026001072 

 Sic, quamvis in nobis non appareat amor Dei super omnia, videmus enim, si recte inspiciamus, quemdam vaporem, qui etiam tempore siccissimo apparet: quosdam, scilicet, mentis affectus, quasdam inclinationes quæ fontem hujus amoris latentem indicant..

  A026001074 

 Le pin, sapin, cypres et autres arbres gommeux et oleeux, ne reçoit (sic) le mariage d'aucun arbre, arbres insociables; quia succus (la seve) ne se peut mesler, ou parce qu'ell'est trop espesse et parce qu'estant grasse elle ne se peut appliquer. Sic fabulis poetarum, vix inseras conceptus theologicos; non enim mendacia poetarum possunt misceri veritatibus theologorum, neque prudentiæ carnis prudentiam spiritus..

  A026001076 

 Non student Scripturis, nam Scriptura est affectiva scientia, illi tantum student litteræ, non sensui; aliud est enim studere intelligentiæ ut intelligas, aliud studere sensui ut sentias.

  A026001076 

 Œilletz sauvages jettés devant les scorpions leur ostent la faculté et force de nuire [ Maison rustique, p. 133 b ]: la parole de Dieu oste la force des tentations. Incumbe studio Scripturarum, et carnis vitia non timebis.

  A026001082 

 Ut lupinum et paba non exhaurit, sed stercorat agrum in quo alitur (Plin., l. 18, c. 12 et 14, [ al.

  A026001082 

 XXX, XXXVI],) sic eleemosina, misericordia pauperum, actio ob misericordiam non exhaurit patrimonium aut contemplationem, sed stercorat, fertilize..

  A026001083 

 XXVIII]; ut videmus morbos communicari per amorem: Quis infirmatur et ego non infirmor? Oculorum inflammationem contrahimus, maxime inter amantes; ut ista stigmata, presupposto ferventissimo amore compiacentiæ, partim fuerint naturaliter [163] attracta, partim miraculose inflicta ab amato qui, ut amanti complaceret, vulnera quæ sibi tantopere placebant, inussit..

  A026001086 

 Quand le roy des abeilles est mort, elles s'amoncelent autour de luy, et si leur gouverneur ny prend garde, elles meurent-la plustost que de le quitter; il faut donq quil le leur oste de devant. O morienti Christo, quare non commorimus? Christo confixus sum cruci.

  A026001100 

 Et y a difference entr'un homme de bien et homme devot, car cestuy-la est homme de bien qui garde les commandemens de Dieu, encor que ce ne soit pas avec grande promptitude ni ferveur; mais celuy-la est devot qui non seulement les observe, ains les observe volontier, promptement et de grand courage..

  A026001101 

 Secondement, il faut oster tout ce qui peut embarasser « les piedz » de nostre ame, qui « sont les affections, » lesquelles il faut retirer et desprendre de tout object non seulement mauvais, mais de celuy qui n'est pas bien bon, car un cheval entravé ou piqué ne peut courir..

  A026001106 

 Ne manques jamais [de] communier tous [les] pre[miers] Dimanches du moys, outre les bonnes festes, et le so[ir] devant, confessés vous et excites en vous une sainte reverence et joÿe spirituelle de devoir estre si heureuse] que de recevoir vostre doux Sauveur; et faittes alhors nouvelle resolution de le servir fervemment, laquelle [167] l'ayant receu, il faut confirmer, non pas par vœu, mais par un bon et ferme propos.

  A026001117 

 Petit a petit, et lhors que vous les y verres embarquees, il faudra traitter plus entierement du restablissement de la perfection et de la Regie, qui sera le plus grand service que vous puissies faire a nostre Sauveur: mais tout cela doit proceder non tant de vostre authorité, comme de vostre exemple et douce conduitte..

  A026001158 

 Mais affin que vous m'entendies mieux, je mettray devant vos yeux une Meditation formee et estendile fort au long, avec toutes ses dependances, sur laquelle vous connoistres mieux ce que je me suis essaÿé de vous dire de ce saint exercice; et neanmoins je ne mettray sinon quelques principales considerations, et de mesme quelques principales affections, et non toutes celles que j'en pourrois tirer, car ce serait trop..

  A026001172 

 Et donques, diray-je, cette mer de perfections, cet abisme de bonté, non seulement m'environne de tous costés, mais se communique par une vraye presence et tres entierement a ce cœur desloyal, a cett'ame felonne! Helas, mon Dieu, mon Seigneur, il me semble que mon cœur, ainsy profondement meslé et uni de toutes pars a vostre divine presence, n'est autre chose qu'un vil et venimeux crapaut qui nage, se supporte et maintient dans une mer de bausme tres prætieux.

  A026001220 

 Non, ce ne seront plus desirs, ce seront effectz.

  A026001239 

 Ah! non, vous me voules sauver, Seigneur; que vostre volonté soit faite.

  A026001239 

 Non, je ne descendray plus..

  A026001247 

 C'est pourquoy il les faut recevoir de bon cœur, et conformer sa volonté a celle de Dieu qui les veut; et qui peut passer jusques au point de non seulement les supporter patiemment, mais aussi de les vouloir, il peut bien dire quil a acquis une tres grande conformité.

  A026001248 

 Mais il faut passer plus avant et bien considerer ceste volonté non seulement es grandes afflictions, mais jusques aux petites traverses et moindres incommodités que nous sceussions recevoir en cette miserable vie.

  A026001261 

 Or, ces trois vertus ou vœux estant gardees, quoy que non vouees, elles rendent l'homme parfait; il faut donq tascher a les acquerir en tous les degrés qu'elles ont..

  A026001267 

 L'exemple de cette obeyssance [189] est en Jesus Christ, qui obeit non seulement a son Pere eternel et a sa sainte Mere, mais aussi a saint Joseph et aux statutz et coustumes de l'Eglise.

  A026001294 

 Je vous voy, o mon Dieu, des yeux de mon esprit, comme une mer de perfections et un abisme de bonté qui non seulement m'environne de tous costés, mais qui habite et qui reside tres entierement et par une vraye presence dans le fons de mon miserable cœur; et il n'y a partie en moy qui ne soit totalement soustenue et animee de vostre sainte Divinité..

  A026001319 

 Ne cesseray je pas en fin de vous estre infidelle, mon Sauveur et mon Dieu? O non, ce ne seront plus des-ormais d'inutiles desirs, ce seront des effectz; ce ne seront plus des paroles, ce seront des œuvres.

  A026001333 

 Jamais, non jamais, mon Sauveur, l'eau de contradiction n'esteindra le feu de la charité que je doy au prochain..

  A026001336 

 Mon iniquité est donques bien grande: helas, que je suis miserable de m'y estre si souvent abismé! O peché tres abominable, je ne te verray jamais d'un costé que je ne me jette incontinent de l'autre, quand il y auroit tous les tourmens du monde a souffrir; non, je ne veux plus me souiller en tes miserables ordures..

  A026001351 

 Parmi les affections et resolutions, il est bon de parler non seulement a Nostre Seigneur, aux Anges et aux personnes representees aux misteres; mais a soy mesme, a son cœur, aux pecheurs, voire mesme aux creatures insensibles, comme l'on void que David fait en ses Psalmes et saint François en ses oraysons.

  A026001355 

 Que si, venant a l'orayson, nous ne pouvons pas faire le premier, il se faut contenter du second, qui est tous-jours beaucoup, encor que nous ne puissions parler a Dieu et qu'il semble qu'il ne nous parle point. Combien y a-il de courtisans qui vont cent fois l'annee en la chambre du Roy et en sa presence, non pour luy parler ni pour l'ouyr, mais simplement pour estre veus de luy et tesmoigner par cette assiduité qu'ilz sont ses serviteurs.

  A026001366 

 Ou bien avec saint Paul: La nuit est passee, le jour est arrivé; sus, non plus des œuvres de tenebres, mais endossons le harnais de clairté.

  A026001403 

 Et si vous ne le pouves pas tout dire en une fois, dites le en deux, et l'Office de Nostre Dame aussi; dequoy vous ne deves faire nul scrupule, ains il y a de la superstition a croire que pour de legitimes interruptions il faille recommencer, car cela est sans nulle rayson, ni apparence de pieté: nostre Dieu ne regardant qu'a la devotion avec laquelle on prie, et non pas si c'est a deux fois ou a troys.

  A026001410 

 Non, il faut tenir nostre entendement clos et couvert a telles vaynes et sottes questions et curiosités, car nous n'avons que faire de sçavoir comme ce divin Sacrement se fait: il suffit que nous sçachions qu'il se fait.

  A026001411 

 En figure dequoy la celeste manne tomboit jadis au desert, non de jour, mays de nuit, si que nul ne sçavoit comme elle se faisoit, ni comme elle descendoit; mais le matin estant venu, on la voyoit toute faite et descendue: ainsy cette surceleste et divine manne de l'Eucharistie se fait en une façon et maniere qui nous est secrette et cachee; nul ne peut dire comme elle se fait et vient a nous, mais par la lumiere de la foy nous la voyons toute faitte.

  A026001412 

 O que vous estes incomprehensible, et que je suis joyeuse dequoy vous l'estes! Non, je ne voudrois pas vous pouvoir comprendre, car vous seriés trop petit si une si petite et chetifve capacité vous comprenoit.

  A026001412 

 Puis, se retournant a son propre entendement: Et quoy, petit mouscheron, nourri parmi la pourriture de ma chair, voules vous brusler vos aisles a cest immense feu de la puissance divine, laquelle consumeroit et devoreroit les Seraphins, s'ilz se vouloyent fourrer en telles curiosités? Non, petit papillon, il vous appartient seulement d'adorer cet abisme, et non pas de le sonder.

  A026001419 

 Il la faut purger de la souvenance des choses caduques et affaires mondaines; en figure dequoy, la manne ne tomboit qu'au desert et solitude, hors du commerce du monde, et non point es villes et bourgades, et ceux qui mangeoyent l'aigneau paschal retroussoyent leurs robbes, affin que rien ne traisnast et flottast sur la terre.

  A026001423 

 Il y faut venir avec une ame et une volonté fraische, non eschauffee, ni affectionnee a aucune autre chose qu'a la cueillette de cette manne..

  A026001429 

 Que si vous estes agitee de cet esprit de curiosité, faittes ce que j'ay dit, mais faittes le briefvement, par forme de simple rejet et detestation, sans vous amuser a disputer et contester avec l'ennemy, lequel doit estre combattu par abomination, non par rayson, selon l'exemple de Nostre Seigneur, qui ne le fit fuir qu'en luy disant: Arriere, Satan, tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu..

  A026001440 

 J'appreuve de tenir les mains sous la nappe et non dessus.

  A026001448 

 Or, quant a nous, nous recevons une pareille grace en la Communion, [car] non un Ange, mais bien Jesus Christ mesme nous asseure qu'en icelle le Saint Esprit vient en nous et la vertu celeste nous enombre, et le Filz de Dieu vient reellement en nous, et, par maniere de dire, il naist en nous et y est conceu.

  A026001460 

 Mais, troisiesmement, l'ame cherchant les moyens d'estre delivree du mal qu'elle sent, peut les chercher pour l'amour de Dieu ou pour l'amour propre: si c'est pour l'amour de Dieu, elle les cherchera avec patience, humilité et douceur, attendant le bien non tant de soy mesme et de sa propre diligence, comme de la misericorde de Dieu; mays si elle les cherche pour l'amour propre, elle s'empressera a la queste des moyens de sa delivrance, comme si ce bonheur dependoit d'elle plus que de Dieu.

  A026001538 

 N'ayes point soin de vous mesme, non plus qu'un voyageur qui s'est embarqué de bonne foy sur un navire, qui ne prend garde qu'a se tenir et vivre dans iceluy, laissant le soin de prendre le vent, tendre les voiles et faire voguer, au pilote sous la conduitte duquel il s'est mis..

  A026001566 

 Il se faut accuser non seulement du genre du peché que l'on a commis, mais aussy de l'espece: donc, il ne suffit pas de dire que l'on a esté homicide, luxurieux ou larron, mais il faut encore nommer l'espece de l'homicide, de la luxure et du larcin que l'on a commis.

  A026001569 

 Non seulement on se doit accuser des especes des pechés que l'on a commis, mais aussy du nombre d'iceux, disant combien de foys on a commis tel ou tel peché, au plus pres que l'on peut, selon la souvenance que l'on a; et si l'on n'a pas souvenance de la quantité des pechés, il suffit de dire combien plus ou moins environ; que si mesme on ne peut bonnement se resoudre de l'environ, il suffit de dire [245] combien de temps on a perseveré au peché et si on y est fort addonné..

  A026001579 

 Mais cela s'entend des desirs qui sont formés, et non pas de certaine sorte de mouvemens interieurs qui, de sursaut, a l'improuveüe et sans nostre consentement, [247] passent par nostre cœur, pendant lesquelz mesmement, qui nous interrogeroit sy nous voudrions les choses ausquelles ces mouvemens semblent nous porter, nous dirions indubitablement que non; car par la on void bien que ces desirs sont des actions de nostre nature et non pas de nostre franc arbitre..

  A026001612 

 Or, quant a la chasse ou tournois loisibles et autres exercices appertenentz principalement a la noblesse, ilz ne sont pas prohibés es jours de festes en qualité d'oeuvre servile, et partant, la Messe estant oüye, on peut loisiblement s'y appliquer es ditz jours de festes; mays ce seroit neammoins un'irreverence trop grande d'y vacquer és grands jours solennelz esquelz, tant qu'il est possible, un chacun doit assister non seulement a la Messe, mais aux autres services chrestiens.

  A026001625 

 Faire le vice execrable de Sodome, c'est a dire commettre l'acte charnel avec un autre de son propre sexe, ou bien [255] avec une personne de sexe different, mais usant des endroitz non dediés a la generation.

  A026001625 

 Se provoquer, soy mesme ou autruy, a pollution; faire la fornication, c'est a dire avoir compaignie des femmes non vierges, non mariées, non sacrées et non parentes.

  A026001675 

 J'ay dit, entant qu'il semble diminuer le nostre, parce qu'on peut estre marry du bien de quelcun non seulement sans pecher, mais aussy par charité: comme quand on est marry que les indignes soyent advancés, ou que les ennemis de la Republique prosperent..

  A026001691 

 C'est pourquoy, tout ce qui est contraire a l'amour de Dieu et a l'amour du prochain, sy la contrarieté est parfaite, doit estre estimé peché mortel; mais sy la contrarieté n'est pas parfaite ni accomplie, ains imparfaite et non accomplie, il n'y a que peché veniel..

  A026001699 

 De plus, tant que la commodité des affaires le peut permettre, ilz doivent avoir avec eux leurs femmes; le mariage estant ordonné, non seulement pour la generation des enfans, mais aussy pour le remede de la concupiscence..

  A026001732 

 Je repete ce que si souvent je vous ay dit: que, non seulement en l'orayson, mays en la conduitte de vostre vie, vous deves marcher en l'esprit d'une tres parfaitte et tres simple confiance en Dieu, entierement remise et abandonnee a son bon playsir, comme un enfant innocent qui se laisse aller a la conduitte et direction de sa mere..

  A026001749 

 Non seulement en l'orayson, mays encor en la conduitte [272] de vostre vie, marches invariablement en esprit de simplicité, abandonnant et remettant toute vostre ame, vos actions et vos succes au bon playsir de Dieu, par un amour de parfaitte et tres absolue confiance, vous delaissant au soin et a la mercy de l'amour eternel que la divine Providence a pour vous.

  A026001752 

 Les amantes spirituelles, espouses du Roy celeste, se mirent voyrement de tems en tems comme des colombes qui sont aupres des eaux tres pures, pour voir si elles sont bien ageancees au gré de leur Amant; et cela se fait es examens de conscience, par lesquelz elles se lavent, se purifient et ornent au mieux qu'elles peuvent, non pour se satisfaire, non pour desir de leur progres au bien, non pour estre parfaittes, mais pour obeir a l'Espoux, pour la reverence qu'elles luy portent, pour l'extreme desir qu'elles ont de luy donner contentement, elles se lavent, se nettoyent purifient et ornent au mieux qu'elles peuvent.

  A026001773 

 Et ceci se doit prattiquer non seulement a l'orayson, ou il faut aller avec une grande douceur d'esprit, sans dessein d'y faire autre chose quelconque, ains seulement pour estre a la veuë de Dieu dans cette simple remise et repos en luy et comme il luy plaira; se contenter d'estre en sa presence, encor que vous ne le voyies, ni senties, ni sçauries representer, et ne vous enqueres de luy de chose quelconque sinon a mesure qu'il vous excitera..

  A026001774 

 Ne retournes nullement sur vous mesme, ains soyes la pres de luy; non seulement, dis je, il faut prattiquer cette simplicité et abandonnement en l'orayson, mays en la conduite de toute la vie, rejettant et delaissant toute vostre [277] ame, vos actions, vos succes, vos affaires au bon playsir de Dieu et a la mercy de son soin.

  A026001788 

 Premièrement tu dois demander à ton très cher Seigneur s'il trouvera à propos que tu renouvelles tous les ans, aux reconfirmations, entre ses mains, tes vœux, ton abandonnement general et remise de toi-même entre les mains de Dieu; spécifie particulièrement [279] ce qu'il jugera qui te touche le plus, pour enfin faire cet abandonnement parfait et sans exception, en sorte que je puisse vraiment dire: Je vis, non pas moi, mais Jésus-Christ vit en moi.

  A026001789 

 Devant disner, devant souper et le soir s'allant coucher, examines si, selon vos actions du tems precedent, vous pouves dire sincerement: Je vis moy, mays non pas moy, ains Jesuschrist vit en moy..

  A026001841 

 Mais vous sçaves tres bien que les sentimens, non plus que toute autre tentation, ne nous rendent pas moins aggreables a Dieu, pourveu que nous n'y consentions pas..

  A026001845 

 Et ne penses pas que cecy soit un exercice de quelques jours; oh! non, car il y faut bien du tems et du soin pour parvenir a cette paix.

  A026001849 

 Rendes vous donq bien indifferente, si on vous accordera ou non ce que vous demanderes, et ne laisses pas de demander tous-jours avec confiance; et demeures en l'indifference d'avoir des biens spirituelz ou non.

  A026001851 

 Je ne veux plus que vous soyes si tendre, ains que, comme une fille forte, vous servies Dieu avec un grand courage, ne regardant que luy seul; et partant, quand ces pensees, si l'on vous ayme ou non, vous arrivent, ne les regardes pas seulement, vous asseurant que l'on vous aymera tous-jours autant que Dieu le voudra, et que cela vous suffise.

  A026001852 

 Vous feries encores mieux de vous divertir, faysant accroire a vostre esprit qu'il n'en a point, n'en faysant non plus d'estat que si vous ne senties point l'effort de cette passion..

  A026001856 

 Travailles fidelement pour cela, bandes toutes les forces de vostre esprit pour l'acquerir, et prenes garde que la mortification [289] reluise en vostre exterieur; en sorte que les seculiers treuvent plus de sujet de l'observer, que non pas de bonne mine, ni de bonne façon..

  A026001884 

 Soyes grandement prompte a l'obeyssance et simple a tout ce qu'on vous commandera, sans regarder a la personne, ni les choses, pour voir si elles sont a propos ou non..

  A026001885 

 Tandis que nous regardons aux creatures et non au Createur nous ne ferons jamais rien qui vaille, ni ne ferons aucuns progres en la vertu.

  A026001911 

 Toutes les fois que vous treuveres vostre cœur hors de la douceur, ne faites que le prendre avec le bout du doigt, et non a plein poing, comme l'on dit, ni brusquement.

  A026001924 

 La vraye generosité consiste a se rendre independante de toutes choses et des creatures, et ne point penser si elles nous ayment et pensent a nous ou non; il ne faut point s'amuser a cela.

  A026001924 

 Vous l'entreprendres courageusement et suavement, non point violemment ni rudement.

  A026001927 

 Quand les mouches nous piquent, il ne faut que tout simplement les oster; ainsy, quand il nous vient des contradictions, il ne faut que tout simplement les oster, c'est a dire s'en destourner et non pas s'en occuper.

  A026001981 

 Non seulement on est plus obligé a secourir les proches et voysins, mais il le faut faire..

  A026001982 

 Il faut entreprendre de se perfectionner, non point pour nostre contentement, mais pour plaire a nostre Espoux qui le veut..

  A026001993 

 Et que vous doit il importer d'en avoir ou non, pourveu que vous ne les suivies et que vous ne les nourrissies pas volontairement? Il n'est pas en nostre pouvoir de n'avoir point de tentations et sentimens, mais ouy bien de n'y point consentir et y faire des fautes en suite.

  A026001995 

 Ne penses pas, ma Fille, que je voulusse trahir vostre ame; o non, car elle m'est aussi pretieuse que la mienne mesme.

  A026002064 

 Avoir un desplaysir de nos fautes [320] qui soit paisible, rassis et ferme, et non point aigre, empressé ni inquiete.

  A026002072 

 Regarder plustost ce que dira Dieu et ses Anges sur ce que nous faisons et disons, que non point que diront ceux qui nous voyent et entendent..

  A026002121 

 Obeyr soigneusement, sans rien oublier; promptement, sans delay ni remise; simplement, sans discours ni raysons; fidellement, rien prendre pour vous en vos obeyssances; franchement, sans contrainte ni chagrin; amoureusement et non point pesamment, maussadement et a contre cœur..

  A026002122 

 Obeyr de cœur et de volonté, ayant mesme vouloir et non vouloir avec nos Superieurs..

  A026002147 

 Ne faire non plus d'estat de tous nos sentimens, pour grans qu'ilz soyent, que nous ferions des abbayemens des chiens..

  A026002177 

 Nostre Seigneur priant au Jardin des Olives dit a son Pere: Que vostre volonté soit faite et non la mienne; Qu'il soit fait ce que vous voules et non ce que je veux; comme [ vous ] voules et non comme je veux.

  A026002226 

 Ayes une devotion particuliere a Nostre Dame et vostre bon Ange; puis, ma Fille, souvenes vous qu'il faut avoir plus d'humilité pour commander que non pas pour obeir.

  A026002231 

 Mais je desire grandement que vous fassies attention fort souvent sur l'importance de la charge que vous aures, non seulement d'estre Superieure, mais d'estre au lieu que vous seres.

  A026002264 

 Et faut qu'en l'infirmerie l'ordre soit de lire au tems de la lecture au moins un quart d'heure; non pas que les malades le facent, si cela les incommode, mais quelqu'autre en leur presence.

  A026002268 

 Et si l'on vous remet a vostre choix, prenés le jeusne, car il est mieux de ne flatter pas le cors que de l'attendrir, si ce n'est pour les raysons suivantes: si le jeusne vous rend chagrine ou donne des estourdissemens de teste, ou bien si l'on est [341] travaillé de quelque douleur, il n'y a point de doute que l'on ne doit pas jeusner si cela accroist la douleur; car l'Eglise ordonne le jeusne pour macerer' un peu ceux qui sont sensuelz et pour faire pœnitence; mais ceux qui en reçoivent de l'incommodité qui empesche l'esprit de ses fonctions, l'on en peut dispenser, mais non pas de soy mesme.

  A026002292 

 Observes ses voyes et non les vostres, soustenant fortement son attrait dans chacune, en leur aydant a le suivre avec humilité et sousmission, non a leur façon, mais a celle de Dieu que vous connoistres mieux qu'elles tant que l'amour propre ne sera pas aneanti, car il fait souvent prendre le change, et tourner l'attrait divin a nos manieres et suites de nos inclinations..

  A026002294 

 Mais si quelques unes se rendoyent contraires a cette conduite, vous pourries, prenant sujet de les y exercer, leur faire voir leur ignorance, leur peu de rayson et de jugement de s'amuser aux presomptions et fauses imaginations que produit la nature depravee; combien l'esprit humain est opposé a Dieu, dont les secretz ne sont revelés qu'aux humbles; qu'il n'est pas question, en la Religion, de philosophes et de beaux espritz, mays de graces et de vertus, non pour en discourir, mais pour les prattiquer humblement; leur faysant faire et ordonnant des choses difficiles a faire et comprendre et qui soyent humiliantes, pour les destacher insensiblement d'elles mesmes et les engager a une humble et parfaitte sousmission a l'ordre des Superieures, lesquelles aussi doivent avoir une grande discretion a bien observer le tems, les circonstances et les personnes.

  A026002303 

 Tandis que l'on dit: Non, on n'est jamais vaincu..

  A026002316 

 Que je face a jamais vostre volonté et non la mienne.

  A026002318 

 Et en suite de cela, il est a noter que nous ne sommes pas obligés sous peyne de peché mortel ni mesme veniel d'ouyr la Messe, si ce n'est les jours de festes et Dimanche, non plus que d'ouyr les prieres extraordinaires du soir; * nous ne sommes point obligés d'ouyr Vespres ni de dire le Benedicite entrant a table, ni Graces en sortant, sous peyne de peché; et pourtant, quand nous faysons ces actes de religion et de devotion, nous sommes obligés de les faire serieusement et avec reverence.

  A026002327 

 Je ne dis pas la vostre, ains celle de vostre Institut, non en paroles, que fort simplement, ne le louant que comme on parle un chacun de soy mesme, ou de ses parens, c'est a dire courtement et simplement..

  A026002347 

 Travailles a l'acquisition des vertus de bonne foy, sans vous embarrasser; laisses vous gouverner a Dieu, serves le selon son goust et non selon le vostre, regardes que c'est luy qui vous a placee ou vous estes.

  A026002368 

 Ayes soin de mesnager les petites rencontres que Dieu vous presente, mettes en cela vostre vertu, et non pas a desirer de grans travaux; car souvent on se laisse abbattre par un mouscheron quand on combat des monstres par imagination..

  A026002378 

 Ainsy, ceux qui ont le vray amour divin sont contens des choses necessaires; et encor en sont ilz destachés non seulement d'affection, mais aussi en la façon d'en parler, n'usant point du mot de mien, mais nostre.

  A026002378 

 [C'est] avec la mesme moderation qu'il faut aymer les biens de la Communauté, les regardant non avec une affection proprietaire qui nous oste la paix du cœur ou nous desregle en la pretention, conservation ou distribution d'iceux, ains avec un esprit religieux, comme choses consacrees a Dieu, lesquelles il ne faut aymer que selon le goust du Seigneur a qui elles sont consacrees..

  A026002436 

 Flexis genibus prius ad Patrem Domini nostri Jesu Christi con ogni humiltà, levi Vostra Eccellenza gl'occhi dell'anima al Cielo, e s'imagini veder quel gran Padre di lume, Iddio, che stà sedendo nel throno della sua gloria, circondato da miglioni d'Angeli e di Seraphini, e con gran fede, riverenza ed amore faccia quell'Orazione che Christo c'insegnò, e gli domandi quelle sette petizioni ch'in quella si contengono, e questo con amorosi ed ardenti colloqui con esso Padre, poichè tutta quest' Orazione non è altro cb'un dolcissimo colloquio dell'anima con Dio.

  A026002442 

 Può eccitare la speranza a ottener ogni cosa che domandarà, quanto maggior grande sia, poichè il padre non niegha al figliolo ciò che gli domanda, se risulta in benefizio al figliolo..

  A026002449 

 Vostra Eccellenza consideri che questo gran Padre volle [380] communicare questa eccellentissima dignità a tutti, d'onde non dice ch'è Padre di ricchi e signori, ma nostro, id est di tutti, etiam poveri; come il sole, che drizza i suoi raggi, la sua luce e il suo splendore sopra la minima pianta e sopra il minimo fiore che v'è in un gran monte, e sopra l'istesso monte.

  A026002451 

 Qui offerirò tutto me stesso a lui, supplicandolo che non sia più mio, ma tutto suo, poichè esso s'è degnato essere tutto mio..

  A026002457 

 Nei Cieli. Acciô ch'io intenda che l'anima mia non deve abbracciare la terra, ma il Cielo; non deve più caminar con l'affetto delle cose basse e transitorie, ma levarsi alle cose del Cielo, ut sit nostra conversatio in Cælis, ubi Patrem habemus Deum.

  A026002475 

 Fiat voluntas tua, ut imitemur Christum qui dixit: Non mea, sed tua fiat voluntas.

  A026002485 

 Considerar che vuole che ci humiliamo, confessando che siamo peccatori: Si dixerimus quod peccatum non habemus, ipsi nos seducimus..

  A026002501 

 Ma perch'io non basto, priegho li nostri Angeli mi aiutino a lodare e ringratiar continuamente vostra Maestà..

  A026002502 

 Padre, due cose mi bisogna confessare: l'una, che questo dono e questo sì gran beneficio nasce dalla vostra infinita bontà e dall'amor infinito che mi portate; l'altra, che questa parola Padre sta molto bene in bocca del vostro unigenito Figliolo e Signor mio Christo, il quale vi è Figliolo per eterna generazione consubstanziale, ma nella mia bocca, che sono sì gran peccatore, non stà bene, non li conviene, non merito, Signore, tanto bene.

  A026002503 

 Qual figliolo al mondo si può trovar così ingrato, ch'avendo un Padre buono, santo, dolce, glorioso e amorevole come voi, che non l'ami? O Padre, chi buono, chi santo, chi dolce e amorevole come voi? Donque, Padre, dal mio cuore sia sbandito ogn'altro amore nostro, sia infiammato questo mio cuore, acciò tra voi, Padre, e me figliolo vi sia un continuo amor reciproco..

  A026002504 

 A me non mancano bisogni, mi trovo ferito di molte ferite di peccati, ho bisogno di medicine; voi, Padre, siete medico qui sanas omnes languores et curas omnes infirmitates.

  A026002504 

 Questa parola, Padre, m'eccita a domandarvi le cose che mi sono necessarie, poichè il padre non mai niegha al figliolo ciò che vede essergli necessario, potendoglielo dare.

  A026002506 

 Et se [389] non m'emenderò, aggravate, Padre, la vostra santa mano, e battetemi più forte con tribulationi, infìrmitadi, afflizioni e angustie.

  A026002506 

 Il padre batte il figliuolo quand'erra, acciò s'emendi, perchè altrimente se non lo battesse farebbe peggio, e talvolta sarebbe appicato alla forca.

  A026002507 

 Padre, doppochè m'havete battuto per le mie dementi con la vostra misericordia, visitatemi con qualche consolatione spirituale, accarezate quest'anima con la suavità interna, acciò più s'accenda nel vostro amore e non cessi dalla vostra lode..

  A026002508 

 Auditui meo dabis gaudium et lætitiam, et exultabunt ossa humiliata, diceva il santo Profeta; e ancora non gl'era rivelato questo nome di Padre.

  A026002508 

 Oh! quanta consolatione eccita nell'anima mia questa parola, Padre, e non solamente consolatione, ma allegrezza, gaudio e somma giocondità.

  A026002510 

 Finalmente, questa parola, Padre, mi conforta, acciò quand'io caderò, corra alle vostre braccia con penitenza, perchè sarò ricevuto molto più amorevolmente che quel figliolo prodigo; e hora, ricordandomi delli falli passati, corro a voi, Padre, e dico: Pater, peccavi in cælum et coram te, jam non sum dignus vocari filius tuus; fac me sicut unum ex mercenariis tuis.

  A026002515 

 Padre nostro siete, o Signore: quanto è grande la vostra bontà! Non vi contentate di comunicare questo precioso nome di Padre alli vostri Angioli e Santi che stanno nella vostra casa, ma ancora lo volete comunicare a quelli che siam' in questo mondo, e non solamente alli ricchi e potenti [393] del mondo, ma alli più poveri pastorelli, che sopra li ponti e selve dormono sopra la nuda terra.

  A026002522 

 Quando sia, Padre, che questa mia anima sia come un cielo, elevata dalla terra per forza d'amor; ornata di tanti luminarli di virtù quanti luminarii et stelle tiene il cielo; salda e forte nel vostro servitio, senza giamai cader, com'i cieli, che non cadono, acciò sia tutta bella e grata nel vostro conspetto, et acciò voi, Padre, vi degniate habitar in quella com'in un cielo tutto bello? Vi domando anche, Padre, ch'accio questa mia anima sia cielo et habitatione di vostra alta Maestà, fate si muova com'i cieli ad motum primi mobilis.

  A026002524 

 Con questo gran fuoco accendete il mio affetto, acciò non più vada mendicando le cose basse della terra, ma tirato dalla virtù sua, cerchi le cose eterne del Cielo..

  A026002524 

 De [397] excelso mitte ignem in ossibus meis; entri, Padre, questo fuoco insino la midolla dell'anima mia, acciò aquæ multæ tribulationis non possint extinguere charitatem.

  A026002525 

 E se il peregrino quando camina, il corpo tiene alla strada e l'anima nella dolce patria, parendoli ogn'hora mill'anni per il desiderio che tiene d'arrivar a quella e veder il suo caro padre e li suoi dolci fratelli, perchè non sarà così di me? Perchè, Padre nostro, [non] sta questa mia anima conversando con voi nei Cieli come l'anima di quel vostro santo Apostolo che diceva: Nostra autem conversatio in Cælis, e perchè non mi par mill'anni ogn'hora di quest'esilio? perchè non bramo di veder li miei cari fratelli, che sono [398] gl'Angeli e Santi? perchè, Padre, non reputo le cose tutte di questa vita vili, basse et indegne, ch'io metta a quelle il mio cuore, poichè sono creato per possedere li beni del Cielo? E certo, Padre, che sarebbe gran dishonore ad un figliuolo di qualche gran Principe o Re strigliare con le sue mani cavalli, o colle medesime mani toglier via l'imondizie et il letame delle strade; e molto maggior dishonor è a me, che sapendomi voi, Padre celeste, adoptato per vostro figliuolo e tenendomi apparecchiati beni infiniti, ricchezze inestimabili e lo stesso regno del Cielo, io mi abassi e avilisca a cercar le cose vili e basse di questo mondo.

  A026002525 

 Padre santo, è ben raggionevole che già [che] voi, mio Dio, mio Padre e mia heredità siete nel Cielo, ch'io non cerchi più la terra ne m'impacci in quella; che ho da fare io, Padre, con la terra, poichè tutt'il mio bene, tutt'il mio tesoro sta nel Cielo? Se voi, mio Padre, siete nel Cielo, seguita ch'io, figliolo vostro, sono forestiero in questo mondo e camino di continuo alla mia patria, ch'è il Cielo.

  A026002530 

 Non tenete, o Padre, nascosto cosi ricco tesoro all'anime [cui] havete dato la vostra imagine e similitudine.

  A026002532 

 Padre santo, tutte le creature vostre m'eccitano a lodar il vostro santo Nome, a benedirvi di continuo: gl'Angioli, con la sua (sic) dolce musica, di continuo vi cantano dolci matutini, vi lodano e benedicono, e non cessano d'esclamare: Sanctus, Sanctus, Sanctus, Dominus Deus Sabaoth, et a me invitano a fargli compagnia; i cieli, con li suoi continui movimenti, e le stelle con la loro chiara luce, e supra tutto quelli doi luminarij maggiori, il sole e la luna, con la grandezza del loro lume, m'eccitano ad adorar e benedir il vostro santo Nome; tutti gl'elementi, il fuoco, l'aria, l'acqua, la terra, gl'uccelli che volano nell'aria, li pesci che notano nel mare, li fiumi, le fontane, li monti et valli, le piante della terra e finalmente tutti gl'animali che per quella scorrono, mi predicano ch'io v'adori e benedica.

  A026002540 

 Ci havete promesso il vostro regno, e vi priegho humilmente che non guardiate alli nostri demeriti, ma al sangue prezioso del vostro santo e benedetto Figliuolo Jesu Christo, Signore nostro: Respice, Pater, in faciem Christi tui, et per Christum tuum adveniat regnum tuum..

  A026002542 

 In questo regno volete voi regnare; ecco, Padre, ve lo rendo, ve lo dono, sia vostro, poichè realmente è vostro; non ve l'usurpi io, non lo dia più al demonio, nè al mondo, nè alla carne, che sono crudelissimi tiranni, ma a voi che siete il vero Signore.

  A026002547 

 Dirò, Padre, col vostro benedetto Figliuolo e nostro Signore Jesu Christo: Pater, non mea, sed tua fiat voluntas; Pater, non quod ego volo, sed quod tu vis; Pater, fiat voluntas tua, sicut in Cælo et in terra.

  A026002547 

 Padre santo, vi priegho togliate da questa mia anima la propria voluntà, et in quella inestate la vostra, acciò non mai la mia, ma sempre faccia la vostra voluntà.

  A026002548 

 Vi priegho anco, Padre, che sì come quelle menti angeliche, significate per li cieli, sempre fanno la vostra santissima voluntà, così ancora l'anime delli peccatori, significate per la terra, esse anco faccino quel ch'è il vostro volere, perch'in questo modo non v'offenderanno più..

  A026002549 

 E quale è quello tanto cieco d'intelletto che non desideri d'esser santo? Padre santo, altro non cerco, altro non desidero; queste siano le mie ricchezze, questi tutti li miei beni e thesori: esser santo.

  A026002556 

 Padre santo, questo Pane è pane che il vostro Figliuolo ci portò e le cose meravigliose ch'operò, predicò, patì; fate, santo Padre, che mentre dura questa peregrinatione, non ci manchi questa manna celeste, e fate che gustiamo la sua immensa soavità..

  A026002556 

 Padre, sì, i figliuoli hanno bisogno di pane; non cel neghate, acciò non muoiamo.

  A026002559 

 Finalmente, Padre, hora che mi trovo sotto la tavola di vostra alta Maestà, alla quale mangiano tanta moltitudine d'Angioli e Santi, inginochiato inanzi al vostro real conspetto, humiliato inanzi la vostra presenza, come li cagnoli che stanno sotto la mensa de loro padroni chettando le molliche che cascano di quella, onora me anche di quella soavità, di quella dolcezza che li Beati gustano alla vostra [411] tavola, acciò in questa mia oratione gusti alquanto di quel che gustano i vostri figlioli nel Cielo; fate, Padre, che questa mia oratione non sia arida e secca, ma dolce e soave, con il pane delle vostre consolationi e visite..

  A026002564 

 Qual padre vi è che non rimetta al figliuolo posto in gran povertà, qualsivoglia debito, quando humilmente gli domanda? O Padre santo, e chi più povero figliuolo di me e chi più carico di debiti? Ecco, com'un altro publicano, humilmente vi domando: perdonatemi tanti debiti di peccati con li quali io v'ho offeso; « Deus, cui proprium est misereri semper et parcere, » habbiate misericordia di questo povero figliuolo et rilasciatemi ogni mio debito.

  A026002565 

 Non siete mutato di quel Dio misericordiosissimo in altro meno misericordioso, siete l'istesso Iddio che sempre foste; non è finita la vostra misericordia perchè è infinita, non s'è fermata perchè fermar non si può, più tosto si fermeriano i cieli; non è cessata, perchè sì come il fuoco sempre opera essendovi materia di consumare, così la vostra misericordia, essendovi peccati d'abbruggiare e debiti da perdonare.

  A026002570 

 Fer opem, fer auxilium, Pater; li nemici sono molti come l'arena del mare, sono potenti et esperti nel combattere; quest'anima è fiacca, debole et impotente se voi non l'aiutate.

  A026002570 

 O Signore, quant'è grande la necessità che tiene questa poverella della vostra gratia, del vostro aiuto e favore per non soccombere alle tentationi! [415] Una pecorella fra mille lupi, se l'pastor non la salva, si perde; così, Padre, quest'anima fra tanti lupi che l'assaltano nel mondo che con mille occasioni di peccati la move, con la carne che continuamente la combatte, che farà se non havrà il vostro aiuto?.

  A026002571 

 Mi contento per amor vostro d'esser tribulato et angustiato in questo mondo, pur che nelle tribulationi non manchi l'anima mia.

  A026002571 

 Non domando, Padre, che mi togliate le tentationi, ma domando grafia e fortezza per resistere e per combattere fortemente.

  A026002571 

 Non sia come la paglia, che per mancamento di virtù il fuoco l'abrugia e consuma.

  A026002571 

 Padre santo, quando facies de persequentibus me judicium? Fate, Signore, giustitia di quelli che cercano la morte di questa mia anima; datemi in questo mentre aiuto per non cadere, per non offendervi.

  A026002575 

 O quanti, Padre, sono incorsi in questo male! Havevano fatto meno peccati di me; o quanti, per non essergli dato tanto spatio di penitenza quanto a me m'è stato dato, miserabilmente morirono nelli loro peccati e si persero!.

  A026002576 

 Non si multiplichino, Signore, li miei peccati sopra l'arena del mare e sopra le stelle del cielo; ne absorbeat me tartarus, et urgeat super me puteus os suum.

  A026002576 

 Vi priegho, Padre, di qua inanzi liberatemi d'ogni male di colpa, acciò scampi le pene dell'inferno; fate, Signore, che non v'offenda più; basta quel che v'offesi per il passato.

  A026002577 

 Quanti ciechi, quanti sordi, quanti muti e quanti paralitichi vi sono del numero delli figliuoli d'Adamo, e voi, Signore, da tutti questi mali mi liberaste, essend'io, come loro, figliuolo d'Adamo e più peccatore di tutti loro; però questo, poco o nulla mi giovarebbe, se non mi liberate dal male del peccato.

  A026002579 

 E non riguardate, Padre, me, che sono il maggiore di tutti peccatori, ma riguardate esto vostro santo e benedetto Figliuolo, maggior di tutti Santi, anzi Santificatore di tutti quelli, e per l'amor che ad Egli portate, concedetemi quel tanto ch'Egli m'ha comandato ch'io vi domandi..

  A026002580 

 Mi ricordo anco, Padre, che a' figliuoli di Giacob non era lecito comparire la seconda volta nella presenza di Gioseph se non menavano seco il loro fratello minore Benjamino; et a noi non è lecito comparire alla vostra presenza senz'il nostro fratello maggiore, ch'è l' vostro unigenito Figliuolo Jesu Christo.

  A026002627 

 Que votre volonté soit faite, afin que nous imitions le Christ qui a dit: Non pas ma volonté, mais la vôtre soit faite.

  A026002660 

 Oh! quelle consolation excite dans mon âme cette parole: Père, et non seulement consolation, mais allégresse, joie et souverain contentement.

  A026002667 

 Vous êtes, Seigneur, notre Père: qu'elle est grande votre bonté! Vous ne vous contentez pas de communiquer ce nom de Père à vos Anges et à vos Saints qui sont dans votre maison, mais vous voulez aussi le communiquer à ceux qui sont dans ce monde, et non seulement [393] aux riches et aux puissants, mais aux plus pauvres bergers qui, sur les ponts et dans les forêts, dorment sur la terre nue.

  A026002699 

 Je dirai, ô Père, avec votre Fils bien aimé Notre-Seigneur Jésus-Christ: Père, non pas ma volonté, mais la vôtre soit faite; Père, non ce que je veux, mais ce que vous voulez; [406] Père, que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel..





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